<p style="margin-bottom:11px"><strong>VARIA</strong></p> <h2 style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Introduction</span></span></b></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Il suffirait de consentir pour que les choses soient possibles et acceptables. L&rsquo;&eacute;thique contemporaine a cr&eacute;&eacute; une &eacute;galit&eacute; formelle entre l&rsquo;acte acceptable et le consentement humain, comme si ce dernier constituait la raison suffisante &agrave; sa l&eacute;galit&eacute; souvent comprise comme sa l&eacute;gitimit&eacute; conf&eacute;r&eacute;e par le droit. Le code civil &eacute;voque bien le consentement mutuel dans le contrat de mariage, il pr&eacute;cise aussi qu&rsquo;une relation amoureuse exige le consentement des personnes, son absence &eacute;veillant le soup&ccedil;on de la violence, voire du viol. De m&ecirc;me, la d&eacute;cision de l&rsquo;avortement requiert le consentement de la femme, son absence fait pr&eacute;juger d&rsquo;une entreprise forc&eacute;e, voire d&rsquo;un g&eacute;nocide si de nombreuses femmes sont influenc&eacute;es au sein d&rsquo;une m&ecirc;me communaut&eacute;. Le consentement est aussi requis dans un contrat de commerce et des vices de consentement peuvent en annuler l&rsquo;engagement. La r&eacute;ponse &agrave; la question de savoir si la personne &eacute;tait consentante d&eacute;vient l&rsquo;objet d&rsquo;une sp&eacute;culation et de multiples commentaires pour tenter d&rsquo;&eacute;tayer la pr&eacute;sence de cet avis favorable par quelques signes visibles d&rsquo;une conscience consentante. Voil&agrave; pourquoi nous sommes en pleine herm&eacute;neutique, parce que le consentement est une affaire d&rsquo;observations et d&rsquo;interpr&eacute;tations des signes d&rsquo;acceptation par des tiers ou des juges, si le litige advient entre des parties se querellant sur un consentement per&ccedil;u mais inexistant. A cet &eacute;gard, le proverbial&nbsp;: qui ne dit mot consent laisse une place au silence dont, de nouveau, l&rsquo;interpr&eacute;tation lui pr&ecirc;tera une valeur dont celle d&rsquo;un assentiment passif.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Or, l&rsquo;histoire de la philosophie est pleine d&rsquo;herm&eacute;neutiques du consentement. Elles &eacute;claireront le d&eacute;bat tr&egrave;s contemporain sur la place que nous lui avons accord&eacute;, au centre m&ecirc;me de l&rsquo;appr&eacute;ciation de l&rsquo;action l&eacute;gitime dans l&rsquo;&eacute;thique minimaliste post-moderne. Mais il sera question &agrave; chaque fois d&rsquo;une psychologie au travers de ces interpr&eacute;tations des fonctionnements conscients. Il est pr&eacute;cieux d&rsquo;&eacute;tudier ces architectures de pens&eacute;e qui r&eacute;v&egrave;lent autant de subtilit&eacute;s interpr&eacute;tatives sur l&rsquo;humain consentant. Elles sont autant d&rsquo;intelligences de l&rsquo;&acirc;me et des dispositions humaines ou des techniques d&rsquo;appropriation de soi. Mais le consentement est aussi une affaire collective. Obtenir le consentement, c&rsquo;est expliquer, voire influencer et persuader l&rsquo;opinion. Il faudra revenir alors sur les apports d&rsquo;Edward Bernays puis de Walter Lippmann <a href="#_ftn1" name="_ftnref1" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[1]</span></span></span></span></span></a>. Ces auteurs ont inspir&eacute; la manipulation de masse et invent&eacute; l&rsquo;expression&nbsp;: la fabrique du consentement. Nous ferons ici l&rsquo;hypoth&egrave;se que le consentement s&rsquo;appuie sur une intuition jamais explicite de la pr&eacute;sence de la conscience. Mais nous verrons que les th&eacute;ories les plus r&eacute;centes vont jusqu&rsquo;&agrave; nier son existence. Une soci&eacute;t&eacute; sans consentement et sans conscience sera donc &agrave; examiner. </span></span></span></span></span></p> <h2 style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">1. Le consentement&nbsp;Antique : &eacute;thique, droit et physique</span></span></b></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Chez les Antiques, consentir signifie dans une premi&egrave;re acception&nbsp;: &ecirc;tre pr&ecirc;t, dispos&eacute; &agrave;. Dans une deuxi&egrave;me, elle indique plus le v&oelig;u, une d&eacute;lib&eacute;ration int&eacute;rieure conduisant &agrave; une pr&eacute;f&eacute;rence intentionnelle. Cette disposition &agrave; faire et cette attitude d&rsquo;acceptation expriment un d&eacute;sir, cet &eacute;lan &agrave; aller vers un objet ou une action qu&rsquo;il convient d&rsquo;accomplir. C&rsquo;est avec les sto&iuml;ciens que l&rsquo;Antiquit&eacute; pr&eacute;cise cette articulation entre des notions qui demeurent depuis tr&egrave;s pr&eacute;gnantes dans l&rsquo;organisation de la pens&eacute;e du consentement&nbsp;: le d&eacute;sir, la volont&eacute;, l&rsquo;acte. Mais les sto&iuml;ciens insistent sur un consentement plus passif et moins volontaire. Plus acceptation du destin que disposition &agrave; faire, ils reconnaissent le caract&egrave;re in&eacute;luctable d&rsquo;un &eacute;v&eacute;nement d&rsquo;o&ugrave; un acquiescement car l&rsquo;opposition, voire la r&eacute;volte seraient vaines. Commen&ccedil;ons par Aristote.</span></span></span></span></span></p> <h3 style="color:#aaaaaa;font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">1.1. Le consentement &eacute;thique d&rsquo;Aristote</span></span></b></span></span></span></h3> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">C&rsquo;est ind&eacute;niablement avec Aristote et son approfondissement de l&rsquo;&eacute;thique qu&rsquo;&eacute;merge une organisation logique o&ugrave; s&rsquo;ordonnent plusieurs notions dont les modernes h&eacute;riteront. L&rsquo;implication &agrave; faire engage la responsabilit&eacute; de celui qui fait. Cette implication associe plusieurs sources qui sont l&rsquo;app&eacute;tit et le souhait. Cette &acirc;me d&eacute;sire et aspire tout en s&rsquo;articulant &agrave; la r&egrave;gle droite &eacute;manant de la raison. Le d&eacute;sir seul ne suscite pas de consentement, puisqu&rsquo;il n&rsquo;y a pas connaissance, raisonnement et d&eacute;lib&eacute;ration. Ce d&eacute;sir subit conduit &agrave; l&rsquo;acte impulsif, voire compulsif, d&eacute;nu&eacute; d&rsquo;une connaissance de ses effets par exemple. Avec Aristote, le consentement compose, comme dans sa langue&nbsp;: <i>ethos</i>, <i>pathos</i> et <i>logos</i>. Sans cette pl&eacute;nitude humaine, la responsabilit&eacute; n&rsquo;est pas l&agrave;, le consentement n&rsquo;est pas pr&eacute;sent. L&rsquo;agir aristot&eacute;licien introduit une forme de psychologie &ndash; sans doute dans le regard des contemporains &ndash; du fait du sens donn&eacute; &agrave; quelques expressions. En effet, des termes pr&ecirc;tent &agrave; quelques h&eacute;sitations de traduction&nbsp;: (<i>hekon</i>), (<i>akon</i>). Faut-il les traduire par des adverbes de la volont&eacute;&nbsp;: volontairement, ou par des acceptions moins entach&eacute;es d&rsquo;une philosophie de la volont&eacute; en leur pr&eacute;f&eacute;rant des expressions comme de plein gr&eacute; ou malgr&eacute; soi. La variation linguistique introduit une subtilit&eacute; herm&eacute;neutique qui renvoie en fait &agrave; des disciplines bien diff&eacute;rentes. Les premi&egrave;res manifestent une philosophie de l&rsquo;action et plus avant une psychologie, les secondes, plus &eacute;thiques, s&rsquo;inspirent d&rsquo;une pens&eacute;e plus juridique, en vue d&rsquo;une appr&eacute;ciation par un tiers observateur, sans pr&eacute;juger d&rsquo;une psychologie justement. Le deuxi&egrave;me choix de traduction para&icirc;t alors plus adapt&eacute; pour restituer cette vis&eacute;e plus &eacute;thique que psychologique. Le &laquo;&nbsp;<i>plein&nbsp;gr&eacute;</i>&nbsp;&raquo; ou le &laquo;&nbsp;<i>malgr&eacute; soi</i>&nbsp;&raquo; permettent de discriminer des actes selon cette responsabilit&eacute;, av&eacute;r&eacute;e ou non. Aristote distingue bien les actions dont la cause est l&rsquo;homme cherchant des effets&nbsp;de celles r&eacute;alis&eacute;es par contraintes ou ignorance des effets. Pour ce dernier cas, la responsabilit&eacute; est moindre si les effets ind&eacute;sirables ont conduit &agrave; un accident par exemple. M&ecirc;me pour les actes dont l&rsquo;homme est la cause efficiente, Aristote nuance selon que l&rsquo;app&eacute;tit, le d&eacute;sir et la r&egrave;gle droite de la raison aient bien guid&eacute; l&rsquo;engagement &agrave; agir <a href="#_ftn2" name="_ftnref2" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[2]</span></span></span></span></span></a>. C&rsquo;est l&agrave; aussi une forme d&rsquo;ignorance que de faire sous l&rsquo;impulsion de la passion, une sorte de d&eacute;possession de soi conduisant &agrave; accomplir un acte qu&rsquo;on s&rsquo;empressera de regretter en examinant sa conformit&eacute; &agrave; la r&egrave;gle droite. L&rsquo;herm&eacute;neutique de soi d&rsquo;Aristote n&rsquo;a pas invent&eacute; la volont&eacute;, ce concept pr&eacute;f&eacute;r&eacute; par de nombreux modernes. Sa &laquo;&nbsp;division&nbsp;&raquo; de l&rsquo;&acirc;me et sa prudence &agrave; en consid&eacute;rer des moteurs distincts l&rsquo;am&egrave;ne &agrave; faire du consentement, un instrument d&rsquo;appr&eacute;ciation &eacute;thique qui suscite alors une discussion o&ugrave; l&rsquo;acteur peut d&eacute;juger son acte, s&rsquo;en dessaisir en le regrettant et en signalant qu&rsquo;il ne consentait pas &agrave; le faire, quand bien m&ecirc;me il le faisait. En conclusion, Aristote fait du consentement une op&eacute;ration int&eacute;rieure et un objet de discussion o&ugrave; plusieurs appr&eacute;cieront l&rsquo;acte &agrave; la lumi&egrave;re d&rsquo;un raisonnement commun. </span></span></span></span></span></p> <h3 style="color:#aaaaaa;font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">1.2. Le consentement physique d&rsquo;Epict&egrave;te</span></span></b></span></span></span></h3> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Consentir, c&rsquo;est plus accepter la destin&eacute;e &agrave; laquelle il ne sert &agrave; rien de s&rsquo;opposer. Les sto&iuml;ciens y voient le signe de cette intelligence du monde et de la d&eacute;pendance de l&rsquo;homme qui consent dans la limite de ses pouvoirs, dans une passivit&eacute; r&eacute;fl&eacute;chie. L&rsquo;esprit sto&iuml;cien en fait alors une sagesse de l&rsquo;&acirc;me admettant les forces qui d&eacute;passent les facult&eacute;s d&rsquo;action ou de r&eacute;sistance. Le sage sto&iuml;cien consent &agrave; prendre sa juste place dans un cosmos dont il n&rsquo;est qu&rsquo;une infime partie. Il introduit explicitement une dimension plus physicienne en s&rsquo;attardant &agrave; la relation de l&rsquo;homme &agrave; son milieu. Le consentement s&rsquo;articule &agrave; une connaissance du cosmos qui donne son sens &agrave; cette volont&eacute; de s&rsquo;accorder harmonieusement. Ce travail sur soi donne plus d&rsquo;importance &agrave; la r&egrave;gle droite qu&rsquo;au d&eacute;sir qu&rsquo;il convient de ne pas suivre. L&agrave; o&ugrave; Aristote conc&egrave;de &agrave; l&rsquo;homme de ne pas agir en toute circonstance comme il le devrait et en jugeant a posteriori qu&rsquo;il n&rsquo;&eacute;tait pas consentant &agrave; son action, les sto&iuml;ciens marquent une intransigeance morale, une aspiration &agrave; construire un homme consentant. Celui-ci accepte le destin. Rappelons que l&rsquo;herm&eacute;neutique de soi proc&egrave;de avec les sto&iuml;ciens d&rsquo;une autre construction o&ugrave; l&rsquo;assentiment raisonnable se distingue de l&rsquo;impulsion qui conduit &agrave; agir, le d&eacute;sir &eacute;tant avec Epict&egrave;te le signe des passions et des &eacute;motions. Si l&rsquo;assentiment porte sur les repr&eacute;sentations &agrave; la fa&ccedil;on d&rsquo;une adh&eacute;sion &agrave; des jugements et des connaissances, le consentement sto&iuml;cien s&rsquo;applique &agrave; des &eacute;v&eacute;nements. De ce fait, cette relation &agrave; ce qui se passe hors de soi conduit &agrave; un consentement plus physicien que psychologique. Il est plus li&eacute; au d&eacute;sir qu&rsquo;&agrave; la connaissance qui fait l&rsquo;objet de l&rsquo;assentiment. Or, le d&eacute;sir a un objet qui n&rsquo;est pas soi&nbsp;: d&eacute;sir de possession, app&eacute;tit, d&eacute;sir d&rsquo;autrui. C&rsquo;est pourquoi il est question d&rsquo;une physique au sens o&ugrave; il s&rsquo;agit de trouver le sens de ses d&eacute;sirs dans un milieu qui les suscite, certains &eacute;tant accessibles et d&eacute;pendants de soi, d&rsquo;autres &eacute;tant inaccessibles et ind&eacute;pendants de l&rsquo;action humaine qui ne saurait les rendre accessible <a href="#_ftn3" name="_ftnref3" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[3]</span></span></span></span></span></a>. La sagesse sto&iuml;cienne fait du consentement une r&egrave;gle concernant le d&eacute;sir vain. Epict&egrave;te invite &agrave; consentir au destin&nbsp;: &laquo; <i>apprendre &agrave; vouloir chaque chose telle qu&rsquo;elle se produit</i> &raquo; (1962, l. I, chap. 12, &sect; 15). L&rsquo;accord au monde vise bien cette harmonie pour ne pas souffrir de ce qui se refusera au d&eacute;sir. Epict&egrave;te indique bien&nbsp;: &laquo; <i>Il faut harmoniser notre volont&eacute; avec les &eacute;v&eacute;nements, de fa&ccedil;on que rien de ce qui arrive n&rsquo;arrive contre notre gr&eacute;, et que rien de ce qui n&rsquo;arrive pas ne manque d&rsquo;arriver quand nous voulons que cela arrive.</i> &raquo; (1962, l. II, chap. 14, &sect; 7). Consentir rev&ecirc;t l&agrave; deux aspects. Le premier discipline le d&eacute;sir, le second &eacute;duque &agrave; la bonne gr&acirc;ce d&rsquo;accueillir les &eacute;v&eacute;nements sans d&rsquo;inutiles r&eacute;voltes <a href="#_ftn4" name="_ftnref4" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[4]</span></span></span></span></span></a>. Ce consentement-l&agrave; aspire &agrave; une double r&eacute;conciliation selon ces deux aspects. Une r&eacute;conciliation &agrave; soi-m&ecirc;me et une seconde au monde. L&agrave; est l&rsquo;intelligence et la v&eacute;ritable connaissance de soi, l&agrave; est cette herm&eacute;neutique de l&rsquo;&acirc;me qui distingue les d&eacute;sirs bons des vaines aspirations relativement &agrave; une destin&eacute;e dont l&rsquo;homme d&eacute;pend. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En r&eacute;sum&eacute;, les consentements antiques manifestent des herm&eacute;neutiques &eacute;thiques et physiques qui traduisent &agrave; chaque fois une relation &agrave; un au-del&agrave; de soi, l&rsquo;homme n&rsquo;&eacute;tant pas autonome mais bien d&eacute;pendant d&rsquo;une &eacute;thique de sa responsabilit&eacute; qui appr&eacute;cie son consentement chez Aristote ou d&rsquo;une science physique du cosmos qui oriente le consentement par la compr&eacute;hension de la position de l&rsquo;homme dans cet ordre dont il d&eacute;pend. Dans les deux cas, la d&eacute;pendance de l&rsquo;homme atteste d&rsquo;une herm&eacute;neutique contextuelle qui interpr&egrave;te l&rsquo;acte dans un environnement politique ou naturel. &nbsp;</span></span></span></span></span></p> <h2 style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">2. Le consentement Moderne : volont&eacute;, raison et r&egrave;gle morale</span></span></b></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les modernes ont une toute autre vue et leur herm&eacute;neutique du consentement tient d&rsquo;une compr&eacute;hension de soi toute diff&eacute;rente. L&rsquo;homme moderne est avant tout volont&eacute;, raison et r&egrave;gle. Si Descartes fixe le cadre de la modernit&eacute; dans sa d&eacute;finition de la volont&eacute; infinie qu&rsquo;il tire de sa ressemblance &agrave; celle de Dieu, il r&eacute;duit toute l&rsquo;anthropologie aristot&eacute;licienne &agrave; la seule puissance et autorit&eacute; d&eacute;cisionnelle de la volont&eacute;. Cette nouvelle anthropologie cart&eacute;sienne est une herm&eacute;neutique de soi qui inspire toute la modernit&eacute;. Mais elle prend son origine dans l&rsquo;apologie de la libert&eacute; de la th&eacute;ologie m&eacute;di&eacute;vale pour laquelle la question du consentement rev&ecirc;t une importance doctrinale lors des d&eacute;bats sur le caract&egrave;re contractuel et sacramentel du mariage. Cette longue maturation de la pens&eacute;e de l&rsquo;Eglise sur quelques si&egrave;cles &ndash; des 11<sup>e</sup> si&egrave;cle au 16<sup>e</sup> si&egrave;cle &ndash; a une influence consid&eacute;rable sur les codes civils et le droit des contrats pour lesquels le consentement est la pierre angulaire des accords transactionnels dans une soci&eacute;t&eacute; pacifique. Enfin, l&rsquo;influence protestante est tout aussi immense du fait de l&rsquo;&eacute;mancipation kantienne o&ugrave; l&rsquo;autonomie de la raison va faire de la volont&eacute; le lieu d&rsquo;un consentement &agrave; agir en vertu de l&rsquo;universalisation de son action et du primat du sens du devoir. </span></span></span></span></span></p> <h3 style="color:#aaaaaa;font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">2.1. Le consentement volontaire de Descartes</span></span></b></span></span></span></h3> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La volont&eacute; rationnelle ou la raison volontaire sont des termes omnipr&eacute;sents chez Descartes puis Kant. Le renversement est immense tant la volont&eacute; est pr&eacute;pond&eacute;rante dans leur pens&eacute;e. Cette infinitude de la volont&eacute; refl&egrave;te l&rsquo;infinit&eacute; de Dieu en se v&eacute;rifiant dans un ind&eacute;fini, signe de l&rsquo;infini dans les choses. La volont&eacute; infinie tire sa l&eacute;gitimit&eacute; de celle de Dieu dont elle est l&rsquo;image en l&rsquo;homme. Cette divinisation exprime toute la puissance de la volont&eacute; qui impulse et autorise l&rsquo;action pour r&eacute;aliser l&rsquo;&oelig;uvre de Dieu par la volont&eacute; humaine. Dans la <i>Lettre &agrave; Mersenne </i>du 25 d&eacute;cembre 1639, Descartes &eacute;crit&nbsp;: &laquo; <i>Le d&eacute;sir que chacun a d&rsquo;avoir toutes les perfections qu&rsquo;il peut concevoir, et par cons&eacute;quent toutes celles que nous croyons &ecirc;tre en Dieu, vient de ce que Dieu nous a donn&eacute; une volont&eacute; qui n&rsquo;a point de bornes</i>.&nbsp;&raquo;<i> </i></span></span> <span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">(AT II 627; t. II, p.&nbsp;153). La volont&eacute; devient le point origine de l&rsquo;action humaine et l&rsquo;expression d&rsquo;une raison d&eacute;sireuse d&rsquo;un changement d&rsquo;&eacute;tat ou de condition. En cela, l&rsquo;herm&eacute;neutique de soi est, comme l&rsquo;&eacute;tudie magnifiquement Foucault, marqu&eacute;e du sceau chr&eacute;tien <a href="#_ftn5" name="_ftnref5" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[5]</span></span></span></span></span></a>. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Chez Descartes la volont&eacute; et la libert&eacute; se confondent <a href="#_ftn6" name="_ftnref6" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[6]</span></span></span></span></span></a>. Il en ressort qu&rsquo;elle est aussi la marque de la ressemblance de l&rsquo;homme &agrave; Dieu, Descartes pr&ecirc;tant &agrave; Dieu des attributs qui lui viennent des traditions ant&eacute;rieures, l&rsquo;infini de Dieu se retrouve dans l&rsquo;infini de la volont&eacute; humaine. Et ce d&eacute;sir d&rsquo;infini est tout &agrave; la fois le signe de son absence en l&rsquo;homme qui y aspire mais aussi la trace d&rsquo;une pr&eacute;sence par ce d&eacute;sir qui traduit cette ressemblance sans pour autant &ecirc;tre semblable. Et ce d&eacute;sir prend la forme d&rsquo;un projet puisqu&rsquo;au moment de vouloir, ce qui est vis&eacute; n&rsquo;est pas compris et encore moins poss&eacute;d&eacute;. Le d&eacute;sir de l&rsquo;infini n&rsquo;a pas d&rsquo;objet propre et d&eacute;sirable d&eacute;j&agrave; connu faisant l&rsquo;objet d&rsquo;une volont&eacute; puis d&rsquo;une action. Ce d&eacute;sir-l&agrave; est une aspiration qui t&eacute;moigne d&rsquo;une infinitude. La pens&eacute;e cart&eacute;sienne pr&eacute;f&egrave;re la volont&eacute; au consentement et le projet de maitrise et possession de la nature laisse peu de place &agrave; une acceptation ou une sage passivit&eacute; &agrave; la fa&ccedil;on d&rsquo;Epict&egrave;te. Le consentement est ailleurs, plus dans ce regard port&eacute; sur la divinit&eacute; avec cette attention port&eacute;e &agrave; la d&eacute;pendance de l&rsquo;homme qui doit se reconna&icirc;tre en Dieu dont il prend la mesure de l&rsquo;image en lui-m&ecirc;me. Le consentement est bien plus positif et optimiste que chez les sto&iuml;ciens, parce que la positivit&eacute; de Dieu se retrouve dans ce qu&rsquo;il a mis au c&oelig;ur de l&rsquo;homme, l&rsquo;aspiration &agrave; l&rsquo;infini, l&rsquo;infinitude de sa volont&eacute; et le fait qu&rsquo;elle nous soit &agrave; nous-m&ecirc;me incompr&eacute;hensible, myst&eacute;rieuse, parce que l&rsquo;infini dans le fini est un paradoxe et la manifestation d&rsquo;un d&eacute;sir d&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;. Le consentement redevient l&agrave; quelque peu n&eacute;gatif, du moins faut-il avec Descartes consentir &agrave; penser l&rsquo;infini comme un d&eacute;sir sans pour autant le comprendre et l&rsquo;embrasser dans une d&eacute;finition qui serait contradictoire &agrave; son objet, en l&rsquo;enfermant dans les limites de sa d&eacute;finition <a href="#_ftn7" name="_ftnref7" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[7]</span></span></span></span></span></a>. &nbsp;</span></span></span></span></span></p> <h3 style="color:#aaaaaa;font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">2.2. Le consentement raisonnable dans l&rsquo;Eglise &agrave; propos du mariage</span></span></b></span></span></span></h3> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">A cet &eacute;gard, il convient d&rsquo;&eacute;voquer l&rsquo;origine th&eacute;ologique de la libre volont&eacute; durant l&rsquo;&eacute;poque m&eacute;di&eacute;vale, dans la gen&egrave;se de la doctrine du sacrement de mariage. Elle pr&eacute;cise la place du consentement mutuel des &eacute;poux devant les t&eacute;moins de l&rsquo;assembl&eacute;e des chr&eacute;tiens. Dans cette tradition, s&rsquo;entrem&ecirc;lent toujours la r&eacute;f&eacute;rence aux textes de foi, la sp&eacute;culation th&eacute;ologique qui s&rsquo;ensuit et sa structuration canonique et juridique. Soulignons que l&rsquo;Eglise a une influence consid&eacute;rable sur la soci&eacute;t&eacute; m&eacute;di&eacute;vale. L&rsquo;Eglise d&eacute;crit le consentement avec pr&eacute;cision, s&rsquo;appuyant sur l&rsquo;existence de la personne humaine dont la connaissance d&rsquo;elle-m&ecirc;me et de la foi lui donne l&rsquo;occasion de s&rsquo;engager par un consentement &eacute;clair&eacute;, volontaire et sans tromperie. A d&eacute;faut d&rsquo;&ecirc;tre un sacrement, ce qui fera d&eacute;bat pendant plusieurs si&egrave;cles, c&rsquo;est un usage ou un contrat selon les codes qui pr&eacute;valent dans les soci&eacute;t&eacute;s. A cet &eacute;gard, faut-il rappeler que le mariage, m&ecirc;me des non-chr&eacute;tiens, est un mariage car fait dans le respect des traditions locales <a href="#_ftn8" name="_ftnref8" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[8]</span></span></span></span></span></a>. Mais ce consentement trouve des limites soutenues par la pens&eacute;e aristot&eacute;licienne. Le consentement sera insuffisant si l&rsquo;impuissance d&rsquo;un des conjoints est av&eacute;r&eacute;e, puisque le mariage a pour but la procr&eacute;ation. Cet exemple suffit &agrave; situer le consentement dans un milieu qui s&rsquo;autorise &agrave; l&rsquo;interpr&eacute;ter selon des circonstances. Celles-ci modifient l&rsquo;intelligence du contexte de ce moment du consentement <a href="#_ftn9" name="_ftnref9" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[9]</span></span></span></span></span></a>. Toute une litt&eacute;rature sur les emp&ecirc;chements va &eacute;clairer et donner lieu &agrave; des interpr&eacute;tations du consentement&nbsp;: les liens familiaux, l&rsquo;existence de v&oelig;ux ou la contrainte d&rsquo;un mariage forc&eacute; conduiront &agrave; la pratique du bans, conditions r&eacute;v&eacute;l&eacute;es amenant le bannissement du projet d&rsquo;union ou son annulation. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Deux aspects sont &agrave; consid&eacute;rer. Le premier tient &agrave; la valeur spirituelle et temporelle de l&rsquo;engagement lors du consentement mutuel devant des t&eacute;moins qui attesteront dans le futur de sa r&eacute;alit&eacute;. L&rsquo;Eglise mentionne la volont&eacute; libre de la personne humaine qui ne saurait &ecirc;tre oblig&eacute;e ou contrainte. La volont&eacute; est primordiale et la d&eacute;cision raisonnable des deux parties signe l&rsquo;accord&nbsp;: le contrat et le sacrement. Le second tient &agrave; cette herm&eacute;neutique existentielle o&ugrave; l&rsquo;engagement se fait en conscience de sa signification entre &eacute;poux et &agrave; cette seconde herm&eacute;neutique th&eacute;ologique et juridique qui cr&eacute;e les conditions de sa validit&eacute; dont des tiers sont les juges. Le consentement n&rsquo;est donc pas une affaire strictement personnelle, il est aussi l&rsquo;affaire de l&rsquo;institution qui la soutient de ses conditions d&rsquo;existence <a href="#_ftn10" name="_ftnref10" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[10]</span></span></span></span></span></a>. Il est per&ccedil;u par-del&agrave; la personne, en soci&eacute;t&eacute;. &nbsp;</span></span></span></span></span></p> <h3 style="color:#aaaaaa;font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">2.3. Le consentement r&eacute;gl&eacute; de Kant</span></span></b></span></span></span></h3> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Avec Kant, l&rsquo;autonomie de la volont&eacute; et de la raison vient souligner cette ind&eacute;pendance de l&rsquo;homme moderne qui contraste avec la d&eacute;pendance de l&rsquo;homme Antique qui ne se con&ccedil;oit pas en dehors du milieu dont il est une partie&nbsp;: milieu politique qui me juge dans le consentement aristot&eacute;licien, milieu physique qui m&rsquo;invite au consentement de la sagesse sto&iuml;cienne et cette d&eacute;pendance-subordination du consentement chr&eacute;tien &agrave; son institution, son caract&egrave;re sacramentel et sa finalit&eacute;. L&rsquo;ind&eacute;pendance cons&eacute;cutive de l&rsquo;autonomie d&eacute;place le th&egrave;me du consentement &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur de soi dans un jugement dont Kant se fait l&rsquo;apologue. Le consentement devient avec lui une op&eacute;ration int&eacute;rieure. Il s&rsquo;agit de ne pas se soumettre aux d&eacute;sirs et aux passions, d&rsquo;o&ugrave; l&rsquo;exercice de la raison qui s&rsquo;autonomise des d&eacute;sirs. L&rsquo;homme se consulte en lui-m&ecirc;me pour d&eacute;finir la justesse de son intention. Il se doit d&rsquo;&eacute;chapper &agrave; l&rsquo;h&eacute;t&eacute;ronomie, ce r&eacute;gime de servitude o&ugrave; l&rsquo;humain c&egrave;de &agrave; ses d&eacute;sirs par soumission. Kant propose un exercice auquel il convient d&eacute;j&agrave; de consentir pour mesurer la justesse d&rsquo;une action devenue universelle. Ce passage &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle de l&rsquo;action personnelle &agrave; son universalisation sert d&rsquo;&eacute;talon &agrave; une &eacute;valuation int&eacute;rieure dont la conclusion manifeste la justesse de l&rsquo;action. Le consentement est donc bien une op&eacute;ration de la raison &eacute;prouvant la justesse de sa volont&eacute; agissante en application d&rsquo;une vertu bien particuli&egrave;re&nbsp;: l&rsquo;apathie <a href="#_ftn11" name="_ftnref11" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[11]</span></span></span></span></span></a>. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Kant d&eacute;crit les cons&eacute;quences de cette vertu dans la raison pratique qui va d&eacute;terminer le devoir moral tout entier subordonn&eacute; &agrave; son respect. Dans <i>Critique de la raison pratique</i>, il &eacute;crit&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>la raison pure se montre en nous r&eacute;ellement pratique, c&rsquo;est-&agrave;-dire par l&rsquo;autonomie du principe moral par lequel elle d&eacute;termine la volont&eacute; de l&rsquo;action.</i>&nbsp;&raquo; (1848, 194). La morale n&rsquo;est pas pr&eacute;alablement &eacute;crite. Elle ne prescrit pas. Elle est le r&eacute;sultat d&rsquo;une libre volont&eacute;. Il s&rsquo;agit d&rsquo;exercer cette libre volont&eacute; tout en la soumettant &agrave; l&rsquo;exigence de se fixer une r&egrave;gle. La volont&eacute; s&rsquo;exerce dans la raison, non sous l&rsquo;emprise d&rsquo;une impulsion r&eacute;sultant d&rsquo;un d&eacute;sir &agrave; assouvir. Cette volont&eacute;-l&agrave; serait le signe d&rsquo;un d&eacute;sordre o&ugrave; le <i>pathos</i> aurait pris le dessus sur la libre volont&eacute;, la libert&eacute; tenant bien &agrave; ce d&eacute;tachement du <i>pathos</i> qui fait p&acirc;tir, soit subir. Dans les <i>Fondements de la M&eacute;taphysiques des m&oelig;urs</i>, il pr&eacute;cise&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>Le principe de l&rsquo;obligation ne doit pas &ecirc;tre ici cherch&eacute; dans la nature de l&rsquo;homme, ni dans les circonstances o&ugrave; il est plac&eacute; en ce monde, mais a priori dans les seuls concepts de la raison pure.</i>&nbsp;&raquo; (2004, 71). La raison produit cette libre volont&eacute;&nbsp;; mais elle promeut pour cela des qualit&eacute;s logiques uniquement&nbsp;: unit&eacute;, coh&eacute;rence, sans jamais d&eacute;terminer un contenu moral particulier. En fixant cette libert&eacute; rationnelle, Kant prend l&agrave; le risque de voir cette logique mise au service de tout acte compos&eacute; d&rsquo;une s&eacute;rie d&rsquo;actions coh&eacute;rentes. Mais il est aussi tr&egrave;s pr&eacute;cis sur cette autonomie qui limite d&rsquo;ailleurs toute influence d&rsquo;autrui sur son propre comportement.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Kant illustre son propos pour bien se faire comprendre concernant cette puret&eacute; d&eacute;nu&eacute;e de tout <i>pathos</i>. Sa distance &agrave; la vie fait du vertueux un quasi mort-vivant, sans passion, pour lequel la vie est donn&eacute;e. Mais le devoir de raison peut introduire quelques sacrifices en raison. Dans <i>Fondement de la m&eacute;taphysique des m&oelig;urs</i>, il est explicite&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>Conserver sa vie est un devoir, et c&rsquo;est en outre une chose pour laquelle chacun a encore une inclination imm&eacute;diate. Or c&rsquo;est pour cela que la sollicitude souvent inqui&egrave;te que la plupart des hommes y apportent n&rsquo;en est pas moins d&eacute;pourvue de toute valeur intrins&egrave;que et que leur maxime n&rsquo;a aucun prix moral. Ils conservent la vie conform&eacute;ment au devoir sans doute, mais non par devoir. En revanche, que des contrari&eacute;t&eacute;s et un chagrin sans espoir aient enlev&eacute; &agrave; un homme tout go&ucirc;t de vivre, si le malheureux, &agrave; l&rsquo;&acirc;me forte, est plus indign&eacute; de son sort qu&rsquo;il n&rsquo;est d&eacute;courag&eacute; et abattu, s&rsquo;il d&eacute;sire sa mort et cependant conserve la vie sans l&rsquo;aimer, non par inclination ni par crainte, mais par devoir, alors sa maxime a une valeur morale.</i>&nbsp;&raquo; (2004, 88). Le consentement kantien est l&eacute;gislatif, mais au-del&agrave; de la r&egrave;gle, il r&eacute;v&egrave;le un rapport &agrave; soi, une herm&eacute;neutique de la vie fond&eacute;e tout enti&egrave;re sur la puret&eacute; du devoir. Cette puret&eacute; tr&egrave;s abstraite, dissocie l&rsquo;homme de son humanit&eacute; pour un choix en raison et par devoir quelque peu insondable qui peut pousser &agrave; l&rsquo;inaction apathique ou &agrave; un renversement sadien justifiant toute sorte d&rsquo;action par le consentement qu&rsquo;on s&rsquo;accorde &agrave; soi-m&ecirc;me d&rsquo;agir en toute libert&eacute; par devoir.&nbsp; </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Enfin, l&rsquo;herm&eacute;neutique des modernes faisait du consentement un des piliers des relations &eacute;conomiques et juridiques dans les soci&eacute;t&eacute;s lib&eacute;rales d&rsquo;o&ugrave; l&rsquo;attention que lui porte les philosophes lib&eacute;raux et des &eacute;conomistes ou juristes. Le consentement mutuel, &agrave; l&rsquo;instar du contrat de mariage, exprime l&rsquo;accord volontaire et pacifique des parties en vue de l&rsquo;ex&eacute;cution d&rsquo;une promesse&nbsp;: services, productions, propri&eacute;t&eacute;s, etc. o&ugrave; le contrat a une valeur pour autant qu&rsquo;il soit accompagn&eacute; de ce consentement dont les engagements &eacute;crits sont le signe visible, tant pour les parties, qu&rsquo;en cas de diff&eacute;rends pour les juges. Cette doctrine lib&eacute;rale du consentement suppose des &ecirc;tres libres agissant sans contrainte, disposant des informations qui n&rsquo;obscurcissent pas leur jugement au moment de leur engagement r&eacute;ciproque. Le consentement civil reprend toute l&rsquo;architecture logique de la contractualisation maritale produite par la th&eacute;ologie m&eacute;di&eacute;vale en la la&iuml;cisant. La pens&eacute;e lib&eacute;rale pr&eacute;f&egrave;re ce r&egrave;glement juridique par voix de n&eacute;gociation, dialogue et contractualisation ou transaction plut&ocirc;t que la violence. On y retrouve donc cette doctrine issue de la tol&eacute;rance de Locke o&ugrave; la soci&eacute;t&eacute; pacifi&eacute;e &eacute;vite toute sorte de conflit en organisant des consentements. Signalons que le code d&eacute;rive vers une d&eacute;finition n&eacute;gative, &agrave; l&rsquo;instar des th&eacute;ologiens qui tr&egrave;s vite s&rsquo;empar&egrave;rent des vices du consentement marital. Les vices civils d&eacute;finissent eux aussi, en creux, nombre d&rsquo;alt&eacute;rations de l&rsquo;exercice d&rsquo;une libre volont&eacute; individuelle.</span></span></span></span></span></p> <h2 style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">3. Le consentement Contemporain : individu, inconscient et m&eacute;dia </span></span></b></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les contemporains d&eacute;passent la philosophie classique avec trois concepts. Ceux-ci agissent en principes herm&eacute;neutiques&nbsp;: l&rsquo;invention de l&rsquo;individu, de l&rsquo;inconscient et du langage m&eacute;diatique. L&rsquo;individu souverain conduit fort logiquement &agrave; la circularit&eacute; du consentement, soit &agrave; une conception solipsiste du consentement. L&rsquo;homme est le seul juge de son action jusqu&rsquo;&agrave; promouvoir une &eacute;thique minimale r&eacute;sultant de choix individuels auxquels rien n&rsquo;est opposable. Et cette individualisation du consentement &eacute;limine tous les arguments classiques comme nous allons le voir. L&rsquo;inconscient introduit quant &agrave; lui une herm&eacute;neutique de soi par l&rsquo;analyse, au sens psychanalytique. Enfin, le primat des philosophies du langage ouvre l&rsquo;horizon de la pure propagande o&ugrave; l&rsquo;influence conduit au consentement politique par la manipulation, voire la violence psychologique. </span></span></span></span></span></p> <h3 style="color:#aaaaaa;font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">3.1. Le consentement dans l&rsquo;&eacute;thique minimale</span></span></b></span></span></span></h3> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Il suffirait de contractuellement consentir pour que cette forme valide la valeur du consentement sans se r&eacute;f&eacute;rer &agrave; aucune autre norme ou r&egrave;gle morale qui agiraient en surplomb. En ce sens, une &eacute;thique minimale r&eacute;fute toutes les argumentations d&rsquo;un consentement soumis &agrave; quelques r&egrave;gles h&eacute;t&eacute;ronomes. A cet &eacute;gard, ce consentement solipsiste rejette toute sorte d&rsquo;intrusion ext&eacute;rieure qui viendrait rejuger et r&eacute;interpr&eacute;ter la d&eacute;marche de consentement de l&rsquo;int&eacute;ress&eacute; dont la volont&eacute;-libert&eacute; h&eacute;rit&eacute;e de Descartes n&rsquo;a pas de limite. Ruwen Ogien <a href="#_ftn12" name="_ftnref12" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[12]</span></span></span></span></span></a> discr&eacute;dite les appels &agrave; la dignit&eacute; humaine au nom m&ecirc;me de la libert&eacute; de faire ce que l&rsquo;on veut de soi. La prostitution, la vente d&rsquo;organe n&rsquo;ont rien de scandaleux s&rsquo;ils sont consentis. Le respect de la vie lui para&icirc;t soup&ccedil;onneux car il introduit un interdit l&agrave; o&ugrave; la personne peut librement consentir &agrave; sa mort&nbsp;: euthanasie consentie, suicide. De nombreuses r&eacute;serves morales lui paraissent relever de choix personnels qui ne sauraient s&rsquo;imposer &agrave; autrui&nbsp;: la sacralit&eacute; du corps qui rel&egrave;ve d&rsquo;un choix religieux personnel mais non-opposable, la marchandisation alors qu&rsquo;elle est l&eacute;gitime du fait d&rsquo;une transaction consentie. Trois id&eacute;es supportent cette &eacute;thique minimale, qui peuvent d&rsquo;ailleurs &ecirc;tre communes aux lib&eacute;raux et &agrave; des anarchistes&nbsp;: l&rsquo;absence de nuisance pour autrui, la non-agression puisque la paix est pr&eacute;f&eacute;rable, l&rsquo;absence d&rsquo;intrusion, d&icirc;tes paternaliste, dans l&rsquo;opinion d&rsquo;autrui. Le consentement des minimalistes se confond avec une d&eacute;cision personnelle quant &agrave; des choix qui paraissent n&rsquo;engager que soi, dissociant la personne de ses r&eacute;seaux d&rsquo;appartenance familiaux et sociaux qui ne sont pas jug&eacute; limitant. Par exemple, le suicide concerne son auteur. Pourtant, il affecte les siens, mais le minimaliste en fait fi. C&rsquo;est pourquoi, l&rsquo;argument de la non-nuisance m&eacute;riterait une analyse des cons&eacute;quences du suicide sur les proches pour mesurer que l&rsquo;acte a bien un effet sur autrui. Peut-&ecirc;tre faut-il alors se d&eacute;tacher de l&rsquo;autre et ne ressentir plus aucun sentiment pour autrui, car toutes ses formes d&rsquo;attachement sont &agrave; interpr&eacute;ter comme des reliquats d&rsquo;une intrusion paternaliste dans l&rsquo;aire des libert&eacute;s de chacun. Cela signifierait qu&rsquo;&eacute;prouver de la peine serait, ultimement, une intrusion paternaliste car le sort d&rsquo;une personne n&rsquo;appartient qu&rsquo;&agrave; elle et il faudrait se r&eacute;jouir de ses choix d&egrave;s lors qu&rsquo;ils sont consentis. &nbsp;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En r&eacute;sum&eacute;, cette herm&eacute;neutique minimaliste de soi s&eacute;pare l&rsquo;homme de toute d&eacute;pendance&nbsp;: caract&egrave;re &eacute;minent de la th&eacute;orie de l&rsquo;individu <a href="#_ftn13" name="_ftnref13" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[13]</span></span></span></span></span></a>. Il conduit &agrave; une apologie d&rsquo;un droit &agrave; consentir qui s&rsquo;exerce comme une d&eacute;cision et autorisation &agrave; faire&nbsp;; soit l&rsquo;affirmation d&rsquo;un accord, ou pour le moins par l&rsquo;absence de l&rsquo;expos&eacute; d&rsquo;un d&eacute;saccord. Cette &eacute;thique minimale trouve aussi son expression chez Seyla Benhabib<a href="#_ftn14" name="_ftnref14" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[14]</span></span></span></span></span></a> dont la troisi&egrave;me condition de la libre d&eacute;cision de sa propre vie en d&eacute;mocratie exprime cette libert&eacute; de sortie et d&#39;association o&ugrave; l&rsquo;individu peut sortir de son groupe. Elle pense tout particuli&egrave;rement aux situations des mariages o&ugrave; des accommodements doivent permettre &agrave; chacun de rejoindre ou quitter un groupe. Le consentement est donc une cons&eacute;quence de la volont&eacute; individuelle. L&rsquo;humain est en capacit&eacute; de d&eacute;cider librement en vue d&rsquo;agir. Cette &eacute;mancipation de l&rsquo;individu permet de s&rsquo;affranchir librement des groupes sociaux. Consentir, c&rsquo;est d&eacute;cider pour soi et interdire &agrave; autrui de contester son choix du fait de cette assertion&nbsp;: j&rsquo;&eacute;tais consentant. Soit, mais le manipulateur y verra l&rsquo;occasion cynique et perverse d&rsquo;obtenir le consentement en sa faveur. D&rsquo;o&ugrave; la question de la propagande, soit le jeu de l&rsquo;influence afin de faire consentir, contre son gr&eacute;, au sens d&rsquo;Aristote. L&rsquo;individu auquel on vend sa totale libert&eacute; n&rsquo;est-il pas alors la victime d&rsquo;une manipulation visant &agrave; le persuader de cette fiction d&rsquo;ind&eacute;pendance, puisqu&rsquo;il ne chercha plus &agrave; comprendre ce qui l&rsquo;influence, convaincu d&rsquo;&ecirc;tre en toute circonstance le libre auteur de ses choix&nbsp;? L&rsquo;&eacute;thique minimale n&rsquo;expose-t-elle pas &agrave; la plus extr&ecirc;me des vuln&eacute;rabilit&eacute;s&nbsp;?</span></span></span></span></span></p> <h3 style="color:#aaaaaa;font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">3.2. Le consentement inconscient et la propagande chez Bernays et Lippmann</span></span></b></span></span></span></h3> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Commen&ccedil;ons par Edward Bernays. Il est &agrave; l&rsquo;origine des relations publiques et s&rsquo;inspire des travaux de la psychanalyse pour cr&eacute;er des messages attractifs suscitant des d&eacute;sirs &agrave; satisfaire, non &agrave; r&eacute;primer. D&egrave;s l&rsquo;introduction de son ouvrage <i>Propaganda : Comment manipuler l&#39;opinion en d&eacute;mocratie</i> publi&eacute; en 1928, il est explicite&nbsp;: &laquo;<i> La manipulation consciente, intelligente, des opinions et des comportements des masses joue un r&ocirc;le important dans une soci&eacute;t&eacute; d&eacute;mocratique. Ceux qui manipulent ce m&eacute;canisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui exerce dirige v&eacute;ritablement le pays. Nous sommes pour une large part, gouvern&eacute;s par des hommes dont nous ignorons tout, qui mod&egrave;lent nos esprits, forgent nos go&ucirc;ts, nous soufflent nos id&eacute;es. C&#39;est l&agrave; une cons&eacute;quence logique de l&#39;organisation de notre soci&eacute;t&eacute; d&eacute;mocratique. Cette forme de coop&eacute;ration du plus grand nombre est une n&eacute;cessit&eacute; pour que nous puissions vivre ensemble au sein d&#39;une soci&eacute;t&eacute; au fonctionnement bien huil&eacute;. </i>&raquo;&nbsp;(1928, 1). Il utilise &agrave; sa fa&ccedil;on les notions freudiennes pour sugg&eacute;rer le d&eacute;sir et lui donner un objet jusqu&rsquo;&agrave; inciter &agrave; son acquisition afin de satisfaire ce d&eacute;sir. L&agrave; o&ugrave; Freud d&eacute;crit des ph&eacute;nom&egrave;nes d&rsquo;inhibitions ou de sublimation du d&eacute;sir, Bernays entreprend de les lib&eacute;rer pour des passages &agrave; l&rsquo;acte, essentiellement des actes d&rsquo;achat. Lecteur de Lippmann, auquel nous consacrons le paragraphe suivant, Bernays joue avec la censure. Il en fait l&rsquo;instance vis&eacute;e par la propagande, tant pour la d&eacute;placer, que la contourner ou l&rsquo;abolir. Dans&nbsp;<i>Crystallizing Public Opinion</i>, il en expose sa d&eacute;finition : <span style="color:black">&laquo;&nbsp;<i>M. Lippmann dit que la propagande d&eacute;pend de la censure.&nbsp;<span style="background:white">De mon point de vue, l&rsquo;inverse est plus proche de la v&eacute;rit&eacute;.</span>&nbsp;<span style="background:white">La propagande est un effort d&eacute;lib&eacute;r&eacute; et dirig&eacute; pour surmonter la censure &ndash; la censure de l&rsquo;esprit de groupe et la r&eacute;action du troupeau.</span>&nbsp;<span style="background:white">Le citoyen moyen est le censeur le plus efficace du monde.</span>&nbsp;<span style="background:white">Son propre esprit est la plus grande barri&egrave;re entre lui et les faits.</span>&nbsp;<span style="background:white">Ses propres &quot;compartiments logiques&quot;, son propre absolutisme sont les obstacles qui l&rsquo;emp&ecirc;chent de voir en termes d&rsquo;exp&eacute;rience et de pens&eacute;e plut&ocirc;t qu&rsquo;en termes de r&eacute;action de groupe.</span></i><span style="background:white">&nbsp;&raquo; (1923, 122). Et ses actions de relations publiques illustrent cette pratique de la propagande. Travaillant pour </span></span>l&rsquo;<i>American Tobacco Company </i>en 1929, il souhaite accro&icirc;tre la consommation des femmes. A l&rsquo;&eacute;poque, une femme fumant en public est un interdit, voire un tabou auquel on associe facilement une mauvaise vie. Bernays fait de ce tabou, l&rsquo;objet d&rsquo;une transgression, donc d&rsquo;une &eacute;mancipation. Et pour encourager cette transgression &eacute;mancipatrice, il convainc une f&eacute;ministe en vue&nbsp;: Ruth Hale, de fumer en public avec des suffragettes lors d&rsquo;une manifestation d&eacute;nomm&eacute;e&nbsp;: les torches de la libert&eacute;. Le consentement est l&agrave; manipul&eacute;, contourn&eacute; par des man&oelig;uvres invisibles. La relation est asym&eacute;trique entre les parties. Le paradoxe, voire le cynisme, tiennent &agrave; la manipulation de l&rsquo;&eacute;mancipation. Cela prolonge notre interrogation sur le sens de l&rsquo;&eacute;thique minimale. Je crois m&rsquo;&eacute;manciper librement en fumant alors que je suis l&rsquo;objet d&rsquo;une entreprise de propagande qui m&rsquo;instrumentalise. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Continuons par Walter Lippmann. Il d&eacute;veloppe ses th&egrave;ses dans <i><span style="background:white"><span style="color:black">Public Opinion</span></span></i><span style="background:white"><span style="color:black"> (1922). Il y affirme que ce n&rsquo;est pas la connaissance qui &eacute;taye un consentement raisonn&eacute; mais des images qui nous influencent&nbsp;: &laquo;&nbsp;</span></span><i>d&#39;un savoir direct et certain, mais &agrave; travers des images que nous cr&eacute;ons nous-m&ecirc;mes ou qu&#39;on nous donne &agrave; voir.</i>&nbsp;&raquo; (1922,<i> </i>25) La propagande est indispensable car elle permet d&rsquo;orienter et d&rsquo;obtenir le concours et l&rsquo;assistance des populations. A l&rsquo;instar de Rousseau qui exprimait d&eacute;j&agrave; que la d&eacute;mocratie concerne des petits territoires et que les Empires autoritaires r&egrave;gnent n&eacute;cessairement sur les grands espaces, Lippmann ne crois pas &agrave; ce qu&rsquo;il nomme <span style="background:white"><span style="color:black">&laquo; <i>la doctrine du citoyen omnicomp&eacute;tent</i> &raquo;. Le monde est trop grand et trop complexe pour &ecirc;tre compris par le simple citoyen. L&rsquo;internationalisation n&eacute;cessite des gouvernements d&rsquo;experts tr&egrave;s loin des opinions m&eacute;diocres des populations. Mais le jeu d&eacute;mocratique n&eacute;cessite de propager les id&eacute;es &agrave; faire accepter soit de &laquo;&nbsp;</span></span><i>rendre intelligibles les faits non apparents</i>.&nbsp;&raquo; (1922, 31) L&rsquo;arri&egrave;re-plan du jugement de Lippmann tient &agrave; sa conviction que les affaires politiques sont incompr&eacute;hensibles pour le commun, qu&rsquo;il est donc inapte &agrave; y participer. Il pr&eacute;f&egrave;re la technocratie plus que la d&eacute;mocratie qui n&rsquo;exprime pas un id&eacute;al de science ou de comp&eacute;tence, mais un id&eacute;al d&rsquo;adh&eacute;sion, de participation et de v&eacute;rit&eacute;s construites par le dialogue. Il oppose donc la science politique et une connaissance technicienne &agrave; la d&eacute;mocratie du bon sens des membres de la communaut&eacute;. De ce fait, celle-ci n&rsquo;est plus qu&rsquo;illusion d&rsquo;un consentement &agrave; obtenir afin de pacifier la relation entre les gouvernants et les gouvern&eacute;s. La l&eacute;gitimit&eacute; d&eacute;mocratique tient &agrave; l&rsquo;absence d&rsquo;opposition qui d&eacute;g&eacute;n&eacute;rerait en confrontation. Il faut fabriquer ce consentement, soit cette passivit&eacute; favorable en manipulant des images, des pr&eacute;jug&eacute;s et des st&eacute;r&eacute;otypes. D&rsquo;o&ugrave; le r&ocirc;le des interm&eacute;diaires que sont les m&eacute;dias dans ces grandes nations r&eacute;pandant les id&eacute;es &agrave; la fa&ccedil;on de &laquo;&nbsp;<i>fontaines de v&eacute;rit&eacute;</i>&nbsp;&raquo; dont la caution tient au professionnalisme de ces journalistes et des experts qui les entourent. Ils sont &laquo;&nbsp;<i>sources de connaissances</i>&nbsp;&raquo; <a href="#_ftn15" name="_ftnref15" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[15]</span></span></span></span></span></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Lippmann r&eacute;duit ainsi le public &agrave; l&rsquo;expression de ses besoins mat&eacute;riels et &agrave; son statut de consommateur revendiquant son droit &agrave; consommer, son affirmation servant bien sa th&egrave;se d&rsquo;un public loin de tout int&eacute;r&ecirc;t pour la chose politique. Il est explicite dans <i>Drift and Mastery</i> d&egrave;s 1914 o&ugrave; il &eacute;crit&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>Mais nous constatons, je pense, que le vrai pouvoir qui &eacute;merge aujourd&rsquo;hui en politique d&eacute;mocratique n&rsquo;est que la masse des gens qui s&rsquo;insurgent contre le &laquo;&nbsp;co&ucirc;t &eacute;lev&eacute; de la vie&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est le cri du consommateur.</i>&nbsp;&raquo; (1914, 54). Le citoyen n&rsquo;existe d&eacute;j&agrave; plus. Et si l&rsquo;humain est avant tout un consommateur avide de satisfaire ses d&eacute;sirs, Lippmann y trouve la justification d&rsquo;un gouvernement par des &eacute;lites puisque l&rsquo;homme commun ne se gouverne pas lui-m&ecirc;me. S&rsquo;appropriant des enseignements psychanalytiques, il affirme d&egrave;s 1914&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>La partie massive de la vie de l&rsquo;homme a toujours &eacute;t&eacute;, et est toujours, subconsciente. L&rsquo;influence de son intelligence semble insignifiante par rapport aux attachements et aux d&eacute;sirs, aux forces brutales et aux catastrophes naturelles. Notre vie est g&eacute;r&eacute;e &agrave; partir des coulisses.</i>&nbsp;&raquo; (1914, 147) Mais, le propagandiste s&rsquo;arroge un double pouvoir, celui de d&eacute;terminer ce qui est bon puis de le promouvoir afin de sugg&eacute;rer le consentement. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">A cet &eacute;gard, Bernays et Lippmann affirment leur pouvoir invisible qui n&rsquo;a pas vocation &agrave; &ecirc;tre montr&eacute;. Ils sont des ma&icirc;tres de v&eacute;rit&eacute; qui s&rsquo;estiment comp&eacute;tents pour juger du bien et orienter les d&eacute;sirs en agissant sur le consentement d&rsquo;autrui, &agrave; ses d&eacute;pens, et ce de leur aveu m&ecirc;me, puisqu&rsquo;ils revendiquent cette fonction. Sauf &agrave; consid&eacute;rer qu&rsquo;ils assistent les consommateurs dans leur &eacute;mancipation inconsciente, leur fabrique du consentement produit un assujettissement des sujets consentant malgr&eacute; eux. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En r&eacute;sum&eacute;, la fabrication du consentement contourne la conscience et n&rsquo;&eacute;claire pas le jugement raisonnable comme l&rsquo;&eacute;voquait Aristote. Il y a un retournement au b&eacute;n&eacute;fice du manipulateur qui porte &agrave; la connaissance des autres ce qui lui permet d&rsquo;obtenir de leur part un consentement qu&rsquo;il n&rsquo;obtiendrait pas autrement. N&rsquo;est-ce point l&rsquo;histoire m&ecirc;me de la tentation de Lucifer dans son dialogue avec Eve o&ugrave; il ment pour qu&rsquo;elle consente &agrave; agir malgr&eacute; elle dans une ignorance organis&eacute;e par celui-l&agrave; m&ecirc;me qui veut la tromper et accro&icirc;tre sa puissance&nbsp;? User de stratag&egrave;mes qui s&rsquo;adressent &agrave; l&rsquo;inconscient, c&rsquo;est contourner la r&eacute;sistance du Surmoi dirait le psychanalyste et abuser de l&rsquo;autre pour le faire consentir sans conscience. Est-ce encore consentir&nbsp;? Est-ce commettre une violence afin d&rsquo;obtenir une faveur &agrave; l&rsquo;insu de la personne <a href="#_ftn16" name="_ftnref16" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[16]</span></span></span></span></span></a>&nbsp;? Est-ce &eacute;manciper, lib&eacute;rer ou exposer &agrave; une plus grande vuln&eacute;rabilit&eacute;, voire profiter de mani&egrave;re perverse de l&rsquo;autre, politiquement, socialement ou sexuellement&nbsp;? </span></span></span></span></span></p> <h2 style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">4. Questions herm&eacute;neutiques &agrave; propos d&rsquo;un consentement sans conscience</span></span></b></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;&eacute;poque post-moderne est travers&eacute;e de quelques courants de pens&eacute;e tr&egrave;s actifs dont le renouveau d&rsquo;une tradition scientiste au travers des neurosciences en particulier pour lesquels l&rsquo;hypoth&egrave;se de l&rsquo;identit&eacute; du physique et du psychologique rel&egrave;ve de l&rsquo;&eacute;vidence jusqu&rsquo;&agrave; professer que demain la science et les techniques construiront des &ecirc;tres intelligents mais sans conscience, puisque celle-ci est une illusion <a href="#_ftn17" name="_ftnref17" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[17]</span></span></span></span></span></a>. Il faut aller au bout de la compr&eacute;hension des cons&eacute;quences d&rsquo;une telle herm&eacute;neutique de l&rsquo;homme dont il est affirm&eacute; qu&rsquo;il est sans conscience.</span></span></span></span></span></p> <h3 style="color:#aaaaaa;font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">4.1. L&rsquo;illusion du consentement dans le mod&egrave;le des neurosciences</span></span></b></span></span></span></h3> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Il faudrait un autre article pour reconstituer la g&eacute;n&eacute;alogie de l&rsquo;id&eacute;ologie des neurosciences, mais r&eacute;sumons-l&agrave; ici succinctement. L&rsquo;exercice des libert&eacute;s politiques des d&eacute;mocraties modernes postule la libre volont&eacute; cart&eacute;sienne qui s&rsquo;appuie sur deux conditions&nbsp;: la libert&eacute; existe, la conscience de l&rsquo;exercer de m&ecirc;me. Or, cette libert&eacute; psychologique dispara&icirc;t si des sciences pr&eacute;tendent expliquer la totalit&eacute; des actions internes qui gouvernent les pens&eacute;es et cette conscience apparente. En rejetant le dualisme&nbsp;: esprit &ndash; mati&egrave;re, les naturalistes contemporains visent le libre arbitre. Pour eux, non seulement le psychologique est r&eacute;ductible au physiologique, mais ce dernier renvoie &agrave; des lois de la nature qui se pr&eacute;disent ou expliquent les comportements et les d&eacute;cisions. Henri Laborit affirmait d&eacute;j&agrave;&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>Nos comportements sont enti&egrave;rement programm&eacute;s par la structure inn&eacute;e de notre syst&egrave;me nerveux et par l&#39;apprentissage socio-culturel.</i>&nbsp;&raquo; <a href="#_ftn18" name="_ftnref18" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[18]</span></span></span></span></span></a> Et celui-ci allait au bout du raisonnement dans <i>Eloge de la fuite en concluant&nbsp;: </i>&laquo;&nbsp;<i>L&#39;absence de libert&eacute; implique l&#39;absence de responsabilit&eacute;, et celle-ci surtout implique &agrave; son tour l&#39;absence de m&eacute;rite, la n&eacute;gation de la reconnaissance sociale de celui-ci, l&#39;&eacute;croulement des hi&eacute;rarchies.</i>&nbsp;&raquo; <a href="#_ftn19" name="_ftnref19" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[19]</span></span></span></span></span></a> Ce r&eacute;ductionnisme de bas en haut va de la mati&egrave;re&nbsp;: atomique, mol&eacute;culaire, vers le cellulaire puis l&rsquo;organe dont le cerveau et enfin vers le psychologique ou le social et ses productions culturelles. En effet, si les interactions mat&eacute;rielles sont connaissables et pr&eacute;visibles, s&rsquo;induisent les &eacute;v&eacute;nements psychiques qui leurs sont li&eacute;es <a href="#_ftn20" name="_ftnref20" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[20]</span></span></span></span></span></a>. C&rsquo;est l&rsquo;hypoth&egrave;se m&ecirc;me de l&rsquo;approche neuroscientifique mat&eacute;rialiste et naturaliste. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Or, elle fait l&rsquo;impasse sur de tr&egrave;s nombreux r&eacute;sultats contradictoires ou plus nuanc&eacute;s dans cette chaine causale bien mal connue. A commencer par la mati&egrave;re elle-m&ecirc;me encore tr&egrave;s myst&eacute;rieuse, la cellule inexpliqu&eacute;e en termes de passage du mat&eacute;riel au vivant, hormis quelques hypoth&egrave;ses qui n&rsquo;ont pas force de loi. Malgr&eacute; ces tr&egrave;s nombreuses inconnues, l&rsquo;herm&eacute;neutique neuroscientifique d&eacute;veloppe une rh&eacute;torique en quatre moments. Moment 1&nbsp;: l&rsquo;action libre suppose une d&eacute;cision consciente. Moment 2&nbsp;: les exp&eacute;riences montrent que les d&eacute;cisions d&rsquo;agir sont prises inconsciemment &ndash; exp&eacute;rience de Libet <a href="#_ftn21" name="_ftnref21" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[21]</span></span></span></span></span></a> &ndash; pr&eacute;c&eacute;dant leur prise de conscience. Moment 3&nbsp;: il en ressort que l&rsquo;action ne d&eacute;pend pas de la d&eacute;cision. Moment 4 de conclusion&nbsp;: il n&rsquo;y a pas de libre arbitre. Ce raisonnement est fallacieux &agrave; deux, voire trois endroits au moins. Les exp&eacute;riences n&rsquo;ont rien d&eacute;montr&eacute; car d&rsquo;autres ne conclut pas au m&ecirc;me r&eacute;sultat, leur simplification contredit m&ecirc;me des conclusions plus prudentes. Enfin, cela suppose un mod&egrave;le lin&eacute;aire de la d&eacute;cision volontaire pr&eacute;c&eacute;dant l&rsquo;action, alors que la d&eacute;cision peut consister &agrave; arr&ecirc;ter le passage &agrave; l&rsquo;acte dans l&rsquo;intervalle qui initie une action par habitude, d&icirc;tes non-consciente, et sa retenue, soit un libre arbitre par arr&ecirc;t ou veto, que Libet envisage d&rsquo;ailleurs, a posteriori d&rsquo;une premi&egrave;re impulsion initiale d&rsquo;action motrice. Enfin, de nombreuses d&eacute;cisions n&rsquo;induisent pas d&rsquo;actions motrices imm&eacute;diates, qui sont les seules &eacute;tudi&eacute;es par Libet. Par exemple, la d&eacute;lib&eacute;ration int&eacute;rieure concernant un voyage futur n&rsquo;enclenche pas d&rsquo;action alors qu&rsquo;elle conduit &agrave; une d&eacute;cision. C&rsquo;est pourquoi des &eacute;tudes portant sur les actions motrices n&rsquo;autorisent pas une telle extrapolation, tr&egrave;s abusive, sur l&rsquo;ensemble des ph&eacute;nom&egrave;nes psychologiques. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Que signifie alors le consentement dans une science qui subvertit l&rsquo;herm&eacute;neutique de soi d&rsquo;un renoncement &agrave; &ecirc;tre, au sens antique et chr&eacute;tien, puisque rien de cette illusion ne m&eacute;rite attention&nbsp;? A quoi bon se pr&eacute;occuper de l&rsquo;avis d&rsquo;une personne puisque celle-ci n&rsquo;a en fait pas d&rsquo;existence propre, sa dignit&eacute; humaine n&rsquo;ayant aucune consistance, puisque sa conscience n&rsquo;existe pas <a href="#_ftn22" name="_ftnref22" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[22]</span></span></span></span></span></a>. Cette herm&eacute;neutique naturaliste et mat&eacute;rialiste reste focalis&eacute;e sur son postulat que la conscience est un ph&eacute;nom&egrave;ne illusoire. La cons&eacute;quence est qu&rsquo;aucune libert&eacute; ne survit &agrave; un tel postulat d&egrave;s lors que les ph&eacute;nom&egrave;nes mentaux sont suppos&eacute;s cons&eacute;cutifs d&rsquo;actions mat&eacute;rielles qui en sont n&eacute;cessairement la cause. Cette herm&eacute;neutique affiche un d&eacute;terminisme scientifique et cons&eacute;quemment la m&eacute;dicalisation du psychisme ou la psychiatrisation des comportements. Les neurosciences se pr&eacute;tendent alors l&eacute;gitimes &agrave; construire des outils d&rsquo;intrusion dans les m&eacute;canismes c&eacute;r&eacute;braux, &agrave; les mod&eacute;liser et &agrave; reproduire ceux jug&eacute;s les plus normaux et standards en vertu de quelques crit&egrave;res&nbsp;: utilit&eacute;, efficacit&eacute;, conformit&eacute; des r&eacute;sultats. Il faut pleinement assumer les cons&eacute;quences logiques de telles affirmations, et ne pas s&rsquo;illusionner par quelques propagandes. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Formellement, la cons&eacute;quence de l&rsquo;adoption de cette herm&eacute;neutique est l&rsquo;&eacute;limination des pr&eacute;c&eacute;dentes. En particulier, l&rsquo;architecture de la pens&eacute;e lib&eacute;rale des modernes liant la libert&eacute; de conscience et le consentement dans un acte responsable et engageant s&rsquo;effondre d&egrave;s lors qu&rsquo;on adopte une position qui nie la libre conscience&nbsp;; et ce, au nom de sa subordination totale &agrave; des faits mat&eacute;riels. L&rsquo;&eacute;thique minimale et le principe scientifique d&rsquo;apathie viennent alors supporter l&rsquo;action scientifique sur autrui dans ce mouvement d&rsquo;objectification d&rsquo;autrui que nous avons d&eacute;j&agrave; &eacute;tudi&eacute; <a href="#_ftn23" name="_ftnref23" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[23]</span></span></span></span></span></a>. Toute op&eacute;ration de transformation y devient souhaitable et acceptable puisque possible et &agrave; certains &eacute;gards b&eacute;n&eacute;fiques selon les utilit&eacute;s expos&eacute;es. L&rsquo;affirmation de Jean-Pierre Changeux va donc tr&egrave;s loin puisqu&rsquo;elle autorise une action m&eacute;dico-politique. Le savant et le politique prennent le pouvoir en suscitant cette impuissance et cette reconnaissance de son inconscience afin de renoncer &agrave; agir sur soi-m&ecirc;me. Ce consentement-l&agrave; est un abandon, une soumission, une servitude volontaire au nom de la manipulation savante du vivant. Mais pour mieux comprendre cette prise de pouvoir, &eacute;tudions le cas du consentement du patient, puisque les neurosciences agissent avec la m&ecirc;me autorit&eacute; en surplomb du scientifique faisant de l&rsquo;autre homme l&rsquo;objet de son projet.</span></span></span></span></span></p> <h3 style="color:#aaaaaa;font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">4.2. Le sens de ces herm&eacute;neutiques, le cas du consentement du patient</span></span></b></span></span></span></h3> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Voil&agrave; pourquoi nous terminerons par cette &eacute;tude de cas&nbsp;: la relation au patient. Tout l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de ce cas est de montrer la fragilit&eacute; des herm&eacute;neutiques ant&eacute;rieures quand la conscience consentante est remise en question, voire ni&eacute;e par une herm&eacute;neutique en surplomb, au nom de la science dont la m&eacute;decine lib&eacute;r&eacute;e des contraintes du droit.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le consentement m&eacute;dical est bien ce champ d&rsquo;application du consentement qui mobilise &agrave; son service les sciences de l&rsquo;esprit&nbsp;: psychologie des &eacute;motions et de la cognition en particulier soutenues par les &eacute;tudes neuroscientifiques. Mais tout cela se fait dans le cadre de la loi. A cet &eacute;gard rappelons que la loi de 2002 sur les droits des malades pose le primat du principe d&rsquo;autonomie h&eacute;rit&eacute; de la philosophie des Lumi&egrave;res, le patient demeurant un citoyen autonome avec lequel les soignants entretiennent une relation de confiance dans le but de porter &agrave; sa connaissance de &laquo; <i>mani&egrave;re claire, loyale et appropri&eacute;e</i> &raquo; les informations utiles &agrave; son consentement libre et &eacute;clair&eacute;. Pourtant, existe d&rsquo;embl&eacute;e une d&eacute;pendance ou une asym&eacute;trie entre ceux qui savent et celui qui ne sait pas avec l&rsquo;objectif implicite &agrave; cette relation&nbsp;: restaurer la sant&eacute; du patient qui n&rsquo;est pas autonome pour y parvenir. La d&eacute;pendance est av&eacute;r&eacute;e d&rsquo;embl&eacute;e et elle marque un premier consentement qui est aussi un dessaisissement de ses libert&eacute;s d&rsquo;agir sur soi par le constat de son impuissance &agrave; trouver par soi-m&ecirc;me les moyens d&rsquo;agir dans un but&nbsp;: sa sant&eacute;. Aller voir le m&eacute;decin, c&rsquo;est d&eacute;j&agrave; renoncer &agrave; une libert&eacute; pour se confier aux bons soins de celui qui saura. Le patient s&rsquo;en remet &agrave;. Son autonomie toute relative est donc d&eacute;pendante de la connaissance port&eacute;e &agrave; son attention par le m&eacute;decin qui se retrouve dans la m&ecirc;me position que le politique pour faire &oelig;uvre de persuasion et p&eacute;dagogie positivement, sans nier le risque d&rsquo;une propagande ou manipulation selon les fins du corps m&eacute;dical en dehors de celle envisag&eacute;e par le patient&nbsp;: op&eacute;rer, accepter, diff&eacute;rer, amputer, soulager, choisir une th&eacute;rapie selon son co&ucirc;t, ses effets et ses risques, etc. Plusieurs aspects sont &agrave; prendre en compte&nbsp;: 1) <i>le consentement vers une personne de confiance</i>, 2) <i>le consentement d&eacute;pendant des capacit&eacute;s cognitives</i>, 3) <i>le consentement et le libre renoncement</i>. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">1) <i>le consentement vers une personne de confiance</i> tient &agrave; une relation de respect de l&rsquo;humanit&eacute; de chacun car le consentement au soin suppose consentir &agrave; une proposition qui &eacute;mane de quelqu&rsquo;un qui l&rsquo;&eacute;nonce. Ce consentement en confiance suppose une herm&eacute;neutique de l&rsquo;autre, une lecture a priori de ses bonnes intentions, soit une bienveillance &agrave; son &eacute;gard. Le &laquo;&nbsp;je vous fais confiance&nbsp;&raquo; signifie aussi que l&rsquo;on se dispense pour une part de chercher la pleine compr&eacute;hension avec une sorte de d&eacute;l&eacute;gation de confiance du raisonnement et des connaissances qui motivent des d&eacute;cisions et actions&nbsp;: op&eacute;ration, soins, etc. Cette d&eacute;l&eacute;gation est pr&eacute;vue pour qu&rsquo;une personne de confiance puisse assister le patient dans ses choix. Mais dans les choix cruciaux, cette d&eacute;l&eacute;gation &agrave; autrui devient critique, car le choix engage la survie. Le consentement peut passer par un mandat, mais il s&rsquo;agit alors de se dessaisir de son autonomie comme si l&rsquo;exercice de sa libert&eacute; se confiait &agrave; un tiers&nbsp;? La relation &agrave; des tiers de confiance demeure un point de cette relation. &nbsp;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">2) <i>le consentement d&eacute;pendant des capacit&eacute;s cognitives</i> suppose que celles-ci sont jug&eacute;es par un tiers appr&eacute;ciant l&rsquo;autonomie du patient. Un tiers s&rsquo;arroge le droit d&rsquo;&eacute;valuer l&rsquo;incomp&eacute;tence ou la d&eacute;pendance du patient parce que la maladie peut alt&eacute;rer les capacit&eacute;s de discernement conditionnant un consentement &eacute;clair&eacute;. Si l&rsquo;herm&eacute;neutique de soi des modernes exige la volont&eacute; rationnelle, sa substitution par la volont&eacute; d&rsquo;un tiers met en &eacute;vidence la difficult&eacute; d&rsquo;appr&eacute;cier par soi-m&ecirc;me ces capacit&eacute;s, dans les cas psychiatriques par exemple. Cette prise de pouvoir sur l&rsquo;autre ali&egrave;ne bien la libert&eacute; d&rsquo;un patient jug&eacute; inapte, jug&eacute; d&eacute;nu&eacute; d&rsquo;un degr&eacute; de conscience indispensable &agrave; l&rsquo;expression de son consentement. Par transposition au politique, ce dessaisissement acte une s&eacute;paration entre une population apte au gouvernement et une seconde inapte &agrave; l&rsquo;instar des propos de Lippmann inspir&eacute; par la psychanalyse. Existe alors une man&oelig;uvre de propagande, d&egrave;s lors que l&rsquo;&eacute;valuateur ou le juge pr&eacute;f&eacute;reront conclure &agrave; l&#39;incapacit&eacute;, plut&ocirc;t que de respecter l&#39;autre en cherchant obstin&eacute;ment &agrave; obtenir son t&eacute;moignage en reconnaissant les signes d&#39;une autonomie toujours pr&eacute;sente et s&rsquo;exprimant imparfaitement. L&agrave; encore l&rsquo;herm&eacute;neutique de soi et celle d&rsquo;autrui d&eacute;termine la conclusion. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">3) <i>le consentement et le libre renoncement</i> rel&egrave;vent d&rsquo;un arbitrage o&ugrave; le patient doit accepter une perte&nbsp;: amputation ou op&eacute;ration aux effets invalidants durables par exemple. Ce renoncement acte une atteinte &agrave; son int&eacute;grit&eacute; qui est le prix &agrave; payer &agrave; une survie par un engagement &eacute;clair&eacute; sur les cons&eacute;quences&nbsp;: acceptables, supportables. Le patient doit &agrave; la fois se pr&eacute;server dans son identit&eacute; et son image de soi et comprendre ce qui l&rsquo;atteint pour lui donner un sens&nbsp;: nouvel acte herm&eacute;neutique, dans un projet de soi qui l&rsquo;&eacute;claire. C&rsquo;est l&agrave; que le distinguo entre m&eacute;met&eacute; et ips&eacute;it&eacute; de Paul Ricoeur <a href="#_ftn24" name="_ftnref24" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[24]</span></span></span></span></span></a> prend de la valeur pour expliquer ce renoncement qui est consenti. Le patient compose avec lui-m&ecirc;me, le risque &eacute;tant la d&eacute;tresse, la d&eacute;pression jusqu&rsquo;au rejet. &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En synth&egrave;se, la relation du patient &agrave; l&rsquo;&eacute;quipe m&eacute;dicale r&eacute;v&egrave;le un triptyque du consentement&nbsp;: 1) la confiance, 2) le jugement et 3) l&rsquo;engagement, ce dernier prenant un sens plus positif dans un consentement politique ou humain&nbsp;: relation maritale, relation sociale, projet politique communale, etc. Ce qui est &eacute;prouv&eacute; dans cette relation particuli&egrave;re prolonge l&rsquo;herm&eacute;neutique des modernes. L&rsquo;&eacute;quipe m&eacute;dicale doit &ecirc;tre digne de confiance et a contrario ne pas susciter la d&eacute;fiance&nbsp;: manipulation, influence, int&eacute;r&ecirc;t propre, pouvoir, exp&eacute;rimentation, exploration, etc. Elle doit soutenir la libert&eacute; de jugement et a contrario ne pas masquer des connaissances, des donn&eacute;es, des alternatives par pr&eacute;-choix ou d&eacute;cision autoritaire. Elle doit &eacute;clairer des cons&eacute;quences de l&rsquo;engagement et a contrario ne pas occulter des explications sur tous les impacts connus, probables ou potentiels sans d&eacute;formation alt&eacute;rant le sens de cet engagement respectueux de la personne <a href="#_ftn25" name="_ftnref25" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[25]</span></span></span></span></span></a>. Mais, c&rsquo;est-l&agrave; une subsistance du droit des Lumi&egrave;res limitant le pouvoir en surplomb du savant inspir&eacute; par la psychanalyse ou par les neurosciences naturalistes. </span></span></span></span></span></p> <h2 style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Conclusions </span></span></b></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Cette &eacute;tude de cas montre comment le consentement du patient est conditionn&eacute;&nbsp;: confiance, jugement, engagement. En l&rsquo;absence d&rsquo;une herm&eacute;neutique de soi exprimant une conscience agissante, le politique est tent&eacute; de profiter de cette asym&eacute;trie et de ne pas limiter son pouvoir jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;abus d&rsquo;autorit&eacute;, en faisant fi de ces conditions, s&rsquo;affranchissant du libre consentement des repr&eacute;sentants ou des citoyens. En ce sens, la post-modernit&eacute; ouvre la voie &agrave; ce qui fut d&eacute;j&agrave; exp&eacute;riment&eacute; dans les r&eacute;gimes totalitaires si bien d&eacute;crit par Hannah Arendt et que nous avons &eacute;tudi&eacute; lors de deux r&eacute;cents articles <a href="#_ftn26" name="_ftnref26" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[26]</span></span></span></span></span></a>. L&rsquo;instrumentalisation par les affirmations des neurosciences niant l&rsquo;existence m&ecirc;me de la conscience autorise et promeut la manipulation et elle cr&eacute;e les conditions de la fabrique &agrave; consentement qui fut le premier signe de l&rsquo;enfermement des libert&eacute;s. Il s&rsquo;agit de prescrire au lieu de d&eacute;crire, il s&rsquo;agit de soumettre au lieu de d&eacute;battre <a href="#_ftn27" name="_ftnref27" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[27]</span></span></span></span></span></a>. Voil&agrave; pourquoi, la th&eacute;orie de la fabrication du consentement m&eacute;ritait toute notre attention, car elle d&eacute;crit cette derni&egrave;re herm&eacute;neutique d&rsquo;un consentement illusoire, soumis &agrave; la puissance de la propagande puis &agrave; la brutalit&eacute; de l&rsquo;action indiff&eacute;rente aux r&eacute;actions parce que la soumission est le but. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Notre article voulait exposer cette g&eacute;n&eacute;alogie des herm&eacute;neutiques du consentement. Elle pose au fond la question de leur v&eacute;rit&eacute; ou de leur l&eacute;gitimit&eacute; successive. Pourquoi et comment pr&eacute;tendre disqualifier Aristote ou Epict&egrave;te, Descartes, l&rsquo;Eglise ou Kant&nbsp;? Les herm&eacute;neutiques contemporaines cong&eacute;dient le consentement par la mort de la conscience. C&rsquo;est aussi la v&eacute;ritable mort de l&rsquo;homme et la confirmation de la banalit&eacute; du mal puisque rien n&rsquo;est impossible au nom de la propagande efficace. Ces herm&eacute;neutiques contemporaines ont en commun d&rsquo;&ecirc;tre n&eacute;gatives en ouvrant la voie &agrave; la domination des uns sur les autres au nom de leur inconscience ou de la non-conscience. Subsiste alors tr&egrave;s paradoxalement une ultime volont&eacute; invisible, celle du savant-politique. Celle-ci r&eacute;alise l&rsquo;exil de la conscience, car pour nier la conscience, il faut malgr&eacute; tout une ultime pens&eacute;e de sa n&eacute;gation, avoir encore conscience de son jugement pour forcer l&rsquo;autre &agrave; nier sa libert&eacute; et son consentement au profit d&rsquo;un pouvoir. Ce temps d&rsquo;exil rappelle l&rsquo;effroi des camps, constructions rationnelles, scientifiques, m&eacute;dicales, organis&eacute;es par des m&eacute;decins convaincus de s&eacute;lectionner l&rsquo;esp&egrave;ce et de d&eacute;truire ceux et celles qui ne pouvaient appartenir au projet d&rsquo;une salutaire transformation de l&rsquo;humanit&eacute;. Cette man&oelig;uvre fut le signe de soci&eacute;t&eacute;s violentes et m&eacute;prisantes de l&rsquo;homme transform&eacute; en cheptels selon le besoin de ceux qui dirigent. Or, ces nouvelles herm&eacute;neutiques rendent possibles de nouveaux enfers humains. Nous aurons ici la sagesse de consid&eacute;rer que malgr&eacute; l&rsquo;assentiment de tous, ils seraient n&eacute;anmoins des camps enfermant chacun dans des lieux de lente destruction de soi. Je ne suis pas s&ucirc;r que le consentement suffise &agrave; changer la nature du Goulag ou du camp de concentration. C&rsquo;est &agrave; cette seule question que nos contemporains devraient r&eacute;pondre de mani&egrave;re coh&eacute;rente et sans propagande pour &ecirc;tre comptable de leur pens&eacute;e devant l&rsquo;histoire. Mais c&rsquo;est-l&agrave; le r&ecirc;ve d&rsquo;un vieil aristot&eacute;licien face &agrave; la propagande. </span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Bibliographie</span></span></b></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">ADORNO, Theodor et HORKHEIMER, Max, <i>La dialectique de la Raison</i>, 1974, Paris, Editions Gallimard </span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">ARISTOTE, <i>&Eacute;thique &agrave; Nicomaque</i>, 1970, Louvain-la-Neuve, Editions Peeters </span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">AUMERCIER,<i> </i>Sandrine, <i>Edward L. Bernays et la propagande</i>, 2007, in Revue du MAUSS 2007/2, n&deg; 30, p.452-469</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">BARILARI, Andr&eacute;, <i>Le consentement &agrave; l&#39;imp&ocirc;t, fragile mais indispensable </i>aporie, 2007, in Regards crois&eacute;s sur l&#39;&eacute;conomie 2007/1, n&deg; 1, p. 27-34</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">BEAUCHAMP, Tom et CHILDRESS James, <i>Les principes de l&rsquo;&eacute;thique biom&eacute;dicale</i>, 2008, Paris, &eacute;ditions Les Belles Lettres</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">BEJA, Vincent, <i>Identit&eacute;-ipseit&eacute;, le changement en th&eacute;rapie</i>, Soci&eacute;t&eacute; fran&ccedil;aise de Gestalt &laquo; Gestalt &raquo; 2005/2 n&deg; 29, p.165-175</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">BERNAYS, Edward, <i>Propaganda. Comment manipuler l&#39;opinion en d&eacute;mocratie</i>, (1928) 2007, Paris, Editions Zones</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">BERNAYS, Edward, <i>Crystallizing Public Opinion</i>. 1923, New York, Liveright</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">CARLO, Natali, <i>L&rsquo;action efficace. </i></span></span><i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&Eacute;tudes sur la philosophie de l&rsquo;action d&rsquo;Aristote</span></span></i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, 2004, Louvain-La-Neuve, Editions Peeters.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">COLON, David, <i>Propagande. La manipulation de masse dans le monde contemporain</i>, 2019, Paris, Edition Belin</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">CHANGEUX, Jean-Pierre, <i>L&rsquo;homme neuronal</i>, 1983, Paris, Editions Fayard</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">CHOMSKY, Noam et HERMAN, Edward, <i>La Fabrication du consentement : De la propagande m&eacute;diatique en d&eacute;mocratie</i>, 2008, Marseille, Editions Agone</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">CLAVE,<i> </i>Francis Urbain, <i>Walter Lippmann et le n&eacute;olib&eacute;ralisme de La Cit&eacute; Libre</i>, 2005, in Cahiers d&#39;&eacute;conomie Politique, 2005/1, n&deg; 48, p.79-110</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">CROUY-CHANEL de, Emmanuel, <i>Le consentement &agrave; </i>l&rsquo;imp&ocirc;t, 2014, in Pouvoirs n&deg;151, p. 5-14</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">DENNETT, Daniel, <i>La Conscience expliqu&eacute;e</i>, 1993, Paris, Editions Odile Jacob.&nbsp; </span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">DESCARTES, Ren&eacute;, </span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">DESCARTES, Ren&eacute;,&nbsp; </span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">DIOGENE LA&Euml;RCE, <i>Vies et opinions des philosophes, </i>1962, traduction &Eacute;mile Br&eacute;hier, in Les Sto&iuml;ciens, Paris, Editions Gallimard </span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&Eacute;PICTETE, <i>Entretiens, </i>1962, traduction d&rsquo;&Eacute;mile Br&eacute;hier, in Les Sto&iuml;ciens, Paris, Editions Gallimard </span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">FOESSEL, Micha&euml;l, <i>Kant ou les vertus de l&#39;autonomie</i>, 2011, in &Eacute;tudes 2011/3 (Tome 414), p. 341-351</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">HADOT, Pierre, <i>La citadelle int&eacute;rieure</i>, 1992, Paris, Editions Fayard</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">JASPERS, Karl, <i>Origines et sens de l&rsquo;histoire</i>, 1974, Paris, Editions Plon </span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">JAUNAIT, Alexandre et MATONTI, Fr&eacute;d&eacute;rique, <i>L&#39;enjeu du consentement</i>, 2012, in Raisons politiques 2012/2, n&deg; 46, p. 5-11</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">JEANGENE VILMER, Jean-Baptiste, <i>Descartes : l&#39;infinitude de ma volont&eacute; ou comment dieu m&#39;a fait &agrave; son image</i>, 2008, in Revue des sciences philosophiques et th&eacute;ologiques, 2008/2 Tome 92, p. 287-312</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">KANT, Emmanuel, <i>Doctrine de la </i>Vertu, 1855, Paris, Editions Auguste Durand</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">KANT, Emmanuel, <i>Fondements de la M&eacute;taphysique des m&oelig;urs</i>, 1977, Paris, Editions D&eacute;lagrave</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">KANT, Emmanuel, <i>Fondements de la M&eacute;taphysique des m&oelig;urs</i>, 2004, Paris, Librairie Vrin</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">KANT, Emmanuel, <i>Critique de la raison pratique</i>, 2003, Paris, Editions Flammarion</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">KANT, Emmanuel, <i>Critique de la raison pratique</i>, 1848, Paris, Libraire de Ladrange</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">KANT, Emmanuel, <i>Critique de la raison pure</i>, 1905, Paris, Editions Felix Alcan </span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">KANT, Emmanuel, <i>Critique de la raison pure</i>, 1987, Paris, Editions Flammarion</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">KANT, Emmanuel, <i>Critique de la facult&eacute; de juger</i>, 1968, Paris, Librairie Vrin</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">LE BRAS, Gabriel, <i>Le mariage dans la th&eacute;ologie et le droit de l&#39;&Eacute;glise du XIe au XIIIe si&egrave;cle</i>, 1968, in Cahiers de civilisation m&eacute;di&eacute;vale, 11e ann&eacute;e, n&deg;42), Avril-juin 1968, p. 191-202</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">LABORIT, Henri, <i>Eloge de la fuite</i>, 1976, Paris, Editions Robert Laffont</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">LOMBARD, Pierre, <i>Les quatre livres des sentences</i>, 2012 &agrave; 2015, Paris, Editions du Cerf</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">MARC-AURELE, <i>Pens&eacute;es</i>, 1962, traduction d&rsquo;&Eacute;mile Br&eacute;hier, in Les Sto&iuml;ciens, Paris, Editions Gallimard </span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">MARZANO, Michela, <i>&Eacute;thique et consentement : la place de l&rsquo;autonomie au sein des relations m&eacute;dicales</i>, in Contraste 2019/2, n&deg; 50, p. 39-54</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">LEVY-LEBLOND, Jean-Marc, <i>L&rsquo;Esprit de sel</i>, 1984, Paris, &Eacute;ditions du Seuil</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">LIPPMANN, Walter, <i>Public Opinion</i>, 1922, New York, Editions Harcourt, Brace and Company&nbsp;</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">OGIEN, Ruwen, <i>L&#39;&Eacute;thique aujourd&#39;hui : maximalistes et minimalistes</i>, 2007, Paris, Editions Gallimard </span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">PACKARD, Vance, <i>La persuasion clandestine</i>, 1958, Paris, Editions Calmann-L&eacute;vy</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">RICOEUR, Paul, <i>Temps et r&eacute;cits</i>, 1983-1985, Paris, Editions du Seuil</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">SALANSKIS, Jean-Michel, <i>Philosophie des math&eacute;matiques</i>, 2008, Paris, Librairie Vrin </span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">STIRNER, Max, <i>L&rsquo;unique et sa propri&eacute;t&eacute;</i>, 1900, Paris, Editions Stock</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">TRUDEL, Dominique, <i>Guerre, communication, public : Walter Lippmann et l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;un probl&egrave;me</i>, 2013, Th&egrave;se de doctorat, Universit&eacute; de Montr&eacute;al</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">VOELKE, Andr&eacute;-Jean, <i>L&rsquo;id&eacute;e de volont&eacute; dans le sto&iuml;cisme</i>, 1973, Paris, PUF</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">ZIZEK, Slavoj, <i>Kant avec (ou contre) Sade&nbsp;?</i>, 2004, Toulouse, Revue Savoirs et clinique n&deg;4, p.89-101</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[1]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Edward Bernays (1891-1995), p&egrave;re de la propagande politique, neveu de Freud (la s&oelig;ur de son p&egrave;re, Martha, est l&rsquo;&eacute;pouse de Freud et sa m&egrave;re, Anna, est la s&oelig;ur de Freud). Il est l&rsquo;auteur de&nbsp;: <i>Propaganda : Comment manipuler l&#39;opinion en d&eacute;mocratie</i> publi&eacute; en 1928 qui inspirera les relations publiques, la publicit&eacute; et le marketing aux Etats-Unis et les strat&eacute;gies de propagandes politiques. Ses strat&eacute;gies de propagande et manipulation firent l&rsquo;objet d&rsquo;une vive critique dans un ouvrage assez largement oubli&eacute;&nbsp;: <i>La Persuasion clandestine</i>, &eacute;crit par Vance Packard en 1957, auquel on reprochera sa non-scientificit&eacute; et plus encore de lever le voile sur le contournement de la conscience par des techniques de manipulations mentales et psychologiques &eacute;minemment discutables dont les images subliminales. Walter Lippmann (1889-1974)) publie <i>Public Opinion </i>en 1922 o&ugrave; il utilise cette expression&nbsp;: <i>la fabrique du consentement</i> pour d&eacute;crire les m&eacute;thodes de propagande dans les d&eacute;mocraties. Economiste, il publie ensuite en 1937 <i>The Good Society</i>, d&eacute;fendant un lib&eacute;ralisme temp&eacute;r&eacute; par une opposition au laissez-faire int&eacute;gral, la n&eacute;cessit&eacute; de la loi et l&rsquo;organisation du gouvernement lib&eacute;ral. Il convient de rappeler au lecteur que ces auteurs particip&egrave;rent &agrave; l&rsquo;&eacute;dification des techniques de propagande et manipulation des masses au c&oelig;ur des soci&eacute;t&eacute;s d&eacute;mocratiques r&eacute;put&eacute;es pour leur libert&eacute; et respect du libre arbitre et du consentement, particuli&egrave;rement en Angleterre et aux Etats-Unis. Le paradoxe est donc &agrave; &eacute;clairer.</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[2]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> L&rsquo;acte de plein gr&eacute; est celui&nbsp;: &laquo; <i>dont le principe est &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur du sujet, et d&rsquo;un sujet qui conna&icirc;t les conditions de fait dans lesquelles se d&eacute;roule son action </i>&raquo; (Aristote, 1970, l. III, chap. 2, &sect; 1111a23-24). L&rsquo;acte malgr&eacute; soi est celui qui&nbsp;: &laquo; <i>de l&rsquo;aveu unanime, deux esp&egrave;ces d&rsquo;actes que l&rsquo;on fait malgr&eacute; soi : ceux que l&rsquo;on fait par contrainte et ceux que l&rsquo;on fait par ignorance.</i> &raquo; (Aristote, 1970, l. III, chap. 1, &sect; 1109a35-1110a)</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn3"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[3]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Epict&egrave;te &eacute;crit&nbsp;: &laquo;&nbsp;&laquo; <i>Mais personne ne peut-il comprendre par raison et par d&eacute;monstration que Dieu a cr&eacute;&eacute; tout ce qui est au monde, qu&rsquo;il a fait le monde lui-m&ecirc;me libre et ind&eacute;pendant dans son ensemble et ses parties adapt&eacute;es aux besoins de l&rsquo;ensemble ?</i> &raquo; (&Eacute;pict&egrave;te, 1962, l. IV, chap. 7, &sect; 6)</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn4"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[4]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> &Eacute;pict&egrave;te &eacute;crit&nbsp;: &laquo; <i>C&rsquo;est avec la pens&eacute;e de cet ordre qu&rsquo;il faut aborder les le&ccedil;ons, dans l&rsquo;intention non pas de changer le fond des choses (cela ne nous est pas donn&eacute; et il n&rsquo;y a pas mieux &agrave; faire), mais, les choses &eacute;tant autour de nous comme elles sont par nature, de conformer nous-m&ecirc;mes notre volont&eacute; aux &eacute;v&eacute;nements.</i> &raquo; (1962, l. I, chap. 12, &sect; 17). </span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn5"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[5]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Michel Foucault, <i>L&rsquo;origine de l&rsquo;herm&eacute;neutique de soi</i>, 2013, Paris, Librairie Vrin, qui reprend les conf&eacute;rences de 1980 &eacute;tudiant les techniques de soi&nbsp;: examen de conscience et aveu en particulier. Dans l&rsquo;introduction &agrave; sa conf&eacute;rence Christianisme et aveu du 24 novembre 1980, il indique&nbsp;: &laquo; <i>comment s&rsquo;est form&eacute; dans nos soci&eacute;t&eacute;s ce que je voudrais appeler l&rsquo;analyse interpr&eacute;tative de soi [&hellip;] Et je vais essayer de montrer que l&rsquo;herm&eacute;neutique de soi moderne prend racine bien plus dans ces techniques chr&eacute;tiennes que dans les techniques classiques.</i>&nbsp;&raquo; (2013, 65) </span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn6"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[6]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Quatre exemples de cette confusion. Dans la <i>Lettre &agrave; Regius</i> du 24 mai 1640&nbsp;&laquo;&nbsp;<i>La libert&eacute; est li&eacute;e &agrave; l&rsquo;amplitude de notre volont&eacute;</i>&nbsp;&raquo; AT III 65, t.II, p. 245. Dans la <i>Lettre &agrave; Mesland</i> du 2 mai 1644&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>Je nomme g&eacute;n&eacute;ralement libre, tout ce qui est volontaire.</i>&nbsp;&raquo; AT IV 116, t.III, p. 73 ou dans <i>R&eacute;ponses aux Secondes Objections</i>&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>La volont&eacute; se porte volontairement et librement (car cela est dans son essence.&nbsp;</i>&raquo; AT IX-1&nbsp;128, t.II p. 593 et pour terminer dans R&eacute;ponses au troisi&egrave;mes Objections : &laquo;&nbsp;<i>personne qui, se regardant seulement soi-m&ecirc;me, ne ressente et n&rsquo;exp&eacute;rimente que la volont&eacute; et la libert&eacute; ne font qu&rsquo;une m&ecirc;me chose, ou plut&ocirc;t qu&rsquo;il n&rsquo;y a pas de diff&eacute;rence entre ce qui est volontaire et ce qui est libre.</i>&nbsp;&raquo; AT IX-1&nbsp;148, t.II p. 624.&nbsp;&nbsp; </span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn7"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref7" name="_ftn7" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[7]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Descartes &eacute;crit dans les Principes&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;<i>nous pourrions ais&eacute;ment nous embarrasser en des difficult&eacute;s tr&egrave;s grandes si nous entreprenions d&rsquo;accorder la libert&eacute; de notre volont&eacute; avec ses ordonnances, et si nous t&acirc;chions de comprendre, c&rsquo;est-&agrave;-dire d&rsquo;embrasser et comme limiter avec notre entendement toute l&rsquo;&eacute;tendue de note libre arbitre et l&rsquo;ordre de la providence &eacute;ternelle.&nbsp;</i>&raquo; <i>Principes </i>I, 40&nbsp;; AT IX-2 42, t.III p.114-115, attestant bien de ce consentement, cette acceptation inh&eacute;rente &agrave; l&rsquo;intuition cart&eacute;sienne.</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn8"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref8" name="_ftn8" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[8]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Innocent III, Extra, 4, 19, 7 (a 1199) ; et 8 (a 1201).</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn9"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref9" name="_ftn9" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[9]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Pierre Lombard d&eacute;clare nul le mariage quand une partie ignore l&rsquo;impuissance de l&rsquo;autre partie (Sent. IV d. 34 A). </span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn10"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref10" name="_ftn10" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[10]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Foucault affirme que &laquo;&nbsp;<i>chaque chr&eacute;tien a le devoir de savoir qui il est, ce qui se passe en lui&nbsp;; il doit conna&icirc;tre les fautes qu&rsquo;il peut avoir commises&nbsp;; il doit conna&icirc;tre les tentations auxquelles il est expos&eacute;. Et, en outre, chacun dans christianisme est oblig&eacute; de dire ces choses &agrave; d&rsquo;autres personnes et donc de porter t&eacute;moignage contre lui-m&ecirc;me.</i>&nbsp;&raquo; (2013, 67). M&ecirc;me s&rsquo;il retient cette dimension de la faute et de l&rsquo;aveu, th&egrave;me de sa conf&eacute;rence, son analyse vaut positivement cette fois dans les consentements aux sacrements chr&eacute;tiens qui sont les r&eacute;sultats d&rsquo;une libre volont&eacute; personnelle que l&rsquo;Eglise promeut et d&eacute;fend jusque dans l&rsquo;ordination des pr&ecirc;tres ou les prudentes p&eacute;riodes qui pr&eacute;c&egrave;dent les v&oelig;ux perp&eacute;tuels des moines. Le consentement est un acte de toute la personne dans sa singularit&eacute; dont l&rsquo;institution vise &agrave; garantir la libert&eacute;, soit cet acte intentionnel mais public comme le sont les sacrements chr&eacute;tiens.<i> </i></span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn11"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref11" name="_ftn11" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[11]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Lire notre article&nbsp;: <i>La perversion du principe d&rsquo;apathie</i>, dans le n&deg; 35 des Cahiers de psychologie politique - 2019</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn12"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref12" name="_ftn12" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[12]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Ruwen Ogien (1947-2017), philosophe sp&eacute;cialiste de l&rsquo;&eacute;thique. Il est l&rsquo;auteur d&rsquo;une &oelig;uvre consacr&eacute;e &agrave; la question de l&rsquo;&eacute;thique qu&rsquo;il r&eacute;duit &agrave; quelques principes minimalistes eux-m&ecirc;mes interrogeables puisqu&rsquo;ils d&eacute;limitent une fronti&egrave;re &agrave; la violence plus perm&eacute;able&nbsp;: <i>L&#39;&Eacute;thique aujourd&#39;hui : maximalistes et minimalistes</i>, 2007, Paris, Editions Gallimard </span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn13"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref13" name="_ftn13" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[13]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> L&rsquo;individualisme est magistralement exprim&eacute; par l&rsquo;anarchiste Max Stirner qui commence <i>L&rsquo;unique et sa propri&eacute;t&eacute;</i> par cette maxime : &laquo; <i>J&#39;ai bas&eacute; ma cause sur rien</i> &raquo;. Il &eacute;crit : &laquo;&laquo; <i>Personne n&#39;est pour Moi un objet de respect ; mon prochain, comme tous les autres &ecirc;tres, est un objet pour lequel j&#39;ai ou je n&#39;ai pas de sympathie, un objet qui m&#39;int&eacute;resse ou ne m&#39;int&eacute;resse pas, dont je puis ou dont je ne puis pas me servir. S&#39;il peut m&#39;&ecirc;tre utile, je consens &agrave; m&#39;entendre avec lui, &agrave; m&#39;associer avec lui pour que cet accord augmente ma force, pour que nos puissances r&eacute;unies produisent plus que l&#39;une d&#39;elles ne pourrait faire isol&eacute;ment. Mais je ne vois dans cette r&eacute;union rien d&#39;autre qu&#39;une augmentation de ma force, et je ne la conserve que tant qu&#39;elle est ma force multipli&eacute;e.</i> &raquo; (1900, 382)&nbsp; </span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn14"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref14" name="_ftn14" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[14]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Seyla Benhabib, professeur de sciences politiques &agrave; l&rsquo;universit&eacute; de Yale et auteur de <i>The Rights of Others</i>, 2004, Cambridge University Press, inspir&eacute; par Jurgen Habermas, formule une th&eacute;orie de la d&eacute;mocratie d&rsquo;inspiration kantienne en vue de l&rsquo;instauration d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; cosmopolite et mondiale marqu&eacute; par une conception &eacute;gocentr&eacute;e des droits contre toutes l&eacute;gislations institutionnelles contraignantes.</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn15"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref15" name="_ftn15" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[15]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Au chapitre XV de <i>Public Opinion</i>, il est tr&egrave;s clair sur le r&egrave;gne de la relativit&eacute; propag&eacute;e dans l&rsquo;opinion selon les besoins politiques&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>Une r&eacute;volution est en train de s&#39;op&eacute;rer, infiniment plus importante que tout d&eacute;placement du pouvoir &eacute;conomique ... Sous l&#39;effet de la propagande, pas n&eacute;cessairement au sens sinistre du mot seul, les anciennes constantes de notre pens&eacute;e sont devenues des variables. Il n&#39;est plus possible, par exemple, de croire au dogme originel de la d&eacute;mocratie ; que les connaissances n&eacute;cessaires &agrave; la gestion des affaires humaines proviennent spontan&eacute;ment du c&oelig;ur humain. Lorsque nous agissons sur cette th&eacute;orie, nous nous exposons &agrave; l&#39;auto-tromperie et &agrave; des formes de persuasion que nous ne pouvons pas v&eacute;rifier. Il a &eacute;t&eacute; d&eacute;montr&eacute; que nous ne pouvons pas compter sur l&#39;intuition, la conscience ou les accidents d&#39;opinion occasionnelle si nous voulons traiter avec le monde hors de notre port&eacute;e.</i>&nbsp;&raquo; (1922)</span></span> </span></span></p> </div> <div id="ftn16"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref16" name="_ftn16" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[16]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Nous faisons r&eacute;f&eacute;rence &agrave; la r&eacute;flexion entam&eacute;e depuis la publication de l&rsquo;autobiographie <i>Le consentement</i> de Vanessa Spingora publi&eacute;e en 2020 chez Grasset dont la pr&eacute;sentation pr&eacute;cise bien l&rsquo;enjeu&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>Elle y d&eacute;peint un processus de manipulation psychique implacable et l&rsquo;ambigu&iuml;t&eacute; effrayante dans laquelle est plac&eacute;e la victime consentante, amoureuse. Mais au-del&agrave; de son histoire individuelle, elle questionne aussi les d&eacute;rives d&rsquo;une &eacute;poque, et la complaisance d&rsquo;un milieu aveugl&eacute; par le talent et la c&eacute;l&eacute;brit&eacute;.&nbsp;</i>&raquo;</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn17"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref17" name="_ftn17" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[17]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Il suffit de relire avec attention Jean-Pierre Changeux&nbsp;dans <i>L&rsquo;homme neuronal</i>&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;<i>L&rsquo;identit&eacute; entre les &eacute;tats mentaux et les &eacute;tats physiologiques du cerveau s&rsquo;impose en toute l&eacute;gitimit&eacute;. Il n&rsquo;y a plus que deux aspects d&rsquo;un seul et m&ecirc;me &eacute;v&eacute;nement que l&rsquo;on pourra d&eacute;crire avec des termes emprunt&eacute;s, soit au langage de la psychologie, soit &agrave; celui de la neurobiologie. A quoi bon d&eacute;sormais parler d&rsquo;esprit&nbsp;?&nbsp;</i>&raquo; (1983, 334). De m&ecirc;me, nombre de th&eacute;oriciens de l&rsquo;esprit s&rsquo;int&eacute;ressant au cerveau &ndash; dont par exemple le philosophe am&eacute;ricain Daniel Dennett &ndash; nie l&rsquo;existence de la conscience dans une approche d&icirc;tes &eacute;liminativiste. Il est l&rsquo;auteur de <i>La Conscience expliqu&eacute;e</i>, 1993, Paris, Editions Odile Jacob ou&nbsp;: &nbsp;<i>De beaux r&ecirc;ves. Obstacles philosophiques &agrave; une science de la </i>conscience, 2008, Paris Edition de l&#39;Eclat. Lire l&rsquo;excellente pr&eacute;sentation de St&eacute;phane Leyens&nbsp;: <i>La conscience imagin&eacute;e. Sur l&#39;&eacute;liminativisme de Daniel Dennett</i> in Revue Philosophique de Louvain. Quatri&egrave;me s&eacute;rie, tome 98, n&deg;4, 2000. p.761-782</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn18"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref18" name="_ftn18" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[18]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Henri Laborit (1914-1995), quoique largement attach&eacute; &agrave; un d&eacute;terminisme mat&eacute;riel, il montre que l&rsquo;homme conquiert des libert&eacute;s en se dotant de connaissances qui le lib&egrave;re de contraintes ant&eacute;rieures. </span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn19"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref19" name="_ftn19" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[19]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Henri Laborit, <i>Eloge de la fuite</i>, 1976, Paris, Editions Robert Laffont, p.71</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn20"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref20" name="_ftn20" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[20]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Il existe quelques neuroscientifiques mat&eacute;rialistes h&eacute;t&eacute;rodoxes dont Michael Gazzaniga, sp&eacute;cialiste des neurosciences cognitives, professeur &agrave; l&rsquo;universit&eacute; Santa Barbara en Californie qui propose un mod&egrave;le de causalit&eacute; de haut en bas du fait des interactions sociales inductrices d&rsquo;&eacute;tats &eacute;mergents. L&rsquo;homme pourrait socialement conqu&eacute;rir des degr&eacute;s de libert&eacute;s et de responsabilit&eacute; par-del&agrave; les d&eacute;terminismes physico-chimiques du fait de ces processus compl&eacute;mentaires&nbsp;: du mat&eacute;riel au social, du social au mat&eacute;riel.</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn21"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref21" name="_ftn21" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[21]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Il s&rsquo;agit essentiellement des exp&eacute;riences de Benjamin Libet (1916-2007) portant sur l&rsquo;impulsion motrice et le d&eacute;lai de prise de conscience qui lui succ&egrave;de apparemment. D&rsquo;autres travaux dont ceux de Fried de 1991&nbsp;: <i>Organisation fonctionnelle du cortex moteur suppl&eacute;mentaire humain &eacute;tudi&eacute;e par stimulation &eacute;lectrique</i> publi&eacute; dans <i>The Journal of </i>Neuroscience, 1991, n&deg; 11, p.3656-3666, ne soutiennent pas la th&egrave;se de Libet.</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn22"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref22" name="_ftn22" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[22]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Le dernier chapitre <i>Math&eacute;matiques et sciences cognitives</i> du livre remarquable de Jean-Michel Salanskis <i>Philosophie des math&eacute;matiques</i> exprime avec brio les difficult&eacute;s &eacute;pist&eacute;mologiques des th&egrave;ses naturalistes commun&eacute;ment r&eacute;pandues dans les neurosciences&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>La v&eacute;ritable naturalisation, demand&eacute;e par le courant des recherches cognitives depuis le d&eacute;but, n&rsquo;est-t-elle pas forc&eacute;ment une naturalisation physique qui mettrait r&eacute;ellement la performance spirituelle humaine sur le m&ecirc;me rang que la mati&egrave;re quelconque en proie aux forces qui la reconduirait &agrave; l&rsquo;espace, au temps et aux champs&nbsp;? Au lieu de la distinguer encore comme mati&egrave;re habit&eacute;e de vie, ce qui la maintient en un sens comme &laquo;&nbsp;imperium in imperio&nbsp;&raquo;.&nbsp;La r&eacute;duction neurophysiologiste a quelque chose de suspect.&nbsp;</i>&raquo; (2008, 266) </span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn23"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref23" name="_ftn23" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[23]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Lire <i>La perversion du principe d&rsquo;apathie</i> dans les Cahiers de psychologie politique, n&deg; 35 - 2019</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn24"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref24" name="_ftn24" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[24]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Paul Ricoeur (1913-2005), philosophe sp&eacute;cialiste de l&rsquo;herm&eacute;neutique d&eacute;veloppe ces notions d&rsquo;<i>ips&eacute;it&eacute; </i>et de <i>m&eacute;met&eacute;</i> qui constituent les cl&eacute;s d&rsquo;une herm&eacute;neutique de soi o&ugrave; le consentement porte sur le projet de soi, l&rsquo;ips&eacute;it&eacute;.</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn25"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref25" name="_ftn25" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[25]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> La d&eacute;finition de Tom Beauchamp et James Childress, dans <i>Les principes de l&rsquo;&eacute;thique biom&eacute;dicale </i>est &eacute;clairante&nbsp;: &laquo; <i>Respecter un individu autonome, c&rsquo;est, au minimum, reconna&icirc;tre le droit de cette personne &agrave; avoir des opinions, &agrave; faire des choix et &agrave; agir en fonction de ses valeurs et de ses croyances. Un tel respect implique une action respectueuse, et pas uniquement une attitude respectueuse. Un tel respect implique davantage que la non-intervention dans les affaires personnelles d&rsquo;autrui. Il inclut, du moins dans certains contextes, des obligations de d&eacute;velopper ou de maintenir les aptitudes au choix autonome des autres, tout en dissipant leurs craintes et autres conditions qui d&eacute;truisent ou perturbent leur actions autonomes </i>&raquo;. 2008, Paris, &eacute;ditions Les Belles Lettres, p.101</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn26"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref26" name="_ftn26" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[26]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Nous montrons dans <i>La dystopie de la pens&eacute;e calculante </i>-<i> </i>Cahiers de psychologie politique n&deg; 36 - 2020 que les m&eacute;decins et psychologues pr&eacute;occup&eacute;s de mesure ont tous &eacute;t&eacute; li&eacute;s &agrave; des projets totalitaires et eug&eacute;nistes. De m&ecirc;me, dans <i>La modernit&eacute; fabrique &agrave; g&eacute;nocide</i> &ndash; Cahiers de psychologie politique n&deg; 36 - 2020, nous montrons comment les facult&eacute;s de m&eacute;decines ont &eacute;t&eacute; complices des r&eacute;gimes sovi&eacute;tiques et nazis pour mettre en &oelig;uvre des politiques de sant&eacute; collective fond&eacute;es sur la psychiatrie ou la g&eacute;n&eacute;tique.</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn27"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref27" name="_ftn27" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[27]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> J.M. Salanskis expose clairement le caract&egrave;re autoritaire et prescriptif inh&eacute;rent &agrave; la position naturaliste des neurosciences qui inspirent aujourd&rsquo;hui les propagandes politiques publiques dans les d&eacute;mocraties occidentales o&ugrave; elles exercent une influence manifeste&nbsp;: &laquo; <i>Toute cette histoire t&eacute;moigne seulement de ce que, en d&eacute;cidant de voir a priori la pens&eacute;e comme un calculateur Turingien,&nbsp; les sp&eacute;cialistes de sciences cognitives ont compl&egrave;tement oubli&eacute; d&rsquo;o&ugrave; leur venait ce mod&egrave;le, et en particulier, qu&rsquo;il n&#39;avait pas une valeur descriptive mais une valeur prescriptive dans le champ dont il provient qui est celui de l&#39;activit&eacute; ou la pens&eacute;e math&eacute;matique. [&hellip;] Apr&egrave;s avoir projet&eacute; le droit de la pens&eacute;e math&eacute;matique sur le fait de la pens&eacute;e en g&eacute;n&eacute;ral, ils jugent donc qu&#39;ils ont d&eacute;montr&eacute; par la m&ecirc;me que l&rsquo;&eacute;cart conceptuel que voyait Frege et Husserl entre la loi et le fait de la pens&eacute;e se trouve aboli&nbsp;: il me semble qu&#39;on a toutes les raisons de ne pas &ecirc;tre convaincu.&nbsp;</i>&raquo; (2008, 278-279) &nbsp;</span></span></span></span></p> </div> </div>