<p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><strong>VARIA</strong></p> <h2 style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Introduction</span></span></b></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Festinger publiait en 1957 son c&eacute;l&egrave;bre ouvrage <i>A Theory of Cognitive Dissonance</i> qui allait influencer la psychologie contemporaine pendant plusieurs d&eacute;cennies. Il est &agrave; l&rsquo;origine de la th&eacute;orie de la comparaison sociale puis de la dissonance cognitive. Cette seconde th&eacute;orie mod&eacute;lise les conflits ou contradictions cognitifs entre des id&eacute;es, des croyances, entra&icirc;nant des situations de d&eacute;saccords avec des actions personnelles ou des &eacute;v&eacute;nements et faits ext&eacute;rieurs contradictoires ou incompatibles. Cette dissonance produit une souffrance mentale dont les psychologues chercheront &agrave; mieux qualifier la nature&nbsp;: frustration, culpabilit&eacute;, d&eacute;sordre &eacute;motionnel, anxi&eacute;t&eacute;, etc. Elle cr&eacute;e cet inconfort psychologique et Festinger &eacute;tudie toutes les modalit&eacute;s de sa r&eacute;solution afin de retrouver une consistance nouvelle dont certaines ont fait l&rsquo;objet de tr&egrave;s nombreux travaux&nbsp;: la trivialisation, la rationalisation, la soumission par exemple. Il s&rsquo;agira tr&egrave;s concr&egrave;tement de justifier un acte, de changer de comportement, de d&eacute;nier des croyances ou au contraire de les affirmer plus encore.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Mais, peu de travaux ont cherch&eacute; &agrave; faire le lien entre cette th&eacute;orie psychologique et le v&eacute;cu des scientifiques. Pourtant, ces derniers vivent des dissonances cognitives. Par exemples, les physiciens ont pour objet de travail des r&eacute;ductions de dissonances cognitives puisqu&rsquo;il s&rsquo;agit en fait de r&eacute;duire des &eacute;carts entre des mod&egrave;les ou des th&eacute;ories et des mesures effectives des ph&eacute;nom&egrave;nes. Il existe fr&eacute;quemment des diff&eacute;rences entre la pr&eacute;vision r&eacute;sultant de l&rsquo;application de la &laquo;&nbsp;loi&nbsp;&raquo; scientifique et des mesures r&eacute;sultant des observations. Or, pour r&eacute;soudre ces &eacute;carts, le physicien doit se r&eacute;soudre &agrave; contester la loi en cherchant de nouvelle th&eacute;orie. C&rsquo;est la r&eacute;solution l&eacute;gislative de l&rsquo;&eacute;cart. Ou bien, il doit faire la preuve d&rsquo;une r&eacute;alit&eacute; compl&eacute;mentaire qui vient confirmer la loi par une pr&eacute;sence in&eacute;dite-inconnue expliquant la mesure qui demeure incontestable. C&rsquo;est la r&eacute;solution ontologique de l&rsquo;&eacute;cart. Il peut aussi douter de son observation et des mesures, soit sa perception construite par ses m&eacute;thodes.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Un exemple suffira &agrave; bien saisir l&rsquo;enjeu &eacute;pist&eacute;mologique de ces dissonances auxquelles les scientifiques sont confront&eacute;s dans la pratique de leur discipline. La d&eacute;couverte de Neptune est li&eacute;e &agrave; l&rsquo;opposition entre l&rsquo;autorit&eacute; de la loi de la gravitation et des irr&eacute;gularit&eacute;s inexplicables de l&rsquo;orbite d&rsquo;Uranus. Cet &eacute;cart va susciter chez les scientifiques une tension cognitive entre l&rsquo;&eacute;ventuelle remise en cause de la loi et la recherche de la raison de ces irr&eacute;gularit&eacute;s. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Cet article fait l&rsquo;hypoth&egrave;se que Festinger nous a donn&eacute; une m&eacute;thode pour mieux comprendre ces strat&eacute;gies de r&eacute;duction des &eacute;carts-dissonances, applicable aussi aux scientifiques. Mais l&agrave; o&ugrave; le physicien &laquo;&nbsp;dualise&nbsp;&raquo; le monde entre les objets et le sujet qui les repr&eacute;sente objectivement dans sa th&eacute;orie, Festinger nous donne quelques cl&eacute;s pour saisir le sens de la permanence de ces &eacute;carts. &nbsp;Le savant peut bien faire l&rsquo;objet d&rsquo;une &eacute;tude psychologique de ces sch&eacute;mas cognitifs et de ces m&eacute;thodes de r&eacute;solution de ses dissonances. Le refuser occulterait un pan entier de la recherche. En ce sens, nous faisons notre l&rsquo;enseignement d&rsquo;Elias&nbsp;: &laquo; <i>Toute recherche qui ne vise pas la conscience des hommes, leur &lsquo;ratio&rsquo; ou leurs &lsquo;id&eacute;es&rsquo;, sans tenir compte aussi des structures pulsionnelles, de l&rsquo;orientation et de la morphologie des &eacute;motions et des passions, s&rsquo;enferme d&rsquo;embl&eacute;e dans un champ d&rsquo;une f&eacute;condit&eacute; m&eacute;diocre.</i>&nbsp;&raquo; <a href="#_ftn1" name="_ftnref1" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[1]</span></span></span></span></span></a></span></span></span></span></span></p> <h2 style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">1. L&rsquo;&eacute;cart-dissonance en physique</span></span></b></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Nous pourrions prendre de nombreux cas plus r&eacute;cents mais leur compr&eacute;hension requerrait une connaissance difficile d&rsquo;acc&egrave;s en mati&egrave;re de physique quantique par exemple. De toute fa&ccedil;on, s&rsquo;y r&eacute;p&egrave;te inlassablement cette qu&ecirc;te d&rsquo;une r&eacute;sorption des &eacute;carts entre des th&eacute;ories et des mesures. L&rsquo;exemple de l&rsquo;orbite d&rsquo;Uranus conduit &agrave; l&rsquo;hypoth&egrave;se de la pr&eacute;sence de Neptune et elle a l&rsquo;avantage d&rsquo;&ecirc;tre compr&eacute;hensible par les moins physiciens d&rsquo;entre nous.&nbsp; </span></span></span></span></span></p> <h3 style="color:#aaaaaa;font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">1.1 L&rsquo;histoire astronomique de la d&eacute;couverte de Neptune</span></span></b></span></span></span></h3> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Commen&ccedil;ons par rappeler l&rsquo;histoire de la d&eacute;couverte de Neptune. Elle r&eacute;sulte de la r&eacute;solution d&rsquo;un &eacute;cart entre la pr&eacute;vision de l&rsquo;orbite d&rsquo;Uranus et sa mesure observable, l&rsquo;existence de Neptune intervenant comme moyen de respecter la th&eacute;orie de la gravitation. En faisant l&rsquo;hypoth&egrave;se de l&rsquo;existence de cet astre, sa pr&eacute;sence vient r&eacute;duire l&rsquo;&eacute;cart entre la mesure et l&rsquo;orbite th&eacute;orique. Le Verrier r&eacute;alise ses calculs pr&eacute;disant la position de cette plan&egrave;te qui explique cette diff&eacute;rence des trajectoires &laquo;&nbsp;l&eacute;gislatives&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;ontologiques&nbsp;&raquo;, soit celles de la th&eacute;orie de la gravitation et celles concr&egrave;tement observ&eacute;es. Deux astronomes de l&rsquo;observatoire de Berlin vont observer les 23 et 24 septembre 1846 cette plan&egrave;te conform&eacute;ment &agrave; la pr&eacute;diction math&eacute;matique. Rappelons que les historiens des sciences ont acquis la certitude des valeurs d&rsquo;observations ant&eacute;rieures sans conclusions pr&eacute;cises. Galil&eacute;e en d&eacute;cembre1612 et janvier 1613, Lalande en mai 1795 &agrave; l&rsquo;observatoire de Paris et Herschel en juillet 1820 ont vu Neptune sans m&ecirc;me l&rsquo;identifier comme une plan&egrave;te. D&egrave;s 1781, Lexell note les irr&eacute;gularit&eacute;s de l&rsquo;orbite d&rsquo;Uranus en faisant l&rsquo;hypoth&egrave;se d&rsquo;un astre qui perturberait la plan&egrave;te. De m&ecirc;me, Bouvard appliquant scrupuleusement les lois de la gravitation produit les tables de pr&eacute;dictions des positions futures d&rsquo;Uranus contredites par des observations qui l&rsquo;am&egrave;nent, lui aussi, &agrave; proposer une r&eacute;solution ontologique de l&rsquo;&eacute;cart. La loi est vraie et un autre astre perturbateur existe pour expliquer ces &eacute;carts. Les physiciens ne doutent plus de la v&eacute;racit&eacute; des mesures. Adams d&eacute;duit par calcul la masse, la position et l&rsquo;orbite de cette hypoth&eacute;tique plan&egrave;te dans les ann&eacute;es 1844 et 1845. La m&ecirc;me ann&eacute;e, Le Verrier publie un m&eacute;moire sur Uranus &agrave; l&rsquo;Acad&eacute;mie des sciences de Paris. L&rsquo;hypoth&egrave;se est privil&eacute;gi&eacute;e. Il faut confirmer par des observations. Cette d&eacute;couverte tiendra aussi de la qualit&eacute; des cartes astronomiques dont les plus r&eacute;centes permettront &agrave; l&rsquo;observatoire de Berlin de devancer Paris et Londres. Cette d&eacute;couverte est embl&eacute;matique de toutes les d&eacute;marches scientifiques contemporaines dont les recherches astronomiques et atomiques. Sans cesse, l&rsquo;homme de science cherche de nouvelles th&eacute;ories pour expliquer des mesures ou il effectue des mesures pour confirmer des th&eacute;ories&nbsp;; arbitrant entre une pr&eacute;f&eacute;rence pour le l&eacute;gislatif&nbsp;: autorit&eacute; de la loi ou une autre pr&eacute;f&eacute;rence pour l&rsquo;ontologique&nbsp;: r&eacute;alit&eacute; de l&rsquo;exp&eacute;rience.&nbsp;&nbsp; </span></span></span></span></span></p> <h3 style="color:#aaaaaa;font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">1.2. La r&eacute;solution de la dissonance cognitive astronomique </span></span></b></span></span></span></h3> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Prenons appui sur les propositions de Festinger pour expliquer la tension cognitive et les strat&eacute;gies de sa r&eacute;solution. Quelles sont les options en pr&eacute;sence&nbsp;? La premi&egrave;re consiste &agrave; rester inflexible sur la valeur de la th&eacute;orie de la gravitation. Elle insinue alors deux sous-options. L&rsquo;une s&rsquo;interroge sur la qualit&eacute; de la mesure qui pourrait &ecirc;tre erron&eacute;e. Les faits seraient contestables. La seconde s&rsquo;interroge sur la cause de l&rsquo;&eacute;cart d&rsquo;o&ugrave; l&rsquo;hypoth&egrave;se d&rsquo;une plan&egrave;te. La seconde option consiste &agrave; remettre en cause la th&eacute;orie de la gravitation. Elle insinue l&rsquo;infinit&eacute; de nouvelles th&eacute;ories &agrave; concevoir.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La r&eacute;solution de la dissonance s&rsquo;explique d&rsquo;abord par la recherche de l&rsquo;&eacute;quilibre expos&eacute;e ant&eacute;rieurement par Heider <a href="#_ftn2" name="_ftnref2" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[2]</span></span></span></span></span></a> en 1946. Celui-ci met en avant la recherche de la consistance, principe qui souligne la n&eacute;cessit&eacute; psychologique d&rsquo;un &eacute;quilibre entre tous les composants de son existence&nbsp;: actions, croyances, opinions, perceptions, etc. Festinger retiendra de Heider le constat de ces &eacute;carts et des tensions psychologiques qu&rsquo;ils suscitent en admettant que la personne a pour objectif de les r&eacute;duire. La diff&eacute;rence notable entre les deux auteurs tient &agrave; une rationalit&eacute; &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre chez le premier alors qu&rsquo;elle est r&eacute;trospective chez le second. En effet, Festinger explique que les modalit&eacute;s de r&eacute;solution de la dissonance op&egrave;rent par des ajustements, a posteriori, proc&eacute;dant par des justifications qui construisent une rationalit&eacute; apr&egrave;s coup. Rappelons que, pour Festinger, la cognition d&eacute;finit connaissance, opinion ou croyance sur l&rsquo;environnement, sur soi-m&ecirc;me ou sur son propre comportement, ces &eacute;l&eacute;ments entretenant des relations de neutralit&eacute;, consonance ou dissonance. Il soutient que la r&eacute;duction sera proportionnelle &agrave; la force de la dissonance en vertu d&rsquo;une mesure <a href="#_ftn3" name="_ftnref3" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[3]</span></span></span></span></span></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;explication de Heider est int&eacute;ressante dans le cas des scientifiques. Sa th&eacute;orie s&rsquo;applique tr&egrave;s bien parce que ces populations partagent une m&ecirc;me certitude scientifique au sens o&ugrave; la d&eacute;marche scientifique est guid&eacute;e par le principe d&rsquo;&eacute;quilibre. D&egrave;s lors qu&#39;une th&eacute;orie donne globalement satisfaction, la communaut&eacute; scientifique adopte cette convention l&eacute;gislative. Elle pr&eacute;f&egrave;rera s&#39;interroger sur l&#39;insuffisance de la mesure et des comportements qui lui sont associ&eacute;s ou bien elle formulera des hypoth&egrave;ses ontologiques, intimant au r&eacute;el de se conformer &agrave; ce que pr&eacute;dit la th&eacute;orie. La loi s&rsquo;impose. Il existe alors des r&eacute;alit&eacute;s n&eacute;cessaires, mais inobserv&eacute;es&nbsp;: ici une plan&egrave;te, en m&eacute;decine, nous le verrons ensuite&nbsp;: les bact&eacute;ries. Il s&rsquo;agit &agrave; chaque fois de r&eacute;tablir l&rsquo;&eacute;quilibre entre l&rsquo;objet-loi et les individus en pr&eacute;sence. Relativement &agrave; la triade de Heider, cela correspond &agrave; un r&eacute;tablissement de l&rsquo;&eacute;quilibre o&ugrave; la pr&eacute;f&eacute;rence pour la coh&eacute;sion du groupe et des relations interindividuelles priment le traitement de divergences ou conflits. Il s&rsquo;agit, comme le rappelle Codol <a href="#_ftn4" name="_ftnref4" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[4]</span></span></span></span></span></a>, d&rsquo;un &eacute;quilibre relationnel normatif, statistiquement fond&eacute; et aussi d&eacute;sir&eacute;. Si ce dernier reproche &agrave; la th&eacute;orie de l&rsquo;&eacute;quilibre d&rsquo;&ecirc;tre un biais m&eacute;thodologique <a href="#_ftn5" name="_ftnref5" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[5]</span></span></span></span></span></a>, il s&rsquo;agit surtout d&rsquo;un fait consubstantiel de l&rsquo;esprit scientifique pour lequel la recherche de l&rsquo;&eacute;quilibre est une exigence de rationalit&eacute; dans ses travaux dont atteste les fins des recherches&nbsp;: &eacute;quilibre &eacute;conomique, &eacute;quilibre physique, &eacute;quilibre psychologique, &eacute;quilibre social reproduisant ind&eacute;finiment ce principe rationnel d&rsquo;&eacute;quilibre, r&eacute;put&eacute; vrai en toute chose qui prime le d&eacute;sordre, donc le d&eacute;saccord. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Or, d&egrave;s qu&rsquo;&eacute;merge une controverse scientifique, elle brise l&rsquo;&eacute;quilibre cognitif et psychosocial. Cette opposition est &agrave; expulser au sein du groupe. La communaut&eacute; entretient alors cet &eacute;quilibre en rejetant violemment ce qui vient la perturber. Il y a une aspiration, comme le nomme Codol, &agrave; une &laquo;&nbsp;<i>bonne forme</i>&nbsp;&raquo; sociale parce qu&rsquo;il est pr&eacute;f&eacute;rable de s&rsquo;entendre plut&ocirc;t que d&rsquo;avoir &agrave; g&eacute;rer des hostilit&eacute;s ou des contraintes. Chaque sujet pr&eacute;f&egrave;re s&rsquo;aligner sur l&rsquo;opinion de celui pour lequel il &eacute;prouve une estime et un attrait au sein de son groupe. L&rsquo;&eacute;quilibre cognitif a cette dimension d&rsquo;interactions sociales harmonieuses, soit le go&ucirc;t du compromis et du consensus. Les astronomes pr&eacute;f&egrave;rent dans leur quasi-totalit&eacute; la r&eacute;solution ontologique, faisant l&rsquo;&eacute;conomie d&rsquo;une dissonance plus angoissante, celle d&rsquo;une crise th&eacute;orique ouverte qui obligerait de s&rsquo;interroger sur la l&eacute;gitimit&eacute; de la convention. En effet, cette perspective d&rsquo;une r&eacute;solution l&eacute;gislative aurait un co&ucirc;t cognitif &eacute;lev&eacute;, celui d&rsquo;un d&eacute;s&eacute;quilibre imm&eacute;diat dans des relations interindividuelles qui perdraient l&rsquo;accord cognitif harmonieux. &nbsp;S&rsquo;installerait une instabilit&eacute; psychologique perturbante face &agrave; l&rsquo;inconnu d&rsquo;un nouveau champ des possibles. Une telle contestation de la l&eacute;gislation, c&rsquo;est ouvrir l&rsquo;inconnu d&rsquo;un temps sans v&eacute;rit&eacute;s institutionnelles constitu&eacute;es&nbsp;: intol&eacute;rable &agrave; trois &eacute;gard, psychologique, sociale et politique. &nbsp;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Concernant les modalit&eacute;s pr&eacute;sent&eacute;es par Festinger,&nbsp;rappelons bri&egrave;vement ce qu&rsquo;elles sont : la rationalisation cognitive, la rationalisation comportementale, la trivialisation et le support social. Plusieurs paradigmes ont support&eacute; les recherches en reprenant les th&egrave;ses de Festinger&nbsp;: le paradigme de la soumission consentie, celui du choix d&eacute;cisionnel, celui de l&rsquo;infirmation des croyances et enfin celui de l&rsquo;hypocrisie. Comment &eacute;tablir que certains de ces paradigmes et modalit&eacute;s expliquent la tension cognitive et les h&eacute;sitations l&eacute;gislatives ou ontologiques des physiciens du cas &eacute;tudi&eacute;&nbsp;? La premi&egrave;re chose qui surprend tient au fait que cette population ne r&eacute;agit pas de fa&ccedil;on homog&egrave;ne. Tous ne privil&eacute;gient pas l&rsquo;hypoth&egrave;se d&rsquo;une plan&egrave;te pour sauver la th&eacute;orie de la gravitation et certains sont pr&ecirc;ts &agrave; la relativiser ou la falsifier si n&eacute;cessaire. Ils sont rares <a href="#_ftn6" name="_ftnref6" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[6]</span></span></span></span></span></a>. Cet &eacute;chantillon de populations t&eacute;moigne d&rsquo;un premier ph&eacute;nom&egrave;ne&nbsp;: celui de la bifurcation comportementale, voire de la fragmentation jusqu&rsquo;&agrave; constater une dispersion des positions, m&ecirc;me si la majorit&eacute; se rallie &agrave; une r&eacute;solution ontologique, incertaine, mais &eacute;conome d&rsquo;une remise en cause plus angoissante. Les contestataires sont marginalis&eacute;s. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">A ce stade, soulignons que l&rsquo;astronomie est moins impliquante que la m&eacute;decine que nous &eacute;tudierons dans notre deuxi&egrave;me cas. En effet, la r&eacute;solution ontologique en astronomie signifie qu&#39;on admet l&#39;existence d&#39;une plan&egrave;te dont la pr&eacute;sence est confirm&eacute;e par un faisceau constant d&#39;observations. Cette r&eacute;solution-l&agrave; n&#39;a pas de co&ucirc;t cognitif, ni d&#39;impact sur l&#39;adoption d&#39;un comportement qui engage la personne. Il en est diff&eacute;remment concernant la r&eacute;solution l&eacute;gislative. Celle-ci met en cause fondamentalement le cadre des &laquo;&nbsp;croyances scientifiques&nbsp;&raquo;, le prix de leur apprentissage et l&#39;effort d&#39;un renoncement &agrave; ce qui a &eacute;t&eacute; cru, parfois pendant des d&eacute;cennies, au profit de nouveaux agencements intellectuels, difficiles &agrave; admettre et &agrave; accepter. L&rsquo;accoutumance &agrave; un cadre l&eacute;gislatif et aux croyances induites ont constitu&eacute; une partie du soi de chaque scientifique. L&rsquo;identification joue, &eacute;tant ce que l&rsquo;on sait ou enseigne et partage pour beaucoup, &agrave; tel point que l&rsquo;&eacute;pist&eacute;mologue Feyerabend passe pour une exception lorsqu&rsquo;il insiste sur son exp&eacute;rience personnelle d&rsquo;une dissociation de l&rsquo;homme et de ses pens&eacute;es <a href="#_ftn7" name="_ftnref7" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[7]</span></span></span></span></span></a>. Cette affirmation de la totale dissociation est plut&ocirc;t l&rsquo;exception, l&rsquo;identification la r&egrave;gle. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Au-del&agrave; de ce cas de l&#39;astronomie, s&rsquo;observe &agrave; travers l&rsquo;histoire, une r&eacute;sistance des communaut&eacute;s scientifiques. Elles d&eacute;fendent la v&eacute;rit&eacute; de leur th&eacute;orie, sans aucune prudence quant &agrave; leurs limites et &agrave; leur relativit&eacute; selon les points de vue et perspectives scientifiques envisag&eacute;es ou selon les potentielles &eacute;volutions des moyens d&#39;observation modifiant tr&egrave;s substantiellement, au fil de l&rsquo;histoire, le champ du savoir et de ces exp&eacute;riences. Voyons comment intervient ici la notion de falsification imagin&eacute;e par Popper <a href="#_ftn8" name="_ftnref8" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[8]</span></span></span></span></span></a> et sa tr&egrave;s faible acceptation, du fait de la dissonance cognitive qu&rsquo;elle induit elle-m&ecirc;me chez des scientifiques parfois tr&egrave;s empreints d&rsquo;un rationalisme voire d&rsquo;un scientisme&nbsp;: &laquo;&nbsp;foi&nbsp;&raquo; inconsid&eacute;r&eacute;e en la rationalit&eacute; scientifique et ses pouvoirs d&rsquo;expression de v&eacute;rit&eacute;s intangibles et ind&eacute;passables <a href="#_ftn9" name="_ftnref9" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[9]</span></span></span></span></span></a>. Ces derniers sont tr&egrave;s souvent attach&eacute;s &agrave; une sorte d&#39;universalit&eacute;-v&eacute;rit&eacute; de leur th&eacute;orie d&eacute;fendue jusqu&rsquo;au dogmatisme. Or, Popper souligne que la science se d&eacute;marque (principe de d&eacute;marcation) des autres savoirs. Elle est guid&eacute;e par les lois de la nature en proc&eacute;dant par des explications dont les conclusions sont provisoires car elles sont testables et toujours r&eacute;futables, ayant une aire de v&eacute;rit&eacute; parcellaire. Le savoir scientifique est par construction faillible et mis &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve <a href="#_ftn10" name="_ftnref10" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[10]</span></span></span></span></span></a>. A contrario, d&rsquo;autres savoirs s&rsquo;affranchissent de cette &eacute;preuve, s&rsquo;en d&eacute;sint&eacute;ressent au profit de l&rsquo;exp&eacute;rience esth&eacute;tique par exemple ou refusent de s&rsquo;exposer &agrave; leur remise en cause au profit d&rsquo;une croyance ou d&rsquo;une intuition fondatrice, mystique par exemple. Or, sur le plan psychologique, les communaut&eacute;s scientifiques r&eacute;agissent souvent en d&eacute;tentrices d&rsquo;une v&eacute;rit&eacute; incontestable. Plusieurs facteurs sont en jeu&nbsp;: &nbsp;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">a) L&#39;<i>attitude scientifique </i>requiert une adaptation psychique qui n&#39;est pas sans effort pour se d&eacute;marquer des autres attitudes. Si elle est bien constitu&eacute;e d&#39;une attention port&eacute;e &agrave; l&#39;exp&eacute;rience, d&rsquo;un inlassable exercice de l&#39;esprit critique assorti d&#39;une exigence de coh&eacute;rence des futures lois et th&eacute;ories qui succ&egrave;dent &agrave; une hypoth&egrave;se d&ucirc;ment &eacute;prouv&eacute;e par des exp&eacute;riences, cette attitude induit de nombreuses dissonances cognitives entre les autres formes de connaissances ou de croyances et cette attitude qui s&rsquo;en d&eacute;marque. Dans le quotidien m&ecirc;me de la vie du scientifique, cette attitude est contre-intuitive de la vie quotidienne, et pour cause <a href="#_ftn11" name="_ftnref11" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[11]</span></span></span></span></span></a>. Mais elle conduit par elle-m&ecirc;me &agrave; des angoisses, des rigidit&eacute;s, des r&eacute;futations, des d&eacute;nis de validation ou de remise en cause par attachement et<i> habitus</i> communautaire &agrave; une l&eacute;gislation institutionnalis&eacute;e de savoirs cristallis&eacute;s, th&eacute;ories qui remplacent la croyance jusqu&rsquo;&agrave; en d&eacute;tenir les attributs&nbsp;: permanence, universalit&eacute;, etc. C&rsquo;est la force de la th&eacute;orie dominante d&rsquo;une &eacute;poque qui agit &agrave; l&rsquo;instar d&rsquo;une croyance collective enseign&eacute;e alors sans r&eacute;serve ni prudence. &nbsp;&nbsp;&nbsp;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">b) Elle induit donc cette <i>r&eacute;sistance</i> qui fait de la th&eacute;orie dominante une forme d&rsquo;id&eacute;ologie scientifique au-del&agrave; du raisonnable, d&eacute;clenchant une attitude hostile et de d&eacute;ni face &agrave; des &eacute;v&eacute;nements contraires. Par exemple, rendre raison &agrave; l&rsquo;&eacute;motion qu&rsquo;elle commande la plupart des d&eacute;cisions est irrecevable, comme admettre sa puissante influence dans les ph&eacute;nom&egrave;nes de masse, les contagions &eacute;motives et les effusions charismatiques auxquelles nous pouvons tous participer. C&rsquo;est renoncer &agrave; voir la force du <i>pathos</i> et ne pas faire &oelig;uvre de science en r&eacute;futant-repoussant l&rsquo;objet &laquo;&nbsp;irrationnel&nbsp;&raquo; qui ne se confond pas avec l&rsquo;exigence de la m&eacute;thode. Des &eacute;tudes sont d&eacute;l&eacute;gitim&eacute;es car leur objet contredit l&rsquo;apathie de l&rsquo;attitude scientifique. La dissonance cognitive conduit donc &agrave; pr&eacute;f&eacute;rer nier des ph&eacute;nom&egrave;nes et &agrave; les subvertir, au profit d&rsquo;une l&eacute;gislation normative, jouant de ph&eacute;nom&egrave;nes de distanciation, d&rsquo;une pratique de la dissociation, d&rsquo;une m&eacute;thode d&rsquo;objectification jusqu&rsquo;&agrave; la n&eacute;gation dialectique au nom de cette neutralit&eacute; axiologique apathique&nbsp;: l&rsquo;&eacute;motion ou la conscience n&rsquo;existent pas par exemple. &nbsp;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">c) La proposition de Popper est doublement perturbante, sur un plan psychologique et &eacute;pist&eacute;mologique. Sa <i>r&eacute;futation-falsification </i>l&eacute;gislative met en cause toute th&eacute;orie dominante en lui promettant de ne pas toujours l&rsquo;&ecirc;tre. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Sur un plan psychologique, elle induit un co&ucirc;t cognitif exorbitant. Elle est donc d&rsquo;abord combattue, le d&eacute;fenseur d&rsquo;une th&eacute;orie agissant tel le croyant renon&ccedil;ant dans la souffrance et le d&eacute;chirement int&eacute;rieur, du fait d&rsquo;une image de soi alt&eacute;r&eacute;e par un changement fondamental, jusqu&rsquo;&agrave; se faire violence et se reprocher ainsi qu&rsquo;&agrave; ses proches, d&rsquo;avoir &eacute;t&eacute; abus&eacute; durant cette p&eacute;riode d&rsquo;&eacute;garement. Renoncer &agrave; une th&eacute;orie n&rsquo;est donc pas sans cons&eacute;quence psychologique&nbsp;: j&rsquo;y ai cru, je l&rsquo;ai enseign&eacute; et diffus&eacute;. La dissonance est tr&egrave;s inconfortable, voire insoutenable mentalement, d&rsquo;o&ugrave; cette accusation en forme de d&eacute;douanement qui op&egrave;re pour rejeter la culpabilit&eacute; de l&rsquo;adoption de ce qui devient une erreur, &agrave; ceux qui vous l&rsquo;ont enseign&eacute;. Par exemple, le d&eacute;ni des camps et la relativisation des pers&eacute;cutions des r&eacute;gimes marxistes, en particulier l&rsquo;Union Sovi&eacute;tique, illustrent tr&egrave;s bien une r&eacute;solution de la dissonance co&ucirc;teuse, voire insurmontable, jusqu&rsquo;&agrave; la d&eacute;flagration de l&rsquo;&oelig;uvre de Soljenitsyne publi&eacute; en 1973&nbsp;: <i>L&rsquo;archipel du Goulag </i><a href="#_ftn12" name="_ftnref12" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[12]</span></span></span></span></span></a>. La congruence nouvelle se fait alors au prix d&rsquo;une r&eacute;volution int&eacute;rieure douloureuse, qui prend du temps. Tout ph&eacute;nom&egrave;ne de r&eacute;vision, de conversion ou d&rsquo;adoption d&rsquo;un nouvel environnement cognitif est plus difficile. Il faut toujours sauver la th&eacute;orie en place et minimiser les faits en anomalies&nbsp;: accommodement et am&eacute;nagement sont de rigueur.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Sur un plan &eacute;pist&eacute;mologique, Popper montre que la th&eacute;orie scientifique est <i>de facto</i> temporaire, cantonn&eacute;e dans une aire de v&eacute;rit&eacute; circonstanci&eacute;e, voire r&eacute;fut&eacute;e au profit d&rsquo;un nouveau mod&egrave;le. Elle ne se substitue jamais &agrave; une dogmatique ou une th&eacute;ologie parce que son savoir s&rsquo;en d&eacute;marque par sa faillibilit&eacute; ou sa d&eacute;limitation. Or, cette position elle-m&ecirc;me suscite un d&eacute;ni chez ceux pour lesquels la science construit des v&eacute;rit&eacute;s indubitables et &eacute;ternelles. Pourtant, Popper se nourrit des travaux des logiciens de son temps pour lesquels, m&ecirc;me les math&eacute;matiques donnent lieu &agrave; un d&eacute;bat sur leur caract&egrave;re conventionnel et limit&eacute;. Popper discute avec les plus grands logiciens de son &eacute;poque dont Tarsky <a href="#_ftn13" name="_ftnref13" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[13]</span></span></span></span></span></a>. Force est de constater &agrave; ce sujet que la r&eacute;sistance &agrave; la limitation des pr&eacute;tentions des math&eacute;matiques r&eacute;sulte des moins math&eacute;maticiens d&rsquo;entre nous alors que les math&eacute;maticiens cr&eacute;ateurs de leur discipline eux-m&ecirc;mes sont plus modestes, un si&egrave;cle apr&egrave;s quelques inventions d&eacute;cisives<a href="#_ftn14" name="_ftnref14" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[14]</span></span></span></span></span></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Pour l&rsquo;astronomie, depuis ce cas dont se piquent les tenants d&rsquo;une l&eacute;gislation astronomique p&eacute;renne, de nombreuses autres anomalies ont donn&eacute; lieu &agrave; des sp&eacute;culations ontologiques demeur&eacute;es sans succ&egrave;s, imaginant des plan&egrave;tes sans les trouver, mais sans avoir d&rsquo;explications &agrave; des mesures en &eacute;carts avec la th&eacute;orie <a href="#_ftn15" name="_ftnref15" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[15]</span></span></span></span></span></a>. Cela rappelle &agrave; l&rsquo;historien de l&rsquo;astronomie que les ellipses de la tradition ptol&eacute;ma&iuml;que avaient un haut degr&eacute; de fiabilit&eacute;, sans faillir face aux calculs de Galil&eacute;e, d&rsquo;o&ugrave; cette p&eacute;riode oubli&eacute;e de l&rsquo;&eacute;quivalence des hypoth&egrave;ses o&ugrave; il &eacute;tait difficile de d&eacute;partager les mod&egrave;les en pr&eacute;sence <a href="#_ftn16" name="_ftnref16" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[16]</span></span></span></span></span></a>. La persistance des &eacute;carts interroge donc la pertinence d&rsquo;un mod&egrave;le gravitationnel, jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;av&egrave;nement d&rsquo;une nouvelle th&eacute;orie. Et dans ce cas, la r&eacute;solution l&eacute;gislative peut s&rsquo;imposer. Mais la communaut&eacute; aura r&eacute;sist&eacute; longtemps au grand chambardement de ses certitudes, en &eacute;vitant surtout la r&eacute;solution n&eacute;cessitant le plus d&rsquo;effort cognitif, soit la remise en cause de son attitude g&eacute;n&eacute;rale&nbsp;: son syst&egrave;me de pens&eacute;e et ses repr&eacute;sentations. Il en est de m&ecirc;me aujourd&rsquo;hui&nbsp;: &eacute;cailler les certitudes n&rsquo;est pas chose ais&eacute;e car elle met en inconfort.</span></span></span></span></span></p> <h2 style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">2. Les significations potentielles de l&rsquo;&eacute;cart-dissonance cognitif </span></span></b></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La dissonance cognitive met les scientifiques dans cet inconfort, voire un ab&icirc;me de perplexit&eacute;. Examinons celui de Semmelweis en m&eacute;decine. C&rsquo;est un cas tr&egrave;s &eacute;difiant sur le plan de sa r&eacute;solution psychologique dans la communaut&eacute; scientifique et chez ce m&eacute;decin hongrois du milieu du 19<sup>e</sup> si&egrave;cle. </span></span></span></span></span></p> <h3 style="color:#aaaaaa;font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">2.1. L&rsquo;hygi&egrave;ne m&eacute;dicale et la d&eacute;rive psychiatrique de Semmelweis</span></span></b></span></span></span></h3> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Rappelons la folle histoire de ce m&eacute;decin hongrois dont Louis-Ferdinand C&eacute;line &eacute;tudia les travaux dans sa th&egrave;se de doctorat <a href="#_ftn17" name="_ftnref17" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[17]</span></span></span></span></span></a>. Ce jeune m&eacute;decin hongrois n&eacute; &agrave; Budapest en 1818 int&egrave;gre le service obst&eacute;trique de l&#39;h&ocirc;pital g&eacute;n&eacute;ral de Vienne. Il pratique une m&eacute;thode comparative mesurant un &eacute;cart de mortalit&eacute; tr&egrave;s significatif entre les jeunes accouch&eacute;es dans un pavillon hospitalier r&eacute;serv&eacute; aux &eacute;tudiants en m&eacute;decine et le second pavillon o&ugrave; pratiquent les sages-femmes. Il s&rsquo;agit de la fi&egrave;vre puerp&eacute;rale <a href="#_ftn18" name="_ftnref18" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[18]</span></span></span></span></span></a>. D&#39;un c&ocirc;t&eacute; le taux varie entre dix et quarante pour cent, de l&#39;autre il ne d&eacute;passe pas les trois pour cent. Fort de ce constat le jeune m&eacute;decin hongrois entreprend une &eacute;tude &eacute;pid&eacute;miologique plut&ocirc;t in&eacute;dite &agrave; son &eacute;poque. C&#39;est &agrave; l&#39;occasion d&#39;un accident dramatique qui co&ucirc;te la vie &agrave; l&#39;un de ses coll&egrave;gues qui meurt d&#39;une septic&eacute;mie qu&#39;il aurait contract&eacute; lors d&#39;une autopsie <a href="#_ftn19" name="_ftnref19" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[19]</span></span></span></span></span></a> que le jeune m&eacute;decin hongrois imagine en mars 1847 que celui-ci a contract&eacute; quelque chose lors d&#39;une autopsie. Il imagine alors de s&#39;imposer une discipline sanitaire par un lavage de main intensif au chlorure de chaux. Le r&eacute;sultat est imm&eacute;diat et le taux de mortalit&eacute; chute en de&ccedil;&agrave; de deux pour cent. Les r&eacute;sultats se confirment dans la dur&eacute;e et les &eacute;carts entre les deux pavillons sont significatifs de la situation ant&eacute;rieure. La r&eacute;alit&eacute; scientifique est &agrave; la fois connue et parfaitement compr&eacute;hensible par l&#39;ensemble de ses coll&egrave;gues. Pourtant, la plupart d&#39;entre eux vont r&eacute;agir tr&egrave;s d&eacute;favorablement et refuser les enseignements du m&eacute;decin hongrois. Rappelons qu&rsquo;au milieu du dix-neuvi&egrave;me si&egrave;cle, les microbes ne sont pas encore connus <a href="#_ftn20" name="_ftnref20" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[20]</span></span></span></span></span></a> (lire sa g&eacute;n&eacute;alogie dans la note), soit que la th&eacute;orie des maladies microbiennes n&rsquo;est pas formul&eacute;e, Semmelweis faisant l&#39;hypoth&egrave;se de ces germes o&ugrave; particules, sans pouvoir apporter la preuve de leur existence. Mais il a pris soin d&rsquo;exclure de nombreuses possibilit&eacute;s&nbsp;: atmosph&egrave;re, r&eacute;gime alimentaire, soins, d&eacute;ficience des actes m&eacute;dicaux&nbsp;; la r&eacute;solution ontologique &eacute;tant de ce fait inaccessible. Ainsi, autant les r&eacute;sultats exp&eacute;rimentaux sont tr&egrave;s peu discutables comme leurs b&eacute;n&eacute;fices visibles, autant la d&eacute;monstration scientifique attestant de l&#39;existence de ces microbes n&#39;est pas apport&eacute;e. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Quelles sont les causes du rejet de ses r&eacute;sultats, outre le fait qu&rsquo;il n&rsquo;apporte pas la preuve ontologique de l&rsquo;existence de ces &ecirc;tres vivants invisibles&nbsp;? La th&eacute;orie en vogue cr&eacute;e un cadre l&eacute;gislatif contradictoire avec ces observations. Il s&rsquo;agit de la th&eacute;orie des d&eacute;s&eacute;quilibres corporels ou dyscrasie. Il existe donc une premi&egrave;re r&eacute;sistance du fait des connaissances en place. De plus, en mati&egrave;re de comportement, la prescription est contraignante du fait du temps de lavage de cinq minutes et des irritations li&eacute;es au chlore. Aussi, en lui donnant raison, les m&eacute;decins admettraient qu&rsquo;ils ont &eacute;t&eacute; ant&eacute;rieurement responsables des d&eacute;c&egrave;s&nbsp;; ce qui est psychologiquement tr&egrave;s difficile &agrave; conc&eacute;der&nbsp;: une n&eacute;gligence coupable et une ignorance renvoyant une image peu flatteuse de soi et de la profession, d&rsquo;autant que Semmelweis d&eacute;juge son hi&eacute;rarchique&nbsp;: Klein. Malgr&eacute; les r&eacute;sultats, l&rsquo;explication scientifique n&rsquo;est pas acquise, mais un r&eacute;sultat probant est d&eacute;montr&eacute; exp&eacute;rimentalement. Est-ce une raison pour en refuser la pratique&nbsp;? Enfin, la notion m&ecirc;me de lavement renvoie, &agrave; cette &eacute;poque, &agrave; des pratiques religieuses, dont les ablutions, que l&rsquo;esprit des Lumi&egrave;res et les scientistes du moment r&eacute;futent, la percevant comme une r&eacute;gression superstitieuse. Se laver les mains est compris comme une action r&eacute;siduelle des croyances mystiques en ce milieu de 19<sup>e</sup> si&egrave;cle moderne et progressiste. L&rsquo;art de l&rsquo;interpr&eacute;tation des faits selon les &eacute;poques est en soi un sujet d&rsquo;&eacute;tonnement du fait de sa r&eacute;versibilit&eacute; et de son inconstance, un sujet d&rsquo;&eacute;tude &agrave; l&rsquo;&eacute;vidence.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Deux aspects de la r&eacute;solution de cette dissonance cognitive sont &agrave; prendre en compte &agrave; ce stade. Premi&egrave;rement celle de la communaut&eacute; scientifique elle-m&ecirc;me qui refusa d&#39;adopter un nouveau comportement et de changer son cadre &eacute;pist&eacute;mologique en int&eacute;grant une r&eacute;solution l&eacute;gislative et une ontologique puisqu&#39;il s&#39;agissait simultan&eacute;ment de modifier les th&eacute;ories scientifiques en vigueur et d&#39;int&eacute;grer l&#39;existence d&#39;organismes jusque-l&agrave; ignor&eacute;s&nbsp;: 1) <i>la r&eacute;sistance de la communaut&eacute; scientifique</i>. Deuxi&egrave;mement, celle du m&eacute;decin hongrois lui-m&ecirc;me qui eut &agrave; r&eacute;soudre cette dissonance cognitive extr&ecirc;me entre sa croyance en la v&eacute;rit&eacute; des r&eacute;sultats obtenus et la r&eacute;sistance de ses confr&egrave;res donc nous allons voir qu&#39;elle entra&icirc;nera sa r&eacute;volte puis sa crise psychiatrique&nbsp;: 2) <i>la d&eacute;rive psychiatrique de Semmelweis.</i></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">1) La <i>r&eacute;sistance de la communaut&eacute; scientifique</i> s&rsquo;explique par au moins trois aspects des r&eacute;solutions &eacute;tudi&eacute;es par Festinger&nbsp;: a) la <i>trivialisation</i>, b) l&rsquo;<i>infirmation de la croyance </i>et c) la <i>rationalisation cognitive.</i> Ils constituent bien des explications psychologiques de ces r&eacute;actions personnelles et collectives d&ucirc;ment observ&eacute;es et consign&eacute;es par les historiens o&ugrave; toute la communaut&eacute; scientifique va d&eacute;sapprouver et enterrer les propositions pratiques de Semmelweis. &nbsp;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">a) La <i>trivialisation-banalisation</i> &eacute;vacue le comportement probl&eacute;matique. Les m&eacute;decins d&eacute;valuent leur propre comportement. Il ne peut &ecirc;tre la cause des d&eacute;c&egrave;s. Tout changement de comportement signifierait en effet que le pr&eacute;c&eacute;dent &eacute;tait pr&eacute;judiciable. La culpabilit&eacute; associ&eacute;e &agrave; une relation entre le comportement et les d&eacute;c&egrave;s serait insoutenable. Elle est donc rejet&eacute;e, faisant du comportement pratiqu&eacute; un facteur secondaire et sans relation avec les faits de d&eacute;c&egrave;s. Il y a bien diminution de l&rsquo;inconsistance per&ccedil;ue entre les &eacute;carts. La trivialisation dispense d&rsquo;un changement effectif d&rsquo;attitude. Dans celle-ci, figure bien aussi un authentique d&eacute;ni de responsabilit&eacute; <a href="#_ftn21" name="_ftnref21" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[21]</span></span></span></span></span></a> qui vient cr&eacute;er une distance et une protection du comportement remis en cause, et ce, sans aucun effort cognitif pour modifier les cognitions inconsistantes&nbsp;: la connaissance-croyance d&rsquo;une part et le comportement induit d&rsquo;autre part. Les travaux sur le d&eacute;ni de responsabilit&eacute; soulignent l&#39;influence de l&#39;affirmation de soi et la perception du caract&egrave;re d&eacute;sirable socialement de l&#39;acte concern&eacute; par la dissonance. Se laver les mains n&#39;est pas sp&eacute;cialement d&eacute;sirable &agrave; l&#39;&eacute;poque que nous &eacute;tudions et l&#39;affirmation de soi est mise en cause par le type de population valoris&eacute; dans son comportement&nbsp;: les sages-femmes. Le d&eacute;ni trouve l&agrave; deux motivations. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">b) L&rsquo;<i>infirmation des croyances </i>montre que chacun refuse de renoncer &agrave; sa croyance en adoptant des strat&eacute;gies de justification, un pros&eacute;lytisme r&eacute;actif, voire agressif visant &agrave; renforcer la l&eacute;gitimit&eacute; de son attitude. La communaut&eacute; scientifique hostile joue alors de ce support social qui consiste &agrave; s&rsquo;entourer des siens et &agrave; renforcer son autorit&eacute; en &eacute;vitant et d&eacute;valorisant l&rsquo;&laquo;&nbsp;adversaire&nbsp;&raquo; contradicteur. Il est &agrave; signaler ici que la communaut&eacute; scientifique agit exactement comme la secte mill&eacute;nariste confront&eacute;e &agrave; l&rsquo;&eacute;chec de la proph&eacute;tie d&eacute;crite par Festinger en 1956 <a href="#_ftn22" name="_ftnref22" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[22]</span></span></span></span></span></a>. Il faudra d&rsquo;autres travaux pour renverser les croyances &eacute;tablies dont la scientificit&eacute; n&rsquo;&eacute;tait pas plus av&eacute;r&eacute;e que celle de Semmelweis, puisqu&rsquo;elles furent ult&eacute;rieurement d&eacute;menties. &nbsp;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">c) la <i>rationalisation cognitive</i> &eacute;vite l&rsquo;adoption de ce nouveau comportement traduisant une nouvelle th&eacute;orie. &nbsp;L&rsquo;asepsie fait l&rsquo;objet d&rsquo;une seconde r&eacute;sistance &agrave; sa mise en pratique. Le comportement est jug&eacute; irr&eacute;aliste pour le temps pris, l&rsquo;agressivit&eacute; des produits, son organisation. La rationalisation cognitive consiste bien &agrave; r&eacute;duire l&rsquo;&eacute;cart en arguant des bonnes raisons qui font &eacute;chapper &agrave; ses pratiques ancestrales et superstitieuses auxquels est alors assimil&eacute;e l&rsquo;invitation &agrave; une r&eacute;forme comportementale&nbsp;: se laver les mains. Ce geste est alors r&eacute;interpr&eacute;t&eacute; contradictoirement, entre le m&eacute;decin qui en comprend la vertu m&eacute;dicale et la mesure sans en d&eacute;montrer les inf&eacute;rences causales, fautes de d&eacute;montrer l&rsquo;existence des bact&eacute;ries, et la communaut&eacute; scientifique quasi-unanime pour la recouvrir d&rsquo;une interpr&eacute;tation l&rsquo;assimilant &agrave; des pratiques irrationnelles et obsol&egrave;tes d&rsquo;origine religieuse&nbsp;: les lavements et ablutions. &nbsp;&nbsp;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Il devient plus clair que cette communaut&eacute; agit selon des proc&eacute;d&eacute;s psychologiques de r&eacute;duction de la dissonance cognitive bien proche de cette expression de Festinger&nbsp;concluant son &eacute;tude de la secte mill&eacute;nariste des seekers&nbsp;: &laquo; <i>Le croyant doit avoir le soutien social des autres croyants.</i> &raquo; Or, nous parlons des scientifiques europ&eacute;ens du milieu du 19<sup>e</sup> si&egrave;cle. Lors de cette &eacute;tude des seekers, le psychologue met en &eacute;vidence les conditions n&eacute;cessaires &agrave; cette mani&egrave;re de d&eacute;fendre plus encore les connaissances o&ugrave; croyances initiales malgr&eacute; une contradiction flagrante apport&eacute;e par un tiers. Deux m&eacute;canismes sont &agrave; noter&nbsp;: la surinterpr&eacute;tation et le pros&eacute;lytisme. Or, ce sont bien les faits observables des attitudes de la communaut&eacute; scientifique de l&rsquo;&eacute;poque. Elle refl&egrave;te d&rsquo;ailleurs les conditions expos&eacute;es par Festinger. La surinterpr&eacute;tation d&eacute;vie l&rsquo;enseignement contraire et le subvertit ce qui r&eacute;sout une partie de la dissonance. Le pros&eacute;lytisme rassure le groupe du fait de l&rsquo;&eacute;largissement du cercle des croyants. Nous avons raison parce que nous sommes plus nombreux. C&rsquo;est le soutien social d&eacute;fensif. Le croyant entretient sa conviction par l&rsquo;action de sa diffusion dont l&rsquo;acceptation est la preuve de sa v&eacute;racit&eacute;. &Agrave; cet &eacute;gard, les travaux de Sherman et Gorking <a href="#_ftn23" name="_ftnref23" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[23]</span></span></span></span></span></a> montrent bien que la valeur de l&#39;attitude remise en cause lors d&#39;une dissonance motive son renforcement plus que toute modification. Or, c&#39;est bien le cas de la communaut&eacute; des m&eacute;decins contre Semmelweis. Le soutien social s&rsquo;organisant, la persuasion collective impose sa v&eacute;rit&eacute; comme le conclut Festinger sur ce cas. &laquo; <i>Si de plus en plus de gens peuvent &ecirc;tre convaincus que le syst&egrave;me de croyance est correct alors il est &eacute;vident qu&#39;apr&egrave;s tout il doit &ecirc;tre correct</i> &raquo;. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Plus encore, ce soutien social para&icirc;t d&rsquo;autant plus actif dans cette communaut&eacute; scientifique solidaire contre l&rsquo;intrusion d&rsquo;un savoir perturbant. L&rsquo;explication tient pour une part au r&egrave;glement de la dissonance par ce comportement collectif &laquo;&nbsp;sectaire&nbsp;&raquo; qui renvoie &agrave; la th&eacute;orie de l&rsquo;identit&eacute; sociale <a href="#_ftn24" name="_ftnref24" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[24]</span></span></span></span></span></a>. L&rsquo;appartenance &agrave; des groupes sociaux joue un r&ocirc;le essentiel en termes d&#39;identification, par des relations intersubjectives qui viennent renforcer les croyances et d&eacute;fenses identitaires du groupe. L&rsquo;imitation rassure les membres et le maintien de l&rsquo;usage est constitutif de l&rsquo;identit&eacute; collective. Ils maintiennent leur estime de soi contre l&rsquo;usage d&rsquo;un autre groupe jug&eacute; inf&eacute;rieur, ici&nbsp;: les sages-femmes contre les &eacute;tudiants en m&eacute;decine et leurs professeurs. Il est alors int&eacute;ressant de s&#39;appuyer sur les enseignements de Tajfel et Turner dans leur article de 1979. Ces derniers rappellent qu&rsquo;un groupe est avant tout&nbsp;: </span></span><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&laquo; <i>une collection d&rsquo;individus qui se per&ccedil;oivent comme membres d&rsquo;une m&ecirc;me cat&eacute;gorie, qui attachent une certaine valeur &eacute;motionnelle &agrave; cette d&eacute;finition d&rsquo;eux-m&ecirc;mes et qui ont atteint un certain degr&eacute; de consensus concernant l&rsquo;&eacute;valuation de leur groupe et de leur appartenance &agrave; celui-ci </i>&raquo;<a href="#_ftn25" name="_ftnref25" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[25]</span></span></span></span></span></a>. Ce ph&eacute;nom&egrave;ne de cat&eacute;gorisation sociale est bien le fait de chacun des membres qui ont pleinement conscience d&#39;appartenir &agrave; ce groupe et d&#39;&ecirc;tre &agrave; ce titre porteur d&#39;une identit&eacute; sociale &agrave; laquelle ils s&rsquo;identifient du fait de leur croyance et de leur comportement entre autres. L&#39;identit&eacute; de soi est donc aussi l&#39;identit&eacute; sociale avec ses valeurs et ses significations &eacute;motionnelles. Ils proposent trois principes qui d&eacute;terminent la continuit&eacute; d&rsquo;appartenance &agrave; un groupe. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Premi&egrave;rement, les individus veulent accro&icirc;tre leur estime de soi aspirant &agrave; un concept de soi positif.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Deuxi&egrave;mement, l&rsquo;appartenance &agrave; une cat&eacute;gorie sociale est connot&eacute;e positivement ou n&eacute;gativement du fait de la valeur du groupe au milieu d&rsquo;autres groupes qui le d&eacute;valorise ou bien le valorise. Cette valeur de l&rsquo;identit&eacute; sociale r&eacute;sulte de ce jeu des &eacute;valuations des groupes. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Troisi&egrave;mement, cette comparaison sociale peut conf&eacute;rer un prestige social et une estime de soi positive ou l&rsquo;inverse. Comment les m&eacute;decins peuvent-ils admettre que la pratique des sages-femmes obtient de meilleurs r&eacute;sultats en acceptant de lier justement un comportement devenant la cause des d&eacute;c&egrave;s&nbsp;? Au nom m&ecirc;me des valeurs de leur cat&eacute;gorie sociale&nbsp;: les scientifiques qui savent, et donc au nom de leur sup&eacute;riorit&eacute; sociale av&eacute;r&eacute;e qui fait toute la signification &eacute;motionnelle de leur prestige dans la soci&eacute;t&eacute; du 19<sup>e</sup> si&egrave;cle, il leur est impossible socialement et psychologiquement de rompre avec les conditions de leur identit&eacute; sociale. C&rsquo;est l&agrave; sans doute l&rsquo;explication de leur refus de la prise en compte des r&eacute;sultats et de l&rsquo;efficacit&eacute; d&rsquo;un comportement qui obtient pourtant un r&eacute;sultat, m&ecirc;me si la chaine causale n&rsquo;est pas d&eacute;montr&eacute;e. Les faits sont l&agrave; mais intentionnellement d&eacute;valu&eacute;s, voire occult&eacute;s. La communaut&eacute; scientifique est donc sujette &agrave; des comportements psychologiques et sociaux. Des jeux d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;ts ne sont pas &agrave; exclure, mais ils ne font pas l&rsquo;objet de notre &eacute;tude.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">2) La <i>d&eacute;rive psychiatrique de Semmelweis</i> a une dimension m&eacute;dicale &eacute;voqu&eacute;e par les historiens soulignant son temp&eacute;rament d&eacute;pressif, ce qui ne dispense pas d&rsquo;autres explications par les facteurs de Festinger. Les tensions psychologiques, du fait de l&rsquo;irr&eacute;solution de la dissonance majeure, font entrer en ligne une affirmation de soi et plus encore une &eacute;volution du comportement venant souligner la force de l&rsquo;attitude qui ne saurait &ecirc;tre en cause. L&agrave; encore, la r&eacute;solution ontologique prime la l&eacute;gislative qui commande un changement de comportement &agrave; diffuser rapidement et g&eacute;n&eacute;reusement. L&rsquo;incompr&eacute;hension est totale, lorsqu&rsquo;il bute sur la r&eacute;sistance de ses pairs qui n&rsquo;adh&egrave;rent pas &agrave; ses bonnes raisons. Deux aspects de son comportement sont &agrave; souligner&nbsp;: sa brutalit&eacute; agressive et sa d&eacute;pression autodestructrice. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Semmelweis a un temp&eacute;rament relat&eacute; comme entier, voire brutal. Il est dur avec lui-m&ecirc;me et il interpelle aussi violemment ses pairs&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>des assassins</i>&nbsp;&raquo;, ce qui ne peut que renforcer leur refus. Cong&eacute;di&eacute;, reclus &agrave; Budapest, interdit &agrave; Vienne, le m&eacute;decin d&eacute;prime, r&eacute;digeant son trait&eacute;&nbsp;: <i>L&rsquo;&Eacute;tiologie, le concept et la pr&eacute;vention de la fi&egrave;vre puerp&eacute;rale</i> publi&eacute; en 1861. L&rsquo;&eacute;tude de ce texte t&eacute;moigne grandement de sa situation psychologique. Le ton est agressif, quelque peu &eacute;gocentrique, voire parano&iuml;aque&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>Je suis pr&eacute;destin&eacute; &agrave; r&eacute;v&eacute;ler la v&eacute;rit&eacute; qui est dans ce livre [&hellip;]. Je ne dois plus penser &agrave; mon propre repos, je ne dois me rappeler que les vies qui seront sauv&eacute;es, selon que moi ou mes adversaires gagneront [&hellip;]. Toutes ces heures que j&rsquo;ai pu passer dans l&rsquo;amertume n&rsquo;ont pas servi d&rsquo;avertissement&nbsp;; je vis encore&nbsp;; ma conscience m&rsquo;aidera &agrave; souffrir tout ce qui m&rsquo;attend.</i>&nbsp;&raquo; &eacute;crit-il. Son &oelig;uvre suscitant peu d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t, voire toujours l&rsquo;opposition, il devient de plus en plus agressif comme en atteste une lettre &agrave; Josef Spaeth, professeur d&rsquo;obst&eacute;trique &agrave; Vienne&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>L&rsquo;arrogance avec laquelle vous &eacute;talez votre ignorance de ma doctrine et vos erreurs, me contraint &agrave; faire la d&eacute;claration suivante&nbsp;: je suis moi-m&ecirc;me accabl&eacute; par la pens&eacute;e que, depuis 1847, des milliers et des milliers de femmes et enfants morts de fi&egrave;vre puerp&eacute;rale auraient &eacute;t&eacute; sauv&eacute;s si, au lieu de me taire, j&rsquo;avais, chaque fois qu&rsquo;il le fallait, corrig&eacute; les erreurs qu&rsquo;on r&eacute;pand &agrave; propos de cette maladie. [&hellip;] Et vous, monsieur le professeur, vous avez eu votre part dans ce massacre. Ces meurtres doivent cesser, et pour qu&rsquo;ils cessent, je monterai la garde, et quiconque se permettra de propager des erreurs dangereuses sur la fi&egrave;vre puerp&eacute;rale trouvera en moi un farouche adversaire. Pour mettre un terme &agrave; ces assassinats, je n&rsquo;ai pas d&rsquo;autres moyens que la d&eacute;nonciation impitoyable de mes adversaires&nbsp;</i>&raquo; <a href="#_ftn26" name="_ftnref26" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[26]</span></span></span></span></span></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La r&eacute;solution de la dissonance cognitive c&rsquo;est fa&icirc;tes chez lui dans la violence retourn&eacute;e de l&rsquo;autre vers soi, jusqu&rsquo;&agrave; se d&eacute;truire. Festinger aborde-t-il ce cas&nbsp;?</span></span></span></span></span></p> <h3 style="color:#aaaaaa;font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">2.2. Les multiples interpr&eacute;tations d&rsquo;un &eacute;cart dissonant</span></span></b></span></span></span></h3> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les chercheurs qui ont prolong&eacute; les travaux de Festinger soulignent certains aspects pr&eacute;pond&eacute;rants. En effet, l&rsquo;&eacute;cart est-il le r&eacute;sultat d&rsquo;un conflit int&eacute;rieur totalement d&eacute;nu&eacute; de relations aux autres et &agrave; soi-m&ecirc;me qui r&eacute;sulteraient d&rsquo;une construction sociale&nbsp;? Au-del&agrave; de sa description des modalit&eacute;s de sa r&eacute;solution, la dissonance s&rsquo;explique diff&eacute;remment selon les auteurs qui mettent en exergue certains concepts compl&eacute;mentaires&nbsp;: a) le <i>lieu de contr&ocirc;le</i>, b) le <i>soi</i> et c) la <i>strat&eacute;gie de r&eacute;sistance</i>. Ces concepts offrent des pistes d&rsquo;interpr&eacute;tations qui agissent comme autant de cl&eacute;s &agrave; la compr&eacute;hension des comportements et des attitudes de cette communaut&eacute; m&eacute;dicale &agrave; la moiti&eacute; du 19<sup>e</sup> si&egrave;cle.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">a) Le <i>lieu de contr&ocirc;le </i>(locus of control) est un concept d&eacute;velopp&eacute; par Rotter <a href="#_ftn27" name="_ftnref27" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[27]</span></span></span></span></span></a> en 1954 distinguant des sujets estimant que leur sort et leur vie d&eacute;pendent d&rsquo;eux-m&ecirc;mes avec un lieu de contr&ocirc;le interne fort, d&rsquo;autres sujets estimant que leur sort et leur vie d&eacute;pendent plus d&rsquo;&eacute;v&eacute;nements ext&eacute;rieurs qui les d&eacute;terminent. Beauvois <a href="#_ftn28" name="_ftnref28" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[28]</span></span></span></span></span></a> mettra plus tard en &eacute;vidence l&rsquo;influence de l&rsquo;&eacute;ducation sur ce lieu de contr&ocirc;le et montrera aussi que les cat&eacute;gories socio-professionnelles &eacute;lev&eacute;es ont un lieu de contr&ocirc;le interne tandis que les autres ont un lieu de contr&ocirc;le externe. Les unes se jugent responsables de la situation, les autres pr&ecirc;tent &agrave; l&rsquo;environnement une part de responsabilit&eacute; &agrave; leur destin. D&egrave;s lors qu&#39;on consid&egrave;re les hommes de science comme &eacute;tant plut&ocirc;t des cat&eacute;gories socioprofessionnelles &eacute;lev&eacute;es, cela signifie qu&rsquo;il dispose d&#39;un lieu de contr&ocirc;le interne d&eacute;velopp&eacute;. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Or, une telle disposition souligne un renforcement des croyances et d&rsquo;une causalit&eacute; interne des r&eacute;ussites et &eacute;checs. Appliqu&eacute;e d&rsquo;abord aux astronomes, cela confirme bien leur pr&eacute;f&eacute;rence pour la r&eacute;solution ontologique qui ne les affecte&nbsp;pas mais en confirme&nbsp;la qualit&eacute; de leur science, la certitude de leur mod&egrave;le et de leurs croyances. Si l&rsquo;&eacute;ducation scientifique forge cette norme d&rsquo;un contr&ocirc;le interne inh&eacute;rent &agrave; quelques croyances premi&egrave;res, il est logique d&rsquo;avoir de tr&egrave;s nombreux scientifiques en r&eacute;sistance &agrave; la nouveaut&eacute;, du fait des v&eacute;rit&eacute;s institutionnelles qu&rsquo;ils contribuent &agrave; diffuser dans leur enseignement et dont ils sont les loyaux serviteurs, cas des m&eacute;decins viennois. Ce lieu de contr&ocirc;le proc&egrave;de &agrave; la fa&ccedil;on d&rsquo;une inhibition apprise mais d&ucirc;ment internalis&eacute;e et qui conduit &agrave; r&eacute;futer ce qui la conteste. L&rsquo;&eacute;cart se r&eacute;sout n&eacute;cessairement ailleurs, dans la d&eacute;faillance de la mesure o&ugrave; dans une r&eacute;alit&eacute; invisible et r&eacute;sistante &agrave; l&rsquo;observation. D&rsquo;o&ugrave; l&rsquo;importance de l&rsquo;estime de soi.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">b) Le <i>soi</i> est un concept associ&eacute; &agrave; la th&eacute;orie de la dissonance cognitive qui pr&eacute;domine tr&egrave;s largement dans la tradition psychologique nord-am&eacute;ricaine. Il devient un concept majeur d&egrave;s lors qu&#39;on cherche &agrave; expliquer l&#39;&eacute;veil de la dissonance. Soit, la dissonance r&eacute;sulte d&rsquo;un &eacute;cart entre deux cognitions, soit une cognition s&rsquo;&eacute;carte de quelques standards d&#39;une conduite personnelle qui est elle-m&ecirc;me l&#39;expression d&#39;une affirmation de soi dont plusieurs auteurs nord-am&eacute;ricains soulignent le r&ocirc;le. L&agrave; o&ugrave; Festinger ne renvoie pas &agrave; une telle notion, ces auteurs introduisent cette consistance psychologique o&ugrave; l&rsquo;affirmation de soi suffit &agrave; induire des &eacute;carts. Il s&rsquo;agit de la th&eacute;orie de l&rsquo;auto-consistance d&rsquo;Aronson <a href="#_ftn29" name="_ftnref29" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[29]</span></span></span></span></span></a> dans les ann&eacute;es soixante, de la th&eacute;orie de l&rsquo;affirmation de soi de Steele <a href="#_ftn30" name="_ftnref30" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[30]</span></span></span></span></span></a> dans les ann&eacute;es quatre-vingt et du mod&egrave;le des standards de soi de Stone et Cooper <a href="#_ftn31" name="_ftnref31" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[31]</span></span></span></span></span></a>. De nombreux travaux examinent le soi sous divers aspects&nbsp;: menace du soi, estime de soi, image de soi, concept de soi, responsabilit&eacute; du soi, identit&eacute;, etc. qui jouent un r&ocirc;le dans l&rsquo;&eacute;veil de la dissonance. Or le Mod&egrave;le des Standards du Soi (MSS) explique l&rsquo;attitude de la communaut&eacute; m&eacute;dicale de notre deuxi&egrave;me cas. En effet, leur histoire correspond parfaitement &agrave; cet &eacute;veil de la dissonance trait&eacute; dans la voix deux du sch&eacute;ma de Stone et Cooper o&ugrave; les attributs du soi positif sont pr&eacute;sents, mais li&eacute;s &agrave; une dimension du choix menac&eacute; par la dissonance. Dans ce cas, le mod&egrave;le conclut &agrave; un effet d&#39;auto-consistance o&ugrave; des individus &agrave; forte estime de soi justifient leur comportement. C&#39;est bien ce qui s&#39;est produit. &nbsp;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">c) la <i>strat&eacute;gie de r&eacute;sistance </i>se met en &oelig;uvre pour emp&ecirc;cher un changement d&#39;attitude. Sa motivation tient au refus de la modification d&#39;une attitude qui r&eacute;pondrait alors &agrave; la dissonance cognitive en acceptant un changement. Cette r&eacute;sistance est mise en perspective des caract&eacute;ristiques ou dispositions des individus dans les travaux de Wood et Stagner <a href="#_ftn32" name="_ftnref32" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[32]</span></span></span></span></span></a> qui soulignent qu&rsquo;elle est tr&egrave;s pr&eacute;sente chez des individus plus dogmatiques et autoritaires, ayant une forte estime de soi. Ils sont persuad&eacute;s de la qualit&eacute;-v&eacute;racit&eacute; de leur propre, position l&eacute;gitimant leur certitude et immobilisme. Plusieurs modes op&eacute;ratoires d&eacute;crivent alors tr&egrave;s bien ceux des m&eacute;decins qui s&#39;oppos&egrave;rent &agrave; la d&eacute;couverte de leur coll&egrave;gue hongrois, &agrave; commencer par la confiance et la certitude de pratiquer le bon comportement au nom de leur certitude cognitive. Ils exigent de mani&egrave;re tr&egrave;s pointilleuse de disposer de tous les arguments qui n&eacute;cessiteraient de changer de comportement au titre d&#39;une nouvelle certitude plus largement &eacute;tay&eacute;e que la pr&eacute;c&eacute;dente, m&ecirc;me si son argumentation reste fragile. Notons&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Premi&egrave;rement la production d&#39;une contre-argumentation dont l&#39;objectif est de se rassurer mais aussi de d&eacute;stabiliser celui qui vient troubler les certitudes et pratiques de la communaut&eacute;.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Deuxi&egrave;mement la production d&#39;une argumentation de soutien &agrave; sa propre attitude qui vient bien s&ucirc;r conforter la contre-argumentation dans un ensemble coh&eacute;rent d&#39;expressions de toutes les r&eacute;sistances cognitives positives et n&eacute;gatives.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Troisi&egrave;mement, &agrave; la fa&ccedil;on de la rh&eacute;torique, sous sa forme de l&#39;attaque <i>ad hominem</i>, d&eacute;cr&eacute;dibiliser l&#39;auteur des requ&ecirc;tes de changement, en s&#39;attaquant &agrave; tout ce qui permet de le discr&eacute;diter, le minorer, ce qui renforce l&rsquo;estime de soi et affaiblit la confiance qu&#39;on pourrait porter &agrave; ce quelqu&#39;un, alors r&eacute;duit au statut de charlatan peu fiable&nbsp;: m&eacute;thode Cou&eacute;. L&#39;arme rh&eacute;torique renvoie &agrave; son arri&egrave;re-plan psychologique qui en explique pour une part l&#39;usage. En d&eacute;valorisant, je me valorise et m&rsquo;interdit d&rsquo;accorder ma confiance apr&egrave;s avoir pris grand soin de me convaincre que celui-l&agrave; n&rsquo;est pas &agrave; &eacute;couter.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Quatri&egrave;mement, produire une s&eacute;rie d&#39;affects n&eacute;gatifs qui justifient son comportement par des signes visibles traduisant l&rsquo;irrecevabilit&eacute; de l&#39;argumentation, mais sur un plan plus pathologique. Il s&#39;agit par exemple de recourir &agrave; la col&egrave;re et &agrave; l&rsquo;&eacute;nervement rendant encore plus visible l&rsquo;inacceptabilit&eacute; du changement de comportement.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Cinqui&egrave;mement, le recours &agrave; la validation sociale par la mobilisation de la communaut&eacute; qui dans sa coh&eacute;rence et son identit&eacute; sociale, d&eacute;j&agrave; mentionn&eacute;e, vient l&eacute;gitimer par son nombre une position dont le support social suffit &agrave; disqualifier la demande de changement &eacute;manant d&rsquo;un seul ou d&rsquo;un groupe minoritaire.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Il est tr&egrave;s int&eacute;ressant de noter que l&#39;ensemble des travaux des psychologues men&eacute;s sur ses strat&eacute;gies de r&eacute;sistance &agrave; la persuasion sur plusieurs d&eacute;cennies des ann&eacute;es soixante-dix aux ann&eacute;es 2000 <a href="#_ftn33" name="_ftnref33" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[33]</span></span></span></span></span></a> trouvent ici toute leur pertinence en d&eacute;crivant tr&egrave;s minutieusement ce qui se retrouvent dans les pratiques de la communaut&eacute; scientifique qui s&#39;opposa &agrave; Semmelweis. &nbsp;&nbsp;&nbsp;</span></span></span></span></span></p> <h2 style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Conclusions</span></span></b></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Evoquons pour conclure, les difficult&eacute;s opposant les physiciens Bohr et Einstein concernant la relativit&eacute; et la m&eacute;canique quantique. Leur controverse est aussi une dissonance cognitive majeure qui a suscit&eacute; l&rsquo;exp&eacute;rience de Bell en 1964, &agrave; l&rsquo;origine de sa th&eacute;orie des in&eacute;galit&eacute;s <a href="#_ftn34" name="_ftnref34" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[34]</span></span></span></span></span></a>. En effet, la controverse porte sur la cause de l&rsquo;ind&eacute;termination d&rsquo;Heisenberg et donc sur l&rsquo;explication du rapport entre la repr&eacute;sentation probabiliste et la nature des ph&eacute;nom&egrave;nes physiques&nbsp;: r&eacute;solution l&eacute;gislative ou ontologique de nouveau, pour changer notre repr&eacute;sentation de la nature des ph&eacute;nom&egrave;nes ou pour interpeler la pertinence des th&eacute;ories&nbsp;: relativit&eacute; et m&eacute;canique quantique, soit comme le r&eacute;sume fort bien Hespel&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;<i>Bohr pr&eacute;tendant que le caract&egrave;re probabiliste de ses pr&eacute;dictions tenait de la nature des syst&egrave;mes physiques qu&rsquo;elle d&eacute;crit, Einstein qu&rsquo;il r&eacute;sultait seulement de l&rsquo;incompl&eacute;tude de la description qu&rsquo;elle offre.&nbsp;</i>&raquo; (2019, 221). Les enseignements de la violation des in&eacute;galit&eacute;s de Bell r&eacute;p&eacute;t&eacute;es de nombreuses fois par des exp&eacute;riences toujours plus pr&eacute;cises confrontent &agrave; l&rsquo;une des plus importantes dissonances cognitives pour la communaut&eacute; scientifique des physiciens. A tel point, que celle-ci est assez largement pass&eacute; sous silence, puisqu&rsquo;elle fait s&rsquo;effondrer le cadre des croyances de la science moderne, et par cons&eacute;quent les fondements scientifiques de la th&eacute;orie politique moderne qui est directement li&eacute;e &agrave; une science des ph&eacute;nom&egrave;nes dont les r&egrave;gles ont &eacute;t&eacute; fix&eacute;es &agrave; l&rsquo;&eacute;poque de la physique classique-m&eacute;caniste. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En effet, la permanence de la violation des in&eacute;galit&eacute;s de Bell interpelle plusieurs croyances fondamentales de la science moderne <a href="#_ftn35" name="_ftnref35" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[35]</span></span></span></span></span></a>. Elle introduit le hasard non-local, soit le fait qu&rsquo;apparaissent des &eacute;v&eacute;nements intrins&egrave;quement non-pr&eacute;visibles. Une telle situation conteste l&rsquo;habitude de penser selon des causalit&eacute;s en provenance du pass&eacute; au profit d&rsquo;un pur hasard, soit une pure cr&eacute;ation instantan&eacute;e. Celle-ci est une cons&eacute;quence des ph&eacute;nom&egrave;nes d&rsquo;intrication t&eacute;moignant d&rsquo;une manifestation du hasard en plusieurs endroits, soit un surgissement en dehors de l&rsquo;espace-temps. L&rsquo;intrication quantique interpelle donc la continuit&eacute; des chaines de ph&eacute;nom&egrave;nes au profit d&rsquo;une possible causalit&eacute; non-ph&eacute;nom&eacute;nale, soit le renoncement &agrave; un r&eacute;alisme scientifique se limitant &agrave; l&rsquo;observation des &eacute;v&eacute;nements. Hespel r&eacute;sume tr&egrave;s bien cette dissonance cognitive majeure qui bouleverse le cadre des croyances scientifiques de l&rsquo;&egrave;re moderne <a href="#_ftn36" name="_ftnref36" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[36]</span></span></span></span></span></a>&nbsp;: &laquo;<i> il s&rsquo;agit d&rsquo;une relation d&rsquo;un genre nouveau, ni spatiotemporelle ni causale et donc forc&eacute;ment non ph&eacute;nom&eacute;nale.&nbsp;</i>&raquo; (2019, 234). Il use m&ecirc;me du terme de dilemme pour l&rsquo;exposer&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>Un dilemme in&eacute;dit&nbsp;: soit abandonner le principe de raison qui veut que toute ait une raison, soit chercher ailleurs que dans l&#39;espace-temps la raison de ce qui s&#39;y manifeste lors de certaines exp&eacute;riences [&hellip;] C&#39;est en d&eacute;finitive la r&eacute;alit&eacute; d&#39;un au-del&agrave; de l&#39;espace-temps qu&#39;il s&#39;agit d&#39;admettre</i>.&nbsp;&raquo; (2019, 237) Et il conclut&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>Bref, avec cette d&eacute;couverte de la violation exp&eacute;rimentale de l&rsquo;in&eacute;galit&eacute; de Bell se ferme une &eacute;poque et s&rsquo;en ouvre une nouvelle, dont on sait d&eacute;j&agrave; qu&rsquo;elle sera marqu&eacute;e par la r&eacute;affirmation d&rsquo;une exigence radicale. Car ce fait n&rsquo;arr&ecirc;tera &eacute;videmment pas l&rsquo;histoire et il s&rsquo;agira d&rsquo;assumer les cons&eacute;quences de cette reconnaissance de sa signification ; lesquelles ne manqueront assur&eacute;ment pas et, pour les plus philosophiques d&rsquo;entre elles, seront certainement m&eacute;taphysiques au sens pr&eacute;-kantien du terme,&nbsp; puisqu&rsquo;il s&rsquo;agira de construire une v&eacute;ritable m&eacute;ta-physique, c&rsquo;est-&agrave;-dire une science qui ose s&rsquo;aventurer au-del&agrave; &ndash; ou en-de&ccedil;&agrave; &ndash; des ph&eacute;nom&egrave;nes afin d&rsquo;y saisir ce X, si longtemps ignor&eacute; et m&ecirc;me parfois tout simplement ni&eacute;, mais sans lequel la nature ne saurait &ecirc;tre celle qu&rsquo;observent pour nous les physiciens.</i>&nbsp;&raquo; (2019, 243). </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Voil&agrave; bien l&rsquo;ultime dissonance d&rsquo;une physique qui atteste de ses limites et dont les exp&eacute;riences indiquent une nouvelle r&eacute;volution &eacute;pist&eacute;mologique induite de la m&eacute;canique quantique &agrave; laquelle nombre de contemporains s&rsquo;opposent, de peur de voir leurs croyances scientifiques et politiques s&rsquo;effondrer avec elle. La cr&eacute;ation serait-elle en acte&nbsp;? La physique manifesterait-elle une m&eacute;ta-physique&nbsp;? Sommes-nous facilement pr&ecirc;ts &agrave; renoncer &agrave; nos croyances, ici la seule science des simples ph&eacute;nom&egrave;nes, alors que l&rsquo;&eacute;tude de la mati&egrave;re ne trouve pas l&rsquo;atome mais brise les logiques ant&eacute;rieures&nbsp;? Non. Cet article voulait montrer que les r&eacute;sistances mentales sont nombreuses, m&ecirc;me chez ceux qui croient ne pas en &ecirc;tre les sujets. Le savant n&rsquo;en est pas moins homme et les communaut&eacute;s savantes n&rsquo;en sont pas moins des groupes sociaux. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px">&nbsp;</p> <p style="margin-bottom:14px">&nbsp;</p> <p align="center" style="text-align:center; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:16.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Bibliographie</span></span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">BEAUVOIS, Jean-L&eacute;on, LOPEZ, G&eacute;rard et DUBOIS, Nicole, <i>Un approfondissement de la th&eacute;orie de l&#39;&eacute;quilibre structural : le graphe des parent&eacute;s</i>, 2008, Revue internationale de psychologie sociale, Presses universitaires de Grenoble, Tome 21, p.5-40</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">BOUVERESSE, Jacques, </span></span><i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Raison et religion : en quoi consiste le d&eacute;saccord et</span></span></i> <i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">peut-il &ecirc;tre trait&eacute; de fa&ccedil;on &laquo; rationnelle &raquo; ?</span></span></i> <i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Bonnes et mauvaises raisons de la croyance et de l&rsquo;incroyance</span></span></i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, Revue Philosophie et religion, n&deg;169 | Janvier-mars 2015, p.21-46</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">CODOL, Jean-Paul, <i>Sch&egrave;me d&#39;&eacute;quilibre et normes sociales</i>, 1974, L&#39;ann&eacute;e psychologique, vol. 74, n&deg;1. p.201-218</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">DEWEY, John, <i>Reconstruction en philosophie</i>, 2014, Paris, Editions Gallimard</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">ELIAS, Norbert, <i>La dynamique de l&rsquo;Occident</i>, 1991, Paris, Editions Calmann-L&eacute;vy</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">FAUCHEUX, Claude et MOSCOVICI, Serge, <i>Psychologie sociale th&eacute;orique et exp&eacute;rimentale</i>, 1971, Paris &ndash; La Haye, Editions Mouton </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">FESTINGER, L&eacute;on, <i>La dissonance cognitive</i>, 2017, Paris, Enrick B. Editions</span></span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">FEYERABEND, Paul, <i>Adieu la raison</i>, 1989, Paris, Editions du Seuil</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">FOINTIAT, Val&eacute;rie, GIRONDOLA, Fabien et GOSLING, Patrick, <i>La dissonance cognitive&nbsp;: quand les actes changent les id&eacute;es</i>, 2013, Paris, Editions Armand Colin</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">HEIDER, Fritz, <i>Attitude and cognitive organization, </i>1946, journal of psychology, 21, p. 107-112</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">JOULE, Robert-Vincent, <i>Rationalisation et engagement dans la soumission librement consentie</i>, 1986, th&egrave;se pour le doctorat d&rsquo;&eacute;tat des lettres et sciences humaines, universit&eacute; des sciences sociales de Grenoble</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">JOULE, Robert-Vincent et TOUATI, Azdia,<i> Dissonance cognitive et engagement&nbsp;: lorsque deux comportements de soumission sont en contradiction avec la m&ecirc;me attitude</i>, Li&egrave;ge, Les cahiers internationaux de psychologie sociale, 2004/4&nbsp;? n&deg;64, p. 5-11</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">KIESLER, Charles A., <i>The psychology of commitment: experiments linking behavior to belief</i>, 1971, New York, Academic Press </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">MARTINIE, Marie-Am&eacute;lie et LARIGAUDERIE, Pascale, <i>Co&ucirc;t cognitif et voies de r&eacute;duction de la dissonance cognitive</i>, Revue internationale de psychologie sociale, 2007/4, tome 20, p. 5-30</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">MICHEL-BECHET, Jacques, </span></span><i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le crit&egrave;re de d&eacute;marcation de Karl R. Popper et son applicabilit&eacute;</span></span></i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, 2013, Universit&eacute; Paul Val&eacute;ry - Montpellier III, th&egrave;se de doctorat</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">PATRAS, Fr&eacute;d&eacute;ric, <i>La pens&eacute;e math&eacute;matique contemporaine</i>, 2001, Paris, PUF</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">POPPER, Karl, <i>La logique de la d&eacute;couverte scientifique</i>, 1956, Paris, Editions Hermann</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">POPPER, Karl, <i>Conjectures et r&eacute;futations. La croissance du savoir scientifique</i>, 1963, Paris, Payot, </span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">QUINE, Willard Von, <i>Les voies du paradoxe</i>, 2011, Paris, Librairie Vrin</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">SCHOENEICH, Philippe et BUSSET-HENCHOZ, Mary-Claude, <i>La dissonance cognitive&nbsp;: facteur explicatif de l&rsquo;accoutumance au risque</i>, Revue de g&eacute;ographie alpine, tome 86, n&deg;2, p. 53-62</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px">&nbsp;</p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[1]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Norbert Elias (1897-1990), <i>La dynamique de l&rsquo;Occident</i>, 1991, Paris, Editions Calmann-L&eacute;vy, p. 260.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[2]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Fritz Heider (1896-1988) d&eacute;veloppe sa th&eacute;orie de l&rsquo;&eacute;quilibre cognitif et de la consistance dans son &oelig;uvre majeure <i>The Psychology of Interpersonal Relations</i> publi&eacute;e en 1958. Face &agrave; des contradictions, la personne cherche &agrave; modifier ses rapports &agrave; l&rsquo;environnement ou &agrave; ses repr&eacute;sentations. Heider privil&eacute;gie l&agrave; l&rsquo;hypoth&egrave;se d&rsquo;une recherche de la coh&eacute;rence-&eacute;quilibre att&eacute;nuant les tensions inh&eacute;rentes &agrave; des contradictions. Nous partageons l&rsquo;excellent diagnostic expos&eacute; d&egrave;s l&rsquo;introduction de l&rsquo;article de Jean-L&eacute;on Beauvois, G&eacute;rard Lopez et Nicole Dubois&nbsp;: <i>un approfondissement de la th&eacute;orie de l&#39;&eacute;quilibre structural : le graphe des parent&eacute;s</i> publi&eacute; dans la Revue internationale de psychologie sociale&nbsp;: &laquo;<i>&nbsp;Dans les ann&eacute;es cinquante, inspir&eacute;s par les intuitions gestaltistes de Fritz Heider (1946), un certain nombre de psychologues et de math&eacute;maticiens ont eu recours aux math&eacute;matiques discr&egrave;tes pour repr&eacute;senter des structures de liens (liens entre deux objets cognitifs, entre deux valeurs, entre deux personnes&hellip;) avec des graphes. C&rsquo;est ainsi qu&rsquo;est n&eacute;e la th&eacute;orie de l&rsquo;&eacute;quilibre structural (Cartwright &amp; Harary, 1956 ; Flament, 1963 ; Harary, Norman &amp; Cartwright, 1965). Cette th&eacute;orie formalise l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;&eacute;quilibre d&rsquo;un univers de concepts reli&eacute;s et affine la description des structures impliqu&eacute;es par les liens entre ces concepts. Apr&egrave;s avoir eu son heure de gloire en psychologie sociale et suscit&eacute; de nombreuses formulations et recherches (voir Flament, 1996), cette th&eacute;orie n&rsquo;a peut-&ecirc;tre pas r&eacute;sist&eacute;, en psychologie sociale, &agrave; la tendance cognitiviste, au point que Hummon et Doreian pouvaient, en 2003, affirmer qu&rsquo;elle avait perdu sa faveur. Il reste que la th&eacute;orie de l&rsquo;&eacute;quilibre structural n&rsquo;a jamais fait l&rsquo;objet de critique th&eacute;orique dirimante qui justifierait son abandon en psychologie sociale. Elle demeure en cons&eacute;quence une colonne essentielle dans l&rsquo;architecture d&rsquo;une th&eacute;orie g&eacute;n&eacute;rale de cette discipline.</i>&nbsp;<i>&raquo; </i>(2008, 6)</span></span></span></p> </div> <div id="ftn3"> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[3]</span></span></span></span></span></span></span></a> <span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&eacute;on Festinger (1919-1989) et James Carlsmith (1936-1984) quantifient par le taux de dissonance (T = I / [I + C]). (I) &eacute;tant l&rsquo;ensemble des cognitions inconsistantes et (C) l&rsquo;ensemble des cognitions consistantes.</span></span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn4"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[4]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Jean-Paul Codol (1944-1989), connu pour ses travaux sur l&rsquo;effet PIP (primus inter pares), il publie <i>Sch&egrave;me d&#39;&eacute;quilibre et normes sociales</i> in <i>L&#39;ann&eacute;e psychologique</i>. 1974 vol. 74, n&deg;1. P.201-218 o&ugrave; il insiste sur l&rsquo;&eacute;quilibre comme sch&egrave;me de positivit&eacute; dont sa note 1 qui d&eacute;crit&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>Cette perception de la r&eacute;ciprocit&eacute; est aussi clairement apparente dans les &eacute;tudes de type sociom&eacute;trique (cf. par exemple Tagiuri et al., 1958). Dans cette ligne de recherche, il est &agrave; noter que la perception de la r&eacute;ciprocit&eacute; des relations positives semble &ecirc;tre &agrave; la fois l&#39;expression d&#39;une image id&eacute;ale du groupe, en m&ecirc;me temps qu&#39;elle reproduit un &eacute;tat r&eacute;el des relations v&eacute;cues dans les groupes. Par exemple en &eacute;tudiant un &eacute;chantillon de 60 &eacute;tudes sociom&eacute;triques, Davis et Leinhardt (1967) en trouvent 55 pour lesquelles il y a statistiquement plus de r&eacute;ciprocit&eacute; dans les relations positives que n&#39;en donnerait le hasard seul. Les recherches de Moreno et Jennings (1938), de Kogan et Tagiuri (1958), de Jones (1966), etc., tendent &eacute;galement &agrave; montrer que les relations d&#39;amiti&eacute; sont per&ccedil;ues comme r&eacute;ciproques parce qu&#39;il en est ainsi le plus souvent dans la r&eacute;alit&eacute; v&eacute;cue. On peut ainsi consid&eacute;rer que la r&eacute;ciprocit&eacute; des relations positives est culturellement normative &agrave; deux points de vue : elle exprime &agrave; la fois un &eacute;tat de fait objectif, partag&eacute; en moyenne par la plupart des groupes, et un &eacute;tat du groupe, tel que la majorit&eacute; des gens aimeraient qu&#39;il soit</i>.&nbsp;&raquo; (1974, 203)</span></span></span></p> </div> <div id="ftn5"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[5]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Il conclut son article de 1974 en ses termes&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>Quoi qu&#39;il en soit, l&#39;observation d&#39;une d&eacute;pendance (directe ou inverse) entre d&#39;une part le biais d&#39;&eacute;quilibre, et d&#39;autre part la normativit&eacute; des relations en cause dans les structures sociales utilis&eacute;es pour mettre ce biais en &eacute;vidence, nous para&icirc;t &eacute;clairer d&#39;un jour nouveau les discussions sur la nature du sch&egrave;me d&#39;&eacute;quilibre. Nous pensons &eacute;galement qu&#39;en examinant sous cet angle de nombreux r&eacute;sultats obtenus dans la litt&eacute;rature psychosociologique, une bonne part des analyses et des discours dont les revues abondent depuis quelques ann&eacute;es sur ce th&egrave;me se trouveraient bient&ocirc;t sans objet. Peut-&ecirc;tre verrait-on alors les &eacute;tudes sur le biais d&#39;&eacute;quilibre ramen&eacute;es &agrave; une place un peu plus modeste, sans doute plus conforme &agrave; leur int&eacute;r&ecirc;t r&eacute;el pour la psychologie sociale.&nbsp;</i>&raquo; (1974, 217)</span></span></span></p> </div> <div id="ftn6"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[6]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Des astronomes interrogent la pertinence des lois de Kepler d&eacute;crivant le mouvement des plan&egrave;tes du syst&egrave;me solaire et de la gravitation universelle de Newton. &nbsp;</span></span></span></p> </div> <div id="ftn7"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref7" name="_ftn7" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[7]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Paul Feyerabend (1924-1994) &eacute;crit dans <i>Adieu la Raison</i> &agrave; ce sujet&nbsp;: &nbsp;</span><span style="font-size:8.0pt">&laquo;&nbsp;</span><i><span style="font-size:8.0pt">Dans ces discussions, je prenais tant&ocirc;t telle position, tant&ocirc;t telle autre&nbsp;: je changeais de position &ndash; et m&ecirc;me de style de vie &ndash; en partie pour &eacute;chapper &agrave; l&rsquo;ennui, en partie parce que je suis r&eacute;fractaire &agrave; la suggestion &hellip; / &hellip; il ne me serait jamais venu &agrave; l&rsquo;id&eacute;e de consid&eacute;rer ces pens&eacute;es comme une partie essentielle de moi-m&ecirc;me&hellip; /&hellip; mes inventions les plus sublimes et mes convictions les plus profondes, je ne leur permets jamais de prendre le dessus et de faire de moi leur tr&egrave;s ob&eacute;issant serviteur.</span></i><span style="font-size:8.0pt">&nbsp;&raquo; (1989, 361)</span></span></span></p> </div> <div id="ftn8"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref8" name="_ftn8" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[8]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Karl Popper (1902-1994) d&eacute;veloppe le concept de falsification-r&eacute;futation des th&eacute;ories scientifiques qui les distinguent des savoirs empiriques ou des croyances. Attach&eacute; &agrave; l&rsquo;explication de cette d&eacute;marcation entre savoir scientifique et autres formes de savoirs ou exp&eacute;riences, Popper explique&nbsp;: &laquo; <i>Je n&rsquo;exigerai pas d&rsquo;un syst&egrave;me scientifique qu&rsquo;il puisse &ecirc;tre choisi, une fois pour toutes, dans une acceptation positive mais j&rsquo;exigerai que sa forme logique soit telle qu&rsquo;il puisse &ecirc;tre distingu&eacute;, au moyen de tests empiriques, dans une acceptation n&eacute;gative : un syst&egrave;me faisant partie de la science empirique doit pouvoir &ecirc;tre r&eacute;fut&eacute; par l&rsquo;exp&eacute;rience </i>&raquo;. in <i>La logique de la d&eacute;couverte scientifique</i>, (1990, 37). Revenant sur sa d&eacute;finition dans <i>Conjectures et r&eacute;futations</i>, il pr&eacute;cise<i>&nbsp;: </i>&laquo;<i>&nbsp;Lorsque j&rsquo;ai propos&eacute; le crit&egrave;re de r&eacute;futabilit&eacute; (&hellip;), j&rsquo;entendais tracer une fronti&egrave;re &ndash;aussi bien que faire se pouvait- entre les &eacute;nonc&eacute;s ou syst&egrave;mes d&rsquo;&eacute;nonc&eacute;s des sciences empiriques et tous les autres &eacute;nonc&eacute;s, que ceux-ci fussent de nature religieuse, m&eacute;taphysique ou, tout simplement, pseudo-scientifique. Ult&eacute;rieurement, (&hellip;), j&rsquo;ai appel&eacute; ce premier probl&egrave;me le &laquo; probl&egrave;me de la d&eacute;marcation &raquo;. Le crit&egrave;re de r&eacute;futabilit&eacute; apporte en effet une solution &agrave; ce probl&egrave;me, puisqu&rsquo;il sp&eacute;cifie que des &eacute;nonc&eacute;s ou des syst&egrave;mes d&rsquo;&eacute;nonc&eacute;s doivent pouvoir entrer en contradiction avec des observations possibles ou concevables.&nbsp;</i>&raquo; (1963, 68). Ceci le conduit &agrave; interroger le caract&egrave;re scientifique, en ce sens-l&agrave; de pens&eacute;es dont les constructions les situent ailleurs&nbsp;: croyances, constructions sp&eacute;culatives, th&eacute;ories herm&eacute;neutiques, descriptions et enqu&ecirc;tes situ&eacute;es par exemple&nbsp;: &laquo; <i>Mais [mon crit&egrave;re de d&eacute;marcation] est plus que suffisamment pointu pour faire une distinction entre de nombreuses th&eacute;ories physiques d&#39;une part, et les th&eacute;ories m&eacute;taphysiques, comme la psychanalyse ou le marxisme (dans sa forme actuelle), d&rsquo;autre part. C&rsquo;est, bien s&ucirc;r, une de mes th&egrave;ses principales, et de celui qui ne l&#39;a pas compris, on peut dire qu&rsquo;il n&rsquo;a pas compris ma th&eacute;orie </i>&raquo;. in <i>Replies to my critics</i> in The Philosophy of Karl Popper, The Library of Living Philosophers, Paul Arthur Schilpp (eds) (1974, 984)</span></span></span></p> </div> <div id="ftn9"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref9" name="_ftn9" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[9]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> F&eacute;lix Le Dantec (1869-1917), biologiste, &eacute;crit dans un article paru en 1911 dans la Grande Revue : &laquo; <i>Je crois &agrave; l&#39;avenir de la Science : je crois que la Science et la Science seule r&eacute;soudra toutes les questions qui ont un sens ; je crois qu&#39;elle p&eacute;n&eacute;trera jusqu&#39;aux arcanes de notre vie sentimentale et qu&#39;elle m&#39;expliquera m&ecirc;me l&#39;origine et la structure du mysticisme h&eacute;r&eacute;ditaire anti-scientifique qui cohabite chez moi avec le scientisme le plus absolu. Mais je suis convaincu aussi que les hommes se posent bien des questions qui ne signifient rien. Ces questions, la Science montrera leur absurdit&eacute; en n&#39;y r&eacute;pondant pas, ce qui prouvera qu&#39;elles ne comportent pas de r&eacute;ponse</i>. &raquo;</span></span></span></p> </div> <div id="ftn10"> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref10" name="_ftn10" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[10]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Popper &eacute;crit dans <i>La logique de la d&eacute;couverte scientifique</i>&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;<i>La base empirique de la science objective ne comporte donc rien d&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;absolu&nbsp;&raquo;. La science ne repose pas sur une base rocheuse. La structure audacieuse de ses th&eacute;ories s&rsquo;&eacute;difie en quelque sorte sur un mar&eacute;cage. Elle est comme une construction b&acirc;tie sur pilotis. [&hellip;] Nous nous arr&ecirc;tons, tout simplement, parce que nous sommes convaincus qu&rsquo;ils sont assez solides pour supporter l&rsquo;&eacute;difice, du moins provisoirement.</i>&nbsp;&raquo; (1984, 111). A noter que la crise de l&rsquo;axiomatique atteste aussi de cet &eacute;lan fond&eacute; sur des axiomes pos&eacute;s l&agrave; pour l&rsquo;exercice, sans pouvoir pr&eacute;juger de leur statut quasi-ontologique. L&rsquo;axiome est m&ecirc;me le r&eacute;sultat d&rsquo;un travail de l&rsquo;esprit, une construction de la fondation en vue d&rsquo;une reconstruction logique induite qui s&rsquo;ensuit. </span></span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn11"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref11" name="_ftn11" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[11]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Dans <i>Reconstruction en philosophie</i>, le psychologue et philosophe John Dewey (1859-1952) rappelle comment la nature change pour le savant&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>Ce qui rend la nature du scientifique physicien m&eacute;caniste si plate et si terne du point de vue esth&eacute;tique est aussi ce qui permet &agrave; l&rsquo;homme de ma&icirc;triser la nature. Lorsque les qualit&eacute;s se sont trouv&eacute;es subordonn&eacute;es &agrave; des rapports quantitatifs et math&eacute;matiques, la couleur, la musique et la forme ont disparu du champ de l&rsquo;enqu&ecirc;te scientifique.</i>&nbsp;&raquo; (2014, 128)</span></span></span></p> </div> <div id="ftn12"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref12" name="_ftn12" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[12]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> De nombreux auteurs marxistes ont &eacute;prouv&eacute; de grandes difficult&eacute;s dans cette dissonance cognitive li&eacute;e aux r&eacute;v&eacute;lations des camps staliniens, tant pour reconna&icirc;tre les faits, strat&eacute;gie du d&eacute;ni ou de la trivialisation tr&egrave;s &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre, que pour modifier leur attitude&nbsp;: strat&eacute;gie du soutien social d&eacute;fensif tout sp&eacute;cialement. Dans le <i>D&eacute;senchantement des clercs,</i> Francois Hourmant &eacute;crivait au d&eacute;but du 2<sup>e</sup> chapitre&nbsp;: <i>La d&eacute;nonciation de l&rsquo;Archipel du Goulag</i>&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>L&rsquo;Humanit&eacute; (29/08/73), sous la plume d&rsquo;Yves Moreau, commente les propos de l&rsquo;&eacute;crivain parus dans les colonnes du Monde le 28 ao&ucirc;t 1973. Cet article est la premi&egrave;re &eacute;tape <u>d&rsquo;une strat&eacute;gie visant l&rsquo;occultation de toute voix dissidente</u>. Alors que Pierre Daix affirme dans Le Monde (30/08/73) son enti&egrave;re solidarit&eacute; avec l&rsquo;&eacute;crivain et d&eacute;plore le silence de son parti sur le sort des intellectuels en URSS, Georges Marchais d&eacute;clare ne &laquo; <u>voir aucun fait qui justifie l&rsquo;appr&eacute;ciation selon laquelle nous assisterions &agrave; un retour aux m&eacute;thodes staliniennes</u> &raquo; puisque Soljenitsyne et Sakharov peuvent s&rsquo;exprimer &laquo; librement &raquo;. Dans ce pr&eacute;lude, qui va de la saisie du manuscrit de L&rsquo;Archipel du Goulag par le KGB &agrave; sa publication en France le 28 d&eacute;cembre 1973, <u>la tentative d&rsquo;&eacute;touffement s&rsquo;effectue sur un mode mineur</u> ; <u>la r&eacute;sistance active qui s&rsquo;instaure proc&egrave;de essentiellement d&rsquo;une volont&eacute; d&eacute;lib&eacute;r&eacute;e de banaliser et de minorer le r&ocirc;le des dissidents.</u></i>&nbsp;&raquo; (1997, 57). Les termes soulign&eacute;s montrent que l&rsquo;analyse de Festinger est pertinente au-del&agrave; de la strat&eacute;gie rh&eacute;torique des acteurs.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn13"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref13" name="_ftn13" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[13]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Alfred Tarsky (1901-1983) auteur de <i>La conception s&eacute;mantique de la v&eacute;rit&eacute;</i> (1944) donnera lieu &agrave; des r&eacute;actions de Popper concernant les cons&eacute;quences d&rsquo;une telle nouvelle logique&nbsp;: ind&eacute;cidabilit&eacute;, ind&eacute;termination, incompl&eacute;tude des syst&egrave;mes logiques dont les math&eacute;matiques. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn14"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref14" name="_ftn14" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[14]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Lire l&rsquo;article de Fr&eacute;d&eacute;ric Patras dans les Cahiers de psychologie politique, n&deg; 33 &nbsp;: <i>Enjeux et limites des mod&egrave;les</i>&nbsp; et avoir &agrave; l&rsquo;esprit ses propos de philosophe et math&eacute;maticien dans la foul&eacute;e de toute une tradition des limites initi&eacute;es par Husserl&nbsp;dans <i>La pens&eacute;e math&eacute;matique contemporaine&nbsp;</i>: &laquo; <i>La pens&eacute;e math&eacute;matique ne pr&eacute;tend plus &agrave; une universalit&eacute; inconditionnelle, comme ce fut un moment le cas&nbsp;: l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;une reconduction des sciences de la nature &agrave; des mod&egrave;les exclusivement math&eacute;matiques, selon les canons du r&eacute;ductionnisme classique est devenue intenable.</i>&nbsp;&raquo; (2001,9) qui prolonge cette affirmation et constat du philosophe et logien Willard von Orman Quine (1908-2000)&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>Qu&rsquo;il ne puisse y avoir de syst&eacute;matisation d&eacute;ductive correcte et compl&egrave;te de la th&eacute;orie &eacute;l&eacute;mentaire des nombres et encore moins des math&eacute;matiques pures en g&eacute;n&eacute;ral est vrai.</i>&nbsp;&raquo; (2011, 64) et notre article dans la revue Argumentum n&deg; 17 (2) 2019, p.36-56, <i>G&eacute;n&eacute;alogie et limite de la rh&eacute;torique des nombres</i></span></span></span></p> </div> <div id="ftn15"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref15" name="_ftn15" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[15]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Les &eacute;carts de mesure ont donn&eacute; lieu &agrave; la r&eacute;p&eacute;tition de ce raisonnement. Le Verrier observe d&rsquo;autres anomalies concernant le mouvement de Mercure. L&rsquo;&eacute;cart entre le calcul et la mesure le conduit de nouveau &agrave; faire l&rsquo;hypoth&egrave;se d&rsquo;une plan&egrave;te&nbsp;: r&eacute;solution ontologique de nouveau. Il fait l&rsquo;hypoth&egrave;se de Vulcain. Jamais cette plan&egrave;te n&rsquo;a &eacute;t&eacute; observ&eacute;e. En1915, la r&eacute;ponse est apport&eacute;e par Einstein. L&rsquo;anomalie r&eacute;v&egrave;le la falsification de la th&eacute;orie de la gravitation, la limite de son applicabilit&eacute;. L&rsquo;explication de l&rsquo;&eacute;cart tient &agrave; la variabilit&eacute; du champ gravitationnel qui s&rsquo;explique par une autre et nouvelle loi&nbsp;: la relativit&eacute;. Les nouveaux calculs issus de relativit&eacute; g&eacute;n&eacute;rale produisent les bonnes valeurs, expliquant l&#39;avance du p&eacute;rih&eacute;lie - le passage au point de l&#39;orbite d&#39;une plan&egrave;te le plus proche du Soleil - de Mercure, soit une r&eacute;solution l&eacute;gislative fondamentale De m&ecirc;me l&rsquo;hypoth&egrave;se d&rsquo;une neuvi&egrave;me plan&egrave;te dont les caract&eacute;ristiques expliqueraient les perturbations d&rsquo;objets transneptuniens dont la plan&egrave;te Pluton et des ast&eacute;ro&iuml;des de grandes tailles, aujourd&rsquo;hui toujours en question, dont l&rsquo;hypoth&eacute;tique plan&egrave;te n&rsquo;est toujours pas observ&eacute;e.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn16"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref16" name="_ftn16" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[16]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Le lecteur gagnera &agrave; lire quelques-uns des chapitres, 6 &agrave; 13, d&rsquo;<i>Adieu la raison</i> de Paul Feyerabend (1924-1994) consacr&eacute; &agrave; l&#39;&eacute;quivalence des hypoth&egrave;ses dans l&#39;astronomie de l&#39;&eacute;poque de Galil&eacute;e o&ugrave; le savoir accumul&eacute; depuis l&rsquo;Antiquit&eacute;, avec toutes les subtilit&eacute;s de ses calculs, obtenait des r&eacute;sultats pertinents. C&#39;est bien par les observations ult&eacute;rieures de Copernic &ndash; mod&egrave;le h&eacute;liocentrique introduisant rotation et r&eacute;volution des plan&egrave;tes dont la Terre&nbsp;; puis Kepler &ndash; calcul des trajectoires elliptiques et non-circulaires, base des travaux ult&eacute;rieurs de Newton sur la gravitation &ndash; que ce fait le basculement. Il serait erron&eacute; de consid&eacute;rer comme inop&eacute;rante la science astronomique &eacute;manant de l&#39;Antiquit&eacute;. Lire l&rsquo;article &eacute;difiant de Maurice Clavelin de 1964&nbsp;: <i>Galil&eacute;e et le refus de l&#39;&eacute;quivalence des hypoth&egrave;ses</i> in Revue d&#39;histoire des sciences et de leurs applications, tome 17, n&deg;4, 1964. p. 305-314 o&ugrave; il rappelle&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>pourquoi Galil&eacute;e qui &eacute;tait parfaitement conscient de la possibilit&eacute; de rendre compte de toutes les observations tant d&#39;un point de vue ptol&eacute;ma&iuml;que que d&#39;un point de vue copernicien a-t-il d&eacute;lib&eacute;r&eacute;ment affirm&eacute; la v&eacute;rit&eacute; du second ?&nbsp;</i>&raquo; (1964, 313) ou plus encore Pierre Duhem (1861-1916) qui, en 1908, dans <i>Sauver les apparences</i> explique l&rsquo;&eacute;quivalence des r&eacute;sultats des hypoth&egrave;ses ptol&eacute;ma&iuml;que et galil&eacute;enne.&nbsp;&nbsp; </span></span></span></p> </div> <div id="ftn17"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref17" name="_ftn17" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[17]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Louis Destouches / Louis-Ferdinand C&eacute;line consacra sa th&egrave;se au</span> <span style="font-size:8.0pt">destin tragique du m&eacute;decin hongrois visionnaire qu&rsquo;il soutenu en mai 1924 </span></span></span></p> </div> <div id="ftn18"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref18" name="_ftn18" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[18]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Aussi appel&eacute;, la &laquo; fi&egrave;vre des accouch&eacute;es &raquo;, elle suscitait d&eacute;j&agrave; en 1774 la r&eacute;union coll&egrave;ge des m&eacute;decins par Louis XVI pour r&eacute;agir face &agrave; l&rsquo;&eacute;pid&eacute;mie &agrave; l&rsquo;H&ocirc;tel- Dieu.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn19"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref19" name="_ftn19" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[19]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Son ami Jakob Kolletschka, professeur d&rsquo;anatomie d&eacute;c&egrave;de d&rsquo;une infection, accidentellement bless&eacute; au doigt par un scalpel lors d&rsquo;une dissection de cadavre. Son autopsie r&eacute;v&egrave;le la m&ecirc;me pathologie identique que celle des femmes mortes de la fi&egrave;vre puerp&eacute;rale.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn20"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref20" name="_ftn20" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[20]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> La d&eacute;couverte des microbes est attribu&eacute;e &agrave; Pasteur, Mais une rapide g&eacute;n&eacute;alogie est ici indispensable pour mettre en &eacute;vidence que l&#39;intuition o&ugrave; hypoth&egrave;se de l&#39;existence d&#39;organismes invisibles &eacute;tait pr&eacute;sente depuis Aristote mais qu&#39;il aura fallu plus de deux mill&eacute;naires pour r&eacute;soudre cette dissonance cognitive par une r&eacute;solution l&eacute;gislative li&eacute;e &agrave; une preuve ontologique&nbsp;: l&rsquo;existence av&eacute;r&eacute;es des microbes. Aristote faisait d&eacute;j&agrave; l&#39;hypoth&egrave;se de ces contagions invisibles, Ulrich von Hutten (1488-1523) et Paracelse (1493-1541), ce dernier &eacute;tant consid&eacute;r&eacute; comme l&rsquo;un des plus grands m&eacute;decins de l&rsquo;histoire europ&eacute;enne, expos&egrave;rent l&rsquo;hypoth&egrave;se de l&#39;existence d&rsquo;&ecirc;tres vivants invisibles sans succ&egrave;s. De m&ecirc;me, Girolamo Fracastoro (1483-1553) mentionne ces &ecirc;tres invisibles dans son trait&eacute; consacr&eacute; aux maladies contagieuses&nbsp;: syphilis et tuberculose. </span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:8.0pt">Athanasius Kircher (1602-1680) observe des vers avec un microscope dans le sang de malades lors de l&rsquo;&eacute;pid&eacute;mie de peste &agrave; Rome en 1658. Un peu plus tard, le j&eacute;suite Anton van Leeuwenhoek (1632-1723) dessine et d&eacute;crit des bact&eacute;ries. Ensuite, l&#39;abb&eacute; Lazzaro Spallanzani (1729-1799) cultive des microbes dans un milieu nutritif&nbsp;: du jus de viande. Il fait la d&eacute;monstration exp&eacute;rimentale que les microbes ne se d&eacute;veloppent pas si le jus a &eacute;t&eacute; bouilli et prot&eacute;g&eacute;, &agrave; l&#39;abri de l&#39;air. En 1846, l&rsquo;obst&eacute;tricien hongrois, Ignace Semmelweis (1818-1865) obtient une baisse exceptionnelle la mortalit&eacute; des accouch&eacute;es par le lavage prolong&eacute; des mains. Son contemporain, Agostino Bassi (1773-1856) tire des conclusions semblables en 1844 similaires concernant la rougeole, la syphilis, la peste et la variole mentionnant des &laquo;&nbsp;<i>parasites vivants</i>&nbsp;&raquo;. L&rsquo;un sera sanctionn&eacute;, et Bassi n&rsquo;eut aucune attention de la communaut&eacute; scientifique, totalement ignor&eacute;. Il faut attendre les travaux de Robert Koch (1843-1910) sur le bacille du charbon survivant dans les sols et infectant les animaux. Il est le fondateur de la microbiologie. Suit Pasteur. L&rsquo;antisepsie de Semmelweis fut alors l&eacute;gitim&eacute;e.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn21"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref21" name="_ftn21" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[21]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Nous nous r&eacute;f&eacute;rons aux travaux de P. Gosling, M. Denizeau et D. Oberl&eacute; de 2006&nbsp;: <i>Denial of Responsability&nbsp;: A new mode of Dissonance Reduction</i>, Journal of Personality and Social Psychology, n&deg;90, p.722-733 et &agrave; ceux de D. Voisin dont surtout sa th&egrave;se de doctorat&nbsp;: <i>Le r&ocirc;le de l&rsquo;ind&eacute;sirabilit&eacute; sociale de l&rsquo;acte probl&eacute;matique dans les processus d&rsquo;&eacute;veil et de r&eacute;duction de la dissonance cognitive</i>. 2006, universit&eacute; de Bordeaux</span></span></span></p> </div> <div id="ftn22"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref22" name="_ftn22" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[22]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Festinger infiltre les Seekers, secte ufologiste de Chicago fond&eacute;e par Dorothy Martin. Elle proph&eacute;tise la fin du monde pour la nuit du 21 d&eacute;cembre et affirme que les membres seront sauv&eacute;s, transport&eacute;s par une soucoupe volante. Les Seekers sont persuad&eacute;s au point de vendre leurs biens et d&rsquo;abandonner leur emploi. Le d&eacute;menti sera accompagn&eacute; d&rsquo;une nouvelle interpr&eacute;tation des &eacute;v&eacute;nements&nbsp;: la pri&egrave;re collective a chang&eacute; le destin du monde&nbsp;; et motiv&eacute; de ce fait une campagne pros&eacute;lyte in&eacute;dite au mouvement pour renforcer la l&eacute;gitimit&eacute; du groupe et de ses croyances.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn23"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref23" name="_ftn23" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[23]</span></span></span></span></span></span></a><span lang="EN-US" style="font-size:8.0pt"> S. Sherman et L. Gorkin : <i>Attitude Bolstering when Behavior is Consistent with Central Attitudes</i>, Journal of Experimental Social Psychology, 16, p. 388-403</span></span></span></p> </div> <div id="ftn24"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref24" name="_ftn24" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[24]</span></span></span></span></span></span></a><span lang="EN-US" style="font-size:8.0pt"> Nous nous r&eacute;f&eacute;rons aux travaux de H. Tajfel et J.C. Turner de&nbsp;: <i>An integrative theory of intergroup conflict</i>. in W. Austin and S. Worchel : The social psychology of intergroup relations. 1979, Brooks/Cole, Monterey, p.33-48</span></span></span></p> </div> <div id="ftn25"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref25" name="_ftn25" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[25]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> <i>Idem,</i> p.40</span></span></span></p> </div> <div id="ftn26"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref26" name="_ftn26" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[26]</span></span></span></span></span></span></a> <span lang="EN-US" style="font-size:8.0pt">Carter&nbsp;C.K. Semmelweis and his predecessors&nbsp;Med Hist&nbsp;1981 ; &nbsp;25 : 57-72&nbsp;; Carter&nbsp;C.K. Ignaz Semmelweis Carl Mayrhofer and the rise of germ theory&nbsp;Med Hist&nbsp;1985 ; &nbsp;29 : 33-53; Carter&nbsp;C.K., Carter&nbsp;B. Childbed fever: a scientific biography of Ignaz Semmelweis&nbsp;&nbsp;Londres:&nbsp;Greenwood Press&nbsp;(1994); Hallett&nbsp;C. The attempt to understand puerperal fever in the eighteenth and early nineteenth centuries: the influence of inflammation theory&nbsp;Med Hist&nbsp;2005;&nbsp;49: 1-28 </span></span></span></p> </div> <div id="ftn27"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref27" name="_ftn27" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[27]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Julian Rotter (1916-2014) est un psychologue am&eacute;ricain qui m&egrave;ne des travaux sur l&rsquo;apprentissage social. Il conceptualise le Locus of Control, soit cette croyance que sa performance personnelle est le r&eacute;sultat de ses actions, soit le r&eacute;sultat du hasard, de la chance et de la fatalit&eacute; des choses qui l&#39;environnent. Il est repris ult&eacute;rieurement par Alberto Bandura dont la th&eacute;orie de l&rsquo;apprentissage social d&eacute;veloppe un concept voisin&nbsp;: le sentiment d&rsquo;efficacit&eacute; personnelle.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn28"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref28" name="_ftn28" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[28]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Jean-L&eacute;on Beauvois (1943-) est l&rsquo;auteur avec Robert-Vincent Joule de deux ouvrages importants&nbsp;: <i>Petit trait&eacute; de manipulation &agrave; l&#39;usage des honn&ecirc;tes gens,</i> 1987, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 1987 et <i>La soumission librement consentie</i>, 1998, Paris, Presses universitaires de France. Il est un sp&eacute;cialiste de la dissonance cognitive et ses travaux ont consist&eacute; &agrave; soutenir une th&eacute;orie radicale o&ugrave; l&rsquo;engagement et le poids des actes ant&eacute;rieurs pr&eacute;disposent &agrave; des attitudes et comportements qui les prolongent en s&rsquo;inspirant de la th&eacute;orie de l&rsquo;engagement de Kiesler. Ils appellent &agrave; un retour radical &agrave; la th&eacute;orie de Festinger en l&rsquo;absence de difficult&eacute;s, doutant des intrusions des th&eacute;orie du Soi qui introduisent un &eacute;cart &agrave; soi plus qu&rsquo;un &eacute;cart entre cognitions inconsistantes, voire conflictuelles.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn29"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref29" name="_ftn29" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[29]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Elliot Aronson (1932-) est l&rsquo;inventeur des classes en puzzle d&eacute;veloppant l&rsquo;apprentissage coop&eacute;ratif. Cette technique d&eacute;veloppe l&rsquo;&eacute;coute, l&rsquo;attention, l&rsquo;engagement, des interactions positives et une m&eacute;morisation it&eacute;rative par assimilation, reformulation, comparaison renfor&ccedil;ant la confiance, l&rsquo;estime de soi. Son ouvrage de r&eacute;f&eacute;rence en la mati&egrave;re&nbsp;: <i>The jigsaw strategy</i>, San Diego, Academic Press, 2002 </span></span></span></p> </div> <div id="ftn30"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref30" name="_ftn30" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[30]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Claude Steele (1946-) professeur &eacute;m&eacute;rite &agrave; Stanford, a mis en &eacute;vidence la menace du st&eacute;r&eacute;otype qui a pour cons&eacute;quence d&rsquo;induire des contre-performances du fait de l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; et de l&rsquo;anxi&eacute;t&eacute; qui alt&egrave;rent l&rsquo;estime de soi jusqu&rsquo;&agrave; alt&eacute;rer les capacit&eacute;s &agrave; faire &agrave; la fa&ccedil;on d&rsquo;une prescription fonctionnant comme une proph&eacute;tie auto-r&eacute;alisatrice, la personne se conformant &agrave; l&rsquo;injonction pr&eacute;disant son &eacute;chec &agrave; faire.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn31"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref31" name="_ftn31" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[31]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Jeff Stone et Joel Cooper () ont publi&eacute; <i>L&#39;effet de la pertinence de l&#39;attribut sur la fa&ccedil;on dont l&#39;estime de soi mod&egrave;re le changement d&#39;attitude dans les processus de dissonance</i> en 2003 dans Journal of Experimental Social Psychology 39 (5)&nbsp;? p.508-515. Ils &eacute;tudient comment l&rsquo;estime de Soi influence les processus de dissonance cognitive. Ce degr&eacute; d&rsquo;estime de Soi aurait une influence sur le changement d&rsquo;attitude. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn32"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref32" name="_ftn32" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[32]</span></span></span></span></span></span></a><span lang="EN-US" style="font-size:8.0pt"> W. Wood et B. Stagner, <i>Why are Some People Easier to Influence than Others</i>, 1994, in S. Shavitt et T.C. Brock (eds.) </span><i><span style="font-size:8.0pt">Persuasion : Psychological Insights and Perspectives</span></i><span style="font-size:8.0pt">, p. 149-174</span></span></span></p> </div> <div id="ftn33"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref33" name="_ftn33" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[33]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Les m&ecirc;mes conclusions se retrouvent chez des auteurs qui ont &eacute;tudi&eacute;s la r&eacute;sistance &agrave; la persuasion et le soutien &agrave; l&rsquo;attitude initiale&nbsp;: contre-argumentation, d&eacute;cr&eacute;dibilisation des sources ou trivialisation voire d&eacute;ni, confiance en ses dires ou estime de soi, renforcement de l&rsquo;attitude et argumentation de sa certitude et enfin validation sociale ou support social. </span><span lang="EN-US" style="font-size:8.0pt">Nous nous r&eacute;f&eacute;rons &agrave; : J.Z. Jacks et K.A. Cameron, 2003&nbsp;: <i>Strategies for resisting persuasion </i>in <i>Basic and Applied Social Psychology, 25, p.145-161</i>, D. Eisenstadt, 2003&nbsp;: <i>Counterattitudinal Advocacy on a matter of Prejudice&nbsp;: Effects of Distraction, Commitment and Personality Importance</i>, in <i>Journal of Personality and Social Psychology</i>, 67, p.382-394, E. Aronson, 1963 : <i>Communicator Credibility and Communication Discrepancy as Determinants of Opinion Change</i> in <i>Journal of Abnormal and Social Psychology</i>, 67, p.31-36, L. Simon, J. Greenberg et J. Brehm, 1995 : <i>Trivialization : The Forgotten Mode of Dissonance Reduction</i> in <i>Journal of Personality and Social Psychology</i>, 68, p.247-260 , Z.L. Tormala et R.E. Petty, 2004 : <i>Resistance to Persuasion and Attitude Certainty : A metacognitive Analysis</i>, in E.S. Knowles et J.A. Linn (eds) : <i>Resistance and Persuasion</i>, p.65-82, M.A. Fleming et R.E. Petty, 2000 : <i>Identity and Persuasion : An Elaboration Likelihood Approach</i>, in D.J. Terry et M.A. Hogg (eds), <i>Attitudes, behavior, and social context</i>, p.171-200 et J. Cooper et D. Mackie, 1983 : <i>Cognitive Dissonance In An Intergroup Context</i> in <i>Journal of Personality and Social Psychology</i>, 44, p.536-544. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn34"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref34" name="_ftn34" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[34]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Lire le tr&egrave;s brillant article de Bertrand Hespel <i>G&ouml;del et Bell, autour de Jean Ladri&egrave;re</i> in <i>La philosophie de la limite chez Jean Ladri&egrave;re</i>, 2019, Louvain, PUL, p.219-249 </span></span></span></p> </div> <div id="ftn35"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref35" name="_ftn35" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[35]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Lire l&rsquo;&oelig;uvre du physicien quantique Nicolas Gisin&nbsp;: <i>L&rsquo;Impensable Hasard&nbsp;: non-localit&eacute;, t&eacute;l&eacute;portation et autres merveilles quantiques</i>, 2012, Paris, Editions Odile Jacob</span></span></span></p> </div> <div id="ftn36"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref36" name="_ftn36" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[36]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"> Nicolas Gisin l&rsquo;exprime aussi clairement&nbsp;: &laquo;<i> J&rsquo;ai &eacute;crit dans ce livre que les corr&eacute;lations non locales semblent surgir de l&rsquo;ext&eacute;rieur de l&rsquo;espace et du temps dans le sens qu&rsquo;aucune histoire se d&eacute;roulant dans l&rsquo;espace au cours du temps ne peut raconter comment la nature produit de telles corr&eacute;lations. Effectivement, il est vrai qu&rsquo;aucune histoire ordinaire, c&rsquo;est-&agrave;-dire racontant comment les choses et les &eacute;v&eacute;nements s&rsquo;influencent, se d&eacute;placent et se propagent contin&ucirc;ment de proche en proche ne peut d&eacute;crire la survenue de corr&eacute;lations non locales.</i>&nbsp;&raquo;<i> </i>(2012, 145)</span></span></span></p> </div> </div>