<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Tout historien s’intéressant aux sociétés en guerre à l’époque contemporaine ne peut que se sentir interpellé par le livre qu’Olivier Wieviorka a consacré à la Résistance. Des questions complexes et profondes y sont en effet abordées : pourquoi, dans une situation donnée, des hommes et des femmes se mobilisent-ils et passent-ils à l’action, pourquoi d’autres, au contraire, ne franchissent-ils pas ce seuil de l’engagement, ou pourquoi le font-ils à des degrés fort divers ? Quels sont les ressorts de l’obéissance et/ou de la soumission, ceux de la désobéissance et de la rébellion ? Avant d’y venir au travers de la lecture de l’<i>Histoire de la résistance. 1940-1945</i> d’O. Wieviorka (OW), je commencerai par saluer une performance.</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"> </p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">« Sans que la plume ne tremble »… </span></span></b></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">À coup sûr, l’écriture d’une synthèse sur un sujet aussi travaillé que l’est depuis soixante-dix ans la résistance au nazisme et au pétainisme constitue un redoutable défi pour tout historien. De ce strict point de vue, ce livre relève donc assurément de la performance. Son artisan a embrassé, en solitaire, une masse considérable de travaux scientifiques de toute nature pour livrer au grand public son <i>Histoire de la résistance</i> en près de six cents pages. D’ailleurs, les grands médias ne s’y sont pas trompés et quasi unanimement, ont salué cette « magistrale synthèse » ; l’ouvrage serait même appelé à devenir un « classique »<a name="_ftnref1"></a><a href="#_ftn1" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[1]</span></sup></a>. C’est donc tout à fait sérieusement que cette recension aborde et discute cette « nouvelle » histoire de la Résistance, en minuscule<a name="_ftnref2"></a><a href="#_ftn2" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[2]</span></sup></a> ; et pour paraphraser l’auteur, sans que la plume ne tremble<a name="_ftnref3"></a><a href="#_ftn3" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[3]</span></sup></a> !</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"> </p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.3pt">Procédé rhétorique, posture et rupture</span></span></span></b> </span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le fond est souvent inséparable de la forme, la composition de ce livre en apporte une éclatante démonstration. La thèse est construite autour d’un artifice rhétorique consistant à faire mine de <i>devoir</i> rectifier des affirmations qu’aucun historien sérieux ne formule ; cela peut expliquer le recours fréquent au pronom personnel indéfini permettant de désigner, pêle-mêle, tout le monde et personne : ainsi, peut-on lire des formules du type : « on prétend… », « on croit communément… »<a name="_ftnref4"></a><a href="#_ftn4" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[4]</span></sup></a>, etc. Qui est ce fameux « On » ? Mystère ! Depuis un tel surplomb embrumé, il est effectivement aisé de prétendre que tous ses prédécesseurs et collègues ont jusqu’ici failli à leur tâche d’ « historicisation ». Banal. Le procédé d’exposition de la thèse s’accompagne ensuite d’une mise en scène de l’auteur, par lui-même, en tant que redresseur de vérités, « d’écorneur de légendes », démolisseur de « mythes » et de tabous, briseur « d’images convenues » et « d’allégorie »<a name="_ftnref5"></a><a href="#_ftn5" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[5]</span></sup></a>, bref, en tant que vrai et premier professionnel ayant enfin osé défier une prétendue vulgate qui est, dans une très large mesure, redisons-le, une invention de l’auteur lui-même et de quelques autres<a name="_ftnref6"></a><a href="#_ftn6" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[6]</span></sup></a>. Avec une touchante modestie, l’auteur enfile d’ailleurs la panoplie du glorieux révolutionnaire de juillet 1789 :</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">« Ces Bastilles mémorielles, écrit-il, furent d’autant plus difficiles à prendre que l’histoire de la résistance fut, de longues décennies durant, écrite par des hommes qui en avaient été, de près ou de loin, des acteurs. Ils se flattaient d’ailleurs de respecter la parole des témoins sans en contester les dires »<a name="_ftnref7"></a><a href="#_ftn7" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[7]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">La Bastille ! À ce jeu rhétorique, l’acteur auto-mis en scène est toujours gagnant : d’un côté, il est assuré d’être congratulé par tous ceux qui, à l’instar des principaux médias avides de nouveautés et de sensationnel, ont de plus ou moins bonnes raisons de saluer la (fausse) « révélation » sans prendre le temps d’en évaluer le bien-fondé ; de l’autre, s’il advient qu’il soit quelque peu discuté, voire objecté, alors il se drape dans sa dignité outragée et prend la posture du chercheur d’avant-garde victime d’historiens forcément aigris et dépassés. Bien sûr, les rares propositions de débat avec des pairs potentiellement objecteurs sont aussi consciencieusement esquivées ou écartées sur le registre du « je ne m’abaisse pas à débattre avec des historiens qui ne comprennent rien, etc. »<a name="_ftnref8"></a><a href="#_ftn8" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[8]</span></sup></a> Le procédé est aujourd’hui bien rodé ; il est efficace ; il évite aux historiens preneurs de Bastilles imaginaires d’avoir à répondre sur le fond<a name="_ftnref9"></a><a href="#_ftn9" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[9]</span></sup></a>. <span style="letter-spacing:-.1pt">Je vais donc y venir en abordant pour commencer le problème soulevé par la définition de la Résistance retenue par</span> OW.</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"> </p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Question de définition. Un besoin d’</span></span></b><b> </b><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">« estrangement » non satisfait</span></span></b></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">« L’estrangement me semble susceptible de constituer un antidote efficace à un risque qui nous guette tous : celui de tenir la réalité (nous compris) pour sûre »<a name="_ftnref10"></a><a href="#_ftn10" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[10]</span></sup></a>, Carlo Ginzburg.</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Afin de bien situer les termes de la discussion, rappelons qu’il y a quelques années l’historien François Marcot<a name="_ftnref11"></a><a href="#_ftn11" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[11]</span></sup></a>, entre autres<a name="_ftnref12"></a><a href="#_ftn12" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[12]</span></sup></a>, avait proposé de distinguer une « Résistance-organisation » qui, précisait-il, « <u style="text-underline:black thick">ne comprend de toute évidence qu’une toute petite minorité</u>, et une Résistance-mouvement »<a name="_ftnref13"></a><a href="#_ftn13" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[13]</span></sup></a>, phénomène social beaucoup plus vaste… ; on notera que cette citation colle bien mal avec l’histoire prétendument « mythifiée » qu’il s’agirait de redresser. Mais passons. Ceci posé, Marcot suggérait également, pour une bonne appréhension des différentes dimensions du phénomène (temporelles, spatiales, sociales et culturelles), de ne pas dénouer les deux résistances : « la Résistance-mouvement n’est nullement en marge de la Résistance-organisation : elle conditionne son existence », soulignait-il encore<a name="_ftnref14"></a><a href="#_ftn14" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[14]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Avant d’aller plus avant, il est également nécessaire de bien s’entendre sur les termes utilisés par les uns et par les autres : la « Résistance-organisation » désigne les réseaux, <i>les mouvements</i>, les maquis, c’est-à-dire les groupes plus ou moins structurés, <i>organisés</i> et constitués pour agir en tant que tels contre l’occupant et Vichy. La « Résistance-mouvement » désigne quant à elle un <i>mouvement social</i> beaucoup plus large constitué de tous ceux, anonymes pour la plupart, qui par des actes individuels – souvent mais pas seulement –, ponctuels – fréquemment mais pas toujours –, ont tissé en dépit de tous les risques encourus un environnement de solidarité et d’entraide, de protection et de sauvetage sans lequel non seulement la Résistance-organisation elle-même mais des dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants traqués n’auraient pu survivre.</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">D’entrée de jeu, à cette définition gigogne, finement ciselée par des années de recherches et de réflexions, et aujourd’hui assez communément admise par tous les historiens soucieux de restituer la complexité et l’étrangeté (selon « l’estrangement » de Carlo Ginzburg cité ci-dessus) d’un tel phénomène – pour nous aujourd’hui, certes, mais aussi pour la société de l’époque considérée –, est opposée cette virile sentence :</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">« Distinguer ne signifie pas pour autant confondre. C’est bien de la résistance-organisation que traite cet ouvrage, non de la résistance-mouvement. »<a name="_ftnref15"></a><a href="#_ftn15" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[15]</span></sup></a></span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Bien sûr… mais, à ceci près que la « confusion » dénoncée est pure invention, cas typique parmi d’autres, où la posture historienne peut déraper en imposture historiographique. Dès lors, ainsi arrimée à cette fausse affirmation, la justification du choix de ne traiter que de la Résistance-organisation s’en trouve considérablement affaiblie et peine à convaincre. D’autant que l’histoire proposée est à la fois suspicieuse et culpabilisatrice.</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"> </p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Questions et problèmes</span></span></b></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.3pt">1. Une histoire du soupçon et de la culpabilité</span></span></span></i></b></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Cela fait déjà un petit moment que les socio-historiens ont admis que d’un milieu social à l’autre, d’un groupe à l’autre, d’un individu à l’autre, la palette des choix (ce qu’ils appellent dans leur jargon <i>le champ</i> ou <i>l’horizon des possibles</i>) offerts aux acteurs varie énormément. OW le sait. Il cite même Charles Tilly<a name="_ftnref16"></a><a href="#_ftn16" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[16]</span></sup></a> dont il semble vouloir retenir le concept, utile en effet, de <i>répertoire d’action</i>, ce dernier exprimant l’idée selon laquelle, confrontée à une situation – ordinaire ou non – toute personne dispose de savoirs, de capacités, et donc de modes d’action et de réaction qui lui sont propres ; formulé plus simplement, cela signifie qu’un chef d’entreprise, un diplomate, un officier, un fonctionnaire, une femme célibataire, n’ont pas exactement les mêmes cartes en main pour affronter cette période qu’un ouvrier, un soldat du rang, un paysan, une femme chargée d’enfants ayant en outre son mari prisonnier. Dans le cadre de l’Occupation, et si l’on suit toujours OW, chaque individu disposerait ainsi « d’un répertoire de contestation » qui définirait « l’ensemble des moyens de revendication dont il dispose » et « l’entrée en résistance plaçait donc les individus dans une situation d’inégalité »<a name="_ftnref17"></a><a href="#_ftn17" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[17]</span></sup></a>. Ce point de vue est largement partagé. Hélas, cette citation n’est qu’un leurre, car chapitre après chapitre, le propos structurant l’ouvrage s’en écarte inéluctablement. En somme, pendant la Seconde Guerre mondiale, le choix posé à tout un chacun entre mai-juin 1940 et le 8 mai 1945 se serait réduit à un choix on ne peut plus simple : « entrer en résistance » ou… pas ; tout individu aurait été libre d’accepter ou de refuser de participer à la lutte<a name="_ftnref18"></a><a href="#_ftn18" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[18]</span></sup></a>. Énième avatar de la thèse culturaliste et controversée du « consentement », cette affirmation très discutable repose à la fois la question de l’autonomie de l’individu et celle de l’engagement, deux beaux objets pour les sciences sociales<a name="_ftnref19"></a><a href="#_ftn19" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[19]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Contrairement à ce qui est encore avancé, personne aujourd’hui ne conteste le fait que de nombreux Français</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> aient fait preuve « d’attentisme ». Comprendre <span style="letter-spacing:-.1pt">et dire ce que put recouvrir cet « attentisme</span> » est assurément compliqué. Autant que faire se peut, cela nécessite de pouvoir se représenter ce que furent pour des millions d’hommes et de femmes, et d’enfants (voir l’extrait du témoignage reproduit ci-dessous), le choc tellurique provoqué par la défaite <span style="letter-spacing:-.1pt">militaire et l’effondrement de l’État en quelques semaines seulement, la débandade et la faillite d’une grande partie </span>des élites<a name="_ftnref20"></a><a href="#_ftn20" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[20]</span></sup></a>, sans compter la trahison d’une partie des cadres du pays ; de <span style="letter-spacing:-.2pt">prendre en compte l’ampleur des bouleversements</span> existentiels générés par la perte durable de repères institutionnels, l’absence de près de deux millions d’hommes retenus prisonniers par l’ennemi, la division du pays, la présence de plus en plus pesante sinon menaçante de l’occupant et d’un régime aux abois ; d’entendre, enfin, les détresses occasionnées par les difficultés croissantes de la vie quotidienne, l’angoisse d’un lendemain durablement indéchiffrable…</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"> </p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Témoignage d’un enfant de l’exode </span></span></span></b></span></span></p>
<p> </p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">« Il fallut passer la nuit aux Andelys, les hôtels étaient pris d’assaut. […] Il n’y avait même pas de place pour mon frère et moi. Nous dormîmes dans la voiture, ce qui n’était pas plus mal.</span></span></span></i></b></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Fatigué, énervé, quand nous pûmes manger quelque chose, je me mis à fondre en larmes. À mes parents surpris, je ne pus que dire que je pleurais sur la France, sur les malheurs de la France… ou quelque chose comme cela. Il faut dire que, même pour les enfants, c’était un choc incroyable de voir leur pays dans cette situation inimaginable… »<a name="_ftnref21"></a><a href="#_ftn21" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[21]</span></sup></a></span></span></span></i></b></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"> </p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"> </p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Qui en effet pouvait prévoir ce qui est arrivé en 1940 ? Qui aurait pu prévoir qu’Hitler se retournerait quelques mois plus tard contre l’URSS, qu’il faudrait attendre décembre 1941 pour que le Japon projette les États-Unis (attentistes ?) dans la guerre, que les forces <span style="letter-spacing:-.2pt">antinazies scelleraient enfin avec Staline</span> l’alliance qu’ils lui marchandèrent si âprement en août 1939 ? Qui, franchement, avait été préparé à faire face à une telle situation absolument inédite dans sa soudaineté, son ampleur, sa durée, ses retournements ? Tant pour le chercheur que pour l’enseignant, la difficulté réside précisément dans l’appréhension différentielle des <i>horizons d’attente</i> (les capacités de se projeter vers le futur), des<i> champs d’expérience</i> (par exemple, s’agissant de la guerre, le champ d’expérience diffère très sensiblement entre le front et l’arrière) et des<i> champs des possibles</i> offerts aux contemporains. Toutefois, pour OW, les choses sont assez simples :</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.3pt">« La débâcle et ses principales conséquences – l’occupation de la zone nord et la naissance de l’État français – <u style="text-underline:black thick">appelaient de toute évidence une réponse militaire</u></span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.2pt">que les pionniers n’imaginaient cependant pas formuler »<a name="_ftnref22"></a><a href="#_ftn22" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[22]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">On peine à discerner cette « évidence ». Cette pratique consistant pour l’historien à chausser les lunettes de 2013 pour apprécier les comportements de 1940-1945 porte un nom : <i>l’histoire téléologique</i>. Elle écrit faux avec du vrai.</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">En l’occurrence, tenter d’approcher au plus près la réalité de l’expérience des hommes et des femmes de cette période non-ordinaire, cela nécessite en premier lieu de considérer les engagements appelés « entrées en résistance » dans ce qu’ils ont d’absolument spécifique : dans la guerre de partisans, en effet, il n’y a pas de front et souvent pas d’échappatoire : c’est la victoire, ou la mort, ou la déportation et la mort lente… C’est donc tout d’abord à cette aune que ce type d’engagement doit être apprécié. Autant dire que, du point de vue des risques encourus, l’assimilation qui est parfois faite entre résistants de l’intérieur et soldats de la France libre est assez spécieuse<a name="_ftnref23"></a><a href="#_ftn23" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[23]</span></sup></a>, même s’il est vrai que de nombreux jeunes souhaitant rejoindre les FFL sont tombés dans les mailles de la Gestapo en voulant passer la frontière espagnole dans les Pyrénées et ont été déportés. Ensuite, cela nécessite encore d’essayer de restituer aussi finement que possible l’extrême variété des situations individuelles et collectives, familiales et professionnelles, matérielles et sociales. Enfin, de tenter de restituer ces engagements comme des processus inscrits dans des temporalités variables et qui, d’ailleurs, ne sont pas toujours linéaires, ni même toujours définitifs. À cet égard, mobiliser le concept du <i>penser double</i> si finement analysé par Pierre Laborie<a name="_ftnref24"></a><a href="#_ftn24" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[24]</span></sup></a> et auquel il faudrait sans doute, dans certains cas, adjoindre un <i>agir double</i>, n’est pas inutile. Germaine Tillion, ethnologue, résistante, rescapée de Ravensbrück et inlassable chercheuse, ne disait d’ailleurs pas autre chose quand elle invitait les historiens à considérer, aussi, ceux qui ne disent mot mais n’en pensent pas moins<a name="_ftnref25"></a><a href="#_ftn25" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[25]</span></sup></a>. Pour ne citer qu’un exemple, une telle attention aurait épargné à OW de s’étonner du fait que les premières réquisitions de travailleurs forcés « ne provoqu[èrent] pas instantanément de révolte »<a name="_ftnref26"></a><a href="#_ftn26" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[26]</span></sup></a>…</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Hélas, au lieu de s’astreindre à une opération aussi délicate et, sans doute aussi, beaucoup plus incertaine en termes de dividendes médiatiques, OW a préféré emprunter au registre moral – et non éthique – pour mieux dénoncer du haut de sa chaire le « péché d’attentisme »<a name="_ftnref27"></a><a href="#_ftn27" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[27]</span></sup></a> dont se serait montré coupable, selon lui, l’écrasante majorité des Français. Coupables qui s’ignoraient, les Français auraient aussi eu besoin « d’un commode alibi »<a name="_ftnref28"></a><a href="#_ftn28" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[28]</span></sup></a>… Pourtant, aucune classe, aucun groupe, aucune communauté, y compris la plus menacée d’entre elles par les nazis et leurs zélés serviteurs, n’a totalement échappé à cette disposition d’esprit ici dénoncée comme un « péché d’attentisme »<a name="_ftnref29"></a><a href="#_ftn29" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[29]</span></sup></a> ? Or, OW lui-même rappelle ailleurs que :</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">« loin de constater que l’État français menait une politique antisémite autonome, beaucoup de juifs crurent au départ qu’ils subissaient la pression de l’occupant »<a name="_ftnref30"></a><a href="#_ftn30" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[30]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Ce n’est pas faux. Mais alors, si les juifs eux-mêmes crurent cela, comment les autres catégories de la population ne l’auraient-elles pas cru ? Une nouvelle fois l’historien prête un peu hâtivement aux hommes et aux femmes de l’Occupation son propre savoir sur Vichy, sur l’antisémitisme de l’État français et sur l’ampleur des crimes nazis. Pense-t-il sérieusement que les Français des « années sombres », une expression dont il raffole<a name="_ftnref31"></a><a href="#_ftn31" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[31]</span></sup></a>, avaient lu Raul Hilberg<a name="_ftnref32"></a><a href="#_ftn32" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[32]</span></sup></a> ? Carlo Ginzburg, nous l’avons déjà souligné, appelle à penser « l’estrangement ». Tout cela suppose d’inscrire les prises de décisions des acteurs dans leur contemporanéité, pas dans la nôtre. À cet égard, et parmi de nombreux autres cas, le cheminement tragique d’une famille comme celle d’Hélène Berr est tout à fait symptomatique. Au-delà de l’émotion légitime qu’il suscite chez tout lecteur, le magnifique témoignage de cette jeune femme donne accès à un </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">certain nombre de clés de compréhension des comportements de l’époque qu’OW, tout à son entreprise de dénigrement systématique, se refuse à exploiter<a name="_ftnref33"></a><a href="#_ftn33" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[33]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"> </p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Cette culpabilisation rétrospective et globale des Français de l’Occupation n’est certes pas nouvelle et a connu plusieurs formes successives depuis l’expression utilisée par l’historien états-unien Robert Paxton qualifiant au début des années 1970 les Français qui « ne mettent pas en doute la légitimité du régime [de Vichy] et ne font pas d’opposition active » de « collaborateurs fonctionnels »<a name="_ftnref34"></a><a href="#_ftn34" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[34]</span></sup></a>, jusqu’à la notion « d’accommodation » proposée par Philippe Burrin quelques vingt années plus tard mais parvenant, au final, à la même conclusion couleur de gris :</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">« il ne s’agit pas de noyer dans la catégorie générale de l’accommodation la notion de collaboration, qui en fut la manifestation la plus marquée – c’est en quelque sorte l’accommodation élevée en politique –, mais d’embrasser toutes les formes de l’adaptation pour distinguer leur gradation et cerner les spécificités, pour ressaisir la diversité des comportements et la complexité des motifs, pour restituer la vaste zone grise qui est, en fait, la tache de couleur dominante sur le tableau des années noires »<a name="_ftnref35"></a><a href="#_ftn35" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[35]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Sans doute, l’analyse de Paxton, comme celle de Burrin plus récente, ont-elles souffert d’avoir été précoces et de n’avoir pu bénéficier de la lecture des nombreux travaux produits ces dernières années et notamment des éclairages des sciences sociales<a name="_ftnref36"></a><a href="#_ftn36" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[36]</span></sup></a>. OW n’a quant à lui pas cette excuse. Comme ses deux prédécesseurs, il homogénéise sensiblement l’ensemble de la société française à partir d’une <i>catégorie</i> générale, celle de « l’attentisme », qui n’exclut en définitive qu’une infime frange de la population, celle des résistants actifs et/ou armés d’un côté, celles des collaborationnistes et des collaborateurs de l’autre. Outrancièrement simplificatrice, cette catégorie n’éclaire pas notre appréhension du monde social en guerre. Revenons à cette remarque de bon sens émise par Pierre Laborie :</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">« Si tout ce qui n’est pas obéissance et soumission à l’occupant n’est pas résistance, ce qui n’est pas refus exprimé par une action de lutte n’est pas pour autant consentement, compromission ou complicité »<a name="_ftnref37"></a><a href="#_ftn37" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[37]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">On ne saurait mieux dire. D’ailleurs, et ce n’est pas le moins préoccupant, cette remarque vaut aussi – et ô combien ! – pour l’histoire de la Première Guerre mondiale. En fait, la charge dénonciatrice d’OW s’inscrit dans un mouvement beaucoup plus large et aussi beaucoup plus profond de suspicion récurrente consistant à rejeter sur les citoyens ordinaires la responsabilité collective des horreurs et des crimes du XX<sup>e</sup> siècle<a name="_ftnref38"></a><a href="#_ftn38" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[38]</span></sup></a> et, pour ce siècle-ci, celle du taux de chômage, de la désaffection à l’égard du projet de construction européenne sans oublier le vote Front national… Mais restons un instant sur la question des <i>catégorie</i>s mobilisées dans ce livre car le problème est récurrent.</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"> </p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">2. Des catégories sommaires pour une sociologie timorée</span></span></i></b></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">L’un des chapitres du livre est intitulé </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">« Sociologies » ; cela part d’un bon réflexe, car trop d’études historiques se montrent, effectivement, peu soucieuses de situer socialement les acteurs sociaux qu’ils convoquent ; mais, hélas, que valent des catégories aussi englobantes, aussi homogénéisantes, aussi grossières, que : <i>les</i> communistes, <i>les</i> socialistes, <i>les</i> ouvriers, <i>les</i> paysans, <i>les</i> catholiques, <i>les</i> protestants, <i>les</i> juifs, <i>les</i> militaires, <i>les</i> femmes ? Autant de catégories molles et floues… D’ailleurs, dans ce tableau manquent encore <i>les</i> athées, <i>les</i> oisifs, <i>les</i> rêveurs, <i>les</i> rentiers, <i>les</i> homosexuels et sans doute quelques autres que j’oublie. <i>Les</i> indifférents, par exemple…</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"> </p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Un anticommunisme daté</span></span></b></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">S’agissant plus particulièrement <i>des</i> communistes, vingt-cinq ans après la chute du mur de Berlin et l’implosion du système soviétique, il est non moins frappant de voir à quel point ce livre exhale encore un petit fumet de Guerre froide. Sans surprise, on retrouve évidemment la figure désormais imposée de l’énième dénonciation décontextualisée de la signature du pacte germano-soviétique. Pêle-mêle est ensuite reproché <i>aux</i> communistes d’avoir tardé à entrer en résistance et d’avoir dans un premier temps privilégié la lutte syndicale et anti-pétainiste : la grève massive déclenchée par les mineurs du Nord en mai 1941 n’est tout d’abord pas mise au crédit de l’esprit de résistance des militants et militantes communistes – cette concession n’intervient que plus tard dans le livre, p. 103 – ; dans un second temps, leur est aussi reproché (après l’invasion de l’URSS par l’Allemagne) d’avoir mal choisi leurs modes d’action, les attentats individuels étant particulièrement décriés, j’y reviendrai. Les sinuosités, voire les contradictions du propos, donnent tout simplement le tournis : tantôt l’ampleur des arrestations des militants et des cadres est mise en exergue, tantôt l’atonie du Parti suscite l’étonnement réprobateur ; en même temps qu’est soulignée la rigidité des directives du Parti, on apprend qu’une « partie des cadres n’adhère <span style="letter-spacing:-.1pt">pas à la ligne suivie »<a name="_ftnref39"></a><a href="#_ftn39" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[39]</span></sup></a> ; parmi eux, sont cités Hafez à Nantes, Tillon à Bordeaux ;</span> ces deux communistes lancèrent en effet des appels très précoces à la lutte contre l’occupant (17-18 juin 40, contemporains donc de celui du général de Gaulle) ; mais, toujours selon OW, Tillon ne se serait finalement pas démarqué des directives du Parti… Quel dédale ! On s’y perd. L’auteur précise encore que des milliers de militants quittèrent le Parti et attribue implicitement ces départs à un rejet du pacte germano-soviétique, pure spéculation ; bien d’autres raisons et motivations ont pu entraîner de tels départs, ne serait-ce que la chasse aux communistes déclenchée par Daladier et amplifiée par Pétain ; mais, aussitôt cette précision donnée, elle est aussitôt relativisée par l’insinuation que ces militants en rupture de parti n’auraient, en vérité, pas totalement coupé le « cordon » avec la direction du Parti<a name="_ftnref40"></a><a href="#_ftn40" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[40]</span></sup></a>. Sans apporter encore la moindre preuve, leur loyauté aux mouvements et réseaux rejoints est ainsi mise en doute. Suspicion toujours.</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Une nouvelle fois, comme s’il était impossible d’être communiste en dehors du Parti, ou d’être communiste tout en contrevenant aux consignes de sa direction, la catégorie mobilisée homogénéise le groupe décrit et s’avère impuissante à rendre compte de la variété des façons « d’être communiste ». S’il en était besoin, le cas emblématique du libérateur de Limoges, illustre pourtant suffisamment cette réalité : le communiste Georges Guingouin appelle en effet à la lutte dès août 40 et prend le maquis dès avril 41… Mais cela ne suffit pas ; le fait qu’il aurait conservé la confiance de ses supérieurs lui ôterait tout vrai mérite<a name="_ftnref41"></a><a href="#_ftn41" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[41]</span></sup></a>. Le PCF ainsi décrit est un parti parfaitement homogène, monolithique, et les positionnements comme les choix de ses membres sont réduits à ceux de sa direction. Une telle assignation à une ligne de conduite univoque de milliers d’hommes et de femmes communistes ayant eu des trajectoires variées est également problématique. Elle empêche la prise en compte, d’une part, des contraintes spécifiques pesant alors sur les militants et sympathisants pourchassés depuis septembre 1939, et, d’autre part, des contraintes « ordinaires » pesant sur tout un chacun en cette période non ordinaire structurée par la défaite, l’effondrement des institutions républicaines, l’Occupation, les restrictions, sans oublier la peur. Contrairement à ce que croit OW les conflits de loyauté ne se réduisent pas au (faux) débat entre obéissance ou désobéissance aux directives du Parti. Aussi étonnant que cela puisse paraître, les communistes, eux aussi, sont alors des enfants, des parents, des époux, des travailleurs…</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Dénigrement encore et toujours :</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">« Au début de 1941, la presse communiste, jusqu’alors d’une discrétion de violette, assortit ses attaques contre Vichy de piques contre l’Allemagne nazie »<a name="_ftnref42"></a><a href="#_ftn42" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[42]</span></sup></a>…</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">« Discrétion de violette » ! Quelle adorable expression. Mais s’agissant de la presse communiste, on est tenté de la retourner : pourquoi ne pas évoquer, par exemple, la brochure attribuée à Georges Politzer, philosophe, d’origine juive hongroise, proche de la direction du PCF ? Intitulée <i>Révolution et contre-révolution au XX<sup>e</sup> siècle</i>, il s’agit pourtant d’une verte réponse au discours de Rosenberg prononcé devant l’Assemblée nationale. Rédigée en décembre 1940-janvier 1941, et tout en étant une ode à Staline et à l’URSS, cette critique en règle du nazisme, et particulièrement de son racisme a circulé à partir de mars 1941<a name="_ftnref43"></a><a href="#_ftn43" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[43]</span></sup></a>… C’est vrai que le rappeler obligerait à dénoircir le tableau !</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"> </p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Les mots pour dire les attentats individuels (communistes) : un cas de relativisme rampant</span></span></b></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Selon OW qui, page après page, ne cesse de stigmatiser l’attentisme des Français et l’entrée tardive des communistes en résistance :</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">« plusieurs formes d’actions <u style="text-underline:black thick">se révélaient problématique</u><u style="text-underline:thick">s,</u> à commencer par <u style="text-underline:black thick">l’exécution de soldats isolés</u>. Préconisée par la mouvance communiste à partir du mois d’août 1941, cette méthode choqua profondément <u style="text-underline:black thick">une frange</u> du monde catholique… »<a name="_ftnref44"></a><a href="#_ftn44" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[44]</span></sup></a></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Que la pratique de ces attentats ait été problématique, cela ne fait guère de doute. Mais dans ce cas précis, le choix des mots ne mérite-t-il pas une attention redoublée ? Or, comme le montre la citation ci-dessous, différents termes sont tour à tour utilisés pour (dis)qualifier les attentats :</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">« le 21 août 1941, un jeune communiste, Pierre Georges (Fabien), <u style="text-underline:black thick">assassina</u> ainsi un aspirant de la Kriegsmarine pris au hasard, Alfons Moser, à la station Barbès-Rochechouart. Le 20 octobre suivant, un commando envoyé à Nantes, composé notamment de Gilbert Brustlein et de Spartaco Guisco, <u style="text-underline:black thick">exécuta</u> le chef de la Feldkommandantur de Loire-Inférieure, le lieutenant-colonel Karl Hotz. Le lendemain, Pierre Ribières <u style="text-underline:black thick">abattit</u> à Bordeaux le conseiller juridique de l’Administration militaire, Hans Gottfried Reimers »<a name="_ftnref45"></a><a href="#_ftn45" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[45]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.3pt">Les mots ont un sens et sont porteurs à la fois d’un contexte et d’un point de vue. Chacun d’entre eux postule un univers<a name="_ftnref46"></a><a href="#_ftn46" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[46]</span></sup></a>. Et sauf à considérer que les mots sont interchangeables, que tout se vaut, « assassiner », « exécuter », « abattre », ce n’est certainement pas la même chose. Alors, pourquoi ce brouillage des images et des sens ? On se souvient que l’occupant et Vichy désignaient systématiquement les patriotes résistants sous le vocable stigmatisant de « terroristes », ou encore que le général <i>SS</i> Stroop ne voyait dans les jeunes insurgés juifs du ghetto de Varsovie que des « bandits » qu’il convenait d’exterminer. Employer le verbe « assassiner » pour qualifier l’acte de Pierre Georges, cela revient à criminaliser cet attentat, à le mettre sur le même plan que les crimes de la Milice, de la Gestapo ou de la <i>SS</i>. Ne pouvant imaginer qu’un historien que l’on a vu si attentif à son vocabulaire ne fasse pas la différence, il faut donc supposer que le choix de ce terme lui paraît pertinent et participe de son entreprise de dénigrement systématique de la Résistance en général, de la Résistance communiste en particulier. Toutefois, et en définitive, le fait que le verbe « assassiner » n’ait pas été conservé pour dis(qualifier) les deux autres cas cités témoigne aussi d’un relativisme rampant mal assumé.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"> </p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">3. Le faux atout maître. D’une historiographie à l’autre, les fausses « querelles de chiffres »<a name="_ftnref47"></a><a href="#_ftn47" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:normal">[47]</span></span></span></sup></a></span></span></i></b></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Comme d’autres historiens avant lui, OW abaisse au terme de son réquisitoire ce qu’il considère sans doute, et à tort, comme étant l’atout maître censé emporter définitivement l’adhésion. Il croit pouvoir clore le débat en avançant le chiffrage de l’engagement résistant. Il a d’ailleurs raison puisque ce procédé fascine les médias<a name="_ftnref48"></a><a href="#_ftn48" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[48]</span></sup></a>. S’agissant de la Grande Guerre, on se souvient que les taux effectivement très faibles de désertion et d’insoumission sont depuis plus de vingt ans avancés comme autant de preuves définitives du « consentement » des sociétés européennes à la guerre, à sa durée, à ses formes, à sa violence. C’est la thèse défendue par les historiens culturalistes de la Grande Guerre emmenés par Stéphane Audoin-Rouzeau et Annette Becker<a name="_ftnref49"></a><a href="#_ftn49" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[49]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Tout à son entreprise de minimisation, OW estime quant à lui que « l’armée des ombres a au total rassemblé de 300 000 à 500 000 hommes et femmes ». Il semble que les historiens soient à peu près d’accord sur cette estimation chiffrée de la « Résistance-organisation » même si, on l’a vu, François Marcot et d’autres contestent cette approche profondément réductrice. Mais en tout état de cause, de quoi témoigne in fine<i> </i>le chiffre retenu par OW ?</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Quantifier l’opposition, la rébellion, la dissidence, la mutinerie, la révolution, est toujours un exercice délicat pour un historien. Il ne s’agit donc pas de critiquer l’imprécision du chiffrage proposé ; en soi, il fournit un ordre de grandeur et c’est déjà beaucoup. Pour autant, même en acceptant de limiter le peuple résistant à 400 000 comme nous y invite OW – ce qui représente un engagement pour cent, un pour quarante si l’on considère la population âgée de 18 à 60 ans, sensiblement plus si l’on soustrait encore les 1,8 million de prisonniers de guerre composés d’hommes en âge et en capacité de se battre –, cette proportion effectivement minoritaire ne doit pas être faussement interprétée. Car la question de savoir s’il s’agit d’un phénomène minoritaire ne se pose même pas. En réalité, ainsi que l’a souligné l’historien </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">André Loez dans ses travaux récents consacrés aux mutins de 1917, toute mobilisation<span style="letter-spacing:-.1pt">, toujours et partout, relève de l’exception numérique<a name="_ftnref50"></a><a href="#_ftn50" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[50]</span></sup></a>. La Résistance ne pouvait être qu’un phénomène minoritaire. Il n’y a pas lieu de s’en étonner, encore moins de s’en offusquer ou de s’en moquer. Une remarque similaire peut être formulée concernant le réfractariat au STO, une majorité estimée à trois quarts ayant esquivé le départ forcé en Allemagne sans pour autant rejoindre un maquis<a name="_ftnref51"></a><a href="#_ftn51" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[51]</span></sup></a>. Cela fait tout de même un réfractaire-maquisard sur quatre<a name="_ftnref52"></a><a href="#_ftn52" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[52]</span></sup></a>… Précisément, les historiens qui comme Loez sont particulièrement bien au fait des acquis des sciences sociales<a name="_ftnref53"></a><a href="#_ftn53" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[53]</span></sup></a> situent « le niveau ordinaire des mobilisations sociales à l’époque contemporaine, y compris lorsqu’il est moins coûteux de protester et d’agir » entre un pour quinze ou un pour vingt. Dans ces conditions, la lecture qui est faite de ce phénomène </span><span style="letter-spacing:-.4pt">minoritaire que fut la Résistance est assez</span><span style="letter-spacing:-.1pt"> dépassée. Durant l’occupation nazie, la mobilisation des Français, y compris dans le format le plus réducteur retenu par OW, fut en réalité assez similaire à celles observées en France depuis 1789. En revanche, si l’on y ajoute la frange la plus active de la Résistance-mouvement, la Résistance fut effectivement un des plus grands moments de mobilisation sociale et citoyenne qu’ait connu la France contemporaine. Ajoutons encore que le caractère minoritaire de la Résistance n’en fait pas pour autant un phénomène minime. Loin de là. À l’inverse, l’ampleur de cette auto-mobilisation ne signifie pas que la Résistance, seule, aurait été capable d’inverser le cours de la guerre et de libérer la France.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Un mot encore concernant « l’antisémitisme » de la Résistance. S’agissant d’une question aussi sensible, OW rappelle que la Résistance étant l’émanation de la société, elle en partage ses préjugés à l’égard des juifs ; c’est incontestable. Il rappelle ensuite que :</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">« De nombreux résistants, enfin, ne percevaient ni la singularité ni la gravité de la menace. Fidèles à la conception égalitaire de la République, ils refusaient d’établir une distinction, et a fortiori une hiérarchie entre les victimes, à l’heure où la France entière subissait le joug de l’occupant. »<a name="_ftnref54"></a><a href="#_ftn54" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[54]</span></sup></a></span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Nous sommes également d’accord sur ces deux points complémentaires. Cependant, ces considérations ne font pas dévier l’auteur de sa trajectoire de dénigrement. Et c’est arcbouté sur les travaux peu nuancés de l’historienne Renée Poznanski qu’il fustige cette conception républicaine de la société :</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">« Du coup, en optant pour la prudence, "les mouvements de Résistance renonçaient à exercer un rôle de direction idéologique ou spirituelle sur la question de l’antisémitisme, préférant se plier aux tendances qu’ils </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">soupçonnaient d’être fortement ancrées<span style="letter-spacing:.2pt"> dans l’opinion". »<a name="_ftnref55"></a><a href="#_ftn55" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[55]</span></sup></a></span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Le plus curieux en cette affaire, si l’on peut dire, c’est qu’OW admet un peu plus loin que les juifs ayant rejoint mouvements, réseaux et les formations de la France libre n’auraient pour leur part « jamais tenté d’infléchir la politique de leurs mouvements dans le sens d’une action visant à sauver les juifs »<a name="_ftnref56"></a><a href="#_ftn56" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[56]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Cela peut signifier deux choses : tout d’abord, qu’un certain nombre de juifs de cette époque partageaient la conception républicaine et universaliste de la société et que cette conception structurait en grande partie la Résistance ; ensuite, que les juifs ayant rejoint les rangs de la Résistance ne se reconnaissaient aucunement dans l’assignation identitaire strictement communautaire que voudrait leur imposer, à une distance de soixante-dix ans, l’historien de 2013. </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">OW<span style="letter-spacing:-.1pt"> poursuit :</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">« Le gros de la communauté juive, en revanche, échappa à la mort en se cachant, grâce à l’aide apportée par des milliers de Français »<a name="_ftnref57"></a><a href="#_ftn57" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[57]</span></sup></a> ; « […] la majorité des juifs furent secourus par des gens ordinaires que révoltait le sort réservé à ces hommes, à ces femmes et à ces enfants. Pour la France, le mémorial israélien de Yad Vashem a distingué environ 2 000 Justes des nations, mais ce titre n’honore qu’une minorité des milliers d’anonymes qui aidèrent les proscrits à se dissimuler ou à franchir la frontière franco-suisse. Ne forçons cependant pas le trait en assimilant les juifs à des mineurs incapables de prendre leur destin en main. Beaucoup se sauvèrent eux-mêmes, en mobilisant leurs relations familiales, professionnelles ou amicales pour se mettre à l’abri, en zone libre souvent, dans la zone d’occupation italienne à partir de novembre 1942, voire en Suisse… »<a name="_ftnref58"></a><a href="#_ftn58" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[58]</span></sup></a></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Force est de constater que, même sur cette question, l’habituel procédé rhétorique est toujours à l’œuvre. OW ne précise évidemment pas <i>qui</i> aurait assimilé « les juifs à des mineurs incapables de se prendre en main ». Il évoque ensuite l’étude effectivement très éclairante que Nicolas Mariot et Claire Zalc ont récemment consacrée aux juifs lensois et en retient ceci :</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><u style="text-underline:thick"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">« Plusieurs juifs lensois</span></span></u><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> payèrent par exemple des passeurs pour s’enfuir au pays de Calvin sans que des organisations ne les épaulent. »</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">C’est exact, mais très insuffisant. Quel dommage que cet exemple ne soit pas davantage commenté. C’était une bonne occasion d’illustrer une réalité sociale contrastée que la catégorie englobante </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.3pt">et homogénéisante – « les juifs » – occulte</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt"> totalement. C’est un fait observable et en l’occurrence fréquemment observé que, face aux difficultés et aux menaces, le <i>champ des possibles</i> est un peu plus ouvert pour certains que pour d’autres. Ce n’est faire injure à personne que de dire que tout le monde n’a évidemment pas la capacité de payer un passeur ou des faux-papiers. Les réponses apportées à la menace nazie ne relèvent pas seulement et simplement d’un choix entre fuir et ne pas fuir. Elles ne relèvent pas davantage de je ne sais quel « atavisme » particulier aux juifs comme cela a pu être hélas également formulé par le passé<a name="_ftnref59"></a><a href="#_ftn59" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[59]</span></sup></a>. Non, ce que montre l’étude de cas micro-sociologique de Mariot et Zalc, c’est bien la capacité différentielle des juifs lensois à prendre conscience du danger et à s’enfuir<a name="_ftnref60"></a><a href="#_ftn60" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[60]</span></sup></a>. En cela, ils ne diffèrent aucunement des autres citoyens. Les plus fortunés d’entre eux, ou encore les personnes seules et non chargées de famille, disposaient de moyens matériels et d’une autonomie supérieurs. Cela ne signifie pas pour autant que les moins fortunés aient forcément été les moins capables d’apprécier la menace à sa juste mesure ni de tenter quelque chose pour se mettre à l’abri. La réalité complexe est effectivement complexe à appréhender…</span></span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><span style="font-family:Helvetica">En définitive, ce que montre avant tout cette histoire de la Résistance en minuscule, c’est qu’un historien disposant d’une documentation considérable et souvent impeccable peut fort bien écrire un livre faux. À dire vrai, ce n’est pas une consolation, on le savait déjà.</span></span></span></p>
<p> </p>
<div>
<hr align="left" size="1" width="33%" /></div>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn1"></a><a href="#_ftnref1" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[1]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Conclusion de la recension de Jean-François Muracciole, « Quand l’historien "écorne les légendes" : la Résistance selon Olivier Wieviorka », <i>Critique</i>, novembre 2013, p. 914.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn2"></a><a href="#_ftnref2" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[2]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Olivier Wieviorka a le souci du détail, et prend soin de se démarquer jusque dans l’écriture du mot désignant son objet : il écrit « résistance » avec un r minuscule. C’est son droit. Toutefois, ce n’est qu’en entrant dans l’ouvrage que cette révolution orthographique se découvre ; la quatrième de couverture sacrifie quant à elle à la tradition historiographique et laisse apparaître la « Résistance » avec son R majuscule coutumier. Si cela ne participe pas de la volonté de dénigrement, on se demande pourquoi l’auteur a laissé le mot « Libération » et l’expression « Révolution nationale » en majesté ; sans doute un oubli…</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn3"></a><a href="#_ftnref3" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[3]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Olivier Wieviorka, <i>Histoire de la résistance 1940-1945, op. cit.,</i> p. 18. [Les notes suivantes indiqueront OW pour la référence de cet ouvrage.]</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn4"></a><a href="#_ftnref4" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[4]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> OW, respectivement, pp. 16 et 482.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn5"></a><a href="#_ftnref5" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[5]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> OW, p. 16.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn6"></a><a href="#_ftnref6" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[6]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.05pt">À ce titre, l’ouvrage d’Olivier Wieviorka apporte une nouvelle illustration de la dérive parfaitement décrite par Pierre Laborie, <i>Le Chagrin et le venin. La France sous l’Occupation, mémoire et idées reçues</i>, Paris, Bayard, 2011.</span></span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn7"></a><a href="#_ftnref7" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[7]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> OW, p. 17.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn8"></a><a href="#_ftnref8" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[8]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Pour un exemple récent, la réaction argumentée de François Marcot à ce livre est parue dans la revue <i>Le Débat </i>; mais le « débat » n’en est pas pour autant ouvert : François Marcot, « Comment écrire l’histoire de la Résistance ? », <i>Le Débat</i>, 2013/5, n° 177, pp. 173-185.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn9"></a><a href="#_ftnref9" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[9]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Aux spécialistes de la l’histoire de la Grande Guerre cette (im)posture en rappelle d’ailleurs une autre présentant des caractéristiques en tout point similaires. Rémy Cazals, « 1914-1918 : oser penser, oser écrire », <i>Genèses</i>, n° 46, mars 2002, pp. 26-43. Voir aussi le dernier numéro de la revue <i>Agone</i>, « L’ordinaire de la guerre », n° 53, 2014.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn10"></a><a href="#_ftnref10" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[10]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Carlo Ginzburg, « L’estrangement » in <i>À distance. Neuf essais sur le point de vue en histoire,</i> Paris, Gallimard, 2001 [1996], p. 36.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn11"></a><a href="#_ftnref11" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[11]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> François Marcot, « Pour une sociologie de la Résistance : intentionnalité et fonctionnalité », <i>Le Mouvement social</i>, n° 180, juillet-septembre 1997 ; « Résistance et autres comportements des Français sous l’Occupation », in François Marcot et Didier Musiedlak (dir.), <i>Les Résistances, miroir des régimes d’oppression (Allemagne, Italie, France)</i>, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, 2006 ; « Les résistants dans leur temps », in François Marcot, avec la coll. de Bruno Leroux et Christine Lévisse-Touzé (dir.), <i>Dictionnaire historique de la Résistance. Résistance intérieure et France libre</i>, Paris, Robert Laffont, 2006.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn12"></a><a href="#_ftnref12" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[12]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Pour une conceptualisation du phénomène : Pierre Laborie, <i>Les Français des années troubles. De la guerre d’Espagne à la Libération</i>, Paris, Seuil, « Points histoire », 2003 [2001].</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn13"></a><a href="#_ftnref13" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[13]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> C'est moi qui souligne.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn14"></a><a href="#_ftnref14" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[14]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.05pt">Pour une exposition plus précise de sa définition de la Résistance, voir la réaction de François Marcot à ce livre, François Marcot, « Comment écrire l’histoire de la Résistance ? », in <i>Le Débat</i>, n° 177, <i>art. cit.</i></span></span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn15"></a><a href="#_ftnref15" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[15]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> OW, p. 16.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn16"></a><a href="#_ftnref16" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[16]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Charles Tilly, <i>La France conteste, de 1600 à nos jours</i>, Paris, Fayard, 1986. Depuis la réflexion s’est affinée : voir Mark Traugott (éd.), <i>Repertoires & Cycles of Collective Action</i>, Durham et Londres, Duke University Press, 1995 ; Lilian Mathieu, <i>Comment lutter ? Sociologie et mouvements sociaux</i>, Paris, Textuel, 2004 ; Éric Neveu, <i>Sociologie des mouvements sociaux</i>, Paris, La Découverte, 2005.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn17"></a><a href="#_ftnref17" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[17]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> OW, pp. 120-121.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn18"></a><a href="#_ftnref18" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[18]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> OW, p. 111.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn19"></a><a href="#_ftnref19" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[19]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> André Loez, Nicolas Mariot (dir.), <i>Obéir-désobéir. Les mutineries de 1917 en perspective</i>, Paris, La Découverte-CRID 14-18, 2008.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn20"></a><a href="#_ftnref20" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[20]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Marc Bloch, <i>L’Étrange Défaite</i>, Témoignage écrit en juillet-septembre 1940, préface de Stanley Hoffmann, Paris, Gallimard, Folio, 1990. Pour un point de vue différent voir Jean-François Muracciole, <i>Les Français libres. L’autre Résistance</i>, Paris, Tallandier, 2009, p. 107.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn21"></a><a href="#_ftnref21" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[21]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Jean-Jacques Becker, <i>Un soir de l’été 1942… Souvenirs d’un historien</i>, Paris, Larousse, 2009, p. 47.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn22"></a><a href="#_ftnref22" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[22]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> OW, p. 68. C'est moi qui souligne.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn23"></a><a href="#_ftnref23" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[23]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Ce que confirme l’étude nuancée de Jean-François Muracciole, <i>Les Français libres, op. cit.</i>, p. 267.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn24"></a><a href="#_ftnref24" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[24]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Pierre Laborie, <i>Les Français des années troubles</i>, Paris, Desclée de Brouwer, 2001, pp. 34-37.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn25"></a><a href="#_ftnref25" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[25]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Germaine Tillion faisait en effet remarquer que l’employé ou l’ouvrier devant faire vivre sa famille avec sa paie « était ligoté sur place mais n’en pensait pas moins », <i>Le Nouvel Observateur</i>, 31 mai-6 juin 2007, cité in Pierre Laborie,<i> Le Chagrin et le venin, op. cit.</i>, p. 261.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn26"></a><a href="#_ftnref26" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[26]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> OW, p. 210.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn27"></a><a href="#_ftnref27" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[27]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> OW, p. 104.</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn28"></a><a href="#_ftnref28" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[28]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> OW, p. 46. L’armée aussi, OW, p. 198.</span></span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn29"></a><a href="#_ftnref29" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[29]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Nicolas Mariot, Claire Zalc, <i>Face à la persécution. 991 juifs dans la guerre</i>, Paris, Odile Jacob-Fondation pour la Mémoire de la Shoah, 2010. O. Wieviorka connaît l’existence de cet ouvrage mais n’en tire aucun profit.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn30"></a><a href="#_ftnref30" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[30]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> OW, p. 425.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn31"></a><a href="#_ftnref31" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[31]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.05pt">J’ai relevé 53 occurrences de l’expression « l’armée des ombres ». Heureusement qu’il s’agit de démythifier !</span></span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn32"></a><a href="#_ftnref32" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[32]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Raul Hilberg, <i>La Destruction des Juifs d’Europe,</i> traduit de l’anglais par Marie-France de Paloméra, André Charpentier et Pierre-Emmanuel Dauzat, Paris, Gallimard, Folio, 2006 [1985].</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn33"></a><a href="#_ftnref33" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[33]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Hélène Berr, <i>Journal</i>, préface de Patrick Modiano, Paris, Tallandier, 2008.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn34"></a><a href="#_ftnref34" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[34]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Robert Paxton, <i>Vichy France. Old Guard and New Order 1940-1944</i>, New York, Columbia University Press, 1972, p. 235 ; traduction française : <i>La France de Vichy</i>, Paris, Seuil, « Points histoire », 1999 [1997 et 1972], pp. 287-288 ; passage commenté par Pierre Laborie, <i>Le Chagrin et le venin</i>, <i>op. cit.</i>, p. 76, note 21.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn35"></a><a href="#_ftnref35" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[35]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Philippe Burrin, <i>La France à l’heure allemande, 1940-1944</i>, Paris, Seuil, 1997 [1995], pp. 8-9.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn36"></a><a href="#_ftnref36" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[36]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.05pt">On note toutefois que dans les différentes rééditions de son ouvrage, Paxton n’est jamais revenu sur ce point.</span></span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn37"></a><a href="#_ftnref37" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[37]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Pierre Laborie, <i>Le Chagrin et le venin, op. cit.</i>, p. 261.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn38"></a><a href="#_ftnref38" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[38]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> On retrouve ici le procès intenté aux sociétés de 1914-1918 désignées coupables d’avoir « consenti » à la guerre, à sa violence et à sa durée, la guerre étant vécue comme un gigantesque laboratoire d’où serait advenu Auschwitz et ses cheminées. Voir le dossier de ce numéro d’<i>En Jeu.</i></span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn39"></a><a href="#_ftnref39" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[39]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> OW, p. 52.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn40"></a><a href="#_ftnref40" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[40]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> OW, p. 48.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn41"></a><a href="#_ftnref41" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[41]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> OW, p. 53.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn42"></a><a href="#_ftnref42" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[42]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> OW, p. 54.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn43"></a><a href="#_ftnref43" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[43]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Je remercie Jacques Aron pour avoir attiré mon attention sur ce point.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn44"></a><a href="#_ftnref44" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[44]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> OW, p. 123. C'est moi qui souligne.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn45"></a><a href="#_ftnref45" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[45]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.15pt">OW, p. 143. </span>C'est moi qui souligne.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn46"></a><a href="#_ftnref46" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[46]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.15pt">Jorge Luis Borges, <i>Le Rapport de Brodie</i>, nouvelles traduites de l’espagnol par Françoise-Marie Rosset, Paris, Gallimard, 1972 [1970], « Préface », p. 8.</span></span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn47"></a><a href="#_ftnref47" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[47]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.15pt">OW, p. 436.</span></span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn48"></a><a href="#_ftnref48" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[48]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.15pt">OW n’ a pas toujours ce souci du dénombrement ; ainsi, évoquant les juifs ayant rejoint la résistance ou la France libre, il se montre plutôt vague : « nombre de juifs qui par ailleurs luttèrent… ». Cela fait combien ? OW, p. 237.</span></span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn49"></a><a href="#_ftnref49" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[49]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Stéphane Audoin-Rouzeau, Annette Becker, <i>14-18, retrouver la guerre</i>, Paris, Gallimard, 2000.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn50"></a><a href="#_ftnref50" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[50]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.15pt">André Loez, <i>14-18. Les Refus de la guerre. Une histoire des mutins</i>, Paris, Gallimard, « Folio », 2010, pp. 200-201.</span></span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn51"></a><a href="#_ftnref51" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[51]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Sur la question des maquis en général et celui des Glières en particulier, je renvoie à la recension des ouvrages de Claude Barbier par Charles Heimberg dans ce volume (p. 167) et à la mise au point précieuse de Jean-Marie Guillon, « De l’histoire de la Résistance à l’histoire des Glières, un enjeu scientifique et symbolique », postface de la réédition du livre publié par l’association des Glières, <i>Vivre Libre ou Mourir. Plateau des Glières, Haute-Savoie 1944</i>, 2014 [1946].</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn52"></a><a href="#_ftnref52" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[52]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> OW, p. 214.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn53"></a><a href="#_ftnref53" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[53]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Mancur Olson, <i>The Logic of Collective Action. </i></span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Public Goods and Theory of Groups</span></span></i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">, Cambridge (États-Unis), Harvard University Press, 1965 ; Mark Lichbach, <i>The Rebel’s Dilemma</i>, Ann Arbor, University of Michigan Press, 1995 ;</span></span><i> </i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Daniel Cefaï, <i>Pourquoi se mobilise-t-on ? </i></span></span><i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Les théories de l’action collective</span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">, Paris, La Découverte, 2007.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn54"></a><a href="#_ftnref54" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[54]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> OW, p. 230.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn55"></a><a href="#_ftnref55" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[55]</span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">OW, p. 233.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn56"></a><a href="#_ftnref56" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[56]</span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">OW, p. 237.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn57"></a><a href="#_ftnref57" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[57]</span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">OW, p. 234.</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn58"></a><a href="#_ftnref58" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[58]</span></span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">0W, p. 237.</span></span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn59"></a><a href="#_ftnref59" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[59]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Henri Michel, <i>Le Monde juif</i>, janvier 1968, p. 6.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman""><a name="_ftn60"></a><a href="#_ftnref60" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[60]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.05pt">Nicolas Mariot, Claire Zalc, <i>Face à la persécution. 991 juifs lensois dans la guerre</i>, Paris, Odile Jacob-Fondation</span> pour la mémoire de la Shoah, 2010 ; Claire Zalc, Tal Brittmann, Ivan Ermakoff et Nicolas Mariot (dir.), <i>Pour une microhistoire de la Shoah</i>, Paris, Seuil, 2012.</span></span></span></span></p>