<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">E<span style="letter-spacing:-.1pt">n 1968, dans sa th&egrave;se pionni&egrave;re, <i>Le Syst&egrave;me concentrationnaire nazi,</i> publi&eacute;e aux Presses universitaires de France, Olga Wormser-Migot (1912-2002) affirme, contrairement aux t&eacute;moins oculaires, qu&rsquo;il n&rsquo;y avait pas eu de chambres &agrave; gaz ni d&rsquo;assassinats par gazage dans les camps de Mauthausen et de Ravensbr&uuml;ck &ndash; et, par extension donc, pas de gazages dans les camps situ&eacute;s &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur des fronti&egrave;res de l&rsquo;ancien Reich. Dans une telle perspective, les chambres &agrave; gaz comme technique et les assassinats par gazage comme finalit&eacute; seraient exclusivement r&eacute;serv&eacute;s aux </span><span style="letter-spacing:-.3pt">Juifs et aux Tsiganes. Certes, cette erreur</span><span style="letter-spacing:-.1pt"> factuelle, bien qu&rsquo;elle soit de taille, n&rsquo;invalide nullement l&rsquo;ensemble de cette th&egrave;se de doctorat. Mais elle interroge le traitement des mat&eacute;riaux et des sources disponibles pour &eacute;crire cette histoire, &agrave; commencer par les t&eacute;moignages. Elle questionne l&rsquo;interpr&eacute;tation d&rsquo;ensemble de la criminalit&eacute; nazie dans ses multiples dimensions &ndash; notamment les rapports complexes entre le syst&egrave;me concentrationnaire et le syst&egrave;me g&eacute;nocidaire.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Les &eacute;tudes r&eacute;centes consacr&eacute;es &agrave; l&rsquo;historienne<a name="_ftnref1"></a><a href="#_ftn1" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[1]</span></sup></a> ont pos&eacute; ces questions et ont accord&eacute; une place majeure &agrave; la <span style="letter-spacing:-.1pt">pol&eacute;mique d&eacute;clench&eacute;e par l&rsquo;affirmation radicale de l&rsquo;historienne. Plus que la production de l&rsquo;erreur, sur laquelle nous avons expliqu&eacute; qu&rsquo;il &eacute;tait difficile de se prononcer<a name="_ftnref2"></a><a href="#_ftn2" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[2]</span></sup></b></a>, la r&eacute;ception de l&rsquo;affirmation d&rsquo;Olga Wormser-Migot est au centre de cet article. Sylvie Lindeperg</span> et Annette Wieviorka interpr&egrave;tent l&rsquo;assertion d&rsquo;Olga Wormser-Migot comme &eacute;tant au final b&eacute;n&eacute;fique pour la compr&eacute;hension des diff&eacute;rences entre le syst&egrave;me g&eacute;nocidaire et le syst&egrave;me concentrationnaire. La pol&eacute;mique n&eacute;e de la th&egrave;se serait, selon elles, venue d&rsquo;anciens d&eacute;port&eacute;s r&eacute;sistants &ndash; &agrave; commencer par Serge Choumoff &ndash; refusant cette diff&eacute;renciation, r&eacute;tifs &agrave; la critique de leurs propres t&eacute;moignages et, plus largement, s&rsquo;opposant au travail historique. Mais l&rsquo;analyse de la r&eacute;ception de l&rsquo;erreur d&rsquo;Olga Wormser-Migot, dans sa dur&eacute;e, de sa perception au lendemain de la soutenance de la th&egrave;se jusqu&rsquo;&agrave; aujourd&rsquo;hui, r&eacute;v&egrave;le un autre tableau riche d&rsquo;enseignements sur l&rsquo;historiographie des d&eacute;portations. Notre &eacute;tude met ainsi en lumi&egrave;re une caract&eacute;ristique essentielle de l&rsquo;histoire des erreurs historiographiques&nbsp;: leur perception &eacute;volue en fonction du contexte scientifique et politique, leur gravit&eacute; s&rsquo;en trouvant minor&eacute;e, ou, au contraire accentu&eacute;e. Par ailleurs, cette &eacute;tude de cas confirme que la production historique n&rsquo;est pas seulement re&ccedil;ue par les acteurs du champ scientifique de l&rsquo;histoire, mais qu&rsquo;elle est l&rsquo;objet d&rsquo;une r&eacute;ception &laquo;&nbsp;hors-champ&nbsp;&raquo;, en l&rsquo;occurrence de la part des milieux associatifs, et dans une moindre mesure, dans le champ m&eacute;diatique. Elle montre &eacute;galement que les d&eacute;bats et oppositions de point de vue ne se situent pas seulement entre ces sph&egrave;res, mais les traversent.</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Une erreur r&eacute;v&eacute;latrice du fonctionnement du champ scientifique dans les ann&eacute;es 1960-1970</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">&Eacute;tudier la r&eacute;ception d&rsquo;une erreur historiographique oblige &agrave; consid&eacute;rer l&rsquo;ensemble des acteurs du champ historique au sens large&nbsp;: historiens, journalistes, t&eacute;moins. Le contraste est ici saisissant entre ce que l&rsquo;on peut qualifier de &laquo;&nbsp;non-r&eacute;ception&nbsp;&raquo; par les premiers, et les d&eacute;bats qu&rsquo;entra&icirc;nent les modalit&eacute;s de r&eacute;ponse &agrave; l&rsquo;erreur parmi les seconds.</span></span></span></span></span></p> <h3 style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Une erreur anodine&nbsp;pour le milieu scientifique&nbsp;?</span></span></i></b></span></span></h3> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">La prise en compte de la r&eacute;ception scientifique de la th&egrave;se d&rsquo;Olga Wormser-Migot r&eacute;v&egrave;le deux ph&eacute;nom&egrave;nes majeurs&nbsp;: l&rsquo;&eacute;tanch&eacute;it&eacute; du milieu scientifique &agrave; la controverse&nbsp;; le caract&egrave;re secondaire dans les ann&eacute;es 1960-1970 du &laquo;&nbsp;probl&egrave;me des chambres &agrave; gaz&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Tous les comptes rendus &eacute;tudi&eacute;s sont post&eacute;rieurs &agrave; l&rsquo;ouverture de la pol&eacute;mique par l&rsquo;article de Serge Choumoff dans <i>Le Monde, </i>en juin&nbsp;1969, dont on verra qu&rsquo;il lance l&rsquo;affaire. Pourtant, leurs auteurs n&rsquo;&eacute;voquent pas la question, tels Jean-Marie d&rsquo;Hoop, qui propose une critique positive<a name="_ftnref3"></a><a href="#_ftn3" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[3]</span></sup></a>. Olga Wormser-Migot a le privil&egrave;ge rare de voir sa th&egrave;se criti</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">qu&eacute;e &agrave; d<span style="letter-spacing:-.1pt">eux reprises dans des <i>Annales&nbsp;ESC </i>alors au fa&icirc;te de leur prestige<i>. </i>La premi&egrave;re critique de Pierre Souyri estime que la th&egrave;se &laquo;&nbsp;apporte une information exceptionnellement serr&eacute;e&nbsp;&raquo;, mais l&rsquo;auteur n&rsquo;a pas compris la distinction entre g&eacute;nocide et syst&egrave;me concentrationnaire, suppos&eacute;ment au c&oelig;ur de l&rsquo;ouvrage&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">&laquo;&nbsp;Chaque progr&egrave;s de la conqu&ecirc;te hitl&eacute;rienne &eacute;tend aux nouveaux pays occup&eacute;s la l&eacute;gislation d&rsquo;exception allemande et s&rsquo;accompagne de la cr&eacute;ation de nouveaux camps dont certains, comme Mauthausen, Flossenburg et surtout le Struthof, Auschwitz et Majdaneck, appara&icirc;tront comme sp&eacute;cialis&eacute;s dans l&rsquo;extermination.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref4"></a><a href="#_ftn4" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[4]</span></sup></a></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Peut-&ecirc;tre cette confusion conduit-elle la revue &agrave; publier un second compte rendu, sign&eacute; par L&eacute;on Poliakov. Soulignant la &laquo;&nbsp;volont&eacute; d&rsquo;objectivit&eacute; historique&nbsp;&raquo; de l&rsquo;auteur, qui a &laquo;&nbsp;trouv&eacute; la voie moyenne, et le ton juste&nbsp;&raquo;, il rep&egrave;re bien l&rsquo;apport consistant &agrave; &laquo;&nbsp;disjoindre le g&eacute;nocide du syst&egrave;me concentrationnaire&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref5"></a><a href="#_ftn5" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[5]</span></sup></a>. Mais il ne rel&egrave;ve pas qu&rsquo;Olga Wormser-Migot met en cause l&rsquo;existence des chambres &agrave; gaz de Ravensbr&uuml;ck et de Mauthausen pour &eacute;tablir la distinction.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Au Comit&eacute; d&rsquo;histoire de la Deuxi&egrave;me Guerre mondiale, Julien Cain estime que, gr&acirc;ce &agrave; ce travail &laquo;&nbsp;magistral&nbsp;&raquo;, les historiens</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.3pt"> disposent d&rsquo;&laquo;&nbsp;un ouvrage complet sur le syst&egrave;me concentrationnaire [&hellip;]. L&rsquo;ampleur de la documentation mise en &oelig;uvre dans cet ouvrage est &agrave; la mesure de l&rsquo;&eacute;normit&eacute; de l&rsquo;histoire de la r&eacute;pression&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref6"></a><a href="#_ftn6" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[6]</span></sup></a>. Il n&rsquo;est pourtant pas charg&eacute; du compte rendu pour la revue du comit&eacute;, la <i>Revue d&rsquo;histoire de la Deuxi&egrave;me Guerre mondiale, </i>r&ocirc;le qui revient &agrave; la sp&eacute;cialiste polonaise de Ravensbr&uuml;ck, Wanda Kiedrzynska.<b> </b>Elle rel&egrave;ve l&rsquo;erreur d&rsquo;Olga Wormser-Migot et en propose<i> </i>une analyse stup&eacute;fiante&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&laquo;&nbsp;Certains probl&egrave;mes soulev&eacute;s par l&rsquo;auteur appellent la discussion. C&rsquo;est ainsi qu&rsquo;au sujet des chambres &agrave; gaz dans les camps occidentaux, l&rsquo;auteur semble se rallier &agrave; l&rsquo;opinion de feu Paul Rassinier [&hellip;]. Dans son ouvrage <i>Le Mensonge d&rsquo;Ulysse, </i>et d&rsquo;autres, il contestait l&rsquo;existence des chambres &agrave; gaz dans les camps.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref7"></a><a href="#_ftn7" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[7]</span></sup></a></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le comble de l&rsquo;aberration est atteint par une note de la r&eacute;daction &agrave; propos de cette affirmation&nbsp;: &laquo;&nbsp;En r&eacute;alit&eacute;, Rassinier ne mettait pas en doute l&rsquo;existence des &ldquo;chambres &agrave; gaz&rdquo;. Il s&rsquo;interrogeait sur la proportion des d&eacute;tenus qui y avaient trouv&eacute; la mort.&nbsp;&raquo;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Il est impossible d&rsquo;omettre cette r&eacute;ception, dans l&rsquo;ensemble favorable, prolongement d&rsquo;une soutenance r&eacute;ussie. L&rsquo;historienne a re&ccedil;u un large satisfecit. Malgr&eacute; la r&eacute;action rapide de Serge Choumoff, et bien que publi&eacute;s des mois apr&egrave;s celle-ci, la plupart des comptes rendus ignorent l&rsquo;erreur sur la chambre &agrave; gaz. L&rsquo;&eacute;tanch&eacute;it&eacute; du milieu scientifique &agrave; la pol&eacute;mique est remarquable&nbsp;; dans ces temps de contestation estudiantine, peut-&ecirc;tre n&rsquo;a-t-on pas voulu remettre en cause un jury de th&egrave;se compos&eacute; d&rsquo;&eacute;minents historiens. Par ailleurs, la publication du texte de Serge Choumoff dans <i>Le Monde </i>a fait entrer l&rsquo;affaire dans une sph&egrave;re m&eacute;diatique alors jug&eacute;e comme lieu indigne de la controverse historique.</span></span></span></span></span></p> <h3><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Une erreur per&ccedil;ue et r&eacute;fut&eacute;e hors du monde scientifique</span></span></i></b></span></span></h3> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.3pt">L&rsquo;erreur a &eacute;t&eacute; seulement per&ccedil;ue hors du champ acad&eacute;mique. Au sein du monde d&eacute;port&eacute;, la th&egrave;se d&rsquo;Olga Wormser-Migot suscite de vives r&eacute;actions, pas toutes hostiles.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">L&rsquo;importance du sujet trait&eacute; avait d&rsquo;abord</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.1pt">valu &agrave; la th&egrave;se l&rsquo;honneur rare d&rsquo;un compte rendu pr&eacute;coce dans la presse nationale. Le 3&nbsp;mai 1969, dans <i>Le</i> <i>Monde, </i>Pierre Sorlin loue l&rsquo;&laquo;&nbsp;exceptionnel courage&nbsp;&raquo; d&rsquo;Olga Wormser-Migot, notamment sa capacit&eacute; &agrave; affronter la m&eacute;moire des t&eacute;moins&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;Vouloir clarifier et ordonner l&rsquo;horreur exigeait un certain renoncement&nbsp;; il &eacute;tait n&eacute;cessaire d&rsquo;arbitrer des conflits entre d&eacute;port&eacute;s, de discuter des d&eacute;tails infiniment douloureux, comme le sens originel des fameuses lettres NN <i>(Nacht und Nebel), </i>le r&ocirc;le exact des fours cr&eacute;matoires, l&rsquo;existence d&rsquo;une chambre &agrave; gaz &agrave; Mauthausen.&nbsp;&raquo;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.4pt">Ainsi, la n&eacute;gation de l&rsquo;existence de ces chambres &agrave; gaz est per&ccedil;ue comme un aspect parmi d&rsquo;autres de la n&eacute;cessaire d&eacute;mythification men&eacute;e par Olga Wormser-Migot. Pierre Sorlin poursuit en conf&eacute;rant &agrave; la th&egrave;se de l&rsquo;historienne une place pionni&egrave;re&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">&laquo;&nbsp;Auparavant, on avait publi&eacute; des souvenirs, des essais psychologiques ou sociologiques&nbsp;; il n&rsquo;existait pas encore une v&eacute;ritable histoire du ph&eacute;nom&egrave;ne concentrationnaire entre&nbsp;1933 et&nbsp;1945.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref8"></a><a href="#_ftn8" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[8]</span></sup></a></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.3pt">L&rsquo;affaire d&eacute;marre publiquement le 7&nbsp;juin 1969, lorsque <i>Le Monde </i>publie une tribune de Serge Choumoff, ancien d&eacute;port&eacute; de Mauthausen et physicien. Un &laquo;&nbsp;acte d&rsquo;accusation&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref9"></a><a href="#_ftn9" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[9]</span></sup></a> selon Sylvie Lindeperg, qui s&rsquo;appuie sur la derni&egrave;re phrase de l&rsquo;article &ndash; &laquo;&nbsp;La v&eacute;ritable histoire du ph&eacute;nom&egrave;ne concentrationnaire reste encore &agrave; faire&nbsp;&raquo; &ndash; sans mentionner qu&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;une r&eacute;ponse &agrave; l&rsquo;appr&eacute;ciation contraire de Pierre Sorlin.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Il faut revenir sur cette entr&eacute;e en sc&egrave;ne d&rsquo;un ancien d&eacute;port&eacute;, car sa d&eacute;marche n&rsquo;est ni solitaire, ni seulement suscit&eacute;e par l&rsquo;article de Pierre Sorlin. Elle r&eacute;sulte aussi de l&rsquo;attitude incertaine des associations de d&eacute;port&eacute;s apr&egrave;s la soutenance.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">En effet, la premi&egrave;re r&eacute;action des amicales de Mauthausen et de Ravensbr&uuml;ck, concern&eacute;es par l&rsquo;erreur, est favorable &agrave; la th&egrave;se. Robert Simon salue, en f&eacute;vrier&nbsp;1969, un &laquo;&nbsp;travail consid&eacute;rable&nbsp;&raquo; et souligne l&rsquo;empathie de l&rsquo;association avec l&rsquo;auteur&nbsp;: &laquo;&nbsp;Notre amicale &eacute;tait l&agrave;, repr&eacute;sent&eacute;e &agrave; la fois dans le coll&egrave;ge des experts officiels et dans l&rsquo;assistance&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref10"></a><a href="#_ftn10" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[10]</span></sup></a></span></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">. Gilbert-Dreyfus, pr&eacute;sident de l&rsquo;amicale de Mauthausen et membre du jury, &eacute;voque une &laquo;&nbsp;&oelig;uvre monumentale, d&rsquo;une inestimable valeur&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref11"></a><a href="#_ftn11" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[11]</span></sup></a></span></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">. Pour l&rsquo;ADIR, Anise Postel-Vinay, pr&eacute;sentant Olga Wormser-Migot comme &laquo;&nbsp;notre camarade de r&eacute;sistance&nbsp;&raquo;, se f&eacute;licite de &laquo;&nbsp;l&rsquo;apport consid&eacute;rable&nbsp;&raquo; de ce travail et d&rsquo;une soutenance qui fut un &laquo;&nbsp;grand moment de l&rsquo;universit&eacute; fran&ccedil;aise&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref12"></a><a href="#_ftn12" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[12]</span></sup></a></span></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Toutefois, dans un second temps, l&rsquo;ADIR remarque l&rsquo;erreur, signal&eacute;e par Genevi&egrave;ve de Gaulle-Anthonioz dans un compte rendu toutefois &eacute;logieux. L&rsquo;ancienne d&eacute;port&eacute;e fait un &laquo;&nbsp;amical grief&nbsp;&raquo; &agrave; l&rsquo;historienne qui doute de l&rsquo;existence de la chambre &agrave; gaz de Ravensbr&uuml;ck et lui rappelle qu&rsquo;elle n&rsquo;a pas tenu compte de sources &laquo;&nbsp;difficiles &agrave; infirmer&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref13"></a><a href="#_ftn13" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[13]</span></sup></a></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">. &Agrave; cette date, selon son t&eacute;moignage, Serge Choumoff aurait aussi rep&eacute;r&eacute; l&rsquo;erreur et alert&eacute; &Eacute;mile Valley, le secr&eacute;taire g&eacute;n&eacute;ral de l&rsquo;amicale de Mauthausen<a name="_ftnref14"></a><a href="#_ftn14" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[14]</span></sup></a></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">. Le 26&nbsp;avril 1969, une r&eacute;union est organis&eacute;e avec l&rsquo;historienne pour discuter de l&rsquo;erreur et lui demander un rectificatif.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Cette rencontre &eacute;tant rest&eacute;e infructueuse et les remarques de l&rsquo;ADIR sans r&eacute;ponse, cette perception de l&rsquo;erreur est suivie d&rsquo;une d&eacute;marche de r&eacute;futation, de la part de Serge Choumoff et de Germaine Tillion, deux d&eacute;port&eacute;s au parcours diff&eacute;rent et &agrave; la notori&eacute;t&eacute; variable.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.3pt">Le cas de Serge Choumoff est sans doute le plus int&eacute;ressant car, contrairement &agrave; Germaine Tillion, il n&rsquo;est ni un responsable associatif de premier plan, ni un sp&eacute;cialiste de sciences humaines, puisqu&rsquo;il est physicien. </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Il intervient par d&eacute;faut, l&rsquo;amicale de Mauthausen &eacute;tant boulevers&eacute;e par l&rsquo;affaire, car son pr&eacute;sident Gibert-Dreyfus, membre du jury, n&rsquo;a pas r&eacute;agi <span style="letter-spacing:.3pt">&agrave; l&rsquo;erreur. L&rsquo;historien &laquo;&nbsp;officiel&nbsp;&raquo; de l&rsquo;amicale jusque-l&agrave;, l&rsquo;universitaire Michel</span> de Bo&uuml;ard, passe son tour. Serge Choumoff est mandat&eacute; en mai&nbsp;1969 par le congr&egrave;s de l&rsquo;amicale pour, comme lui &eacute;crit ensuite le secr&eacute;taire g&eacute;n&eacute;ral &Eacute;mile Valley, &laquo;&nbsp;&eacute;tablir [&hellip;] une contre-th&egrave;se en relevant toutes les erreurs et contre-v&eacute;rit&eacute;s contenues dans la th&egrave;se d&rsquo;Olga Wormser&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref15"></a><a href="#_ftn15" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[15]</span></sup></a></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">. &Agrave; la suite du congr&egrave;s, la tribune de Serge Choumoff para&icirc;t dans les colonnes du <i>Monde</i>. Les archives de l&rsquo;ancien d&eacute;port&eacute; montrent que le texte a &eacute;t&eacute; r&eacute;dig&eacute; en accord avec Germaine Tillion<a name="_ftnref16"></a><a href="#_ftn16" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[16]</span></sup></a></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">, qui a amend&eacute; et reformul&eacute; des passages de l&rsquo;article &ndash; ce qui &eacute;tablit le caract&egrave;re collectif de la d&eacute;marche de r&eacute;futation. Le 19&nbsp;d&eacute;cembre 1969, les personnes impliqu&eacute;es des deux amicales de Mauthausen et de l&rsquo;ADIR prennent cette fois la d&eacute;cision de se tourner vers les membres du jury de la th&egrave;se, pour obtenir un rectificatif &agrave; ins&eacute;rer dans l&rsquo;ouvrage. Le compte rendu de cette r&eacute;union montre qu&rsquo;il s&rsquo;agissait de ne pas trop heurter l&rsquo;historienne ni de lui chercher &laquo;&nbsp;querelle&nbsp;&raquo;, en reconnaissant &laquo;&nbsp;la somme de travail&nbsp;&raquo; r&eacute;alis&eacute;, mais &laquo;&nbsp;d&rsquo;exiger qu&rsquo;un ouvrage appel&eacute; &agrave; servir de r&eacute;f&eacute;rence pour l&rsquo;&eacute;tude du syst&egrave;me concentrationnaire ne puisse contenir des erreurs aussi graves&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref17"></a><a href="#_ftn17" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[17]</span></sup></a></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Serge Choumoff entame ses recherches sur la question des gazages, en obtenant en octobre&nbsp;1969 l&rsquo;acc&egrave;s aux archives du minist&egrave;re des Anciens Combattants et Victimes de Guerre. Il rassemble dans divers centres d&rsquo;archives europ&eacute;ens les documents sur les assassinats par gaz dans le complexe autrichien, ses recherches &eacute;tant ralenties par ses activit&eacute;s professionnelles. Fin d&eacute;cembre&nbsp;1972, la brochure <i>Les chambres &agrave; gaz de Mauthausen</i> est &eacute;dit&eacute;e par l&rsquo;amicale<a name="_ftnref18"></a><a href="#_ftn18" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[18]</span></sup></a></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">. &laquo;&nbsp;Cette &eacute;tude a &eacute;t&eacute; motiv&eacute;e &agrave; la fois par la stupeur et l&rsquo;indignation&nbsp;&raquo;, explique l&rsquo;auteur en introduction. Dans sa pr&eacute;face, Roger Heim, nouveau pr&eacute;sident de l&rsquo;amicale, tout en soulignant la rigueur scientifique de l&rsquo;&eacute;tude et de son r&eacute;sultat, se montre mesur&eacute; en pr&eacute;cisant que ce texte &laquo;&nbsp;compl&egrave;te et rectifie certaines affirmations qu&rsquo;une th&egrave;se de doctorat r&eacute;cemment soutenue en Sorbonne avait introduites, &agrave; c&ocirc;t&eacute; de m&eacute;rites indiscutables&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">En janvier&nbsp;1973, les &eacute;ditions du Seuil publient le &laquo;&nbsp;second&nbsp;&raquo; <i>Ravensbr&uuml;ck </i>de Germaine Tillion, qui consacre une annexe &agrave; cette erreur, intitul&eacute;e &laquo;&nbsp;&Agrave; propos des chambres &agrave; gaz dans les camps de l&rsquo;Ouest&nbsp;&raquo;, o&ugrave; l&rsquo;ethnologue s&rsquo;avoue &laquo;&nbsp;constern&eacute;e&nbsp;&raquo;. &laquo;&nbsp;Selon Olga Wormser-Migot, ces chambres &agrave; gaz seraient mythiques. Cette affirmation, dans une th&egrave;se d&rsquo;histoire, m&rsquo;a, je dois le dire, stup&eacute;fi&eacute;e.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref19"></a><a href="#_ftn19" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[19]</span></sup></a></span></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt"> Dans ce livre, qui r&eacute;pond &agrave; la &laquo;&nbsp;demande&nbsp;&raquo; de l&rsquo;ADIR<a name="_ftnref20"></a><a href="#_ftn20" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[20]</span></sup></a></span></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">, Germaine Tillion explique qu&rsquo;il s&rsquo;agit de corriger les &laquo;&nbsp;erreurs de quelques-uns, l&rsquo;impr&eacute;cision des autres&nbsp;&raquo; qui peuvent &laquo;&nbsp;d&eacute;truire la certitude autour de ce qui fut si cruellement r&eacute;el et certain&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref21"></a><a href="#_ftn21" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[21]</span></sup></a></span></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">.</span></span></span></span></span></p> <h3><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">L&rsquo;impossible controverse</span></span></i></b></span></span></h3> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Une conclusion majeure des &eacute;tudes de sociologie ou d&rsquo;histoire des sciences est qu&rsquo;une erreur, par la r&eacute;futation qu&rsquo;elle suscite, contribue &agrave; l&rsquo;avanc&eacute;e de la connaissance scientifique. Or, le cas &eacute;tudi&eacute; rappelle que des conditions sont n&eacute;cessaires &agrave; cette vertu cognitive de l&rsquo;erreur.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">En effet, dans la d&eacute;cennie qui suit la soutenance de la th&egrave;se, aucune controverse scientifique n&rsquo;a pu se d&eacute;velopper. D&rsquo;embl&eacute;e, le dialogue entre les associations de d&eacute;port&eacute;s et l&rsquo;historienne a &eacute;t&eacute; difficile. Pour l&rsquo;essentiel, les associations de d&eacute;port&eacute;s ont essay&eacute; d&rsquo;obtenir d&rsquo;Olga Wormser-Migot une r&eacute;futation de ses assertions, sans que l&rsquo;historienne accepte de revenir sur ses propos. Elle ne fournit pas non plus d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments de preuve suppl&eacute;mentaires permettant d&rsquo;&eacute;tayer son affirmation. Pour ceux qui ont r&eacute;agi, ce refus rendait n&eacute;cessaires les r&eacute;futations de Germaine Tillion et Serge Choumoff.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Ceux-ci essaient de diffuser leurs r&eacute;ponses historiques dans de multiples directions. Nous avons pu analyser la strat&eacute;gie suivie par Serge Choumoff. Il b&eacute;n&eacute;ficie du carnet d&rsquo;adresses de <span style="letter-spacing:-.3pt">Jacques Delarue, auteur d&rsquo;une remarqu&eacute;e <i>Histoire de la Gestapo</i></span></span></span><sup>&thinsp;</sup><a name="_ftnref22"></a><a href="#_ftn22" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.3pt">[22]</span></span></span></sup></a><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.3pt">. Les principales biblioth&egrave;ques et institutions historiques</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> fran&ccedil;aises et &eacute;trang&egrave;res sont cibl&eacute;es, ainsi que de prestigieux universitaires (Fran&ccedil;ois Furet, Emmanuel Le <span style="letter-spacing:.1pt">Roy Ladurie, Ren&eacute; R&eacute;mond, etc.), dont les membres du jury de la th&egrave;se. Serge Choumoff et Jacques Delarue rencontrent aussi Joseph Billig et Georges Wellers, du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC). L&eacute;on Poliakov re&ccedil;oit aussi un exemplaire. Serge Choumoff contacte Jean Cayrol, ancien d&eacute;port&eacute; de Mauthausen, qui lui conseille</span> d&rsquo;envoyer un exemplaire &agrave; la revue <i>Esprit, </i>ainsi qu&rsquo;&agrave; Robert Antelme, Andr&eacute; Schwartz-Bart, &Eacute;lie Wiesel ou Robert Paxton.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Il y a deux mani&egrave;res de juger le r&eacute;sultat de ces d&eacute;marches.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">La premi&egrave;re est la parution d&rsquo;un additif &ndash; et non pas un rectificatif &ndash; d&rsquo;Olga Wormser-Migot, fin 1973, ins&eacute;r&eacute; dans les exemplaires de la th&egrave;se. Sylvie Lindeperg </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">y voit un &laquo;&nbsp;geste d&rsquo;apaisement [&hellip;] inachev&eacute;&nbsp;&raquo; car l&rsquo;historienne &laquo;&nbsp;se contente [&hellip;] de prendre acte de la pol&eacute;mique&nbsp;&raquo;&nbsp;; elle &laquo;&nbsp;ne reconna&icirc;t pas son erreur&nbsp;; et ce d&rsquo;autant moins qu&rsquo;elle pense sinc&egrave;rement ne point s&rsquo;&ecirc;tre tromp&eacute;e&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref23"></a><a href="#_ftn23" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[23]</span></sup></a></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">. Expliquant que son &laquo;&nbsp;affirmation a donn&eacute; lieu &agrave; des d&eacute;mentis cat&eacute;goriques de la part des rescap&eacute;s de Ravensbr&uuml;ck et de Mauthausen, pour lesquels l&rsquo;existence des chambres &agrave; gaz dans ces camps ne peut et ne doit &ecirc;tre mise en doute&nbsp;&raquo;, Olga Wormser-Migot se limite &agrave; indiquer qu&rsquo;elle se sent &laquo;&nbsp;tenue de porter ce fait &agrave; la connaissance des lecteurs de cette th&egrave;se&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">On ne s&rsquo;&eacute;tonnera pas que cette formulation ait &eacute;t&eacute; jug&eacute;e choquante par beaucoup d&rsquo;anciens d&eacute;port&eacute;s touch&eacute;s par l&rsquo;erreur. Sylvie Lindeperg fait &eacute;tat de la r&eacute;action positive de l&rsquo;amicale de Mauthausen, qui tiendrait d&egrave;s lors une position &laquo;&nbsp;plus mesur&eacute;e&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref24"></a><a href="#_ftn24" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[24]</span></sup></a>&nbsp;: mais le texte cit&eacute; de Raymond Hallery, publi&eacute; dans le <i>Bulletin</i> de l&rsquo;amicale<a name="_ftnref25"></a><a href="#_ftn25" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[25]</span></sup></a> suscite en fait bien des remous en interne. Beaucoup, &agrave; commencer par Serge Choumoff, critiquent sa mansu&eacute;tude &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de l&rsquo;historienne. L&rsquo;ADIR s&rsquo;insurge contre l&rsquo;attitude d&rsquo;Olga Wormser-Migot. Sa pr&eacute;sidente,&nbsp;Genevi&egrave;ve de Gaulle-Anthonioz, fait part de sa d&eacute;ception&nbsp;: &laquo;&nbsp;Nous avons longtemps esp&eacute;r&eacute; que l&rsquo;auteur se rendrait compte de son erreur et accepterait de faire une mise au point. Nous y avons apport&eacute; beaucoup de patience.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref26"></a><a href="#_ftn26" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[26]</span></sup></a></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Ainsi, les anciens d&eacute;port&eacute;s qui se sont &eacute;lev&eacute;s contre l&rsquo;erreur, en apportant des &eacute;l&eacute;ments nouveaux au dossier des gazages, ont l&rsquo;impression de ne pas avoir &eacute;t&eacute; entendus. Signe suppl&eacute;mentaire, avant cet additif, <i>Le Monde </i>publie le 30&nbsp;ao&ucirc;t 1973 deux comptes rendus&nbsp;: le premier est celui du livre de vulgarisation d&rsquo;Olga Wormser-Migot, <i>L&rsquo;<span style="text-transform:uppercase">&egrave;</span>re des camps, </i>par Josane Duranteau<i>&nbsp;; </i>le second est le <i>Ravensbr&uuml;ck </i>de Germaine Tillion, par Roger Errera. Aucun ne fait &eacute;cho &agrave; l&rsquo;erreur et &agrave; la pol&eacute;mique, le premier &eacute;voquant une &laquo;&nbsp;th&egrave;se qui fait autorit&eacute;&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">La seconde mani&egrave;re de juger de la r&eacute;ception des travaux publi&eacute;s est de s&rsquo;int&eacute;resser aux historiens universitaires. Car, si aucun ne participe &agrave; l&rsquo;encadrement de la recherche de Serge Choumoff &ndash; seul le non-professionnel Jacques Delarue est impliqu&eacute;&nbsp;&ndash;, l&rsquo;instinct de protection constat&eacute; pour la r&eacute;ception de la th&egrave;se d&rsquo;Olga Wormser-Migot s&rsquo;observe &agrave; nouveau dans la non-r&eacute;ception de la brochure de l&rsquo;ancien d&eacute;port&eacute;.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">On pourrait s&rsquo;int&eacute;resser &agrave; la r&eacute;ception du second <i>Ravensbr&uuml;ck </i>de Germaine Tillion, mais il n&rsquo;est pas uniquement centr&eacute; sur la question des chambres &agrave; gaz et sur l&rsquo;erreur d&rsquo;Olga Wormser-Migot. Le silence sur la controverse serait n&eacute;anmoins &agrave; souligner. Le texte de Serge Choumoff est une r&eacute;ponse sur ce th&egrave;me pr&eacute;cis, et sa r&eacute;ception est d&rsquo;autant plus &eacute;clairante que son auteur est un ancien d&eacute;port&eacute; non universitaire.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Or, le texte n&rsquo;est re&ccedil;u dans les revues scientifiques que par un compte rendu tardif de Joseph Billig, en 1976<a name="_ftnref27"></a><a href="#_ftn27" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[27]</span></sup></a></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">. Rappelant les diff&eacute;rents cas de gazages (d&rsquo;abord dans le cadre du g&eacute;nocide des Juifs, pour l&rsquo;euthanasie des malades mentaux, enfin &laquo;&nbsp;pour la suppression d&rsquo;intern&eacute;s rendus invalides par les conditions atroces de la vie et du travail concentrationnaires&nbsp;&raquo;), il montre que Serge Choumoff a &laquo;&nbsp;minutieusement&nbsp;&raquo; repos&eacute; le probl&egrave;me des chambres &agrave; gaz dans les camps de l&rsquo;Ouest et le lien existant entre les anciens centres d&rsquo;euthanasie et le syst&egrave;me concentrationnaire. Mais il juge qu&rsquo;il ne l&rsquo;a pas fait sans des &laquo;&nbsp;passages pol&eacute;miques&nbsp;&raquo;, retenant l&rsquo;id&eacute;e que, pour certains d&eacute;port&eacute;s, &laquo;&nbsp;le &ldquo;gazage&rdquo; lui-m&ecirc;me ne peut pas &ecirc;tre s&eacute;par&eacute;, dans leur souvenir, de la structure du r&eacute;gime sous lequel ils ont v&eacute;cu&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">R&eacute;pondant &agrave; une th&egrave;se de doctorat, Serge Choumoff est soucieux d&rsquo;obtenir d&rsquo;autres r&eacute;ceptions scientifiques. Sa correspondance montre que les historiens sollicit&eacute;s ont choisi de ne pas s&rsquo;inscrire dans le d&eacute;bat, tout en donnant parfois raison &agrave; l&rsquo;ancien d&eacute;port&eacute;. Certains saluent son travail. Ainsi, Pierre Renouvin, </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">membre du jury de la th&egrave;se, lui &eacute;crit d&egrave;s apr&egrave;s la parution de sa brochure que &laquo;&nbsp;cette &eacute;tude ne peut laisser aucun doute sur la port&eacute;e de l&rsquo;erreur commise [...]. Cette d&eacute;monstration &eacute;tait n&eacute;cessaire&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref28"></a><a href="#_ftn28" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[28]</span></sup></a>. Une &eacute;minente figure de l&rsquo;&eacute;cole historique fran&ccedil;aise, tout en convenant de la &laquo;&nbsp;bourde&nbsp;&raquo; du jury et s&rsquo;affirmant pr&ecirc;te &agrave; s&rsquo;associer &agrave; &laquo;&nbsp;toute autre forme de protestation contre cette interpr&eacute;tation concernant Mauthausen et aussi l&rsquo;&eacute;vocation de la psychanalyse&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref29"></a><a href="#_ftn29" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[29]</span></sup></a>, reste sur sa r&eacute;serve, au nom du respect des sp&eacute;cialit&eacute;s de l&rsquo;universit&eacute;&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">&laquo;&nbsp;Je ne suis pas sp&eacute;cialiste d&rsquo;histoire contemporaine et n&rsquo;ai donc &ndash; selon nos r&egrave;gles universitaires &ndash; pas qualit&eacute; pour intervenir officiellement dans le d&eacute;bat que votre protestation devrait susciter.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref30"></a><a href="#_ftn30" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[30]</span></sup></a></span></span></span>&thinsp;</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">D&rsquo;autres s&rsquo;agacent. Un historien r&eacute;pond ainsi &agrave; Serge Choumoff, &laquo;&nbsp;qu&rsquo;exer&ccedil;ant un m&eacute;tier &eacute;crasant, avec 20&nbsp;000&nbsp;pages de th&egrave;ses et de m&eacute;moires &agrave; lire par an, recevant vingt &agrave; trente lettres et deux ou trois livres ou tir&eacute;s &agrave; part par jour, et n&rsquo;ayant <u style="text-underline:black thick">pas de secr&eacute;taire</u>&nbsp;&raquo;, il ne peut rendre compte de tous les travaux historiques publi&eacute;s. Et, abordant l&rsquo;erreur, il &eacute;crit&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;J&rsquo;ai toutes les raisons de croire que dans ce d&eacute;bat, c&rsquo;est <u style="text-underline:thick">vous</u> qui avez raison [&hellip;] Mais je ne suis pas assez sp&eacute;cialiste pour faire une &eacute;tude critique de la question et me consacrer &agrave; une campagne de presse pour &eacute;tablir la v&eacute;rit&eacute;, laquelle dans notre domaine n&rsquo;a pas la nettet&eacute; qu&rsquo;elle rev&ecirc;t dans les sciences.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref31"></a><a href="#_ftn31" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[31]</span></sup></a></span></span>&thinsp;</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">La r&eacute;ception est int&eacute;ressante en ce qu&rsquo;elle illustre le probl&egrave;me de l&rsquo;expertise des historiens face &agrave; des questions qui ne rel&egrave;vent pas <i>stricto sensu </i>de leur sp&eacute;cialit&eacute; et montre la variation dans le temps du r&ocirc;le social de l&rsquo;historien&nbsp;: l&rsquo;affaire Faurisson verra au contraire l&rsquo;implication d&rsquo;historiens universitaires &laquo;&nbsp;non sp&eacute;cialistes&nbsp;&raquo;. Surtout, le manque de r&eacute;action et de soutien, outre qu&rsquo;il illustre la fronti&egrave;re entre historiens amateurs et professionnels, montre qu&rsquo;en ce d&eacute;but des ann&eacute;es 1970 le probl&egrave;me des chambres &agrave; gaz dans les camps de l&rsquo;Ouest ne constitue pas un enjeu majeur.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Confront&eacute;e &agrave; cette non-prise en compte du travail de Serge Choumoff par des revues scientifiques et afin de donner plus de visibilit&eacute; &agrave; cette recherche, l&rsquo;amicale de Mauthausen remet en 1974 le dossier &agrave; Christian Bernadac, qui pr&eacute;pare alors sa trilogie sur le complexe autrichien. Le journaliste vilipende l&rsquo;historienne<i>, </i>en raison de son erreur sur les chambres &agrave; gaz de Mauthausen et de Ravensbr&uuml;ck et de son attitude face aux d&eacute;port&eacute;s. Tout en soulignant l&rsquo;&laquo;&nbsp;audience confidentielle&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref32"></a><a href="#_ftn32" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[32]</span></sup></a></span></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt"> de la th&egrave;se, il fait part de son inqui&eacute;tude et consacre dans <i>Les 186&nbsp;Marches</i> un chapitre particulier sur &laquo;&nbsp;les chambres &agrave; gaz&nbsp;&raquo;<i>, </i>r&eacute;sumant les conclusions de Serge Choumoff, ainsi largement diffus&eacute;es, mais en direction d&rsquo;un lectorat non-sp&eacute;cialis&eacute; peu &agrave; m&ecirc;me de comprendre les enjeux de cette affaire.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">En d&eacute;finitive, l&rsquo;erreur d&rsquo;Olga Wormser</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">-Migot n&rsquo;est pas devenue un enjeu historiographique important dans les ann&eacute;es suivant la soutenance de la th&egrave;se. Les positions initiales de l&rsquo;historienne et de ses d&eacute;tracteurs sont rest&eacute;es fig&eacute;es et les autres acteurs du champ de la recherche historique sont demeur&eacute;s &agrave; l&rsquo;&eacute;cart d&rsquo;une controverse d&eacute;licate, ignorant pour l&rsquo;essentiel les recherches n&eacute;es de la pol&eacute;mique.</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Disqualification puis requalification <span style="letter-spacing:-.2pt">de l&rsquo;&oelig;uvre d&rsquo;Olga Wormser-Migot</span> par cette erreur</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le cas de l&rsquo;erreur d&rsquo;Olga Wormser-Migot est particulier, car elle est demeur&eacute;e un enjeu historiographique et m&eacute;moriel des ann&eacute;es apr&egrave;s sa commission. Quelles furent les cons&eacute;quences de cette erreur pour la place d&rsquo;Olga Wormser-Migot dans l&rsquo;historiographie de la d&eacute;portation&nbsp;?</span></span></span></span></p> <h3><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Une disqualification imm&eacute;diate&nbsp;?</span></span></i></b></span></span></h3> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.3pt">&laquo;&nbsp;Elle esp&eacute;rait que cette th&egrave;se lui ouvrirait les portes de l&rsquo;universit&eacute;. Une affirmation erron&eacute;e, celle de l&rsquo;inexistence de chambres &agrave; gaz dans les camps de l&rsquo;Ouest, lui valut l&rsquo;ire de certains d&eacute;port&eacute;s&nbsp;&raquo;, &eacute;crit dans un raccourci ambigu Annette Wieviorka, qui cible le texte publi&eacute; par Serge Choumoff dans <i>Le Monde </i>en juin&nbsp;1969, &laquo;&nbsp;assassinant d&eacute;finitivement l&rsquo;ouvrage dans sa totalit&eacute;, ce dont Olga Wormser-Migot ne se remit jamais&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref33"></a><a href="#_ftn33" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[33]</span></sup></a></span></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.3pt">. Cette th&egrave;se d&rsquo;une disqualification imm&eacute;diate ne tient gu&egrave;re.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Il faudrait revenir en d&eacute;tail sur la solitude professionnelle de l&rsquo;historienne apr&egrave;s 1969. Certes, &laquo;&nbsp;dans ses m&eacute;moires, Olga Wormser-Migot qualifie d&rsquo;&ldquo;enfer&rdquo; cette p&eacute;riode de l&rsquo;apr&egrave;s-th&egrave;se&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref34"></a><a href="#_ftn34" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[34]</span></sup></a></span></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">, mais elle conserve de nombreux soutiens. Les sentiments de l&rsquo;historienne et sa situation dans le champ de l&rsquo;histoire sont deux domaines diff&eacute;rents, mais il est &eacute;tonnant de s&rsquo;en tenir au seul premier aspect. En f&eacute;vrier&nbsp;1974, l&rsquo;historienne reprend ainsi contact avec le R&eacute;seau du souvenir, apr&egrave;s quelques mois de &laquo;&nbsp;silence&nbsp;&raquo;</span></span></span><sup>&thinsp;</sup><a name="_ftnref35"></a><a href="#_ftn35" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">[35]</span></span></span></sup></a><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">. Au m&ecirc;me moment, lors d&rsquo;une r&eacute;union de la Commission D&eacute;portation, le CH2GM lui confie la t&acirc;che de r&eacute;fl&eacute;chir &agrave; un article m&eacute;thodologique sur la Statistique des d&eacute;port&eacute;s</span></span></span><sup>&thinsp;</sup><a name="_ftnref36"></a><a href="#_ftn36" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">[36]</span></span></span></sup></a><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">. Sa participation &agrave; l&rsquo;<i>Histoire des Juifs en France</i>, les deux volumes <i>L&rsquo;<span style="text-transform:uppercase">&egrave;</span>re des camps </i>et <i>L&rsquo;<span style="text-transform:uppercase">&egrave;</span>re concentrationnaire, </i>et m&ecirc;me ses publications dans <i>Historia, </i>datant tous de la p&eacute;riode de la pol&eacute;mique, t&eacute;moignent d&rsquo;une historienne non exclue du champ de l&rsquo;&eacute;dition.<b><i> </i></b>En mars&nbsp;1975, elle participe aux &Eacute;tats-Unis &agrave; un colloque sur le g&eacute;nocide, aux c&ocirc;t&eacute;s des meilleurs sp&eacute;cialistes. Dans le livre qu&rsquo;elle signe avec Vercors en 1979 contre les n&eacute;gationnistes, elle d&eacute;crit ainsi&nbsp;son imposant r&eacute;seau amical et professionnel&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">&laquo;&nbsp;Je ne peux nommer tous ceux avec lesquels je lutte contre les &ldquo;r&eacute;visionnistes&rdquo; et les falsificateurs, tous mes amis historiens, philosophes, sociologues, &eacute;crivains&nbsp;; tous les sp&eacute;cialistes de la &ldquo;solution finale&rdquo; et des camps nazis, Billig ou Wellers, Poliakov ou Steinberg, Rutkowski ou Borwicz, les anciens des camps dont les souvenirs me hantent, Semprun ou Charlotte Delbo, Gilbert-Dreyfus ou Anne-Marie Bauer, Louis Martin-Chauffier ou Jean Cayrol, Desnos ou Fondane, Robert Antelme ou Anna Langfuss, ou des milliers d&rsquo;autres et tous ceux qui luttent contre le racisme et la prescription des crimes de guerre. Ils se reconna&icirc;tront.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref37"></a><a href="#_ftn37" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[37]</span></sup></a></span></span></span>&thinsp;</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Sur le fait ensuite que cette pol&eacute;mique emp&ecirc;cha l&rsquo;historienne d&rsquo;assouvir ses ambitions universitaires, on ne saurait r&eacute;pondre sans savoir si elle fut candidate &agrave; la liste d&rsquo;aptitude. Comme l&rsquo;&eacute;crit Sylvie Lindeperg, Olga Wormser-Migot, &acirc;g&eacute;e de 56 ans au moment de sa soutenance et non agr&eacute;g&eacute;e, n&rsquo;&eacute;tait pas forc&eacute;ment en position d&rsquo;&ecirc;tre recrut&eacute;e<a name="_ftnref38"></a><a href="#_ftn38" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[38]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Au sein du monde d&eacute;port&eacute;, apr&egrave;s &laquo;&nbsp;l&rsquo;assassinat&nbsp;&raquo; pr&eacute;tendument perp&eacute;tr&eacute; par Serge Choumoff, Olga Wormser-Migot a conserv&eacute; le soutien de d&eacute;port&eacute;s influents, dont les dirigeants de la FNDIRP, en premier lieu Marie-Elisa Nordmann-Cohen. La f&eacute;d&eacute;ration a donn&eacute; une large place aux &laquo;&nbsp;th&egrave;ses capitales&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref39"></a><a href="#_ftn39" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[39]</span></sup></a></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> d&rsquo;Olga Wormser-Migot apr&egrave;s la soutenance et tu la r&eacute;action de Serge Choumoff. &Agrave; l&rsquo;inverse, les travaux et interventions publiques d&rsquo;Olga Wormser-Migot sont signal&eacute;s par <i>Le Patriote r&eacute;sistant </i>pendant toute la pol&eacute;mique<i>. </i>De m&ecirc;me, au R&eacute;seau du souvenir, dont l&rsquo;historienne est membre depuis 1957, ni l&rsquo;erreur ni la pol&eacute;mique ne sont &eacute;voqu&eacute;es<a name="_ftnref40"></a><a href="#_ftn40" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[40]</span></sup></a></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">. Les liens n&rsquo;ont donc &eacute;t&eacute; que partiellement rompus avec les anciens d&eacute;port&eacute;s. En revanche, il est vrai que l&rsquo;autre grande f&eacute;d&eacute;ration de d&eacute;port&eacute;s, l&rsquo;UNADIF-FNDIR, vilipende l&rsquo;attitude de l&rsquo;historienne<a name="_ftnref41"></a><a href="#_ftn41" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[41]</span></sup></a></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> et que les ponts sont coup&eacute;s avec l&rsquo;ADIR.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Ces r&eacute;actions contrast&eacute;es s&rsquo;expliquent probablement par les liens amicaux et politiques de l&rsquo;historienne avec des membres des principaux groupements d&rsquo;anciens d&eacute;port&eacute;s. Ces &eacute;l&eacute;ments nuancent l&rsquo;analyse de Sylvie Lindeperg qui &eacute;crit que &laquo;&nbsp;du jour au lendemain, Olga se trouve coup&eacute;e de sa base, mise &agrave; l&rsquo;index par une partie du milieu d&eacute;port&eacute; qu&rsquo;elle consid&egrave;re comme sa seconde famille&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref42"></a><a href="#_ftn42" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[42]</span></sup></a></span></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">, sans pr&eacute;ciser qu&rsquo;une autre &laquo;&nbsp;partie&nbsp;&raquo;, non n&eacute;gligeable, l&rsquo;a soutenue.</span></span></span></span></span></p> <h3><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Une erreur devenue embarrassante (1978-1979)</span></span></i></b></span></span></h3> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Le fait que la perception d&rsquo;une erreur &eacute;volue selon les groupes sociaux et &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur de ces groupes sociaux a &eacute;t&eacute; pr&eacute;c&eacute;demment montr&eacute;. Le cas de l&rsquo;erreur &eacute;tudi&eacute;e ici illustre &eacute;galement le fait que cette perception &eacute;volue en fonction du contexte. L&rsquo;affaire Faurisson, qui d&eacute;marre v&eacute;ritablement &agrave; la fin de l&rsquo;ann&eacute;e 1978</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">, d&eacute;mon&eacute;tise en partie la th&egrave;se d&rsquo;Olga</span></span><br /> <span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Wormser-Migot, exclusivement en raison de cette erreur utilis&eacute;e par le n&eacute;gationniste, et conf&egrave;re &agrave; Serge Choumoff une reconnaissance cherch&eacute;e en vain pendant plusieurs ann&eacute;es.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Au d&eacute;but de l&rsquo;affaire, il est pourtant reconnu &agrave; Olga Wormser-Migot un r&ocirc;le d&rsquo;experte &ndash; indice suppl&eacute;mentaire de sa non-&eacute;viction. Lorsque <i>Le Monde</i> commet la &laquo;&nbsp;bourde monumentale&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref43"></a><a href="#_ftn43" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[43]</span></sup></a> de publier le texte de Robert Faurisson &ndash; <span style="letter-spacing:-.1pt">&laquo;&nbsp;Le probl&egrave;me des chambres &agrave; gaz&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;la rumeur d&rsquo;Auschwitz&nbsp;&raquo; &ndash; niant l&rsquo;existence des chambres &agrave; gaz, le quotidien propose un dossier contradictoire, avec un article de Georges Wellers et un texte de l&rsquo;historienne<a name="_ftnref44"></a><a href="#_ftn44" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[44]</span></sup></a>. Tous deux sont pr&eacute;sent&eacute;s par le journal comme des sp&eacute;cialistes, et il est signal&eacute; qu&rsquo;Olga Wormser-Migot &laquo;&nbsp;a soutenu une th&egrave;se et publi&eacute; un ouvrage sur les camps de concentration qui font autorit&eacute;&nbsp;&raquo;, sans allusion &agrave; la pol&eacute;mique ouverte en 1969. Le quotidien et l&rsquo;historienne ne r&eacute;pondent pas au fait, pourtant surprenant pour le lecteur, que Robert Faurisson utilise dans le titre de sa tribune le titre du paragraphe de la th&egrave;se &ndash; &laquo;&nbsp;Le probl&egrave;me des chambres &agrave; gaz&nbsp;&raquo; &ndash; consacr&eacute; &agrave; celles de l&rsquo;Ouest, en la citant en r&eacute;f&eacute;rence.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Olga Wormser-Migot prolonge cet engagement contre les n&eacute;gationnistes par un livre, sign&eacute; avec Vercors, <i>Assez mentir&nbsp;! </i>Elle y rappelle notamment qu&rsquo;elle avait &eacute;t&eacute; cit&eacute;e comme t&eacute;moin &agrave; l&rsquo;un des proc&egrave;s de Paul Rassinier, aux c&ocirc;t&eacute;s de ses amies de l&rsquo;&eacute;poque, anciennes d&eacute;port&eacute;es &agrave; Ravensbr&uuml;ck<a name="_ftnref45"></a><a href="#_ftn45" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[45]</span></sup></a>. Elle revient aussi sur ses contacts avec Faurisson en 1977-1978, pour mieux r&eacute;affirmer sa position de 1968 sur les chambres &agrave; gaz des camps de l&rsquo;Ouest et occulter la pol&eacute;mique qui l&rsquo;a suivie<a name="_ftnref46"></a><a href="#_ftn46" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[46]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Pourtant, l&rsquo;affaire Faurisson est le moment d&rsquo;une disqualification majeure pour l&rsquo;historienne. Celle-ci n&rsquo;est pas explicite comme dans le texte de Serge Choumoff, mais sa violence symbolique n&rsquo;en est pas moins forte. En effet, l&rsquo;affaire Faurisson signe la fin de la position de retrait des historiens universitaires observ&eacute;e pr&eacute;c&eacute;demment. S&rsquo;il est incontestable que les propos de Faurisson en 1978 sont incomparables aux assertions d&rsquo;Olga Wormser-Migot en 1968, l&rsquo;engagement des historiens universitaires est cette fois remarquable. Cette intervention publique prend la forme d&rsquo;une tribune collective<a name="_ftnref47"></a><a href="#_ftn47" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[47]</span></sup></a> de 34 &laquo;&nbsp;historiens fran&ccedil;ais venus d&rsquo;horizons divers&nbsp;&raquo;, sp&eacute;cialistes de toutes les p&eacute;riodes, publi&eacute;e dans <i>Le Monde </i>le 21&nbsp;f&eacute;vrier 1979. Or, Olga Wormser-Migot n&rsquo;est pas associ&eacute;e &agrave; cette r&eacute;action. Surtout, la &laquo;&nbsp;courte bibliographie&nbsp;&raquo; fournie &agrave; la fin de l&rsquo;article<i> </i>ignore sa th&egrave;se. L&rsquo;omission est volontaire, la bibliographie &eacute;tant pr&eacute;sent&eacute;e &agrave; Serge Choumoff par un des signataires comme une &laquo;&nbsp;prise de position contre la th&egrave;se d&rsquo;Olga Wormser-Migot&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref48"></a><a href="#_ftn48" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[48]</span></sup></a>. De surcro&icirc;t, </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.3pt">le <i>Ravensbr&uuml;ck </i>de Germaine Tillion et le <i>Mauthausen </i>de Michel de Bo&uuml;ard &ndash; soit deux travaux &eacute;voquant les chambres &agrave; gaz &ndash; figurent dans la bibliographie, mais pas la brochure de Serge Choumoff. Enfin, deux travaux d&rsquo;Olga Wormser-Migot sont mentionn&eacute;s<a name="_ftnref49"></a><a href="#_ftn49" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[49]</span></sup></a></span></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.3pt">, mais dans la rubrique &laquo;&nbsp;T&eacute;moignages et documents&nbsp;&raquo;, et non dans les &laquo;&nbsp;Analyses historiques </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">et sociologiques&nbsp;&raquo;, mani&egrave;re de ramener<span style="letter-spacing:.3pt"> l&rsquo;historienne &agrave; la dimension m&eacute;morialiste de son &oelig;uvre.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.05pt">Parall&egrave;lement &agrave; cette disqualification symbolique, on observe, peut-&ecirc;tre selon le ph&eacute;nom&egrave;ne classique des vases communicants, une revalorisation du travail de Serge Choumoff, qui obtient enfin la reconnaissance recherch&eacute;e. Ainsi, sa brochure est l&rsquo;objet d&rsquo;un compte rendu sign&eacute; par Andr&eacute; Kaspi dans <i>Le Monde juif</i><a name="_ftnref50"></a><a href="#_ftn50" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black">[50]</span></sup></b></a>,<i> </i>sept ans apr&egrave;s sa publication. Dans <i>Les Assassins de la m&eacute;moire, </i>Pierre Vidal-Naquet explique qu&rsquo;il ne voit &laquo;&nbsp;aucune raison de mettre en doute l&rsquo;existence [des chambres &agrave; gaz] de Ravensbr&uuml;ck, du Struthof, de Mauthausen&nbsp;&raquo; et, pour cette derni&egrave;re, renvoie &agrave; la &laquo;&nbsp;d&eacute;monstration&nbsp;&raquo; de Serge Choumoff qui &laquo;&nbsp;r&eacute;fute de fa&ccedil;on convaincante les quelques pages &eacute;crites &agrave; ce sujet par O.&nbsp;Wormser-Migot&nbsp;&raquo;. Il ajoute que cette d&eacute;monstration a &laquo;&nbsp;convaincu des historiens comme P.&nbsp;Renouvin et </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">J.-B.&nbsp;Duroselle&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref51"></a><a href="#_ftn51" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[51]</span></sup></a></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">. Surtout, de nouveaux travaux approfondissent la premi&egrave;re &eacute;dition de 1972 et conf&egrave;rent &agrave; Serge Choumoff une place dans l&rsquo;historiographie des gazages<a name="_ftnref52"></a><a href="#_ftn52" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[52]</span></sup></a></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">. Fort de ce capital scientifique, il ne manque jamais une occasion de critiquer la th&egrave;se d&rsquo;Olga Wormser-Migot.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Cependant, rien n&rsquo;indique que cette affaire ait durablement modifi&eacute; la place d&rsquo;Olga Wormser-Migot dans l&rsquo;historiographie de la d&eacute;portation. L&rsquo;analyse de la bibliographie sur le sujet publi&eacute;e dans les ann&eacute;es 1980-1990 montre que sa th&egrave;se est r&eacute;guli&egrave;rement cit&eacute;e par les sp&eacute;cialistes de la Seconde Guerre mondiale, sans que l&rsquo;erreur sur les chambres &agrave; gaz soit mentionn&eacute;e ou discut&eacute;e. On &eacute;vitera ici d&rsquo;&eacute;voquer la moindre omerta&nbsp;: sans doute cette situation s&rsquo;explique-t-elle avant tout par la volont&eacute; de ne pas entretenir une confusion entre cette erreur et la n&eacute;gation g&eacute;n&eacute;rale des chambres &agrave; gaz par Faurisson et ses disciples, amalgame irrecevable, d&rsquo;ailleurs parfois pratiqu&eacute; par Serge Choumoff</span></span></span><sup>&thinsp;</sup><a name="_ftnref53"></a><a href="#_ftn53" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">[53]</span></span></span></sup></a><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">.</span></span></span></span></span></p> <h3><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Une requalification par l&rsquo;erreur&nbsp;? </span></span></i></b></span></span></h3> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Le d&eacute;c&egrave;s d&rsquo;Olga Wormser-Migot marque une inflexion dans la perception de cette erreur, puisque c&rsquo;est dans l&rsquo;hommage n&eacute;crologique qu&rsquo;elle rend &agrave; l&rsquo;historienne qu&rsquo;Annette Wieviorka propose pour la premi&egrave;re fois cette analyse de l&rsquo;affaire&nbsp;: &laquo;&nbsp;Pourtant au-del&agrave; de l&rsquo;erreur [&hellip;], Olga Wormser-Migot avait vu juste&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref54"></a><a href="#_ftn54" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[54]</span></sup></a></span></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">. Il ne s&rsquo;agit pas l&agrave; d&rsquo;une affirmation li&eacute;e &agrave; la nature particuli&egrave;re de l&rsquo;exercice n&eacute;crologique, mais d&rsquo;une position de fond, r&eacute;p&eacute;t&eacute;e ensuite dans des travaux scientifiques, Sylvie Lindeperg adoptant la m&ecirc;me lecture de l&rsquo;erreur dans son ouvrage sur <i>Nuit et Brouillard. </i>Les deux chercheuses tendent ainsi &agrave; une r&eacute;habilitation du parcours et de l&rsquo;&oelig;uvre de leur a&icirc;n&eacute;e&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;L&rsquo;historienne a donc bel et bien commis une erreur, m&ecirc;me si la distinction qu&rsquo;elle &eacute;tablit demeure tout &agrave; fait pertinente. Elle a par ailleurs pris tr&egrave;s nettement ses distances &agrave; l&rsquo;&eacute;gard des t&eacute;moignages, dont elle formule une critique parfois s&eacute;v&egrave;re en m&ecirc;me temps qu&rsquo;elle note avec perspicacit&eacute; l&rsquo;entr&eacute;e en force dans les r&eacute;cits de d&eacute;port&eacute;s du th&egrave;me de la chambre &agrave; gaz. Elle a enfin l&rsquo;intuition d&rsquo;une concurrence des m&eacute;moires qui trouvera sa pleine amplitude &agrave; partir des ann&eacute;es 1980, mais qu&rsquo;elle contribue d&eacute;j&agrave; involontairement &agrave; aviver.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref55"></a><a href="#_ftn55" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[55]</span></sup></a></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">L&rsquo;historienne aurait donc eu raison sur l&rsquo;essentiel. Les processus constitutifs du syst&egrave;me concentrationnaire et du g&eacute;nocide des Juifs &eacute;tant diff&eacute;rents, l&rsquo;erreur sur les chambres &agrave; gaz dans les camps de l&rsquo;Ouest &ndash; ceux du syst&egrave;me, oppos&eacute;s aux centres de mise &agrave; mort de l&rsquo;Est &ndash; permet de clarifier la situation et de pointer les exag&eacute;rations des anciens d&eacute;port&eacute;s r&eacute;sistants et politiques qui cherchent &agrave; s&rsquo;approprier une chambre &agrave; gaz symbole du g&eacute;nocide&nbsp;: Olga Wormser-Migot laisse penser que celle-ci est, par d&eacute;finition, r&eacute;serv&eacute;e aux Juifs<a name="_ftnref56"></a><a href="#_ftn56" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[56]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">La pol&eacute;mique qui suit est consid&eacute;r&eacute;e tout aussi qualifiante que l&rsquo;erreur elle-m&ecirc;me&nbsp;et tend &agrave; &eacute;lever Olga Wormser-Migot au rang de martyr de la profession&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.3pt">&laquo;&nbsp;Sa tragique m&eacute;saventure illustre les risques du m&eacute;tier, la qu&ecirc;te incertaine de la v&eacute;rit&eacute;, la difficult&eacute; d&rsquo;&eacute;crire l&rsquo;histoire sous la surveillance des t&eacute;moins, la solitude enfin de ceux qui font &oelig;uvre pionni&egrave;re.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref57"></a><a href="#_ftn57" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[57]</span></sup></a></span></span></span>&thinsp;</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">La d&eacute;monstration ne s&rsquo;embarrasse pas de nuances lorsqu&rsquo;Annette Wieviorka estime que &laquo;&nbsp;mise &agrave; l&rsquo;index apr&egrave;s la soutenance de sa th&egrave;se, la totalit&eacute; de son travail fut alors invalid&eacute;e. La m&eacute;moire a triomph&eacute;.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref58"></a><a href="#_ftn58" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[58]</span></sup></a></span></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt"> Est-il n&eacute;cessaire de pr&eacute;ciser que nous ne partageons pas cette opinion, ne serait-ce que parce que l&rsquo;on peine &agrave; saisir en quoi le r&eacute;tablissement d&rsquo;une v&eacute;rit&eacute; historique illustrerait le triomphe de la m&eacute;moire&nbsp;?</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Conclusion</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Doit-on, par souci de r&eacute;flexivit&eacute;, situer notre propre &eacute;tude dans la logique de disqualification/requalification qui a &eacute;t&eacute; jusque-l&agrave; &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre dans l&rsquo;analyse de l&rsquo;erreur d&rsquo;Olga Wormser-Migot depuis 1968&nbsp;? Peut-&ecirc;tre soup&ccedil;onnera-t-on dans notre propos une volont&eacute; de &laquo;&nbsp;redisqualification&nbsp;&raquo; de l&rsquo;historienne ou &ndash;&nbsp;ce qui reviendrait au m&ecirc;me &ndash; un projet de requalification de ses d&eacute;tracteurs. Si telle &eacute;tait la r&eacute;ception de ce texte, notre objectif ne serait pas atteint. Nous avons consid&eacute;r&eacute; cette erreur comme un angle d&rsquo;observation du fonctionnement du champ historique de 1968 &agrave; nos jours et de l&rsquo;historiographie du syst&egrave;me concentrationnaire et du g&eacute;nocide.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Les dynamiques mises en &eacute;vidence nous semblent nettes. Une premi&egrave;re phase se caract&eacute;rise par la volont&eacute; des historiens de m&eacute;tier de ne pas entrer dans ce qui est per&ccedil;u comme une pol&eacute;mique m&eacute;morielle, alors qu&rsquo;il s&rsquo;agit en premier lieu d&rsquo;une controverse scientifique. Ensuite, la n&eacute;cessit&eacute; fait foi et l&rsquo;entr&eacute;e en sc&egrave;ne des n&eacute;gationnistes appara&icirc;t comme un facteur d&eacute;terminant du changement de position des historiens quant &agrave; leur r&ocirc;le d&rsquo;expert sur l&rsquo;histoire en g&eacute;n&eacute;ral, en ne se limitant plus &agrave; leur domaine d&rsquo;activit&eacute;. D&egrave;s lors, la rectification de l&rsquo;erreur d&rsquo;Olga Wormser-Migot devient un important acquis pour l&rsquo;historiographie de l&rsquo;univers concentrationnaire nazi &ndash; et la tentative de pr&eacute;senter cette erreur comme une &laquo;&nbsp;erreur qualifiante&nbsp;&raquo; demeurera probablement comme l&rsquo;une des figures paradoxales des r&eacute;sistances de certains chercheurs &agrave; accepter les controverses, surtout lorsqu&rsquo;elles &eacute;manent d&rsquo;acteurs situ&eacute;s hors du champ des historiens de m&eacute;tier. Enfin, notre &eacute;tude met en lumi&egrave;re un ph&eacute;nom&egrave;ne jusque-l&agrave; peu analys&eacute;, soit le fait que la m&eacute;moire de la discipline historique, saisie ici dans le cas d&rsquo;une th&egrave;se et de son auteur, conna&icirc;t aussi de fortes fluctuations. La m&eacute;moire de l&rsquo;histoire s&rsquo;av&egrave;re un champ d&rsquo;&eacute;tude aussi porteur de sens que l&rsquo;histoire de la m&eacute;moire.</span></span></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <div> <hr align="left" size="1" width="33%" /></div> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn1"></a><a href="#_ftnref1" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[1]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Sylvie Lindeperg, <i>&laquo; Nuit et brouillard &raquo;, un film dans l&rsquo;histoire, </i>Paris, Odile Jacob, 2007 (le dernier chapitre, &laquo; Le tombeau d&rsquo;Olga &raquo; est largement centr&eacute; sur l&rsquo;erreur) ; Annette Wieviorka et Sylvie Lindeperg, <i>Univers concentrationnaire et g&eacute;nocide,</i> Paris, Fayard, 2008 ; Thomas Fontaine, Bertrand Hamelin, &laquo; Olga Wormser-Migot dans l&rsquo;histoire &raquo;, in B&eacute;atrice Fleury et Jacques Walter (dir.), <i>Qualifier des lieux de d&eacute;tention et de massacre, 3 : Figures embl&eacute;matiques, mobilisations collectives, </i>Nancy, Presses universitaires de Nancy, &laquo;&nbsp;Questions de communication&nbsp;&raquo;, s&eacute;rie actes 9, 2010, pp.&nbsp;211-230.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn2"></a><a href="#_ftnref2" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[2]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Thomas Fontaine, Bertrand Hamelin, &laquo; Olga Wormser-Migot dans l&rsquo;histoire &raquo;, <i>op. cit.</i></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn3"></a><a href="#_ftnref3" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[3]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>Revue d&rsquo;histoire moderne et contemporaine,</i> octobre-d&eacute;cembre 1970, t. XVII, pp. 1</span></span></span>&thinsp;<span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">026-1</span></span></span>&thinsp;<span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">028.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn4"></a><a href="#_ftnref4" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[4]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Pierre Souyri, &laquo; Olga Wormser-Migot, Le syst&egrave;me concentrationnaire nazi (1933-1945) &raquo;,<i> Annales ESC, </i>1971, vol. 26, n&deg; 1, pp. 50-51, cit. p. 51.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn5"></a><a href="#_ftnref5" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[5]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> L&eacute;on Poliakov, &laquo; Olga Wormser-Migot, Le syst&egrave;me concentrationnaire nazi (1933-1945) &raquo;, <i>Annales ESC,</i> 1972, vol. 27, n&deg; 2, pp. 513-519., cit. p. 513.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn6"></a><a href="#_ftnref6" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[6]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Service historique de la D&eacute;fense, BAVCC, bo&icirc;te 171 (ancienne cotation), proc&egrave;s-verbal de la r&eacute;union du 4 d&eacute;cembre 1969 de la commission D&eacute;portation du CH2GM.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn7"></a><a href="#_ftnref7" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[7]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Wanda Kiedrzynska, &laquo; Une th&egrave;se sur le syst&egrave;me concentrationnaire nazi &raquo;, <i>Revue d&rsquo;histoire de la Deuxi&egrave;me Guerre mondiale, </i>n&deg;&nbsp;83, juillet 1971, p. 99.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn8"></a><a href="#_ftnref8" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[8]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Pierre Sorlin, <i>Le Monde, </i>3 mai 1969.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn9"></a><a href="#_ftnref9" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[9]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Sylvie Lindeperg, <i>&laquo; Nuit et brouillard &raquo;, op. cit., </i>pp. 251 et 249.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn10"></a><a href="#_ftnref10" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[10]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>Bulletin de l&rsquo;amicale de Mauthausen,</i> f&eacute;vrier 1969, n&deg; 143, p. 5.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn11"></a><a href="#_ftnref11" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[11]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Archives nationales, 72 AJ 2168, bulletin n&deg; 20 du R&eacute;seau du souvenir, d&eacute;cembre 1968.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn12"></a><a href="#_ftnref12" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[12]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>Voix et Visages </i>(journal de l&rsquo;ADIR), n&deg; 116, novembre-d&eacute;cembre 1968.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn13"></a><a href="#_ftnref13" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[13]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>Voix et Visages,</i> n&deg; 117, janvier-f&eacute;vrier 1969.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn14"></a><a href="#_ftnref14" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[14]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> T&eacute;moignage aux auteurs, d&eacute;cembre 2007.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn15"></a><a href="#_ftnref15" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[15]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Archives Serge Choumoff, lettre d&rsquo;&Eacute;mile Valley &agrave; Serge Choumoff, 2 juin 1969.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn16"></a><a href="#_ftnref16" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[16]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Une approche g&eacute;n&eacute;tique de ce texte a &eacute;t&eacute; rendue possible gr&acirc;ce &agrave; ces archives.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn17"></a><a href="#_ftnref17" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[17]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Archives Serge Choumoff, proc&egrave;s-verbal dactylographi&eacute; de la r&eacute;union.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn18"></a><a href="#_ftnref18" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[18]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Pierre-Serge Choumoff, <i>Les chambres &agrave; gaz de Mauthausen. La v&eacute;rit&eacute; historique, r&eacute;tablie par P.-S. Choumoff, &agrave; la demande de l&rsquo;amicale de Mauthausen, </i>Paris, Amicale des d&eacute;port&eacute;s et familles de disparus du camp de concentration de Mauthausen, 1972.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn19"></a><a href="#_ftnref19" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[19]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Germaine Tillion, <i>Ravensbr&uuml;ck,</i> Paris, Seuil, 1973, pp. 10 et 12.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn20"></a><a href="#_ftnref20" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[20]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Comme cela est rappel&eacute; dans le n&deg; 141 de <i>Voix et Visages, </i>janvier-f&eacute;vrier 1974, avec ce titre principal : &laquo;&nbsp;La chambre &agrave; gaz de Ravensbr&uuml;ck &raquo; ; en dessous, les portraits de Germaine et Madeleine Tambour, gaz&eacute;es &agrave; Ravensbr&uuml;ck.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn21"></a><a href="#_ftnref21" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[21]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Germaine Tillion, <i>Ravensbr&uuml;ck, op. cit., </i>p. 7.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn22"></a><a href="#_ftnref22" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[22]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Jacques Delarue a relu au printemps 1972 le manuscrit &eacute;labor&eacute; par Serge Choumoff. &laquo; C&rsquo;est un travail de chartiste et d&rsquo;enqu&ecirc;teur soucieux de la v&eacute;rit&eacute; &raquo;, lui &eacute;crit-il dans une lettre du 3 mai 1972. Archives Serge Choumoff.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn23"></a><a href="#_ftnref23" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[23]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Sylvie Lindeperg, <i>&laquo; Nuit et brouillard &raquo;, op. cit., </i>pp. 255-256.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn24"></a><a href="#_ftnref24" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[24]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Sylvie Lindeperg, <i>&laquo; Nuit et brouillard &raquo;, op. cit., </i>pp. 255-256.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn25"></a><a href="#_ftnref25" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[25]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>Bulletin de l&rsquo;amicale de Mauthausen, </i>n&deg; 169, d&eacute;cembre 1973.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn26"></a><a href="#_ftnref26" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[26]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>Voix et Visages, </i>n&deg; 142, mars-avril 1974. </span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn27"></a><a href="#_ftnref27" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[27]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Joseph Billig, &laquo; Les chambres &agrave; gaz dans les camps &raquo;, <i>Revue d&rsquo;histoire de la Deuxi&egrave;me Guerre mondiale, </i>n&deg;&nbsp;101, janvier 1976, pp. 121-123.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn28"></a><a href="#_ftnref28" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[28]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Archives Serge Choumoff, lettre de Pierre Renouvin &agrave; l&rsquo;amicale de Mauthausen, 17 janvier 1973.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn29"></a><a href="#_ftnref29" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[29]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> L&rsquo;historien en question est un sp&eacute;cialiste d&rsquo;histoire des mentalit&eacute;s. </span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn30"></a><a href="#_ftnref30" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[30]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Archives Serge Choumoff, lettre &agrave; Serge Choumoff, 18 janvier 1973.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn31"></a><a href="#_ftnref31" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[31]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>Ibid., </i>lettre &agrave; Serge Choumoff du 16 d&eacute;cembre 1974. C&rsquo;est l&rsquo;auteur de la lettre qui souligne.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn32"></a><a href="#_ftnref32" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[32]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Christian Bernadac, <i>Les 186 Marches, </i>Paris, France-Empire, 1974, p. 230.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn33"></a><a href="#_ftnref33" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[33]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Annette Wieviorka, &laquo; Olga Wormser-Migot, une historienne de la d&eacute;portation &raquo;, <i>Le Monde,</i> 8 ao&ucirc;t 2002.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn34"></a><a href="#_ftnref34" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[34]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Sylvie Lindeperg, <i>&laquo; Nuit et brouillard &raquo;, op. cit.,</i> p. 257.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn35"></a><a href="#_ftnref35" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[35]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Dans cette lettre au R. P. Riquet, le pr&eacute;sident de l&rsquo;association, elle impute ce silence &laquo; &agrave; des causes vari&eacute;es sur lesquelles [elle] pr&eacute;f&egrave;re ne pas [s]&rsquo;appesantir d&eacute;sormais &raquo;. AN, 72 AJ/2155.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn36"></a><a href="#_ftnref36" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[36]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> AN, 72 AJ/679, proc&egrave;s-verbal de la r&eacute;union du 4 f&eacute;vrier 1974.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn37"></a><a href="#_ftnref37" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[37]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Vercors, Olga Wormser-Migot, <i>Assez mentir !, </i>Paris, Ramsay, 1979, p. 33.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn38"></a><a href="#_ftnref38" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[38]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Sylvie Lindeperg, <i>&laquo; Nuit et brouillard &raquo;, op. cit., </i>p. 251.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn39"></a><a href="#_ftnref39" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[39]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>Le Patriote r&eacute;sistant, </i>n&deg;&nbsp;350 et n&deg;&nbsp;351, d&eacute;cembre 1968 et janvier 1969.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn40"></a><a href="#_ftnref40" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[40]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Notamment dans le bulletin de l&rsquo;association, voir AN, 72 AJ/2168.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn41"></a><a href="#_ftnref41" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[41]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Maurice Braun, &laquo; De la n&eacute;cessit&eacute; de supprimer les l&eacute;gendes de l&rsquo;histoire de la d&eacute;portation &raquo; <i>Le D&eacute;port&eacute;, </i>n&deg;&nbsp;293, f&eacute;vrier-mars 1973.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn42"></a><a href="#_ftnref42" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[42]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Sylvie Lindeperg, <i>&laquo; Nuit et brouillard &raquo;, op. cit., </i>p. 257. L&rsquo;usage du simple pr&eacute;nom &laquo; Olga &raquo; participe du caract&egrave;re fonci&egrave;rement comm&eacute;moratif du propos de Sylvie Lindeperg, d&rsquo;autant qu&rsquo;il s&rsquo;accompagne de la d&eacute;nomination de &laquo; Choumoff &raquo; (sans pr&eacute;nom) pour d&eacute;signer le contradicteur de l&rsquo;historienne.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn43"></a><a href="#_ftnref43" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[43]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Rapha&euml;lle Bacqu&eacute; et Ariane Chemin, &laquo; Le jour o&ugrave; <i>Le Monde</i> a publi&eacute; la tribune de Faurisson &raquo;, <i>Le Monde, </i>21 ao&ucirc;t 2012, pp. 12-13, cit. p. 13.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn44"></a><a href="#_ftnref44" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[44]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Georges Wellers, &laquo; Abondance de preuves &raquo;, <i>Le Monde, </i>29 d&eacute;cembre 1978 ; Olga Wormser-Migot, &laquo; La solution finale &raquo;, <i>Le Monde, </i>30 d&eacute;cembre 1978. Voir Val&eacute;rie Igounet, <i>Histoire du n&eacute;gationnisme en France, </i>Paris, Seuil, 2000, pp. 235-237.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn45"></a><a href="#_ftnref45" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[45]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Vercors, Olga Wormser-Migot, </span></span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Assez mentir !, op. cit., </span></span></span></i><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">pp. 76-77.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn46"></a><a href="#_ftnref46" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[46]</span></span></span></sup></a> <i><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Ibid., </span></span></span></i><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">pp. 78-79.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn47"></a><a href="#_ftnref47" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[47]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> &laquo; La politique hitl&eacute;rienne d&rsquo;extermination : une d&eacute;claration d&rsquo;historiens &raquo;, <i>Le Monde,</i> 21 f&eacute;vrier 1979, p. 23.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn48"></a><a href="#_ftnref48" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[48]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Archives Serge Choumoff, lettre &agrave; Serge Choumoff, 21 avril 1979.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn49"></a><a href="#_ftnref49" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[49]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.15pt">Olga Wormser et Henri Michel (textes choisis et pr&eacute;sent&eacute;s par), <i>Trag&eacute;die de la d&eacute;portation, 1940-1945, T&eacute;moignages de survivants des camps de concentration allemands, </i>Paris, Hachette, 1954 ; et <i>La D&eacute;portation, </i>brochure p&eacute;dagogique parue en 1964 ; auxquels s&rsquo;ajoute la r&eacute;f&eacute;rence &agrave; sa participation &agrave; l&rsquo;&eacute;criture de <i>Nuit et brouillard.</i></span></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn50"></a><a href="#_ftnref50" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[50]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>Le Monde juif,</i> 35<sup>e</sup> ann&eacute;e, n&deg; 94, avril-juin 1979, p. 72</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn51"></a><a href="#_ftnref51" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[51]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Pierre Vidal-Naquet, <i>Les Assassins de la m&eacute;moire, </i>Paris, La D&eacute;couverte, 1987, p. 193. Il &eacute;voque toutefois les &laquo; scories &raquo; de histoire de la d&eacute;portation&nbsp;: &laquo; La mythomanie a jou&eacute; son r&ocirc;le ainsi que la propagande, parfois aussi une certaine concurrence entre non-Juifs et Juifs, jadis analys&eacute;e par O. Wormser-Migot, les premiers revendiquant l&rsquo;&eacute;galit&eacute; dans la souffrance avec les seconds. &raquo; <i>Ibid.,</i> pp. 149-150.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn52"></a><a href="#_ftnref52" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[52]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Serge Choumoff est &agrave; l&rsquo;initiative du collectif, qui publie, sous la direction d&rsquo;Eugen Kogon, Hermann Langbein et Adalbert R&uuml;ckerl, d&rsquo;abord en allemand en 1983 puis l&rsquo;ann&eacute;e suivante en fran&ccedil;ais, <i>Les Chambres &agrave; gaz secret d&rsquo;&Eacute;tat, </i>Paris, Points-Seuil, 2000. Il r&eacute;suma ses nouveaux acquis sur les gazages &agrave; Mauthausen dans deux articles &eacute;dit&eacute;s en 1986 dans le <i>Monde juif, </i>n<sup>os</sup>&nbsp;123 et 124. Germaine Tillion les reprit en annexe dans la troisi&egrave;me &eacute;dition de son <i>Ravensbr&uuml;ck,</i> avec &eacute;galement un texte sur les gazages &agrave; Hartheim (Paris, Points-Seuil, 1988, p. 361-465). En 2000, Serge Choumoff synth&eacute;tise ses acquis dans <i>Les Assassinats nationaux-socialistes par gaz en territoire autrichien, 1940-1945,</i> Vienne, Bundesministerium f&uuml;r Inneres, 2000. Voir Thomas Fontaine, &laquo; Un t&eacute;moin-historien en qu&ecirc;te de l&eacute;gitimit&eacute; &raquo;, &agrave; para&icirc;tre dans les actes du colloque &laquo;&nbsp;T&eacute;moins et t&eacute;moignages &raquo;, organis&eacute; par la FMD en d&eacute;cembre 2012.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn53"></a><a href="#_ftnref53" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[53]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Ainsi, lorsqu&rsquo;il &eacute;crivit : &laquo; Cette th&egrave;se influen&ccedil;a d&rsquo;ailleurs certains auteurs, dits justement &ldquo;n&eacute;gationnistes&rdquo;, qui n&rsquo;h&eacute;sit&egrave;rent pas &agrave; &eacute;tendre la n&eacute;gation de la chambre &agrave; gaz de Mauthausen aux chambres &agrave; gaz d&rsquo;Auschwitz &raquo;. Pierre-Serge Choumoff, <i>Les Assassinats nationaux-socialistes par gaz en territoire autrichien, 1940-1945, op. cit., </i>p. 15.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn54"></a><a href="#_ftnref54" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[54]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Annette Wieviorka, &laquo; Olga Wormser-Migot, une historienne de la d&eacute;portation &raquo;, <i>art. cit</i></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn55"></a><a href="#_ftnref55" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[55]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Annette Wieviorka et Sylvie Lindeperg, <i>Univers concentrationnaire et g&eacute;nocide, op. cit., </i>p. 36.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn56"></a><a href="#_ftnref56" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[56]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Olga Wormser-Migot, <i>Le Syst&egrave;me concentrationnaire nazi, op. cit., </i>p. 160.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn57"></a><a href="#_ftnref57" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[57]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Annette Wieviorka et Sylvie Lindeperg, <i>Univers concentrationnaire et g&eacute;nocide, op. cit.,</i> p. 38.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn58"></a><a href="#_ftnref58" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[58]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Annette Wieviorka, &laquo; Conclusion &raquo;, in Tal Bruttmann, Laurent Joly, Annette Wieviorka (dir), <i>Qu&rsquo;est-ce</i></span></span></span><br /> <i><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">qu&rsquo;un d&eacute;port&eacute; ? Histoire et m&eacute;moires des d&eacute;portations de la Seconde Guerre mondiale, </span></span></span></i><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Paris, CNRS, 2009, pp.&nbsp;403-411, cit. pp. 408-409.</span></span></span></span></span></p>