<r2r:ml lang="fr"><p class="resume" dir="ltr">Lorsque dans les années 60 la plupart des pays africains devenaient des Etats indépendants, le monde était encore dans la guerre froide ponctuée par une lutte idéologique acharnée opposant le bloc socialiste aux pays capitalistes. A l’analyse, cette guerre n’était que le reflet des luttes de classes internes à ces pays dits développés. Pour mettre l’Afrique à l’abri des influences de cette lutte idéologique, pour sauvegarder la stabilité des jeunes et fragiles Etats africains, les premiers dirigeants de l’Afrique indépendante brandissent la thèse de l’unité africaine traditionnelle longtemps clabaudée par une grande partie de l’intelligentsia africaine. <br />Mais cette thèse n’est pas sans dessous pernicieux ni sans conséquences négatives sur le développement de l’Afrique et sur son cheminement vers un Etat démocratique.<br />1- Par ses incessants appels au retour aux « valeurs africaines de civilisation », la thèse de l’unité africaine traditionnelle a servi d’alibi aux dirigeants africains pour trier sur le volet les valeurs traditionnelles qui convenaient au renforcement de leur pouvoir personnel. <br />2- En niant l’existence des classes sociales en Afrique et en méprisant l’importance de la lutte de classe dans la transformation et le développement de la société, la thèse de l’unité africaine traditionnelle a donné aux dirigeants africains l’occasion belle de tourner le dos au pluralisme politique et à l’alternance du pouvoir. De ce fait, elle a frayé pour l’Afrique le chemin de la pensée unique, du pouvoir unique, du dirigeant unique et du parti unique.<br />3- De même, par sa théorie de la « classe- tribu », corollaire de la négation des classes, la thèse de l’unité africaine traditionnelle en substituant en Afrique les tribus aux classes et les luttes tribales aux luttes de classe, a ouvert les portes de « l’unité africaine » aux divisions sociales et aux guerres civiles, mettant ainsi en cause sa propre existence. <br />4- En ramenant dans les années 60 de nombreux Etats africains du multipartisme (ou bipartisme) au parti unique, la thèse de l’unité africaine traditionnelle a instauré et légitimé des pouvoirs dictatoriaux et totalitaires et du coup a fait une croix sur l’avènement d’une véritable démocratie en Afrique.</p></r2r:ml><r2r:ml lang="en"><p class="abstract" dir="ltr">When most countries became independent states in the 1960s, the cold war still prevailed in the world, highlighted by a fierce ideological struggle between the socialist group and the capitalist countries. When one thinks about it, it appears that this was but the expression of the internal class struggle within these so-called developed countries. In order to protect Africa from the effects of this ideological struggle, in order to safeguard the stability of the new and fragile African states, the first ruling classes of independent Africa laid emphasis on the thesis of the traditional African unity which had long been urgently demanded by a major part of African intellectuals.<br />But this thesis lacks neither pernicious undertones nor negative consequences regarding the development of Africa and its progress towards a democratic state.<br />1- By means of unceasing appeals to revert to “African values of civilization”, the thesis of the traditional African unity has served as an alibi for African ruling classes to choose the best traditional values that suited the strengthening of their personal power.<br />2- By denying the existence of social classes in Africa and despising the importance of the social class struggle in the transformation and development of societies, the thesis of the traditional African unity has provided the African ruling classes with the opportunity to turn their back to political pluralism and power alternation. In so doing, it has cleared a path to, the sole leader and the sole political party in Africa.<br />3- Likewise, by means of its “class-tribe” theory which is corollary to the denial of classes, the thesis of the traditional African unity has given rise to social divisions and civil wars regarding “African unity” by substituting tribes to classes and tribal struggles to class struggles, thus questioning its own existence.<br />4- By bringing numerous African states from multipartism (or bipartism) to the sole party in the 1960s, the thesis of the traditional African unity has instituted and legitimated dictatorial and totalitarian powers and as a result it has up true democracy in Africa for good.</p></r2r:ml>