<p align="right" style="text-align:right; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><i><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&laquo; Nous en avons dit assez pour montrer que, si nous nous interdisons de projeter le pr&eacute;sent,</span></span></span></span></i><br /> <i><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">notre pr&eacute;sent, dans le pass&eacute; ; si nous nous refusons &agrave; l&rsquo;anachronisme psychologique, le pire de tous,</span></span></span></span></i><br /> <i><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&nbsp;le plus insidieux et le plus grave ; si nous pr&eacute;tendons &eacute;clairer toutes les d&eacute;marches des soci&eacute;t&eacute;s,</span></span></span></span></i><br /> <i><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&nbsp;et d&rsquo;abord leurs d&eacute;marches mentales, par l&rsquo;examen de leurs conditions g&eacute;n&eacute;rales d&rsquo;existence</span></span></span></span></i><br /> <i><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&ndash; il est &eacute;vident que nous ne pourrons consid&eacute;rer comme valable, pour ce pass&eacute;, </span></span></span></span></i><br /> <span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><i><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">les descriptions et les constatations de nos psychologues op&eacute;rant sur les donn&eacute;es que notre &eacute;poque leur fournit&hellip; &raquo;</span></span></i><a name="_ftnref1"></a><a href="#_ftn1"><b><sup><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">[1]</span></span></sup></b></a></span></span></span></span></p> <p align="right" style="text-align:right"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Lucien Febvre, <i>Psychologie et histoire</i></span></span></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">L&rsquo;erreur ou les erreurs historiographiques</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">D&eacute;finie avec rigueur, l&rsquo;erreur historiographique est l&rsquo;erreur commise par l&rsquo;historienne ou l&rsquo;historien quand il &eacute;crit de l&rsquo;histoire. &laquo;&nbsp;Erreur dans l&rsquo;&eacute;criture&nbsp;&raquo;, avant d&rsquo;aller plus avant, il semble bien que deux familles d&rsquo;erreurs sont &agrave; inscrire au passif des historiens&nbsp;: des erreurs contre les faits, des erreurs dans le sens pr&ecirc;t&eacute; aux faits. Pos&eacute; ainsi, le probl&egrave;me &eacute;vacue d&rsquo;embl&eacute;e l&rsquo;un des points de vue soutenables sur la nature de l&rsquo;op&eacute;ration historiographique comme l&rsquo;appelait Michel de Certeau<a name="_ftnref2"></a><a href="#_ftn2"><sup><span style="color:black">[2]</span></sup></a>. Dans la perspective du <i>linguistic turn</i> ou de la <i>french theory</i>, les faits historiques n&rsquo;ont d&rsquo;existence qu&rsquo;inscrits dans le discours qui leur donne sens&nbsp;: en ce cas, il n&rsquo;y aurait plus &agrave; distinguer l&rsquo;erreur factuelle de l&rsquo;erreur interpr&eacute;tative. D&rsquo;erreur, il n&rsquo;y aurait que l&rsquo;incoh&eacute;rence des assertions de l&rsquo;historien&nbsp;; la coh&eacute;rence du discours tiendrait alors du jugement de Dieu pour les faits invoqu&eacute;s. Bien s&ucirc;r cette position maximaliste, ce relativisme absolu, ce pyrrhonisme affich&eacute;, quant &agrave; la possibilit&eacute; de v&eacute;rifier la moindre correspondance entre v&eacute;rit&eacute; et r&eacute;alit&eacute;<a name="_ftnref3"></a><a href="#_ftn3"><sup><span style="color:black">[3]</span></sup></a>, a &eacute;t&eacute; battu en br&egrave;che. En poussant l&rsquo;argument &agrave; ses limites, Saul Friedlander a convaincu Hayden White d&rsquo;admettre qu&rsquo;il y avait un ailleurs hors du r&eacute;cit<a name="_ftnref4"></a><a href="#_ftn4"><sup><span style="color:black">[4]</span></sup></a></span></span></span><b><sup>&thinsp;</sup></b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">; en d&eacute;non&ccedil;ant une conception r&eacute;ductrice de la rh&eacute;torique, Paul Ric&oelig;ur a pourfendu les &laquo;&nbsp;tropologues&nbsp;&raquo; qui r&eacute;duisent l&rsquo;&eacute;criture de l&rsquo;histoire &agrave; un jeu formel<a name="_ftnref5"></a><a href="#_ftn5"><sup><span style="color:black">[5]</span></sup></a>, ignorant toute distinction entre l&rsquo;histoire et la fiction. Aussi, en suivant ces critiques, levons l&rsquo;hypoth&egrave;que postmoderniste sur la distinction premi&egrave;re, et consid&eacute;rons qu&rsquo;il y a bien un r&eacute;f&eacute;rent historique, un &laquo;&nbsp;ce qui s&rsquo;est r&eacute;ellement pass&eacute;&nbsp;&raquo; comme le disait Ranke, et une construction de cela par l&rsquo;interpr&eacute;tation historiographique, mais nous n&rsquo;en avons pas termin&eacute; pour autant avec les visages multiples de l&rsquo;erreur.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Pour reprendre une expression de Jacques Ranci&egrave;re<a name="_ftnref6"></a><a href="#_ftn6"><sup><span style="color:black">[6]</span></sup></a>, l&rsquo;une des formes d&rsquo;erreurs les plus souvent r&eacute;pertori&eacute;es dans le domaine de l&rsquo;histoire serait &laquo;&nbsp;l&rsquo;erreur contre le temps&nbsp;&raquo;&nbsp;: </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Diog&egrave;ne ouvrant un parapluie au IV<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle av. J.-C., Jules C&eacute;sar assassin&eacute; &agrave; coup de browning, comme l&rsquo;&eacute;crivait Lucien Febvre. Si cette cat&eacute;gorie est retenue, on sait que son rep&eacute;rage est au c&oelig;ur des premi&egrave;res <span style="letter-spacing:.1pt">formes de la critique textuelle telle que Lorenzo Valla la met en &oelig;uvre dans la critique de la donation faussement attribu&eacute;e &agrave; Constantin<a name="_ftnref7"></a><a href="#_ftn7"><sup><span style="color:black">[7]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">&Agrave; c&ocirc;t&eacute; de l&rsquo;erreur contre le temps, on pourrait envisager une v&eacute;ritable famille d&rsquo;erreurs construite sur le m&ecirc;me patron. Sym&eacute;trique &agrave; l&rsquo;anachronisme appara&icirc;trait l&rsquo;erreur contre le lieu, l&rsquo;&laquo;&nbsp;atopisme&nbsp;&raquo;, tout aussi destructrice de la pr&eacute;tention &agrave; restituer ce qui s&rsquo;est r&eacute;ellement pass&eacute;&nbsp;: la bataille des Thermopyles au c&oelig;ur du P&eacute;loponn&egrave;se, le couronnement de Napol&eacute;on &agrave; Reims. Dans le second cas d&rsquo;esp&egrave;ce, on comprend clairement que l&rsquo;erreur de lieu entra&icirc;ne vite une erreur d&rsquo;interpr&eacute;tation. L&rsquo;exemple d&eacute;velopp&eacute; dans ce dossier par Thomas Fontaine et Bertrand Hamelin &agrave; propos d&rsquo;Olga Wormser-Migot tient de cette logique&nbsp;; l&rsquo;auteur ne contestait ni l&rsquo;existence des chambres &agrave; gaz, ni le moment de leur mise en &oelig;uvre, mais leur existence en un lieu pr&eacute;cis. &Agrave; jouer dans le jardin des racines grecques, on pourrait multiplier la nature des erreurs, erreur sur les acteurs (antiprosopographie), erreur sur les actions, erreur sur la dur&eacute;e&hellip;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Mais la vari&eacute;t&eacute; des erreurs pourrait aussi tenir &agrave; autre chose qu&rsquo;&agrave; leur objet. En effet, la question peut &ecirc;tre reprise sous un autre angle. Ainsi d&eacute;noncer une erreur peut s&rsquo;organiser selon deux cat&eacute;gories formelles&nbsp;: cela est &eacute;crit mais &laquo;&nbsp;n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute;&nbsp;&raquo;, et cela est ni&eacute; ou ignor&eacute; par l&rsquo;historien mais &laquo;&nbsp;a bel et bien &eacute;t&eacute;&nbsp;&raquo;. Dans cette perspective, on opposerait une erreur assertive &agrave; une erreur n&eacute;gative, un relief en creux.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Sans doute est-ce &agrave; propos des anachronismes que la r&eacute;flexion sur les erreurs potentielles qui d&eacute;coulent du &laquo;&nbsp;cela n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute;&nbsp;&raquo; a &eacute;t&eacute; la plus avanc&eacute;e. L&rsquo;argument d&eacute;velopp&eacute; &agrave; propos de l&rsquo;anachronisme d&rsquo;outillage mental sert ici d&rsquo;en<span style="letter-spacing:-.1pt">tr&eacute;e dans la remise en cause de l&rsquo;erreur contre le temps. La f&eacute;condit&eacute; apparente de cette piste est s&eacute;rieusement remise en cause par les critiques convergentes dont l&rsquo;anachronisme mental a &eacute;t&eacute; l&rsquo;objet. D&eacute;j&agrave; en 1976, Carlo Ginzburg remettait en cause la notion<a name="_ftnref8"></a><a href="#_ftn8"><sup><span style="color:black">[8]</span></sup></a>. Certes son approche &eacute;tait davantage fond&eacute;e sur le refus du caract&egrave;re &laquo;&nbsp;interclassiste&nbsp;&raquo; de &laquo;&nbsp;mentalit&eacute; collective&nbsp;&raquo;, mais elle laissait appara&icirc;tre un autre motif pour r&eacute;cuser la sp&eacute;cificit&eacute; de l&rsquo;anachronisme mental&nbsp;: &laquo;&nbsp;Tant qu&rsquo;on cherche &agrave; d&eacute;montrer l&rsquo;inexistence d&rsquo;un pr&eacute;tendu ath&eacute;isme de Rabelais, rien &agrave; dire. Mais quand on avance sur le terrain de la &ldquo;mentalit&eacute; (ou psychologie) collective&rdquo; en soutenant </span><span style="letter-spacing:-.2pt">que la religion exer&ccedil;ait sur les &ldquo;hommes du XVI<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle&rdquo; <i>une influence &agrave; la fois capillaire et d&eacute;terminante &agrave; laquelle il &eacute;tait impossible d&rsquo;&eacute;chapper</i><a name="_ftnref9"></a><a href="#_ftn9"><sup><span style="color:black">[9]</span></sup></a>, comme n&rsquo;a pu y &eacute;chapper Rabelais, alors la d&eacute;monstration devient inacceptable.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref10"></a><a href="#_ftn10"><sup><span style="color:black">[10]</span></sup></a></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Chacun &agrave; leur mani&egrave;re, Carlo Ginzburg et Jacques Ranci&egrave;re d&eacute;montrent que le raisonnement sur l&rsquo;impossibilit&eacute; d&rsquo;une pens&eacute;e, d&rsquo;un comportement en un temps donn&eacute; aboutit &agrave; l&rsquo;&eacute;criture d&rsquo;une histoire condamn&eacute;e &agrave; la r&eacute;p&eacute;tition du m&ecirc;me au m&ecirc;me. Si Rabelais est dans l&rsquo;impossibilit&eacute; d&rsquo;&ecirc;tre ath&eacute;e, comment expliquer que, quelques ann&eacute;es plus tard, cette qualit&eacute; puisse &ecirc;tre reconnue &agrave; Bonaventure Des Perriers&nbsp;? Lucien Febvre ne r&eacute;pondait pas vraiment &agrave; l&rsquo;objection. La remise en cause de l&rsquo;anachronisme d&rsquo;outillage mental conduit Jacques Ranci&egrave;re, par un raisonnement sym&eacute;trique, mais de sens oppos&eacute; &agrave; celui de Lucien Febvre, &agrave; remettre en cause la cat&eacute;gorie m&ecirc;me d&rsquo;anachronisme y compris dans sa dimension mat&eacute;rielle, comme l&rsquo;indique l&rsquo;exemple du parapluie de Diog&egrave;ne d&eacute;j&agrave; cit&eacute;&nbsp;: &laquo;&nbsp;Dire que Diog&egrave;ne avait un parapluie est simplement, en l&rsquo;&eacute;tat de nos connaissances, une erreur sur les accessoires disponibles &agrave; Ath&egrave;nes au IV<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle av. J.-C.&nbsp;Il n&rsquo;y a pas de raison particuli&egrave;re de le ranger dans une classe sp&eacute;cifique d&rsquo;erreurs qui seraient des &ldquo;erreurs contre le temps&rdquo;.&nbsp;&raquo; Et la raison centrale de cette r&eacute;cusation de la cat&eacute;gorie g&icirc;t dans l&rsquo;argument final de Ranci&egrave;re&nbsp;: &laquo;&nbsp;Le concept d&rsquo;anachronisme est antihistorique parce qu&rsquo;il occulte les conditions m&ecirc;mes de toute historicit&eacute;. Il y a de l&rsquo;histoire pour autant que les hommes ne ressemblent pas &agrave; leur temps, pour autant qu&rsquo;ils agissent en rupture avec &ldquo;leur&rdquo; temps, avec la ligne de temporalit&eacute; qui les met en place en leur imposant de faire de &ldquo;leur&rdquo; temps tel ou tel emploi.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref11"></a><a href="#_ftn11"><sup><span style="color:black">[11]</span></sup></a></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&Agrave; suivre la d&eacute;construction impitoyable de Jacques Ranci&egrave;re, toutes nos vari&eacute;t&eacute;s d&rsquo;erreurs peuvent se d&eacute;sagr&eacute;ger&nbsp;; on devrait donc remettre en cause les diff&eacute;rentes qualit&eacute;s d&rsquo;erreurs &eacute;num&eacute;r&eacute;es ci-dessus pour ne plus envisager qu&rsquo;une erreur en soi &eacute;chappant &agrave; toute forme de qualification. Dans cette perspective, il resterait alors &agrave; identifier le corps myst&eacute;rieux de l&rsquo;erreur. Comme aucune exp&eacute;rience n&rsquo;est opposable en histoire, les contradictions internes &agrave; la prose historiographique ne renvoient pas &agrave; l&rsquo;erreur comme discordance avec une r&eacute;alit&eacute; jamais observable, elles prennent la forme d&rsquo;erreurs professionnelles, dans la recherche, la critique, la disposition des traces du pass&eacute;. On voit comment la voie referm&eacute;e d&rsquo;embl&eacute;e du relativisme semble se rabattre sur nous en r&eacute;duisant la chasse aux erreurs &agrave; une critique des proc&eacute;dures de savoir, &agrave; la limite ind&eacute;pendante du &laquo;&nbsp;ce qui s&rsquo;est r&eacute;ellement pass&eacute;&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">La piste historiographique</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.05pt">Le jeu des erreurs tourne donc &agrave; l&rsquo;exercice de style ou prend l&rsquo;allure d&rsquo;une s&eacute;rie de pr&eacute;ceptes, sorte de cat&eacute;chisme &agrave; l&rsquo;usage des historiens sur l&rsquo;art d&rsquo;&eacute;viter les erreurs. Les deux versions sont &eacute;galement frustrantes. Aussi la d&eacute;marche historiographique constitue-t-elle un d&eacute;tour sans doute fructueux. Il ne s&rsquo;agit plus ici d&rsquo;&eacute;tablir la nature de l&rsquo;erreur historiographique mais de saisir le r&ocirc;le de sa mise en &eacute;vidence, sa fonction dans la production des historiens de m&eacute;tier. Les &laquo;&nbsp;professionnels de la profession&nbsp;&raquo; ont tous en t&ecirc;te quelques critiques destructrices qui dressent de v&eacute;ritables catalogues d&rsquo;erreurs dans la litt&eacute;rature d&rsquo;un ou de plusieurs coll&egrave;gues<a name="_ftnref12"></a><a href="#_ftn12"><sup><span style="color:black">[12]</span></sup></a>. D&eacute;noncer les erreurs revient &agrave; discr&eacute;diter une th&egrave;se et son auteur. Aussi est-ce davantage sur l&rsquo;&eacute;conomie de la mise en &eacute;vidence des erreurs que sur l&rsquo;erreur historiographique en tant que telle que j&rsquo;entends m&rsquo;interroger maintenant.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.05pt">Dans les revues, un genre bien pr&eacute;cis a pour t&acirc;che d&rsquo;&eacute;valuer la production, de guider les hommes de l&rsquo;art, de contr&ocirc;ler, de distinguer le bon grain de l&rsquo;ivraie&nbsp;; il s&rsquo;agit selon la formule, &agrave; juste titre c&eacute;l&egrave;bre, de Michel Foucault d&rsquo;&eacute;tablir une police du discours, de cerner quand l&rsquo;historien s&rsquo;inscrit dans le &laquo;&nbsp;vrai de sa discipline&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref13"></a><a href="#_ftn13"><sup><span style="color:black">[13]</span></sup></a>. Pour tenter de r&eacute;soudre la question, suivre la piste des lectures de Lucien Febvre est une voie tentante &agrave; plusieurs titres. Nous avons la chance de disposer d&rsquo;un guide pr&eacute;cieux en la mati&egrave;re qui a &eacute;tabli avec pr&eacute;cision combien les comptes rendus de lecture&nbsp;comptent dans l&rsquo;&oelig;uvre de Febvre&nbsp;: Bertrand M&uuml;ller rappelle que </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">son ouvrage sur Lucien Febvre traque deux personnages&nbsp;: Lucien Febvre et le compte rendu<a name="_ftnref14"></a><a href="#_ftn14"><sup><span style="color:black">[14]</span></sup></a>. La t&acirc;che critique, en g&eacute;n&eacute;ral, joue un r&ocirc;le majeur dans la construction intellectuelle d&rsquo;une histoire r&eacute;nov&eacute;e chez Lucien Febvre. La forme tr&egrave;s pol&eacute;mique, pour certains outranci&egrave;re, des anath&egrave;mes historiographiques du fondateur des <i>Annales</i> semble propice, pour autant qu&rsquo;il s&rsquo;attache &agrave; les d&eacute;noncer, &agrave; expliciter presque caricaturalement la fonction de la chasse aux erreurs historiographiques. La recherche des erreurs d&eacute;nonc&eacute;es et l&rsquo;identification de leur essence vont servir &agrave; comprendre en quoi les erreurs historiographiques disent autant de l&rsquo;essence &eacute;pist&eacute;mique de la connaissance historique que de &laquo;&nbsp;ce qui s&rsquo;est r&eacute;ellement pass&eacute;&nbsp;&raquo;. Si tant est qu&rsquo;il existe, le syst&egrave;me critique des erreurs de Lucien Febvre constitue peut-&ecirc;tre le miroir de sa conception de l&rsquo;entreprise historique.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Par cons&eacute;quent, &agrave; travers quelques comptes rendus symptomatiques de Lucien <span style="letter-spacing:-.2pt">Febvre, nous tentons de dessiner la probl&eacute;matique que d&eacute;voilent l&rsquo;&eacute;tablissement des erreurs historiographiques et leur sens dans l&rsquo;&eacute;conomie g&eacute;n&eacute;rale d&rsquo;un programme intellectuel et historiographique. &Agrave; la recherche des erreurs historiographiques s&rsquo;ouvre une nouvelle lecture du programme intellectuel de Lucien Febvre, qu&rsquo;on pourrait d&eacute;nommer &laquo;&nbsp;de la r&eacute;formation des erreurs&nbsp;&raquo;. Si une faute est une entorse volontaire &agrave; des principes revendiqu&eacute;s par l&rsquo;auteur de la faute, Lucien Febvre n&rsquo;ignora pas cette fa&ccedil;on de reprendre ses contemporains. Charg&eacute;e de sens moral, la faute est parfois au c&oelig;ur des r&egrave;glements de compte (rendus) qui opposent Lucien Febvre &agrave; Charles Seignobos<a name="_ftnref15"></a><a href="#_ftn15"><sup><span style="color:black">[15]</span></sup></a>. Davantage que les erreurs c&rsquo;est la conception m&ecirc;me de l&rsquo;histoire en g&eacute;n&eacute;ral qui est ici en cause. Aussi &eacute;cartons-nous de notre &eacute;tude de cas les charges contre l&rsquo;auteur de <i>l&rsquo;introduction aux &eacute;tudes historiques</i>, afin de mieux d&eacute;montrer que le dispositif des comptes rendus n&rsquo;est pas li&eacute; au contentieux personnel qui oppose Febvre &agrave; Seignobos, constitu&eacute; en objet de la mauvaise histoire<a name="_ftnref16"></a><a href="#_ftn16"><sup><span style="color:black">[16]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Toutefois, il ne nous semble pas que ce registre, souvent retenu par les d&eacute;tracteurs de Febvre, soit essentiel dans l&rsquo;exercice du compte rendu, outil crucial pour la direction de pens&eacute;e que&nbsp;l&rsquo;homme de la Franche-Comt&eacute; s&rsquo;emploie &agrave; assurer au fil des ann&eacute;es. Son combat pour une histoire &agrave; part enti&egrave;re dresse un programme des actes historiographiques et un tableau toujours augment&eacute; des erreurs qui entachent la pratique du m&eacute;tier d&rsquo;historien. Quelques &eacute;pisodes, c&eacute;l&egrave;bres en leur temps ou port&eacute;s sur le devant de la sc&egrave;ne par la relecture historiographique permettent d&rsquo;approfondir cette piste.</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Les trois stades de l&rsquo;erreur historiographique</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Trois comptes rendus retiennent notre attention. Deux d&rsquo;entre eux retenaient encore l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de Lucien Febvre longtemps apr&egrave;s leur publication puisqu&rsquo;il les avait choisis parmi les centaines de textes sortis de sa plume pour figurer dans l&rsquo;ouvrage <i>Pour une histoire &agrave; part enti&egrave;re,</i> pr&egrave;s de trente ans apr&egrave;s leur parution<a name="_ftnref17"></a><a href="#_ftn17"><sup><span style="color:black">[17]</span></sup></a>. Le troisi&egrave;me texte envisag&eacute; pour commencer a b&eacute;n&eacute;fici&eacute; d&rsquo;une fortune historiographique singuli&egrave;re. Il s&rsquo;agit d&rsquo;abord d&rsquo;une pol&eacute;mique n&eacute;e d&rsquo;un compte rendu f&eacute;roce de Lucien <span style="letter-spacing:.1pt">Febvre<a name="_ftnref18"></a><a href="#_ftn18"><sup><span style="color:black">[18]</span></sup></a>. L&rsquo;&eacute;pisode fit du bruit dans le petit Landerneau des historiens en 1933-1934 avant de r&eacute;appara&icirc;tre au fil des travaux d&rsquo;histoire de l&rsquo;historiographie des ann&eacute;es 1980 jusqu&rsquo;&agrave; avoir les honneurs d&rsquo;un article &agrave; lui seul consacr&eacute; dans un num&eacute;ro r&eacute;cent de la <i>Revue d&rsquo;histoire moderne et contemporaine</i><a name="_ftnref19"></a><a href="#_ftn19"><sup><span style="color:black">[19]</span></sup></a>. Cette affaire Jassemin<a name="_ftnref20"></a><a href="#_ftn20"><sup><span style="color:black">[20]</span></sup></a> qui occupe les pages des <i>Annales d&rsquo;histoire &eacute;conomique et sociale</i>, la correspondance de Lucien Febvre et Marc Bloch, la correspondance de Ferdinand Lot et les votes de l&rsquo;Acad&eacute;mie des inscriptions et belles lettres ne vaut ici que pour la nature des critiques de Lucien Febvre. Mais elle est loin d&rsquo;&ecirc;tre isol&eacute;e dans la production critique de Lucien Febvre.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">Bien s&ucirc;r, nous l&rsquo;avons soulign&eacute;, il y a longtemps et cela a encore &eacute;t&eacute; avanc&eacute; plus r&eacute;cemment<a name="_ftnref21"></a><a href="#_ftn21"><sup><span style="color:black">[21]</span></sup></a>, les attaques de Lucien Febvre par leur charge de provocation tendent &agrave; d&eacute;gager l&rsquo;id&eacute;e de deux camps oppos&eacute;s&nbsp;: tout en le niant, Lucien Febvre, dans sa r&eacute;ponse &agrave; Jassemin, c&eacute;l&egrave;bre le jeune projet des <i>Annales</i> qui affronterait la scl&eacute;ros&eacute;e et r&eacute;actionnaire &Eacute;cole des chartes et accr&eacute;dite la polarisation du champ disciplinaire pour mieux asseoir une position qui se d&eacute;clare novatrice. Sa police du discours ne saurait donc &ecirc;tre comprise comme le seul effet de choix intellectuels, elle circonscrit un adversaire disciplinaire et dessine en creux la place &agrave; prendre.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Mais aussi strat&eacute;gique qu&rsquo;elle soit, cette critique touche en m&ecirc;me temps &agrave; un point &eacute;pist&eacute;mologique essentiel&nbsp;: qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;une erreur d&rsquo;historien, comme s&rsquo;op&egrave;re-t-elle, en quoi touche-t-elle &agrave; la conception m&ecirc;me du savoir historique&nbsp;? Les formules cinglantes de Lucien Febvre, qui font de Jassemin un idiot historiographique<a name="_ftnref22"></a><a href="#_ftn22"><sup><span style="color:black">[22]</span></sup></a>, offrent une des premi&egrave;res propositions de relecture de la nature des erreurs historiographiques.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Si le combat pour l&rsquo;histoire sociale est le v&eacute;ritable cheval de bataille de Febvre<a name="_ftnref23"></a><a href="#_ftn23"><sup><span style="color:black">[23]</span></sup></a>, la chim&egrave;re que Jassemin se refuse &agrave; chercher, il y a un autre reproche pass&eacute; au second plan dans l&rsquo;article r&eacute;cent de la <i>Revue d&rsquo;histoire moderne et contemporaine</i> et qui justifie pourtant qu&rsquo;on puisse pr&ecirc;ter une dimension &eacute;pist&eacute;mologique &agrave; l&rsquo;attaque de Febvre. Quel est donc le second crime de Jassemin&nbsp;? Il ne s&rsquo;int&eacute;resse pas &agrave; la fa&ccedil;on de compter &agrave; la cour des comptes de Paris en 1444, il fait mine de croire que compter &agrave; travers les temps et les lieux revient toujours &agrave; d&eacute;nombrer avec le m&ecirc;me degr&eacute; de pr&eacute;cision, les m&ecirc;mes exigences<a name="_ftnref24"></a><a href="#_ftn24"><sup><span style="color:black">[24]</span></sup></a>. L&rsquo;erreur ne r&eacute;side pas dans les chiffres, ni dans la critique des sources comme le voudrait la bonne m&eacute;thode, l&rsquo;erreur r&eacute;siderait dans le sens m&ecirc;me que le producteur de la source d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, les historiens de l&rsquo;autre lui pr&ecirc;teraient. Le lecteur reconna&icirc;t bien l&agrave; l&rsquo;une des sources de l&rsquo;histoire des mentalit&eacute;s selon Lucien Febvre. Tout comme il est impossible pour Rabelais d&rsquo;&ecirc;tre ath&eacute;e, il est impossible que les honorables juges de la cour des comptes de Paris aient entendu derri&egrave;re les chiffres ce que nous y voyons.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Clairement, les crit&egrave;res de l&rsquo;erreur se trouvent d&eacute;plac&eacute;s. L&rsquo;erreur ne g&icirc;t pas dans les faits mais dans le cadre conceptuel qui a permis de les critiquer. L&rsquo;interpr&eacute;tation pr&eacute;vaut sur la mat&eacute;rialit&eacute; apparente des donn&eacute;es. Le caract&egrave;re essentiel de cette conception de l&rsquo;erreur historiographique saute aux yeux quand on consid&egrave;re sa r&eacute;currence dans l&rsquo;&oelig;uvre critique de Febvre. D&egrave;s les premiers comptes rendus des <i>Annales, </i>Febvre mart&egrave;le la m&ecirc;me d&eacute;nonciation de l&rsquo;anachronisme immat&eacute;riel. &Agrave; propos d&rsquo;un ouvrage sur l&rsquo;Am&eacute;rique pr&eacute;colombienne, il craint que l&rsquo;auteur &laquo;&nbsp;par un &eacute;change trop g&eacute;n&eacute;reux de bons proc&eacute;d&eacute;s [&hellip;] n&rsquo;ait souvent fait endosser &agrave; ses Incas une belle redingote d&rsquo;&eacute;conomie &agrave; la L&eacute;on Say&hellip;&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref25"></a><a href="#_ftn25"><sup><span style="color:black">[25]</span></sup></a></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Avant m&ecirc;me que les <i>Annales</i> ne soient mises en chantier, Lucien Febvre fourbit d&eacute;j&agrave; le m&ecirc;me reproche dans les pages de la <i>Revue critique d&rsquo;histoire et de litt&eacute;rature</i>. Cette critique impitoyable est ainsi d&eacute;crite par Bertrand M&uuml;ller&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">&laquo;&nbsp;En d&eacute;cembre&nbsp;1928, para&icirc;t l&rsquo;une de ses recensions les plus impitoyables et ce n&rsquo;est nullement un hasard que Febvre n&rsquo;ait pas attendu le premier num&eacute;ro des <i>Annales </i>pour publier cette critique &ndash; l&rsquo;une des plus longues qu&rsquo;il ait jamais &eacute;crites &ndash; de l&rsquo;un des&nbsp;v&eacute;t&eacute;rans de l&rsquo;histoire &eacute;conomique en France, aussi du &ldquo;plus grand bousilleur de sujets que la terre ait port&eacute;&rdquo;&nbsp;: Prosper Boissonnade&hellip;&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref26"></a><a href="#_ftn26"><sup><span style="color:black">[26]</span></sup></a></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Le compte rendu offre une grille de lecture symptomatique de ce que Lucien Febvre d&eacute;nomme &laquo;&nbsp;erreur&nbsp;&raquo; dans l&rsquo;entreprise historiographique. Le futur directeur des <i>Annales</i>, dont la parution vient d&rsquo;&ecirc;tre annonc&eacute;e au congr&egrave;s international des sciences historiques d&rsquo;Oslo par Marc Bloch, attaque sous trois angles l&rsquo;infortun&eacute; ouvrage de Prosper Boissonnade. Il d&eacute;nonce les erreurs mat&eacute;rielles imputables &agrave; l&rsquo;&eacute;diteur ou &agrave; l&rsquo;auteur&nbsp;:u</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">ne pr&eacute;sentation sommaire des r&eacute;f&eacute;rences. Il </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">ridiculise une conception d&eacute;risoire de la bibliographie, accumulation de fiches au long de 63&nbsp;pages </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;en style t&eacute;l&eacute;graphique, en petits <span style="letter-spacing:.2pt">caract&egrave;res&hellip;&nbsp;&raquo;, qui vaut &agrave; son auteur une comparaison avec Fulgence Tapir, l&rsquo;historien ridicule de <i>L&rsquo;&Icirc;le des </i></span><i>pingouins</i> d&rsquo;Anatole France. Au passage, <span style="letter-spacing:.2pt">Febvre se fait un plaisir de r&eacute;v&eacute;ler que Boissonnade n&rsquo;a pas lu nombre des ouvrages </span><span style="letter-spacing:.1pt">&eacute;voqu&eacute;s puisqu&rsquo;il pr&ecirc;te, sans complexe, un ouvrage sur les Pyr&eacute;n&eacute;es &agrave; Jules Sion, &laquo;&nbsp;livre invent&eacute; de toutes pi&egrave;ces&nbsp;&raquo;. En l&rsquo;occurrence, on glisse de l&rsquo;erreur &agrave; l&rsquo;imposture. Nous ne nous y sommes pas arr&ecirc;t&eacute;s mais le compte rendu du livre de Jassemin pointe aussi sur les erreurs de &laquo;&nbsp;fabrication&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref27"></a><a href="#_ftn27"><sup><span style="color:black">[27]</span></sup></a>. Compte tenu de la s&eacute;v&eacute;rit&eacute; de l&rsquo;attaque contre le livre de Prosper Boissonnade et celui de Henri Jassemin, on ne saurait exclure que ces reproches techniques servent de caution aupr&egrave;s d&rsquo;un lectorat convaincu des anciennes vertus de l&rsquo;&eacute;rudition. Cependant, il ne faut pas oublier que G&eacute;rard Noiriel soulignait d&eacute;j&agrave; dans le premier num&eacute;ro de <i>Gen&egrave;ses</i> les vertus bien plus &laquo;&nbsp;m&eacute;thodiques&nbsp;&raquo; de la th&egrave;se de Lucien Febvre en comparaison de celles de Charles Seignobos<a name="_ftnref28"></a><a href="#_ftn28"><sup><span style="color:black">[28]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">&Agrave; c&ocirc;t&eacute; des erreurs &laquo;&nbsp;mat&eacute;rielles&nbsp;&raquo; de fabrication, Lucien Febvre d&eacute;busque une deuxi&egrave;me forme d&rsquo;erreur&nbsp;dans la conception m&ecirc;me du cadre temporel qui circonscrit l&rsquo;&eacute;tude&nbsp;: &laquo;&nbsp;Un livre enfin dont la mati&egrave;re &eacute;conomique, toujours &agrave; la </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Levasseur, se voit distribuer sans h&eacute;sitation dans des cadres purement politiques&nbsp;: 1453-1589&nbsp;; 1589-1661&nbsp;&raquo;. L&rsquo;er<span style="letter-spacing:-.2pt">reur qui consiste &agrave; r&eacute;duire la logique des ph&eacute;nom&egrave;nes &eacute;conomiques au cadre politique renvoie directement &agrave; la critique s&eacute;minale que Fran&ccedil;ois Simiand formulait dans la pol&eacute;mique d&eacute;clench&eacute;e en 1903<a name="_ftnref29"></a><a href="#_ftn29"><sup><span style="color:black">[29]</span></sup></a> dans la <i>Revue de synth&egrave;se historique</i>&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;Cependant l&rsquo;&oelig;uvre historique proprement dite s&rsquo;est depuis longtemps piqu&eacute;e de grouper les ph&eacute;nom&egrave;nes humains autrement que selon les r&eacute;volutions du soleil. Ce n&rsquo;est pas &agrave; dire <span style="letter-spacing:.2pt">que le groupement classique, trop souvent</span> encore pratiqu&eacute; par elle, soit beaucoup plus conforme aux besoins d&rsquo;un agencement rationnel et corresponde beaucoup mieux &agrave; la nature des ph&eacute;nom&egrave;nes &eacute;tudi&eacute;s. La pr&eacute;dominance, longtemps absolue, de l&rsquo;histoire politique et dans celle-ci de l&rsquo;histoire des princes a produit ce d&eacute;coupage par r&egrave;gnes qui est transport&eacute; et maintenu dans les domaines o&ugrave; il est tout &agrave; fait factice. L&rsquo;&oelig;uvre consid&eacute;rable de M.&nbsp;Levasseur sur l&rsquo;histoire des classes ouvri&egrave;res et de l&rsquo;industrie, par exemple, est construite essentiellement sur ce cadre politique [&hellip;] Mais est-il besoin de montrer combien ce cadre est mal adapt&eacute; &agrave; la plupart des ph&eacute;nom&egrave;nes sociaux, dont l&rsquo;&eacute;volution d&eacute;pend essentiellement de causes sp&eacute;cifiques tout autres que la mort ou l&rsquo;av&egrave;nement de tel ou tel monarque et m&ecirc;me que l&rsquo;apparition ou la disparition de telle ou telle forme de gouvernement, de tel ou tel r&eacute;gime politique&nbsp;?&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref30"></a><a href="#_ftn30"><sup><span style="color:black">[30]</span></sup></a></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Si l&rsquo;allusion commune &agrave; Levasseur et le fond de la critique montre &agrave; l&rsquo;envi la filiation de la critique de Febvre &agrave; l&rsquo;&eacute;gard du texte de Simiand, la ressemblance touche &agrave; la citation camoufl&eacute;e plus avant dans le compte rendu. En effet, Febvre reprend &agrave; l&rsquo;expression pr&egrave;s trait pour trait l&rsquo;un des arguments pol&eacute;miques de Fran&ccedil;ois Simiand en 1903. Febvre &eacute;crit&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;<i>deux parties s&eacute;par&eacute;es par le coup de poignard d&rsquo;un moine</i>&hellip; Comme s&rsquo;il y avait une &eacute;conomie valoisienne, cimentant de Fran&ccedil;ois I<sup>er</sup> &agrave; Henri III le bloc des souverains de m&ecirc;me race et distincte d&rsquo;une &eacute;conomie bourbonienne pratiqu&eacute;e successivement par Henri IV, Louis XIII et le jeune Louis XIV&hellip;&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref31"></a><a href="#_ftn31"><sup><span style="color:black">[31]</span></sup></a></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Le lecteur reconna&icirc;t l&agrave; une quasi citation de la note infrapaginale de Simiand&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">&laquo;&nbsp;J&rsquo;avais, dans mon expos&eacute; oral, cit&eacute; comme exemple le travail (d&rsquo;ailleurs si &eacute;rudit et si consid&eacute;rable) de M.&nbsp;Fagniez, <i>L&rsquo;&eacute;conomie sociale de la France sous Henri&nbsp;IV</i>, qui d&eacute;limite une &eacute;tude sur la vie &eacute;conomique de la soci&eacute;t&eacute; &ldquo;<i>par deux coups de poignard</i>&rdquo;.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref32"></a><a href="#_ftn32"><sup><span style="color:black">[32]</span></sup></a></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.15pt">La discr&eacute;tion de Febvre ne trompe sans doute aucun lecteur &eacute;clair&eacute; de l&rsquo;&eacute;poque. Ce second registre des erreurs de l&rsquo;historiographie a une dette &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de la sociologie. Autant la premi&egrave;re strate des erreurs renvoie &agrave; ce qu&rsquo;il y a de plus consensuel dans la tradition de l&rsquo;histoire savante de la fin du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, autant la seconde caution constitue un d&eacute;fi &agrave; la biens&eacute;ance historienne, est-ce pour cela que Febvre ne la proclame pas&nbsp;? Elle est pourtant profond&eacute;ment int&eacute;gr&eacute;e par la g&eacute;n&eacute;ration d&rsquo;historiens qui termine sa formation dans l&rsquo;ombre port&eacute;e du d&eacute;bat de 1903, comme le d&eacute;montre cette attaque ironique de Marc Bloch&nbsp;: &laquo;&nbsp;Une histoire religieuse du r&egrave;gne de Philippe-Auguste&nbsp;? [&hellip;] Pourquoi pas un &ldquo;journal de ce qui s&rsquo;est pass&eacute; dans mon laboratoire sous la pr&eacute;sidence de Jules Gr&eacute;vy&rdquo; par Louis Pasteur ?&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref33"></a><a href="#_ftn33"><sup><span style="color:black">[33]</span></sup></a></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Ce qui nous int&eacute;resse ici est d&rsquo;&eacute;tablir comment se structure la grille du chas</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">seur d&rsquo;erreurs historiographiques. <span style="letter-spacing:-.1pt">La premi&egrave;re strate consiste &agrave; d&eacute;noncer les fautes au regard des normes &eacute;ditoriales du m&eacute;tier tel qu&rsquo;il se constitue de la fondation de la <i>Revue critique d&rsquo;histoire et de litt&eacute;rature, </i>de Gaston Paris, en passant par la cr&eacute;ation de la IV<sup>e</sup> section de l&rsquo;EPHE, la fondation de la <i>Revue historique</i> et l&rsquo;organisation du cursus historique dans les facult&eacute;s de lettres jusqu&rsquo;&agrave; la cr&eacute;ation du Dipl&ocirc;me d&rsquo;&eacute;tudes sup&eacute;rieures &agrave; l&rsquo;initiative d&rsquo;Ernest Lavisse en 1895. </span>Le deuxi&egrave;me stade de l&rsquo;erreur historiographique serait donc &agrave; rechercher du c&ocirc;t&eacute; du culte d&eacute;volu aux trois idoles de la tribu des historiens, le politique, l&rsquo;individu et la chronologie. Enfin nous en venons au troisi&egrave;me type d&rsquo;erreurs d&eacute;nonc&eacute;s par Lucien Febvre, en l&rsquo;occurrence celui qui va faire figure de leitmotiv dans l&rsquo;&oelig;uvre critique de Febvre au cours de l&rsquo;entre-deux-guerres&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;Tout cela, un peu d&eacute;fra&icirc;chi, un peu vieillot d&rsquo;apparence. Le socialisme d&rsquo;&Eacute;tat est venu &agrave; point pour donner &agrave; l&rsquo;ensemble un petit air gaillard. Sur la perruque de Louis XIV, c&rsquo;est un canotier d&eacute;mocratique, &agrave; la fa&ccedil;on de 1928.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">P.&nbsp;Boissonnade se r&eacute;crie&nbsp;? Mais quand, dans une demi-page d&rsquo;une involontaire et irr&eacute;sistible dr&ocirc;lerie, il nous expose (p.&nbsp;15) ce qu&rsquo;il faut bien appeler le programme &eacute;conomique et gouvernemental des Valois [&hellip;], j</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">e dis que mettre dans la bouche de Charlemagne une pipe en &eacute;cume, ou dans le portefeuille de Saint Louis &agrave; Damiette une photographie de Blanche de Castille, c&rsquo;est se montrer beaucoup plus respectueux des convenances historiques que ne le fait ici notre auteur [&hellip;]</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Faut-il encore le dire, et le redire&nbsp;? Rendre intelligible le pass&eacute;, ce n&rsquo;est pas le travestir h&acirc;tivement &agrave; la moderne, en mettant dans la bouche collective et complaisante des Valois des clich&eacute;s de d&eacute;put&eacute; d&rsquo;arrondissement. Et appeler &ldquo;demi-kilo&rdquo; une livre de 1530&nbsp;; &ldquo;usine&rdquo;, une forge &agrave; bois du m&ecirc;me temps&nbsp;; qualifier (p.&nbsp;200) de &ldquo;ce haut fonctionnaire&rdquo; un surintendant g&eacute;n&eacute;ral des postes d&rsquo;Henri IV, ou nous apprendre qu&rsquo;au d&eacute;but du XVII<sup>e</sup></span></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">si&egrave;cle &ldquo;les hauts fonctionnaires jouissaient de la franchise postale&rdquo; [&hellip;] voil&agrave; qui est exactement faire le contraire de ce que, pour ma part, je consid&egrave;re comme le devoir essentiel et l&rsquo;objet propre de l&rsquo;historien. Je veux dire&nbsp;: entrer, au prix de quel effort, dans l&rsquo;intimit&eacute; des hommes d&rsquo;autrefois&nbsp;; essayer de reconstituer dans toute sa coh&eacute;rence, &agrave; force de savoir, mais aussi d&rsquo;intelligence sympathique, leurs syst&egrave;mes de croyances, leurs fa&ccedil;ons si &eacute;loign&eacute;es des n&ocirc;tres de concevoir l&rsquo;ensemble des choses et le d&eacute;tail [&hellip;].&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref34"></a><a href="#_ftn34"><sup><span style="color:black">[34]</span></sup></a></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Notre derni&egrave;re &eacute;tude de cas corrobore cette vision des stades de l&rsquo;erreur selon Lucien Febvre. Si Mademoiselle B&eacute;zard &eacute;chappe en apparence aux critiques<a name="_ftnref35"></a><a href="#_ftn35"><sup><span style="color:black">[35]</span></sup></a> sur la m&eacute;diocre ma&icirc;trise des formes techniques de l&rsquo;&eacute;rudition, elle tombe sous le feu roulant des critiques sur son absence de m&eacute;thode statistique. Certes, il s&rsquo;agit de regretter l&rsquo;absence de formation dans des domaines que la g&eacute;n&eacute;ration de Charles Seignobos n&eacute;gligeait, la statistique, mais sur le fond la critique se place sur le m&ecirc;me plan pour constater que l&rsquo;assistance aux cours de Simiand ou &agrave; ceux d&rsquo;Aftalion en facult&eacute; de droit manquent cruellement &agrave; l&rsquo;auteur<a name="_ftnref36"></a><a href="#_ftn36"><sup><span style="color:black">[36]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Ce constat se conjugue avec des remarques sur le mode de d&eacute;limitation du &laquo;&nbsp;champ d&rsquo;action&nbsp;&raquo;&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;Mademoiselle Bezard a pris, sans plus, le cadre d&rsquo;un archidiacon&eacute;, excellent sans doute pour une &eacute;tude d&rsquo;histoire eccl&eacute;siastique&nbsp;: mais ce n&rsquo;&eacute;tait pas d&rsquo;histoire eccl&eacute;siastique qu&rsquo;elle pr&eacute;tendait nous entretenir [&hellip;]. Comme le g&eacute;ographe sa r&eacute;gion g&eacute;ographique ou l&rsquo;historien d&rsquo;un groupement politique sa r&eacute;gion nationale, l&rsquo;historien des campagnes doit se faire &agrave; lui-m&ecirc;me, consciemment et rationnellement, sa r&eacute;gion rurale.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref37"></a><a href="#_ftn37"><sup><span style="color:black">[37]</span></sup></a></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">Sous une forme l&eacute;g&egrave;rement diff&eacute;rente, la remarque fait &eacute;cho &agrave; l&rsquo;inanit&eacute; des deux coups de poignard pour d&eacute;limiter une &eacute;tude d&rsquo;histoire &eacute;conomique. En fin de compte, la remarque renvoie au principe de Simiand selon lequel les ph&eacute;nom&egrave;nes s&rsquo;expliquent et s&rsquo;engendrent</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> dans la s&eacute;rie des ph&eacute;nom&egrave;nes semblables.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Enfin, si le livre re&ccedil;oit quelques compliments dans les premi&egrave;res pages de sa critique, la chute est impitoyable&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;Encore une fois elle a fait ce qu&rsquo;elle a pu. Mais elle a &eacute;t&eacute;, comme bien d&rsquo;autres, victime de deux erreurs, qu&rsquo;il ne faut point se lasser de d&eacute;noncer tr&egrave;s haut. L&rsquo;une est, si l&rsquo;on veut, d&rsquo;ordre psychologique. C&rsquo;est la vieille illusion de l&rsquo;identit&eacute; &agrave; travers les si&egrave;cles des choses que d&eacute;signent les m&ecirc;mes mots&nbsp;: <i>Eadem sunt omnia semper</i>. Ce propos d&rsquo;un tr&egrave;s vieil agr&eacute;g&eacute; de philosophie est, dans la bouche d&rsquo;un agr&eacute;g&eacute; d&rsquo;histoire, une monstruosit&eacute;. L&rsquo;histoire doit partir de l&rsquo;hypoth&egrave;se que les choses ne sont jamais les m&ecirc;mes. Que les arpents de 1789 ne sont pas ceux de 1489&nbsp;; qu&rsquo;entre le pourpoint taillad&eacute; d&rsquo;un &eacute;l&eacute;gant de 1520 et un pantalon de confection &eacute;valu&eacute; &agrave; 25&nbsp;francs par Mlle&nbsp;B&eacute;zard, en francs, d&rsquo;avant-guerre, il n&rsquo;y a pas de comparaison possible&nbsp;; qu&rsquo;entre la b&ecirc;te &eacute;tique, poussant &agrave; l&rsquo;aventure, produisant p&eacute;niblement d&rsquo;infimes quantit&eacute;s d&rsquo;un lait assez maigre et les puissantes fabriques vivantes de lait et de viande dont s&rsquo;enorgueillissent nos concours agricoles, il y a de commun un nom, mais recouvrant des r&eacute;alit&eacute;s parfaitement distinctes. <i>Qu&rsquo;il s&rsquo;agisse de prix, de chevaux, de sentiments ou d&rsquo;id&eacute;es, non&nbsp;: &agrave; quatre cents ans de distance, dans des soci&eacute;t&eacute;s comme les n&ocirc;tres, les choses que d&eacute;signent les m&ecirc;mes mots ne sont jamais les m&ecirc;mes. Et pour pouvoir, pour oser les comparer, il faut d&rsquo;abord les conna&icirc;tre et les &eacute;valuer en elles-m&ecirc;mes si l&rsquo;on peut.&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref38"></a><a href="#_ftn38"><sup><span style="color:black">[38]</span></sup></a></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">De l&rsquo;inventaire des erreurs &agrave; la conception de l&rsquo;&eacute;criture de l&rsquo;histoire</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">L&rsquo;anachronisme sous ses formes mat&eacute;rielles, s&eacute;mantiques ou mentales demeure l&rsquo;erreur majeure de compte rendu en compte rendu. Ainsi Lucien Febvre d&eacute;voile un panorama des erreurs &agrave; &eacute;viter qui concilie trois &eacute;tapes de d&eacute;veloppement de la discipline historique. D&rsquo;abord vient la phase d&rsquo;&eacute;laboration des d&eacute;marches, des proc&eacute;dures, des savoir-faire &laquo;&nbsp;m&eacute;thodiques&nbsp;&raquo;, puis la reprise &agrave; son compte de la critique sociologique de l&rsquo;histoire et, enfin, la part sp&eacute;cifique de la grille d&rsquo;analyse febvrienne, qui d&eacute;cline l&rsquo;anachronisme sous toutes ses formes comme la premi&egrave;re entrave &agrave; l&rsquo;historicit&eacute;. Cette superposition des trois niveaux de la critique ne va pas sans poser de probl&egrave;me puisqu&rsquo;elle fait cohabiter l&rsquo;orthodoxie de la m&eacute;thode selon Seignobos avec les assauts de Simiand. Mieux ou pire, les deux principes de critique qui commandent les deux derniers r&eacute;gimes de critique reposent sur des postulats &eacute;pist&eacute;mologiques en apparence inconciliables. L&rsquo;interd&eacute;pendance de tous les &eacute;l&eacute;ments d&rsquo;une &eacute;poque au c&oelig;ur de la notion d&rsquo;anachronisme mental s&rsquo;inscrit &agrave; rebours des postulats de Simiand qui analyse ensemble les seuls ph&eacute;nom&egrave;nes de m&ecirc;me nature dans une perspective comparatiste.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">Confront&eacute; &agrave; cette double exigence contradictoire, Lucien Febvre r&eacute;v&egrave;le par sa lecture des &laquo;&nbsp;erreurs historiographiques&nbsp;&raquo; &agrave; quel point il travaillait &agrave; l&rsquo;articulation de deux d&eacute;marches qui ne cessaient de s&rsquo;affronter depuis le d&eacute;bat de 1903&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;Nous, les th&eacute;oriciens du <i>Zusammenhang</i>, de cette interd&eacute;pendance des faits de tous les ordres que nous invoquions si haut, et non sans raison, aux temps h&eacute;ro&iuml;ques des controverses entre historiens et sociologues.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref39"></a><a href="#_ftn39"><sup><span style="color:black">[39]</span></sup></a></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Febvre s&rsquo;inscrit ainsi dans la lign&eacute;e directe des arguments de Henri Hauser lorsque celui-ci, pour r&eacute;duire &agrave; n&eacute;ant la d&eacute;marche sociologique, &eacute;crivait&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;Conqu&ecirc;te du monde, arriv&eacute;e au pouvoir des <i>Homines novi</i>, modification apport&eacute;e &agrave; la propri&eacute;t&eacute; quiritaire et &agrave; la <i>patria potestas</i>, formation d&rsquo;une pl&egrave;be urbaine&hellip; tous ces faits s&rsquo;expliquent les uns par les autres beaucoup plus que l&rsquo;&eacute;volution de la famille romaine ne s&rsquo;explique par celle de la famille juive, chinoise ou azt&egrave;que.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref40"></a><a href="#_ftn40"><sup><span style="color:black">[40]</span></sup></a></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Et, n&eacute;anmoins, les remarques de Febvre sur le d&eacute;coupage des objets d&rsquo;&eacute;tude s&rsquo;inscrivent dans la lign&eacute;e de la mordante r&eacute;ponse de Fran&ccedil;ois Simiand &agrave; Henri Hauser<a name="_ftnref41"></a><a href="#_ftn41"><sup><span style="color:black">[41]</span></sup></a>. </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Ainsi, l&rsquo;inventaire des erreurs historiographiques selon Lucien </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Febvre d&eacute;voile la nature de sa tentative historiographique&nbsp;: une synth&egrave;se ou un pont &eacute;cartel&eacute; entre l&rsquo;histoire selon Michelet<a name="_ftnref42"></a><a href="#_ftn42"><sup><span style="color:black">[42]</span></sup></a> et la science sociale selon D</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">urkheim&nbsp;! Derri&egrave;re l&rsquo;ironie mordante des comptes rendus se cache peut-&ecirc;tre le projet d&rsquo;un syncr&eacute;tisme &eacute;pist&eacute;mologique.</span></span></span></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <div> <hr align="left" size="1" width="33%" /></div> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn1"></a><a href="#_ftnref1"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[1]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Lucien Febvre, &laquo; Psychologie et histoire &raquo;, <i>Encyclop&eacute;die fran&ccedil;aise, </i>t. 8 : <i>La Vie mentale,</i> Paris, Soci&eacute;t&eacute; de gestion de l&rsquo;EF, 1938, fasc. 12, pp. 3-7, repris dans <i>Combats pour l&rsquo;histoire,</i> cit&eacute; d&rsquo;apr&egrave;s Brigitte Mazon (&eacute;d.) <i>Lucien Febvre, vivre l&rsquo;histoire, </i>Paris, Laffont/Colin, p. 189.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn2"></a><a href="#_ftnref2"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[2]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Michel de Certeau, <i>L&rsquo;&Eacute;criture de l&rsquo;histoire, </i>Paris, Gallimard, 1975.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn3"></a><a href="#_ftnref3"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[3]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> John Searle, <i>La Construction de la r&eacute;alit&eacute; sociale, </i>Paris, Gallimard, 1998 (&eacute;d. originale : 1995). Voir en particulier les chapitres VI, VII, VIII.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn4"></a><a href="#_ftnref4"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[4]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Saul Friedlander (&eacute;d.), </span></span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Probing the Limits of Representation. Nazism and the &laquo; Final Solution &raquo;, </span></span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Cambridge, Harvard University Press, 1992.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn5"></a><a href="#_ftnref5"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[5]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Paul Ric&oelig;ur, &laquo; Histoire et rh&eacute;torique &raquo;, <i>Diog&egrave;ne,</i> n&deg; 168, 1994, pp. 9-26.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn6"></a><a href="#_ftnref6"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[6]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Jacques Ranci&egrave;re, &laquo;&nbsp;Le concept d&rsquo;anachronisme et la v&eacute;rit&eacute; de l&rsquo;historien&nbsp;&raquo;, <i>L&rsquo;Inactuel,</i> n&deg;&nbsp;6, Calmann-L&eacute;vy, 1996, pp. 53-68.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn7"></a><a href="#_ftnref7"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[7]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Lorenzo Valla (trad. Jean-Baptiste Giard, pr&eacute;f. Carlo Ginzburg), <i>Sur la donation de Constantin, &agrave; lui faussement attribu&eacute;e et mensong&egrave;re.</i> Paris, Les Belles Lettres, 1993.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn8"></a><a href="#_ftnref8"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[8]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Carlo Ginzburg, <i>Le Fromage et les vers. L&rsquo;univers d&rsquo;un meunier du XVI<sup>e</sup> si&egrave;cle,</i> Paris, Flammarion, 1980 (&eacute;d. originale italienne 1976), p. 19.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn9"></a><a href="#_ftnref9"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[9]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Les italiques sont de notre cru.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn10"></a><a href="#_ftnref10"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[10]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Carlo Ginzburg, </span></span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">op. cit.,</span></span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> p. 19.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn11"></a><a href="#_ftnref11"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[11]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Jacques Ranci&egrave;re, art. cit., p. 67.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn12"></a><a href="#_ftnref12"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[12]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Comme exemple l&rsquo;article de Sylvain Piron, &laquo; Sur une falsification historiographique &raquo;, <i>Revue de synth&egrave;se, </i>t.&nbsp;129, 6<sup>e</sup> s&eacute;rie, n&deg; 4, 2008, pp. 617-623.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn13"></a><a href="#_ftnref13"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[13]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Michel Foucault, <i>L&rsquo;Ordre du discours, </i>Paris, Gallimard, 1970.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn14"></a><a href="#_ftnref14"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[14]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Bertrand M&uuml;ller, <i>Lucien Febvre, lecteur et critique, </i>Paris, Albin Michel, 2003. L&rsquo;auteur dresse une synth&egrave;se tr&egrave;s efficace sur l&rsquo;histoire du compte rendu savant, <i>op. cit.,</i> pp. 25-40.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn15"></a><a href="#_ftnref15"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[15]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Lucien Febvre, &laquo; Entre histoire &agrave; th&egrave;se et l&rsquo;histoire manuel : deux esquisses r&eacute;centes de l&rsquo;histoire de France : M. Benda, M. Seignobos &raquo;, <i>Revue de synth&egrave;se,</i> n&deg; 5, 1933, pp. 205-236, r&eacute;&eacute;dit&eacute; dans <i>Combats pour l&rsquo;histoire, </i>repris dans Brigitte Mazon (&eacute;d.) <i>Lucien Febvre, vivre l&rsquo;histoire&hellip;, op. cit, </i>pp. 71-88, sous le titre : &laquo; Ni histoire &agrave; th&egrave;se, ni histoire manuel. Entre Benda et Seignobos &raquo;. Comme l&rsquo;indique Bertrand M&uuml;ller (Bertrand M&uuml;ller (&eacute;d.), <i>Marc Bloch-Lucien Febvre. Correspondance. I. La naissance des Annales ? 1928-1933,</i> Paris, A.&nbsp;Colin, 1994, p.&nbsp;406) sans doute le plus connu des comptes rendus de Lucien Febvre.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Lucien Febvre, &laquo; Une histoire politique de la Russie moderne &raquo;, <i>Revue de synth&egrave;se,</i> n&deg; 7, 1934, pp. 29-36 [compte rendu de P. Milioukov, Ch. Seignobos, L. Eisenmann, <i>Histoire de la Russie, </i>1932], r&eacute;&eacute;dit&eacute; dans <i>Combats pour l&rsquo;histoire, </i>repris dans Brigitte Mazon (&eacute;d.) <i>Lucien Febvre, vivre l&rsquo;histoire...,</i> &laquo; Une histoire de la Russie moderne, politique d&rsquo;abord ? &raquo;, Paris, Laffont/Colin, pp. 63- 67.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn16"></a><a href="#_ftnref16"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[16]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Olivier Dumoulin, &laquo; Comment on inventa les positivistes &raquo;, in <i>L&rsquo;Histoire entre &eacute;pist&eacute;mologie et demande sociale,</i> Instituts universitaires de formation des ma&icirc;tres de Cr&eacute;teil, Toulouse, Versailles, 1994, pp. 79-103.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn17"></a><a href="#_ftnref17"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[17]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Tous les deux publi&eacute;s en 1962 dans <i>Pour une histoire &agrave; part enti&egrave;re,</i> alors que Lucien Febvre est d&eacute;c&eacute;d&eacute; le 23 ao&ucirc;t 1956 dans sa maison du Souget. Cependant, le volume fut &eacute;dit&eacute; en suivant les choix et les regroupements d&eacute;j&agrave; effectu&eacute;s par Lucien Febvre &agrave; des fins de publication.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn18"></a><a href="#_ftnref18"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[18]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Lucien Febvre, &laquo;&nbsp;Comptabilit&eacute; et chambre des comptes&nbsp;&raquo;, <i>Annales d&rsquo;histoire &eacute;conomique et sociale,</i> n&deg;&nbsp;26, 1934, pp. 148-153.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn19"></a><a href="#_ftnref19"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[19]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.15pt">&Eacute;tienne Anheim, &laquo; L&rsquo;historiographie est-elle une forme d&rsquo;histoire intellectuelle ? La controverse de 1934 entre Lucien Febvre et Henri Jassemin &raquo;, <i>Revue d&rsquo;histoire moderne et contemporaine, </i>2012/5 - n&deg; 59-4 bis, pp. 105-130.</span></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn20"></a><a href="#_ftnref20"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[20]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Henri Jassemin, chartiste, conservateur &agrave; la Biblioth&egrave;que nationale, pr&eacute;tend alors au prix Gobert</span></span></span><br /> <span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">de l&rsquo;Acad&eacute;mie des inscriptions et belles lettres.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn21"></a><a href="#_ftnref21"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[21]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> &Eacute;tienne Anheim, <i>art. cit.</i></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn22"></a><a href="#_ftnref22"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[22]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Lucien Febvre,<i> ibid., </i>p. 153 : &laquo; Je ne dis pas cela n&rsquo;est pas de l&rsquo;histoire. Ou alors, si l&rsquo;histoire, c&rsquo;est cela, que la collectivit&eacute; cesse imm&eacute;diatement d&rsquo;encourager, et de soutenir, une &rdquo;activit&eacute;&rdquo; aussi totalement inutile ! &ndash; Je dis, je r&eacute;p&egrave;te : jusqu&rsquo;&agrave; quand durera ce gaspillage de forces et d&rsquo;intelligences ? Jusqu&rsquo;&agrave; quand, la m&eacute;diocrit&eacute; intellectuelle de ces travaux anecdotiques ? Il ne s&rsquo;agit pas de Mr X ou de Mr Y, auteur d&rsquo;un travail savant et &eacute;rudit sur le Parlement de Myrelingois entre1433 et 1467, ou sur tout ce que vous voudrez de cette sorte. Il n&rsquo;est l&agrave; qu&rsquo;&agrave; titre d&rsquo;exemple. &Agrave; titre de victime aussi. Car il fait ce qu&rsquo;on lui a appris &agrave; faire, h&eacute;las ! Je veux dire : entre son bon sens naturel et sa besogne d&rsquo;&eacute;rudit, entre son labeur professionnel et la vie, il dresse une belle cloison, bien &eacute;tanche. Et ainsi prot&eacute;g&eacute;, il tourne paisiblement ses ronds de serviette historiques. &raquo;</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn23"></a><a href="#_ftnref23"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[23]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Lucien Febvre,<i> ibid., </i>p. 152 : &laquo; Mais de vivant que sait-on de l&rsquo;histoire sociale de la chambre au XV<sup>e</sup> si&egrave;cle&nbsp;? Exactement rien. D&rsquo;o&ugrave; venaient ces gens ? De quel milieu ? Quelles relations entretenaient-ils avec la &laquo;&nbsp;marchandise &raquo; ? D&rsquo;o&ugrave; tiraient-ils leur fortune, et quelle &eacute;tait-elle ? O&ugrave; prenaient-ils femme ? Qu&rsquo;&eacute;taient leurs alliances ? Rien. Exactement rien. Ce n&rsquo;est pas beaucoup. &raquo;</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn24"></a><a href="#_ftnref24"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[24]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.25pt">Lucien Febvre, <i>ibid.,</i> p. 148 : &laquo; Vous n&rsquo;&ecirc;tes pas historien. Et voil&agrave; que vous tombez sur un lot de documents qui repr&eacute;sentent le legs historique, le testament d&rsquo;archives d&rsquo;une grande chambre des comptes du XV<sup>e</sup> si&egrave;cle&nbsp;: la chambre des comptes de Paris&hellip; Plein de curiosit&eacute;s et de curiosit&eacute;s [&hellip;], que dites-vous, en vous frottant les mains&nbsp;? D&rsquo;abord ceci, j&rsquo;imagine, ou &agrave; peu pr&egrave;s ceci : &ldquo;Bonne aubaine&nbsp;! Je vais donc savoir comment on comptait au XV<sup>e</sup> si&egrave;cle&rdquo;.&nbsp;&raquo;</span></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn25"></a><a href="#_ftnref25"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[25]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.05pt">Lucien Febvre, &laquo; Un champ d&rsquo;&eacute;tudes privil&eacute;gi&eacute;e : l&rsquo;Am&eacute;rique du Sud &raquo;, <i>Annales d&rsquo;histoire &eacute;conomique et sociale, </i>1929, t. 1, n&deg; 2, pp. 258-278, cit p. 263/4 (Compte rendu de M. Langlois, <i>L&rsquo;Am&eacute;rique pr&eacute;-colombienne et la conqu&ecirc;te europ&eacute;enne, </i>Paris, de Boccard, 1928) : &laquo; Tout cela, anachronisme et travestissement. Le mot de socialisme n&rsquo;est pas un de ces mots indiff&eacute;rents qu&rsquo;on puisse projeter &agrave; vingt si&egrave;cles de distance, &agrave; des milliers de lieues d&rsquo;&eacute;cart, d&rsquo;un continent &agrave; l&rsquo;autre ou de l&rsquo;&acirc;ge des usines &agrave; celui de la pierre polie &ndash; disons m&ecirc;me, si l&rsquo;on veut, de la hache de cuivre. Si le lot date d&rsquo;hier, c&rsquo;est qu&rsquo;il est li&eacute; &agrave; une s&eacute;rie de faits qui sont d&rsquo;hier, eux aussi, et notamment &agrave; l&rsquo;opposition, dans une soci&eacute;t&eacute; o&ugrave; se d&eacute;veloppe prosp&egrave;re un machinisme puissant et une grande industrie tyrannique, d&rsquo;un capitalisme ma&icirc;tre des instruments de travail et d&rsquo;un prol&eacute;tariat n&rsquo;ayant pour toute dotation que sa force de travail&hellip; J&rsquo;ai un peu peur que, par un &eacute;change trop g&eacute;n&eacute;reux de bons proc&eacute;d&eacute;s, il n&rsquo;ait souvent fait endosser &agrave; ses Incas une belle redingote d&rsquo;&eacute;conomie &agrave; la L&eacute;on Say&hellip; &raquo;</span></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn26"></a><a href="#_ftnref26"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[26]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Bertrand M&uuml;ller, <i>op. cit.,</i> p. 339.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn27"></a><a href="#_ftnref27"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[27]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Lucien Febvre, &laquo;&nbsp;Comptabilit&eacute; et chambre des comptes&nbsp;&raquo;, <i>art. cit., </i>p. 150 : &laquo; Oui, de ce livre sort un parfum de vertus formelles et traditionnelles &raquo;, poursuivi, dans la note 1 : &laquo; Cependant, j&rsquo;ai des r&eacute;serves &agrave; faire sur la bibliographie. Non seulement pour les raisons indiqu&eacute;es ci-dessous ; non seulement parce qu&rsquo;elle n&rsquo;est qu&rsquo;une liste, sans indication critique ; mais parce que le signalement des livres est nettement insuffisant [&hellip;] Travail d&rsquo;historien, travail d&rsquo;entraide. Je demande le nom de l&rsquo;&eacute;diteur, celui du publicateur, le nombre</span></span></span><br /> <span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">de volumes et la grosseur de ces volumes [&hellip;] Il n&rsquo;y a pas contradiction entre ces demandes en petits caract&egrave;res et ce que j&rsquo;&eacute;cris dans mon texte. Pr&eacute;cision, exactitude, vertus cardinales de l&rsquo;historien [...]. D&rsquo;accord, ayons-en le go&ucirc;t et le culte. Mais qu&rsquo;elles servent l&rsquo;intelligence, et non la manie &eacute;rudite. L&rsquo;effort pour comprendre et faire comprendre et non pas, simplement collectionner de menus faits. &raquo;</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn28"></a><a href="#_ftnref28"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[28]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> G&eacute;rard Noiriel, &laquo; Naissance du m&eacute;tier d&rsquo;historien &raquo;, <i>Gen&egrave;ses,</i> n&deg;&nbsp;1, 1990, pp. 58-85 : &laquo; La th&egrave;se</span></span></span><br /> <span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">de Seignobos a, paradoxalement, une allure moins &ldquo;positiviste&rdquo; que celle de Febvre. Soutenue au d&eacute;but</span></span></span><br /> <span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">des ann&eacute;es 1880, elle refl&egrave;te une &eacute;poque o&ugrave; les normes de la m&eacute;thode critique ne sont pas encore fix&eacute;es.</span></span></span><br /> <span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Les r&eacute;f&eacute;rences sont approximatives, la bibliographie indigente&hellip; &raquo; Note 43, p. 76</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn29"></a><a href="#_ftnref29"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[29]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Bertrand M&uuml;ller fait une pr&eacute;sentation synth&eacute;tique et offre une riche bibliographie sur ce c&eacute;l&egrave;bre d&eacute;bat de 1903 qui occupe, au moins jusqu&rsquo;en 1908, le devant de la sc&egrave;ne universitaire des sciences humaines, <i>op. cit.</i></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn30"></a><a href="#_ftnref30"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[30]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.05pt">Fran&ccedil;ois Simiand, &laquo; M&eacute;thode historique et science sociale. &Eacute;tude critique d&rsquo;apr&egrave;s les ouvrages r&eacute;cents de</span></span></span></span><br /> <span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.05pt">M. Lacombe et de M. Seignobos. Deuxi&egrave;me partie &raquo;, <i>Revue de synth&egrave;se historique,</i> t. 6, n&deg; 17, 1903, pp. 129-157, cit., p. 133.</span></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn31"></a><a href="#_ftnref31"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[31]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Lucien Febvre, </span></span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">art. cit., </span></span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">p. 521.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn32"></a><a href="#_ftnref32"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[32]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Fran&ccedil;ois Simiand, <i>art. cit.,</i> p. 133. L&rsquo;expression est mise en italiques par nos soins. Sur un plan &eacute;pist&eacute;mologique, la conception de la causalit&eacute; organis&eacute;e sur le mod&egrave;le d&rsquo;une compr&eacute;hension m&eacute;caniste des lois en sciences de la nature est largement remise en cause aujourd&rsquo;hui, mais l&agrave; n&rsquo;est pas notre propos.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn33"></a><a href="#_ftnref33"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[33]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Marc Bloch, <i>Apologie pour l&rsquo;histoire, ou m&eacute;tier d&rsquo;historien, </i>Paris, A. Colin, 1974 (7<sup>e</sup> &eacute;d.), pp. 148-149.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn34"></a><a href="#_ftnref34"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[34]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.15pt">Lucien Febvre, &laquo; Un chapitre d&rsquo;histoire industrielle (compte rendu de P. Boissonnade, <i>Le Socialisme d&rsquo;&Eacute;tat. </i></span><i><span style="letter-spacing:-.2pt">L&rsquo;industrie et les classes industrielles en France, pendant les deux premiers si&egrave;cles de l&rsquo;&egrave;re moderne, 1453-1661,</span></i><span style="letter-spacing:-.2pt"> Paris, </span><span style="letter-spacing:-.25pt">Champion 1927), <i>Revue critique d&rsquo;histoire et de litt&eacute;rature, </i>1928, n&deg; 12, pp. 538-546, repris <i>Dans une histoire &agrave; part enti&egrave;re, </i></span><span style="letter-spacing:-.2pt">cit&eacute; d&rsquo;apr&egrave;s Brigitte Mazon (&eacute;d.), <i>Lucien Febvre, vivre l&rsquo;histoire..., </i>Paris, Laffont/Colin, pp.&nbsp;515-524, cit. pp.&nbsp;522-523.</span></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn35"></a><a href="#_ftnref35"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[35]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.3pt">Lucien</span> Febvre,&nbsp; &laquo; Y. B&eacute;zard, la vie rurale dans le sud de la r&eacute;gion parisienne, de 1450 &agrave; 1560&nbsp;&raquo;, Paris Didot, 1929, 382 pages, <i>Revue critique d&rsquo;histoire et de litt&eacute;rature,</i> t. 96, 1929, n&deg; 12, pp. 544-549, repris dans <i>Une histoire &agrave; part enti&egrave;re, </i>cit&eacute; d&rsquo;apr&egrave;s la r&eacute;&eacute;dition, Mazon B. (&eacute;d.), <i>op. cit.,</i> sous le titre &laquo; Une monographie d&rsquo;histoire agraire &raquo;, pp. 547-552 : &laquo; Tout ceci, excellent, donne de la vie et de l&rsquo;accent &raquo;, p. 547.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn36"></a><a href="#_ftnref36"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[36]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>Ibid., </i>p. 551 &laquo; &ndash; le r&egrave;gne de Fran&ccedil;ois I<sup>er</sup>&nbsp;? Eh ! quoi, entre 1515 et 1547, au point de vue des prix, il ne s&rsquo;est donc rien pass&eacute; ? et voil&agrave; escamot&eacute;e &ndash; &agrave; l&rsquo;aide d&rsquo;une moyenne, sur laquelle j&rsquo;aurais aim&eacute; que Mlle B&eacute;zard consult&acirc;t, disons tout simplement un &eacute;l&egrave;ve moyen de M. Aftalion ou un auditeur de M. Simiand : mais &agrave; combien de millions de lieues, pratiquement, l&rsquo;&Eacute;cole de droit et l&rsquo;&Eacute;cole des chartes ne continuent-elles point &agrave; se situer ? &ndash; voil&agrave; escamot&eacute;e, quoi ? Tout simplement, la fameuse &ldquo;r&eacute;volution des prix&rdquo; qui cependant fait couler tant d&rsquo;encre. &raquo;</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn37"></a><a href="#_ftnref37"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[37]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>Ibid.,</i> p. 549.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn38"></a><a href="#_ftnref38"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[38]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Lucien Febvre, &laquo; Y. B&eacute;zard, la vie rurale dans le sud de la r&eacute;gion parisienne&hellip; &raquo;, <i>art.cit., </i>p. 552. Les italiques sont de notre cru.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn39"></a><a href="#_ftnref39"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[39]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Lucien Febvre, &laquo; Une question mal pos&eacute;e, les origines de la r&eacute;forme et le probl&egrave;me des causes de la R&eacute;forme &raquo;, <i>Revue historique, n&deg;&nbsp;</i>54, t. 161, 1929, pp. 1-73, cit&eacute; par H.-D. Mann, <i>Lucien Febvre, la pens&eacute;e vivante d&rsquo;un historien,</i> Paris, A. Colin, 1971, p. 93.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn40"></a><a href="#_ftnref40"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[40]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Henri Hauser, <i>L&rsquo;Enseignement des sciences sociales&nbsp;: &eacute;tat actuel de cet enseignement dans les divers pays du monde, </i>Paris, A. Chevalier-Maresq, 1903, cit&eacute; par Fr. Simiand, <i>art. cit.,</i> p. 141.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn41"></a><a href="#_ftnref41"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[41]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Fran&ccedil;ois Simiand, <i>art. cit., </i>p. 141 : &laquo; [Henri Hauser] semble prendre plaisir &agrave; m&eacute;langer causes sociales propres, contingences, actions individuelles, il reste une affirmation gratuite que je pourrais aussi bien retourner (La famille romaine s&rsquo;explique beaucoup mieux par la famille juive [...] que par le <i>complexus</i> [...]) La famille romaine a &eacute;volu&eacute; tout autrement que la famille de type originaire analogue rencontr&eacute;e ailleurs, que cette &eacute;volution idiosyncrasique [&hellip;], comment ferait-il cette preuve sinon en recourant &agrave; la m&eacute;thode comparative, en distinguant la famille romaine de la famille grecque ou de tel autre type de famille par des caract&egrave;res bien diff&eacute;renci&eacute;s, en montrant que les causes suppos&eacute;es ont eu ailleurs, dans d&rsquo;autres soci&eacute;t&eacute;s, une influence analogue, ou qu&rsquo;en l&rsquo;absence de ces facteurs le ph&eacute;nom&egrave;ne consid&eacute;r&eacute; ne s&rsquo;est pas produit, enfin que, pour les contingences sp&eacute;ciales invoqu&eacute;es, les effets qui sont rattach&eacute;s &agrave; ces contingences ne se remarquent pas ailleurs. &raquo;</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn42"></a><a href="#_ftnref42"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[42]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Sans le mot, l&rsquo;id&eacute;e du <i>Zusammenhang</i> court dans toute l&rsquo;&oelig;uvre de Michelet, comme le montre cette citation de Febvre : &laquo; Michelet dans sa le&ccedil;on de 1934 : &ldquo;En histoire, disait-il &agrave; ses &eacute;l&egrave;ves, c&rsquo;est comme dans le roman de Sterne ; ce qui se faisait dans le salon se faisait dans la cuisine. Absolument comme deux montres sympathiques dont l&rsquo;une, &agrave; deux cents lieues, marque l&rsquo;heure tandis que l&rsquo;autre la sonne.&rdquo; Ce n&rsquo;est pas autre chose au Moyen &Acirc;ge. &raquo; Et il ajoutait cet exemple : &laquo;&nbsp; La philosophie d&rsquo;Ab&eacute;lard sonne la libert&eacute;, tandis que les Communes picardes la marquent &raquo;. Lucien Febvre, &laquo; Propos d&rsquo;initiation. Vivre l&rsquo;histoire &raquo;, <i>M&eacute;langes d&rsquo;histoire sociale, </i>t. 3, 1943, pp. 5-18, repris dans <i>Combats pour l&rsquo;histoire, </i>&laquo; Vivre l&rsquo;Histoire. propos d&rsquo;initiation &raquo;, cit&eacute; d&rsquo;apr&egrave;s Brigitte Mazon (&eacute;d.), <i>Lucien Febvre, vivre l&rsquo;histoire, </i>Paris, Laffont/Colin, pp. 21-35, cit. p. 28.</span></span></span></span></span></p> <p>&nbsp;</p>