<p style="margin-bottom:14px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Note de lecture </span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:14px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">St&eacute;phane Velut</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:14px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><i><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;h&ocirc;pital, une nouvelle industrie&nbsp;&ndash; le langage comme sympt&ocirc;me</span></span></i></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:14px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Tracts Gallimard n&deg; 12</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le titre de cet ouvrage parle de lui-m&ecirc;me et de la probl&eacute;matique qu&rsquo;il soul&egrave;ve, tandis que son contenu en pr&eacute;sente le v&eacute;cu professionnel, intellectuel et existentiel par son auteur, chirurgien du cerveau. L&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de ces pages se situe dans la qualit&eacute; de la r&eacute;flexion et de l&rsquo;analyse de cette crise du milieu hospitalier &agrave; partir de la vie d&rsquo;un service hospitalier bien pr&eacute;cis, celui de son auteur. En refermant le livre, trois questions se profilent&nbsp;: qui est en crise et donc malade&nbsp;? Quelle peut &ecirc;tre l&rsquo;&eacute;tiologie de cette maladie qui semble contagieuse&nbsp;? Sur quels sympt&ocirc;mes agit le traitement pr&eacute;conis&eacute; et provoque-t-il des effets secondaires ? </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Il y a soixante ans, des CHU (Centres Hospitalo-Universitaires) ont &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute;s en r&eacute;unissant trois p&ocirc;les d&rsquo;activit&eacute;s interd&eacute;pendantes&nbsp;: soins-enseignement-recherche dans le but d&rsquo;optimiser leur efficacit&eacute;. Leur fonctionnement a &eacute;t&eacute; globalement satisfaisant pendant un certain temps durant lequel le pragmatisme et la comp&eacute;tence du personnel soignant pouvaient offrir une qualit&eacute; de prestations globales, alliant soins apport&eacute;s aux patients, conditions d&rsquo;accueil et d&rsquo;interventions th&eacute;rapeutiques, qualit&eacute; de s&eacute;jours avec le souci d&rsquo;un accompagnement administratif efficace mais l&eacute;ger. L&rsquo;auteur insiste sur les deux p&ocirc;les de cette p&eacute;riode&nbsp;: science et affect, r&eacute;unis et v&eacute;hicul&eacute;s par un esprit de compagnonnage ou de famille, le tout bien entendu dans l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t des soins et des malades, contribuant &agrave; un solide enthousiasme pour la valeur &laquo;&nbsp;travail&nbsp;&raquo; mais aussi pour la qualit&eacute; de l&rsquo;ambiance dans laquelle se d&eacute;roulaient les s&eacute;jours des patients. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Mais le temps passant, la complexit&eacute;, l&rsquo;&eacute;volution des techniques et des comp&eacute;tences, les besoins en investissements, tous ces changements et d&rsquo;autres se sont install&eacute;s lentement, provoquant des mini-crises, lesquelles ont trouv&eacute; des solutions plus ou moins rapidement, plus ou moins adapt&eacute;es mais souvent superficielles. Or, tout probl&egrave;me de fond qui ne b&eacute;n&eacute;ficie pas d&rsquo;une analyse approfondie re&ccedil;oit des r&eacute;ponses de surface, laissant le ver dans le fruit jusqu&rsquo;au moment o&ugrave; la crise finit par envahir l&rsquo;ensemble. Pourtant, l&rsquo;embarcation poursuivait sa route jusqu&rsquo;au moment o&ugrave;, il y a peu, l&rsquo;h&ocirc;pital a &eacute;t&eacute; d&eacute;clar&eacute; et s&rsquo;est aussi manifest&eacute;, officiellement, en crise majeure, dont les gr&egrave;ves, &agrave; plusieurs reprises jusqu&rsquo;&agrave; r&eacute;cemment, juste avant la d&eacute;claration du covid 19, en &eacute;taient le t&eacute;moin. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;ouvrage n&rsquo;aborde pas la raison de la crise, sinon de fa&ccedil;on oblique, par l&rsquo;interm&eacute;diaire d&rsquo;un &eacute;v&egrave;nement symptomatique, v&eacute;cu en &eacute;quipe par le Service de l&rsquo;auteur, &agrave; l&rsquo;occasion de l&rsquo;une des r&eacute;unions habituelles. Constatant que depuis longtemps d&eacute;j&agrave;, de plus en plus de t&acirc;ches administratives incombent au personnel soignant, il pointe le fait que la justification de la pr&eacute;sence &agrave; temps plein du personnel soignant ne peut &ecirc;tre respect&eacute;e. Il l&rsquo;identifie comme un signe avant-coureur, &agrave; c&ocirc;t&eacute; d&rsquo;autres, annonciateur d&rsquo;un d&eacute;s&eacute;quilibre plus profond, impactant l&rsquo;ensemble des conditions de travail ainsi que la qualit&eacute; de l&rsquo;atmosph&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, induisant &agrave; n&rsquo;&ecirc;tre plus que le nez dans le guidon, selon l&rsquo;expression de l&rsquo;auteur. Dans ces conditions, les transformations silencieuses qui s&rsquo;op&egrave;rent ne sont plus perceptibles, faute de temps, d&eacute;stabilisent l&rsquo;ensemble et cachent bien souvent, la for&ecirc;t derri&egrave;re l&rsquo;arbre&nbsp;: une crise peut en cacher d&rsquo;autres ou dit autrement, tout traitement entrepris peut engendrer des effets secondaires plus graves encore que la maladie. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">C&rsquo;est ainsi que l&rsquo;auteur est confront&eacute; &agrave; un signe de malaise lorsqu&rsquo;un jeune membre d&rsquo;un cabinet de consulting nomm&eacute; pour intervenir sur les &eacute;tablissements hospitaliers, se pr&eacute;senta, bien qu&rsquo;annonc&eacute;, &agrave; une r&eacute;union, dans le but de d&eacute;velopper l&rsquo;objet de sa mission et les modalit&eacute;s de son d&eacute;roulement en introduisant son expos&eacute; ainsi&nbsp;: &laquo;&nbsp;tout en restant dans une d&eacute;marche d&rsquo;excellence, il fallait d&eacute;sormais transformer l&rsquo;h&ocirc;pital de stock en h&ocirc;pital de flux&nbsp;&raquo;, le tout agr&eacute;ment&eacute; de tableaux, de graphiques et de projections. Le tout se r&eacute;sumait &agrave; devoir appliquer une r&eacute;gulation nouvelle imp&eacute;rative en r&eacute;f&eacute;rence au param&egrave;tre DMS (dur&eacute;e moyenne des s&eacute;jours). </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;Si le langage utilis&eacute; para&icirc;t insolite, c&rsquo;est la certitude et le pouvoir dont il est le v&eacute;hicule, qui engendrent diff&eacute;rentes &eacute;motions et diverses analyses, dont le livre se fait l&rsquo;&eacute;cho, abordant le ph&eacute;nom&egrave;ne comme une &eacute;tude de cas. Car il est urgent de se rendre au-del&agrave; des mots, dans la vision du monde qu&rsquo;ils imposent et la mani&egrave;re de penser &agrave; laquelle ils soumettent. Il s&rsquo;agit d&rsquo;une injonction ext&eacute;rieure auto-proclam&eacute;e illustrant la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;adopter un autre regard pour consid&eacute;rer &agrave; la fois la comp&eacute;tence m&eacute;dicale et son rapport aux malades. Dit autrement, ce vocabulaire improbable venait apprendre aux m&eacute;decins et soignants qu&rsquo;il &eacute;tait possible de travailler autrement et mieux. C&rsquo;&eacute;tait donc l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;un rapport de pouvoir sans lutte puisque le vainqueur d&eacute;sign&eacute; venait donner les conclusions. Alors que jusque-l&agrave;, l&rsquo;un prend comme param&egrave;tre dominant l&rsquo;&eacute;tat du malade afin que sa sortie de l&rsquo;h&ocirc;pital garantisse la qualit&eacute; de l&rsquo;apr&egrave;s-s&eacute;jour tandis que l&rsquo;autre va focaliser sur les lits du service, vides ou occup&eacute;s, peu importe les occupants, dor&eacute;navant une inversion s&rsquo;impose. Le lit devient donc l&rsquo;unit&eacute;-&eacute;talon d&rsquo;une part et d&rsquo;autre part, un sous-entendu vient brouiller l&rsquo;ensemble dans la mesure o&ugrave; il suffit de changer de crit&egrave;res pour appliquer ces nouvelles modalit&eacute;s. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ne sachant pas de quelles connaissances relatives au monde hospitalier disposait le consultant, ni son cabinet, l&rsquo;auteur a cherch&eacute; &agrave; en savoir davantage en identifiant l&rsquo;employeur de cet intervenant. Sur le site du cabinet, l&rsquo;auteur lit&nbsp;: leader mondial du consulting &ndash; formation en transformation des id&eacute;es en business model et aide &agrave; la durabilit&eacute; des processus innovants. De plus, ce leader faisait &eacute;tat de qualifications tr&egrave;s larges, disposant d&rsquo;un nombre important d&rsquo;experts dans presque tous les domaines d&rsquo;activit&eacute;s. La boucle est boucl&eacute;e dans la mesure o&ugrave; l&rsquo;h&ocirc;pital public fait partie du registre de comp&eacute;tences et sans doute des r&eacute;f&eacute;rences peuvent &ecirc;tre produites. Comment qualifier ce vocable insolite&nbsp;? De la communication. L&rsquo;auteur se souvient avoir d&eacute;j&agrave; aper&ccedil;u ce langage dans quelques mails, comptes rendus de r&eacute;unions, gazette du CHU, etc...</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Il est indispensable de rappeler que l&rsquo;ouvrage n&rsquo;est pas l&agrave; pour discr&eacute;diter un n&eacute;cessaire redressement financier de la situation hospitali&egrave;re, qu&rsquo;il ne d&eacute;nonce pas le besoin d&rsquo;agir dans ce sens afin de trouver des solutions pertinentes et durables. Il met en lumi&egrave;re les modalit&eacute;s dans lesquelles l&rsquo;amont de la mise en &oelig;uvre des solutions pr&eacute;conis&eacute;es par l&rsquo;ext&eacute;rieur, ext&eacute;riorise en r&eacute;alit&eacute;, tout ce qui fait qu&rsquo;un h&ocirc;pital n&rsquo;est pas une entit&eacute; comme une autre, d&rsquo;une part et d&rsquo;autre part, que chaque entit&eacute; repose sur une l&eacute;gitimit&eacute; dont ne retenir que l&rsquo;aspect quantifiable de son activit&eacute; conduit &agrave; en discr&eacute;diter le contenu jusqu&rsquo;&agrave; m&ecirc;me d&eacute;l&eacute;gitimer l&rsquo;entit&eacute; en le vidant de ce qui concerne le respect de la subjectivit&eacute; dans l&rsquo;exercice d&rsquo;un m&eacute;tier, ce qui n&rsquo;est pas &laquo;&nbsp;standardisable&nbsp;&raquo; et est m&ecirc;me reconnu, puisque nous pouvons encore choisir notre m&eacute;decin, mais alors jusqu&rsquo;&agrave; quand. En effet, sortir de l&rsquo;h&ocirc;pital ne repose pas toujours sur des certitudes que dans un jour ou deux...., d&egrave;s maintenant il est possible de l&rsquo;envisager mais sur un rapport entre la prudence n&eacute;cessaire et l&rsquo;observation de l&rsquo;&eacute;tat du malade au quotidien. En voulant combler le foss&eacute; financier, ce sont des foss&eacute;s humains qui sont creus&eacute;s. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Or, ne nous trompons pas, ce cas est le signe que la soci&eacute;t&eacute; mat&eacute;rialiste que nous construisons, dont l&rsquo;approche m&eacute;caniste s&rsquo;appuie sur ce qui est objectivable, tangible, quantifiable, est en train de mettre en place toute une infrastructure limitant le qualifiable comme tol&eacute;rance et le subjectif comme esth&eacute;tique. L&rsquo;approche binaire sous-tendue du malade (malade ou pas) occulte un aspect du vivant qu&rsquo;il ne suffit pas d&rsquo;&ecirc;tre vivant pour n&rsquo;&ecirc;tre pas mort. Nous savons que les graves maladies sont pr&eacute;c&eacute;d&eacute;es souvent par des p&eacute;riodes o&ugrave; les malades ne se sentent &laquo; pas bien, fatigu&eacute;s&nbsp;&raquo;&nbsp;; que vaut l&rsquo;expression &laquo;&nbsp;ne pas se sentir bien&nbsp;&raquo; dans le monde mat&eacute;rialiste qui va nous lancer l&rsquo;imp&eacute;ratif &agrave; d&eacute;cider&nbsp;entre fonctionner bien ou pas&nbsp;? Sommes-nous consentant &agrave; nous r&eacute;duire &agrave; des machines au moment o&ugrave; de multiples recherches dans le monde mettent en exergue les interactions causales entre soma et psych&eacute;, semant la confusion entre cause et effet&nbsp;? </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Cette confrontation entre le monde des certitudes quantifiables qui affirme que tout est quantifiable, priorise l&rsquo;image &agrave; donner &agrave; voir pour &ecirc;tre identifiable, ce qui induit l&rsquo;id&eacute;e que l&rsquo;humain doit se conformer &agrave; ce qu&rsquo;il sera imp&eacute;ratif de montrer, et donc de cacher le reste. Le probl&egrave;me se pose lorsqu&rsquo;une personne, soign&eacute;e pour une grave maladie, souhaite revenir travailler&nbsp;: la peur de ses coll&egrave;gues et les objectifs ambiants rendent difficile une insertion sociale et professionnelle et donc la vie, tout court. Car, plut&ocirc;t que de parler de l&rsquo;h&ocirc;pital comme une industrie, c&rsquo;est ce type de soci&eacute;t&eacute; qui le deviendra, industrieuse dans le sens d&rsquo;une production de consommateurs adapt&eacute;s aux plaisirs de la mise en en sc&egrave;ne de la vie quotidienne (pour reprendre le titre de l&rsquo;ouvrage d&rsquo;Erwin Goffman). </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La question est donc &eacute;minemment politique et peut s&rsquo;appr&eacute;hender sous deux angles de vue&nbsp;: l&rsquo;un du point de vue soci&eacute;tal et l&rsquo;autre du point de vue psychologique individuel, sachant qu&rsquo;&agrave; partir du moment o&ugrave; l&rsquo;apparence doit rassurer, la mise en conformit&eacute; de chacun sera le produit d&rsquo;une auto-censure permanente, et donc d&rsquo;une dictature int&eacute;rieure et int&eacute;rioris&eacute;e. Tout cela n&rsquo;est pas &eacute;tonnant mais questionne tout de m&ecirc;me (il est encore temps&nbsp;!)&nbsp;selon deux perspectives&nbsp;: </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt">- </span><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">la premi&egrave;re concerne la soci&eacute;t&eacute; dans laquelle nous sommes immerg&eacute;s, qui s&rsquo;&eacute;vertue &agrave; ne consid&eacute;rer l&rsquo;&ecirc;tre humain que comme un objet comme un autre, diff&eacute;rentes &eacute;tiquettes ayant &eacute;t&eacute; pr&eacute;vues pour le caract&eacute;riser en le circonscrivant&nbsp;: malade, patient, b&eacute;n&eacute;ficiaire, citoyen, &eacute;tudiant, professeur, etc... Cette diversit&eacute; est op&eacute;ratoire mais elle a l&rsquo;inconv&eacute;nient de ne retenir que l&rsquo;aspect comportemental observable dans les exp&eacute;riences, occultant le fait que chacun est chaque un, en nous proposant de croire qu&rsquo;un malade se r&eacute;duit &agrave; ce qui est visible et quantifiable. Malgr&eacute; les diff&eacute;rentes &eacute;tiquettes auxquelles nous avons fait r&eacute;f&eacute;rence, aucune ne peut pr&eacute;tendre appr&eacute;hender l&rsquo;humain dans sa globalit&eacute; et dans l&rsquo;expression &laquo;&nbsp;h&ocirc;pital de stock&nbsp;&raquo;, le stock est repr&eacute;sent&eacute; par les malades r&eacute;duits &agrave; leur plus simple expression, ce qui facilite la pens&eacute;e et l&rsquo;analyse des gestionnaires, pas des m&eacute;decins.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-bottom:14px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt">- </span><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">la seconde conduit &agrave; constater la pudeur scientifique &agrave; l&rsquo;&eacute;gard du sujet &laquo;&nbsp;&ecirc;tre humain&nbsp;&raquo; avec laquelle la science n&rsquo;est pas &agrave; l&rsquo;aise car comment le d&eacute;finir&nbsp;? C&rsquo;est incompr&eacute;hensible d&rsquo;imaginer que n&rsquo;ayant pas encore trouv&eacute; de d&eacute;finition de l&rsquo;humain, il est impossible de s&rsquo;y r&eacute;f&eacute;rer de fa&ccedil;on cr&eacute;dible, de constater que l&rsquo;humain est rel&eacute;gu&eacute; au niveau d&rsquo;un objet (&eacute;l&eacute;ment d&rsquo;une situation ou d&rsquo;une exp&eacute;rience), sauf &agrave; envisager qu&rsquo;il est une machine &agrave; produire des &eacute;motions quantifiables et identifiables en fonction des situations sociales. Devons-nous nous soumettre &agrave; l&rsquo;id&eacute;e que tant qu&rsquo;une d&eacute;finition faisant l&rsquo;unanimit&eacute; scientifique, l&rsquo;&ecirc;tre humain doit &ecirc;tre ignor&eacute; dans sa substance anthropologique et ontologique&nbsp;? Enfin, une bonne partie des neurosciences ne confondent-elles pas les circuits et processus avec ce qui circulent &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur, ce qui en est la substance&nbsp;? <a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[1]</span></span></span></span></span></a></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Cette attitude d&eacute;lib&eacute;r&eacute;ment mat&eacute;rialiste est-elle consciente que ses affirmations s&rsquo;appuient sur un paradoxe&nbsp;: l&rsquo;humain est au centre de l&rsquo;activit&eacute; de la soci&eacute;t&eacute; et c&rsquo;est par son canal et sa d&eacute;lib&eacute;ration que tout existe, mais plus pr&eacute;cis&eacute;ment encore c&rsquo;est parce qu&rsquo;il est vivant, sensible et donc singulier. Aucun scientifique n&rsquo;a encore saisi la Vie au bout d&rsquo;un scalpel et finalement consid&egrave;re que l&rsquo;observateur que cette Vie dont il est porteur, lui permet de penser, d&rsquo;analyser, de former des hypoth&egrave;ses, de r&ecirc;ver et d&rsquo;imaginer, d&rsquo;&ecirc;tre vivant pour exister. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ces pros&eacute;lytes de la soci&eacute;t&eacute; mat&eacute;rialiste qui acceptent implicitement de prioriser l&rsquo;humain comme l&rsquo;objet de leurs interventions, finiront par devoir se situer dans une perception d&rsquo;eux-m&ecirc;mes&nbsp;: &ecirc;tre un objet ou un humain, le vocable de sujet n&rsquo;&eacute;tant qu&rsquo;une autre approche de l&rsquo;humain, objectiv&eacute; comme &laquo;&nbsp;sujet&nbsp;&raquo; et non plus comme &laquo;&nbsp;objet&nbsp;&raquo; mais ce sujet reste un objet, l&rsquo;objet de ce qu&rsquo;il produit.</span></span></span></span></span></p> <p align="right" style="text-align:right; margin-bottom:14px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Jeanine MUDRYK-CROS</span></span></span></span></span></p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:">[1]</span></span></span></span></span></a> Velut, St&eacute;phane. Tracts (N&deg;12) - L&rsquo;H&ocirc;pital, une nouvelle industrie (French Edition) (p. 6). Editions Gallimard.</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText">&nbsp;</p> </div> </div>