<h2>Avant la premi&egrave;re guerre</h2> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Cette contribution a pour but de comprendre quand, comment et pourquoi Constantin Brunner en est venu &agrave; accorder une place au sionisme dans ses &eacute;crits et pour tout dire dans sa philosophie. Il lui a certainement fallu un certain temps avant d&rsquo;en &eacute;prouver la n&eacute;cessit&eacute;, sans doute parce qu&rsquo;il se sentait avant tout citoyen allemand, et que ce mouvement nationaliste juif lui paraissait &eacute;tranger, voire m&ecirc;me dangereux et d&eacute;stabilisant pour chaque Juif allemand.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">1912&nbsp;: Brunner c&eacute;l&egrave;bre en ao&ucirc;t son 50<sup>e</sup> anniversaire. Il a acquis quatre ans auparavant une certaine renomm&eacute;e, comme philosophe et dans des cercles intellectuels, apr&egrave;s la parution d&rsquo;une &oelig;uvre importante, <i>Von den Geistigen und vom Volk </i>(Des hommes de l&rsquo;Esprit et du Peuple), une analyse des facult&eacute;s humaines dans la lign&eacute;e de Spinoza. Comme ce livre est d&rsquo;un acc&egrave;s difficile au grand public, il vient d&rsquo;en donner un an auparavant un court r&eacute;sum&eacute;<a name="_ftnref1"></a><a href="#_ftn1" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[1]</span></sup></a> dans les &laquo;&nbsp;Archives pour une philosophie syst&eacute;matique&nbsp;&raquo; <i>(Archiv f&uuml;r systematische Philosophie).</i></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">1912&nbsp;: les diff&eacute;rentes nations europ&eacute;ennes s&rsquo;arment en vue de la guerre. De son c&ocirc;t&eacute;, Brunner s&rsquo;attache depuis peu &agrave; une t&acirc;che nouvelle, une vaste confrontation m&eacute;thodique avec le soi-disant antis&eacute;mitisme, qu&rsquo;il consid&egrave;re comme le dernier avatar d&rsquo;une haine tr&egrave;s ancienne envers les Juifs, mais dont l&rsquo;objectif politique r&eacute;cent est d&rsquo;annuler les acquis de l&rsquo;&eacute;mancipation. En effet, depuis 1871 tous les Juifs du Reich disposent des droits civils et politiques, bien que pour l&rsquo;essentiel la fonction publique, l&rsquo;enseignement sup&eacute;rieur et l&rsquo;arm&eacute;e leur demeurent ferm&eacute;s.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">1912&nbsp;: les Juifs allemands organisent la comm&eacute;moration du d&eacute;cret d&rsquo;&eacute;mancipation (11&nbsp;mars 1812), bien qu&rsquo;il n&rsquo;ait concern&eacute; que la Prusse sous l&rsquo;ancienne Conf&eacute;d&eacute;ration germanique et que ses effets furent encore limit&eacute;s. Ils voyaient dans cet &eacute;v&egrave;nement historique la cons&eacute;quence politique de l&rsquo;id&eacute;al d&rsquo;&eacute;galit&eacute; universelle affirm&eacute; par l&rsquo;&Eacute;tat fran&ccedil;ais. C&rsquo;est &agrave; cet id&eacute;al que Brunner restera ind&eacute;fectiblement attach&eacute;, et les Juifs lib&eacute;raux organis&eacute;s au sein de l&rsquo;Union centrale demeureront le public-cible de ses &eacute;crits.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.15pt">1912&nbsp;: </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.05pt">Bien que l&rsquo;&eacute;mancipation compl&egrave;te apparaisse encore &agrave; l&rsquo;horizon de la majorit&eacute; des Juifs allemands comme un objectif accessible et incarne leur perspective politique, leur situation au sein de la soci&eacute;t&eacute; s&rsquo;est transform&eacute;e depuis les ann&eacute;es&nbsp;80 du si&egrave;cle pr&eacute;c&eacute;dent. &laquo;&nbsp;Antis&eacute;mitisme&nbsp;&raquo; n&rsquo;est pas seulement devenu le n&eacute;ologisme forg&eacute; par un journaliste<a name="_ftnref2"></a><a href="#_ftn2" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[2]</span></sup></b></a>, son concept repr&eacute;sente une nouveaut&eacute; politique d&rsquo;une efficacit&eacute; redoutable, un contenu <i>&laquo;&nbsp;v&ouml;lkisch&nbsp;&raquo;, </i>&agrave; la fois nationaliste et non religieux, impr&eacute;gn&eacute; de la croyance superstitieuse</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.15pt"> aux t</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">raits inalt&eacute;rables de </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">la race. Ce n&rsquo;est pas par hasard que cet &eacute;loignement de l&rsquo;antijuda&iuml;sme chr&eacute;tien traditionnel ait &eacute;t&eacute; l&rsquo;&oelig;uvre de libres penseurs. Un livre &eacute;crit par un professeur d&rsquo;universit&eacute; alors tr&egrave;s influent, Eugen D&uuml;hring, a fortement contribu&eacute; &agrave; cette r&eacute;orientation&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;La question juive, une question de race, de m&oelig;urs et de civilisation, avec une r&eacute;ponse d&rsquo;importance mondiale.&nbsp;&raquo;</i> Douze ans avant l&rsquo;Affaire Dreyfus, ce livre fit grosse impression sur Theodor Herzl. D&uuml;hring d&eacute;sirait apporter &agrave; son analyse pseudo-scientifique une r&eacute;ponse tout aussi irr&eacute;futable. Il avait quasiment &eacute;labor&eacute; pour cela le programme th&eacute;orique du futur mouvement <i>&laquo;&nbsp;v&ouml;lkisch&nbsp;&raquo;</i>&nbsp;: remettre en question le plus rapidement possible l&rsquo;&eacute;galit&eacute; de principe reconnue aux Juifs, leur imposer un droit distinct et des lois d&rsquo;exception &agrave; caract&egrave;re racial, afin d&rsquo;en diminuer le nombre et l&rsquo;influence, jusqu&rsquo;&agrave; parvenir &agrave; leur exclusion compl&egrave;te. <i>&laquo;&nbsp;La question juive est en elle-m&ecirc;me une question sociale de premi&egrave;re importance, &agrave; placer bien avant la question sociale g&eacute;n&eacute;rale&nbsp;; car elle n&rsquo;est pas seulement une question vitale pour la classe ouvri&egrave;re montante, mais une question existentielle pour les peuples modernes. Se d&eacute;barrasser du cauchemar juif est l&rsquo;affaire des nations.&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref3"></a><a href="#_ftn3" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[3]</span></sup></b></a></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">La majorit&eacute; des Juifs allemands s&rsquo;est organis&eacute;e pour se d&eacute;fendre contre cette tendance dangereuse, qui est, d&egrave;s 1893, repr&eacute;sent&eacute;e au Reichstag par 16 d&eacute;put&eacute;s. La m&ecirc;me ann&eacute;e ces Juifs de tendance lib&eacute;rale ont fond&eacute; l&rsquo;Union centrale d&eacute;j&agrave; mentionn&eacute;e, qui s&rsquo;est donn&eacute; pour premier objectif cette d&eacute;fense, devenue rapidement populaire sous le sobriquet &laquo;&nbsp;Anti-Anti&nbsp;&raquo; et qui remporta de grands succ&egrave;s. Un an &agrave; peine apr&egrave;s sa cr&eacute;ation, son dirigeant, le Dr Eugen Fuchs, pla&ccedil;ait son rapport aux membres sous la devise&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;C&rsquo;est par la lutte que tu obtiendras tes droits.&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref4"></a><a href="#_ftn4" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[4]</span></sup></b></a><i> </i>Et avec assurance, il ajoutait&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;Ce n&rsquo;est que si nous d&eacute;fendons l&rsquo;&eacute;galit&eacute; et l&rsquo;&eacute;mancipation, que nous pourrons nous en affirmer dignes.&nbsp;&raquo;</i></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">En parall&egrave;le, une r&eacute;action anti-&eacute;mancipatrice se fit sentir dans de nombreux autres pays au cours de cette p&eacute;riode 1880-1893. Cette histoire est suffisamment connue et bien document&eacute;e&nbsp;; je n&rsquo;en mentionnerai donc que quelques aspects significatifs du contexte dans lequel m&ucirc;rirent les pens&eacute;es de Brunner sur le sujet. En 1882, apr&egrave;s les premiers pogroms qui mirent brutalement fin &agrave; une p&eacute;riode de timide lib&eacute;ralisation</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> dans l&rsquo;empire russe, un m&eacute;decin d&rsquo;Odessa, Leo Pinsker, r&eacute;digea en allemand <i>Auto-Emanzipation</i> (Auto&eacute;mancipation), l&rsquo;&laquo;&nbsp;Appel d&rsquo;un Juif russe &agrave; ses fr&egrave;res de race&nbsp;&raquo; <i>(Mahnruf an seine Stammesgenossen von einem russischen Juden),</i> ainsi que son sous-titre le pr&eacute;cise&nbsp;; notez bien&nbsp;ce tournant&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;Stammesgenossen&nbsp;&raquo;</i> (fr&egrave;res de race) et non pas <i>&laquo;&nbsp;Glaubensgenossen&nbsp;&raquo;</i> (coreligionnaires) comme &agrave; l&rsquo;accoutum&eacute;e. La r&eacute;ponse en Allemagne se fit un peu attendre, mais pas longtemps. En 1891, un jeune avocat, quasi de la g&eacute;n&eacute;ration de Brunner, diffusa, d&rsquo;abord de fa&ccedil;on anonyme, une s&eacute;rie d&rsquo;articles et de brochures sous des titres divers&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>Sind die russischen Juden eine Nation&nbsp;?&nbsp;&raquo;</i> (Les Juifs russes forment-ils une nation&nbsp;?)<a name="_ftnref5"></a><a href="#_ftn5" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[5]</span></sup></b></a><i> </i>&nbsp;; &laquo;&nbsp;<i>Was soll aus den russischen Juden&nbsp;?&nbsp;&raquo;</i> (Que vont devenir les Juifs russes&nbsp;?)&nbsp;; &laquo;&nbsp;<i>Wohin mit den russischen Juden, Syrien, ein Zufluchtsort der russischen Juden&nbsp;?&nbsp;&raquo;</i> (Quelle destination pour les Juifs russes, la Syrie, refuge des Juifs russes&nbsp;?). Que de points d&rsquo;interrogation pour un probl&egrave;me qui n&rsquo;&eacute;tait pas encore apparu &agrave; cette &eacute;chelle&nbsp;! Les Juifs allemands d&eacute;j&agrave; int&eacute;gr&eacute;s en appel&egrave;rent tout d&rsquo;abord &agrave; leur gouvernement, dans l&rsquo;espoir qu&rsquo;il organise &agrave; nouveau, comme l&rsquo;avait fait Bismarck treize ans auparavant, un congr&egrave;s international, ou qu&rsquo;au moins il en soutienne le projet. Mais plus que le danger int&eacute;rieur que l&rsquo;on pensait encore ma&icirc;trisable, cette &eacute;migration de masse d&eacute;j&agrave; amorc&eacute;e suscita rapidement une vive inqui&eacute;tude.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Au cours de ces ann&eacute;es 1880-1893, sous la pression constante de l&rsquo;&eacute;migration juive venue de l&rsquo;Est (qui ne formait qu&rsquo;une partie de l&rsquo;&eacute;migration massive de diverses populations, dans et en dehors de l&rsquo;Europe), les douleurs de l&rsquo;enfantement d&rsquo;un nouveau mouvement national se faisaient d&eacute;j&agrave; entendre dans toute l&rsquo;Europe centrale (Mittel-Europa), ce vaste espace entre l&rsquo;Est et l&rsquo;Ouest. Ce mouvement profond&eacute;ment atypique, dispers&eacute;, qui se cherche encore ses objectifs et ses moyens d&rsquo;action, a trouv&eacute; son nom d&egrave;s 1893, sous la plume d&rsquo;un profond penseur viennois, Nathan Birnbaum (1864-1937)&nbsp;: le &laquo;&nbsp;sionisme&nbsp;&raquo;. <i>&laquo;&nbsp;Nous devons gagner la confiance du gouvernement turc, qu&rsquo;il est impardonnable de n&rsquo;avoir pas recherch&eacute;e jusqu&rsquo;ici, car ce n&rsquo;est qu&rsquo;ainsi que nous pourrons esp&eacute;rer voir se d&eacute;velopper la colonisation de la Palestine.&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref6"></a><a href="#_ftn6" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[6]</span></sup></b></a> Mais comment faire&nbsp;? <i>&laquo;&nbsp;Nous ne demandons pas l&rsquo;ind&eacute;pendance politique pour les Juifs &agrave; &eacute;tablir en Syrie-Palestine&nbsp;; nous ne demandons qu&rsquo;une chose&nbsp;: que ceux-ci soient autoris&eacute;s &agrave; voir en cette terre une v&eacute;ritable patrie </i>(Heimat),<i> et obtiennent pour cela des garanties l&eacute;gales nationales et internationales contre les expulsions &agrave; l&rsquo;europ&eacute;enne.&nbsp;&raquo;</i> Un projet national certes, mais &agrave; &eacute;tablir sur d&rsquo;autres terres et totalement d&eacute;pendant du jeu politique et des int&eacute;r&ecirc;ts des grandes puissances. Ainsi s&rsquo;ouvrait un tout nouveau chapitre dans l&rsquo;histoire des Juifs, dans lequel nous nous trouvons encore aujourd&rsquo;hui. Quatre ann&eacute;es plus tard, ce projet est officiellement pr&eacute;sent&eacute; &agrave; l&rsquo;opinion publique par le 1<sup>er&nbsp;</sup>congr&egrave;s sioniste.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Avant m&ecirc;me cet &eacute;v&egrave;nement, et notamment au cours de sa pr&eacute;paration, plusieurs oppositions se sont d&eacute;j&agrave; manifest&eacute;es dans diff&eacute;rents milieux juifs. Dans tous les pays o&ugrave; l&rsquo;&eacute;mancipation s&rsquo;&eacute;tait concr&eacute;tis&eacute;e, la majorit&eacute; des Juifs se montre tr&egrave;s m&eacute;fiante &agrave; l&rsquo;&eacute;gard du projet, tant pour des raisons religieuses que politiques. Le sionisme, qui ambitionne de s&rsquo;exprimer au nom du &laquo;&nbsp;peuple&nbsp;&raquo; juif, a aussit&ocirc;t rabaiss&eacute; ses opposants en les qualifiant d&rsquo;&laquo;&nbsp;antisionistes&nbsp;&raquo;. La pression sociale qui s&rsquo;exerce <i>sur</i> les Juifs se transforme aussit&ocirc;t en tensions et en oppositions <i>entre</i> eux. Le juda&iuml;sme, consid&eacute;r&eacute; d&rsquo;un point de vue religieux, s&rsquo;&eacute;tait organis&eacute; d&rsquo;abord pour se d&eacute;fendre d&rsquo;ennemis ext&eacute;rieurs, les antis&eacute;mites&nbsp;; par contre, </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">quand quelques ann&eacute;es plus tard Max Nordau publie son livre <i>Der Zionismus und seine Gegner </i>(Le sionisme et ses adversaires)<a name="_ftnref7"></a><a href="#_ftn7" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[7]</span></sup></a>, ceux qu&rsquo;il nomme ainsi sont exclusivement des Juifs. Aucune expression ne fut assez m&eacute;prisante pour les d&eacute;shonorer&nbsp;: &laquo;&nbsp;assimilateurs&nbsp;&raquo;, apostats, ren&eacute;gats ou tra&icirc;tres. M&ecirc;me le vocabulaire le plus odieux des antis&eacute;mites leur fut imm&eacute;diatement appliqu&eacute;&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;Le Youpin est antisioniste&nbsp;! Nous le connaissons depuis longtemps, et nous avons toujours &eacute;t&eacute; saisis de d&eacute;go&ucirc;t, d&egrave;s que nous le regardions, d&egrave;s que la vie nous amenait pr&egrave;s de lui ou &agrave; son contact. [&hellip;] Or voici qu&rsquo;apparut le sionisme &ndash; Juif et Youpin furent oblig&eacute;s de prendre position. Et maintenant, pour la premi&egrave;re fois, le Youpin a rendu au Juif un service d&rsquo;une grandeur inesp&eacute;r&eacute;e. Le Youpin se d&eacute;tache de la communaut&eacute;, le Youpin est &ndash; antisioniste&nbsp;!&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref8"></a><a href="#_ftn8" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[8]</span></sup></b></a> Il nous faut garder &agrave; l&rsquo;esprit cette agressivit&eacute; du nationalisme juif, si l&rsquo;on veut comprendre les r&eacute;actions suscit&eacute;es quand, quelques ann&eacute;es plus tard, la F&eacute;d&eacute;ration sioniste pour l&rsquo;Allemagne tenta de s&rsquo;emparer de la direction des communaut&eacute;s. Sans ce rappel la position de Brunner, vue d&rsquo;aujourd&rsquo;hui, serait tout &agrave; fait incompr&eacute;hensible.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Sous le choc de cette insulte de &laquo;&nbsp;Youpin&nbsp;&raquo;, lanc&eacute;e par le journal sioniste <i>Die Welt,</i> le critique viennois Karl Kraus &eacute;crivit un petit pamphlet intitul&eacute; &laquo;&nbsp;Une couronne pour Sion&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref9"></a><a href="#_ftn9" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[9]</span></sup></a>, dans lequel il avan&ccedil;ait que le slogan &laquo;&nbsp;Dehors les Juifs&nbsp;!&nbsp;&raquo; trouverait imm&eacute;diatement un appui enthousiaste aupr&egrave;s des antis&eacute;mites aryens. Celui-ci ne se fit pas attendre. Au lendemain du 1<sup>er</sup>&nbsp;congr&egrave;s sioniste, le th&eacute;ologien protestant et professeur &agrave; l&rsquo;universit&eacute; de B&acirc;le Friedrich Heman &eacute;crivit <i>L&rsquo;&eacute;veil de la nation juive ou La voie vers la solution d&eacute;finitive de la question juive</i><a name="_ftnref10"></a><a href="#_ftn10" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[10]</span></sup></b></a>. <span style="letter-spacing:-.1pt">Il y d&eacute;clare <i>&laquo;&nbsp;que d&rsquo;une part les peuples seront heureux d&rsquo;&ecirc;tre d&eacute;barrass&eacute;s des Juifs et de leur concurrence dans leurs pays respectifs et que, d&rsquo;autre part, les grandes puissances salueront comme une heureuse solution d&rsquo;un probl&egrave;me difficile, qu&rsquo;un &Eacute;tat juif se cr&eacute;e en Palestine et que les Juifs soient dispo</i></span><i>s&eacute;s &agrave; l&rsquo;y &eacute;tablir.&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref11"></a><a href="#_ftn11" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[11]</span></sup></b></a> <span style="letter-spacing:.1pt">Selon lui, on avait commis apr&egrave;s la R&eacute;volution fran&ccedil;aise l&rsquo;erreur de croire <i>&laquo;&nbsp;&agrave; l&rsquo;&eacute;tablissement de droits humains universels&nbsp;&raquo;. </i>Heman s&rsquo;en prit violemment aux cinq grands rabbins allemands qui avaient mis en garde contre la tenue du congr&egrave;s, &agrave; ceux que Herzl avait trait&eacute;s de &laquo;&nbsp;rabbins protestataires&nbsp;&raquo; <i>(Protestrabbiner)</i> et Nordau de &laquo;&nbsp;com&eacute;diens&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref12"></a><a href="#_ftn12" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[12]</span></sup></a>. Cet antis&eacute;mite officiel et de bon aloi fut accueilli avec empressement par les sionistes. Il put ainsi quelques ann&eacute;es plus tard et sous le patronage de Nordau clarifier encore sa position&nbsp;: &laquo;&nbsp;L&rsquo;antis&eacute;mitisme restera ancr&eacute; dans le peuple aussi longtemps qu&rsquo;il y aura des assimilateurs en Allemagne. <i>C&rsquo;est dans la nature de la chose. Si des Chinois de Kiao-Tch&eacute;ou </i>[aujourd&rsquo;hui Qingdao]<i> ou des N&egrave;gres du Cameroun voulaient se donner de l&rsquo;importance </i>(sich aufspielen) <i>en se faisant passer pour </i>des fr&egrave;res allemands, </span><i><span style="letter-spacing:.2pt">alors un anti-mongolisme ou une anti-n&eacute;gritude s&rsquo;empareraient du peuple allemand comme dans la libre Am&eacute;rique. Car la nature humaine est partout la m&ecirc;me. D&egrave;s qu&rsquo;on la blesse, elle r&eacute;agit partout </span>de m&ecirc;me. Les diff&eacute;rences nationales ou de race ne sont que des &eacute;l&eacute;ments naturels, que l&rsquo;on ne peut pas ignorer.&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref13"></a><a href="#_ftn13" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[13]</span></sup></b></a></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Je n&rsquo;ai fait jusqu&rsquo;ici qu&rsquo;esquisser le climat dans lequel Brunner se forgea son concept de la haine des Juifs d&egrave;s avant la Premi&egrave;re Guerre mondiale. &Agrave; cet &eacute;gard, le 1<sup>er</sup> congr&egrave;s sioniste doit &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute; comme un important rep&egrave;re, tout au moins en ce qui concerne ses r&eacute;percussions en Allemagne. Sur le plan international, Herzl est parvenu &agrave; faire conna&icirc;tre sa solution de compromis&nbsp;: l&rsquo;exigence en Palestine d&rsquo;un foyer reconnu en droit public. Les sionistes annoncent partout que le juda&iuml;sme ne doit plus &ecirc;tre regard&eacute; d&eacute;sormais comme une religion, mais davantage comme l&rsquo;expression d&rsquo;une nation unitaire, d&rsquo;une communaut&eacute; de souche, d&rsquo;une race, ainsi que l&rsquo;on disait alors commun&eacute;<span style="letter-spacing:.1pt">ment. Ceci ne pouvait que susciter une opposition chez les Juifs allemands. Moins de deux mois apr&egrave;s, la r&eacute;action vint, sans ambigu&iuml;t&eacute;, de l&rsquo;Union centrale (CV)&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;Un renforcement du sentiment d&rsquo;un </i>peuple<i> juif et de la </i>conscience<i> d&rsquo;&ecirc;tre un peuple me sont inconcevables, car depuis la </i></span><i><span style="letter-spacing:-.1pt">destruction de l&rsquo;&Eacute;tat juif je ne connais pas de </span></i><span style="letter-spacing:-.1pt">peuple<i> juif ni de principe de nationalit&eacute;. Je ne connais qu&rsquo;une communaut&eacute; de foi juive et je veux donc que se renforce la </i>fid&eacute;lit&eacute; &agrave; la communaut&eacute; confessionnelle,<i> sans que cela porte atteinte &agrave; la fid&eacute;lit&eacute; &agrave; la patrie.&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref14"></a><a href="#_ftn14" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[14]</span></sup></b></a> La ligne de partage est d&egrave;s lors nettement trac&eacute;e.</span></span></span></span></span></p> <h2 style="text-align: justify;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Le coup de force sioniste et ses cons&eacute;quences</span></span></span></span></span></h2> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Dans les premi&egrave;res ann&eacute;es de son existence, les efforts diplomatiques du mouvement sioniste restent sans succ&egrave;s, et les tentatives des sionistes de prendre pied dans les communaut&eacute;s &eacute;chouent. Leur objectif y semble dans l&rsquo;ensemble trop illusoire et utopique face &agrave; la r&eacute;alit&eacute; allemande. Toutefois, en 1903, apr&egrave;s le pogrom de Kichinev, le gouvernement britannique s&rsquo;&eacute;tait dit favorable &agrave; tout plan <i>&laquo;&nbsp;qui am&eacute;liorerait la situation de la race juive&nbsp;&raquo;.</i> En 1907, le congr&egrave;s quitta B&acirc;le pour La&nbsp;Haye, en vue de peser sur la conf&eacute;rence de la Paix&nbsp;; la r&eacute;volution des &laquo;&nbsp;Jeunes Turcs&nbsp;&raquo; suscita de nouveaux espoirs en 1908&nbsp;; en 1909, pour la premi&egrave;re fois, le congr&egrave;s se tint &agrave; Hambourg. C&rsquo;est ainsi que, lors des &eacute;lections communautaires de 1910 en Allemagne, une v&eacute;ritable opposition se fit jour autour de la question nationale juive. En septembre de cette ann&eacute;e-l&agrave;, la Journ&eacute;e des d&eacute;l&eacute;gu&eacute;s sionistes proclama sa volont&eacute; de se positionner de fa&ccedil;on tranch&eacute;e, de telle sorte que <i>&laquo;&nbsp;le </i>caract&egrave;re national <i>de notre mouvement soit soulign&eacute; sans ambigu&iuml;t&eacute; et trace </i>une diff&eacute;rence de principe<i> entre le sionisme, le mouvement du peuple juif, et toutes les autres organisations juives&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref15"></a><a href="#_ftn15" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[15]</span></sup></b></a><i>. </i>Blumenfeld, le dirigeant de la jeune g&eacute;n&eacute;ration, souligna <i>&laquo;&nbsp;le tragique effrayant</i> [des Juifs allemands] <i>d&rsquo;&ecirc;tre oblig&eacute;s de penser dans une langue impropre &agrave; leurs facult&eacute;s cr&eacute;atrices. Pour les connaisseurs, la force indestructible et l&rsquo;expression propre du sang juif s&rsquo;y frayaient cependant un passage, malgr&eacute; toutes les tentatives d&rsquo;oppression. [&hellip;] Un nouvel &eacute;tat de conscience se formait en eux, l&rsquo;id&eacute;e du sionisme politique. [&hellip;] Car seul celui qui vit selon son </i>propre<i> droit et sa </i>propre<i> loi, dans son </i>propre<i> pays, est un homme libre. Voil&agrave; comment on pourrait exprimer ce nouvel &eacute;tat de conscience&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref16"></a><a href="#_ftn16" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[16]</span></sup></b></a><i>. </i>Comment </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Brunner aurait-il pu se rallier &agrave; une telle vision&nbsp;? Blumenfeld mettait l&rsquo;accent sur une <i>&laquo;&nbsp;mani&egrave;re propre&nbsp;&raquo;</i> <i>(Sonderart) </i>qui devait lui para&icirc;tre bien &eacute;trange&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;</i>Le sang commun<i> d&eacute;termine les m&ecirc;mes capacit&eacute;s cr&eacute;atrices, la m&ecirc;me mani&egrave;re de penser et de sentir.&nbsp;&raquo; </i>Comment Brunner aurait-il pu s&rsquo;identifier &agrave; un mouvement qui pr&eacute;tendait rassembler tous ceux <i>&laquo;&nbsp;qui s&rsquo;&eacute;taient &eacute;chapp&eacute;s de </i>l&rsquo;assimilation pour se sauver<i> dans le</i> juda&iuml;sme,<i> et &eacute;taient devenus ainsi aptes au combat contre la culture de leurs ma&icirc;tres &agrave; penser&nbsp;&raquo;&nbsp;?</i></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Ainsi tout avait &eacute;t&eacute; pr&eacute;par&eacute; pour la division interne des Juifs allemands. L&rsquo;historien Jehuda Reinharz la d&eacute;crit comme suit&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;&Agrave; partir de la fin 1912, le combat entre sionistes et antisionistes devint sans cesse plus aigu. Le camp lib&eacute;ral </i>[l&rsquo;Union pour le juda&iuml;sme lib&eacute;ral, 1908 &ndash; Verein f&uuml;r das liberale Judentum] <i>entra ouvertement en conflit avec les sionistes, qu&rsquo;il consid&eacute;rait comme un &eacute;l&eacute;ment perturbateur. En octobre 1912, un groupe de lib&eacute;raux fonda l&rsquo;Association du Reich pour la lutte contre le sionisme </i>(Reichsverband zur Bek&auml;mpfung des Zionismus), <i>qui d&egrave;s d&eacute;cembre prit le nom de &ldquo;Comit&eacute; antisioniste&rdquo;</i> (Antizionistisches Komitee). <i>Ce dernier apparut vite comme le porte-parole de tout le lib&eacute;ralisme jud&eacute;o-allemand.&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref17"></a><a href="#_ftn17" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[17]</span></sup></b></a><i> </i>&Agrave; ma connaissance les publications de ce comit&eacute; n&rsquo;ont pas &eacute;t&eacute; &eacute;tudi&eacute;es jusqu&rsquo;ici. Dans la premi&egrave;re d&rsquo;entre elles, plusieurs articles de la <i>J&uuml;dische Rundschau</i> et le programme du sionisme allemand qui venait de para&icirc;tre furent violemment attaqu&eacute;s.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Aux yeux des Juifs allemands lib&eacute;raux l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;un peuple juif n&rsquo;est que le fruit de l&rsquo;imagination, totalement incapable d&rsquo;attirer en Palestine les Juifs de tous les pays. Les auteurs des <i>Cahiers antisionistes</i> ajoutent&nbsp;m&ecirc;me&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;[&hellip;] c&rsquo;est bien l&rsquo;id&eacute;e de la </i>race<i> que les sionistes ont emprunt&eacute;e aux courants nationalistes. D&egrave;s ses d&eacute;buts, le concept de peuple du mouvement sioniste &eacute;tait compl&egrave;tement et exclusivement rempli de l&rsquo;id&eacute;e de la race. Cette id&eacute;e tout &agrave; fait superstitieuse, produit d&rsquo;un dogmatisme arrogant et de l&rsquo;&eacute;go&iuml;sme le plus trouble, qui consid&egrave;re la vie humaine comme pr&eacute;d&eacute;termin&eacute;e par le sang, et que ni la volont&eacute; ni l&rsquo;adaptation au cours des si&egrave;cles ne peuvent rien contre les pr&eacute;tendues dispositions inn&eacute;es de la race, qui ne voit de salut que dans le maintien d&rsquo;une race pure, cette th&eacute;orie absurde contredite par l&rsquo;histoire et la pratique humaine, dut effectivement &ecirc;tre conserv&eacute;e assez longtemps pour entra&icirc;ner une pure exclusion des Juifs de tous les autres peuples. Et c&rsquo;est en cela, dans ce fantasme de la force bienfaisante de la puret&eacute; absolue de la race, que repose jusqu&rsquo;aujourd&rsquo;hui la tr&egrave;s dangereuse similitude de la doctrine sioniste avec celle des antis&eacute;mites.&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref18"></a><a href="#_ftn18" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[18]</span></sup></b></a> </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">L&rsquo;importance que Brunner accordera dans son premier &laquo;&nbsp;livre juif&nbsp;&raquo; &agrave; la th&eacute;orie raciale, alors en plein d&eacute;bat, nous contraint &agrave; un l&eacute;ger d&eacute;tour vers les &laquo;&nbsp;scientifiques&nbsp;&raquo; qui y ont le plus contribu&eacute;. Il les a quasi tous lus avec la plus grande attention. Le plus influent d&rsquo;entre eux s&rsquo;appelle Ignaz Zollschan&nbsp;; les 500&nbsp;pages de son ouvrage <i>Le probl&egrave;me de la race</i><a name="_ftnref19"></a><a href="#_ftn19" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[19]</span></sup></b></a> furent l&rsquo;amorce de sa brillante carri&egrave;re. Inspir&eacute; par le sionisme, il avait tenu &agrave; pr&eacute;ciser en sous-titre&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;consid&eacute;r&eacute; en particulier selon les fondements th&eacute;oriques de la question raciale juive&nbsp;&raquo;.</i> Jusqu&rsquo;en 1925 le livre connut cinq r&eacute;&eacute;ditions. Zollschan partageait la plupart des pr&eacute;jug&eacute;s raciaux et des clich&eacute;s de son temps issus de la colonisation, l&rsquo;id&eacute;e de races sup&eacute;rieures et inf&eacute;rieures dont le croisement &eacute;tait n&eacute;faste. Il aurait seulement voulu les appliquer &agrave; l&rsquo;avantage des Juifs<a name="_ftnref20"></a><a href="#_ftn20" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[20]</span></sup></a>. Continuateur de Chamberlain, il &eacute;crivait&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;L&rsquo;histoire fournit de nombreux exemples de l&rsquo;impossibilit&eacute;, en cas de croisement accompli de diff&eacute;rentes nations de races &eacute;trang&egrave;res, de parvenir &agrave; un &Eacute;tat porteur d&rsquo;une culture vivante, </i>m&ecirc;me si chacune de ces nationalit&eacute;s poss&eacute;dait pour elle-m&ecirc;me de hautes capacit&eacute;s. Et c&rsquo;est l&agrave; le v&eacute;ritable noyau de toute th&eacute;orie raciale. <i>Le livre de Chamberlain </i>Les fondements du XIX<sup>e</sup> si&egrave;cle<a name="_ftnref21"></a><a href="#_ftn21" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[21]</span></sup></a><i> a &eacute;t&eacute; attaqu&eacute; avec plus de virulence que tout autre, et &agrave; bon droit dans la majorit&eacute; des cas. Mais la cl&eacute; de vo&ucirc;te de son syst&egrave;me, &agrave; savoir </i>l&rsquo;accent mis sur l&rsquo;effet ennoblissant de la puret&eacute; raciale et l&rsquo;effet d&eacute;vastateur du chaos racial,<i> est incontestablement solide.&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref22"></a><a href="#_ftn22" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[22]</span></sup></b></a> Indirectement Brunner ne lui r&eacute;pond-il pas dans son livre&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;La th&eacute;orie raciale n&rsquo;est jamais innocente sur le plan scientifique, en v&eacute;rit&eacute; elle n&rsquo;est pas m&ecirc;me une th&eacute;orie, mais elle deviendra bien une pratique, et quelle pratique&nbsp;!&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref23"></a><a href="#_ftn23" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[23]</span></sup></b></a> Un philosophe comme Brunner ne pouvait pas prendre au s&eacute;rieux cette pseudo science dilettante&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;Mis&eacute;rable jugement des plus instruits&nbsp;! Quels ingr&eacute;dients ne mettent-ils pas dans leur cuisine, et quelle &eacute;tonnante capacit&eacute; n&rsquo;ont-ils pas d&rsquo;y ajouter avec le m&ecirc;me s&eacute;rieux du bien-fond&eacute; et de l&rsquo;absurde, et de continuer &agrave; vivre ainsi instruits&nbsp;!&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref24"></a><a href="#_ftn24" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[24]</span></sup></b></a> Apr&egrave;s la guerre, les conceptions de Zollschan se radicalis&egrave;rent encore. En annexe &agrave; son dernier livre, il ajoute un texte plus court, &laquo;&nbsp;La voie du maximalisme&nbsp;&raquo;, dans lequel il d&eacute;crit la d&eacute;claration Balfour et les r&eacute;solutions de la conf&eacute;rence de San Remo comme la lourde mais unique t&acirc;che historique du peuple juif. Zollschan partageait en cela les vues de Jakob Klatzkin, le grand th&eacute;oricien du sionisme, selon qui il &eacute;tait inutile de revendiquer un nationalisme juif diasporique et d&rsquo;agresser les Juifs qui n&rsquo;en voulaient pas. Mais comme Klatzkin, il soutenait dans les pays de l&rsquo;<i>&laquo;&nbsp;Exil&nbsp;&raquo;</i> l&rsquo;&eacute;rection d&rsquo;&laquo;&nbsp;un <i>ghetto volontaire&nbsp;&raquo;</i>, cette <i>&laquo;&nbsp;forme h&eacute;ro&iuml;que d&rsquo;existence&nbsp;&raquo;</i> dans une s&eacute;paration et un d&eacute;racinement voulus. Klatzkin exigeait des Juifs cheminant dans la diaspora <i>&laquo;&nbsp;l&rsquo;interdiction de cultiver la langue du pays et la reconnaissance de former un corps national &eacute;tranger, au risque m&ecirc;me de se voir priv&eacute;s des droits civils&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref25"></a><a href="#_ftn25" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[25]</span></sup></b></a><i>. </i>Le livre de Klatzkin cit&eacute; et admir&eacute; par Zollschan avait un caract&egrave;re presque suicidaire&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;En tant que corps &eacute;tranger, nous revendiquons une situation d&rsquo;exception, avec tous ses avantages et ses inconv&eacute;nients. Nous respectons le droit de la nation du pays &agrave; prot&eacute;ger son individualit&eacute; </i>v&ouml;lkisch<i> contre les &eacute;trangers</i> (Volksfremde).&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref26"></a><a href="#_ftn26" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[26]</span></sup></a> Et ceci paraissait au m&ecirc;me moment que le Programme du NSDAP (parti national-socialiste des travailleurs).</span></span></span></span></p> <h2>Apr&egrave;s la premi&egrave;re guerre</h2> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">La haine des Juifs et les Juifs, </span></span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">la premi&egrave;re intervention importante de Brunner dans cette probl&eacute;matique, ne put para&icirc;tre qu&rsquo;&agrave; la fin du premier conflit mondial. Le sionisme avait d&eacute;j&agrave; pris place dans son </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">jugement, mais seulement d&rsquo;un point de vue g&eacute;n&eacute;ral, en nette opposition &agrave; l&rsquo;&eacute;mancipation, dans la perspective de laquelle il continuait &agrave; se situer. Il avait attentivement lu Zollschan&nbsp;; il devait s&rsquo;expliquer plus tard avec Klatzkin. Il n&rsquo;attendait encore aucune suite concr&egrave;te &agrave; la d&eacute;claration Balfour. Les deux pr&eacute;faces qu&rsquo;il &eacute;crivit pour les &eacute;ditions de 1918 et 1919 se pr&eacute;occupaient essentiellement de la situation allemande. Il jugeait donc ainsi le mouvement national juif&nbsp;: &laquo;<i>&nbsp;Le sionisme et la haine des Juifs sont &eacute;troitement li&eacute;s, comme la cause et l&rsquo;effet. Le sionisme est la fausse r&eacute;activit&eacute; des Juifs, la chute du Juif dans la th&eacute;orie raciale de la haine des Juifs &ndash; de ces Juifs qui ne peuvent pas se rendre compte que l&rsquo;&eacute;mancipation ne se fait que lentement et jamais sans reculs&nbsp;; des reculs qui trouvent leur justification et leur n&eacute;cessit&eacute; psychologique et historique dans la nature humaine.&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref27"></a><a href="#_ftn27" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[27]</span></sup></b></a> Pour Brunner, il n&rsquo;existe qu&rsquo;un seul moyen de s&rsquo;y opposer&nbsp;: la lutte politique. Le sionisme repr&eacute;sentait, selon lui, une esp&egrave;ce de fuite en avant vers un lieu o&ugrave; <i>&laquo;&nbsp;la continuation et la r&eacute;g&eacute;n&eacute;ration de la communaut&eacute; de sang&nbsp;&raquo; </i>(Zollschan) se produiraient. Cette <i>&laquo;&nbsp;communaut&eacute; de sang&nbsp;&raquo;</i> ou cette <i>&laquo;&nbsp;action de son sang propre&nbsp;&raquo;</i> ne formaient &agrave; ses yeux que l&rsquo;indice d&rsquo;une superstition scientifique moderne<a name="_ftnref28"></a><a href="#_ftn28" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[28]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Comme Brunner avait donn&eacute; auparavant un &laquo;&nbsp;court r&eacute;sum&eacute;&nbsp;&raquo; de son vaste trait&eacute; th&eacute;orique de 1908, il retravailla son concept de la &laquo;&nbsp;haine des Juifs&nbsp;&raquo; dans un aper&ccedil;u synth&eacute;tique auquel il donna volontairement un myst&eacute;rieux titre en h&eacute;breu&nbsp;: <i>Memscheleth </i></span></span></span><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">sadon. </span></span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Ce &laquo;&nbsp;R&egrave;gne de l&rsquo;arrogance&nbsp;&raquo;, ou &laquo;&nbsp;Empire du m&eacute;pris&nbsp;&raquo;, selon sa propre traduction allemande <i>(Die Herrschaft des Hochmuts),</i> repr&eacute;senterait, esp&eacute;rait-il, son <i>&laquo;&nbsp;dernier mot &agrave; propos de la haine des Juifs et des Juifs&nbsp;&raquo;,</i> une haine issue des limites g&eacute;n&eacute;rales de la facult&eacute; humaine de jugement. Valable d&rsquo;&eacute;gale fa&ccedil;on pour Juifs et non-Juifs, dans la vision humaniste du philosophe. L&rsquo;orgueil, le m&eacute;pris arrogant, est le plus grand danger qui guette une soci&eacute;t&eacute;, le premier des sept p&eacute;ch&eacute;s capitaux. Brunner, qui se d&eacute;finit &agrave; pr&eacute;sent comme ath&eacute;e et &laquo;&nbsp;Ex-Judeus&nbsp;&raquo; (puisque ath&eacute;e), a cependant emprunt&eacute; son titre &agrave; une pri&egrave;re du </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.4pt">Nouvel-an juif, pour en faire le fondement d&rsquo;une &eacute;thique de la responsabilit&eacute; personnelle permanente. On la trouve </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">exprim&eacute;e dans la dialectique particuli&egrave;re du Talmud. Par exemple dans le trait&eacute; Rosh Hashanah&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;L&rsquo;homme sera jug&eacute; chaque jour, car il est dit&nbsp;: </i>Tu le visites chaque matin. <i>(Job, 7,18a). Et Rabbi Nathan dit&nbsp;: L&rsquo;homme sera jug&eacute; &agrave; toute heure, car il est dit&nbsp;: </i>&Agrave; tout instant, Tu le mets &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve.<i> (Job, 7,18b).&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref29"></a><a href="#_ftn29" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[29]</span></sup></b></a> Ainsi s&rsquo;explique sa condamnation du sionisme comme r&eacute;ponse erron&eacute;e &agrave; l&rsquo;arrogance des antis&eacute;mites. <i>&laquo;&nbsp;Le sionisme est une erreur, aussi fatale que l&rsquo;assimilation&nbsp;; voil&agrave; ce qu&rsquo;il faut dire, </i></span></span></span><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.05pt">quelle que soit la c&eacute;l&eacute;brit&eacute; que ces deux notions ont d&eacute;j&agrave; acquise. L&rsquo;&eacute;mancipation donnait aux Juifs le devoir de s&rsquo;auto-&eacute;manciper, de se sortir de l&rsquo;isolement, et ce devoir, ils l&rsquo;ont confondu avec celui de s&rsquo;assimiler.&nbsp;&raquo;</span></span></span></i><a name="_ftnref30"></a><a href="#_ftn30" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.05pt">[30]</span></span></span></sup></b></a><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.05pt"> Brunner regardait le sionisme comme une fuite vers de nouvelles illusions. <i>&laquo;&nbsp;Les Juifs doivent tous sortir de leur ghetto et ne peuvent tomber ni dans la confusion </i></span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">d&rsquo;avant le sionisme, <i>ni dans le d&eacute;sespoir </i>d&rsquo;apr&egrave;s le sionisme,<i> d&rsquo;apr&egrave;s l&rsquo;&eacute;norme et in&eacute;vitable d&eacute;sillusion&nbsp;; et de la m&ecirc;me fa&ccedil;on, ils se garderont de toute interpr&eacute;tation erron&eacute;e de l&rsquo;&eacute;mancipa<span style="letter-spacing:-.2pt">tion, dont la v&eacute;rit&eacute; n&rsquo;est pas que les Juifs s&rsquo;assimilent, deviennent enti&egrave;rement indistincts des non-Juifs, mais qu&rsquo;ils soient g&eacute;n&eacute;ralement reconnus dans leur particularit&eacute;, et qu&rsquo;eux-m&ecirc;mes se per&ccedil;oivent dans la v&eacute;ritable singularit&eacute; de leur &ecirc;tre. Celle-l&agrave;, les Allemands d&rsquo;origine juive ne doivent pas l&rsquo;abandonner davantage que les autres Allemands ne doivent abandonner la leur.&nbsp;&raquo;</span></i><a name="_ftnref31"></a><a href="#_ftn31" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">[31]</span></span></sup></b></a><span style="letter-spacing:-.2pt"> En &eacute;crivant cela, Brunner demeure encore dans des consid&eacute;rations internes &agrave; l&rsquo;Allemagne. Mais il est plus surprenant qu&rsquo;il compte d&eacute;sormais &ndash;&nbsp;est-il le premier Juif allemand non sioniste &agrave; le faire&nbsp;?&nbsp;&ndash; la &laquo;&nbsp;question arabe&nbsp;&raquo; parmi les principaux obstacles &agrave; l&rsquo;avenir des Juifs par la colonisation de leur terre ancestrale&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;Sion doit &ecirc;tre recherch&eacute;e partout dans le monde sauf en Palestine, l&agrave; o&ugrave; les sionistes la cherchent. Cette Sion-l&agrave; n&rsquo;est plus, et il ne devrait demeurer que la Sion spirituelle, que l&rsquo;esprit du juda&iuml;sme &ndash; et que peut l&rsquo;esprit protecteur du juda&iuml;sme pour ces Juifs &ldquo;prot&eacute;g&eacute;s&rdquo; dans le d&eacute;sert calcaire qui appartient d&rsquo;ailleurs depuis bient&ocirc;t 1&nbsp;300&nbsp;ans aux Arabes syriens&nbsp;?&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref32"></a><a href="#_ftn32" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[32]</span></sup></b></a></span></span></span></span></span></p> <h2>Le tournant politique de Brunner</h2> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Il est m&ecirc;me peu vraisemblable que Brunner ait pu pr&eacute;voir que cette question serait au centre du prochain congr&egrave;s sioniste. Cette premi&egrave;re rencontre d&rsquo;apr&egrave;s-guerre, d&rsquo;apr&egrave;s la D&eacute;claration Balfour et la Conf&eacute;rence de San Remo, aurait d&ucirc; arr&ecirc;ter une attitude commune &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de la puissance mandataire et des Arabes de Palestine. Avec la Fraction d&eacute;mocratique r&eacute;cemment constitu&eacute;e, Jakob Klatzkin (en compagnie de qui Brunner s&rsquo;invitera plus tard chez Yahv&eacute;<a name="_ftnref33"></a><a href="#_ftn33" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[33]</span></sup></b></a>) avait &eacute;crit une s&eacute;rie de th&egrave;ses et de recommandations pour un programme d&rsquo;action. En t&ecirc;te des principes affirm&eacute;s on pouvait lire ceci&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;La politique sioniste ne doit pas se laisser &eacute;garer par la confiance en l&rsquo;honn&ecirc;tet&eacute; des promesses imp&eacute;rialistes et dans la persistance des acquis diplomatiques. Sa politique ext&eacute;rieure ne doit pas se placer sous le signe d&rsquo;une alliance avec le pouvoir ill&eacute;gitime dominant mais avec les instances l&eacute;gitimes du peuple domin&eacute;, du peuple arabe. Le peuple juif ne peut arriver en Palestine en ennemi du peuple arabe, mais davantage en ami et en alli&eacute; dans la lutte pour la lib&eacute;ration de l&rsquo;Orient. L&rsquo;alliance avec le peuple arabe doit constituer la position fondamentale, &agrave; partir de laquelle doit se concevoir la future politique &eacute;trang&egrave;re du sionisme.&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref34"></a><a href="#_ftn34" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[34]</span></sup></b></a><i> </i>Ce congr&egrave;s se d&eacute;roula &agrave; Karlsbad en septembre 1921 et fut le lieu de vives discussions. La r&eacute;solution pour une entente pacifique avec les Arabes laissa rapidement place &agrave; d&rsquo;autres priorit&eacute;s&nbsp;: l&rsquo;attitude envers l&rsquo;Angleterre, l&rsquo;&eacute;largissement de l&rsquo;Agence juive et l&rsquo;organisation de l&rsquo;&eacute;conomie locale juive en Palestine mandataire. Brunner de son c&ocirc;t&eacute; se consacra &agrave; des travaux plus pressants. Apr&egrave;s la parution en 1921 de son troisi&egrave;me ouvrage important, <i>Notre Christ ou la nature du g&eacute;nie, </i>il parut douter un instant de l&rsquo;orientation de son travail futur. Le livre <span style="letter-spacing:-.2pt">traitait autant de sa th&eacute;orie philosophique de l&rsquo;esprit que de la perception du Christ par les Juifs et les chr&eacute;tiens, une pr&eacute;occupation tr&egrave;s ancienne, qui l&rsquo;avait pouss&eacute; &agrave; ajouter &agrave; son livre sur <i>La haine des Juifs et les Juifs</i> un dernier chapitre, le fameux &laquo;&nbsp;Discours des Juifs&nbsp;: Nous voulons son retour&nbsp;!&nbsp;&raquo;, mal articul&eacute; au restant de l&rsquo;ouvrage. Aucun livre de Brunner ne t&eacute;moigne &agrave; ce point de la profusion et de la diversit&eacute; des pens&eacute;es qui lui traversaient l&rsquo;esprit que ses <i>&Eacute;crits de l&rsquo;ermite Constantin Brunner,</i> ce collage de trois parties disparates, dont la derni&egrave;re lui fut manifestement dict&eacute;e par l&rsquo;actua</span>lit&eacute; et publi&eacute;e aussit&ocirc;t. En effet, le 20&nbsp;avril 1924, le g&eacute;n&eacute;ral Ludendorff et les chefs nazis c&eacute;l&egrave;brent &agrave; Weimar le 35<sup>e</sup> anniversaire d&rsquo;Hitler (alors enferm&eacute; apr&egrave;s son putsch manqu&eacute;), et en mai leur parti engrange ses premiers succ&egrave;s en Thuringe &agrave; l&rsquo;occasion des &eacute;lections au Reichstag. C&rsquo;est donc tr&egrave;s intentionnellement que Brunner fait imprimer en t&ecirc;te du livre&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;R&eacute;dig&eacute; en juin et juillet 1924.&nbsp;&raquo; </i>L&rsquo;accent est ainsi mis sur le danger croissant qui menace le pays et les Juifs, <i>&laquo;&nbsp;comme si toute l&rsquo;Allemagne &eacute;tait devenue un </i>Ludendorff<i> et un </i>Judendorf&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref35"></a><a href="#_ftn35" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[35]</span></sup></a>. Brunner y attaque violemment ces <i>&laquo;&nbsp;jeunes gens obs&eacute;d&eacute;s par les Juifs</i> (Judenverr&uuml;ckt)&nbsp;&raquo;, et qui tenaient leur combat pour <i>&laquo;&nbsp;id&eacute;al et h&eacute;ro&iuml;que&nbsp;&raquo;.</i> En marge de mon exemplaire, une main anonyme a not&eacute;&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;Il ne te lit quand m&ecirc;me pas. Il ne lit que les &ldquo;Protocoles des Sages de Sion&rdquo; et d&rsquo;autres &eacute;crits semblables.&nbsp;&raquo;</i></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Et cependant l&rsquo;attitude de Brunner &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de l&rsquo;antis&eacute;mitisme ne changea pas, elle s&rsquo;exprima m&ecirc;me de fa&ccedil;on plus ferme et plus radicale. <i>&laquo;&nbsp;Je ne veux pas prendre en consid&eacute;ration les &ldquo;solutions&rdquo;, que les antis&eacute;mites et les sionistes pr&eacute;tendent apporter &agrave; la &ldquo;question juive&rdquo;. Il n&rsquo;existe pas de question juive, mais uniquement une question des antis&eacute;mites, de l&rsquo;injustice faite aux Juifs par la haine qu&rsquo;on leur porte et de la source de cette haine. Cette haine des Juifs ne pourrait &ecirc;tre exclue du monde qu&rsquo;avec les Juifs eux-m&ecirc;mes&nbsp;; et effectivement les solutions des antis&eacute;mites comme celles des sionistes veulent pr&eacute;cis&eacute;ment les exclure du monde pour les pr&eacute;cipiter dans une sorte de n&eacute;ant, dans la mesure o&ugrave; tous les deux veulent sortir ceux qui sont d&rsquo;origine juive de leurs peuples respectifs pour les transformer en Juifs au sens politique, comme s&rsquo;ils appartenaient encore toujours au peuple des Juifs.&nbsp;&raquo;</i></span></span></span><a name="_ftnref36"></a><a href="#_ftn36" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[36]</span></span></sup></a><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:.1pt">Jamais la formulation de Brunner n&rsquo;avait &eacute;t&eacute; aussi concise. En ce qui concerne la colonisation de la Palestine, il franchit encore un pas, probablement d&ucirc; &agrave; la r&eacute;sistance nationaliste des Arabes et aux r&eacute;actions qu&rsquo;elle provoque en Allemagne, particuli&egrave;rement dans les cercles sionistes. Il &eacute;crit&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;Ils </i>[les Juifs]<i> ne forment pas un peuple particulier&nbsp;; et m&ecirc;me s&rsquo;ils en &eacute;taient un, ils ne pourraient pas l&rsquo;&ecirc;tre, car un peuple suppose un &Eacute;tat et un pays. Dans cette ancienne petite relique qu&rsquo;est la Palestine, il n&rsquo;est quand m&ecirc;me pas possible </i></span><i>d&rsquo;&eacute;riger un &Eacute;tat moderne pour 16&nbsp;millions de Juifs&nbsp;! La Palestine n&rsquo;est pas plus grande que ma province natale du Schleswig-Holstein, et de loin moins fertile&nbsp;; elle ne compte aujourd&rsquo;hui que 750&nbsp;000 habitants. Elle peut d&rsquo;autant moins former un &Eacute;tat des Juifs, qu&rsquo;elle ne leur appartient pas. La Palestine appartient aux Arabes syriens, et si les Juifs voulaient la leur enlever &ndash;&nbsp;je combattrais aux c&ocirc;t&eacute;s des Arabes&nbsp;!&nbsp;&raquo;</i> Cette &eacute;tonnante prise de position parmi les Juifs lib&eacute;raux allemands &ndash;&nbsp;je n&rsquo;en connais pas d&rsquo;exemples comparables&nbsp;&ndash; ne doit pas s&rsquo;interpr&eacute;ter &agrave; mon avis comme une provocation, mais comme l&rsquo;expression d&rsquo;une pens&eacute;e rigoureuse.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">La reprise de la croissance de l&rsquo;&eacute;conomie allemande &agrave; partir de 1924, apr&egrave;s l&rsquo;acceptation du plan de financement am&eacute;ricain Dawes &ndash;&nbsp;un cr&eacute;dit international &agrave; hauteur de 800&nbsp;millions de Mark-or&nbsp;&ndash; produisit une certaine d&eacute;tente politique, qui permit &agrave; Brunner de revenir un moment &agrave; sa doctrine fondamentale. Il avait d&eacute;j&agrave; fait, avec <i>Amour, mariage, homme et femme</i><a name="_ftnref37"></a><a href="#_ftn37" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[37]</span></sup></b></a> une &eacute;tonnante exploration dans le domaine des relations entre les sexes. En 1928 parut <i>Mat&eacute;rialisme et Id&eacute;alisme</i><a name="_ftnref38"></a><a href="#_ftn38" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[38]</span></sup></b></a>, un essai de la synth&egrave;se qu&rsquo;il recherchait entre l&rsquo;entendement mat&eacute;rialiste des choses et l&rsquo;univers id&eacute;al des concepts, notion sous laquelle il condensait <i>&laquo;&nbsp;le rapport particuli&egrave;rement complexe entre l&rsquo;expression langagi&egrave;re et le contenu de pens&eacute;e&nbsp;&raquo;,</i> selon son propre vocabulaire, rapport qu&rsquo;il d&eacute;veloppe aussi dans les notes libres des <i>Extraits de mon journal, </i>publi&eacute;s un an auparavant. Dans cette p&eacute;riode particuli&egrave;rement f&eacute;conde, la &laquo;&nbsp;question juive&nbsp;&raquo; avait &eacute;t&eacute; quelque peu n&eacute;glig&eacute;e, bien que son <i>Journal</i> y consacre une vingtaine de pages sous le titre &laquo;&nbsp;Ceux d&rsquo;origine juive&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref39"></a><a href="#_ftn39" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[39]</span></sup></a>. Il y exprime une fois de plus ses r&eacute;ticences envers l&rsquo;usage peu clair du mot &laquo;&nbsp;Juif&nbsp;&raquo;. <i>&laquo;&nbsp;</i>Juif [par contre] d&eacute;signe un peuple,<i> un peuple d&rsquo;exception par l&rsquo;importance qu&rsquo;il a pour notre civilisation [&hellip;] Mais ce peuple-l&agrave; n&rsquo;existe quand m&ecirc;me plus&nbsp;; et dans la mesure o&ugrave; l&rsquo;on impose ce nom comme nom de peuple &agrave; ceux qui sont Juifs d&rsquo;origine, on leur impose &ndash;&nbsp;par le nom tout au moins&nbsp;&ndash; de s&rsquo;exiler de tout autre peuple. Voil&agrave; ce que voudrait bien faire la haine des Juifs &ndash;&nbsp;et pas seulement par le nom&nbsp;: exclure ceux qui sont d&rsquo;origine juive de leurs peuples v&eacute;ritables, les priver de leurs patries et en refaire le peuple-non-peuple fantomatique du ghetto. Les sionistes ont soulag&eacute; les antis&eacute;mites d&rsquo;une grande partie de ce travail&nbsp;; et s&rsquo;ils peuvent bien transformer les Juifs d&rsquo;origine en peuple juif, ils font aussi tout leur possible pour les sortir de leurs patries et les reconduire au ghetto.&nbsp;&raquo;</i></span></span></span></span></p> <h2>Agir au quotidien</h2> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Sous l&rsquo;influence de la pens&eacute;e de Brunner, trois hommes appartenant au cercle de ses amis et admirateurs publi&egrave;rent en 1928 un petit pamphlet au titre sans &eacute;quivoque&nbsp;: &laquo;&nbsp;Rompre avec le sionisme&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref40"></a><a href="#_ftn40" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[40]</span></sup></a>. Bien que l&rsquo;on remarque des nuances entre les contributions des trois auteurs, le ton g&eacute;n&eacute;ral demeure la d&eacute;fense et l&rsquo;approfondissement de l&rsquo;&eacute;mancipation, m&ecirc;me pour l&rsquo;avenir des Juifs d&rsquo;Europe orientale. Ernst Pinner &eacute;crit dans sa postface&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;L&rsquo;autre obstacle &agrave; l&rsquo;&eacute;mancipation</i> [en dehors de la difficile int&eacute;gration des Juifs orientaux]<i> appara&icirc;t comme au moins aussi dangereux&nbsp;: son propre nationalisme. Celui-ci ne s&rsquo;oppose naturellement pas aux int&eacute;r&ecirc;ts de l&rsquo;&Eacute;tat, mais il handicape int&eacute;rieurement les Juifs dans leur travail sinc&egrave;re pour l&rsquo;&eacute;mancipation et mine ainsi l&rsquo;efficacit&eacute; de ce travail. Il ne s&rsquo;agit pas de recommander ici une esp&egrave;ce d&rsquo;hyper-patriotisme </i>[allemand]<i> ridicule ou de fermer les yeux sur l&rsquo;antis&eacute;mitisme, ni de ces tentatives indignes de complaisances douteuses, ni de toutes ces attitudes que les sionistes attribuent g&eacute;n&eacute;ralement aux pr&eacute;tendus assimilateurs. [&hellip;] On peut comprendre la dignit&eacute; de ceux qui disent ne pas vouloir fr&eacute;quenter des hommes qui ne veulent pas de nous. Mais cette attitude en soci&eacute;t&eacute; ne doit pas &ecirc;tre transpos&eacute;e &agrave; l&rsquo;encontre de l&rsquo;&Eacute;tat. L&rsquo;&Eacute;tat, ce ne sont pas les autres, m&ecirc;me s&rsquo;ils en forment la majorit&eacute;. Nous sommes aussi une partie de cet &Eacute;tat, et il nous appartient aussi. L&rsquo;&eacute;mancipation n&rsquo;est pas une question de relations sociales, mais une question de droit. Et pour son droit, il faut, il est indispensable de lutter.&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref41"></a><a href="#_ftn41" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[41]</span></sup></b></a></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Nous approchons ainsi des derni&egrave;res interventions publiques de Brunner en Allemagne, avant que les nazis n&rsquo;y prennent le pouvoir. En 1930, avec la publication d&rsquo;un nouveau &laquo;&nbsp;livre juif&nbsp;&raquo;, Brunner r&eacute;agit rapidement au brusque changement des directives sionistes sur le plan international. Le 16<sup>e</sup> congr&egrave;s, qui avait tenu ses travaux &agrave; Zurich en 1929, avait d&eacute;cid&eacute; de la cr&eacute;ation d&rsquo;une Agence juive, <i>&laquo;&nbsp;repr&eacute;sentative du juda&iuml;sme mondial&nbsp;&raquo; </i>et avait r&eacute;solu dans ce but de l&rsquo;ouvrir aux non-sionistes. Un accord officiel fut conclu avec des personnalit&eacute;s connues qui n&rsquo;appartenaient pas au mouvement. Des d&eacute;sordres se manifest&egrave;rent aussit&ocirc;t en Palestine dans les milieux arabes qui exigeaient un syst&egrave;me de gouvernement parlementaire&nbsp;; une crise s&rsquo;ouvrit dans le mouvement sioniste. Le livre de Brunner pourrait donner l&rsquo;apparence d&rsquo;une r&eacute;ponse &agrave; l&rsquo;ouvrage programmatique de Klatzkin <i>Crise et d&eacute;cision au sein du juda&iuml;sme</i><a name="_ftnref42"></a><a href="#_ftn42" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[42]</span></sup></b></a>. Bien plus qu&rsquo;une r&eacute;futation tardive d&rsquo;un ouvrage du d&eacute;but des ann&eacute;es vingt, il traite de la pr&eacute;occupation de Brunner devant l&rsquo;&eacute;largissement de la propagande sioniste et de ses effets sur des hommes et des femmes qui auraient d&ucirc;, selon lui, donner priorit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;mancipation dans leur propre pays. <i>&laquo;&nbsp;Nous ne traiterons pas seulement des p&eacute;ch&eacute;s du sionisme, mais de la responsabilit&eacute; conjointe des partis non sionistes au sionisme, et quasiment d&rsquo;une sorte de sionisme de tous les Juifs&hellip;&nbsp;&raquo;,</i> &eacute;crit-il d&egrave;s l&rsquo;introduction<a name="_ftnref43"></a><a href="#_ftn43" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[43]</span></sup></a>. Le titre se comprend donc ais&eacute;ment&nbsp;: les Juifs allemands doivent remplir compl&egrave;tement leurs devoirs, pour pouvoir exiger en contrepartie de l&rsquo;&Eacute;tat d&rsquo;&ecirc;tre reconnus dans tous leurs droits et pleinement d&eacute;fendus. Brunner reproche essentiellement &agrave; ceux qui collaborent au sionisme <i>&laquo;&nbsp;leur immaturit&eacute; politique&nbsp;&raquo;.</i> <i>&laquo;&nbsp;On ne doit &eacute;videmment pas exiger de fa&ccedil;on g&eacute;n&eacute;rale plus de maturit&eacute; politique ni plus de patriotisme des citoyens d&rsquo;origine juive que de ceux de toute autre origine. Mais il faut cependant attirer l&rsquo;attention sur le danger qui p&egrave;se sur ceux d&rsquo;origine juive et sur aucun des citoyens d&rsquo;une autre origine&nbsp;; c&rsquo;est l&rsquo;&eacute;tape transitoire de leur &eacute;mancipation qui en d&eacute;cide ainsi.&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref44"></a><a href="#_ftn44" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[44]</span></sup></b></a> Dans cette analyse, Klatzkin ne fournit qu&rsquo;une illustration permettant d&rsquo;&eacute;clairer l&rsquo;opposition fondamentale entre &eacute;mancipation et sionisme. Il n&rsquo;aurait pu choisir meilleur interlocuteur que son <i>&laquo;&nbsp;petit lutin&nbsp;&raquo;, </i>comme il l&rsquo;appelle, que son <i>&laquo;&nbsp;petit Juif du ghetto&nbsp;&raquo;.</i></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">En m&ecirc;me temps que son livre, Brunner &eacute;crivit une lettre &agrave; Klatzkin, dans laquelle on peut lire&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;Toi fr&egrave;re Klatzkin, tu es certainement convaincu de ta position et tu appartiens aux meilleurs et aux plus sinc&egrave;res sionistes&nbsp;! Mais meilleurs sont les sionistes et les antis&eacute;mites, et plus dangereux sont-ils pour la vie des Juifs&nbsp;; et les meilleurs parmi les sionistes sont encore plus dangereux pour les Juifs que les meilleurs parmi ceux qui nous ha&iuml;ssent (car le sionisme ne d&eacute;<span style="letter-spacing:-.1pt">signe rien d&rsquo;autre que le danger et le malheur que les Juifs sont pour eux-m&ecirc;mes depuis pr&egrave;s de deux mille ans &ndash;&nbsp;le n&eacute;ologisme &eacute;tranger &ldquo;sioniste&rdquo;, traduit en allemand, signifie&nbsp;: gardien du malheur pour les Juifs). Celui qui l&rsquo;ignore encore, peut l&rsquo;apprendre dans mon livre qui vient de para&icirc;tre </span></i><span style="letter-spacing:-.1pt">Des devoirs des Juifs et des devoirs de l&rsquo;&Eacute;tat.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref45"></a><a href="#_ftn45" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[45]</span></sup></a></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Mais ce livre ne semble pas encore suffisant &agrave; Brunner pour atteindre un large public de Juifs et de non-Juifs et en appeler &agrave; leur conscience civique. Il concr&eacute;tise donc un an apr&egrave;s un projet qu&rsquo;il caresse depuis longtemps&nbsp;: dresser un impressionnant parall&egrave;le entre la chasse aux sorci&egrave;res, un fantasme aujourd&rsquo;hui disparu, et la chasse aux Juifs, un fantasme encore bien vivant. Il esp&egrave;re faire comprendre ainsi &agrave; tous que l&rsquo;Inquisition n&rsquo;a disparu qu&rsquo;avec la disparition de la croyance superstitieuse aux sorci&egrave;res et autres cr&eacute;atures diaboliques, mais que la pers&eacute;</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">cution des Juifs ne survit par contre que gr&acirc;ce &agrave; la croyance g&eacute;n&eacute;rale en des Juifs fictifs et imaginaires. Et une fois encore, Brunner implique aussi les Juifs dans la responsabilit&eacute; de cette survivance. Pour lui, le nationalisme juif en fait partie. <i>&laquo;&nbsp;C&rsquo;est l&rsquo;incroyable audace du sionisme&nbsp;: bien qu&rsquo;il n&rsquo;existe pas, il pr&eacute;tend apporter par son existence le bonheur aux Juifs qui souffrent&nbsp;; il arrive &agrave; faire ce que je n&rsquo;arrive pas &agrave; comprendre et que je devrais donc, b&eacute;at d&rsquo;admiration, appr&eacute;cier davantage, &ndash;&nbsp;il arrive &agrave; d&eacute;sincarner les Juifs et &agrave; d&eacute;visser leur &acirc;me juive de leur corps pour la transporter dans un foyer plus chaleureux&nbsp;&ndash; &agrave; l&rsquo;exemple de cet homme qui ronflait tellement fort, qu&rsquo;il fut oblig&eacute;, sur les conseils de son m&eacute;decin, de louer une chambre loin de son habitation, afin de pouvoir enfin dormir en paix.&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref46"></a><a href="#_ftn46" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[46]</span></sup></b></a>&nbsp;Et, faisant allusion aux r&eacute;solutions du dernier congr&egrave;s sioniste de 1929, Brunner ajoute&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;Les Juifs peuvent donc dormir en paix. Le m&ecirc;me docteur, qui apaisa les souffrances de notre ronfleur, un certain docteur Weizmann</i><a name="_ftnref47"></a><a href="#_ftn47" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[47]</span></sup></b></a><i>, a lou&eacute; une chambre pour l&rsquo;ensemble des Juifs, sans doute un peu petite et un peu ch&egrave;re, mais suffisamment loin de leur foyer, une magnifique situation et quelques Arabes pour la cure d&rsquo;amaigrissement des patients &ndash;&nbsp;bref, le plus d&eacute;sirable et le plus chaleureux des foyers.&nbsp;&raquo;</i></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">En ao&ucirc;t 1931 un article de Brunner parut encore dans les <i>Annales prussiennes,</i> &laquo;&nbsp;De la n&eacute;cessaire auto-&eacute;mancipation des Juifs allemands&nbsp;&raquo;, sa derni&egrave;re intervention publique dans son pays<a name="_ftnref48"></a><a href="#_ftn48" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[48]</span></sup></a>. Il y d&eacute;crivait encore le <i>&laquo;&nbsp;s&eacute;paratisme sioniste&nbsp;&raquo;</i> comme le principal danger pour l&rsquo;&eacute;mancipation, en soulignant qu&rsquo;il ne parlait pas particuli&egrave;rement <i>&laquo;&nbsp;des Juifs sionistes, mais du sionisme latent de ceux qui ne se consid&eacute;raient pas comme sionistes&nbsp;&raquo;.</i> Une r&eacute;ponse parut dans le journal de l&rsquo;Union centrale (CV) sous la plume de son id&eacute;ologue la plus marquante, Eva Reichmann<a name="_ftnref49"></a><a href="#_ftn49" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[49]</span></sup></a>. Elle &eacute;crivait&nbsp;:<i> &laquo;&nbsp;On n&rsquo;est pas Juif au sens </i>v&ouml;lkisch,<i> parce que l&rsquo;on ressent son &ecirc;tre jud&eacute;o-allemand, le fait de faire partie de son environnement allemand tout en &eacute;tant diff&eacute;rent de lui, comme positif et valant d&rsquo;&ecirc;tre v&eacute;cu&nbsp;; parce que l&rsquo;on se reconna&icirc;t dans cette &eacute;tonnante communaut&eacute; de destin, rabaiss&eacute;e et relev&eacute;e, mille fois an&eacute;antie et toujours ressuscit&eacute;e.&nbsp;&raquo;</i> Brunner n&rsquo;avait pas mis en cause l&rsquo;existence d&rsquo;une <i>&laquo;&nbsp;communaut&eacute; de destin&nbsp;&raquo;,</i> mais la collaboration de non-sionistes de l&rsquo;Union centrale &agrave; une politique qu&rsquo;il jugeait d&rsquo;autant plus dangereuse que les nationaux-socialistes <i>&laquo;&nbsp;v&ouml;lkisch&nbsp;&raquo;</i> gagnaient rapidement du terrain. Et tel &eacute;tait bien le cas. &Agrave; l&rsquo;analyse politique de Brunner, Eva Reichmann opposait des consid&eacute;rations psychologiques &agrave; propos d&rsquo;une ind&eacute;finissable alt&eacute;rit&eacute;.</span></span></span></span></p> <h2>D&rsquo;inqui&eacute;tants compromis</h2> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Ce que Brunner observait avec inqui&eacute;tude, c&rsquo;&eacute;tait le rapprochement des th&egrave;ses sionistes et nationales-socialistes, leurs convergences dans un vocabulaire commun&nbsp;; ils s&rsquo;affirmaient tous deux en v&eacute;ritables d&eacute;fenseurs nationalistes de leurs peuples respectifs. Cette tendance qui s&rsquo;emparait d&eacute;j&agrave; des confrontations publiques apparut sans d&eacute;tours d&egrave;s que les nazis parvinrent au pouvoir. D&eacute;j&agrave; en 1932, Robert Weltsch, r&eacute;dacteur en chef influent du <i>J&uuml;dische Rundschau</i>, d&eacute;clarait&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;Les Juifs&hellip; forment&hellip; un incomparable &ldquo;Hapax legomenon&rdquo;</i><a name="_ftnref50"></a><a href="#_ftn50" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[50]</span></sup></b></a><i> de l&rsquo;histoire universelle&hellip; Le sionisme est tr&egrave;s conscient de vouloir accomplir une t&acirc;che historique sans pr&eacute;c&eacute;dent. Il en appelle &agrave; la compr&eacute;hension et &agrave; l&rsquo;aide des peuples, qui eux-m&ecirc;mes souffrent de la question juive. [&hellip;] Le sentiment qu&rsquo;il &eacute;prouve pour sa propre nationalit&eacute;, pour la valeur irrempla&ccedil;able de la communaut&eacute; de sang qui d&eacute;termine la nature la plus profonde avec tous ses impond&eacute;rables, rend pr&eacute;cis&eacute;ment le Juif national capable de comprendre le vrai sentiment national en tant que tel. [&hellip;] Ce n&rsquo;est que si l&rsquo;on parvient &agrave; ins&eacute;rer les Juifs dans l&rsquo;&Eacute;tat comme un groupe caract&eacute;ristique, sans le blesser int&eacute;rieurement, que la vie commune des Allemands et des Juifs sera sainement possible dans le Reich futur, quelle que soit la forme qu&rsquo;il prendra.&nbsp;Peut-&ecirc;tre suffit-il pour cela d&rsquo;un peu plus de confiance en soi de part et d&rsquo;autre.&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref51"></a><a href="#_ftn51" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[51]</span></sup></b></a></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Quand Hitler devint chancelier, la presse sioniste d&eacute;veloppa une vaste campagne dans le but de d&eacute;montrer que les sionistes &eacute;taient les seuls interlocuteurs juifs fiables, avec lesquels un accord politique pouvait &ecirc;tre conclu, une sorte de concordat juif. Vingt &eacute;ditoriaux du journal sioniste furent &eacute;dit&eacute;s sous forme de livre. Dans sa pr&eacute;face, Robert Weltsch &eacute;crivit&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;Dans un monde qui se pr&eacute;sente en opposition totale au lib&eacute;ralisme, cela n&rsquo;a pas de sens de vouloir vivre en Juif &ldquo;lib&eacute;ral&rdquo;. Il convient de b&acirc;tir du nouveau. La condition premi&egrave;re d&rsquo;une telle reconstruction est de conna&icirc;tre la r&eacute;alit&eacute;. [&hellip;] Nous tenons pour infructueux de vouloir rejeter sur d&rsquo;autres la responsabilit&eacute; de nos am&egrave;res exp&eacute;riences&nbsp;; il est bien plus important de reconna&icirc;tre la n&ocirc;tre, car l&agrave; o&ugrave; nous avons failli, nous devrions pouvoir y rem&eacute;dier nous-m&ecirc;mes. Les &eacute;v&egrave;nements n&rsquo;ont fait de nous des Juifs qu&rsquo;au sens </i>formel<i>&nbsp;; faire de ce juda&iuml;sme une </i>r&eacute;alit&eacute;<i> int&eacute;rieure est </i>notre<i> affaire. Ces articles veulent y appeler.&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref52"></a><a href="#_ftn52" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[52]</span></sup></b></a> Le cours des choses entra&icirc;na les sionistes &agrave; se faire accepter <i>&laquo;&nbsp;des instances responsables du nouvel &Eacute;tat allemand&nbsp;&raquo;</i>. Weltsch&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;Un principe du sionisme fut toujours la volont&eacute; de prendre pleinement en consid&eacute;ration les difficult&eacute;s du monde non juif r&eacute;sultant de la question juive et de faire des Juifs un partenaire de n&eacute;gociation, qui, en &eacute;difiant une nouvelle vie juive, apporterait aux autres peuples une aide active au r&egrave;glement de &ldquo;leur&rdquo; question juive.&nbsp;&raquo;</i> On voit imm&eacute;diatement &agrave; quelle distance nous nous situons d&eacute;j&agrave; du combat des Juifs &eacute;mancip&eacute;s, cible privil&eacute;gi&eacute;e des nazis. Lorsque, en juin&nbsp;1933, une discussion s&rsquo;engagea dans les milieux juifs autour de l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;une<i> &laquo;&nbsp;nouvelle &eacute;mancipation&nbsp;&raquo;</i> sous l&rsquo;h&eacute;g&eacute;monie nationale-socialiste, Brunner avait d&eacute;j&agrave; d&ucirc; chercher refuge en Hollande pour assurer sa s&eacute;curit&eacute;.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.05pt">Avec quel malin plaisir les nazis n&rsquo;ont-ils pas d&ucirc; lire cette s&eacute;rie d&rsquo;articles de propagande sioniste dans lesquels les soi-disant &laquo;&nbsp;assimilateurs&nbsp;&raquo; de l&rsquo;Union centrale, la majorit&eacute; organis&eacute;e des Juifs allemands, &eacute;tait trait&eacute;e avec un tel m&eacute;pris&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;Les Juifs allemands dans leur grande majorit&eacute; cherchaient leur salut dans l&rsquo;assimilation et avaient coup&eacute; derri&egrave;re eux tous les ponts avec le juda&iuml;sme. Le sentiment d&rsquo;appartenance historique fut min&eacute;, le mur de s&eacute;paration entre les Juifs et leur environnement sembla devenu invisible. De nombreux Juifs, en parvenus rassasi&eacute;s, ne voulaient plus avoir affaire avec les choses juives, pour ne plus rappeler les diff&eacute;rences qui les distinguaient de leur entourage. [&hellip;] Les Juifs allemands, dans la croyance injustifi&eacute;e en leur sup&eacute;riorit&eacute; intellectuelle, vivaient en v&eacute;rit&eacute; dans un monde compl&egrave;tement fictif et irr&eacute;el. Et avec cela il fallait que, d&egrave;s l&rsquo;apparition du sionisme, l&rsquo;on ni&acirc;t avec arrogance tout rapport avec la nationalit&eacute; juive et la Palestine. La responsabilit&eacute; la plus lourde et la plus tragique des Juifs allemands r&eacute;sidait dans le fait qu&rsquo;ils ne voulaient pas voir la question juive. On entendait sans cesse cette phrase banale&nbsp;: il n&rsquo;y a pas de question juive, et sans cesse des dirigeants &agrave; courte vue cherchaient &agrave; faire croire que quelques petites brochures apolog&eacute;tiques permettraient progressivement de tout r&eacute;gler. Des milliers, peut-&ecirc;tre des millions de Marks d&rsquo;argent juif furent probablement gaspill&eacute;s de cette fa&ccedil;on, non pour une cause juive d&rsquo;avenir, mais pour s&rsquo;illusionner et se faire plaisir &agrave; soi-m&ecirc;me. [&hellip;] Si l&rsquo;on avait consacr&eacute; ne f&ucirc;t-ce qu&rsquo;une partie de l&rsquo;argent d&eacute;pens&eacute; en pure perte pour l&rsquo;inutile &ldquo;propagande d&eacute;fensive&rdquo; &agrave; des entreprises constructives en Palestine, alors des centaines et des milliers de Juifs oblig&eacute;s d&rsquo;&eacute;migrer trouveraient aujourd&rsquo;hui un appui.&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref53"></a><a href="#_ftn53" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[53]</span></sup></b></a></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Il n&rsquo;entre pas dans notre propos d&rsquo;approfondir ici toutes les contradictions internes du monde juif. Des textes de Brunner, publi&eacute;s apr&egrave;s-guerre dans son <i>Testament spirituel,</i> t&eacute;moignent du profond &eacute;branlement qu&rsquo;il v&eacute;cut en ces jours tragiques&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;&Agrave; pr&eacute;sent je suis atteint</i> (Jetzt bin ich gebissen)&nbsp;&raquo;, &eacute;crivit-il au d&eacute;but d&rsquo;un article entam&eacute; le 6&nbsp;mars apr&egrave;s les &eacute;lections au Reichstag et achev&eacute; en exil &agrave; La&nbsp;Haye en juin&nbsp;1933<a name="_ftnref54"></a><a href="#_ftn54" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[54]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Je terminerai cette contribution sur quelques consid&eacute;rations au d&eacute;part d&rsquo;un questionnement presque rh&eacute;torique de Lothar Bickel, l&rsquo;ex&eacute;cuteur testamentaire de Brunner. Dans sa pr&eacute;face au livre posthume <i>L&rsquo;homme d&eacute;masqu&eacute;,</i> ce fid&egrave;le disciple du philosophe &eacute;crivait&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;Sa vie durant, Brunner n&rsquo;a pratiquement pas modifi&eacute; sa position sur la pr&eacute;tendue question juive. M&ecirc;me dans le pr&eacute;sent ouvrage il voit la solution du probl&egrave;me dans une assimilation radicale des Juifs. Nous pouvons cependant supposer que Brunner, s&rsquo;il avait v&eacute;cu la cr&eacute;ation d&rsquo;un &Eacute;tat juif ind&eacute;pendant, rendu n&eacute;cessaire par le d&eacute;racinement d&rsquo;une grande partie de la jud&eacute;it&eacute; europ&eacute;enne et rendu possible dans une nouvelle configuration historique, l&rsquo;aurait salu&eacute;e avec joie. Il est cependant certain qu&rsquo;il se serait encore efforc&eacute; de convaincre les Juifs vivant et continuant &agrave; vivre en dehors d&rsquo;Isra&euml;l de la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;une compl&egrave;te assimilation. Sans doute aurait-il cependant tenu compte du fait que les Juifs ont aujourd&rsquo;hui le choix, </i>soit<i> de s&rsquo;assimiler &agrave; la nation dans laquelle ils vivent, </i>soit<i> de s&rsquo;enraciner en Isra&euml;l.&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref55"></a><a href="#_ftn55" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[55]</span></sup></b></a></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.15pt">Il est toujours risqu&eacute; de formuler de telles suppositions. Selon ses principes universalistes, Brunner aurait certainement pris acte de la naissance d&rsquo;un nouvel &Eacute;tat, qui aurait les m&ecirc;mes probl&egrave;mes &agrave; r&eacute;soudre que ceux existant. Si Isra&euml;l entend s&rsquo;assurer un avenir de paix pour ses citoyens et avec ses voisins, les le&ccedil;ons de l&rsquo;histoire, et pas seulement de l&rsquo;histoire des Juifs, vaudraient pour lui aussi. Dans ce beau livre introduit par Bickel, un v&eacute;ritable trait&eacute; sur le peuple, l&rsquo;&Eacute;tat et la d&eacute;mocratie, Brunner &eacute;crit&nbsp;: </span></span></span><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.3pt">&laquo;&nbsp;L&rsquo;Allemagne est encore bien jeune.&nbsp;&raquo;</span></span></span></i><a name="_ftnref56"></a><a href="#_ftn56" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.3pt">[56]</span></span></span></sup></b></a><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.3pt"> Bien plus jeune encore est Isra&euml;l, et d&rsquo;autant plus menac&eacute; par un patriotisme arrogant. &Agrave; la place de la &laquo;&nbsp;teutomanie&nbsp;&raquo; qu&rsquo;il redoutait, n&rsquo;aurait-il pas invent&eacute; le mot &laquo;&nbsp;judomanie&nbsp;&raquo;&nbsp;? Et n&rsquo;aurait-il remplac&eacute; &laquo;&nbsp;national-allemand&nbsp;&raquo;</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.15pt"> par &laquo;&nbsp;national-juif&nbsp;&raquo;&nbsp;? N&rsquo;aurait-il pas transpos&eacute; ainsi pour Isra&euml;l sa r&eacute;flexion si juste sur l&rsquo;Allemagne&nbsp;? Isra&euml;l est bien la preuve que, comme au temps de Brunner, il n&rsquo;existe pas de question juive qui puisse &ecirc;tre &laquo;&nbsp;r&eacute;solue&nbsp;&raquo; par la s&eacute;paration des peuples&nbsp;; les questions mal pos&eacute;es sont des pi&egrave;ges fatals. L&rsquo;&eacute;mancipation et la tol&eacute;rance, malgr&eacute; toutes leurs limites bien mises en &eacute;vidence par Brunner, restent pourtant la meilleure solution possible aux conflits sociaux. Avec cette restriction sur laquelle il insistait&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;L&rsquo;&eacute;mancipation &eacute;tatique, d&rsquo;une remarquable </i>structure anatomique,<i> ne suffit pas, si la fonction </i>physiologique<i> est en d&eacute;faut&nbsp;; seule la compl&egrave;te immersion dans l&rsquo;organisme qu&rsquo;est le peuple produit la vraie vie et la libert&eacute;.&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref57"></a><a href="#_ftn57" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[57]</span></sup></b></a> Mais qu&rsquo;arrive-t-il si la soci&eacute;t&eacute; se bloque et s&rsquo;y refuse&nbsp;? Il ne reste alors pour Brunner que le long travail de <i>&laquo;&nbsp;modification&nbsp;&raquo; </i>de la nature humaine, de la nature de l&rsquo;<i>&laquo;&nbsp;animal d&eacute;natur&eacute; avec sa demi-raison et sa demi-folie&nbsp;&raquo;.</i></span></span></span></span></span></p> <h2>Pour conclure</h2> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:-.1pt">Combien Brunner est rest&eacute; fid&egrave;le &agrave; ses fondements universalistes, voil&agrave; ce qui se constate ais&eacute;ment &agrave; sa r&eacute;action au moment o&ugrave; fut &eacute;voqu&eacute;e pour la premi&egrave;re fois avec un certain r&eacute;alisme la possibilit&eacute; d&rsquo;un &Eacute;tat des Juifs en Palestine. C&rsquo;&eacute;tait peu avant la D&eacute;claration Balfour du 2&nbsp;novembre 1917. Sans doute &eacute;tait-il au courant des tentatives sionistes de persuader &agrave; la fois l&rsquo;Allemagne et l&rsquo;Angleterre d&rsquo;accepter un protectorat sur la Palestine. Dans la premi&egrave;re pr&eacute;face &agrave; <i>La Haine des Juifs et les Juifs,</i> il &eacute;crivait en septembre 1917&nbsp;: &laquo;&nbsp;S&rsquo;il devait <i>se produire que la guerre secou&acirc;t &agrave; ce point le cal&eacute;idoscope que dans l&rsquo;image du monde apparaisse en effet un nouvel &Eacute;tat juif en Palestine, alors il y aurait dor&eacute;navant dans le monde deux sortes de Juifs, les Juifs de Palestine probablement moins juifs que ceux en dehors de la Palestine, &ndash;&nbsp;car ils se seraient retir&eacute;s de leur combat dans le monde&nbsp;; n&rsquo;ayant pu s&rsquo;impr&eacute;gner de la profondeur de leur destin, ils ont voulu le d&eacute;terminer eux-m&ecirc;mes. Le destin n&rsquo;arrive pas comme on l&rsquo;appelle. Eh bien non &ndash;&nbsp;</i>les nouveaux Juifs prot&eacute;g&eacute;s et privil&eacute;gi&eacute;s<i> en Palestine seront quelque chose de pire qu&rsquo;un &ldquo;peuple juif&rdquo;.&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref58"></a><a href="#_ftn58" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup>[58]</sup></b></a><i> </i>Son diagnostic s&rsquo;est r&eacute;v&eacute;l&eacute; tragiquement juste.</span></span></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <div> <hr align="left" size="1" width="33%" /></div> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn1"></a><a href="#_ftnref1" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[1]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> &laquo; Kurze Rechenschaft &uuml;ber die Lehre von den Geistigen und vom Volk &raquo; (1911), in : Constantin Brunner, <i>Kunst, Philosophie, Mystik, </i>Zurich, Humanitas Verlag, 1940.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn2"></a><a href="#_ftnref2" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[2]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Il fut forg&eacute; en 1879 par le publiciste Wilhelm Marr (1819-1904).</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn3"></a><a href="#_ftnref3" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[3]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Eugen D&uuml;hring, <i>Die Judenfrage als Racen-, Sitten- und Culturfrage. Mit einer weltgeschichtlichen Antwort, </i>Karlsruhe et Leipzig, Reuther, 1881, p. 154.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn4"></a><a href="#_ftnref4" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[4]</span></span></span></sup></a><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Eugen Fuchs (1856-1923), <i>Bericht der Rechtsschutz-Commission &uuml;ber ihre bisherige T&auml;tigkeit, erstattet in der ordentlichen Versammlung vom 16. </i></span></span></span><i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">April 1894, </span></span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Berlin, 1894 (Rapport d&rsquo;activit&eacute; de la commission de protection juridique, pr&eacute;sent&eacute; &agrave; l&rsquo;assembl&eacute;e g&eacute;n&eacute;rale ordinaire du 16 avril 1894).</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn5"></a><a href="#_ftnref5" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[5]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>Die Menorah, </i>hebdomadaire, Hambourg, 27 mars 1891.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn6"></a><a href="#_ftnref6" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[6]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Nathan Birnbaum, <i>Die nationale Wiedergeburt des j&uuml;dischen Volkes in seinem Lande, als Mittel zur L&ouml;sung der Judenfrage, </i>Vienne, 1893, p. 39 (La renaissance nationale du peuple juif dans son pays, comme moyen de r&eacute;soudre la question juive).</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn7"></a><a href="#_ftnref7" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[7]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Max Nordau, <i>Der Zionismus und seine Gegner, ein Vortrag,</i> 3<sup>e</sup> &eacute;dition, Berlin, 1905.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn8"></a><a href="#_ftnref8" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[8]</span></span></span></sup></a><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Theodor Herzl (Benjamin Seff) : Mauschel (Youpin), in <i>Die Welt, </i>n&deg; 20, 15 octobre 1897.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn9"></a><a href="#_ftnref9" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[9]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Karl Kraus, <i>Eine Krone f&uuml;r Zion, </i>Vienne, Verlag Moriz Frisch, 1898. Reproduit dans : Karl Kraus,<br /> <i>La litt&eacute;rature d&eacute;molie,</i> traduit de l&rsquo;allemand par Yves Kobry, pr&eacute;c&eacute;d&eacute; d&rsquo;un essai de Elias Canetti, Paris, Rivages poche, 1993.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn10"></a><a href="#_ftnref10" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[10]</span></span></span></sup></a><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Friedrich Heman (1839-1922), <i>Das Erwachen der j&uuml;dischen Nation oder Der Weg zur endg&uuml;ltigen L&ouml;sung der Judenfrage, </i>B&acirc;le, P. Kober, 1897.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn11"></a><a href="#_ftnref11" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[11]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>Ibid,</i> p. 9.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn12"></a><a href="#_ftnref12" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[12]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>Die Welt,</i> 6 ao&ucirc;t 1897, p. 8.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn13"></a><a href="#_ftnref13" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[13]</span></span></span></sup></a><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Dr F. Heman, <i>Was soll man vom Zionismus halten ? </i></span></span></span><i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Gedanken eines Nichtjuden (</span></span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Que penser du sionisme ? R&eacute;flexions d&rsquo;un non-Juif), in : Emil Kronberger, <i>Zionisten und Christen,</i> Leipzig, M.&nbsp;W.&nbsp;Kaufmann, 1900, p. 54. L&rsquo;auteur mentionne ici l&rsquo;exp&eacute;dition coloniale allemande de 1897 en Chine et sa colonie africaine.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn14"></a><a href="#_ftnref14" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[14]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Eugen Fuchs, &laquo; Enquete &uuml;ber den Zionismus &raquo;, <i>Berliner Vereinsbote,</i> 24 d&eacute;cembre 1897, in : Eugen Fuchs, <i>Im Deutschtum und Judentum, Gesammelte Reden und Aufs&auml;tze (1894-1919),</i> au nom de la CV, &eacute;dit&eacute; par le Dr Leo Hirschfeld, Kaufmann, Francfort s. M., 1919, p. 228.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn15"></a><a href="#_ftnref15" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[15]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Kurt Blumenfeld, &laquo; Deutscher Zionismus &raquo;, <i>J&uuml;dische Rundschau,</i> 2 septembre 1910. Repris dans le recueil : <i>Zionistische Betrachtungen, f&uuml;nf Aufs&auml;tze von Kurt Blumenfeld</i> (Consid&eacute;rations sionistes, cinq articles de K. B.), Berlin, 1916.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn16"></a><a href="#_ftnref16" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[16]</span></span></span></sup></a><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Kurt Blumenfeld, <i>F&uuml;nf Aufs&auml;tze, op.cit., </i>p. 11.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn17"></a><a href="#_ftnref17" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[17]</span></span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.25pt">Jehuda Reinharz, <i>Dokumente zur Geschichte des Deutschen Zionismus, </i>T&uuml;bingen, J.C.B. Mohr, 1981, p. 125.</span></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn18"></a><a href="#_ftnref18" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[18]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>Schriften zur Aufkl&auml;rung &uuml;ber den Zionismus,</i> n&deg; 1: &laquo;&nbsp;Zionistische Taktik&nbsp;&raquo; (La tactique sioniste), herausgegeben vom Antizionistischen Komitee, Berlin, (1912?), p. 17. Le second &laquo;&nbsp;&eacute;crit pour &eacute;clairer le sionisme&nbsp;&raquo; aura pour titre &laquo;&nbsp;Der Zionismus, seine Theorien, Aussichten und Wirkungen&nbsp;&raquo; (Le sionisme, ses th&eacute;ories, ses perspectives et ses effets), (1912-13?), p. 17.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn19"></a><a href="#_ftnref19" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[19]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Ignaz Zollschan, <i>Das Rassenproblem, unter besonderen Ber&uuml;cksichtigung der theoretischen Grundlagen der j&uuml;dischen Rassenfrage</i> (Le probl&egrave;me de la race, consid&eacute;r&eacute; en particulier selon les fondements th&eacute;oriques de la question raciale juive), Vienne, Leipzig, Wilhelm Braum&uuml;ller, 1909.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn20"></a><a href="#_ftnref20" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[20]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Voir &agrave; ce sujet, dans des &eacute;ditions sionistes : Max Besser, <i>Die Juden in der modernen Rassentheorie, </i>J&uuml;discher Verlag, 1911 ; Alexander Schueler, <i>Der Rassenadel der Juden</i> (la noblesse de race des Juifs), J&uuml;discher Verlag, 1912.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn21"></a><a href="#_ftnref21" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[21]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Houston Stewart Chamberlain, <i>Die Grundlagen des neunzehnten Jahrhunderts (1898), </i>Munich, F.&nbsp;Bruckmann, 1909 (9<sup>e</sup> &eacute;dition). </span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn22"></a><a href="#_ftnref22" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[22]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Zollschan, <i>op.cit.,</i> p. 261.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn23"></a><a href="#_ftnref23" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[23]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Constantin Brunner, <i>Der Judenhass und die Juden,</i> Im Auftrag des International-Constantin-Brunner-Instituts, mit einem Vorwort von Hans Goetz, herausgegeben von J&uuml;rgen Stenzel, Berlin-Vienne, Philo, 2004, p. 56.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn24"></a><a href="#_ftnref24" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[24]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>Ibid,</i> p. 63.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn25"></a><a href="#_ftnref25" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[25]</span></span></span></sup></a><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Jakob Klatzkin, <i>Krisis und Entscheidung im Judentum. </i></span></span></span><i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Der Probleme des modernen Judentums, </span></span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Berlin, J&uuml;discher Verlag, 1921 (2<sup>e</sup> &eacute;dition), cit&eacute; par Zollschan.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn26"></a><a href="#_ftnref26" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[26]</span></span></span></sup></a><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Jakob Klatzkin, <i>Krisis und Entscheidung im Judentum. </i></span></span></span><i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Der Probleme des modernen Judentums, </span></span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Berlin, J&uuml;discher Verlag, 1921 (2<sup>e</sup> &eacute;dition), cit&eacute; par Zollschan.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn27"></a><a href="#_ftnref27" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[27]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>Der Judenhass und die Juden,</i> <i>op.cit., </i>p. 91.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn28"></a><a href="#_ftnref28" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[28]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Zollschan avait adopt&eacute; la th&eacute;orie n&eacute;o-Lamarckienne de Richard Semon (1859-1918), dont le livre <i>Die Mneme als erhaltendes Prinzip im Wechsel des organischen Geschehens</i> (La mn&eacute;m&egrave; comme principe de stabilit&eacute; dans la transformation des processus organiques) avait paru en 1904. Voir &agrave; ce sujet : Veronika Lipphardt, <i>Biologie der Juden, J&uuml;dische Wissenschaftler &uuml;ber &ldquo;Rasse&rdquo; und Vererbung 1900-1935,</i> G&ouml;ttingen, Vandenhoeck &amp; Ruprecht, 2008.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn29"></a><a href="#_ftnref29" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[29]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>Der Babylonische Talmud, ausgew&auml;hlt, &uuml;bersetzt und erkl&auml;rt von Reinold Mayer, </i>Munich, Goldmanns Gelbe Taschenb&uuml;cher, 1963, p. 532 (Le Talmud de Babylone, traduit et comment&eacute; par Reinhold Mayer, traduction fran&ccedil;aise : J. A.).</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn30"></a><a href="#_ftnref30" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[30]</span></span></span></sup></a><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Constantin Brunner, <i>Memschelet sadon. Letztes Wort &uuml;ber den Judenhass und die Juden,</i> Berlin, Verlag Neues Vaterland, 1920, p. 97.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn31"></a><a href="#_ftnref31" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[31]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>Ibid,</i> p. 98.&nbsp;</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn32"></a><a href="#_ftnref32" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[32]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>Ibid,</i> p. 108. Brunner oppose <i>&laquo; Schutzgeist &raquo;</i> (esprit protecteur) &agrave; <i>&laquo; Schutzjuden &raquo;</i> (Juifs prot&eacute;g&eacute;s ou nantis de privil&egrave;ges), notion tr&egrave;s famili&egrave;re aux Juifs. L&rsquo;article &laquo; Judenschutz &raquo; du <i>J&uuml;disches Lexikon</i> (tome III, 1927) d&eacute;finit ainsi le type de protection que les autorit&eacute;s civiles accordaient sous l&rsquo;Ancien R&eacute;gime aux Juifs en tant que particuliers ou communaut&eacute;.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn33"></a><a href="#_ftnref33" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[33]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Voir plus loin <i>Des devoirs des Juifs et des devoirs de l&rsquo;&Eacute;tat.</i></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn34"></a><a href="#_ftnref34" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[34]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Voir plus loin <i>Des devoirs des Juifs et des devoirs de l&rsquo;&Eacute;tat.</i></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn35"></a><a href="#_ftnref35" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[35]</span></span></span></sup></a><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Constantin Brunner, <i>Vom Einsiedler Constantin Brunner, Mein Leben und Schaffen, Unsere scholastische Bildung, Das Ungl&uuml;ck unseres deutschen Volkes und unsere V&ouml;lkischen, </i>Potsdam, Gustav Kiepenheuer Verlag, 1924, p. 97. </span></span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">La troisi&egrave;me partie, traduite et pr&eacute;sent&eacute;e par moi a paru chez Didier Devillez &Eacute;diteur, Bruxelles, 2008, en collaboration avec M&eacute;moire d&rsquo;Auschwitz ASBL, sous le titre : <i>Le malheur de notre peuple allemand et nos &laquo; V&ouml;lkisch &raquo;, un philosophe allemand de l&rsquo;antis&eacute;mitisme, du nazisme et du sionisme.</i></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn36"></a><a href="#_ftnref36" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[36]</span></span></span></sup></a><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Constantin Brunner, <i>Vom Einsiedler Constantin Brunner, Mein Leben und Schaffen, Unsere scholastische Bildung, Das Ungl&uuml;ck unseres deutschen Volkes und unsere V&ouml;lkischen, </i>Potsdam, Gustav Kiepenheuer Verlag, 1924, p. 97. </span></span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">La troisi&egrave;me partie, traduite et pr&eacute;sent&eacute;e par moi a paru chez Didier Devillez &Eacute;diteur, Bruxelles, 2008, en collaboration avec M&eacute;moire d&rsquo;Auschwitz ASBL, sous le titre : <i>Le malheur de notre peuple allemand et nos &laquo; V&ouml;lkisch &raquo;, un philosophe allemand de l&rsquo;antis&eacute;mitisme, du nazisme et du sionisme.</i></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn37"></a><a href="#_ftnref37" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[37]</span></span></span></sup></a><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Constantin Brunner, <i>Liebe, Ehe, Mann und Weib, </i>Potsdam, Gustav Kiepenheuer Verlag, 1924.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn38"></a><a href="#_ftnref38" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[38]</span></span></span></sup></a><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Constantin Brunner, <i>Materialismus und Idealismus, </i>Potsdam, Gustav Kiepenheuer Verlag, 1928.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn39"></a><a href="#_ftnref39" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[39]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Constantin Brunner, <i>Aus meinem Tagebuch,</i> Potsdam, Gustav Kiepenheuer, 1927, p. 248.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn40"></a><a href="#_ftnref40" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[40]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Fritz Blankenfeld, Kimchi (Emil Gr&uuml;nfeld), Ernst Ludwig Pinner, <i>Los vom Zionismus, </i>Francfort s. M., J. Kaufmann Verlag, 1928.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn41"></a><a href="#_ftnref41" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[41]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>Ibid. </i>Postface, sur la question des Juifs orientaux en particulier, p. 63.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn42"></a><a href="#_ftnref42" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[42]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Jakob Klatzkin, <i>op. cit.</i></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn43"></a><a href="#_ftnref43" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[43]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Constantin Brunner, <i>Von den Pflichten der Juden und von den Pflichten des Staates, </i>Gustav Kiepenheuer, Berlin, 1930, p. 7. Ce livre a &eacute;t&eacute; traduit et pr&eacute;sent&eacute; par moi sous le titre <i>Des devoirs des Juifs et des devoirs de l&rsquo;&Eacute;tat,</i> Bruxelles, &Eacute;ditions Aden, 2011.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn44"></a><a href="#_ftnref44" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[44]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>Ibid, </i>p. 123.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn45"></a><a href="#_ftnref45" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[45]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Constantin Brunner, lettre &agrave; Jakob Klatzkin, 1930, Brunner-Institut.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn46"></a><a href="#_ftnref46" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[46]</span></span></span></sup></a><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Constantin Brunner, <i>H&ouml;re Israel und H&ouml;re Nicht-Israel (Die Hexen), </i>Gustav Kiepenheuer, Berlin, 1931, p. 30. </span></span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Ce livre, traduit et pr&eacute;sent&eacute; par moi, a &eacute;t&eacute; publi&eacute; sous le titre <i>&Eacute;coute Isra&euml;l, &Eacute;coute aussi Non-Isra&euml;l (Les sorci&egrave;res),</i> Didier Devillez &Eacute;diteur, Bruxelles, 2011. L&rsquo;ouvrage contient aussi <i>La n&eacute;cessaire auto-&eacute;mancipation des Juifs allemands,</i> dont il sera question plus loin.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn47"></a><a href="#_ftnref47" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[47]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Haim Weizmann (1874-1952), pr&eacute;sident de l&rsquo;organisation sioniste de 1920 &agrave; 1929, fut le principal artisan de son &eacute;largissement &agrave; de non-sionistes.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn48"></a><a href="#_ftnref48" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[48]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>Preu&szlig;ische Jahrb&uuml;cher,</i> August-Heft 1931, repris dans : Constantin Br&uuml;nner, <i>Verm&auml;chtnis </i>(Testament spirituel), Martinus Nijhoff, Den Haag, 1952, p. 114.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn49"></a><a href="#_ftnref49" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[49]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> &laquo; Leben oder Untergang&nbsp;? Eine Antwort an Constantin Brunner &raquo; von Dr Eva Reichmann-Jungmann, dans le <i>Central-Verein-Zeitung,</i> 16 octobre 1931, p. 495. Voir aussi : Avraham Barka&iuml;, <i>&ldquo;Wehr Dich!&rdquo;, Der Central-Verein deutscher Staatsb&uuml;rger j&uuml;dischen Glaubens 1893-1938,</i> Munich, C. H. Beck, 2002, p. 243.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn50"></a><a href="#_ftnref50" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[50]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Exemple unique.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn51"></a><a href="#_ftnref51" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[51]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Robert Weltsch, &laquo; Judenfrage und Zionismus &raquo;, dans : <i>Kl&auml;rung. Zw&ouml;lf Autoren und Politiker &uuml;ber die Judenfrage</i> (&Eacute;claircissements. Douze auteurs et politiciens &agrave; propos de la question juive), Berlin, Verlag Tradition Wilhelm Kolk, 1932, cit&eacute; dans Robert Weltsch, <i>An der Wende des modernen Judentums, </i>T&uuml;bingen, J. C. B. Mohr (Paul Siebeck), 1972.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn52"></a><a href="#_ftnref52" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[52]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> &laquo; Ja-sagen zum Judentum, eine Aufsatzreihe der J&uuml;dischen Rundschau zur Lage der deutschen Juden&nbsp;&raquo; (Affirmer le juda&iuml;sme, une s&eacute;rie d&rsquo;articles de la <i>Revue juive</i> sur la situation des Juifs allemands), Berlin, Verlag der <i>J&uuml;dischen Rundschau,</i> 1933.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn53"></a><a href="#_ftnref53" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[53]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>Ibid.</i> &laquo; Deutsche Juden und Pal&auml;stina &raquo;, 28 mars 1933, avant m&ecirc;me le boycott des commerces juifs du 1<sup>er</sup> avril.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn54"></a><a href="#_ftnref54" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[54]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> &laquo; Am 6. M&auml;rz &raquo;, dans : <i>Verm&auml;chtnis, op. cit.,</i> p. 49.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn55"></a><a href="#_ftnref55" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[55]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Constantin Brunner, <i>Der entlarvte Mensch,</i> herausgegeben und eingeleitet von Lothar Bickel, La Haye, Martinus Nijhoff, 1951, p. VI.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn56"></a><a href="#_ftnref56" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[56]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>Ibid,</i> p. 131.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn57"></a><a href="#_ftnref57" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[57]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>Ibid,</i> p. 143.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn58"></a><a href="#_ftnref58" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[58]</span></span></span></sup></a><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Constantin Brunner, <i>Der Judenhass und die Juden,</i> Oesterheld &amp; CO, Berlin, 1918, p. XXXI. </span></span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">On ignore pourquoi Brunner n&rsquo;a pas repris la derni&egrave;re phrase dans la r&eacute;&eacute;dition de 1919.</span></span></span></span></span></p>