<p align="right" style="text-align:right"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:12pt"><span style="font-family:Calibri"><i><span style="font-family:Helvetica">&laquo;&nbsp;Il n&rsquo;y a pas de question juive,</span></i></span></span></span></p> <p align="right" style="text-align:right"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:12pt"><span style="font-family:Calibri"><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">je ne connais que la question des antis&eacute;mites.&nbsp;&raquo;</span></span></i></span></span></span></p> <p align="right" style="text-align:right">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Remarque liminaire</span></span></span></i></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.05pt">La raison qui nous a incit&eacute;s &agrave; traiter d&rsquo;un aspect refoul&eacute; de la pens&eacute;e juive-allemande d&rsquo;avant-guerre est simple&nbsp;: l&rsquo;histoire, notre m&eacute;moire du pass&eacute;, est un r&eacute;cit s&eacute;lectif fait d&rsquo;autant d&rsquo;attention que de n&eacute;gligence. En ce qui concerne l&rsquo;histoire des Juifs, la cr&eacute;ation d&rsquo;Isra&euml;l qui appara&icirc;t &agrave; beaucoup comme une revanche sur le destin ou une compensation au g&eacute;nocide, a compl&egrave;tement occult&eacute; toutes les autres perspectives de la jud&eacute;it&eacute; europ&eacute;enne, et notamment l&rsquo;antisionisme qui s&rsquo;est imm&eacute;diatement d&eacute;velopp&eacute; dans ses rangs en opposition &agrave; son nationalisme tardif et probl&eacute;matique. Notre &eacute;vocation du philosophe Constantin Brunner renvoie &agrave; ce constat. Tout anachronisme en la mati&egrave;re doit &ecirc;tre soigneusement &eacute;vit&eacute;.</span></span></span></i></span></span></p> <h2 style="text-align: justify;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Une comm&eacute;moration longtemps attendue</span></span></span></span></h2> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le Mus&eacute;e Juif de Berlin<a name="_ftnref1"></a><a href="#_ftn1"><b><sup><span style="color:black">[1]</span></sup></b></a> a c&eacute;l&eacute;br&eacute; en octobre&nbsp;2012 le 150<sup>e</sup> anniversaire de la naissance de ce grand philosophe encore trop m&eacute;connu, lui consacrant un colloque international qui avait essentiellement pour but de le resituer dans un contexte historique souvent mal interpr&eacute;t&eacute; aujourd&rsquo;hui du fait du g&eacute;nocide perp&eacute;tr&eacute; plusieurs ann&eacute;es apr&egrave;s sa mort, de la dispersion et de la destruction d&rsquo;une grande partie de ces Juifs allemands d&rsquo;esprit lib&eacute;ral, qui, avec tous ceux qui soutenaient leur cause, furent son inspiration et son public naturels.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&nbsp; Ceci explique en grande partie qu&rsquo;un homme qui avait marqu&eacute; son temps par de nombreux ouvrages importants, qui avait entretenu un &eacute;change intensif, &eacute;pistolaire notamment, avec de nombreux penseurs, que cet auteur d&rsquo;un syst&egrave;me philosophique original, ce pol&eacute;miste redout&eacute; qui n&rsquo;avait pas h&eacute;sit&eacute; &agrave; quitter &ndash;&nbsp;&agrave; regret&nbsp;&ndash; ses ch&egrave;res &eacute;tudes pour entrer &agrave; plusieurs reprises dans l&rsquo;ar&egrave;ne politique, ait &agrave; ce point disparu du paysage intellectuel de l&rsquo;apr&egrave;s-guerre. Les fondations qui, aux Pays-Bas et en Allemagne, portaient son nom et g&eacute;raient son h&eacute;ritage durent se pr&eacute;occuper d&rsquo;abord de r&eacute;&eacute;diter ses principaux ouvrages, &eacute;puis&eacute;s ou d&eacute;truits par la Gestapo, de publier les manuscrits laiss&eacute;s &agrave; sa mort, de rassembler sa correspondance, de maintenir ou de raviver les liens qui s&rsquo;&eacute;taient tiss&eacute;s autour de sa personne et de son &oelig;uvre.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">C<span style="letter-spacing:-.05pt">onstantin Brunner (alias Leo Wertheimer) est n&eacute; en 1862 &agrave; Altona, aujourd&rsquo;hui faubourg de Hambourg mais qui a jou&eacute; un r&ocirc;le autonome dans l&rsquo;histoire des communaut&eacute;s juives&nbsp;; situ&eacute;e &agrave; la limite du Schleswig-Holstein, et d&eacute;pendante de la couronne danoise, elle a longtemps joui d&rsquo;une protection particuli&egrave;re. Le grand-p&egrave;re du philosophe, Akiba Wertheimer, y fut un grand rabbin respect&eacute;, auquel il a fait plusieurs fois allusion, bien qu&rsquo;il ne l&rsquo;ait pas connu. &Eacute;lev&eacute; dans une famille pieuse, Brunner re&ccedil;oit une &eacute;duca</span>tion orthodoxe, qu&rsquo;il abandonne &agrave; l&rsquo;&acirc;ge de 19 ans, pour se lancer dans des &eacute;tudes d&rsquo;histoire et de philosophie. Apr&egrave;s son mariage, il s&rsquo;&eacute;tablit &agrave; Berlin en 1895, ville qu&rsquo;il ne devra abandonner qu&rsquo;en 1933, son hostilit&eacute; affirm&eacute;e au nazisme depuis le d&eacute;but des ann&eacute;es&nbsp;20 l&rsquo;obligeant &agrave; s&rsquo;exiler. Il trouve alors refuge chez des amis &agrave; La&nbsp;Haye. Une maladie cardiaque l&rsquo;emporte le 27&nbsp;ao&ucirc;t 1937, &agrave; un jour de son 75<sup>e</sup> anniversaire. C&rsquo;est assez dire qu&rsquo;il fut un t&eacute;moin privil&eacute;gi&eacute; &ndash; et un acteur non n&eacute;gligeable &ndash; d&rsquo;une p&eacute;riode capitale de l&rsquo;histoire allemande, voire europ&eacute;enne, jalonn&eacute;e d&rsquo;&eacute;v&egrave;nements importants&nbsp;: la fondation de l&rsquo;empire wilhelminien en 1871, la mutation de l&rsquo;antijuda&iuml;sme chr&eacute;tien traditionnel en un mouvement politique &laquo;&nbsp;antis&eacute;mite&nbsp;&raquo; en 1879-80, la Premi&egrave;re Guerre mondiale et ses s&eacute;quelles, la r&eacute;publique de Weimar jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;amorce du IIIe Reich. Cette p&eacute;riode, Brunner l&rsquo;a v&eacute;cue en patriote allemand convaincu du caract&egrave;re irr&eacute;versible de l&rsquo;int&eacute;gration de ses citoyens juifs, dans l&rsquo;approfondissement de l&rsquo;&eacute;mancipation politique, qu&rsquo;il n&rsquo;id&eacute;alisait pas pour autant et dont il ne sous-estimait pas la pesanteur du processus historique. Abandonnant pour sa part la croyance religieuse de ses anc&ecirc;tres, il adh&eacute;ra pleinement &agrave; cette &eacute;volution, en ath&eacute;e, donc en &laquo;&nbsp;ex-Juif&nbsp;&raquo;, selon ses termes. Il rejetait l&rsquo;id&eacute;e m&ecirc;me de &laquo;&nbsp;peuple&nbsp;&raquo; juif, consid&eacute;rant les communaut&eacute;s religieuses dispers&eacute;es comme un reliquat historique sans avenir, maintenu pour l&rsquo;essentiel par la haine int&eacute;ress&eacute;e, la confusion et les pr&eacute;jug&eacute;s de la soci&eacute;t&eacute; dans son ensemble. Cette position s&rsquo;ancrait philosophiquement dans un courant spirituel trouvant sa source chez Spinoza, aux nombreuses ramifications, notamment dans l&rsquo;id&eacute;alisme allemand classique.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Dans le domaine de la pens&eacute;e &ndash; et de l&rsquo;action, nous le verrons &ndash; l&rsquo;&laquo;&nbsp;ermite&nbsp;&raquo; Brunner offre l&rsquo;exemple unique et passionnant d&rsquo;une d&eacute;marche synth&eacute;tique engageant l&rsquo;homme tout entier dans un acte de responsabilit&eacute; personnelle de sa vie, des relations avec ses semblables, de ma&icirc;trise de soi et d&rsquo;organisation raisonn&eacute;e des rapports sociaux. Apr&egrave;s avoir cherch&eacute; sa voie dans la critique litt&eacute;raire, anim&eacute; une revue, <i>Le spectateur</i> <i>(Der Zuschauer,</i> 1893-95), s&rsquo;&ecirc;tre int&eacute;ress&eacute; aux diff&eacute;rents aspects de la cr&eacute;ation artistique et avoir tent&eacute; de promouvoir de jeunes talents, il r&eacute;ussit &agrave; faire publier en 1908 aupr&egrave;s d&rsquo;un &eacute;diteur en vue le r&eacute;sultat de sa th&eacute;orie philosophique&nbsp;: <i>La Doctrine des hommes de l&rsquo;esprit et du peuple,</i><a name="_ftnref2"></a><a href="#_ftn2"><b><sup><span style="color:black">[2]</span></sup></b></a> monument de plus de 1&nbsp;100 pages, qui sera r&eacute;&eacute;dit&eacute; en 1927, aussit&ocirc;t suivi de son compl&eacute;ment&nbsp;: <i>Mat&eacute;rialisme et id&eacute;alisme</i><a name="_ftnref3"></a><a href="#_ftn3"><b><sup><span style="color:black">[3]</span></sup></b></a>. Avec une insistance p&eacute;dagogique un peu pesante, Brunner ne cessera de b&acirc;tir sur cette fondation&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;Voici la philosophie, dont j&rsquo;ai fait du d&eacute;veloppement la mission de ma vie. Je m&rsquo;y suis consacr&eacute; pendant toutes ces ann&eacute;es, dans le silence de ma retraite, et je m&rsquo;efforcerai de la poursuivre, toujours &agrave; l&rsquo;&eacute;cart et dans le silence, aussi longtemps que mes forces le permettront.&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref4"></a><a href="#_ftn4"><b><sup><span style="color:black">[4]</span></sup></b></a> Le dernier manuscrit pr&ecirc;t &agrave; l&rsquo;impression qu&rsquo;il laisse &agrave; sa mort, <i>Notre caract&egrave;re, ou Je suis le Juste&nbsp;!,</i><a name="_ftnref5"></a><a href="#_ftn5"><b><sup><span style="color:black">[5]</span></sup></b></a> peut encore &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute; comme une ultime contribution &agrave; la t&acirc;che qu&rsquo;il s&rsquo;est fix&eacute;e plus de trente ans auparavant. Cette br&egrave;ve pr&eacute;sentation ne saurait entrer, ne f&ucirc;t-ce que sch&eacute;matiquement, dans le syst&egrave;me du philosophe, dont l&rsquo;originalit&eacute; consiste &agrave; entourer le pilier central rationnel de la </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.15pt">pens&eacute;e humaine par une pens&eacute;e plus englobante, une pens&eacute;e pure qu&rsquo;il d&eacute;nomme soit <i>&laquo;&nbsp;esprit&nbsp;&raquo;,</i> soit <i>&laquo;&nbsp;analogon&nbsp;&raquo;,</i> l&rsquo;analogue apparent de la d&eacute;marche spirituelle, mais qui n&rsquo;en est que le substitut d&eacute;form&eacute; par la superstition. L&rsquo;esprit <i>(Geist),</i> qui n&rsquo;appartient qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;homme, est le domaine des concepts absolus &agrave; l&rsquo;horizon de notre pens&eacute;e pratique toujours relative et born&eacute;e. Quand cet absolu qui na&icirc;t de la pens&eacute;e m&ecirc;me rev&ecirc;t des aspects anthropomorphiques (des divinit&eacute;s, idoles ou des concepts incarn&eacute;s &agrave; l&rsquo;image de l&rsquo;homme), nous nous trouvons en pr&eacute;sence, non de l&rsquo;esprit mais de son <i>&laquo;&nbsp;analogon&nbsp;&raquo;.</i></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Si la doctrine de Brunner doit une part &agrave; son ascendance juive et &agrave; sa formation religieuse, si elle contient des r&eacute;f&eacute;rences au proph&eacute;tisme et &agrave; l&rsquo;unit&eacute; fondamentale du mosa&iuml;sme (l&rsquo;Un &eacute;ternel), on peut l&eacute;gitimement avancer que l&rsquo;&eacute;branlement politique de ses propres conditions d&rsquo;existence est l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment d&eacute;terminant qui l&rsquo;oblige &agrave; quitter le silence de son cabinet de travail, &agrave; sortir du cocon toujours protecteur de l&rsquo;abstraction philosophique. Sous le II<sup>e</sup> Reich, l&rsquo;&eacute;mancipation n&rsquo;est encore que formelle, des pans entiers du corps social restent inaccessibles aux Juifs&nbsp;: l&rsquo;arm&eacute;e, le professorat, l&rsquo;administration. On conna&icirc;t les secteurs dont ils s&rsquo;empareront en compensation, car l&rsquo;&eacute;mancipation a lib&eacute;r&eacute; leur dynamisme longtemps confin&eacute; dans l&rsquo;isolement du &laquo;&nbsp;ghetto&nbsp;&raquo;, m&ecirc;me si celui-ci est devenu graduellement plus social que physique. L&rsquo;&laquo;&nbsp;antis&eacute;mitisme&nbsp;&raquo; politique militant va plus loin&nbsp;: il ambitionne la r&eacute;gression, l&rsquo;exclusion, des menaces mortif&egrave;res dont on prend tr&egrave;s t&ocirc;t conscience. Je ne peux d&eacute;velopper ici une th&egrave;se qui m&rsquo;est ch&egrave;re, mais qui me para&icirc;t capitale pour la compr&eacute;hension de la place de la pr&eacute;tendue &laquo;&nbsp;question juive&nbsp;&raquo; dans la politique europ&eacute;enne. Dans l&rsquo;&egrave;re de culture germanique &eacute;branl&eacute;e par la R&eacute;forme, l&rsquo;insertion des Juifs dans une nation morcel&eacute;e et en formation a &eacute;t&eacute; &eacute;lev&eacute;e tr&egrave;s t&ocirc;t en probl&egrave;me th&eacute;ologico-politique&nbsp;: les Juifs de l&rsquo;Ancienne Alliance, les Juifs du Talmud, ont-ils leur place dans un &Eacute;tat &laquo;&nbsp;germano-chr&eacute;tien&nbsp;&raquo;&nbsp;? Si l&rsquo;on ne prend pas la mesure de cette question dans le processus d&rsquo;unification allemande, dont les contradictions &eacute;conomiques, sociales, religieuses sont parfaitement connues et d&eacute;crites par tous les historiens actuels<a name="_ftnref6"></a><a href="#_ftn6"><sup><span style="color:black">[6]</span></sup></a>, on se trompera lourdement sur la nature de l&rsquo;antis&eacute;mitisme et sur sa </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">place dans le d&eacute;bat politique. Toute la confusion et l&rsquo;arbitraire qui pr&eacute;sident &agrave; la d&eacute;finition (impossible) &laquo;&nbsp;du&nbsp;&raquo; Juif, tiennent <i>exclusivement</i> au fait qu&rsquo;il ne s&rsquo;agit pas de traiter de l&rsquo;objet de la haine antis&eacute;mite, mais du r&ocirc;le de catalyseur id&eacute;ologique que leur image fantasm&eacute;e est appel&eacute;e &agrave; remplir&nbsp;: cerner le commun d&eacute;nominateur de coh&eacute;sion nationale d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; qui en est structurellement d&eacute;pourvue. Les plus grands penseurs, comme Brunner ou Theodor Lessing (1872-1933) par exemple, l&rsquo;ont parfaitement compris, et ont tent&eacute; d&rsquo;en convaincre les victimes juives potentielles, qu&rsquo;ils ont souvent jug&eacute;es aussi aveugles politiquement que leurs pers&eacute;cuteurs ou calomniateurs.&nbsp;L&rsquo;expression de Brunner&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;Il n&rsquo;y a pas de question juive, je ne connais que la question des antis&eacute;mites&nbsp;&raquo;</i> est embl&eacute;matique &agrave; cet &eacute;gard. Il en a co&ucirc;t&eacute; au jeune id&eacute;aliste romantique allemand Brunner de rompre avec le nationalisme devenu chauvin et imp&eacute;rialiste du Reich <i>&laquo;&nbsp;qui craint Dieu et personne d&rsquo;autre&nbsp;&raquo;.</i> La Premi&egrave;re Guerre et la suspicion g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e &agrave; l&rsquo;encontre du patriotisme des Juifs ach&egrave;veront sa maturation.</span></span></span></span></span></p> <h2>Des &laquo;&nbsp;livres juifs&nbsp;&raquo;&nbsp;?</h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Ainsi se dessine l&rsquo;image d&rsquo;un second Brunner, qui cautionne &agrave; sa fa&ccedil;on sa th&eacute;orie de l&rsquo;unit&eacute; consubstantielle de la vie, de la mati&egrave;re et de l&rsquo;esprit. D&eacute;sormais alterneront &agrave; un rythme rapide ses r&eacute;flexions th&eacute;oriques avec ce qu&rsquo;il nomme &ndash;&nbsp;avec un brin d&rsquo;ironie&nbsp;&ndash; ses livres juifs <i>(Judenb&uuml;cher).</i> Le premier d&rsquo;entre eux est compos&eacute; &agrave; l&rsquo;entame de la guerre, mais ne para&icirc;tra qu&rsquo;en 1918&nbsp;: <i>La haine des Juifs et les Juifs</i><a name="_ftnref7"></a><a href="#_ftn7"><b><sup><span style="color:black">[7]</span></sup></b></a><i>.</i> &Eacute;crit <i>&laquo;&nbsp;avec passion et col&egrave;re&nbsp;&raquo;</i> par un homme bless&eacute; qui s&rsquo;engage dans une lutte existentielle, le livre demeure, par-del&agrave; l&rsquo;examen d&rsquo;un cas d&rsquo;&eacute;cole, une &oelig;uvre de philosophie appliqu&eacute;e &agrave; la psychologie de la haine, &agrave; l&rsquo;antis&eacute;mitisme et au sionisme, &agrave; l&rsquo;&Eacute;tat et au r&ocirc;le des partis politiques, aux devoirs des Juifs dans les circonstances du moment. Le dernier chapitre de l&rsquo;ouvrage reprend un texte d&eacute;j&agrave; ancien mais rest&eacute; in&eacute;dit, qui servira d&rsquo;amorce au prochain livre auquel travaille le philosophe, volet plus pol&eacute;mique d&rsquo;un d&eacute;bat s&eacute;culaire entre Juifs, protestants et catholiques&nbsp;: <i>Discours des Juifs&nbsp;: Nous voulons son retour</i>. Appel pressant &agrave; repenser la port&eacute;e historique de la figure &eacute;vang&eacute;lique du Christ. En 1921, sort effectivement de presse un fort volume intitul&eacute; <i>Notre Christ ou la nature du g&eacute;nie</i><a name="_ftnref8"></a><a href="#_ftn8"><b><sup><span style="color:black">[8]</span></sup></b></a><i>.</i></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Brunner est profond&eacute;ment affect&eacute; par l&rsquo;assassinat de Walther Rathenau<a name="_ftnref9"></a><a href="#_ftn9"><sup><span style="color:black">[9]</span></sup></a> le 24&nbsp;juin 1922. Certes, en ces temps troubl&eacute;s, les meurtres politiques de personnalit&eacute;s de gauche, souvent des Juifs, ne sont pas rares. Son ami Gustav Landauer<a name="_ftnref10"></a><a href="#_ftn10"><sup><span style="color:black">[10]</span></sup></a>, ce socialiste anarchiste, a &eacute;t&eacute; abattu en 1919, mais Brunner, fonci&egrave;rement conservateur, ne peut s&rsquo;emp&ecirc;cher de penser que ce meurtre est la cons&eacute;quence de son &eacute;garement politique dans les Conseils ouvriers de Bavi&egrave;re. Rosa Luxemburg a &eacute;t&eacute; jet&eacute;e dans un canal de Berlin, mais c&rsquo;est aussi Rosa-la-Rouge. Hugo Haase a &eacute;t&eacute; assassin&eacute;, mais il appartenait &eacute;galement &agrave; la gauche socialiste plus radicale. Avec Rathenau, c&rsquo;est cette fois le patriote allemand qui est abattu, un tournant significatif dont Brunner est conscient. La mort de celui qui est alors ministre des Affaires &eacute;trang&egrave;res et s&rsquo;efforce de n&eacute;gocier l&rsquo;all&egrave;gement des charges du Trait&eacute; de Versailles donne lieu &agrave; l&rsquo;une des plus importantes, sinon la plus importante des manifestations r&eacute;publicaines de l&rsquo;apr&egrave;s-guerre. &Agrave; partir de cette date, la sensibilit&eacute; de Brunner au sort qui le guette personnellement est devenue plus vive. Apr&egrave;s le putsch manqu&eacute; d&rsquo;Hitler, l&rsquo;emprisonnement du F&uuml;hrer est de courte dur&eacute;e&nbsp;; son complice Ludendorff n&rsquo;est m&ecirc;me pas inqui&eacute;t&eacute;. Aussi, quand prend corps en 1924 le danger d&rsquo;un succ&egrave;s populaire du national-socialisme, Brunner devient et restera son adversaire d&eacute;termin&eacute; et sans concessions. La citadelle &agrave; partir de laquelle il le combat demeure cependant la philosophie, et c&rsquo;est &agrave; elle que ses principaux livres seront encore consacr&eacute;s, huit volumes importants, dont la moiti&eacute; ne para&icirc;tra qu&rsquo;apr&egrave;s sa mort. Cette philosophie lui procure ce que j&rsquo;appellerais un optimisme de l&rsquo;&laquo;&nbsp;esprit&nbsp;&raquo;, mais qui n&rsquo;ouvre aucune perspective &agrave; l&rsquo;action politique collective, rang&eacute;e dans le court terme d&rsquo;une humanit&eacute; immature.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.15pt">Brunner a peu p&eacute;n&eacute;tr&eacute; jusqu&rsquo;ici l&rsquo;espace francophone. Un seul de ses &eacute;crits a &eacute;t&eacute; traduit et publi&eacute; avant la guerre, parce qu&rsquo;il prenait pour cible une idole philosophique du moment, et c&rsquo;est cette idol&acirc;trie qu&rsquo;il visait&nbsp;: <i>Spinoza contre Kant&nbsp;et la Cause de la V&eacute;rit&eacute; spirituelle</i><a name="_ftnref11"></a><a href="#_ftn11"><b><sup><span style="color:black">[11]</span></sup></b></a>. Il faut attendre la parution d&rsquo;un num&eacute;ro des <i>Cahiers du Sud</i><a name="_ftnref12"></a><a href="#_ftn12"><b><sup><span style="color:black">[12]</span></sup></b></a>, qui lui est consacr&eacute; en 1964, pour que se manifeste un certain int&eacute;r&ecirc;t pour ce philosophe jug&eacute; proche de Husserl, publication qui fait curieusement l&rsquo;impasse sur sa condition juive allemande pourtant indissociable de sa pens&eacute;e. Para&icirc;t quelques ann&eacute;es apr&egrave;s&nbsp;: <i>L&rsquo;Amour</i><a name="_ftnref13"></a><a href="#_ftn13"><b><sup><span style="color:black">[13]</span></sup></b></a><i>, </i>condens&eacute; d&rsquo;un plus vaste ouvrage. Ensuite l&rsquo;interpr&eacute;tation plus distanci&eacute;e </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">et plus personnelle de Micha&euml;l Baraz<a name="_ftnref14"></a><a href="#_ftn14"><sup><span style="color:black">[14]</span></sup></a>. C&rsquo;est dire qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;heure o&ugrave; toute son &oelig;uvre est &agrave; nouveau disponible et &eacute;tudi&eacute;e en Allemagne, peu de choses ont travers&eacute; la barri&egrave;re de la langue. Dans une p&eacute;riode o&ugrave;, quoi qu&rsquo;on en dise, les affirmations identitaires dominent encore largement le d&eacute;bat id&eacute;ologique, son propos universaliste doit-il rester sans &eacute;cho&nbsp;? Sa pens&eacute;e se situe-t-elle, comme Theodor Lessing lui en adressait le reproche, dans une telle extension de l&rsquo;&laquo;&nbsp;id&eacute;al&nbsp;&raquo;, qu&rsquo;il ne reste en l&rsquo;homme plus rien de <i>&laquo;&nbsp;la nature, du sol, du sang et du peuple&nbsp;&raquo;.</i> &laquo;&nbsp;Si <i>la vie </i>&eacute;tait<i> &ldquo;Esprit&rdquo;, une </i>philosophie<i> pourrait faire l&rsquo;histoire du monde, mais alors la conservation d&rsquo;un peuple particulier parmi d&rsquo;autres peuples particuliers n&rsquo;aurait pas d&rsquo;autre signification que la question de savoir si une esp&egrave;ce de fourmis devenue rare devrait &ecirc;tre r&eacute;partie dans toutes les fourmili&egrave;res de la for&ecirc;t ou conserv&eacute;e dans une fourmili&egrave;re particuli&egrave;re.&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref15"></a><a href="#_ftn15"><b><sup><span style="color:black">[15]</span></sup></b></a> Pour trancher cette question, sommes-nous encore dans la situation tragique de ces grands philosophes&nbsp;? En 1933, Lessing, se rendant en ao&ucirc;t au 18<sup>e</sup>&nbsp;congr&egrave;s sioniste de Prague, fut assassin&eacute; au-del&agrave; de la fronti&egrave;re allemande par des nervis nazis lanc&eacute;s &agrave; sa poursuite.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica">Ce rappel nous ram&egrave;ne au texte que nous publions ici, celui de mon intervention au colloque de Berlin. Il se situait dans la demi-journ&eacute;e intitul&eacute;e &laquo;&nbsp;Politische Philosophie und Praxis&nbsp;&raquo; (philosophie politique et pratique). Par-del&agrave; toutes les confusions et tous les amalgames linguistiques n&eacute;s d&rsquo;une autre constellation politique mondiale, il me paraissait important de rappeler comment le mouvement national juif, le sionisme, en r&eacute;action &agrave; l&rsquo;antis&eacute;mitisme europ&eacute;en, a constitu&eacute; une rupture dans la perspective &eacute;mancipatrice issue du d&eacute;cret fran&ccedil;ais de 1794. Une rupture radicale voulue par les sionistes eux-m&ecirc;mes, rejetant leurs adversaires juifs &ndash;&nbsp;au nombre desquels se range tr&egrave;s t&ocirc;t Brunner&nbsp;&ndash; sous le sobriquet infamant d&rsquo;&laquo;&nbsp;antisionistes&nbsp;&raquo;. Peut-on penser que ce d&eacute;bat ait perdu de son actualit&eacute;&nbsp;? Je ne le crois pas, car il est inscrit au c&oelig;ur de conflits qui, s&rsquo;ils se sont &agrave; nouveau d&eacute;plac&eacute;s dans le temps et l&rsquo;espace, n&rsquo;en demeurent pas moins. Le Moyen-Orient n&rsquo;est-il pas l&rsquo;un des rares endroits du globe dont on puisse dire que la Seconde Guerre mondiale n&rsquo;y a pas encore pris fin&nbsp;? Pas de fronti&egrave;re et pas de paix. Le sort de la Palestine n&rsquo;est-il pas l&rsquo;un des &eacute;checs les plus retentissants et les plus co&ucirc;teux de l&rsquo;ONU, c&rsquo;est-&agrave;-dire en fin de compte de la communaut&eacute; des nations&nbsp;? Dans ce contexte aussi, il faut relire Brunner.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <div> <hr align="left" size="1" width="33%" /></div> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn1"></a><a href="#_ftnref1"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[1]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> J&uuml;disches Museum Berlin, <i>Constantin Brunner im Kontext,</i> colloque organis&eacute; les 21-23 octobre 2012 sous le patronage des institutions suivantes : Georg-August Universit&auml;t G&ouml;ttingen ; The Franz Rosenzweig Research Center ; Constantin-Brunner-Stiftung Hamburg ; Stichting Internationaal Constantin Brunner Instituut Den Haag.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn2"></a><a href="#_ftnref2"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[2]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Constantin Brunner, <i>Die Lehre von den Geistigen und vom Volk,</i> Potsdam, Gustav Kiepenheuer Verlag.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn3"></a><a href="#_ftnref3"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[3]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Constantin Brunner, <i>Materialismus und Idealismus, Ibid, </i>1928.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn4"></a><a href="#_ftnref4"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[4]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Constantin Brunner, <i>Die Lehre von den Geistigen und vom Volk,</i> <i>op. cit.</i></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn5"></a><a href="#_ftnref5"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[5]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Constantin Brunner, <i>Unser Charakter oder Ich bin der Richtige</i></span></span></span><i>&thinsp;</i><i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">!,</span></span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Zurich, Verlag Die Liga, 1939. Cette premi&egrave;re publication posthume est assur&eacute;e par son ex&eacute;cuteur testamentaire, le philosophe Lothar Bickel, commentateur et continuateur de son &oelig;uvre. </span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn6"></a><a href="#_ftnref6"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[6]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Voir par exemple : Hagen Schulze, <i>Kleine deutsche Geschichte, </i>Munich, C. H. Beck, 1996, 2007, pp.&nbsp;144-45.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn7"></a><a href="#_ftnref7"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[7]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Constantin Brunner, <i>Der Judenhass und die Juden, </i>Oesterheld &amp; Co. Verlag, 1918, r&eacute;&eacute;dit&eacute; en 1919 avec deux pr&eacute;faces, intitul&eacute;es respectivement : &laquo; En guerre &raquo; (1917) et &laquo; En paix &raquo; (1919). Nouvelle &eacute;dition commandit&eacute;e par l&rsquo;Institut international Constantin Brunner, Berlin-Vienne, Philo Verlag, 2004, sous la direction de J&uuml;rgen Stenzel, avec une pr&eacute;face de Hans Goetz.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn8"></a><a href="#_ftnref8"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[8]</span></span></span></sup></a><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Constantin Brunner, <i>Unser Christus oder das Wesen des Genies, </i>Oesterheld &amp; Co. </span></span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Verlag, 1921. Ce livre est le premier que l&rsquo;Institut Brunner republiera apr&egrave;s-guerre chez Kiepenheuer &amp; Witsch, gr&acirc;ce notamment au soutien moral et financier de Yehudi Menuhin, profond&eacute;ment int&eacute;ress&eacute; par la figure du g&eacute;nie inspir&eacute;. Brunner trace effectivement ici le portrait d&rsquo;un Christ mystique, <i>&laquo;&nbsp;gottlos und weltlos&nbsp;&raquo;</i> (lib&eacute;r&eacute; de Dieu et du monde).</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn9"></a><a href="#_ftnref9"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[9]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Walther Rathenau, n&eacute; en 1867, est le fils du fondateur du groupe industriel AEG, Emil Rathenau (1838-1915). Pendant la Premi&egrave;re Guerre, il prend la direction de l&rsquo;approvisionnement militaire et esquisse &agrave; cette occasion un plan de d&eacute;portation de 175&nbsp;000 Belges pour leur mise au travail obligatoire en Allemagne. Avec le g&eacute;n&eacute;ral Ludendorff, il d&eacute;bat sur le front oriental de la <i>&laquo; question insoluble &raquo;, </i>un euph&eacute;misme pour d&eacute;signer le sort de la population juive de Pologne, &agrave; incorporer au Reich en cas de victoire militaire.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn10"></a><a href="#_ftnref10"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[10]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Gustav Landauer (1870-1919), philosophe. Ses d&eacute;marches ont permis la publication de l&rsquo;ouvrage majeur de Brunner.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn11"></a><a href="#_ftnref11"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[11]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Traduit et pr&eacute;c&eacute;d&eacute; d&rsquo;un avant-propos par Henri Luri&eacute;, Paris, Librairie philosophique Vrin, 1932. La bibliographie la plus compl&egrave;te &agrave; ce jour se trouve dans le volume de correspondance : <i>Constantin Brunner, Ausgew&auml;hlte Briefe 1884-1937, herausgegeben von J&uuml;rgen Stenzel und Irene Aue-Ben-David, </i>Wallstein Verlag, 2012.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn12"></a><a href="#_ftnref12"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[12]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>Les Cahiers du Sud,</i> Marseille, n&deg; 375, d&eacute;cembre 1963-janvier 1964, &laquo; Constantin Brunner, un philosophe hors les murs (1862-1937) &raquo;, avec les contributions de Ferdinand Alqui&eacute;, Henri Thomas, Micha&euml;l Baraz, Robert Rovini et 90 pages de textes du philosophe.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn13"></a><a href="#_ftnref13"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[13]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Constantin Brunner, <i>L&rsquo;Amour,</i> traduit et adapt&eacute; de l&rsquo;allemand par Dominique Aury, Henri Thomas et Leo Sonntag, pr&eacute;face de Henri Thomas, Gallimard, 1968.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn14"></a><a href="#_ftnref14"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[14]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Micha&euml;l Baraz, <i>La r&eacute;volution inesp&eacute;r&eacute;e, Constantin Brunner,</i> Librairie Jos&eacute; Corti, 1986, qui inspirera plus tard le livre de Martin Rodan, <i>Notre culture europ&eacute;enne, cette inconnue,</i> Berne, Peter Lang, 2009. Une fable de <i>&laquo; la victoire du g&eacute;nie sur le monde &raquo;.</i></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn15"></a><a href="#_ftnref15"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[15]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Theodor Lessing, &laquo;&nbsp;Der j&uuml;dische Selbsthass&nbsp;&raquo;, <i>J&uuml;dische Rundschau,</i> 1930,Berlin, r&eacute;&eacute;dition Matthes &amp; Seitz, 2004.</span></span></span></span></span></p> <p>&nbsp;</p>