<p class="texte" dir="ltr">La citoyennet&eacute; est le droit d&rsquo;appartenance des individus &agrave; une entit&eacute; politique reconnue: l&rsquo;Etat-nation. C&rsquo;est une forme d&rsquo;organisation juridiquement &eacute;tablie sur la base d&rsquo;un pouvoir l&eacute;gitime et d&rsquo;une nation reconnue. Les premiers &eacute;tats occidentaux sont les cit&eacute;s grecques issues d&rsquo;un long processus historique, juridique, social, politique et culturel.</p> <p class="texte" dir="ltr">La Nation-Etat (subtile alchimie de raison et de sentiments) a formul&eacute; des demandes politiques et des principes normatifs communs, des valeurs (comportements de grande force symbolique) et des croyances communes, issues des&nbsp; exp&eacute;riences pass&eacute;es,&nbsp; jusqu&rsquo;au point de se transformer en culture collective, voire en communaut&eacute; de destin pour l&rsquo;ensemble des ses membres, d&rsquo;autant plus qu&rsquo;ils posedent le statut de citoyens.</p> <p class="texte" dir="ltr">La transmission de ces &eacute;l&eacute;ments affectivo-cognitifs, via les m&eacute;canismes de socialisation et les pouvoirs de contr&ocirc;le (physique et psychologique), permet le maintien de la coh&eacute;sion nationale et de l&rsquo;int&eacute;gration des vagues successives de nouveaux membres.</p> <p class="texte" dir="ltr">Certes, la conception moderne de la citoyennet&eacute; trouve sa forme matricielle dans l&rsquo;ancienne cit&eacute; grecque, car le citoyen est n&eacute; d&rsquo;une volont&eacute; de rendre l&rsquo;opinion personnelle en opinion collective, libre et &eacute;gale pour tous, mais l&rsquo;acte d&rsquo;ob&eacute;issance de chacun est une condition n&eacute;cessaire, dont l&rsquo;Etat exerce une autorit&eacute; qui veuille pour maintenir un &eacute;quilibre &eacute;quitable sous le contr&ocirc;le de tous. C&rsquo;est le sens originaire de l&rsquo;id&eacute;al de la R&eacute;publique et la force du principe d&eacute;mocratique. Et, l&agrave; se place la diff&eacute;rence entre la notion de sujet&nbsp;et celle de citoyen&nbsp;: le premier adh&egrave;re &agrave; une personne qui repr&eacute;sente et exerce une autorit&eacute; irr&eacute;vocable (tyrannie, monarchie de droit divin ou absolue, dictature), tandis que le second le fait &agrave; une institution&nbsp; &agrave; travers un dispositif d&eacute;lib&eacute;ratif et une m&eacute;thode &eacute;lective qui permet le choix entre &eacute;gaux. &nbsp;Et si bien, le cadre de l&rsquo;approche r&eacute;publicaine est rationnel, il serait une erreur de s&eacute;parer la nation r&eacute;publicaine dans son esprit de sa r&eacute;alit&eacute; affective. Le droit des nations est un m&eacute;lange de sentiments et de raisons, ainsi la citoyennet&eacute; offre un moyen pour renforcer la synth&egrave;se qui rend la coh&eacute;sion possible et souhaitable.</p> <p class="texte" dir="ltr">Dans l&rsquo;origine de la citoyennet&eacute;, nul besoin pour un citoyen d&rsquo;&ecirc;tre expert pour agir politiquement. Certes, la citoyennet&eacute; exige un regard multiple et global, et une certaine capacit&eacute; &agrave; se r&eacute;clame d&rsquo;un ensemble des connaissances: historiques, juridiques, sociologiques, culturelles, anthropologiques et, bien entendu, psychologiques. C&rsquo;est l&agrave; que l&rsquo;&eacute;ducation civique est un atout pour ins&eacute;rer la culture &agrave; la citoyennet&eacute;, et le citoyen dans la connaissance.</p> <p class="texte" dir="ltr">C&rsquo;est justement le point de d&eacute;part de la psychologie politique qui propose une d&eacute;marche &laquo;&nbsp;totale&nbsp;&raquo; pour analyser et comprendre les questions socialement situ&eacute;es et dat&eacute;es. Car, l&rsquo;ici et le maintenant d&rsquo;une p&eacute;riode ne peut pas exclure les tendances longues qui composent et entrem&ecirc;lent tradition et actualit&eacute; jusqu&rsquo;au point de forger une vision &agrave; la fois du pass&eacute; et de l&rsquo;avenir. D&rsquo;o&ugrave; le besoin de comprendre tous (ou le plus grand nombre) des &eacute;l&eacute;ments qui surd&eacute;terminent et voilent la perception sociale des faits et des &eacute;v&eacute;nements.</p> <p class="texte" dir="ltr">C&rsquo;est l&agrave; une de raisons de saisir les probl&egrave;mes politiques comme un choix &eacute;pist&eacute;mique globale &agrave; partir d&rsquo;une proposition heuristique pr&eacute;alable. Cela est synth&eacute;tis&eacute; - nolens volens &ndash; dans le tableau suivant et discut&eacute; en d&eacute;tail dans un ouvrage r&eacute;cent (Dorna 2003).</p> <p class="texte" dir="ltr"><strong>Rappel de notre sch&eacute;ma heuristique.</strong></p> <p class="texte" dir="ltr" style="margin: 0.1945in 0in; text-indent: 0in; text-align: center;"><img alt="Image1" src="https://numerev.com/images/cpp/docannexe/image/1006/img-1.png" style="width:4.3646inch;height:5.1252inch;margin-left:0.0in;margin-right:0.0in;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0.0602in;padding-bottom:0.0602in;padding-left:0.1102in;padding-right:0.1102in;border:none" /></p> <p class="texte" dir="ltr"><a id="Image17Cgraphics"></a>Penser la citoyennet&eacute; du point de vue de la psychologie politique, veut dire, aujourd&rsquo;hui, se poser plusieurs questions qui liant les comportements humains au contexte soci&eacute;tal ne peuvent que s&rsquo;interpr&eacute;ter dans les dimensions historiques et culturelles profondes d&rsquo;une communaut&eacute; de destin &agrave; un moment donn&eacute;.</p> <p class="texte" dir="ltr">A savoir&nbsp;:</p> <ul class="listlevel1WW8Num27"> <li> <p class="puces" dir="ltr">Le regime politique, ici la d&eacute;mocratie, au sens ancien et moderne du terme.</p> </li> <li> <p class="puces" dir="ltr">Le poids de l&rsquo;h&eacute;ritage culturel de la soci&eacute;t&eacute; moderne.</p> </li> <li> <p class="puces" dir="ltr">Le contenu des id&eacute;aux et la pratique des comportements politiques</p> </li> <li> <p class="puces" dir="ltr">Le fonctionnement des m&eacute;canismes de la coh&eacute;sion sociale.</p> </li> </ul> <p class="texte" dir="ltr">Il faut s&rsquo;interroger parall&egrave;lement sur les ant&eacute;c&eacute;dents de ces questions, de leurs enjeux et leurs cons&eacute;quences. D&rsquo;o&ugrave; le besoin d&rsquo;une mise en perspective des malaise, des insuffisances et de la d&eacute;composition de la modernit&eacute;, autant que de la perte de coh&eacute;sion nationale, les incoh&eacute;rences des politiques, l&rsquo;ambigu&iuml;t&eacute; de repr&eacute;sentativit&eacute; et la re-&eacute;mergence de la probl&eacute;matique populiste et les dangers d&rsquo;un retour &agrave; des formes autoritaires de gouvernement.</p> <p class="texte" dir="ltr">Enfin, la question de la citoyennet&eacute;, de fil en aiguille, nous force &agrave; &eacute;tudier, &agrave; la fois, la crise de sens des citoyens modernes et le sens des crises de la soci&eacute;t&eacute; contemporaine, les impasses de la gouvernance, les incertitudes et les d&eacute;faillances de la d&eacute;mocratie repr&eacute;sentative.</p> <h1 dir="ltr" id="heading1">1.- La crise d&eacute;mocratie moderne&nbsp;: l&rsquo;itin&eacute;raire extraordinaire d&rsquo;une id&eacute;e devenue banale.</h1> <p class="texte" dir="ltr">La question psychologie de la d&eacute;mocratie renvoie &agrave; la fois &agrave; une pens&eacute;e et &agrave; une pratique, lesquelles sont sur d&eacute;termin&eacute;es&nbsp;par le contexte politique, les types d&rsquo;interaction, les r&ocirc;les et les id&eacute;ologies qui (de)forment les soci&eacute;t&eacute;s.</p> <p class="texte" dir="ltr">R&eacute;sumons&nbsp;: contrairement au psychologisme g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;, il est moins sur de chercher dans le &laquo;&nbsp;dedans&nbsp;&raquo; individuel les sources explicatives, la port&eacute;e et les limites de la citoyennet&eacute;. Non plus l&rsquo;origine des crises d&eacute;mocratiques, actuellement aigues. En revanche, il (nous) semble pr&eacute;f&eacute;rable de regarder le &laquo;&nbsp;dehors&nbsp;&raquo;, c&#39;est-&agrave;-dire se pencher sur les structures organisationnelles et les processus de civilisation qui surd&eacute;terminent la condition humaine soci&eacute;tale, et influencent les moments de rupture et/ou les continuit&eacute;s historiques. La crise n&rsquo;est jamais le r&eacute;sultat d&rsquo;une causalit&eacute; unique, mais la consequence des causes multiples, et dans le cas des crises politiques le t&eacute;lescop&eacute;es par avalanche d&rsquo;aveuglements, maladresses ou les erreurs coupables des gouvernants.</p> <p class="texte" dir="ltr">Certes, il faut convenir d&rsquo;embl&eacute;e que la notion de crise est charg&eacute;e d&rsquo;ambigu&iuml;t&eacute;&nbsp;: est-elle la fin d&rsquo;une p&eacute;riode, ou la naissance d&rsquo;un autre&nbsp;? Mais, g&eacute;n&eacute;ralement, le mot crise est une mani&egrave;re de signaler que &ldquo;quelque chose ne va pas&rdquo; selon la formule d&eacute;pouill&eacute;e de Morin (1976). Ainsi, penser la crise est tenter de comprendre les convulsions et les vicissitudes d&rsquo;un processus qui m&egrave;ne &agrave; une rupture faite des entrem&ecirc;l&eacute;s, des continuit&eacute;s et des semi-d&eacute;tournements sur fond de tradition et parfois de trahison. Plus une crise est profonde, plus les noyaux structurants de l&#39;identit&eacute; collective et individuelle sont touch&eacute;s. Et, pourtant, la m&eacute;moire flanche.</p> <p class="texte" dir="ltr">C&rsquo;est bien le cas &agrave; l&rsquo;heure actuelle l&rsquo;impression de la crise moderne. L&#39;homme est confront&eacute; &agrave; un cadre flou et souvent chaotique, dont les rep&egrave;res se transforment si rapidement qu&rsquo;il est devenu presque impossible d&rsquo;en saisir le sens avant que d&rsquo;autres sens n&rsquo;apparaissent. Tr&egrave;s difficile donc de se faire une id&eacute;e d&#39;ensemble et de trouver un fil conducteur de la r&eacute;alit&eacute; dont la crise est le r&eacute;sum&eacute;. Encore&nbsp;: c&rsquo;est le paradoxe de constater que le sens n&rsquo;est pas le produit de soi m&ecirc;me, mais l&rsquo;amalgame des multiples sens venant d&rsquo;autres et la synth&egrave;se d&rsquo;une totalit&eacute; fuyante. Les fondations sociales, politiques, &eacute;thiques et scientifiques vacillent jusqu&rsquo;au point que l&rsquo;homme moderne &eacute;prouve le sentiment d&#39;&ecirc;tre dans un d&eacute;dale incompr&eacute;hensible o&ugrave; personne ne semble capable de comprendre l&#39;ordre du monde ni de le mettre &agrave; la port&eacute;e de tous. Il y a l&agrave;, tous les ingr&eacute;dients r&eacute;unis pour un retour au sentiment tragique de la vie et &agrave; la qu&ecirc;te d&rsquo;une cosmologie presque perdue, mais toujours ressentie au fond de nous m&ecirc;mes. Car l&rsquo;attente d&rsquo;un &eacute;clairage nouveau, est lourde en cons&eacute;quences id&eacute;ologiques et politiques, sans forcement se rend compte que cela risque de mettre en cause le syst&egrave;me politique en lui-m&ecirc;me et notre propre perception du sens.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Faut-il rappeler que psychologiquement les &eacute;tats de crise &nbsp;sont des moments d&rsquo;une grande inqui&eacute;tude, diffuse et saccad&eacute;e, au milieu des &eacute;v&eacute;nements ordinaires per&ccedil;us avec angoise et &eacute;garement. D&rsquo;o&ugrave; le sentiment de trouble et de malaise, d&rsquo;incertitude et de d&eacute;sir de fusion. Rien d&rsquo;&eacute;tonnant alors que &nbsp;la notion de citoyennet&eacute; se trouve en errance et en qu&ecirc;te de rep&egrave;res verticaux, voire d&rsquo;autorit&eacute; hi&eacute;rarchique.</p> <p class="texte" dir="ltr">Il est donc utile, pour mieux harponner ces propos, d&rsquo;exposer bri&egrave;vement les phases d&rsquo;une crise, tout en gardant &agrave; l&rsquo;esprit leur pertinence dans le cas de la d&eacute;mocratie repr&eacute;sentative moderne.&nbsp;</p> <p class="texte" dir="ltr">a) Le moment de pr&eacute;paration. C&rsquo;est une p&eacute;riode de latence et d&rsquo;ind&eacute;cision dans un contexte de conflits antagonistes. Il y a une impression subjective de &ldquo;coupe pleine&rdquo; et de &ldquo;ral bol&rdquo;, de statu quo oppressant et de malaise existentiel.</p> <p class="texte" dir="ltr">b) Le moment de rupture manifeste&nbsp;: c&rsquo;est soudain un &eacute;v&eacute;nement, parfois presque anodin qui est le d&eacute;clencheur des avalanches, dont les causes restent g&eacute;n&eacute;ralement impr&eacute;cises&nbsp;; c&rsquo;est une r&eacute;action brutale et fracassant devant une apathie contagieuse qui se transforme en menace et en effervescence collective. C&rsquo;est l&rsquo;effet jeu de quilles.</p> <p class="texte" dir="ltr">c) Le moment de la recherche d&rsquo;un nouveau &eacute;quilibre. Nouvelle vision d&rsquo;ensemble, nouveau personnel aux commandes, participation des masses, enthousiasme et espoir. P&eacute;riode d&rsquo;apaisement de la parole et des gestes.</p> <p class="texte" dir="ltr">d) Le moment de l&rsquo;apr&egrave;s crise&nbsp;: retour &agrave; une nouvelle forme de continuit&eacute; (routine) et la mise en place d&rsquo;une nouvelle &eacute;lite, toute dispos&eacute;e &agrave; transformer les mythes en rites d&rsquo;expiation.</p> <p class="texte" dir="ltr">Reprenons le constat rapidement esquiss&eacute;. Aujourd&rsquo;hui, la d&eacute;mocratie se trouve au milieu d&rsquo;une phase prolong&eacute;e de pr&eacute;paration. Metaphoriquement&nbsp;: au milieu du gu&eacute;. La democratie moderne n&rsquo;a pas r&eacute;alis&eacute; ses objectifs d&rsquo;origine, mais progressivement s&rsquo;est install&eacute;e dans un statu-quo dont la gestion se trouve dans les mains d&rsquo;une oligarchie politique et &eacute;conomique, futile et cynique, mais maligne et intelligente. Bref, c&rsquo;est une caste professionnelle, capable de g&eacute;rer la crise avec duplicit&eacute; et tact, toujours dispos&eacute;e &agrave; l&acirc;cher de leste et &agrave; composer avec l&rsquo;adversit&eacute;, afin de gagner du temps dans une fuite en avant ou la rationalit&eacute; derni&egrave;re dissimule &agrave; peine une certaine mystique plut&ocirc;t qu&rsquo;une fatalit&eacute;, et beaucoup de croyance dans la fortune et la bonne &eacute;toile que seul le temps peut r&eacute;v&eacute;ler.&nbsp; Laisser le temps au temps est devenu la devise des aventuriers de la modernit&eacute;.</p> <p class="texte" dir="ltr">Or, les contradictions entre l&rsquo;id&eacute;al et la pratique ne cesse de peser sur le fonctionnement du syst&egrave;me et le comportement des citoyens. Le sentiment de &ldquo;coupe pleine&rdquo; est de plus en plus partag&eacute; para les grandes majorit&eacute;s. D&rsquo;o&ugrave; la tendance des peuples &agrave; parier soit sur une fuite en avant soit sur un retour aux sources. C&rsquo;est un &eacute;tat d&rsquo;&acirc;me&nbsp;qui vacille entre le r&eacute;alisme et l&rsquo;utopie, entre le conformisme ou la r&eacute;volte, en attendant que la mar&eacute;e monte afin surfer sur une lame de fond (pr&eacute;visible) qui se pointe sur les structures sociales et les gouvernants.</p> <h1 dir="ltr" id="heading2">2.- Un regard sur les fondements de la citoyennet&eacute;.</h1> <p class="texte" dir="ltr">La citoyennet&eacute; moderne (en France) est un fait politique issue de l&rsquo;effondrement du r&eacute;gime monarchique et l&rsquo;&eacute;mergence charismatique des&nbsp; institutions r&eacute;publicaines &agrave; coup de grandes d&eacute;clarations, actes h&eacute;ro&iuml;ques et &eacute;v&eacute;nements rocambolesques, dont la symbolique est l&agrave; pour impressionner les acteurs autant que les spectateurs.</p> <p class="texte" dir="ltr">Hier le ma&icirc;tre mot (avec Rousseau) de citoyennet&eacute; avait comme pivot la souverainet&eacute; nationale et populaire. Cela a permis &agrave; la Nation de se doter d&rsquo;un r&eacute;gime d&eacute;mocratique et d&rsquo;un d&rsquo;Etat R&eacute;publicain, autant que d&rsquo;une l&eacute;gende glorieuse et immacul&eacute;e, malgr&eacute; les erreurs, les turpitudes et les aberrations d&rsquo;une g&eacute;n&eacute;ration qui s&rsquo;est crue inspir&eacute;e de la gr&acirc;ce des &eacute;poques h&eacute;ro&iuml;ques de l&rsquo;histoire, lorsque les dieux ont soif et l&rsquo;hubris se d&eacute;cha&icirc;ne.</p> <p class="texte" dir="ltr">En ce moment l&agrave;, l&rsquo;id&eacute;ologique de la citoyennet&eacute; faisait appel aux droits de l&rsquo;homme et du citoyen. L&rsquo;homme devenait &agrave; nouveau membre &agrave; part enti&egrave;re de la cit&eacute; (l&rsquo;&eacute;tat-nation). La synth&egrave;se si attendue semblait trouver les mots justes dans la devise flamboyante de la R&eacute;publique fran&ccedil;aise&nbsp;: libert&eacute;, &eacute;galit&eacute;, fraternit&eacute;.</p> <p class="texte" dir="ltr">Voil&agrave; pour l&rsquo;id&eacute;al. Or, la pratique (nous) montre une autre chose.</p> <p class="texte" dir="ltr">La brillance de l&rsquo;id&eacute;al citoyen de la Grande R&eacute;volution s&rsquo;est &eacute;tiol&eacute; durant le XIX et le XX si&egrave;cle&nbsp;: l&rsquo;empire, la restauration, le second empire, la commune. Il a fallut attendre la IIIe R&eacute;publique pour retrouver l&rsquo;&eacute;lan d&rsquo;origine et l&rsquo;esprit la&iuml;que pour redonner &agrave; la citoyennet&eacute; son rang.</p> <p class="texte" dir="ltr">A m&ecirc;me temps, c&rsquo;est la p&eacute;riode de la pr&eacute;sence exacerb&eacute;e d&rsquo;un clivage droite-gauche (p&acirc;le reflet de l&rsquo;opposition ancien r&eacute;gime vs R&eacute;publique), et l&rsquo;implantation d&rsquo;un processus de d&eacute;mocratie repr&eacute;sentative qui m&egrave;ne apr&egrave;s de nombreuses escarmouches politiques au suffrage universel. Or,&nbsp; dans ce cadre, avec le temps, la citoyennet&eacute; deviendra, lamentablement, &nbsp;une fade caricature, amorphe et anodine. La R&eacute;publique sera per&ccedil;ue comme un bastion conservateur et la d&eacute;mocratie de plus en plus conformiste. Le souffle du changement ne passe gu&egrave;re et l&rsquo;opinion publique est de moins en moins critique. Quant aux &eacute;lections, le v&eacute;cu &eacute;lectoral &nbsp;pr&eacute;cipite une d&eacute;ception politique g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e, dont la formule &laquo;&nbsp;&eacute;lection pi&egrave;ge &agrave; c&hellip;&nbsp;&raquo; est encore parlante.&nbsp;</p> <p class="texte" dir="ltr">Ouvrons une parenth&egrave;se. Les r&eacute;sultats du referendum du 29 mai 2005 avec un refus massif au projet de constitution europ&eacute;enne est un exemple criant, par del&agrave; des clivages classiques, d&rsquo;une formidable crise politique. C&rsquo;est la nature m&ecirc;me de la d&eacute;mocratie, en tant que m&eacute;thode politique et l&rsquo;interpr&eacute;tation historique de la notion de R&eacute;publique qui se r&eacute;v&egrave;lent en question.</p> <p class="texte" dir="ltr">Reprenons le fil du raisonnement. Il r&eacute;sulte na&iuml;f ou cynique de s&rsquo;interroger, aujourd&rsquo;hui, &agrave; propos de comment la d&eacute;mocratie repr&eacute;sentative s&rsquo;est transform&eacute;e en oligarchie ou de comment les appareils politiques sont devenus des machines &eacute;lectorales afin de reproduire des structures de pouvoir et des &eacute;lites gouvernantes de plus en plus d&eacute;connect&eacute;es de la r&eacute;alit&eacute; sociale et jalousement accroch&eacute;es &agrave; leurs privil&egrave;ges. Les analys&eacute;s devenues classiques de Robert Michels (1911), dont la loi de fer de l&rsquo;oligarchie est une invariante organisationnelle, illustrent si bien les m&eacute;canismes psychosociologiques du pouvoir politique que l&rsquo;observation de faits actuels ne peuvent que les confirmer. La conclusion est claire&nbsp;: ce sont les minorit&eacute;s technocratiques qui rendent la citoyennet&eacute; superflue et pervertissent la politique au sens citoyen du terme, jusqu&rsquo;au point de pr&eacute;cipiter l&rsquo;effondrement de la culture r&eacute;publicaine d&eacute;mocratique. La politique n&rsquo;est pas l&rsquo;affaire de tous les citoyens. Mais, nous avons le devoir de poser la question&nbsp;: l&rsquo;a jamais &eacute;t&eacute;&nbsp;?</p> <p class="texte" dir="ltr">Ajoutons que la victoire (probablement a la &ldquo;Pyrrhus&rdquo;) du n&eacute;o-lib&eacute;ralisme de la fin des ann&eacute;es 70 (les Chicago boys, Mme Tchacher et Pinochet &agrave; la t&ecirc;te) a provoqu&eacute; une globalisation de la crise, &eacute;v&eacute;nement presque in&eacute;dite, dont l&rsquo;ambigu&iuml;t&eacute; est r&eacute;v&eacute;latrice d&rsquo;un vide id&eacute;ologique et de l&rsquo;absence d&rsquo;un projet de soci&eacute;t&eacute;. D&rsquo;autant que m&ecirc;me l&rsquo;id&eacute;e de changement de soci&eacute;t&eacute; est abandonn&eacute;e &agrave; gauche et toujours refus&eacute;e &agrave; droite, mais remplac&eacute;e par des promesses m&eacute;diatis&eacute;es, dont la logique individualiste et la corruption institutionnelle sont le reflet manifeste.&nbsp;</p> <p class="texte" dir="ltr">Si la soci&eacute;t&eacute; d&eacute;mocratique fran&ccedil;aise perte en dialogue, en d&eacute;bat et en coh&eacute;sion r&eacute;publicaine, c&rsquo;est au b&eacute;n&eacute;fice d&rsquo;une vision communautariste &agrave; l&rsquo;image de celle des Etats Unis. Ainsi, la &laquo;&nbsp;neutralisation&nbsp;&raquo; de la citoyennet&eacute; et de l&rsquo;opinion publique, la r&eacute;duction des espaces de d&eacute;lib&eacute;ration, l&rsquo;impasse de la pens&eacute;e collective par l&rsquo;emprise d&rsquo;une pens&eacute;e unique, &eacute;limine la politique &agrave; contenu citoyen. Et, en fait, cela re-active un n&eacute;o darwinisme social rampant, dont le narcissisme culturel du lib&eacute;ralisme rampant cache une nouvelle forme sournoise de tyrannie&nbsp;: l&rsquo;emprise de l&rsquo;image par m&eacute;dias interpos&eacute;s. Totalitarisme tranquille donc. Soci&eacute;t&eacute; des individus &eacute;gotistes massifi&eacute;s et manipul&eacute;s &agrave; travers ce qui JL Beauvois (2005) appelle la propagande &laquo;&nbsp;glauque&nbsp;&raquo; et les techniques psychosociologiques de la publicit&eacute;, nouvelle version de la soumission librement consentie de la philosophie lib&eacute;rale.</p> <p class="texte" dir="ltr">Le r&eacute;sultat est la glaciation affective de la politique, et de l&rsquo;action des hommes au pouvoir, r&eacute;duits &agrave; la gestion des affaires &agrave; court terme. C&rsquo;est tout un monde des professionnels, dont le m&eacute;tier est devenu sans transcendance ni g&eacute;n&eacute;rosit&eacute;, mais cynique et opportuniste, scl&eacute;ros&eacute; et &eacute;go&iuml;ste, jusqu&rsquo;aux limites de la m&eacute;diocrit&eacute; et de l&rsquo;impuissance selon des m&eacute;thodes froidement rationnelles de co&ucirc;t et de b&eacute;n&eacute;fices financiers.</p> <p class="texte" dir="ltr">Certes le diagnostic de la faillite de la d&eacute;mocratie repr&eacute;sentative ne date pas d&rsquo;aujourd&rsquo;hui&nbsp;:</p> <ul class="listlevel1WW8Num27"> <li> <p class="puces" dir="ltr">Tocqueville (1851) dans ses c&eacute;l&egrave;bres r&eacute;flexions sur la d&eacute;mocratie en Am&eacute;rique conclut sous une tonalit&eacute; peu optimiste: &ldquo; le pass&eacute; n&rsquo;&eacute;clairant plus l&rsquo;avenir, l&rsquo;esprit marche dans les t&eacute;n&egrave;bres&rdquo;</p> </li> <li> <p class="puces" dir="ltr">Baudrillard (1987)&nbsp; &quot;la d&eacute;mocratie est la m&eacute;nopause des soci&eacute;t&eacute;s occidentales, la grande m&eacute;nopause du corps social&quot;.</p> </li> </ul> <p class="texte" dir="ltr">Face &agrave; ces deux opinions autoris&eacute;es, les examens de consciente ne suffissent plus. La r&eacute;ponse passe par comprendre non seulement les rapports entre citoyennet&eacute; et d&eacute;mocratie, les situer et les dater, mais aussi par examiner&nbsp;:</p> <ul class="listlevel1WW8Num27"> <li> <p class="puces" dir="ltr">les tensions entre le pass&eacute; et l&rsquo;avenir, l&#39;&eacute;cartement entre l&rsquo;id&eacute;al et le r&eacute;el.</p> </li> <li> <p class="puces" dir="ltr">l&rsquo;&eacute;picentre de l&rsquo;implosion de l&rsquo;homme social et de l&rsquo;humanisme lib&eacute;ral.</p> </li> </ul> <p class="texte" dir="ltr">Une constatation navrante&nbsp;: l&rsquo;homme politique (et la femme), au sens actif de la polis, ne cesse de se discr&eacute;diter. La fonction se r&eacute;tr&eacute;cit devant les t&acirc;ches, car les politiques se montrent incapables de cr&eacute;er un espace/temps politique nouveau, pour de relier ce qui est &eacute;pars et proposer une vision d&rsquo;ensemble. Bref, ils sont devenus superflus. D&rsquo;autant plus que ce march&eacute; pousse les citoyens &agrave;&nbsp; consid&eacute;rer les politiques comme des &laquo;&nbsp;objets jetables&nbsp;&raquo;. V&eacute;ritables objets de consommation faute d&rsquo;authenticit&eacute;, de convictions et de courage.&nbsp; Certes l&rsquo;emprise&nbsp; des appareils politique et la transformation de la politique en m&eacute;tier emp&ecirc;chent que les citoyen se d&eacute;barrassent de la classe politique, cela explique la glaciation de la d&eacute;mocratie et le manque de projets alternatif.</p> <h1 dir="ltr" id="heading3">3.- Quelques &eacute;l&eacute;ments de rep&eacute;rage empirique de la perception de la citoyennet&eacute; en France.</h1> <p class="texte" dir="ltr">Les citoyens savent intuitivement, &agrave; travers la pratique quotidienne, que l&rsquo;exercice de la citoyennet&eacute; est devenu une chose ambigu&euml; pour tout le monde. D&rsquo;o&ugrave; une s&eacute;rie de questions r&eacute;currentes, jadis connues, que demandent des nouvelles r&eacute;ponses de la par des citoyens eux m&ecirc;mes.&nbsp;</p> <p class="texte" dir="ltr">A savoir&nbsp;:</p> <ul class="listlevel1WW8Num27"> <li> <p class="puces" dir="ltr">La citoyennet&eacute; est-elle le signe de la nationalit&eacute;?</p> </li> <li> <p class="puces" dir="ltr">Quels sont les devoirs et les droits des citoyens?</p> </li> <li> <p class="puces" dir="ltr">L&rsquo;&eacute;galit&eacute; est-elle la m&ecirc;me chose que l&rsquo;&eacute;quit&eacute;?</p> </li> <li> <p class="puces" dir="ltr">Quelle est la position des citoyens concernant l&rsquo;h&eacute;ritage et l&rsquo;avenir de la nation?</p> </li> <li> <p class="puces" dir="ltr">Les d&eacute;mocrates sont solidaires avec les d&eacute;mocrates?</p> </li> <li> <p class="puces" dir="ltr">Quels sont les clivages actuels de la citoyennet&eacute;?</p> </li> <li> <p class="puces" dir="ltr">Les d&eacute;mocrates en temps de crise sont-ils toujours d&eacute;mocrates?</p> </li> </ul> <p class="texte" dir="ltr">Ces questions parlent du besoin de s&rsquo;interroger sur le fond de la probl&eacute;matique de la citoyennet&eacute; moderne. En somme&nbsp;: quelles sont, au fond, les clef pour mieux comprendre la citoyennet&eacute;&nbsp;? L&rsquo;excellente &eacute;tude de Sophie Duschesne (1997) est une tentative pour &eacute;clairer les enjeux et les tensions qui existe de nos jours entre le civisme classique et l&rsquo;incivisme naissant.</p> <p class="texte" dir="ltr">Il faudrait retenir deux de conclusions issues de l&rsquo;analyse de ses r&eacute;sultats empiriques:</p> <ul class="listlevel1WW8Num27"> <li> <p class="puces" dir="ltr">d&rsquo;une part, la pr&eacute;sence d&rsquo;une repr&eacute;sentation h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne de la citoyennet&eacute;, laquelle se caract&eacute;rise par une opposition entre passivit&eacute; et activit&eacute;</p> </li> <li> <p class="puces" dir="ltr">d&rsquo;autre part, l&rsquo;existence d&rsquo;une fragmentation de la notion citoyenne dont l&rsquo;identit&eacute; renvoie au patrimoine et &agrave; l&rsquo;autonomie.</p> </li> </ul> <p class="texte" dir="ltr">Ainsi, par un raccourci, nous pouvons rendre visibles &agrave; la lumi&egrave;re d&rsquo;un tableau, ces deux axes crois&eacute;s et de trouver en consequence quatre perceptions possibles de la citoyennet&eacute; fran&ccedil;aise.</p> <p class="texte" dir="ltr"><strong>Les dimensions de la citoyennet&eacute; (adapt&eacute; de Deschaine 1997) </strong></p> <p class="texte" dir="ltr">Citoyen actif (+)</p> <p class="texte" dir="ltr" style="text-align: center;"><img alt="Image2" src="https://numerev.com/images/cpp/docannexe/image/1006/img-2.jpg" style="width:5.6646inch;height:2.4846inch;margin-left:0.0in;margin-right:0.0in;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0.0602in;padding-bottom:0.0602in;padding-left:0.1102in;padding-right:0.1102in;border:none" /></p> <p class="texte" dir="ltr"><a id="Image27Cgraphics"></a>Citoyen passif (-)</p> <p class="texte" dir="ltr">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;</p> <p class="texte" dir="ltr">En somme&nbsp;:</p> <p class="texte" dir="ltr">Nous avons, en premier lieu, une perception de la citoyennet&eacute; comme un fait patrimonial avec deux faces.</p> <ul class="listlevel1WW8Num27"> <li> <p class="puces" dir="ltr">R&eacute;publicaine</p> </li> <li> <p class="puces" dir="ltr">Nationale</p> </li> </ul> <p class="texte" dir="ltr">C&rsquo;est sans doute la perception la plus connue, dont les sources sont l&rsquo;identit&eacute; nationale et les devoirs du citoyen envers la patrie.&nbsp;&nbsp;</p> <p class="texte" dir="ltr">Aussi, il y a un encrage dans 3 notions&nbsp;: la tradition, la famille et le territoire. Ces &eacute;l&eacute;ments structurent &agrave; la fois la solidarit&eacute; intergroupe et les valeurs communes. Le citoyen se trouve ainsi li&eacute; aux autres membres du groupe dans le temps et dans l&rsquo;espace par des sentiments et une histoire commune.</p> <p class="texte" dir="ltr">Cela rappelle la formule de Renan (1982)&nbsp;: &quot;La nation poss&egrave;de une &acirc;me, un principe spirituel. La nation ne se d&eacute;finie pas en termes objectifs. En revancha, elle s&rsquo;exprime dans une culture commune et le d&eacute;sir de vivre ensemble&quot;.</p> <p class="texte" dir="ltr">Pourtant, il y&nbsp; aura deux variantes dans la r&eacute;ponse au m&ecirc;me sentiment&nbsp;:&nbsp;</p> <p class="texte" dir="ltr">a) <strong>la variante r&eacute;publicaine</strong>&nbsp;: l&rsquo;histoire de&nbsp; France est le produit d&rsquo;un processus de luttes pour conqu&eacute;rir la citoyennet&eacute; &agrave; la fran&ccedil;aise. La grande referant symbolique commune est la r&eacute;volution de 89. Les sujets de l&rsquo;enqu&ecirc;te se focalisent sur la <strong>rupture</strong> du processus historique entre l&rsquo;ancien r&eacute;gime royaliste et le nouveau r&eacute;gime r&eacute;publicains. Une autre diff&eacute;rence est la fid&eacute;lit&eacute; &agrave; l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; politique la&iuml;que.</p> <p class="texte" dir="ltr">b)<strong>la variante nationale</strong>&nbsp;: l&rsquo;histoire de&nbsp; France est un tout qui r&eacute;unit les temps anciens et les temps modernes. Les r&eacute;ponses se focalisent donc sur la <strong>continuit&eacute;</strong> du processus historique. Et la fid&eacute;lit&eacute; &agrave; la religion catholique selon la formule connue&nbsp;: la France fille a&icirc;n&eacute;e de l&rsquo;Eglise.</p> <p class="texte" dir="ltr">Or, en somme, malgr&eacute; les diff&eacute;rences, c&rsquo;est la variante patrimoniale qui fait de l&rsquo;h&eacute;ritage le socle de la solidarit&eacute; et des liens psychologiques de la nation. Mais, ce patrimoine est culturel. La nation est une culture.&nbsp;</p> <p class="texte" dir="ltr">Par ailleurs, l&rsquo;observation des donn&eacute;s montre que nous sommes devant une perception de la citoyennet&eacute; comme un acte d&rsquo;autonomie avec deux faces&nbsp;:</p> <ul class="listlevel1WW8Num27"> <li> <p class="puces" dir="ltr">d&eacute;mocrate</p> </li> <li> <p class="puces" dir="ltr">spectatrice</p> </li> </ul> <p class="texte" dir="ltr">Ici nous sommes sur un axe individuel, dont l&rsquo;obligation sociale est d&rsquo;ordre moral et un degr&eacute; important de consciente collective, d&rsquo;autant que les perceptions des personnes autonomes expriment une forte volont&eacute; d&rsquo;ind&eacute;pendance sans un grand d&eacute;sir d&#39;appuyer &agrave; l&rsquo;effort collectif.</p> <p class="texte" dir="ltr">C&rsquo;est au coeur de cette variante autonome que s&rsquo;exprime la &laquo;&nbsp;modernit&eacute;&nbsp;&raquo; &agrave; travers une psychologie individuelle &agrave; forte connotation lib&eacute;rale.</p> <p class="texte" dir="ltr">Les sujets de l&rsquo;enqu&ecirc;te revendiquent leur individualit&eacute;, et leur ind&eacute;pendance et leur manque d&rsquo;adh&eacute;sion spontan&eacute;e aux institutions, sans pour autant vouloir une rupture, probablement une certaine distance. Ainsi, l&rsquo;affirmation de la citoyennet&eacute; est moins d&eacute;pendante de la nationalit&eacute;. Il s&rsquo;agit d&rsquo;un engagement personnel et d&rsquo;une acceptation plut&ocirc;t rationnelle de l&rsquo;int&eacute;gration &agrave; la collectivit&eacute; nationale.</p> <p class="texte" dir="ltr">La soci&eacute;t&eacute; est per&ccedil;ue comme quelque chose d&rsquo;externe aux individus. Or, les liens affectifs sont &eacute;tablis dans leur entourage imm&eacute;diat. Ces liens ne sont pas ni territoriaux ni historiques. Ce qui s&rsquo;accompagne d&rsquo;une indiff&eacute;rence &agrave; l&rsquo;ensemble, mais une forte revendication des droits de l&rsquo;homme sans une connotation politique. M&eacute;fiance face aux actions collectives et la participation politique.</p> <p class="texte" dir="ltr">En somme&nbsp;: la citoyennet&eacute; est per&ccedil;ue plut&ocirc;t comme un syst&egrave;me des &eacute;quivalences et des &eacute;changes. D&rsquo;o&ugrave; l&rsquo;acceptation de certains devoirs, des charges, et de la politique. Aussi, ils expriment un refus &agrave; l&rsquo;id&eacute;e nationaliste et toutes les attitudes de fusion. L&rsquo;attitude individuelle les m&egrave;ne &agrave; s&eacute;parer l&rsquo;identit&eacute; personnelle de tout identit&eacute; globale.</p> <p class="texte" dir="ltr"><strong>Pour une interpr&eacute;tation &agrave; r&eacute;fl&eacute;chir</strong></p> <p class="texte" dir="ltr">Cette &eacute;tude est une description ponctuelle. Toute perception sociale est tiraill&eacute;e entre le poids de la m&eacute;moire individuelle et institutionnelle (culturelle) et l&rsquo;appr&eacute;ciation des issues possible dans l&rsquo;avenir.&nbsp; Lez bilan de l&rsquo;enqu&ecirc;te semble indiquer que&nbsp;:</p> <ul class="listlevel1WW8Num27"> <li> <p class="puces" dir="ltr">La notion de citoyennet&eacute; se trouve fragment&eacute;, &eacute;clat&eacute;e.</p> </li> <li> <p class="puces" dir="ltr">L&rsquo;identit&eacute; nationale est devenue fractale (fractur&eacute;e). C&rsquo;est l&rsquo;image de l&rsquo;homme psychologiquement divis&eacute;, politiquement squatinid&eacute;. (S&aacute;nchez, 1999).</p> </li> <li> <p class="puces" dir="ltr">La rationalit&eacute; n&rsquo;arrive pas &agrave; cadrer les sentiments et les &eacute;motions.</p> </li> <li> <p class="puces" dir="ltr">La verticalit&eacute; du politique r&eacute;duit l&rsquo;horizontalit&eacute; de la politique. (Sartori 1979)</p> </li> <li> <p class="puces" dir="ltr">L&rsquo;impasse se place entre nation et supra nationalit&eacute;.</p> </li> <li> <p class="puces" dir="ltr">La d&eacute;connexion entre choix de r&eacute;gime et citoyennet&eacute;.</p> </li> <li> <p class="puces" dir="ltr">La dissociation entre les positions r&eacute;publicaines et d&eacute;mocratiques</p> </li> <li> <p class="puces" dir="ltr">L&rsquo;affaiblissement des liens de solidarit&eacute; nationale.</p> </li> </ul> <p class="texte" dir="ltr">Voil&agrave; des &eacute;l&eacute;ments qui doivent nous faire r&eacute;fl&eacute;chir en profondeur, &agrave; la fois en th&eacute;orie et en pratique, car l&rsquo;&eacute;cart entre l&rsquo;id&eacute;al et le r&eacute;el est manifeste. La crise de la d&eacute;mocratie n&rsquo;est pas sans rapport &agrave; cette fragilisation de la notion de citoyennet&eacute;. (Dorna et Georget 2004)</p> <h1 dir="ltr" id="heading4">4.- Les significations de la d&eacute;mocratie ancienne: un bond en arri&egrave;re.</h1> <p class="texte" dir="ltr">Pour saisir l&rsquo;importance du contretemps d&eacute;mocratique (Namer 2002), rien de plus utile que d&eacute;passer certains cliqu&eacute;s modernes que la d&eacute;mocratie:</p> <ul class="listlevel1WW8Num27"> <li> <p class="puces" dir="ltr">L&rsquo;un, c&rsquo;est le pr&eacute;sident des USA, A.&nbsp; Lincoln, pour qui la democratie est le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.&nbsp;</p> </li> <li> <p class="puces" dir="ltr">L&rsquo;autre, c&rsquo;est la c&eacute;l&egrave;bre et douteuse formule de W. Churchill&nbsp;: la d&eacute;mocratie est le pire de r&eacute;gime en exception de tous les autres. Certains oublient qu&rsquo;il ajoute cyniquement: c&rsquo;est fille docile avec laquelle on peut toujours trouver un arrangement.&nbsp;</p> </li> </ul> <p class="texte" dir="ltr">La banalisation de la citoyennet&eacute; actuelle a d&eacute;fait les liens &eacute;troits avec certaines notions et pratiques fortement encr&eacute;es dans la d&eacute;mocratie des polis grecque, lesquelles permettaient un &eacute;quilibre et une harmonie.</p> <p class="texte" dir="ltr">A savoir:</p> <ul class="listlevel1WW8Num27"> <li> <p class="puces" dir="ltr">La pratique des contre-pouvoirs et de la participation directe</p> </li> <li> <p class="puces" dir="ltr">Le poids des opinions individuelles et du d&eacute;bat sur la place publique</p> </li> <li> <p class="puces" dir="ltr">La pr&eacute;sence d&rsquo;un citoyen&nbsp;: acteur, l&eacute;gislateur et soldat.</p> </li> <li> <p class="puces" dir="ltr">Le statut des &eacute;lus &eacute;tant que repr&eacute;sentants du peuple sans en faire un m&eacute;tier.</p> </li> <li> <p class="puces" dir="ltr">La morale li&eacute;e &agrave; la politique</p> </li> <li> <p class="puces" dir="ltr">La d&eacute;signation de r&ocirc;les et fonctions par d&rsquo;autres proc&eacute;dures que les &eacute;lections, par exemple&nbsp;: le tirage au sort ou la rotation de postes.</p> </li> <li> <p class="puces" dir="ltr">L&rsquo;&eacute;lection des juges par l&rsquo;assembl&eacute;e des citoyens</p> </li> <li> <p class="puces" dir="ltr">La participation &eacute;galitaire de tous les citoyens dans les d&eacute;lib&eacute;rations et les prises de d&eacute;cisions.</p> </li> </ul> <p class="texte" dir="ltr">En somme&nbsp;: faut-il rappeler que la d&eacute;mocratie est une m&eacute;thode d&eacute;cisionnelle dont l&rsquo;imp&eacute;ratif r&eacute;publicain exige le dialogue et la discussion contradictoire, d&rsquo;autant que la r&eacute;alit&eacute; humaine en soci&eacute;t&eacute; est jug&eacute;e&nbsp; multiple et relative, jusqu&rsquo;au point que l&rsquo;opinion publique (doxa) est capable de former le sens &agrave; partir du d&eacute;bat et ainsi forger une vision commune.</p> <p class="texte" dir="ltr">Cette vision commune est surd&eacute;termin&eacute;e par une morale du devoir et de la vertu citoyenne. L&rsquo;infraction aux r&egrave;gles &eacute;thiques d&eacute;clench&eacute;e l&rsquo;honte, m&eacute;canisme &eacute;motionnel et rationnel qui marque d&rsquo;une mani&egrave;re personnelle le contr&ocirc;le social.</p> <p class="texte" dir="ltr">Ce sont, par consequence, les citoyens eux-m&ecirc;mes qui doivent r&eacute;pondre aux questions de fond&nbsp;: qu&rsquo;est ce qu&rsquo;il faut &ecirc;tre en tant que Nation? Quelles sont les valeurs morales? Quel est le contenu de la justice?</p> <p class="texte" dir="ltr">Le dispositif pour y r&eacute;pondre est &eacute;videment la d&eacute;lib&eacute;ration collective.</p> <p class="texte" dir="ltr">Le but n&rsquo;est pas la v&eacute;rit&eacute; r&eacute;v&eacute;l&eacute;e en termes religieux ou scientifiques, mais celle qui na&icirc;t des accords et des compromis, apr&egrave;s un dialogue contradictoire et r&eacute;fl&eacute;chi, entre hommes libres et &eacute;gaux.&nbsp; Ici la d&eacute;mocratie n&rsquo;est pas le r&eacute;sultat d&rsquo;un vote &eacute;quitable, mais d&rsquo;un processus de consultation qui vise la compr&eacute;hension par tous des enjeux et des cons&eacute;quences. L&rsquo;accord le meilleur pour tous &eacute;tant donc le but final, afin de garder la coh&eacute;sion globale.</p> <p class="texte" dir="ltr">La tradition culturelle occidentale montre que pour l&#39;antiquit&eacute; la question de la coh&eacute;rence th&eacute;orique ne se pose pas dans les m&ecirc;mes termes. L&#39;inintelligibilit&eacute; du monde n&#39;est pas un &eacute;chec, mais un drame de l&#39;intelligence. La recherche de la v&eacute;rit&eacute; n&#39;est gu&egrave;re v&eacute;cue comme un imp&eacute;ratif unique, puisque la complexit&eacute; de l&#39;univers n&#39;exige pas une r&eacute;ponse unique. Il suffit, en revanche, d&#39;un certain ordre capable d&#39;articuler les croyances, dans la &laquo;&nbsp;joyeuse&nbsp;&raquo; acceptation d&#39;un monde merveilleux. Au temps des Grecs anciens, la v&eacute;rit&eacute; &eacute;tait une &laquo;&nbsp;al&ecirc;theia&nbsp;&raquo;, dont la valeur s&#39;exprimait plus au sens du vraisemblable que du vrai. A l&#39;&eacute;poque, c&#39;est la logique discursive avec ses adresses et ses pol&eacute;miques qui servait de crit&egrave;re de v&eacute;rit&eacute;.</p> <p class="texte" dir="ltr"><strong>Le contre sens de la praxis de la d&eacute;mocratie repr&eacute;sentative moderne</strong></p> <p class="texte" dir="ltr"><strong>La d&eacute;mocratie moderne ne cesse pas de marcher &agrave; contre sens de la tradition. Plusieurs de ces actes sont &agrave; rep&eacute;rer. A savoir&nbsp;:&nbsp; </strong></p> <p class="texte" dir="ltr">Premier contre sens: l&rsquo;instauration progressive d&rsquo;une principe oligarchique et &eacute;litiste de gouvernement politique, dont la d&eacute;mocratie repr&eacute;sentative est un fruit d&eacute;valu&eacute;.</p> <p class="texte" dir="ltr">Deuxi&egrave;me contre sens: l&rsquo;annulation dans la pratique (parlementarisme, ex&eacute;cutif fort) du principe &eacute;galitaire de la d&eacute;lib&eacute;ration collective.</p> <p class="texte" dir="ltr">Troisi&egrave;me contre sens&nbsp;: le discours politique actuel n&rsquo;est autre chose que &nbsp;la superposition des paroles, sans &eacute;coute ni dialogue, car le but est d&rsquo;arriver &agrave; des prises de d&eacute;cisions d&eacute;mocratique afin d&rsquo;&eacute;carter les oppositions et les minorit&eacute;s du d&eacute;bat.</p> <p class="texte" dir="ltr">Quatri&egrave;me contre sens: r&eacute;duire l&rsquo;instruction morale citoyenne (&eacute;ducation civique) aux actes &eacute;lectoraux est le moyen pervers de mettre la d&eacute;mocratie dans les mains des puissants machines et des d&eacute;magogues &agrave; travers les medias et les appareils politiques.</p> <p class="texte" dir="ltr">Cinqui&egrave;me contre sens: la tendance &agrave; faire de la d&eacute;mocratie un f&eacute;tiche et de la R&eacute;publique un rempart pour la professionnalisation de la politique.</p> <p class="texte" dir="ltr">Sixi&egrave;me contre sens: r&eacute;duire la citoyennet&eacute; &agrave; l&rsquo;expression d&rsquo;une opinion electorale, sans rendre aux citoyens la capacit&eacute; de participer, d&rsquo;opiner, de juger et de d&eacute;cider.</p> <p class="texte" dir="ltr">Septi&egrave;me contre sens: faire de la raison (seule autorit&eacute; reconnue par les r&eacute;publicains) une servante docile livr&eacute;e aux jeux du pouvoir.</p> <p class="texte" dir="ltr">Huiti&egrave;me contresens&nbsp;: faire du poste d&rsquo;&eacute;lu ou repr&eacute;sentant du peuple, &agrave; la fois un m&eacute;tier et une carri&egrave;re professionnelle.</p> <p class="texte" dir="ltr">Neuvi&egrave;me contresens&nbsp;: faire de la classe dirigeante une caste soumise &agrave; des crit&egrave;res d&rsquo;initiation et des r&egrave;gles de coaptation</p> <p class="texte" dir="ltr">Dixi&egrave;me contresens&nbsp;: r&eacute;duire la port&eacute;e du message r&eacute;publicain ancien qui fait de la nation une m&eacute;diation entre le citoyen et l&rsquo;humanit&eacute;: le cosmopolitisme.</p> <h1 dir="ltr" id="heading5">5.- Derni&egrave;re r&eacute;flexion&nbsp;: Le dialogue interrompu</h1> <p class="texte" dir="ltr">Si l&rsquo;axiome de la citoyennet&eacute; est la responsabilit&eacute; de tous et de chacun, alors cela impose le d&eacute;passement de l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t priv&eacute; et la promotion du bien commun. Et si la d&eacute;mocratie est tributaire du citoyen, alors la participation collective et le dialogue sont indispensables.</p> <p class="texte" dir="ltr">Car, seul le dialogue est le socle de la citoyennet&eacute; et d&rsquo;une d&eacute;mocratie &ldquo;forte&rdquo; selon la formule de Barber (1997). C&rsquo;est le dialogue de la parole et le discours, mais de l&rsquo;&eacute;coute et de l&rsquo;engagement en rupture avec la langue de bois. C&rsquo;est l&agrave; d&rsquo;une certaine mani&egrave;re et en passant que se cristallise la crise du politique actuel. Ainsi, le dialogue doit se d&eacute;barrasser et d&eacute;passer le purement cognitif et apprendre l&rsquo;affectif. La sur-rationalisation est une des causes de l&rsquo;&eacute;loignement des relais communicatifs entre le peuple et les &eacute;lites. En bref, le dialogue dont il est question ici n&rsquo;est pas un dialogue sur le monde, mais un dialogue des mondes: la volont&eacute; d&rsquo;agir ne passe pas en termes d&rsquo;action future, mais en paroles capables de saisir le concret de l&rsquo;avenir.</p> <p class="texte" dir="ltr">Enfin, disons que le dialogue politique citoyen est une interaction modulable et adaptable, raisonnable, utile pour fixer des accords et &eacute;tablir des compromis, mais aussi charg&eacute;e d&rsquo;&eacute;coute affective pour faire avancer la chose commune. En revanche, le discours sous la forme technicienne actuelle s&rsquo;est r&eacute;duit &agrave; une communication unilat&eacute;rale dont la logique ne laisse pas de place &agrave; la sympathie des sentiments. Rien d&rsquo;&eacute;tonnant: le discours politique est devenu par technique interpos&eacute;e une machine &agrave; convaincre rationnellement avec les preuves logiques d&rsquo;une&nbsp; rh&eacute;torique froide. Un discours fort n&rsquo;est pas celui qui s&rsquo;imposent techniquement par un marketing ou un d&eacute;cor d&rsquo;enfer, un cadrage de l&rsquo;image savamment calcul&eacute;e, ou une sono criante, mais tout simplement celui qui est capable d&rsquo;attirer l&rsquo;adh&eacute;sion d&rsquo;une majorit&eacute; &agrave; un moment donn&eacute;. Certes, la question est&nbsp;: que faire d&rsquo;une d&eacute;mocratie des medias et d&rsquo;un politiquement correct qui annule la citoyennet&eacute; r&eacute;elle. La rejeter&nbsp;? La condamner&nbsp;? La transgresser&nbsp;?&nbsp; En tout cas, il s&rsquo;agit de la d&eacute;passer et de la transformer.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Barber B. (1997)&nbsp;: <em>La d&eacute;mocratie forte</em>. Paris. DDB.&nbsp;</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Baudrillard J. (1987)&nbsp;: <em>Cool memories</em>. Paris. Galilee.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">JL Beauvois (2005)&nbsp;: <em>Les illusions lib&eacute;rales, individualisme et pouvoir social</em>. Grenoble. PUG.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Deschaine S (1997)&nbsp;: <em>Citoyennet&eacute; a la fran&ccedil;aise</em>. Paris. Presse FNSP.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Dorna A. (1998) : <em>Les fondements de la psychologie politique</em>. Paris. PUF.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Dorna A. (1999) : <em>Le populisme</em>. Paris. PUF.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Dorna A et Georget (2003)&nbsp;:</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Michels R. (1913) : <em>Les partis politiques</em>. Paris. Flammarion (1970).</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Namer G. (2002)&nbsp;: <em>Le contretemps d&eacute;mocratique</em>. Paris. L&rsquo;Harmattan.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Renan E. (1982) : <em>La r&eacute;forme intellectuelle et morale et autres &eacute;crits</em>. Paria, Albatros.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Tocqueville A. (1835/1965)&nbsp;: <em>De la d&eacute;mocratie en Am&eacute;rique</em>. Paris. 10/18.UGE.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">S&aacute;nchez, Jim&eacute;nez J. (1999) : <em>Psicolog&iacute;a Pol&iacute;tica de las formas ciudadanas</em>. En Mota, Botello G. (1999) : <em>Psicolog&iacute;a Pol&iacute;tica del Nuevo Siglo: Una Ventana a la Ciudadan&iacute;a</em>. M&eacute;xico. SEP-SOMEPSO.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Sartori G. (1979) : <em>La pol&iacute;tica</em>. Mil&aacute;n, Sugarco Ed&iacute;zioni.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Touraine A. (1992) : <em>Critique de la modernit&eacute;</em>. Paris, Fayard.</p>