<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">C<span style="letter-spacing:-.1pt">ontrairement aux royaumes du Buganda, du Rwanda ou du Burundi, la r&eacute;gion du Kivu congolais actuel est tr&egrave;s divis&eacute;e dans les si&egrave;cles pr&eacute;c&eacute;dant l&rsquo;arriv&eacute;e des colons. Elle est constitu&eacute;e de petits royaumes concurrents et relativement faibles. Le Rwanda et le Burundi jouent alors un r&ocirc;le majeur, faisant et d&eacute;faisant les alliances et les ind&eacute;pendances des royaumes qui bordent leurs fronti&egrave;res. Leur int&eacute;r&ecirc;t pour ces espaces s&rsquo;explique par le fait qu&rsquo;ils leur fournissent des d&eacute;bouch&eacute;s en terres cultivables et un approvisionnement en ressources. Cette plasticit&eacute; des royaumes permet ainsi dans les temps pr&eacute;-coloniaux une grande mobilit&eacute; spatiale des hommes et des marchandises dans l&rsquo;ensemble de la r&eacute;gion. </span><span style="letter-spacing:-.05pt">Dans les ann&eacute;es 1890 commence l&rsquo;occupation coloniale. Les Britanniques colonisent les royaumes ougandais, le roi Leopold de Belgique le Congo, tandis que les Allemands s&rsquo;emparent de l&rsquo;espace situ&eacute; entre le lac Victoria et le Tanganyika. &Agrave; l&rsquo;issue de la Premi&egrave;re Guerre mondiale, en 1919, les Belges et les Anglais s&rsquo;entendent pour que la partie ouest de l&#39;ancienne Afrique occidentale allemande (appel&eacute;e territoire du Ruanda-Urundi) revienne &agrave; la Belgique et la partie est (appel&eacute;e Tanganyika) &agrave; la Grande-Bretagne. En Ouganda, les identifications ethniques sont renforc&eacute;es par le r&eacute;gime colonial britannique, cr&eacute;ant des revendications politiques centrip&egrave;tes allant jusqu&rsquo;&agrave; des d&eacute;sirs de s&eacute;cession. Le clivage entre ethnies d&rsquo;origine bantoue et ethnies d&rsquo;origine nilotique est en effet mis en exergue par les colons, qui veulent par l&agrave; organiser le pays de mani&egrave;re d&eacute;centralis&eacute;e et donc moins dispendieuse. Au Ruanda-Urundi, les r&eacute;gimes allemand puis belge d&eacute;cident de jouer la carte de la domination d&rsquo;une ethnie sur l&rsquo;autre, en s&rsquo;appuyant sur une &eacute;lite minoritaire d&rsquo;origine tutsi. Les Belges orchestrent &eacute;galement des transferts de population du Ruanda-Urundi vers le Congo belge afin de d&eacute;sengorger les collines tr&egrave;s peupl&eacute;es du Ruanda-Urundi tout en assurant la mise en valeur des terres congolaises, ce qui entra&icirc;ne la mise en place de &laquo;&nbsp;fili&egrave;res migratoires qui p&egrave;sent toujours sur les m&eacute;moires et les &eacute;v&eacute;nements&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref1"></a><a href="#_ftn1"><sup><span style="color:black">[1]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Au Rwanda, l&rsquo;ind&eacute;pendance a lieu en </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">1962, apr&egrave;s des &eacute;lections d&eacute;mocra<span style="letter-spacing:-.2pt">tiques en 1959. En 1961, lorsque Gr&eacute;</span><span style="letter-spacing:.1pt">goire Kayi</span><span style="letter-spacing:-.1pt">banda arrive au pouvoir &agrave; l&rsquo;issue de la &laquo;&nbsp;r&eacute;volution sociale&nbsp;&raquo; hutu, il d&eacute;veloppe des politiques discriminantes et une rh&eacute;torique ethniste<a name="_ftnref2"></a><a href="#_ftn2"><sup><span style="color:black">[2]</span></sup></a>. De larges migrations de Tutsi vers les pays voisins sont provoqu&eacute;es par les pogroms anti-Tutsi qui secouent sporadiquement le Rwanda. Entre&nbsp;1959 et&nbsp;1973, le nombre de r&eacute;fugi&eacute;s rwandais dans les pays frontaliers est &eacute;valu&eacute; &agrave; 700&nbsp;000<a name="_ftnref3"></a><a href="#_ftn3"><sup><span style="color:black">[3]</span></sup></a>. Cela repr&eacute;sente une importante population rwandophone en territoires ougandais et congolais et entra&icirc;ne une crispation des autres populations, qui se revendiquent comme autochtones. En 1973, suite &agrave; une augmentation des tensions au Rwanda, le pr&eacute;sident Kayibanda est renvers&eacute; par un coup d&rsquo;&Eacute;tat militaire foment&eacute; par le g&eacute;n&eacute;ral major Juv&eacute;nal Habyarimana, lui aussi hutu.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Suite aux diff&eacute;rentes migrations que nous venons d&rsquo;&eacute;voquer, l&rsquo;est du Congo est partiellement peupl&eacute; de populations rwandophones, appel&eacute;es Banyarwanda et Banyamulenge. Une partie d&rsquo;entre elles est &eacute;tablie au Congo depuis plusieurs g&eacute;n&eacute;rations<a name="_ftnref4"></a><a href="#_ftn4"><sup><span style="color:black">[4]</span></sup></a>, suite aux migrations organis&eacute;es par les colons, tandis qu&rsquo;une autre partie s&rsquo;est r&eacute;cemment r&eacute;fugi&eacute;e en territoire congolais pour &eacute;chapper aux lois discriminantes et aux pogroms anti-Tutsi au Rwanda. Or, Mobutu, arriv&eacute; au pouvoir au Congo-Za&iuml;re en 1964, lance un grand mouvement de &laquo;&nbsp;za&iuml;rianisation&nbsp;&raquo; au d&eacute;but des ann&eacute;es 1970. Cela va renforcer le sentiment de rejet des &laquo;&nbsp;autochtones&nbsp;&raquo; congolais, c&rsquo;est-&agrave;-dire les populations du Kivu qui ne sont pas issues des vagues d&rsquo;immigration rwandaises, contre les &laquo;&nbsp;allochtones&nbsp;&raquo; rwandais. Le d&eacute;bat va se cristalliser autour de la question de la nationalit&eacute; za&iuml;roise de ces populations. Du fait des politiques congolaises, de la persistance des flux de r&eacute;fugi&eacute;s et de l&rsquo;instrumentalisation du concept d&rsquo;autochtonie, le Kivu devient donc une poudri&egrave;re qui s&rsquo;enflamme et se pacifie sporadiquement.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Les r&eacute;fugi&eacute;s rwandais sont &eacute;galement une donn&eacute;e importante de la vie politique ougandaise &agrave; partir des ann&eacute;es 1960. Les flux de r&eacute;fugi&eacute;s tutsi sont importants et r&eacute;currents d&egrave;s l&rsquo;ind&eacute;pendance du Rwanda et sont &eacute;troitement li&eacute;s aux attaques et restrictions dont les <span style="letter-spacing:-.1pt">Tutsi font l&rsquo;objet dans leur pays. Pour autant, ces populations sont mal accept&eacute;es par les Ougandais, y compris par ceux qui sont consid&eacute;r&eacute;s comme leur &eacute;tant ethniquement proches, les Bahima.</span> Cette marginalisation conduit certains membres du groupe &agrave; participer &agrave; la prise de pouvoir d&rsquo;Amin afin de s&rsquo;opposer &agrave; Obote, puis plus tard &agrave; soutenir Museveni dans sa lutte contre Amin <span style="letter-spacing:.1pt">puis Obote. La pr&eacute;sence massive de r&eacute;</span>fugi&eacute;s rwandais s&rsquo;ajoute alors, comme au Congo, aux probl&eacute;matiques internes pour attiser les tensions.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">La vie politique agit&eacute;e des pays de la r&eacute;gion apr&egrave;s les ind&eacute;pendances a donc &eacute;t&eacute; caract&eacute;ris&eacute;e par un ensemble de flux migratoires crois&eacute;s qui ont pr&eacute;par&eacute; <span style="letter-spacing:.2pt">les conditions de d&eacute;veloppement de re</span>vendications port&eacute;es par des groupes en exil, de r&eacute;bellions et de logiques politico-militaires r&eacute;gionales. Comme l&rsquo;&eacute;crit Andr&eacute; Guichaoua, &laquo;&nbsp;la particularit&eacute; de l&rsquo;Afrique centrale et orientale tient au fait que des effectifs importants et quasiment incompressibles de r&eacute;fugi&eacute;s subsistent depuis le d&eacute;but des ind&eacute;pendances notamment au Rwanda [...], au Congo (ex-belge), au Burundi, en Ouganda pour l&rsquo;Afrique des Grands Lacs&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref5"></a><a href="#_ftn5"><sup><span style="color:black">[5]</span></sup></a>. Cet article tendra &agrave; expliquer pourquoi et comment les conflits qui ont &eacute;clat&eacute; entre&nbsp;1986 et&nbsp;2000 dans la r&eacute;gion des Grands Lacs d&rsquo;Afrique ont entre eux des liens tangibles, constituant ce que Ren&eacute; Lemarchand appelle des &laquo;&nbsp;poup&eacute;es russes&nbsp;&raquo; de conflits<a name="_ftnref6"></a><a href="#_ftn6"><sup><span style="color:black">[6]</span></sup></a>. Ils f<span style="letter-spacing:-.2pt">orment en effet un ensemble coh&eacute;rent de causalit&eacute;s, li&eacute;es principalement &agrave; l&rsquo;&eacute;mergence, la multiplication et la persistance de communaut&eacute;s de r&eacute;fugi&eacute;s de part et d&rsquo;autre des fronti&egrave;res, ainsi qu&rsquo;au soutien et &agrave; l&rsquo;instrumentalisation des diff&eacute;rentes r&eacute;bellions par les pays de la r&eacute;gion. Nous commencerons par &eacute;tudier la guerre men&eacute;e par la r&eacute;bellion ougandaise de Museveni, qui prit le pouvoir en Ouganda en 1986 avec le soutien des r&eacute;fugi&eacute;s tutsi d&rsquo;origine rwandaise. Nous verrons ensuite quel fut le soutien ougandais &agrave; la r&eacute;bellion du Front patriotique rwandais, qui acc&eacute;da &eacute;galement au pouvoir en mettant fin au g&eacute;nocide des Tutsi. Nous &eacute;tudierons enfin les deux guerres du Congo, men&eacute;es conjointement par le Rwanda et l&rsquo;Ouganda sous couvert de r&eacute;bellions locales cr&eacute;&eacute;es et soutenues en fonction des agendas politiques de ces &Eacute;tats. Les flux de r&eacute;fugi&eacute;s et les r&eacute;bellions constituent donc le lien entre tous ces affrontements et sont la clef de compr&eacute;hension du &laquo;&nbsp;v&eacute;ritable syst&egrave;me r&eacute;gional de guerre&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref7"></a><a href="#_ftn7"><sup><span style="color:black">[7]</span></sup></a> qui s&rsquo;est mis en place dans les Grands Lacs &agrave; la fin du XX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle et dont les cendres rougeoient encore dans les Kivu (nord-Kivu et sud-Kivu).</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">La mise en place des lignes de fracture&nbsp;: 1986-1994</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.15pt">Apr&egrave;s l&rsquo;ind&eacute;pendance ougandaise, le pr&eacute;sident Milton Obote ne parvient pas &agrave; &eacute;tablir une autorit&eacute; stable dans le pays. Il est renvers&eacute; en 1971 par Idi Amin, qui va devenir dramatiquement c&eacute;l&egrave;bre pour le r&eacute;gime de terreur qu&rsquo;il impose au pays pendant huit ann&eacute;es. C&rsquo;est l&rsquo;arm&eacute;e tanzanienne, soutenue par une r&eacute;bellion ougandaise, qui chasse Idi Amin et progresse jusqu&rsquo;&agrave; la prise de Kampala </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[capitale de l&#39;Ouganda, ndlr]<span style="letter-spacing:-.15pt"> le 10&nbsp;avril 1979. La vie politique ougandaise est tr&egrave;s agit&eacute;e dans les ann&eacute;es suivantes, jusqu&rsquo;&agrave; conduire au retour au pouvoir d&rsquo;Obote. Ce dernier gouverne de mani&egrave;re extr&ecirc;mement autoritaire, sur le mod&egrave;le d&rsquo;Idi Amin, et son manque de l&eacute;gitimit&eacute; politique dans un pays si divis&eacute; entra&icirc;ne une perp&eacute;tuation de la violence et des conflits. Des groupes de r&eacute;sistance arm&eacute;e se d&eacute;veloppent dans </span><span style="letter-spacing:-.1pt">le pays, parmi lesquels le National Resis</span><span style="letter-spacing:-.15pt">tance Movement (NRM) et sa branche arm&eacute;e la National Resistance Army (NRA) de Yoweri Museveni, qui s&rsquo;illustrent d&egrave;s 1981 par une forte gu&eacute;rilla. Lorsque le second gouvernement d&rsquo;Obote est fragilis&eacute; par un nouveau coup d&rsquo;&Eacute;tat militaire en juillet&nbsp;1985, la NRA de Museveni est un des seuls mouvements rebelles &agrave; refuser de participer aux n&eacute;gociations pour le partage du pouvoir. Le 26&nbsp;janvier 1986, la NRA prend Kampala et s&#39;autoproclame &agrave; la t&ecirc;te du gouvernement du pays.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.15pt">Les relations entre la gu&eacute;rilla de Yoweri</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt"> Museveni et les r&eacute;fugi&eacute;s tutsi d&rsquo;origine rwandaise en Ouganda ont &eacute;t&eacute; pr&eacute;coces. En effet, on trouve parmi les 26 &laquo;&nbsp;originals&nbsp;&raquo; qui ont pris le maquis en 1981 aux c&ocirc;t&eacute;s de Museveni deux membres de la communaut&eacute; des r&eacute;fugi&eacute;s tutsi, Fred Rwigyema et Paul Kagam&eacute;, l&rsquo;actuel pr&eacute;sident du Rwanda. Rapidement, les rangs de la NRA sont renforc&eacute;s par d&rsquo;autres jeunes Tutsi qui y voient un moyen de renverser un pouvoir ougandais qui les opprime et, qui sait, de pouvoir un jour poursuivre la lutte au Rwanda. De nombreux combattants d&rsquo;origine rwandaise participent ainsi &agrave; la prise de pouvoir de Museveni en 1986 (20 &agrave; 25&nbsp;% des effectifs de la NRA de Museveni sont tutsi<a name="_ftnref8"></a><a href="#_ftn8"><sup><span style="color:black">[8]</span></sup></a>). Les Rwandais constituant l&rsquo;&eacute;lite </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">de la r&eacute;bellion, de par leurs qualit&eacute;s militaires et leur grande discipline, ils seront</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt"> les piliers du nouveau r&eacute;gime. Fred Rwigyema est ainsi chef d&rsquo;&eacute;tat-major adjoint de la nouvelle arm&eacute;e nationale de l&rsquo;Ouganda, tandis que Paul Kagam&eacute; est directeur-adjoint des services de renseignement militaire, avant d&rsquo;en assurer la pr&eacute;sidence par int&eacute;rim.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.05pt">&Agrave; la fin des ann&eacute;es 1980, Museveni </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">assure &agrave; son homologue rwandais Ha</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.05pt">byarimana qu&rsquo;il n&rsquo;a pas l&rsquo;intention de soutenir les vell&eacute;it&eacute;s de retour des Tutsi r&eacute;fugi&eacute;s en Ouganda. Il lui demande cependant de trouver une solution &laquo;&nbsp;rwandaise&nbsp;&raquo; &agrave; la situation des r&eacute;fugi&eacute;s, c&rsquo;est-&agrave;-dire d&rsquo;autoriser et d&#39;organiser leur retour, ce qu&rsquo;Habyarimana refuse en arguant de l&rsquo;exigu&iuml;t&eacute; du territoire rwandais et de la pauvret&eacute; du pays. Mais peu &agrave; peu, l&rsquo;opinion publique ougandaise d&eacute;nonce la pr&eacute;sence d&rsquo;&laquo;&nbsp;&eacute;trangers&nbsp;&raquo; &agrave; des postes jug&eacute;s trop strat&eacute;giques. </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Yoweri Museveni &eacute;vince alors Rwigyema</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.05pt"> de son poste, ce qui pousse les Rwandais &agrave; imaginer r&eacute;ellement un retour par la force au Rwanda. Museveni adopte une attitude de neutralit&eacute; bienveillante envers leur projet, qui lui laisse les mains libres en Ouganda et &eacute;loigne toute critique d&rsquo;influence &eacute;trang&egrave;re sur sa gestion du pays. C&rsquo;est donc sous ses auspices que na&icirc;t le Front patriotique Rwandais (FPR), une r&eacute;bellion tutsi qui ambitionne de reprendre le pouvoir perdu par les Tutsi au Rwanda depuis 1959. Au nom de sa &laquo;&nbsp;relation personnelle proche&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref9"></a><a href="#_ftn9"><sup><span style="color:black">[9]</span></sup></a> avec les cadres de la r&eacute;bellion et du concours qu&rsquo;ils ont apport&eacute; &agrave; son entreprise militaire, le pr&eacute;sident ougandais d&eacute;cide de renforcer logistiquement et humainement le Front. Le 1<sup>er</sup>&nbsp;octobre&nbsp;1990, c&rsquo;est &agrave; partir de bases ougandaises que le FPR lance ses premi&egrave;res attaques contre le gouvernement rwandais. Pendant les quatre ann&eacute;es de guerre civile au Rwanda, l&rsquo;Ouganda soutiendra, passivement ou activement, les rebelles. Ultimement, le soutien ougandais conduit &agrave; la prise de pouvoir par le FPR &agrave; Kigali [capitale du Rwanda, ndlr] apr&egrave;s la lente conqu&ecirc;te du territoire, entre avril et juillet&nbsp;1994, qui mettra fin au g&eacute;nocide rwandais, sur le d&eacute;roulement duquel il s&rsquo;agit ici de s&rsquo;attarder.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Le catalyseur&nbsp;: le g&eacute;nocide rwandais, 1994</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Au Rwanda, le d&eacute;but des ann&eacute;es 1990 est ainsi marqu&eacute; par l&rsquo;affrontement qui oppose le gouvernement hutu de Juv&eacute;nal Habyarimana au FPR. La gu&eacute;rilla de 1990 se transforme en guerre civile en 1991 et ne cesse pas jusqu&rsquo;en 1994. L&rsquo;extr&eacute;misme ethnique monte en puissance dans la soci&eacute;t&eacute; rwandaise, relay&eacute; par des m&eacute;dias &agrave; la solde du pouvoir, comme le journal <i>Kangura</i> ou la <i>Radio t&eacute;l&eacute;vision libre des mille collines</i> (RTLM)<a name="_ftnref10"></a><a href="#_ftn10"><sup><span style="color:black">[10]</span></sup></a>. Habyarimana n&eacute;gocie n&eacute;anmoins un cessez-le-feu en avril&nbsp;1992, qui se transforme en compromis militaro-politique et aboutit aux accords d&rsquo;Arusha en ao&ucirc;t&nbsp;1993. Selon les termes de ces accords, un partage du pouvoir est pr&eacute;vu entre les diff&eacute;rentes forces politiques en pr&eacute;sence et le RPF doit notamment obtenir cinq des vingt-et-un cabinets minist&eacute;riels<a name="_ftnref11"></a><a href="#_ftn11"><sup><span style="color:black">[11]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Mais l&rsquo;avion d&rsquo;Habyarimana est abattu dans la nuit du 6 au 7&nbsp;avril 1994, alors qu&rsquo;il revient de Tanzanie. Cela va entra&icirc;ner le d&eacute;but du g&eacute;nocide rwandais. La garde pr&eacute;sidentielle, certaines factions de l&rsquo;arm&eacute;e et surtout des milices populaires, les Interahamwe, commencent les massacres. Le g&eacute;nocide dure trois mois et n&rsquo;est pas arr&ecirc;t&eacute; par une quelconque intervention internationale, la force de l&rsquo;ONU pr&eacute;sente sur place &eacute;tant r&eacute;duite &agrave; une poign&eacute;e d&rsquo;hommes dans les premi&egrave;res semaines du g&eacute;nocide. C&rsquo;est le FPR, qui a repris la lutte arm&eacute;e d&egrave;s le d&eacute;but des massacres, qui prend Kigali en juillet&nbsp;1994. Le pouvoir &eacute;choit <span style="letter-spacing:.2pt">alors entre les mains de l&rsquo;ancienne r&eacute;bellion et en premier lieu celles du g&eacute;n&eacute;ral Paul</span> Kagam&eacute;.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">&Agrave; partir de ce moment, la grande porosit&eacute; des fronti&egrave;res et la similarit&eacute; des probl&eacute;matiques dans les pays de la r&eacute;gion contribuent &agrave; provoquer une r&eacute;action en cha&icirc;ne qui produit l&rsquo;&eacute;toilement des conflits. En juillet&nbsp;1994, le fait que le g&eacute;nocide soit arr&ecirc;t&eacute; par la r&eacute;bellion arm&eacute;e tutsi du FPR jette sur les routes des centaines de milliers de civils hutu qui craignent des repr&eacute;sailles massives et aveugles. Certains font partie des organisateurs du g&eacute;nocide, d&rsquo;autres y ont particip&eacute;, mais il y a &eacute;galement dans les immenses colonnes de r&eacute;fugi&eacute;s des civils qui n&rsquo;ont pas pris part aux massacres, hommes, femmes et enfants. On parle de deux millions de r&eacute;fugi&eacute;s qui ont fui le Rwanda &agrave; l&rsquo;&eacute;t&eacute; 1994 vers les pays voisins et essentiellement vers le Za&iuml;re. Ces nouveaux flux </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">ont pour effet majeur de d&eacute;placer le conflit vers l&rsquo;ouest, en territoire congolais. Les camps de r&eacute;fugi&eacute;s sont rapidement encadr&eacute;s par les ex-forces arm&eacute;es </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">rwandaises et les Interahamwe, qui </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">repr&eacute;sentent environ 100&nbsp;000 combattants au Za&iuml;re<a name="_ftnref12"></a><a href="#_ftn12"><sup><span style="color:black">[12]</span></sup></a>. Ils m&egrave;nent des attaques<span style="letter-spacing:.1pt"> r&eacute;currentes contre le territoire rwandais, entra&icirc;nant les hommes en &acirc;ge de l&rsquo;&ecirc;tre, emp&ecirc;chant les r&eacute;fugi&eacute;s de retourner au Rwanda et recevant des armes et du soutien logistique de Kinshasa<a name="_ftnref13"></a><a href="#_ftn13"><sup><span style="color:black">[13]</span></sup></a></span> <span style="letter-spacing:.1pt">[capitale de la R&eacute;publique d&eacute;mocratique du Congo, ndlr]. La situation devient rapidement explosive.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">L&rsquo;afflux massif de r&eacute;fugi&eacute;s induit par le g&eacute;nocide des Tutsi ne peut en effet que rompre l&rsquo;&eacute;quilibre pr&eacute;caire qui r&eacute;git la cohabitation dans le Kivu congolais. Les centaines de milliers de r&eacute;fugi&eacute;s rwandais hutu qui affluent en juillet et ao&ucirc;t&nbsp;1994 sont imm&eacute;diatement rejet&eacute;s par les populations autochtones. Ces r&eacute;fugi&eacute;s sont trop nombreux, trop pauvres et bien trop arm&eacute;s. Bien que les Banyarwanda et les Banyamulenge n&rsquo;aient que peu &agrave; voir avec les r&eacute;fugi&eacute;s rwandais du g&eacute;nocide, les populations locales font un amalgame rapide<a name="_ftnref14"></a><a href="#_ftn14"><sup><span style="color:black">[14]</span></sup></a>. Or, une nouvelle &eacute;chelle de conflit va se surexposer &agrave; ces tensions entre autochtones et allochtones au Congo. Par-del&agrave; la vision holistique des populations congolaises, qui amalgament Hutu et Tutsi dans la grande cat&eacute;gorie des Banyarwanda, au sein m&ecirc;me de ces populations d&rsquo;origine rwandaise, une rupture a lieu en 1994. Les Hutu et les <span style="letter-spacing:.1pt">Tutsi qui r&eacute;sident au Congo se m&eacute;fient et s&rsquo;attaquent les uns les autres, gagn&eacute;s par la fracture que le g&eacute;nocide a introduit entre leurs deux communaut&eacute;s au Rwanda. D&egrave;s la fin de l&rsquo;ann&eacute;e 1994, des Banyarwanda font ainsi alliance avec les r&eacute;fugi&eacute;s hutu rwandais et s&rsquo;en prennent de fa&ccedil;on croissante aux Banyamulenge, essentiellement tutsi. Cela produit de nouveaux d&eacute;placements de populations, cette fois des Tutsi du Congo vers le Rwanda. Ces r&eacute;fugi&eacute;s, pour la plupart des jeunes hommes banyamulenge, passent au Rwanda pour &ecirc;tre pris en charge par l&rsquo;arm&eacute;e rwandaise, qui leur fournit un entra&icirc;nement militaire dans le but de pouvoir un jour les utiliser au Kivu</span><i> </i><span style="letter-spacing:.1pt">contre les camps de r&eacute;fugi&eacute;s hutu<a name="_ftnref15"></a><a href="#_ftn15"><sup><span style="color:black">[15]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Les deux guerres du Congo, 1996-1999</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">C&rsquo;est dans ce contexte de r&eacute;gionalisation des enjeux s&eacute;curitaires et de multiplication des flux de r&eacute;fugi&eacute;s que s&rsquo;engage v&eacute;ritablement l&rsquo;&eacute;toilement du conflit rwandais, qui va conduire &agrave; la premi&egrave;re guerre du Congo en 1996. Le r&eacute;gime de Paul Kagam&eacute; a pr&eacute;venu que le Rwanda ne tol&eacute;rerait pas les attaques <span style="letter-spacing:.2pt">men&eacute;es par les r&eacute;fugi&eacute;s hutu en territoire congolais sur ses fronti&egrave;res. Il va donc invoquer un &laquo;&nbsp;droit de poursuite&nbsp;&raquo; en 1996 et utiliser la menace que font peser les r&eacute;fugi&eacute;s sur le Rwanda pour justifier une intervention arm&eacute;e au Za&iuml;re. Apr&egrave;s </span><span style="letter-spacing:.1pt">s&rsquo;&ecirc;tre assur&eacute; du soutien ougandais, au nom de la proximit&eacute; qui existe</span><span style="letter-spacing:-.2pt"> entre les deux r&eacute;gimes, le Rwanda</span> <span style="letter-spacing:.1pt">fait engager l&rsquo;affrontement par les Ba</span>nyamulenge du Kivu pr&eacute;alablement form&eacute;s. Des combattants de nationalit&eacute; rwandaise sont &eacute;galement infiltr&eacute;s et de petites attaques ont lieu d&egrave;s la fin du mois d&rsquo;ao&ucirc;t&nbsp;1996 pour tester l&rsquo;&eacute;tat des Forces arm&eacute;es za&iuml;roises (FAZ). En r&eacute;action, les FAZ et des milices villageoises du Sud-Kivu s&rsquo;en prennent aux Banyamulenge. Le Rwanda invoque alors un droit d&rsquo;ing&eacute;rence afin d&rsquo;assurer leur protection. L&rsquo;engagement dans les combats de l&rsquo;arm&eacute;e rwandaise fin septembre&nbsp;1996 marque le d&eacute;but de la v&eacute;ritable r&eacute;gionalisation du conflit. En d&eacute;cembre&nbsp;1996, l&rsquo;Ouganda engage ses troupes aux c&ocirc;t&eacute;s du Rwanda. Les premiers moments de la campagne militaire sont consacr&eacute;s non seulement &agrave; la prise des villes du Kivu, mais surtout au d&eacute;mant&egrave;lement des camps de r&eacute;fugi&eacute;s hutu, qui sont syst&eacute;matiquement <span style="letter-spacing:-.1pt">vid&eacute;s par des bombardements qui </span>ne laissent qu&rsquo;une voie de sortie vers la fronti&egrave;re rwandaise, marquant ce qu&rsquo;Arnaud Royer appelle<span style="letter-spacing:-.1pt"> &laquo;&nbsp;la naissance d&rsquo;un nouveau type de rapatriement&nbsp;: le rapatriement militaris&eacute;&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref16"></a><a href="#_ftn16"><sup><span style="color:black">[16]</span></sup></a>. Les r&eacute;fugi&eacute;s franchissent la fronti&egrave;re qui s&eacute;pare les villes jumelles de Goma (Za&iuml;re) et Gisenyi (Rwanda) par centaines de milliers, au rythme de 10&nbsp;000 personnes par heure<a name="_ftnref17"></a><a href="#_ftn17"><sup><span style="color:black">[17]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.3pt">Une coalition de plusieurs forces d&rsquo;opposition congolaises &agrave; Mobutu relativement disparates est ensuite cr&eacute;&eacute;e, dans le but de rendre cette guerre fonci&egrave;rement &laquo;&nbsp;congolaise&nbsp;&raquo; et de masquer son caract&egrave;re de guerre d&rsquo;agression. Cette coalition, qui prend le nom d&rsquo;Alliance des forces d&eacute;mocratiques pour la lib&eacute;ration du Congo-Za&iuml;re (AFDL), est officiellement cr&eacute;&eacute;e le 18&nbsp;octobre 1996 et dirig&eacute;e par Laurent-D&eacute;sir&eacute; Kabila. Les combats sont d&eacute;j&agrave; engag&eacute;s depuis le d&eacute;but du mois, mais l&rsquo;AFDL doit donner aux affrontements le vernis de l&eacute;gitimit&eacute; et de revendications d&eacute;mocratiques qui lui manque. Pour autant, l&rsquo;essentiel des actions de l&rsquo;AFDL continue de d&eacute;pendre des arm&eacute;es rwandaise, ougandaise et plus tard angolaise<a name="_ftnref18"></a><a href="#_ftn18"><sup><span style="color:black">[18]</span></sup></a>. La campagne qui va conduire Kabila &agrave; Kinshasa se solde par une entr&eacute;e triomphale de l&rsquo;AFDL dans la capitale le 17&nbsp;mai 1997. &Agrave; la lumi&egrave;re des d&eacute;tails de l&rsquo;avanc&eacute;e des rebelles, on voit bien que l&rsquo;accession au pouvoir de Kabila n&rsquo;est pas le fruit d&rsquo;une campagne militaire exemplaire men&eacute;e par les rebelles. Elle est davantage conditionn&eacute;e par la quasi absence d&rsquo;&Eacute;tat et d&rsquo;arm&eacute;e au Za&iuml;re, par l&rsquo;exacerbation des tensions ethniques au Kivu entre&nbsp;1994 et&nbsp;1995 et, essentiellement, par l&rsquo;implication des pays voisins. Le r&ocirc;le des ressources dans cette guerre est &eacute;galement visible de mani&egrave;re tr&egrave;s claire. Les rebelles ont en effet pris les zones mini&egrave;res de Kisangani, puis Mbuji-Mayi, puis le Katanga et finalement Kinshasa, au lieu de marcher directement vers la capitale. Cela montre bien que le contr&ocirc;le des ressources &eacute;tait un pr&eacute;alable essentiel &agrave; la prise de pouvoir effective. Par la suite, lorsque le conflit s&rsquo;enlise &agrave; partir de 1998, les principaux affrontements basculent du front officiel aux fronts non-officiels qui entourent les sites diamantif&egrave;res et aurif&egrave;res.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Rapidement apr&egrave;s son accession &agrave; la pr&eacute;sidence congolaise, Laurent-D&eacute;sir&eacute; Kabila prend ses distances avec Kigali et Kampala, trop encombrants vis-&agrave;-vis de l&rsquo;opinion congolaise. La rupture intervient r&eacute;ellement le 27&nbsp;juillet 1998, lorsqu&rsquo;il exige le retrait des troupes rwandaises et ougandaises encore stationn&eacute;es sur le territoire congolais, pour satisfaire une population qui r&eacute;clame la fin des ing&eacute;rences &eacute;trang&egrave;res<a name="_ftnref19"></a><a href="#_ftn19"><sup><span style="color:black">[19]</span></sup></a>. Le revirement d&rsquo;alliance qui s&rsquo;op&egrave;re en 1998 et qui marginalise l&rsquo;influence rwando-ougandaise au Congo ne peut &ecirc;tre du go&ucirc;t de ceux qui l&rsquo;ont plac&eacute; au pouvoir. </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">La richesse en minerai de l&rsquo;est de la R&eacute;<span style="letter-spacing:-.1pt">publique d&eacute;mocratique du Congo (RDC) aiguise en effet les app&eacute;tits de nombreux acteurs, &eacute;tatiques ou non. Aussi le Rwanda et l&rsquo;Ouganda vont-ils ourdir et lancer une nouvelle offensive contre Kinshasa, qui sera nomm&eacute;e deuxi&egrave;me guerre du Congo et que de nombreux commentateurs appelleront &laquo;&nbsp;premi&egrave;re guerre mondiale africaine&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref20"></a><a href="#_ftn20"><sup><span style="color:black">[20]</span></sup></a> du fait de l&rsquo;intervention directe de nombreux &Eacute;tats africains et de l&rsquo;implication d&rsquo;un grand nombre d&rsquo;acteurs internationaux (organisations internationales, gouvernements occidentaux, entreprises priv&eacute;es, mercenaires, etc.). Apr&egrave;s le revirement de Laurent-D&eacute;sir&eacute; Kabila, Paul Kagam&eacute; parvient rapidement &agrave; convaincre Yoweri Museveni de la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;une nouvelle campagne en terre congolaise pour renverser leur ancien poulain. Les deux pays invoquent alors des raisons s&eacute;curitaires pour justifier cette nouvelle guerre, en prenant pour pr&eacute;texte d&eacute;clencheur la r&eacute;bellion banyamulenge du 2&nbsp;ao&ucirc;t 1998, qui ouvre la br&egrave;che dans laquelle s&rsquo;engouffrent le Rwanda et l&rsquo;Ouganda, avant que l&rsquo;ensemble de la r&eacute;gion ne s&rsquo;engage dans l&rsquo;affrontement. Les troupes rwando-ougandaises renforcent leur pr&eacute;sence en RDC, puis une &laquo;&nbsp;blitzkrieg&nbsp;&raquo; est lanc&eacute;e le 2&nbsp;ao&ucirc;t 1998. Deux jours &agrave; peine apr&egrave;s le d&eacute;but des combats, un second front est ouvert &agrave; l&rsquo;ouest de la RDC, apr&egrave;s </span><span style="letter-spacing:.2pt">une op&eacute;ration a&eacute;roport&eacute;e de Goma vers Kitona (&agrave; environ 2&nbsp;000 kilom&egrave;tres), ce qui montre que cette guerre a &eacute;t&eacute;</span><span style="letter-spacing:-.1pt"> pr&eacute;par&eacute;e en amont. Des militaires des Forces arm&eacute;es congolaises (FAC) pr&eacute;sents &agrave; Kitona se rallient &agrave; la r&eacute;bellion, qui progresse rapidement dans le bas-Congo. Il faut attendre une dizaine de jours pour que la r&eacute;bellion se dote d&rsquo;un volet politique, baptis&eacute; Rassemblement congolais pour la d&eacute;mocratie (RCD) et comprenant d&rsquo;anciens mobutistes, des anciens de l&rsquo;AFDL et des personnalit&eacute;s diverses. Le RCD joue alors un r&ocirc;le de masque des int&eacute;r&ecirc;ts &eacute;trangers, comme l&rsquo;AFDL l&rsquo;avait fait en son temps.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Mais l&rsquo;avanc&eacute;e de la r&eacute;bellion est arr&ecirc;t&eacute;e par une contre-offensive angolaise qui repousse les troupes coalis&eacute;es, ce qui freine l&rsquo;op&eacute;ration et en fait un &eacute;chec cuisant. L&rsquo;engagement dans le conflit aux c&ocirc;t&eacute;s de la RDC du Zimbabwe, de la Namibie et finalement de l&rsquo;Angola, est d&eacute;terminant pour le pr&eacute;sident Kabila, qui leur devra finalement la victoire<a name="_ftnref21"></a><a href="#_ftn21"><sup><span style="color:black">[21]</span></sup></a>. Ces pays, comme ceux qui attaquent la RDC, ne sont pas exempts d&rsquo;app&eacute;tits &eacute;conomiques. Eux aussi voient avec envie les immenses ressources du pays et esp&egrave;rent &ecirc;tre r&eacute;compens&eacute;s de leur soutien au pr&eacute;sident Kabila par des concessions mini&egrave;res et p&eacute;troli&egrave;res. Le conflit s&rsquo;enlise ensuite sur le front de l&rsquo;est entre le RCD et les forces gouvernementales. Un deuxi&egrave;me mouvement rebelle soutenu par l&rsquo;Ouganda &eacute;merge en novembre&nbsp;1998 dans la province de l&rsquo;&Eacute;quateur, le Mouvement de lib&eacute;ration du Congo (MLC), qui ouvre un second front, plus au nord que celui du RCD. Il prend rapidement le contr&ocirc;le de plusieurs villes de l&rsquo;&Eacute;quateur et ce nouveau front s&rsquo;enlise &eacute;galement, dans une guerre de position larv&eacute;e. </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">L&rsquo;Ouganda, &eacute;chaud&eacute; par l&rsquo;&eacute;chec du plan rwandais d&rsquo;un r&egrave;glement global par une op&eacute;ration commando et en r&eacute;action aux nombreuses rodomontades diplomatico-militaires du Rwanda, qui d&eacute;fie la communaut&eacute; internationale en rejetant toutes les accusations qui p&egrave;sent sur son implication &agrave; l&rsquo;est du Congo, mise alors pour sa part sur des op&eacute;rations <span style="letter-spacing:-.1pt">r&eacute;gionales cibl&eacute;es entre Beni et Bunia dans</span> l&rsquo;est du Congo, pour s&rsquo;assurer le contr&ocirc;le de la r&eacute;gion. Cela est r&eacute;alis&eacute; sans le concours des Rwandais et l&rsquo;UPDF (l&rsquo;arm&eacute;e ougandaise) progresse rapidement jusqu&rsquo;&agrave; Kisangani, seule. Mais au-del&agrave; de cela, les vis&eacute;es rwandaises et ougandaises en RDC divergent &agrave; l&rsquo;&eacute;poque. L&rsquo;Ouganda r&ecirc;ve d&rsquo;une ouverture du march&eacute; congolais mais ne s&rsquo;oppose pas &agrave; l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;un &Eacute;tat fiable et alli&eacute;. Le Rwanda, &agrave; l&rsquo;inverse, se trouve press&eacute; par ses densit&eacute;s d&eacute;mographiques tr&egrave;s fortes et entend &laquo;&nbsp;satelliser&nbsp;&raquo; les Rwandophones congolais, utilisant les interactions ethniques dans une logique imp&eacute;rialiste. Les longues relations qu&rsquo;ont entretenues les deux pays et leurs dirigeants n&rsquo;apaisent en rien les tensions, qui atteignent leur paroxysme lorsque l&rsquo;Ouganda tente de <span style="letter-spacing:-.1pt">prendre l&rsquo;ascendant sur le Rwanda dans le contr&ocirc;le du RCD. &Agrave; Kisangani, une bataille qui oppose les soldats de l&rsquo;arm&eacute;e rwandaise &agrave; ceux de l&rsquo;arm&eacute;e ougandaise en ao&ucirc;t&nbsp;1999 marque l&rsquo;&eacute;parpillement des luttes &agrave; l&rsquo;est du Congo<a name="_ftnref22"></a><a href="#_ftn22"><sup><span style="color:black">[22]</span></sup></a></span>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">L&rsquo;accord de Lusaka, cens&eacute; mettre fin au volet international de la guerre, est n&eacute;goci&eacute; &agrave; partir d&rsquo;octobre&nbsp;1998 et la diplomatie occidentale met de longs mois &agrave; emporter un cessez-le-feu. L&rsquo;accord <span style="letter-spacing:.1pt">est finalement sign&eacute; le 10&nbsp;juillet 1999. La difficult&eacute; principale de l&rsquo;accord de Lusaka </span>r&eacute;side dans son calendrier, beaucoup trop ambitieux dans ses d&eacute;lais et irr&eacute;aliste dans ses principes. Celui-ci pr&eacute;voit en effet que le retrait des troupes &eacute;trang&egrave;res du territoire congolais ne doit intervenir qu&rsquo;apr&egrave;s le lancement d&rsquo;un dialogue intercongolais et apr&egrave;s le d&eacute;ploiement d&rsquo;une force de maintien de la paix de l&rsquo;ONU. L&rsquo;accord est donc, d&egrave;s le d&eacute;but, contraire au droit international qui &eacute;tablit l&rsquo;intangibilit&eacute; des fronti&egrave;res et l&rsquo;obligation de respecter la souverainet&eacute; des &Eacute;tats, en l&rsquo;occurrence la RDC. Pendant ce temps, les troupes &eacute;trang&egrave;res se trouvent donc toujours en territoire congolais. &Agrave; l&rsquo;&eacute;poque, la situation est telle que la RDC voit son territoire morcel&eacute; et administr&eacute; par diff&eacute;rentes entit&eacute;s. Cette absence de gouvernance r&eacute;elle se traduit par une chute dramatique de la croissance &eacute;conomique du pays. Celle-ci est de +</span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">0,7&nbsp;% en 1998, de -</span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">10,3&nbsp;% en 1999 et de -</span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">11,4&nbsp;% en 2000<a name="_ftnref23"></a><a href="#_ftn23"><sup><span style="color:black">[23]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Conclusion&nbsp;: &Agrave; l&rsquo;Est, rien de nouveau</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Les mouvements rebelles ne se d&eacute;mobilisent donc pas suite &agrave; la signature de l&rsquo;accord de Lusaka en 1999. Les pays voisins impliqu&eacute;s dans la guerre se retirent progressivement, mais les affrontements perdurent. Au d&eacute;but des ann&eacute;es 2000, l&rsquo;est du Congo est donc fractionn&eacute;, dans un &eacute;tat de partition de facto dans les territoires tenus par les mouvements rebelles. Dans les ann&eacute;es qui suivent, les m&ecirc;mes logiques centrip&egrave;tes produiront de nouvelles r&eacute;bellions, toujours soutenues par Kigali et Kampala. Le CNDP est ainsi cr&eacute;&eacute; en 2006, suite &agrave; une mutinerie des ex-RCD au sein de l&rsquo;arm&eacute;e congolaise, puis ses &eacute;l&eacute;ments sont r&eacute;int&eacute;gr&eacute;s &agrave; l&rsquo;arm&eacute;e en <span style="letter-spacing:.1pt">mars 2009. Mais en 2012, de nouvelles tensions entre les anciens rebelles et les autorit&eacute;s congolaises conduisent &agrave; la cr&eacute;ation d&rsquo;un nouveau mouvement, le M23. Apr&egrave;s des mois de violence arm&eacute;e, il cesse ses activit&eacute;s militaires en novembre 2013 mais, en l&rsquo;absence d&rsquo;un accord solide, son avenir et celui de ses troupes restent flous et laissent la porte ouverte &agrave; l&rsquo;&eacute;mergence de nouvelles revendications. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">La situation dans les Grands Lacs d&rsquo;Afrique reste donc tr&egrave;s confuse, du fait de la persistance de r&eacute;bellions rwandaises, ougandaises, burundaises et congolaises en territoire &eacute;tranger et de l&rsquo;implication des diff&eacute;rents &Eacute;tats dans le soutien militaire et financier qui assure leur survie. En effet, &laquo;&nbsp;l&rsquo;effondrement de l&rsquo;&Eacute;tat est contagieux. Bien que les origines de l&rsquo;&eacute;chec soient ins&eacute;parables d&rsquo;une mauvaise gouvernance, les risques de d&eacute;sint&eacute;gration sont significativement plus hauts lorsqu&rsquo;un &Eacute;tat en d&eacute;liquescence menace de contaminer son voisinage&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref24"></a><a href="#_ftn24"><sup><span style="color:black">[24]</span></sup></a>. Lorsque les liens, notamment ethniques, entre les populations de part et d&rsquo;autre de la fronti&egrave;re sont aussi &eacute;troits et lorsque les masses de r&eacute;fugi&eacute;s sont aussi importantes, le risque de contagion des tensions est encore plus &eacute;lev&eacute;, ce qui explique pour partie l&rsquo;encha&icirc;nement des conflits que nous venons de pr&eacute;senter.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica">C&rsquo;est dans ce contexte que les diff&eacute;rentes crises qui ont secou&eacute; les Grands Lacs depuis 1986 ont mutuellement produit leurs propres conditions d&rsquo;existence. Un r&egrave;glement des diff&eacute;rents niveaux de conflits qui agitent l&rsquo;est du Congo ne pourra donc passer que par une prise en compte de l&rsquo;ensemble des tensions politiques nationales et transfrontali&egrave;res de la r&eacute;gion, puisque la situation actuelle est le produit d&rsquo;un ensemble de facteurs qui d&eacute;passent chronologiquement et g&eacute;ographiquement le seul cadre du Kivu.</span></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <div> <hr align="left" size="1" width="33%" /></div> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn1"></a><a href="#_ftnref1"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[1]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Andr&eacute; Guichaoua, &laquo; Chronologie th&eacute;matique&nbsp;&raquo;, in Andr&eacute; Guichaoua (dir.), <i>Exil&eacute;s, r&eacute;fugi&eacute;s, d&eacute;plac&eacute;s en Afrique centrale et orientale</i>, Paris, Karthala, 2004, p. 66.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn2"></a><a href="#_ftnref2"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[2]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Claudine Vidal, <i>Sociologie des passions (C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire, Rwanda)</i>, Paris, Karthala, 1991, p. 37.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn3"></a><a href="#_ftnref3"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[3]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.05pt">Cette estimation est &agrave; retrouver dans G&eacute;rard Prunier, <i>The Rwanda Crisis</i>, New York, Columbia University Press, 1998, p.&nbsp;63. Ce livre fournit de plus amples informations sur ces flux de r&eacute;fugi&eacute;s et leurs cons&eacute;quences pour les pays d&rsquo;accueil.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn4"></a><a href="#_ftnref4"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[4]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Jean-Claude Willame, &laquo;&nbsp;Banyarwanda et Banyamulenge, Violences ethniques et gestion de l&rsquo;identitaire au Kivu&nbsp;&raquo;, <i>Cahiers africains,</i> n&deg;&nbsp;25, 1997, p.&nbsp;78.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn5"></a><a href="#_ftnref5"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[5]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Andr&eacute; Guichaoua, <i>op. cit.</i>, p.&nbsp;23.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn6"></a><a href="#_ftnref6"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[6]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Ren&eacute; Lemarchand, &laquo; Reflections on the Crisis in Eastern Congo &raquo;, in Stefaan Marysse, Filip Reyntjens (dir.), <i>L&rsquo;Afrique des Grands Lacs. Annuaire 2008-2009</i>, Paris, L&rsquo;Harmattan, 2009, p.&nbsp;105.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn7"></a><a href="#_ftnref7"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[7]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Roland Pourtier, &laquo;&nbsp;L&rsquo;Afrique centrale dans la tourmente. Les enjeux de la guerre et de la paix au Congo et alentour&nbsp;&raquo;, <i>H&eacute;rodote</i>, n<sup>o</sup>&nbsp;111, 2003/4, p.&nbsp;13.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn8"></a><a href="#_ftnref8"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[8]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.15pt">Bernard Leloup, &laquo; Rwanda-Ouganda : Chronique d&rsquo;une guerre annonc&eacute;e&nbsp;? &raquo;, in Stefaan Marysse, Filip Reyntjens (dir.), <i>L&rsquo;Afrique des Grands Lacs, op. cit.</i></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn9"></a><a href="#_ftnref9"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[9]</span></span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Thomas P. Ofcansky, <i>Uganda, Tarnished Pearl of Africa</i>, Boulder, WestviewPress, 1996, p.&nbsp;149.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn10"></a><a href="#_ftnref10"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[10]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.05pt">Pour plus d&rsquo;informations sur les questions relatives aux m&eacute;dias dans le g&eacute;nocide, voir Jean-Pierre Chr&eacute;tien, <i>Rwanda&nbsp;: les m&eacute;dias du g&eacute;nocide</i>, Paris, Karthala, 1995 et Alison Desforges, <i>Leave None to Tell the Story</i>, Human Rights Watch, 1999, section &laquo; The Media &raquo;.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn11"></a><a href="#_ftnref11"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[11]</span></span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:-.35pt">Ren&eacute; Lemarchand, <i>The Dynamics of Violence in Central Africa</i>, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 2009, p.&nbsp;84.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn12"></a><a href="#_ftnref12"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[12]</span></span></span></sup></a> <i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Ibid.</span></span></i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">, p.&nbsp;223.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn13"></a><a href="#_ftnref13"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[13]</span></span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">G&eacute;rard Prunier, <i>Africa&rsquo;s World War</i>, Oxford, Oxford University Press, 2009, pp.&nbsp;53-54.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn14"></a><a href="#_ftnref14"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[14]</span></span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Ren&eacute; Lemarchand, <i>The Dynamics of Violence in Central Africa, op. cit.</i>, p.&nbsp;208.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn15"></a><a href="#_ftnref15"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[15]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.05pt">Colette Braeckman, &laquo; La campagne victorieuse de l&rsquo;AFDL &raquo; in Colette Braeckman, Marie-France Cros et al., </span><i>Kabila prend le pouvoir</i>, Bruxelles, GRIP/Complexe, 1998, p.&nbsp;68.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn16"></a><a href="#_ftnref16"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[16]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.05pt">Arnaud Royer, &laquo; L&rsquo;instrumentalisation politique des r&eacute;fugi&eacute;s du Kivu entre 1994 et 1996 &raquo; in Andr&eacute; Guichaoua (dir.), <i>op. cit.</i>, p.&nbsp;519.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn17"></a><a href="#_ftnref17"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[17]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Ces chiffres sont rapport&eacute;s par Colette Braeckman dans C. Braeckman, M.-F. Cros et al., <i>op. cit.</i>, p.&nbsp;72.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn18"></a><a href="#_ftnref18"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[18]</span></span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Jean-Claude Willame, <i>art. cit.</i>, p.&nbsp;42.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn19"></a><a href="#_ftnref19"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[19]</span></span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">G&eacute;rard Prunier, <i>Africa&rsquo;s World War</i>, <i>op. cit.</i>, p.&nbsp;178.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn20"></a><a href="#_ftnref20"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[20]</span></span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:-.15pt">G&eacute;rard Prunier, </span></span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Africa&rsquo;s World War</span></span></i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">, <i><span style="letter-spacing:-.15pt">op. cit.&nbsp;</span></i></span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:-.15pt">L&rsquo;auteur reprend cette formulation et &eacute;tudie en d&eacute;tail les deux guerres du Congo.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn21"></a><a href="#_ftnref21"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[21]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.05pt">Bob Kabamba et Olivier Lanotte, &laquo; Guerres au Congo-Za&iuml;re (1996-1999) : Acteurs et sc&eacute;narios &raquo;, in Paul Mathieu et Jean-Claude Willame (dir.), <i>Conflits et guerres au Kivu et dans la r&eacute;gion des Grands Lacs, Entre tensions locales et escalade r&eacute;gionale</i>, <i>Cahiers africains, </i>n<sup>os</sup> 37-38, Paris, L&rsquo;Harmattan, 1999, p.&nbsp;116.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn22"></a><a href="#_ftnref22"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[22]</span></span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Ren&eacute; Lemarchand, <i>The Dynamics of Violence in Central Africa</i>, <i>op. cit.</i>, p.&nbsp;234.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn23"></a><a href="#_ftnref23"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[23]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Chiffres avanc&eacute;s par G&eacute;rard Prunier, <i>Africa&rsquo;s World War</i>, <i>op. cit.</i>, p.&nbsp;237.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn24"></a><a href="#_ftnref24"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[24]</span></span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Ren&eacute; Lemarchand, <i>The Dynamics of Violence in Central Africa</i>, <i>op. cit.</i>, p.&nbsp;221.</span></span></span></span></p>