<p class="epigraphe" dir="ltr">Ce texte est un extrait du chapitre 7 de l&rsquo;ouvrage d&rsquo;&Eacute;mile Jalley intitul&eacute; <strong>Wallon et Piaget. Pour une critique de la psychologie contemporaine</strong>, L&rsquo;Harmattan, 2006. Il est suivi d&rsquo;une biographie d&rsquo;Henri Wallon</p> <p class="texte" dir="ltr">&nbsp;(&hellip;) Concernant Wallon, si son engagement politique de couleur marxiste est vaguement connu du public &eacute;clair&eacute;, ceci m&ecirc;me malheureusement bien plus que le contenu de son &oelig;uvre, au point que la diffusion en a m&ecirc;me rencontr&eacute; beaucoup d&rsquo;obstacles du fait de ce pr&eacute;alable quelque peu importun, on ne voit pas bien clairement, &agrave; lire attentivement ses ouvrages les plus connus, ce qui peut bien en caract&eacute;riser la d&eacute;marche comme relevant de la pens&eacute;e marxiste, telle que du moins on croit en conna&icirc;tre les contenus essentiels. C&rsquo;est presque m&ecirc;me la bouteille &agrave; l&rsquo;encre.</p> <h1 dir="ltr" id="heading1">La technique et les sciences, en particulier la psychologie</h1> <p class="texte" dir="ltr">On a pr&eacute;sent&eacute; pr&eacute;c&eacute;demment l&rsquo;int&eacute;ressant mod&egrave;le hi&eacute;rarchique de Piaget concernant les trois niveaux form&eacute;s de bas en haut par la technique, l&rsquo;id&eacute;ologie et la science. C&rsquo;est pourquoi, il n&rsquo;est pas sans int&eacute;r&ecirc;t d&rsquo;exposer &eacute;galement les conceptions de Wallon sur ce sujet.</p> <p class="texte" dir="ltr">Dans une perspective dialectique, dit-il, la connaissance est ins&eacute;parable de l&#39;action, la th&eacute;orie de la pratique. C&#39;est pourquoi les sciences et les techniques d&#39;une &eacute;poque de l&#39;histoire entretiennent des rapports de d&eacute;pendance r&eacute;ciproque. De ce fait, la science est &laquo;&nbsp;essentiellement relativiste&nbsp;&raquo;, bien que son mouvement soit capable d&rsquo; &laquo;&nbsp;exprimer l&#39;objet tout entier (Hegel, Marx), sans laisser de place &agrave; la chose en soi (Kant)&nbsp;&raquo;. Dans la spirale grossissante de la civilisation, les sciences et les techniques occupent des lieux contingents, selon l&#39;occasion, sur la ligne ascendante de la courbe. Entre les unes et les autres, il n&#39;existe pas de &laquo;&nbsp;priorit&eacute;&nbsp;&raquo; de principe. Elles se confrontent dans &laquo;&nbsp;un perp&eacute;tuel devancement r&eacute;ciproque, un va-et-vient selon une activit&eacute; qui a son autonomie, sa spontan&eacute;it&eacute;&nbsp;&raquo;.</p> <p class="texte" dir="ltr">Wallon a analys&eacute; les rapports particuli&egrave;rement complexes qui se sont d&eacute;velopp&eacute;s entre la psychologie d&#39;une part, les sciences et les techniques d&#39;autre part. En premier lieu, la psychologie exp&eacute;rimentale s&rsquo;est d&rsquo;abord institu&eacute;e en empruntant ses techniques de mesure &agrave; la physique et &agrave; la biologie. Ses r&eacute;sultats, souvent simples curiosit&eacute;s de laboratoire, mis &agrave; part la psychophysique de Fechner, ont trouv&eacute; un peu plus tard des applications impr&eacute;vues dans le monde industriel (temps de r&eacute;action). En deuxi&egrave;me lieu, des besoins pratiques ont provoqu&eacute;, sur la base des mod&egrave;les de la psychologie th&eacute;orique naissante, le d&eacute;veloppement de la mesure des aptitudes ou psychotechnique (Binet, 1900). En troisi&egrave;me lieu, les innovations de la technique moderne (par exemple la t&eacute;l&eacute;vision) imposent des fa&ccedil;ons de sentir et d&#39;agir in&eacute;dites qui peuvent amener la psychologie &agrave; poser, par son mouvement propre, des probl&egrave;mes nouveaux (les m&eacute;canismes du traitement de l&#39;information par exemple, en plus d&rsquo;autres m&eacute;canismes sp&eacute;cifiques, dans l&#39;apprentissage de la lecture). On ne peut pas dire que ce dernier probl&egrave;me, qui concerne des applications p&eacute;dagogiques d&rsquo;une grande importance sociale dans la conjoncture actuelle de la crise scolaire en France, ait atteint jusqu&rsquo;ici, dans le cadre de la recherche exp&eacute;rimentale sur la perception et la production du langage oral et &eacute;crit, des r&eacute;sultats scientifiques tr&egrave;s convaincants.</p> <p class="texte" dir="ltr">Wallon pr&eacute;tend parfois se d&eacute;fier d&rsquo;une conception de la science pure, on dit aujourd&rsquo;hui recherche fondamentale, s&eacute;par&eacute;e des applications techniques, et para&icirc;t soucieux de m&eacute;nager &agrave; l&rsquo;activit&eacute; scientifique un d&eacute;bouch&eacute; naturel sur l&rsquo;action. De ce point de vue, il se pourrait que les tendances de l&rsquo;&eacute;volution depuis la fin de la Deuxi&egrave;me Guerre mondiale ne lui aient que trop donn&eacute; raison, avec le mod&egrave;le anglo-saxon - analogue &agrave; ce qu&rsquo;a &eacute;t&eacute; la conception sovi&eacute;tique et &agrave; ce que semble &ecirc;tre aussi l&rsquo;actuelle conception chinoise - d&rsquo;une technologie dite de pointe dont les urgences, souvent li&eacute;es &agrave; des exigences de profit &eacute;conomique et financier, &eacute;ventuellement de propagande politique, pilotent de fa&ccedil;on &eacute;troite, partielle et born&eacute;e, la recherche th&eacute;orique.</p> <h1 dir="ltr" id="heading2">La psychologie comme science de la nature et science de l&rsquo;homme</h1> <p class="texte" dir="ltr">La d&eacute;finition de la psychologie comme discipline charni&egrave;re entre les sciences de la nature et les sciences humaines est directement pr&eacute;sent&eacute;e, dans les d&eacute;veloppements de Wallon sur ce sujet, comme &eacute;troitement li&eacute;e &agrave; une approche dialectique (1938 n. 103) et m&ecirc;me mat&eacute;rialiste-dialectique (1954 n. 205), ce qui peut sembler quelque peu &eacute;trange et peut-&ecirc;tre m&ecirc;me arbitraire au lecteur moderne.</p> <p class="texte" dir="ltr">Cette id&eacute;e de Wallon est compl&egrave;tement neuve pour l&rsquo;&eacute;poque et elle le demeure aujourd&rsquo;hui, en raison du destin tragique qu&rsquo;a repr&eacute;sent&eacute; pour la psychologie fran&ccedil;aise son assimilation obstin&eacute;e par sa propre intelligentsia dirigeante (Pi&eacute;ron, Fraisse) au mod&egrave;le des sciences de la nature, d&rsquo;o&ugrave; la cons&eacute;quence actuelle et m&ecirc;me toute r&eacute;cente de son engloutissement total dans l&rsquo;organisation de l&rsquo;administration scientifique du CNRS par le paradigme des neurosciences, quand ce n&rsquo;est pas des sciences biom&eacute;dicales. D&rsquo;ailleurs, la tradition allemande, qui a h&eacute;rit&eacute; de Hegel la distinction entre science de la nature et science de l&rsquo;esprit, inconnue en France, comprend mieux l&rsquo;insertion de la psychologie &agrave; l&rsquo;articulation de ces deux territoires.</p> <p class="texte" dir="ltr">La continuit&eacute; du monde et de la science, d&eacute;veloppe Wallon, l&#39;unit&eacute; du &laquo;&nbsp;mouvement qui entra&icirc;ne perp&eacute;tuellement le monde mat&eacute;riel et celui des id&eacute;es&nbsp;&raquo; implique, &agrave; titre de corollaire in&eacute;luctable, &laquo;&nbsp;la liaison&nbsp;&raquo; et m&ecirc;me &laquo;&nbsp;la continuit&eacute; compl&egrave;te&nbsp;&raquo; entre les deux grands domaines de l&#39;exploration scientifique, c&#39;est &agrave; dire la nature et l&#39;histoire. Une conception dialectique de la connaissance implique la n&eacute;cessit&eacute; de &laquo;&nbsp;coordonner les points de vue&nbsp;&raquo;, en levant &laquo;&nbsp;le cloisonnement&raquo; entre les diverses formes de processus mat&eacute;riels et aussi d&#39;activit&eacute;s humaines. A cette condition, &laquo;&nbsp;le mat&eacute;rialisme &agrave; la base&nbsp;&raquo; pourrait se prolonger en &laquo;&nbsp;humanisme puissamment synth&eacute;tique au fa&icirc;te&nbsp;&raquo;<a class="footnotecall" href="#ftn1" id="bodyftn1">1</a>. De ce point de vue, &laquo;&nbsp;les sciences de la nature et lessciences humaines sont compl&eacute;mentaires&nbsp;&raquo;. Leurs domaines respectifs &laquo;&nbsp;s&rsquo;embo&icirc;tent l&rsquo;un dans l&rsquo;autre&nbsp;&raquo;. L&#39;&eacute;volution des sciences particuli&egrave;res elles-m&ecirc;mes a progressivement &eacute;tabli le principe de leur &laquo;&nbsp;fusion les unes dans les autres&nbsp;&raquo; en d&eacute;pit de &laquo;&nbsp;barri&egrave;res qui semblent encore aujourd&#39;hui insurmontables&nbsp;&raquo;. Cependant, dans l&#39;installation et le traitement des connexions interdisciplinaires, la caution m&eacute;thodologique essentielle consiste &agrave; respecter la relative autonomie des niveaux de processus : elle implique de ne pas &laquo;&nbsp;se donner comme d&eacute;j&agrave; r&eacute;alis&eacute; aux &eacute;chelons inf&eacute;rieurs ce qu&#39;il y a &agrave; expliquer&nbsp;&raquo;<a class="footnotecall" href="#ftn2" id="bodyftn2">2</a>.</p> <p class="texte" dir="ltr">Ces propos repr&eacute;sentent en un sens un plaidoyer en faveur de l&rsquo;interdisciplinarit&eacute;, dont tout le monde &eacute;voque le fant&ocirc;me depuis 1968, alors que l&rsquo;on voit partout, en d&eacute;pit des passerelles multiples pr&eacute;vues par les plans de r&eacute;formes successivement produits par l&rsquo;ing&eacute;nierie p&eacute;dagogique, une tendance accrue &agrave; la parcellisation et &agrave; la sp&eacute;cialisation des savoirs, y compris en psychologie. En fait, il s&rsquo;agit de bien autre chose que d&rsquo;une revendication en faveur de l&rsquo;agr&eacute;ment et des commodit&eacute;s d&rsquo;une interdisciplinarit&eacute; d&eacute;cid&eacute;e du dehors.</p> <p class="texte" dir="ltr">La psychologie, poursuit Wallon, est &laquo;&nbsp;une science dont le domaine est encore confus, et les m&eacute;thodes plus ou moins incertaines, car elle appartient &agrave; la fois aux sciences de la nature et aux sciences humaines, souvent consid&eacute;r&eacute;es comme radicalement h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes&nbsp;&raquo;. Aussi bien est-elle consid&eacute;r&eacute;e &laquo;&nbsp;tant&ocirc;t comme un appendice de la biologie et tant&ocirc;t comme l&#39;antichambre des sciences humaines&nbsp;&raquo;. C&#39;est pourquoi, le public de ses usagers aussi bien d&#39;ailleurs que les psychologues en sont encore &agrave; se demander si la psychologie a &laquo;&nbsp;un objet qui lui soit propre&nbsp;&raquo;, et m&ecirc;me si cet objet peut &laquo;&nbsp;s&#39;accommoder du d&eacute;terminisme scientifique&nbsp;&raquo;.</p> <p class="texte" dir="ltr">A notre avis, ces consid&eacute;rations formul&eacute;es par Wallon dans la p&eacute;riode 1950-1960, ne sont en rien d&eacute;mod&eacute;es aujourd&#39;hui, mais seraient plut&ocirc;t au contraire d&rsquo;une br&ucirc;lante actualit&eacute;. La psychologie fran&ccedil;aise actuelle, sectoris&eacute;e en plusieurs sous-disciplines sans communication r&eacute;elle, bien que regroup&eacute;es selon deux paradigmes conflictuels, objectiviste et clinique, l&rsquo;un et l&rsquo;autre d&rsquo;ailleurs sans coh&eacute;sion interne, court le risque r&eacute;el de dispara&icirc;tre, phagocyt&eacute;e d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute; par les neurosciences, et dilu&eacute;e de l&rsquo;autre par le domaine mouvant des psychoth&eacute;rapies et des recettes touchant ce qui s&rsquo;appelle de nos jours le &laquo;&nbsp;d&eacute;veloppement personnel&nbsp;&raquo;. Par ailleurs, la conception de Wallon, d&rsquo;une psychologie comme science de la nature et science de l&rsquo;homme, si on l&rsquo;avait mieux entendue, aurait peut-&ecirc;tre permis d&rsquo;envisager et de traiter d&rsquo;une autre mani&egrave;re le conflit devenu invivable et ing&eacute;rable entre cliniciens et objectivistes dans le cadre de l&rsquo;universit&eacute; en particulier. Wallon s&rsquo;entendait aussi bien, au plan intellectuel, avec Guillaume et Pi&eacute;ron qu&rsquo;avec Lagache et Lacan. Il y a l&agrave; une ouverture d&rsquo;esprit que l&rsquo;on a du mal &agrave; comprendre aujourd&rsquo;hui. Wallon avait un esprit de tendance intuitive et clinique, mais tout aussi ouvert sur l&rsquo;objectivit&eacute; scientifique. Cette tendance clinicienne mais ouverte sur l&rsquo;univers des formes du savoir objectif existait aussi chez Piaget.</p> <p class="texte" dir="ltr">Comme le souligne encore Wallon, la psychologie a rencontr&eacute; d&egrave;s son origine une difficult&eacute; &eacute;pist&eacute;mologique de principe &agrave; d&eacute;finir son propre objet. Cette difficult&eacute; a &eacute;t&eacute; formul&eacute;e de fa&ccedil;on tr&egrave;s pertinente, d&rsquo;apr&egrave;s lui, par le philosophe Auguste Comte (1798-1857), qui en a cependant tir&eacute; &agrave; tort la conclusion de l&#39;impossibilit&eacute; de la psychologie comme science. D&#39;apr&egrave;s Comte, l&#39;objet de la psychologie se confond avec le sujet qui s&#39;observe lui-m&ecirc;me : or il est &laquo;&nbsp;impossible &agrave; ce sujet de s&#39;observer sans se modifier&nbsp;&raquo;, c&#39;est-&agrave;-dire sans modifier et donc an&eacute;antir en m&ecirc;me temps l&#39;objet observ&eacute;. Or il se trouve, d&#39;apr&egrave;s Wallon, que cette difficult&eacute; est de structure tout &agrave; fait homologue &agrave; celle envisag&eacute;e, mais au terme d&#39;un immense progr&egrave;s, dans le cadre de la physique moderne, par le principe d&#39;ind&eacute;termination de Heisenberg : l&#39;observation, m&ecirc;me entour&eacute;e de toutes les pr&eacute;cautions scientifiques, modifie par principe le fait observ&eacute;. C&#39;est que, d&#39;un point de vue dialectique, &laquo;&nbsp;l&#39;homme est une force&nbsp;&raquo; qui intervient dans &laquo;&nbsp;le jeu de toutes les actions qui s&#39;exercent dans l&#39;univers&nbsp;&raquo;. Par ailleurs, une telle situation t&eacute;moigne de la complexit&eacute; du proc&egrave;s des interactions entre les sciences. Une science nouvelle, la psychologie, a pu subir l&#39;influence d&#39;une science ancienne, la physique, en lui empruntant d&#39;abord ses m&eacute;thodes. Mais, r&eacute;ciproquement, la premi&egrave;re a exerc&eacute; comme une sorte d&#39;effet &agrave; distance sur la seconde, en anticipant, sous une forme encore philosophique, chez Comte, un probl&egrave;me de nature scientifique rencontr&eacute;, &agrave; un niveau de d&eacute;veloppement plus &eacute;lev&eacute;, par celle-ci, avec la relation d&rsquo;Heisenberg.</p> <p class="texte" dir="ltr">On sait aussi aujourd&rsquo;hui que ce probl&egrave;me de la modification r&eacute;ciproque du sujet observant et du sujet observ&eacute;, est le m&ecirc;me que celui rencontr&eacute; par la psychanalyse dans la th&eacute;orisation des rapports du transfert et du contre-transfert. Ce probl&egrave;me concerne &eacute;galement les consid&eacute;rations du psychanalyste-anthropologue Georges Devereux, mais aussi plus largement d&rsquo;autres psychosociologues, concernant le cadre et les param&egrave;tres de ce que l&rsquo;on appelle de nos jours l&rsquo;observation participante.</p> <p class="texte" dir="ltr">L&#39;argument, d&#39;apparence purement formelle, utilis&eacute; par Comte, renvoie, formule Wallon, &agrave;un substrat id&eacute;ologique plus profond. L&#39;homme se prend difficilement pour objet de connaissance, car sa propre personne est le support historique des traditions et des superstitions, que la science doit s&#39;attacher d&#39;abord &agrave; &eacute;liminer. Aujourd&#39;hui, souligne encore Wallon, le probl&egrave;me de la personnalit&eacute;, l&#39;objet cardinal de la psychologie, est justement l&#39;un de ceux o&ugrave; continue de se faire sentir la contradiction originelle dont souffrent ses origines. La personnalit&eacute; repr&eacute;sente &agrave; la fois le support subjectif de la mise en &oelig;uvre de la m&eacute;thode scientifique en psychologie, et aussi son objet le plus complexe, le plus opaque, le plus surd&eacute;termin&eacute;<a class="footnotecall" href="#ftn3" id="bodyftn3">3</a>. Ce genre de propos est devenu progressivement tout &agrave; fait &eacute;tranger &agrave; la psychologie exp&eacute;rimentale fran&ccedil;aise depuis cinquante ans, et encore davantage &agrave; sa nouvelle fa&ccedil;ade cognitiviste. Il est susceptible d&rsquo;&ecirc;tre beaucoup mieux compris par les psychologues cliniciens, et peut-&ecirc;tre par certains psychanalystes.</p> <p class="texte" dir="ltr">Identit&eacute; donc du sujet observant et de l&#39;objet observ&eacute; : cette difficult&eacute;, cruciale pour le statut scientifique de la psychologie, en refl&egrave;te d&#39;autres de nature homologue, dont l&#39;h&eacute;ritage philosophique a marqu&eacute; ses origines. Il ne s&#39;agit de rien de moins que des rapports entre l&#39;&ecirc;tre et la pens&eacute;e, la mati&egrave;re et l&#39;esprit. De ce point de vue, souligne Wallon, &laquo;&nbsp;un des pas les plus raides &agrave; franchir pour la psychologie est celui qui doit unir l&#39;organique et le psychique, l&#39;&acirc;me et le corps&nbsp;&raquo;.</p> <p class="texte" dir="ltr">A cet &eacute;gard, on peut consid&eacute;rer que &laquo;&nbsp;la conscience est bien l&#39;objet de la psychologie&nbsp;&raquo;, mais pas au sens o&ugrave; l&#39;entend, dans une perspective id&eacute;aliste, le courant traditionnel que Wallon qualifie comme &laquo;&nbsp;psychologie de conscience&nbsp;&raquo;, dont le repr&eacute;sentant le plus sophistiqu&eacute; aurait &eacute;t&eacute; son professeur Henri Bergson. De fait, &laquo;&nbsp;il est vain de chercher dans la conscience elle-m&ecirc;me les fondements de la conscience&nbsp;&raquo;. Cependant, d&#39;un point de vue &laquo;&nbsp;dialectique&nbsp;&raquo; (<em>sic</em>), l&#39;objet de la psychologie est bien &laquo;&nbsp;la conscience de l&#39;homme, mais comme le trait d&#39;union entre la vie des organismes et la vie des soci&eacute;t&eacute;s, au sein de la r&eacute;alit&eacute; ext&eacute;rieure qui est &agrave; la fois monde physique et monde social&nbsp;&raquo;. Tous les ph&eacute;nom&egrave;nes de la vie mentale, qu&#39;il s&#39;agisse de l&#39;&eacute;motion, de l&#39;habitude, de la perception, ou de la pens&eacute;e, supposent &laquo;&nbsp;la liaison, la transition selon tous les degr&eacute;s&nbsp;&raquo; entre le facteur organique et le facteur social. Or l&#39;intrication de ces deux ordres de facteurs organise &laquo;&nbsp;la causalit&eacute; mat&eacute;rielle&nbsp;&raquo; qui d&eacute;termine l&#39;effectivit&eacute; de la conscience sous forme &laquo;&nbsp;de processus, d&#39;actes&nbsp;&raquo;. Car &laquo;&nbsp;la r&eacute;volution que la dialectique a op&eacute;r&eacute;e dans notre fa&ccedil;on de conna&icirc;tre&nbsp;&raquo;, c&#39;est le d&eacute;saveu des concepts de &laquo;&nbsp;trait caract&eacute;ristique, de caract&egrave;re sp&eacute;cifique, de qualit&eacute; permanente, de propri&eacute;t&eacute;, de substance, d&#39;essence&nbsp;&raquo;.</p> <p class="texte" dir="ltr">Donc, si la psychologie est bien &laquo;&nbsp;l&#39;&eacute;tude des faits appartenant &agrave; la conscience ou &eacute;vocateurs de la conscience&nbsp;&raquo;, elle est en m&ecirc;me temps &laquo;&nbsp;psychologie de l&#39;efficience&nbsp;&raquo;. En effet, la conscience humaine, comme trait d&#39;union entre l&#39;organique et le social, se produit, se r&eacute;alise dans des ensembles d&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;actes moteurs ou mentaux&nbsp;&raquo;, de r&eacute;actions r&eacute;sultant du &laquo;&nbsp;contact entre l&#39;&ecirc;tre psychique et son milieu&nbsp;&raquo;.</p> <p class="texte" dir="ltr">Wallon donne plusieurs d&eacute;finitions de la psychologie, mais dans une perspective convergente malgr&eacute; leurs contenus d&#39;apparence diverse. La psychologie, on vient de le voir, a pour objet la conscience ; elle se pr&eacute;sente comme &laquo;&nbsp;l&#39;&eacute;tude de la vie mentale&nbsp;&raquo;. Mais comme cet objet comporte une double d&eacute;termination bio-sociale, la psychologie appara&icirc;t, de ce fait, comme &laquo;&nbsp;la science charni&egrave;re entre deux mondes qui sont un seul monde, et qu&#39;il ne faut pas laisser se dissocier : le monde physique et le monde des soci&eacute;t&eacute;s humaines&nbsp;&raquo;. L&#39;&eacute;tude de la vie mentale est donc bien &agrave; la fois &laquo;&nbsp;science de la nature et science de l&#39;homme&nbsp;&raquo;. D&#39;apr&egrave;s Wallon, les retomb&eacute;es de la philosophie positiviste d&#39;A. Comte ont eu pour effet, en invalidant la possibilit&eacute; m&ecirc;me d&#39;une psychologie scientifique, d&#39;introduire une s&eacute;paration radicale entre les sciences de la nature et les sciences de l&#39;homme. Or, &laquo;&nbsp;l&#39;inconv&eacute;nient est grand. C&#39;est la rupture dans le syst&egrave;me de nos connaissances. C&#39;est la r&eacute;alit&eacute; coup&eacute;e en deux&nbsp;&raquo;. Dans cette situation, la psychologie oscille entre l&#39;organicisme et l&#39;id&eacute;alisme. &laquo;&nbsp;Quant aux sciences humaines, si elles sont priv&eacute;es de leurs bases organiques, elles tendent forc&eacute;ment vers l&#39;id&eacute;alisme. Et l&#39;id&eacute;alisme peut m&ecirc;me faire retour vers les sciences physiques pour contester la r&eacute;alit&eacute; de leur objet&nbsp;&raquo;<a class="footnotecall" href="#ftn4" id="bodyftn4">4</a>.</p> <p class="texte" dir="ltr">Ce qui est d&eacute;crit dans les derni&egrave;res lignes que l&rsquo;on vient de lire, c&rsquo;est une analyse tr&egrave;s profonde, m&ecirc;me si incompl&egrave;te, en tout cas tr&egrave;s personnelle et tr&egrave;s in&eacute;dite, des m&eacute;canismes essentiels de la conjoncture o&ugrave; se d&eacute;ploie le conflit perdurant et s&rsquo;aggravant depuis des d&eacute;cennies entre la psychanalyse et la psychologie objective au sein de l&rsquo;universit&eacute; fran&ccedil;aise, au point de devoir conduire &agrave; terme &agrave; la ruine plausible des deux camps de bellig&eacute;rants, au profit d&rsquo;une colonisation par le paradigme par cognitiviste Nord-Am&eacute;ricain.</p> <p class="texte" dir="ltr">La d&eacute;finition du r&eacute;el psychique en termes de causalit&eacute; bio-sociale d&eacute;termine donc, insiste Wallon, en convergence avec le principe g&eacute;n&eacute;ral de l&#39;interp&eacute;n&eacute;tration des sciences, le lieu de la psychologie comme discipline relais situ&eacute;e &agrave; l&#39;articulation du domaine de la nature et de celui de l&#39;histoire. Mais ce principe de transition implique &eacute;galement, &agrave; titre de corollaire, &laquo;&nbsp;la continuit&eacute; et l&#39;unit&eacute; des faits psychologiques&nbsp;&raquo;, celle aussi des sous-disciplines de la psychologie : &laquo;&nbsp;la psychologie est certainement un des domaines o&ugrave; le cloisonnement excessif des faits &eacute;tudi&eacute;s entra&icirc;ne le plus d&#39;inconv&eacute;nients. La psychologie est n&eacute;cessairement une&nbsp;&raquo;. De fa&ccedil;on essentielle, l&#39;unit&eacute; interne de la psychologie repr&eacute;sente la condition m&ecirc;me de sa fonction &eacute;pist&eacute;mologique de &laquo;&nbsp;lien entre sciences de la nature et sciences de l&#39;homme&nbsp;&raquo;.</p> <p class="texte" dir="ltr">Il est assez surprenant de voir ici Wallon introduite le th&egrave;me d&rsquo;une unit&eacute; diff&eacute;renci&eacute;e de la psychologie par une voie et une argumentation dialectiques assez diff&eacute;rents de celles plus opportunistes de la diplomatie finassi&egrave;re de Lagache, organisant un mariage de convenance mutuelle entre deux partenaires d&rsquo;un bon milieu et, peut-on dire, bien sous tous rapports.</p> <p class="texte" dir="ltr">Dans cette position interm&eacute;diaire, la psychologie a son autonomie propre, par rapport aux sciences tant biologiques qu&rsquo;historiques, celle-ci r&eacute;sultant du caract&egrave;re sp&eacute;cifique, irr&eacute;ductible de la zone d&rsquo;interf&eacute;rence entre les niveaux de d&eacute;terminisme qui l&#39;encadrent vers le haut et vers le bas. Comme l&#39;exprime Wallon : &laquo;&nbsp;Les civilisations comportent des manifestations d&#39;ordre social, mais avec un substrat d&#39;ordre individuel. A la base de la vie sociale, il faut des repr&eacute;sentations. L&#39;homme doit &ecirc;tre capable d&#39;en former. Comment ? Ce n&#39;est ni l&#39;office de la physiologie ni l&#39;office de la sociologie de le dire. C&#39;est proprement l&#39;office de la psychologie&nbsp;&raquo;<a class="footnotecall" href="#ftn5" id="bodyftn5">5</a>.</p> <p class="texte" dir="ltr">L&#39;instance du psychologique comporte une consistance et une coh&eacute;rence propres, qui emp&ecirc;chent de la r&eacute;duire aussi bien &agrave; sa base biologique qu&rsquo;&agrave; sa base sociale. Voici d&eacute;j&agrave; trente-cinq ans le grand biologiste Jacques Monod (1970) avait encore la sagesse et la modestie de consid&eacute;rer que les grands progr&egrave;s de la biologie ne sauraient faire que la notion d&#39;esprit se r&eacute;duis&icirc;t un jour &agrave; celle du cerveau. Cependant, &agrave; l&#39;autre extr&ecirc;me, du c&ocirc;t&eacute; donc des sciences sociales, l&#39;individu concret, estimait le philosophe marxiste Lucien S&egrave;ve vers la m&ecirc;me &eacute;poque (1969), ne surgit pas simplement non plus sur la base sociale, mais se trouve plut&ocirc;t &laquo;&nbsp;engren&eacute; lat&eacute;ralement en elle&nbsp;&raquo;. Formule ing&eacute;nieuse qui retrouve d&rsquo;une certaine mani&egrave;re, dans une perspective dialectique commune avec celle de Wallon, son antir&eacute;ductionnisme vers le haut en pendant de celui reconnu vers le bas par Monod. On sait assez aujourd&rsquo;hui que l&rsquo;&eacute;volution de la psychologie fran&ccedil;aise, au moins non clinique, depuis cette &eacute;poque n&rsquo;a pas su tenir cet &eacute;quilibre entre les deux formes de p&eacute;ril.</p> <h1 dir="ltr" id="heading3">La m&eacute;thode de la psychologie comme analyse des ensembles</h1> <p class="texte" dir="ltr">Le point que l&rsquo;on aborde ici, touchant la d&eacute;finition de la m&eacute;thode de la psychologie comme analyse des ensembles, concerne &eacute;videmment aussi la m&eacute;thode dialectique.</p> <p class="texte" dir="ltr">En effet, dans une perspective dialectique, il convient de prendre en compte, d&#39;un point de vue diachronique, le mouvement de la chose m&ecirc;me, mais aussi d&#39;envisager celle-ci, selon l&#39;axe synchronique, comme totalit&eacute; concr&egrave;te (Hegel cit&eacute; par L&eacute;nine, Politzer).</p> <p class="texte" dir="ltr">La longue introduction m&eacute;thodologique de Wallon &agrave; La Vie mentale expose sa conception de la psychologie dans une perspective particuli&egrave;re, marqu&eacute;e par le privil&egrave;ge des notions synchroniques de totalit&eacute;, d&#39;interaction qui retiennent pour l&#39;instant notre int&eacute;r&ecirc;t. En fait, le lien y est &eacute;tabli &eacute;galement avec la composante diachronique de mouvement, qui int&eacute;resse en tout &eacute;tat de cause le mod&egrave;le wallonien de la psychogen&egrave;se.</p> <p class="texte" dir="ltr">La psychologie, c&#39;est-&agrave;-dire &laquo;&nbsp;l&#39;&eacute;tude de la vie mentale&nbsp;&raquo; y est donc d&eacute;finie, ceci pour la premi&egrave;re fois, on l&rsquo;a vu, comme &laquo;&nbsp;science de la nature et science de l&#39;homme&nbsp;&raquo;. En fait, le but et l&#39;objet de la psychologie se sp&eacute;cifient plus pr&eacute;cis&eacute;ment comme &laquo;&nbsp;l&#39;homme en contact avec le r&eacute;el &raquo;. La constitution psychobiologique de l&#39;homme, activ&eacute;e et encadr&eacute;e par la structure particuli&egrave;re de son syst&egrave;me nerveux, organise un tissu d&#39;interactions o&ugrave; s&#39;&eacute;tablit &laquo;&nbsp;le contact avec les choses&nbsp;&raquo;, mais surtout &laquo;&nbsp;le contact avec les hommes&nbsp;&raquo;, donc avec l&#39;ensemble du milieu naturel et social. La psychologie envisage non pas &laquo;&nbsp;l&#39;homme &eacute;ternel&nbsp;&raquo;, mais &laquo;&nbsp;l&#39;homme r&eacute;el&nbsp;&raquo;, d&eacute;termin&eacute; &agrave; la fois par les conditions de sa vie physiologique et celles de &laquo;&nbsp;son milieu technique, intellectuel, professionnel, social&nbsp;&raquo;.</p> <p class="texte" dir="ltr">La psychologie qui s&#39;int&eacute;resse &agrave; l&#39;ensemble des capacit&eacute;s et des activit&eacute;s de contact de l&#39;homme r&eacute;el est donc &laquo;&nbsp;l&#39;&eacute;tude concr&egrave;te d&#39;une r&eacute;alit&eacute; concr&egrave;te&nbsp;&raquo;. De ce point de vue, l&#39;homme n&#39;est pas tout fait. Il se construit au cours d&#39;un processus de d&eacute;veloppement, qui &eacute;largit et enrichit son unit&eacute;, &agrave; partir d&#39;un double m&eacute;canisme de diff&eacute;renciation et d&#39;int&eacute;gration.</p> <p class="texte" dir="ltr">De fa&ccedil;on compl&eacute;mentaire, la psychologie se sp&eacute;cifie &eacute;galement comme &laquo;&nbsp;caract&eacute;rologie&nbsp;&raquo;, ou &eacute;tude du caract&egrave;re. En effet, le d&eacute;veloppement de l&#39;&ecirc;tre humain concret d&eacute;termine la r&eacute;alisation de son unit&eacute; sous la forme d&#39;un caract&egrave;re. La psychogen&egrave;se est envisag&eacute;e avant tout par Wallon, &agrave; la diff&eacute;rence de Piaget, comme &laquo;&nbsp;croissance de la personne, d&eacute;veloppement proprement personnel, individuel&nbsp;&raquo;. A cet &eacute;gard, Wallon con&ccedil;oit le caract&egrave;re comme &laquo;&nbsp;la mani&egrave;re habituelle et constante de r&eacute;agir propre &agrave; chaque individu&nbsp;&raquo;. En ce sens, le caract&egrave;re repr&eacute;sente &laquo;&nbsp;l&#39;indice individuel de chacun&nbsp;&raquo;, o&ugrave; s&#39;exprime &laquo;&nbsp;la totalit&eacute; de la personne&nbsp;&raquo;. Il se d&eacute;finit encore comme &laquo;&nbsp;la formule pratique&nbsp;&raquo; de la personnalit&eacute;, le mode particulier de conduites o&ugrave; s&#39;actualise &laquo;&nbsp;le sentiment de personnalit&eacute;&nbsp;&raquo;.</p> <p class="texte" dir="ltr">Le caract&egrave;re repr&eacute;sente, &agrave; c&ocirc;t&eacute; de l&#39;intelligence, c&#39;est &agrave; dire de la composante cognitive, la composante affective de la formation de la personne, dans le contexte de cette triple d&eacute;termination bio socio psychologique des faits mentaux, dont il a &eacute;t&eacute; question plus haut.</p> <p class="texte" dir="ltr">C&#39;est dans le cadre des consid&eacute;rations pr&eacute;c&eacute;dentes que Wallon envisage cette &laquo;&nbsp;conception activiste de la r&eacute;alit&eacute;&nbsp;&raquo; comme m&eacute;ritant le nom de dialectique, propos que l&rsquo;on a d&eacute;j&agrave; mentionn&eacute; pr&eacute;c&eacute;demment.</p> <p class="texte" dir="ltr">Les consid&eacute;rations que l&rsquo;on vient de formuler sur le caract&egrave;re et la personnalit&eacute;, tout autant qu&rsquo;une conception dialectique invoqu&eacute;e au titre d&rsquo;une totalit&eacute; r&eacute;elle et concr&egrave;te, expriment &eacute;galement une perspective incontestablement clinique, bien plus qu&rsquo; exp&eacute;rimentaliste, du sujet psychologique. &Eacute;tant &agrave; rappeler que, m&ecirc;me si elle est aujourd&rsquo;hui un peu d&eacute;mod&eacute;e, il a exist&eacute; une tr&egrave;s riche tradition psychanalytique, remontant &agrave; Freud et Abraham en personne, et dont le dernier repr&eacute;sentant en France semblerait avoir &eacute;t&eacute; Bergeret, centr&eacute;e justement sur ces notions de caract&egrave;re et de personnalit&eacute;.</p> <p class="texte" dir="ltr">De fa&ccedil;on essentielle, cette d&eacute;finition particuli&egrave;re de la dialectique, donc comme conception activiste de la r&eacute;alit&eacute;, commande la conception que Wallon se fait de l&#39;&eacute;tude de la vie mentale comme psychologie de l&#39;efficience, en opposition &agrave; &laquo;&nbsp;la psychologie de la conscience&nbsp;&raquo;, propre &agrave; la tradition id&eacute;aliste du XIXe si&egrave;cle, elle-m&ecirc;me, soulignons-le au passage, l&rsquo;un des adversaires nomm&eacute;ment vis&eacute;s de Freud.</p> <p class="texte" dir="ltr">Or, la m&eacute;thode de la psychologie de l&#39;homme concret ne peut consister justement que dans &laquo;&nbsp;l&#39;analyse des ensembles&nbsp;&raquo;. De fait, toute r&eacute;alit&eacute; psychique comporte un ensemble de facteurs interd&eacute;pendants. A tous les niveaux et dans toutes les perspectives de l&#39;analyse psychologique, &laquo;&nbsp;l&#39;ensemble a plus de r&eacute;alit&eacute; que les parties&nbsp;&raquo;. En r&eacute;alit&eacute;, souligne Wallon, cette notion d&#39;ensemble comportera pour le psychologue des acceptions tr&egrave;s vari&eacute;es.</p> <p class="texte" dir="ltr">En premier lieu, la psychologie de l&#39;enfant d&eacute;crit la gen&egrave;se de la vie mentale selon un trajet qui proc&egrave;de du simple vers le complexe, c&#39;est &agrave; dire de l&#39;unit&eacute; d&#39;abord indivise de la personne jusqu&#39;&agrave; son unit&eacute; finale, int&eacute;gr&eacute;e et diff&eacute;renci&eacute;e.</p> <p class="texte" dir="ltr">Or, d&egrave;s le r&egrave;gne animal, &laquo;&nbsp;pour Pi&eacute;ron, toute r&eacute;action totale est psychique&nbsp;&raquo;. Dans la perspective de la psychogen&egrave;se de la personne, &laquo;&nbsp;c&#39;est aux premi&egrave;res &eacute;tapes de la vie psychique qu&#39;il faut chercher ce qui est simple. Et le simple et le total commencent par se confondre&nbsp;&raquo;.</p> <p class="texte" dir="ltr">Dans la phase ult&eacute;rieure du d&eacute;veloppement, la vie psychique s&#39;organise selon une &laquo;&nbsp;hi&eacute;rarchie de structures&nbsp;&raquo;. Tout d&#39;abord les stades successifs de la psychogen&egrave;se se pr&eacute;sentent chacun comme un ensemble, une structure hi&eacute;rarchis&eacute;e de fonctions (A/i<em>, </em>l/a). Mais la succession en ordre irr&eacute;versible de ces stades s&#39;int&egrave;gre par ailleurs &agrave; l&#39;ensemble g&eacute;n&eacute;tique plus vaste que repr&eacute;sente la psychogen&egrave;se individuelle, soit encore l&rsquo;ontogen&egrave;se. En outre, on peut rattacher aussi l&#39;ontogen&egrave;se psychique &agrave; des syst&egrave;mes plus vastes : tout d&#39;abord &agrave; l&#39;&eacute;volution des esp&egrave;ces, c&#39;est &agrave; dire &agrave; la phylogen&egrave;se et, en fin de compte comme on l&#39;a vu, au devenir universel des formes, &agrave; &laquo;&nbsp;l&#39;&eacute;volution conjointe des choses et des id&eacute;es&nbsp;&raquo;.</p> <p class="texte" dir="ltr">Chez l&#39;enfant comme chez l&#39;adulte, toutes les fonctions particuli&egrave;res observables aux diff&eacute;rentes &eacute;tapes de la vie psychique se pr&eacute;sentent aussi comme des ensembles. Cela est vrai au niveau des diff&eacute;rentes esp&egrave;ces de conduites affectives : &eacute;motions, sentiments ; et de conduites cognitives : perception, m&eacute;moire. Par ailleurs, le fonctionnement diachronique de chacune de ces esp&egrave;ces de conduites d&eacute;veloppe lui-m&ecirc;me un ensemble modul&eacute; par &laquo;&nbsp;l&#39;action du temps&nbsp;&raquo;. Ce principe comporte une application d&#39;une grande importance, comme on l&rsquo;a vu par exemple, concernant l&#39;&eacute;chelle &eacute;volutive particuli&egrave;re, entre 0,6 et 3 ans, des formes successives de l&#39;identification personnelle et sociale, au sein du couple moi-autre.</p> <p class="texte" dir="ltr">Au terme de la psychogen&egrave;se enfin, &laquo;&nbsp;la personnalit&eacute;, le caract&egrave;re, la destin&eacute;e d&#39;un individu sont des ensembles organis&eacute;s&nbsp;&raquo;. Les diff&eacute;rents types de caract&egrave;res &eacute;tudi&eacute;s par les m&eacute;thodes vari&eacute;es de la caract&eacute;rologie repr&eacute;sentent divers syst&egrave;mes d&#39;&eacute;quilibre r&eacute;sultant des interactions entre le sujet et son milieu, o&ugrave; interviennent notamment les personnes et les groupes.</p> <p class="texte" dir="ltr">Les groupes, les populations au sens technique de l&rsquo;analyse statistique sont aussi des ensembles auxquels a affaire la psychologie.</p> <p class="texte" dir="ltr">Ici se rencontre un probl&egrave;me important concernant la mentalit&eacute; moderne ayant aujourd&rsquo;hui cours dans le champ de ce que l&rsquo;on appelle la psychologie scientifique.</p> <p class="texte" dir="ltr">La m&eacute;thode consistant &agrave; restituer le mouvement de l&#39;objet total s&rsquo;oppose, en m&eacute;thodologie des sciences &agrave; celle fond&eacute;e sur la d&eacute;finition op&eacute;rationnelle d&#39;un ensemble restreint de variables ind&eacute;pendantes. La seconde appartient &agrave; une tradition de pens&eacute;e passant par Descartes et Claude Bernard, tandis que la premi&egrave;re rel&egrave;ve bien plut&ocirc;t justement du courant de la pens&eacute;e dialectique depuis Hegel. La psychologie g&eacute;n&eacute;tique telle que Wallon l&#39;envisage se rattache &agrave; cette tradition dialectique, dans la mesure m&ecirc;me o&ugrave; elle repose sur une m&eacute;thode d&#39;analyse des ensembles en mouvement. Le privil&egrave;ge d&#39;une telle m&eacute;thode exprime lui-m&ecirc;me le principe dialectique de la totalit&eacute; concr&egrave;te : il n&#39;y a de connaissance que de l&#39;objet total, de l&#39;ensemble exhaustif des variables en inter-action-conflit.</p> <p class="texte" dir="ltr">A l&#39;encontre, la m&eacute;thode g&eacute;n&eacute;tique de Piaget, bien qu&#39;elle se pr&eacute;occupe &eacute;galement de respecter les ensembles, se rattache n&eacute;anmoins d&#39;une certaine mani&egrave;re &agrave; la conception bernardienne de l&#39;analyse en variables. En effet, dans le syst&egrave;me des interactions entre les deux composantes affective et cognitive de la personnalit&eacute; concr&egrave;te, Piaget ne porte par principe d&#39;int&eacute;r&ecirc;t qu&#39;&agrave; la seconde. Il l&#39;isole alors du syst&egrave;me total de la psychogen&egrave;se, en vue de construire une psychologie de l&#39;intelligence. Ce pr&eacute;jug&eacute; analytique et r&eacute;ductif entra&icirc;ne une description du d&eacute;veloppement intellectuel qui, tout en mettant l&#39;accent fort sur le caract&egrave;re actif du proc&egrave;s de connaissance, tend &agrave; minimiser le r&ocirc;le du facteur affectif-social dans sa formation. Une telle approche entra&icirc;ne des effets de distorsions quant &agrave; l&#39;&eacute;valuation de la qualit&eacute; et de l&#39;allure des proc&egrave;s g&eacute;n&eacute;tiques. Le d&eacute;veloppement du sujet &eacute;pist&eacute;mique, repr&eacute;sent&eacute; certes comme &laquo;&nbsp;dialectique&nbsp;&raquo;, est n&eacute;anmoins marqu&eacute; par la pr&eacute;valence d&#39;un principe d&#39;&eacute;quilibration continue, aux d&eacute;pens du principe de conflit.</p> <h1 dir="ltr" id="heading4">Une interdisciplinarit&eacute; fond&eacute;e sur le respect des diff&eacute;rences</h1> <p class="texte" dir="ltr">La m&eacute;thode de l&#39;analyse des totalit&eacute;s concr&egrave;tes en mouvement est particuli&egrave;re &agrave; la conception wallonienne de la psychologie de l&#39;enfant, de la psychogen&egrave;se de la personnalit&eacute;. Cependant, elle comporte une cons&eacute;quence d&#39;une importance majeure qu&#39;il convient &agrave; pr&eacute;sent de souligner : la psychologie de l&#39;enfant ne saurait &ecirc;tre envisag&eacute;e que dans le cadre d&#39;une conception interdisciplinaire et comparative de la psychologie. Le principe dialectique de la totalit&eacute; concr&egrave;te rejoint ici celui du d&eacute;cloisonnement des sciences envisag&eacute; sous ses deux implications principales par rapport &agrave; la psychologie : science charni&egrave;re entre la nature et l&#39;histoire, unit&eacute; interne de ses sous-disciplines. Envisageons mieux ce point important.</p> <p class="texte" dir="ltr">Comme l&#39;&eacute;crit Wallon, la perspective &laquo;&nbsp;dialectique&nbsp;&raquo; (sic) en psychologie implique d&#39;envisager &laquo;&nbsp;le psychisme comme une r&eacute;alit&eacute; dont l&#39;existence et les modalit&eacute;s diverses ou successives doivent &ecirc;tre expliqu&eacute;es par ses rapports avec d&#39;autres r&eacute;alit&eacute;s&nbsp;&raquo;.</p> <p class="texte" dir="ltr">Effectivement, toute esp&egrave;ce de proc&egrave;s psychique, dans le cadre de la psychogen&egrave;se, se pr&eacute;sente comme un ensemble en mouvement. Or celui-ci, parce qu&#39;il est un ensemble de variables en interaction, ne saurait &ecirc;tre compris par simple dissociation en variables &eacute;l&eacute;mentaires. En effet, celles-ci peuvent ne pas pr&eacute;server la constance de leur qualit&eacute;, de leur r&ocirc;le et de leur m&eacute;canisme, selon les paliers du d&eacute;veloppement. Il en est ainsi de la fonction intellectuelle suivant qu&#39;elle intervient dans un stade &agrave; dominante intellectuelle ou au contraire &agrave; dominance affective. La m&ecirc;me remarque concerne les conduites affectives, selon leur statut dominant ou au contraire subordonn&eacute;, dans la s&eacute;quence des stades.</p> <p class="texte" dir="ltr">C&#39;est pourquoi la m&eacute;thode g&eacute;n&eacute;tique, en psychologie de l&#39;enfant tout d&#39;abord, est par d&eacute;finition comparative. L&#39;analyse des ensembles en mouvement ne peut s&#39;effectuer que dans le cadre d&#39;un ensemble d&#39;ensembles. L&#39;&eacute;tude d&#39;un type particulier de gen&egrave;se implique la prise en compte des analogies, mais surtout des diff&eacute;rences, que pr&eacute;sente son mouvement avec d&#39;autres formes plus ou moins apparent&eacute;es de proc&egrave;s.</p> <p class="texte" dir="ltr">Ainsi l&#39;analyse des stades g&eacute;n&eacute;raux de la psychogen&egrave;se infantile, celle aussi de l&#39;&eacute;volution de fonctions particuli&egrave;res &agrave; travers la s&eacute;quence des stades, par exemple l&#39;intelligence, suppose la r&eacute;f&eacute;rence &agrave; certaines sources privil&eacute;gi&eacute;es de comparaison : tout d&#39;abord l&#39;enfant lui-m&ecirc;me, et on verra un peu plus loin selon quel proc&eacute;d&eacute;. Mais aussi bien l&#39;adulte, et enfin l&#39;animal, l&#39;arri&eacute;r&eacute; mental, et les formes archa&iuml;ques de la pens&eacute;e sauvage.</p> <p class="texte" dir="ltr">La m&eacute;thode g&eacute;n&eacute;tique et comparative consiste &agrave; comprendre la gen&egrave;se des structures chez l&#39;enfant, non en l&#39;assimilant &agrave;, bien plut&ocirc;t en la diff&eacute;renciant de divers autres types de proc&egrave;s, dont les vitesses et les points d&#39;arriv&eacute;e sont aussi diff&eacute;rents que possible. Pris en soi, le proc&eacute;d&eacute; comparatif comporte un caract&egrave;re spontan&eacute;ment dialectique &agrave; la condition de s&#39;appliquer &agrave; &eacute;viter &laquo;&nbsp;la superstition du m&ecirc;me&nbsp;&raquo;, et &agrave; &laquo;&nbsp;marquer les diff&eacute;rences&nbsp;&raquo;. C&#39;est pourquoi, il n&#39;est fructueux que si &laquo;&nbsp;les ensembles, les syst&egrave;mes, les s&eacute;ries&nbsp;&raquo; compar&eacute;s ne sont pas &laquo;&nbsp;trop semblables&nbsp;&raquo;, et m&ecirc;me sont &laquo;&nbsp;irr&eacute;ductibles entre elles&nbsp;&raquo;. Dans cette perspective, la comparaison par marquage des diff&eacute;rences comporte un int&eacute;r&ecirc;t g&eacute;n&eacute;tique de grande importance : en effet, elle permet d&#39;identifier, dans l&#39;&eacute;volution psychique de l&#39;homme mais aussi des autres esp&egrave;ces, les lieux et les proc&egrave;s de &laquo;&nbsp;passage entre des formes et des conditions diverses d&#39;existence ou de fonction&nbsp;&raquo;.</p> <p class="texte" dir="ltr">La comparaison entre l&#39;enfant et l&#39;adulte est fondamentale en raison de leurs diff&eacute;rences, mais aussi du fait que &laquo;&nbsp;l&#39;enfant tend vers l&#39;adulte comme le syst&egrave;me vers son &eacute;quilibre&nbsp;&raquo;.</p> <p class="texte" dir="ltr">La comparaison entre l&#39;enfant et l&#39;animal, en particulier le singe, permet de mettre en &eacute;vidence que le langage est la diff&eacute;rence radicale qui les s&eacute;pare.</p> <p class="texte" dir="ltr">La comparaison entre l&#39;enfant et le primitif permet de marquer aussi leur diff&eacute;rence. L&#39;enfant ne sait pas encore utiliser les techniques mat&eacute;rielles et id&eacute;ologiques de la civilisation, alors que ces techniques font d&eacute;faut chez le primitif : &laquo;&nbsp;les causes d&#39;insuffisance, loin d&#39;&ecirc;tre les m&ecirc;mes, sont inverses&nbsp;&raquo;.</p> <p class="texte" dir="ltr">La m&eacute;thode de comparaison pathologique entre l&#39;enfant normal et l&#39;arri&eacute;r&eacute; mental est la premi&egrave;re forme comparative que Wallon a utilis&eacute;e et elle a jou&eacute; dans son &oelig;uvre un r&ocirc;le &eacute;pist&eacute;mologique majeur. En effet, de fa&ccedil;on tr&egrave;s dialectique encore, &laquo;&nbsp;l&#39;enfant normal se d&eacute;couvre dans l&#39;enfant pathologique&nbsp;&raquo;, autrement dit dans un mode diff&eacute;rent et m&ecirc;me oppos&eacute; de fonctionnement. Dans cette perspective, Wallon a &eacute;labor&eacute; un mod&egrave;le des stades du d&eacute;veloppement chez l&#39;enfant normal &agrave; partir de ses observations sur les arri&eacute;r&eacute;s mentaux. Chez l&#39;enfant normal, le rythme pr&eacute;cipit&eacute; de l&#39;&eacute;volution provoque des ph&eacute;nom&egrave;nes de chevauchement entre stades successifs. Au contraire, chez l&#39;enfant pathologique, la psychogen&egrave;se s&#39;est fix&eacute;e &agrave; un certain niveau sur un type unique et simplifi&eacute; de comportement, parfois avec une perfection de mod&egrave;le.</p> <p class="texte" dir="ltr">La neuropathologie de l&#39;enfant et de l&#39;adulte, la psychologie normale de l&#39;adulte, l&#39;&eacute;thologie animale, et l&#39;ethnographie organisent donc l&#39;ensemble des comparaisons externes.</p> <p class="texte" dir="ltr">Cependant, l&#39;&eacute;tude de la psychogen&egrave;se suppose aussi un ensemble de comparaisons internes, qu&#39;il y a lieu d&#39;ailleurs, par pr&eacute;caution m&eacute;thodologique, d&#39;effectuer avant les pr&eacute;c&eacute;dentes.</p> <p class="texte" dir="ltr">L&#39;enfant doit &ecirc;tre compar&eacute; avec lui-m&ecirc;me aux diff&eacute;rents moments successifs de son d&eacute;veloppement. Chaque stade doit &ecirc;tre identifi&eacute; en fonction de ses conditions neurologiques et sociales, et resitu&eacute; alors en son &laquo;&nbsp;int&eacute;gration dans l&#39;unit&eacute; mouvante du tout&nbsp;&raquo;, langage tr&egrave;s h&eacute;g&eacute;lien, bien plus h&eacute;g&eacute;lien d&rsquo;ailleurs que marxiste. L&#39;analyse g&eacute;n&eacute;tique trouve ici un cadre comparatif non seulement dans la s&eacute;rie totale des &eacute;tapes de l&#39;ontogen&egrave;se psychique, mais aussi dans la physiologie du syst&egrave;me nerveux : l&#39;&eacute;chelonnement de ses diff&eacute;rents &eacute;tages selon un double m&eacute;canisme d&#39;int&eacute;gration et de diff&eacute;renciation refl&egrave;te les &eacute;tapes successives de la phylogen&egrave;se. Les m&eacute;canismes psychologiques de l&#39;int&eacute;gration et de l&#39;alternance fonctionnelle trouvent leurs bases &agrave; la fois mat&eacute;rielles et analogiques, sous forme de condition n&eacute;cessaire mais non suffisante, dans des types correspondants de fonctionnement nerveux et physiologique. Ainsi de l&#39;int&eacute;gration, dont on vient de parler, des fonctions du syst&egrave;me c&eacute;r&eacute;bro-spinal ; ainsi &eacute;galement de l&#39;alternance chez le nouveau-n&eacute; entre le sommeil et l&#39;app&eacute;tit alimentaire.</p> <p class="texte" dir="ltr">L&#39;analyse compar&eacute;e des ensembles repr&eacute;sente donc tout d&#39;abord le proc&eacute;d&eacute; essentiel d&#39;une double m&eacute;thode g&eacute;n&eacute;tique et pathologique. Celle-ci permet en premier lieu d&#39;&eacute;difier une psychologie int&eacute;grale de l&#39;enfant selon les dimensions normale et pathologique. Dans ce cadre de d&eacute;part, elle produit aussi une description des types psychophysiologiques normaux, qui ouvre la voie d&#39;une caract&eacute;rologie, d&#39;une typologie de la personnalit&eacute;, dans la double perspective, comme on l&rsquo;a d&eacute;j&agrave; envisag&eacute; et comme on va le voir mieux encore, de la psychologie diff&eacute;rentielle et de la psychologie clinique.</p> <p class="texte" dir="ltr">Cependant, l&#39;analyse compar&eacute;e des ensembles, en particulier la m&eacute;thode g&eacute;n&eacute;tique et pathologique, son instrument principal, permettent aussi de prolonger et d&#39;&eacute;largir la psychologie de l&#39;enfant dans le cadre plus englobant d&#39;une psychologie g&eacute;n&eacute;rale con&ccedil;ue comme science de l&#39;homme. Cette psychologie interdisciplinaire et totale est orient&eacute;e par le dessein privil&eacute;gi&eacute; d&#39;une connaissance de l&#39;adulte &agrave; travers l&#39;enfant, enrichie par le trajet compl&eacute;mentaire de la connaissance de l&#39;enfance r&eacute;f&eacute;r&eacute;&agrave; l&#39;adulte. Mais elle se pr&eacute;sente aussi comme le cadre unificateur de l&#39;ensemble des disciplines de la psychologie r&eacute;parties entre les deux composantes biologique et sociale, entre la nature et l&#39;histoire&nbsp;: donc la psychophysiologie, l&#39;&eacute;thologie animale et humaine, la psychologie de l&#39;enfant, la psychologie g&eacute;n&eacute;rale de l&#39;adulte, la psychologie pathologique, la psychologie clinique de la personnalit&eacute;, la psychologie diff&eacute;rentielle des aptitudes. La psychologie sociale y intervient par le biais de l&#39;&eacute;tude des groupes et des milieux : en particulier la famille et l&#39;&eacute;cole. S&#39;y ajoute &eacute;galement la psychologie transculturelle, une discipline depuis en plein d&eacute;veloppement Enfin en d&eacute;pendent les principales branches de la psychologie appliqu&eacute;e, principalement la psychologie scolaire et la psychologie du travail.</p> <p class="texte" dir="ltr">L&#39;analyse compar&eacute;e des ensembles repr&eacute;sente la m&eacute;thode indispensable &agrave; la psychologie de l&#39;enfant et &agrave; sa g&eacute;n&eacute;ralisation en psychologie de l&#39;homme concret. Mais en dehors de ce proc&eacute;d&eacute; essentiel, la psychologie de l&#39;efficience, dans le souci de multiplier les perspectives sur le r&eacute;el, importe dans son champ et adapte &agrave; ses probl&egrave;mes la m&eacute;thodologie g&eacute;n&eacute;rale de l&#39;analyse scientifique. A l&#39;oppos&eacute; de la psychologie de la conscience, elle ne r&eacute;pudie pas l&#39;usage du nombre, et cherche &agrave; d&eacute;couvrir des rapports objectifs de causalit&eacute;. Cependant, la &laquo;&nbsp;surd&eacute;termination&nbsp;&raquo; de ces rapports conf&egrave;re de ce fait m&ecirc;me &agrave; la causalit&eacute; des proc&egrave;s psychiques &laquo;&nbsp;un aspect de probabilit&eacute;&nbsp;&raquo;. Aussi bien l&#39;analyse des variables particuli&egrave;res doit-elle &ecirc;tre toujours subordonn&eacute;e &agrave; la consid&eacute;ration de l&#39;ensemble, comme &laquo;&nbsp;totalit&eacute; dans son actuelle complexit&eacute;&nbsp;&raquo;. M&ecirc;me &agrave; faire usage du nombre en psychologie, &laquo;&nbsp;le d&eacute;terminisme est dans le tout&nbsp;&raquo;. L&#39;apparition de comportements plus complexes chez l&#39;homme implique &agrave; la fois, et de fa&ccedil;on paradoxale, un d&eacute;terminisme plus strict et une plasticit&eacute; accrue. On comprend ici que Wallon s&rsquo;int&eacute;resse beaucoup au progr&egrave;s des m&eacute;thodes statistiques &agrave; son &eacute;poque, tout en posant que celles-ci doivent toujours &ecirc;tre subordonn&eacute;es &agrave; un projet et une perspective ensembliste, sans jamais laisser le dernier mot &agrave; la seule analyse des variables.</p> <p class="texte" dir="ltr">Concernant les m&eacute;thodes particuli&egrave;res de la psychologie, Wallon accorde une grande importance aux techniques con&ccedil;ues en vue de l&#39;&eacute;tude objective et &laquo;&nbsp;arm&eacute;e&nbsp;&raquo;, comme on dit couramment, de la personnalit&eacute;. Il s&#39;agit tout d&#39;abord de la mesure des aptitudes au moyen des techniques de la psychom&eacute;trie, dans le cadre de la psychologie diff&eacute;rentielle. Cependant, l&#39;ensemble de ses aptitudes n&#39;est pas tout l&#39;homme, n&#39;explique pas toute &laquo;&nbsp;l&#39;histoire individuelle&nbsp;&raquo;. C&#39;est pourquoi, dans une approche de nature plus clinique, un autre type de m&eacute;thodes est repr&eacute;sent&eacute; par l&#39;observation au moyen de questionnaires, ou encore au moyen de tests de personnalit&eacute;. Parmi eux, on distingue les tests projectifs (Rorschach), et ceux construits au moyen de la m&eacute;thode statistique de l&#39;analyse factorielle (MMPI). L&#39;intuition du clinicien doit en dominer les r&eacute;sultats. Ces vues, exprim&eacute;es voici trois quarts de si&egrave;cle, d&eacute;finissent encore de nos jours les principes g&eacute;n&eacute;raux de la formation m&eacute;thodologique du psychologue praticien.</p> <p class="texte" dir="ltr">Dans son souci d&#39;accueillir toutes les formes de la r&eacute;alit&eacute; concr&egrave;te, d&#39;aborder l&#39;ensemble des diff&eacute;rents syst&egrave;mes de relations, la psychologie de l&#39;efficience se refuse en fait &agrave; toute unit&eacute; de m&eacute;thode. Il faut faire l&#39;essai de m&eacute;thodes particuli&egrave;res, bien qu&#39;elles soient encore suspectes &agrave; beaucoup, par exemple la graphologie - et on n&rsquo;aurait que trop entendu Wallon de ce point de vue. Il est arriv&eacute; souvent, dans l&#39;histoire, dit-il avec pertinence, que des sciences naissent de pratiques r&eacute;prouv&eacute;es par la raison : ainsi de la chimie issue de l&#39;alchimie. De fa&ccedil;on plus g&eacute;n&eacute;rale, l&#39;activit&eacute; magique et mythique repr&eacute;sente le premier pas vers la technique, elle annonce m&ecirc;me le caract&egrave;re normatif et pr&eacute;dictif de la raison scientifique. Mais aussi, &laquo;&nbsp;par une sorte de choc en retour&nbsp;&raquo;, les formes de savoir dont celle-ci est le moyen ont contribu&eacute; &agrave; &laquo;&nbsp;une graduelle d&eacute;subjectivisation&nbsp;&raquo; de cette conscience confuse et anthropomorphique qui a servi de premier berceau &agrave; la science.</p> <p class="texte" dir="ltr">Le caract&egrave;re interdisciplinaire de la psychologie, &agrave; l&#39;int&eacute;rieur comme &agrave; l&#39;ext&eacute;rieur de son champ propre comporte encore un aspect d&#39;une particuli&egrave;re importance : il s&#39;agit de la fonction &eacute;pist&eacute;mologique de la psychologie g&eacute;n&eacute;rale &agrave; l&#39;&eacute;gard de l&#39;ensemble des sciences. A ce propos, l&#39;occasion s&#39;offre de rep&eacute;rer encore une autre forme des proc&egrave;s d&#39;interaction.</p> <p class="texte" dir="ltr">D&#39;une part, la psychologie de l&#39;homme concret doit prendre en compte les diff&eacute;rents syst&egrave;mes de relation qui r&eacute;sultent pour lui de sa double insertion dans l&#39;&eacute;volution des formes naturelles et dans le mouvement de l&#39;histoire sociale. Pour cela la psychologie doit puiser dans les r&eacute;sultats des autres sciences. Mais elle leur rend aussi ce qu&rsquo;elle leur a emprunt&eacute;. En effet, aucune science ne peut se d&eacute;sint&eacute;resser du probl&egrave;me de &laquo;&nbsp;l&#39;action de l&#39;homme dans la connaissance&nbsp;&raquo;. De ce point de vue, la connaissance scientifique de l&#39;objet implique, &agrave; terme, l&#39;analyse de l&#39;activit&eacute; du sujet. A cet &eacute;gard, et r&eacute;ciproquement donc, les autres sciences font appel &agrave; la psychologie, pour en recevoir une th&eacute;orie du sujet. La psychologie ouvre sur &laquo;&nbsp;la mise au point critique&nbsp;&raquo;, c&#39;est-&agrave;-dire l&#39;&eacute;pist&eacute;mologie des sciences.</p> <p class="texte" dir="ltr">On retrouve ici la question soulev&eacute;e pr&eacute;c&eacute;demment &agrave; propos de l&#39;argument de Comte sur l&#39;objet-sujet, et aussi, du principe d&#39;ind&eacute;termination d&#39;Heisenberg&nbsp;: l&#39;activit&eacute; exerc&eacute;e par le sujet savant sur l&#39;objet le r&eacute;v&egrave;le de ce fait m&ecirc;me comme sujet. Pour son compte, Piaget a &eacute;galement con&ccedil;u et r&eacute;alis&eacute; le projet d&#39;une psychologie du sujet comme fondement &eacute;pist&eacute;mique de l&#39;ensemble des sciences, dans le cadre d&#39;une organisation en spirale de la production du savoir. Mais sur ce point, Wallon trouve &agrave; critiquer la conception de Piaget, en d&eacute;pit m&ecirc;me de son esprit interdisciplinaire : &laquo;&nbsp;Dans la recherche m&ecirc;me des conditions de la pens&eacute;e, la psychologie d&eacute;borde l&#39;histoire des sciences et la th&eacute;orie de la connaissance. Elle se r&eacute;f&egrave;re &agrave; l&rsquo;ontogen&egrave;se, &agrave; l&rsquo;ethnographie, &agrave; la psychopathologie, &agrave; la zoologie. Ce n&rsquo;est pas qu&rsquo;il faille la consid&eacute;rer &agrave; la mani&egrave;re d&rsquo;une science des sciences, d&rsquo;une sp&eacute;culation quintessenci&eacute;e &ndash; mortel danger pour elle&nbsp;&raquo;<a class="footnotecall" href="#ftn6" id="bodyftn6">6</a>.</p> <p class="texte" dir="ltr">On objectera peut-&ecirc;tre que ces conceptions sont en grande partie d&eacute;mod&eacute;es, parce que l&rsquo;histoire de la psychologie depuis 60 ans a suivi un autre chemin que celui dont Wallon lui tra&ccedil;ait le programme dans les textes pr&eacute;c&eacute;dents. C&rsquo;est en grande partie vrai dans la mesure o&ugrave; la vision d&rsquo;une unit&eacute; de la psychologie centr&eacute;e autour de la psychologie de l&rsquo;enfant - ce qui a &eacute;t&eacute; aussi dans un esprit sensiblement diff&eacute;rent le projet de Piaget - a pris un tout autre chemin, celui indiqu&eacute; par Lagache d&rsquo;un mariage de raison entre la psychologie clinique et la psychologie exp&eacute;rimentale, avec dominance de droit si possible de la premi&egrave;re sur la seconde. Et on a bien vu, de ces deux points de vue, ce qu&rsquo;il en est advenu. Au point de justifier le propos de Shakespeare selon lequel le spectacle du monde n&rsquo;est qu&rsquo;une com&eacute;die et l&rsquo;histoire une farce jou&eacute;e par un idiot. Toutefois, ce qui reste de la tentative de Wallon, c&rsquo;est moins ce qu&rsquo;il a projet&eacute; que ce qu&rsquo;il a d&eacute;crit et r&eacute;alis&eacute; lui-m&ecirc;me, et qui repr&eacute;sente une critique vraiment d&eacute;cisive de ce qu&rsquo;il y aurait eu lieu dans un pass&eacute; encore peu lointain de ne pas faire, de ce qu&rsquo;il y aurait lieu &eacute;galement dans le pr&eacute;sent de ne pas continuer &agrave; faire, de ce qu&rsquo;il conviendrait plut&ocirc;t et en contrepartie de faire, si du moins il en &eacute;tait encore temps.</p> <p class="texte" dir="ltr">En conclusion, se r&eacute;clamer d&rsquo;un point de vue marxiste, voire m&ecirc;me du mat&eacute;rialisme dialectique en psychologie, comme a cru devoir le faire parfois Wallon, c&rsquo;est tout autre chose que d&rsquo;&ecirc;tre un chercheur et un professeur en psychologie inscrit de surcro&icirc;t au Parti communiste. Cela n&rsquo;a m&ecirc;me rien &agrave; voir. Wallon a introduit en personne la notion de dialectique mat&eacute;rialiste dans l&rsquo;usage de la langue fran&ccedil;aise une dizaine d&rsquo;ann&eacute;es avant d&rsquo;&ecirc;tre &eacute;t&eacute; officiellement membre du parti communiste. N&rsquo;en d&eacute;plaise aux rieurs, il fallait tout de m&ecirc;me le faire. En tout cas, cette perspective permet d&rsquo;envisager que la notion de dialectique mat&eacute;rialiste - la dialectique f&ucirc;t-elle mat&eacute;rialiste - est bien plus un point d&rsquo;aboutissement qu&rsquo;une innovation incongrue dans l&rsquo;histoire de la philosophie.</p> <h1 dir="ltr" id="heading5">Quelques remarques &agrave; propos des &laquo;&nbsp;erreurs&nbsp;&raquo; de Wallon</h1> <p class="texte" dir="ltr">Ren&eacute; Zazzo parle quelque part dans son ouvrage sur <em>Psychologie et marxisme</em> des erreurs de Wallon sans plus de pr&eacute;cisions, ce qui interroge l&rsquo;historien d&rsquo;id&eacute;es, s&rsquo;il se veut au moins aussi pr&eacute;cis qu&rsquo;impartial<a class="footnotecall" href="#ftn7" id="bodyftn7">7</a>.</p> <p class="texte" dir="ltr">Il est assez piquant de se rem&eacute;morer aujourd&rsquo;hui que Wallon a &eacute;t&eacute; un partisan de la m&eacute;thode globale d&rsquo;apprentissage de la lecture, une nouveaut&eacute; introduite &agrave; l&rsquo;&eacute;poque par le belge Ovide Decroly, dont Wallon &eacute;tait un adepte fervent, l&eacute;gitimant le bien-fond&eacute; d&rsquo;une telle approche par le caract&egrave;re syncr&eacute;tique de la perception enfantine.</p> <p class="texte" dir="ltr">On sait qu&rsquo;&agrave; une certaine &eacute;poque en France certaines directives administratives dont les initiateurs n&rsquo;ont pas laiss&eacute; dans l&rsquo;histoire de noms bien pr&eacute;cis ont attribu&eacute; &agrave; la m&eacute;thode globale d&rsquo;apprentissage de la lecture quasiment l&rsquo;enti&egrave;re responsabilit&eacute; de l&rsquo;ensemble des troubles de l&rsquo;apprentissage scolaire, le rem&egrave;de devant consister dans la r&eacute;habilitation de la m&eacute;thode strictement analytique et alphab&eacute;tique, qui aurait &eacute;t&eacute; soi-disant celle des hussards noirs de l&rsquo;ancienne &eacute;cole de la R&eacute;publique. Cette id&eacute;ologie habilement diffus&eacute;e a p&eacute;n&eacute;tr&eacute; aujourd&rsquo;hui partout &agrave; tel point que cette diabolisation de la m&eacute;thode globale est devenue un lieu commun dans l&rsquo;opinion publique.</p> <p class="texte" dir="ltr">En fait, la m&eacute;thode globale sous sa forme pure, consistant &agrave; faire apprendre les mots entiers par c&oelig;ur n&rsquo;a jamais pu &ecirc;tre pratiqu&eacute;e sous cette forme. Par ailleurs, il est &eacute;vident que la m&eacute;thode purement analytique, consistant &agrave; recomposer le mot entier &agrave; partir de ses &eacute;l&eacute;ments litt&eacute;raux est largement impraticable dans une langue comme le fran&ccedil;ais o&ugrave; la graphie est souvent tr&egrave;s &eacute;loign&eacute;e de la phonie, ce qui est le cas aussi en anglais. Cette question comporte toutes sortes d&rsquo;aspects linguistiques, parmi lesquels celui des diphtongues, et &eacute;galement celui des homonymes, c&rsquo;est-&agrave;-dire des entit&eacute;s linguistiques qui ne se prononcent pas du tout comme elles s&rsquo;&eacute;crivent. Ferdinand de Saussure parle de cette situation dans son <em>Cours de linguistique g&eacute;n&eacute;rale</em>, en l&rsquo;attribuant &agrave; une tendance archa&iuml;sante tr&egrave;s ancienne propre aux lettr&eacute;s et &agrave; certains milieux de l&rsquo;administration monarchique fran&ccedil;aise, dont les traditions corporatives remontaient &agrave; l&rsquo;&eacute;poque m&eacute;di&eacute;vale.</p> <p class="texte" dir="ltr">Il suffit d&rsquo;observer avec soin un enfant fran&ccedil;ais en cours d&rsquo;apprentissage de la lecture pour se rendre aussit&ocirc;t compte qu&rsquo;il proc&egrave;de de soi-m&ecirc;me en utilisant les deux m&eacute;thodes de fa&ccedil;on plus ou moins combin&eacute;e selon les textes. De la m&ecirc;me mani&egrave;re, les innombrables m&eacute;thodes de lecture ont toujours utilis&eacute; des dosages variables de ces deux approches, pr&eacute;sentes m&ecirc;me dans les manuels les plus r&eacute;cents. La p&eacute;dagogie des ma&icirc;tres est tr&egrave;s variable aussi selon leur personnalit&eacute; et &eacute;galement les personnalit&eacute;s des diff&eacute;rents enfants.</p> <p class="texte" dir="ltr">Parmi les erreurs de Wallon, on serait tr&egrave;s v&eacute;tilleux aujourd&rsquo;hui de lui reprocher d&rsquo;avoir cit&eacute; dans ses articles plus sp&eacute;cialement consacr&eacute;s &agrave; l&rsquo;expos&eacute; de la dialectique mat&eacute;rialiste assez souvent, outre Marx et Engels, le nom de L&eacute;nine (Staline un seule fois &agrave; mon souvenir), dont il y a &agrave; dire qu&rsquo;il fait preuve d&rsquo;un incontestable talent philosophique aussi bien dans ses <em>Cahiers philosophiques</em> sur la Logique de Hegel que dans son ouvrage intitul&eacute; <em>Mat&eacute;rialisme et empiriocriticisme</em> dirig&eacute; contre le philosophe n&eacute;okantien et positiviste August Mach. On ferait peut-&ecirc;tre aussi la moue &agrave; lire le jugement positif port&eacute; &agrave; l&rsquo;occasion par Wallon sur les travaux des biologistes Lyssenko et Mitchourine, qui avaient d&eacute;fray&eacute; la chronique, en pleine &eacute;poque stalinienne, pour avoir, en opposition au caract&egrave;re soi-disant bourgeois de la th&eacute;orie darwinienne de la s&eacute;lection naturelle, r&eacute;habilit&eacute; la doctrine lamarckienne de l&rsquo;h&eacute;r&eacute;dit&eacute; des caract&egrave;res acquis<a class="footnotecall" href="#ftn8" id="bodyftn8">8</a>. Ceci dit, un certain nombre d&rsquo;auteurs ont pris le parti de consid&eacute;rer que cette question n&rsquo;&eacute;tait pas pour autant tout &agrave; fait r&eacute;gl&eacute;e, et qu&rsquo;il n&rsquo;&eacute;tait pas absurde d&rsquo;introduire dans le corps de la th&eacute;orie darwinienne une dose raisonnable de lamarckisme (Piaget, Leroi-Gourhan, Changeux, etc.). Mais c&rsquo;est l&agrave; un autre d&eacute;bat. En tout cas, les pr&eacute;historiens notoires depuis Leroi-Gourhan, c&rsquo;est le cas par exemple d&rsquo;Yves Coppens, con&ccedil;oivent la derni&egrave;re phase de l&rsquo;hominisation comme un processus o&ugrave; l&rsquo;<em>homo</em> poursuit et parach&egrave;ve le modelage de son propre organisme par son comportement actif. Cette id&eacute;e, sauve qui peut&nbsp;! s&rsquo;accommode d&rsquo;un sch&eacute;ma tout autant lamarckien que darwinien de l&rsquo;&eacute;volution. Mais nous ne savons encore &agrave; peu pr&egrave;s rien sur les m&eacute;canismes de ces ph&eacute;nom&egrave;nes. Et on ne croit pas volontiers que les pr&eacute;historiens contemporains aimeraient &agrave; s&rsquo;expliquer en d&eacute;bat public sur les aspects purement th&eacute;oriques de cette question tr&egrave;s d&eacute;licate.</p> <p class="texte" dir="ltr">Une autre erreur aussi de Wallon est certainement de s&rsquo;&ecirc;tre entour&eacute; d&rsquo;une &eacute;quipe de collaborateurs dont aucun n&rsquo;a jamais eu la moindre capacit&eacute; ni m&ecirc;me le r&eacute;el souci de pr&eacute;server la grande profondeur de sa pens&eacute;e.</p> <p class="texte" dir="ltr">A lire les platitudes que ses proches associ&eacute;s ont pu &eacute;crire sur les points nodaux de sa d&eacute;marche scientifique et surtout le cadre incontestablement philosophique de celle-ci, on &eacute;prouve concernant Wallon, &agrave; peu pr&egrave;s ce que Baudelaire formule de l&rsquo;albatros, qu&rsquo;au milieu m&ecirc;me des siens, &laquo;&nbsp;ses ailes de g&eacute;ant l&rsquo;emp&ecirc;chaient de marcher&nbsp;&raquo;<a class="footnotecall" href="#ftn9" id="bodyftn9">9</a>.</p> <p class="texte" dir="ltr">Zazzo, qui n&rsquo;est pas tout &agrave; fait sans m&eacute;rite, se tient aupr&egrave;s de Wallon comme son principal disciple, &agrave; peu pr&egrave;s comme le &laquo;&nbsp;h&eacute;ron&nbsp;&raquo; de la <em>Fable</em> de La Fontaine aux c&ocirc;t&eacute;s de l&rsquo;albatros. Ses propos sur la dialectique pour expliquer &laquo;&nbsp;dans une lettre aux psychologues am&eacute;ricains&nbsp;&raquo;<a class="footnotecall" href="#ftn10" id="bodyftn10">10</a> sa mise en &oelig;uvre dans la psychologie de Wallon et son bon usage en psychologie de l&rsquo;enfant sont d&rsquo;une fadeur et d&rsquo;une mi&egrave;vrerie &agrave; la limite du supportable. Zazzo ne ressemble pas du tout &agrave; Wallon. Il est d&rsquo;un esprit beaucoup plus comportementaliste. Et surtout son attitude d&rsquo;hostilit&eacute; affich&eacute;e, parfois m&ecirc;me ses ricanements contre la psychanalyse - &laquo;&nbsp;le ch&acirc;teau de cartes de Freud&nbsp;et ses proph&eacute;ties &raquo;<a class="footnotecall" href="#ftn11" id="bodyftn11">11</a> - sont sans commune mesure avec l&rsquo;attitude beaucoup plus nuanc&eacute;e de Wallon, en d&eacute;finitive bien plus positive que n&eacute;gative, m&ecirc;me si parfois tr&egrave;s ambigu&euml;, en tout cas ambivalente et fluctuante selon les textes. Pour ne pas parler de son acharnement ridicule &agrave; r&eacute;futer le stade du miroir de Jacques Lacan, au moyen d&rsquo;exp&eacute;riences o&ugrave; il n&rsquo;imagine rien de mieux que d&rsquo;enfermer les m&egrave;res des enfants dans des sortes de cages (&laquo;&nbsp;des cages-&agrave;-m&egrave;res&nbsp;&raquo;, oui), pour briser toute esp&egrave;ce de contact entre les deux coupables<a class="footnotecall" href="#ftn12" id="bodyftn12">12</a>. Wallon, ainsi que Piaget, ont toujours reconnu en Freud un g&eacute;ant de leur propre taille. Tandis que l&rsquo;attitude personnelle de Zazzo anticipe tout &agrave; fait, d&eacute;j&agrave; trente auparavant, sur ce que nous avons aujourd&rsquo;hui sous les yeux, avec l&rsquo;affaire du <em>Livre noir de la psychanalyse</em>, la m&ecirc;me attitude de rejet de nature affligeante, et d&rsquo;ordre aussi bien affectif que scientiste.</p> <p class="texte" dir="ltr">On se demandera encore longtemps pourquoi les meilleurs psychologues en France ont affich&eacute; cette tendance, d&egrave;s apr&egrave;s la Deuxi&egrave;me Guerre mondiale, &agrave; se jeter- les mains tendues et en riant, comme amoureusement - dans les bras de la psychologie am&eacute;ricaine, Zazzo et aussi largement Lagache, mais pas du tout Anzieu, et encore moins &eacute;videmment Lacan, dont l&rsquo;Am&eacute;rique est la t&ecirc;te de Turc, et quasiment, comme disent les Iraniens, le Grand Satan.</p> <p class="texte" dir="ltr">La classique et profonde, et toujours &ocirc; combien tr&egrave;s actuelle, histoire des moutons de Panurge dans Rabelais offrirait tout de m&ecirc;me un moyen intellectuel pour r&eacute;fl&eacute;chir &agrave; cette situation. Le penchant &agrave; l&rsquo;ali&eacute;nation culturelle de tout notre pays fait songer &agrave; ces images filmiques saccad&eacute;es, saisies en 1945, de filles en socquettes blanches, riant de toutes leurs dents et grimpant sur les chars am&eacute;ricains, pour embrasser les vainqueurs et leur verser du vin. Ces manifestations populaires sont ais&eacute;ment compr&eacute;hensibles mais ne sauraient tout de m&ecirc;me pas fonder une attitude intellectuelle tr&egrave;s justifiable.</p> <p class="texte" dir="ltr">Arnold Gesell a &eacute;t&eacute; un tr&egrave;s grand psychologue de l&rsquo;enfant, comme peut le montrer ais&eacute;ment le r&eacute;sum&eacute; essentiel de ses id&eacute;es dans le Tableau synoptique figurant &agrave; la fin de notre livre. Sa d&eacute;marche, d&rsquo;une couleur parfois curieusement dialectique, et sans probablement qu&rsquo;il s&rsquo;en doute, le rapproche tr&egrave;s souvent beaucoup plus de la mentalit&eacute; europ&eacute;enne et de l&rsquo;esprit aussi bien de Wallon que de Piaget - c&rsquo;en est m&ecirc;me frappant - que du b&eacute;haviorisme. Un George Miller, qui argumentait de mani&egrave;re ent&ecirc;t&eacute;e et avec talent contre les id&eacute;es de Piaget touchant la pr&eacute;valence de la logique sur le langage, et qui a fond&eacute; la psychologie cognitive am&eacute;ricaine pour en critiquer ensuite les exc&egrave;s, est aussi un grand personnage. On n&rsquo;oubliera &eacute;videmment pas non plus l&rsquo;immense talent des travaux de Stanley Milgram sur la soumission &agrave; l&rsquo;autorit&eacute;, ainsi que de Rosenthal et Jacobson, sur l&rsquo;effet Pygmalion, dont la port&eacute;e r&eacute;volutionnaire contre l&rsquo;ordre &eacute;tabli, aussi bien &agrave; l&rsquo;Ouest qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;Est, ont fait qu&rsquo;ils ont &eacute;t&eacute; pratiquement biff&eacute;s de la m&eacute;moire culturelle confi&eacute;e aux manuels, ainsi qu&rsquo;on martelait jadis les noms des pharaons ind&eacute;sirables. Certains articles am&eacute;ricains refl&egrave;tent parfois des talents de psychologues hors du commun, investis d&rsquo;une cr&eacute;ativit&eacute; et d&rsquo;une dynamique intellectuelles que l&rsquo;on ne voit jamais plus en Europe continentale. Voyez par exemple le texte d&rsquo;Anne Treisman, de l&rsquo;Universit&eacute; de Berkeley dans l&rsquo;<em>Introduction aux sciences cognitives</em> de Daniel Andler. Il y a &eacute;videmment aussi de tr&egrave;s grands talents en Angleterre&nbsp;: Bartlett, Bower.</p> <p class="texte" dir="ltr">A c&ocirc;t&eacute; de cela, des pans entiers de la psychologie sociale anglophone refl&egrave;tent, de fa&ccedil;on &eacute;videmment inconsciente, une mis&egrave;re de l&rsquo;<em>ego oeconomicus americanus</em>, dont l&rsquo;esprit europ&eacute;en, s&rsquo;il avait toujours la causticit&eacute; de Voltaire, pourrait tirer de v&eacute;ritables le&ccedil;ons d&rsquo;&eacute;thique humoristique appliqu&eacute;e. On a essay&eacute; de montrer cela ailleurs et on n&rsquo;y reviendra pas dans le d&eacute;tail (Jalley, 2006, ch. 15). Il y a dans la mentalit&eacute; am&eacute;ricaine un c&ocirc;t&eacute; &laquo;&nbsp;m&eacute;canique&nbsp;&raquo; auquel l&rsquo;<em>habitus</em> europ&eacute;en est toujours rest&eacute; compl&egrave;tement r&eacute;fractaire en son fond. Le succ&egrave;s populaire des id&eacute;es de Watson et de Skinner pour &oelig;uvrer par les techniques du conditionnement &agrave; la propagation du bien &ecirc;tre social a &eacute;t&eacute;, &agrave; un moment, un v&eacute;ritable raz-de-mar&eacute;e, un ph&eacute;nom&egrave;ne de masse incroyable aux USA. Une soir&eacute;e consacr&eacute;e par la cha&icirc;ne Arte &agrave; ce sujet montrait r&eacute;cemment des documents filmiques d&rsquo;un grand int&eacute;r&ecirc;t, de foules courant dans les rues apr&egrave;s le bonheur, provoquant le m&ecirc;me effet comique, mais totalement involontaire, que les figures de Charlie Chaplin et de Buster Keaton, qui sont bien en r&eacute;alit&eacute; des critiques de cet univers-l&agrave; (<em>Les temps modernes</em>, <em>Le dictateur</em> de Chaplin). Aujourd&rsquo;hui les grandes figures des chantres du b&eacute;haviorisme&nbsp;: Hull, Dollard, Miller, Hovland nous apparaissent comme autant de totems monumentaux d&rsquo;une significativit&eacute; &agrave; peu pr&egrave;s aussi expressive que les pierres monstrueuses de l&rsquo;&Icirc;le de P&acirc;ques.</p> <p class="texte" dir="ltr">Cela fait quelque temps que tout un courant de la r&eacute;cente philosophie fran&ccedil;aise, apr&egrave;s avoir courtis&eacute; Lacan, s&rsquo;est compl&egrave;tement d&eacute;tourn&eacute; de la psychanalyse, pour retrouver le fil d&rsquo;un dialogue d&eacute;j&agrave; install&eacute; d&egrave;s les ann&eacute;es 1970 avec la monotone philosophie analytique anglo-saxonne, et ouvrir &agrave; partir de l&agrave;, d&egrave;s les ann&eacute;es 1990 environ, une fen&ecirc;tre nouvelle sur le paradis des sciences cognitives (Engel, <em>Introduction &agrave; la philosophie de l&rsquo;esprit</em>, 1994). Ce qui se cherche &agrave; partir de l&agrave;, c&rsquo;est probablement un retour <em>bewustlos</em>, sans conscience comme dit Hegel, &agrave; l&rsquo;ancien courant europ&eacute;en des philosophies de la connaissance (Kant, Hegel, Husserl), que l&rsquo;on va rechercher sur la sollicitation de l&rsquo;<em>american way of thinking</em>, probablement parce que l&rsquo;on n&rsquo;ose plus aller leur rendre visite en personne. A c&ocirc;t&eacute; de cela, bien entendu, Deleuze, Derrida, Badiou, c&rsquo;est tout autre chose. Eux sont &eacute;videmment du c&ocirc;t&eacute; de la vieille Europe.</p> <p class="texte" dir="ltr">On ne saurait &eacute;videmment avec bon sens reprocher &agrave; Wallon de n&rsquo;avoir pu emp&ecirc;cher tout cela. Mais comme il a toujours cherch&eacute; &agrave; faire oublier sa formation philosophique de base, qui transpara&icirc;t &agrave; chaque ligne de son &oelig;uvre, il a toujours tendu aussi &agrave; s&rsquo;environner d&rsquo;un entourage de capacit&eacute;s secondaires. Ses compagnons du Parti communiste n&rsquo;ont jamais rien compris &agrave; son &oelig;uvre. On raconte qu&rsquo;un professeur de psychologie communiste &agrave; la Facult&eacute; de&hellip;dans les ann&eacute;es 1960 ne quittait jamais son amphi sans laisser &eacute;crit en grosses lettres &agrave; la craie sur le tableau, apr&egrave;s l&rsquo;avoir bien r&eacute;expliqu&eacute; aux &eacute;tudiants &agrave; chaque fois, le r&eacute;sum&eacute; de sa pens&eacute;e&nbsp;: S-R, stimilus-r&eacute;ponse, rien d&rsquo;autre que le sigle indicatif du b&eacute;haviorisme watsonien. Normal, non&nbsp;?<a class="footnotecall" href="#ftn13" id="bodyftn13">13</a></p> <p class="texte" dir="ltr">J&rsquo;ai mentionn&eacute; ailleurs le propos de Didier Anzieu, d&eacute;clarant qu&rsquo;il avait tent&eacute; d&egrave;s ses d&eacute;buts m&ecirc;me &agrave; l&rsquo;universit&eacute; de s&rsquo;orienter vers la recherche plut&ocirc;t que vers l&rsquo;enseignement, moyen de gagner plus de solitude tout en d&eacute;limitant davantage les relations coll&eacute;giales. Ceci parce que, disait-il, il avait &eacute;t&eacute; tr&egrave;s d&eacute;&ccedil;u par le niveau intellectuel plut&ocirc;t m&eacute;diocre de ses coll&egrave;gues. Anzieu arrive comme assistant de Lagache &agrave; la Sorbonne en 1951, en m&ecirc;me temps que Maisonneuve et Moscovici, o&ugrave; lui-m&ecirc;me succ&egrave;de &agrave; Bresson, et il sera nomm&eacute; professeur &agrave; Strasbourg en 1955. L&rsquo;opinion n&eacute;gative d&rsquo;Anzieu ne d&eacute;signait ni Lagache ni m&ecirc;me Pi&eacute;ron, ami de Wallon et d&rsquo;une grande ouverture d&rsquo;esprit relative, mais tr&egrave;s possiblement une personnalit&eacute; comme Fraisse, dont l&rsquo;enseignement de Travaux pratiques paraissait &agrave; ras de terre aux &eacute;tudiants de philosophie alors oblig&eacute;s d&rsquo;obtenir le Certificat de Psychologie g&eacute;n&eacute;rale<a class="footnotecall" href="#ftn14" id="bodyftn14">14</a> Bresson se faisait remarquer surtout par une faconde agressive et une forme de causticit&eacute; dirig&eacute;e &agrave; peu pr&egrave;s contre tout, pour r&eacute;sumer les traits remarquables qui ont fait l&rsquo;essentiel de sa carri&egrave;re de Directeur &agrave; l&rsquo;EHESS<a class="footnotecall" href="#ftn15" id="bodyftn15">15</a>, &agrave; la t&ecirc;te d&rsquo;un laboratoire dont l&rsquo;activit&eacute; essentielle &eacute;tait polaris&eacute;e par l&rsquo;objectif de refaire les exp&eacute;riences de Piaget, pour voir si par hasard il n&rsquo;avait pas pu se tromper. C&rsquo;est dans ce contexte peu encourageant qu&rsquo;ont pu surgir &agrave; nouveau, d&eacute;j&agrave; dans le cours des ann&eacute;es 1950-1970, des id&eacute;es compl&egrave;tement d&eacute;pass&eacute;es au plan de l&rsquo;histoire de la philosophie, par exemple le th&egrave;me, dont on a parl&eacute; &agrave; plusieurs reprises (Jalley, 2004, 2006) comme d&eacute;fendu aujourd&rsquo;hui en particulier par Roger L&eacute;cuyer, d&rsquo;une d&eacute;rivation de l&rsquo;intelligence &agrave; partir de la perception, et dont la repousse bizarre se rattache tr&egrave;s probablement aux travaux men&eacute;s &agrave; l&rsquo;&eacute;poque par &Eacute;liane Vurpillot, dans le cadre du Laboratoire de Paul Fraisse, qui les pr&eacute;sentait comme de &laquo;&nbsp;niveau international&nbsp;&raquo;, propos que l&rsquo;examen attentif de publications d&eacute;pourvues de toute innovation effective fait para&icirc;tre avec le recul comme bien exag&eacute;r&eacute;<a class="footnotecall" href="#ftn16" id="bodyftn16">16</a>.</p> <p class="texte" dir="ltr">Le premier fl&eacute;chissement du niveau d&rsquo;inventivit&eacute; et de qualit&eacute; de la psychologie fran&ccedil;aise a subi une nouvelle cassure apr&egrave;s 1968, dans la p&eacute;riode qui a suivi le d&eacute;part de Piaget de la Sorbonne (1952-1963), dont la pr&eacute;sence avait assur&eacute;ment contribu&eacute; et m&ecirc;me servi &agrave; le camoufler un moment. Mais on vient d&rsquo;identifier son origine comme d&eacute;j&agrave; bien ant&eacute;rieure. Rappelons aussi que Merleau-Ponty ach&egrave;ve sa carri&egrave;re de Professeur au Coll&egrave;ge de France en 1960. Les r&eacute;sum&eacute;s de ses cours montrent, bien qu&rsquo;il n&rsquo;ait r&eacute;ellement rien invent&eacute; en tant que psychologue - Guillaume le traitait d&eacute;j&agrave; de philosophe et Piaget ne l&rsquo;estimait pas du tout - un niveau de prestation tr&egrave;s brillant.</p> <p class="texte" dir="ltr">Il semble bien que ce soit d&egrave;s la fin de la Deuxi&egrave;me Guerre mondiale que le milieu intellectuel de la psychologie scientifique fran&ccedil;aise se sente d&eacute;j&agrave; en difficult&eacute; pour renouveler ses repr&eacute;sentants aussi bien que sa vitalit&eacute; id&eacute;ologique. Guillaume et Delacroix ont &eacute;t&eacute; des professeurs et des &eacute;crivains int&eacute;ressants, assez prestigieux pour contrecarrer la carri&egrave;re du charg&eacute; d&rsquo;enseignements Wallon &agrave; la Sorbonne. Le fait singulier est que l&rsquo;on ait pu envisager, lors du d&eacute;part de Guillaume en 1947, de le faire remplacer dans une chaire de Professeur &agrave; la Sorbonne par Ignace Meyerson, alors que celui-ci mettra encore quelque temps avant d&rsquo;achever sa th&egrave;se, et devra finalement c&eacute;der la place pour la chaire en question &agrave; Lagache.</p> <p class="texte" dir="ltr">Piaget &eacute;tait une personnalit&eacute; dont le voisinage n&rsquo;a pas favoris&eacute; toujours le d&eacute;veloppement d&rsquo;individus cr&eacute;ateurs autour de lui. Un personnage bien dou&eacute; comme Pierre Gr&eacute;co en aurait &eacute;t&eacute; an&eacute;anti. Cependant, on peut tout de m&ecirc;me consid&eacute;rer que l&rsquo;influence globale de sa pens&eacute;e a exerc&eacute; des effets plut&ocirc;t f&eacute;conds et r&eacute;novateurs &agrave; long terme sur le riche milieu traditionnel de la psychologie suisse&nbsp;: Inhelder, Rey, Cell&eacute;rier, Mounoud, Bullinger, Doise.</p> <p class="texte" dir="ltr">Paul Fraisse, qui &eacute;tait dot&eacute; d&rsquo;une personnalit&eacute; plus contrariante encore que Piaget pour l&rsquo;autonomisation de ses proches collaborateurs, mais sans en avoir du tout l&rsquo;immense g&eacute;nie, devrait &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute; comme l&rsquo;un des principaux artisans de l&rsquo;&eacute;tat de d&eacute;vastation o&ugrave; se trouve aujourd&rsquo;hui r&eacute;duite la psychologie fran&ccedil;aise. Le plus curieux est qu&rsquo;il n&rsquo;&eacute;tait pas d&eacute;pourvu d&rsquo;une certaine conscience de la progression lente de ce d&eacute;sastre inexorable. J&rsquo;ai mentionn&eacute; ailleurs le fait qu&rsquo;il avait song&eacute; pendant une p&eacute;riode &agrave; la cr&eacute;ation d&rsquo;une agr&eacute;gation de psychologie, apparemment en vue de renforcer la s&eacute;lection des enseignants chercheurs. Or, depuis la publication de mon ouvrage de 2004, un d&eacute;tail curieux m&rsquo;a &eacute;t&eacute; rapport&eacute; par un ex-coll&egrave;gue de mon ancienne universit&eacute;<a class="footnotecall" href="#ftn17" id="bodyftn17">17</a> qui, pour habiter pr&egrave;s de chez lui &agrave; Chatenay-Malabry, avait l&rsquo;occasion de bavarder parfois avec lui. Fraisse lui aurait dit &agrave; plusieurs reprises que le grand regret de sa vie &eacute;tait de n&rsquo;avoir pas r&eacute;ussi &agrave; installer une circulation r&eacute;elle de la psychologie entre l&rsquo;universit&eacute; et l&rsquo;enseignement secondaire. Il est vrai que, du c&ocirc;t&eacute; de l&rsquo;enseignement secondaire, Georges Canguilhem, et certains de ses coll&egrave;gues inspecteurs g&eacute;n&eacute;raux, ainsi Dina Dreyfus, s&rsquo;appliquaient au contraire &agrave; comprimer au maximum la plage existante de la psychologie dans les enseignements de terminales, place qui subsistera reconnue comme telle jusqu&rsquo;en 1960, o&ugrave; ont &eacute;t&eacute; inaugur&eacute;s de nouveaux programmes up to date, avec pour titre &laquo;&nbsp;la connaissance&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;l&rsquo;action&nbsp;&raquo;. Il est vrai aussi que ce que Fraisse apportait aux philosophes dans son petit panier &agrave; pique-nique n&rsquo;avait gu&egrave;re de quoi les all&eacute;cher, si l&rsquo;on consid&egrave;re que sa version de la psychologie, c&rsquo;&eacute;tait &agrave; peu pr&egrave;s le b&eacute;haviorisme avec, probablement pour pr&eacute;server l&rsquo;exception fran&ccedil;aise - une coloration personnaliste en hommage &agrave; Emmanuel Mounier&nbsp;! - grosso modo l&rsquo;hypoth&egrave;se du trajet jug&eacute; plausible d&rsquo;une &acirc;me continuant &agrave; vaquer &agrave; ses occupations entre le stimulus et la r&eacute;ponse (S et R), et qu&rsquo;il appelait justement P (personality, pardon&hellip;Personnalit&eacute;).</p> <p class="texte" dir="ltr">Avec Wallon, c&rsquo;&eacute;tait un monde ancien qui disparaissait, une culture qui a tent&eacute; de se survivre par-del&agrave; la Deuxi&egrave;me Guerre mondiale, mais pour voir &eacute;teindre son influence effective en France apr&egrave;s 1950. En r&eacute;alit&eacute;, c&rsquo;est dans le dialogue posthume que le suisse Piaget m&egrave;ne avec lui encore un temps assez long dans son &oelig;uvre jusqu&rsquo;en 1965-1970, que la pens&eacute; wallonienne survit encore un moment en un autre pays que le sien. La figure embl&eacute;matique de Wallon, malgr&eacute; son importance r&eacute;elle dans l&rsquo;absolu, n&rsquo;a su ni pu prendre aucune prise sur l&rsquo;avenir de la psychologie fran&ccedil;aise. Pens&eacute;e trop difficile, et color&eacute;e de marxisme, un comble en pleine Guerre froide&nbsp;! C&rsquo;est du moins ce que tend &agrave; imposer un examen de l&rsquo;&eacute;tat des lieux de la psychologie fran&ccedil;aise, vu du moins de la place de Paris, d&rsquo;o&ugrave; a l&eacute;gif&eacute;r&eacute; comme urbi et orbi depuis 1950 l&rsquo;Universit&eacute; h&eacute;g&eacute;monique Ren&eacute; Descartes Paris V. Lors de l&rsquo;installation des nouveaux amphis de l&rsquo;Universit&eacute; Ren&eacute; Descartes, o&ugrave; Wallon aura men&eacute; en fait toute sa carri&egrave;re, leur d&eacute;nomination a donn&eacute; lieu &agrave; une palette de choix tr&egrave;s instructifs&nbsp;: deux psychanalystes, ce qui est un aveu non &eacute;quivoque de l&rsquo;actuel dysfonctionnement institutionnel (Lagache, Anzieu), Fraisse &eacute;videmment, et enfin le sociologue Halbwachs dont les m&acirc;nes respectables continuent &agrave; se demander ce qu&rsquo;elles sont venues faire en pareil voisinage. Le fait aussi que Wallon soit &agrave; peine mentionn&eacute; dans les deux ouvrages fran&ccedil;ais les plus r&eacute;cents concernant l&rsquo;Histoire de la psychologie dit bien le tissu complexe de pr&eacute;jug&eacute;, de d&eacute;saveu et de d&eacute;sarroi o&ugrave; se trouve &agrave; l&rsquo;heure actuelle plong&eacute;e toute la discipline (Nicolas, 2001&nbsp;; Braunstein-Pewzner, 1999).</p> <p class="texte" dir="ltr">En r&eacute;alit&eacute;, le tissu provincial de l&rsquo;Universit&eacute; fran&ccedil;aise, pour ce qui est de la psychologie, comporte encore, apr&egrave;s 1950, un r&eacute;seau r&eacute;siduel de personnalit&eacute;s qui ont connu et reconnu Wallon, et qui toutes en ont subi l&rsquo;influence plus ou moins directe, &eacute;tant entendu aussi que ce r&eacute;seau n&rsquo;a jamais pes&eacute; d&rsquo;un grand poids sur les destins de la politique disciplinaire &agrave; peu pr&egrave;s enti&egrave;rement d&eacute;cid&eacute;e depuis un demi-si&egrave;cle, insistons-y encore, d&egrave;s la place strat&eacute;gique du grand Paris&nbsp;: Philippe Malrieu, Jean Ch&acirc;teau, Pierre Artemenko, mis &agrave; part aussi en sciences de l&rsquo;&eacute;ducation, Maurice Debesse, Guy Avanzini, et Jacques Wittwer. Ce facteur politique contribue en partie &agrave; contrarier la juste appr&eacute;ciation d&rsquo;un bilan objectif de la psychologie fran&ccedil;aise, m&ecirc;me si aujourd&rsquo;hui s&rsquo;impose la triste et d&eacute;finitive constatation que la rel&egrave;ve au plan national tout entier en est compromise par les effets nocifs irr&eacute;m&eacute;diables de cette politique disciplinaire. En fait, les personnalit&eacute;s qui viennent d&rsquo;&ecirc;tre nomm&eacute;es n&rsquo;auront jamais eu les moyens, sinon intellectuels, en tout cas en termes de pouvoir politique et d&rsquo;influence institutionnelle, encore moins que Wallon, de faire &eacute;cole.</p> <p class="texte" dir="ltr">Wallon reste pr&eacute;sent toutefois d&rsquo;une certaine mani&egrave;re dans la d&eacute;nomination d&rsquo;un vaste r&eacute;seau de lieux relevant de l&rsquo;institution &eacute;ducative, au moins dans les municipalit&eacute;s d&rsquo;orientation d&eacute;mocratique, mais aussi et surtout, au-del&agrave; de cet aspect de pittoresque local, dans l&rsquo;activit&eacute; des psychologues scolaires que l&rsquo;on voit &oelig;uvrer partout, en nombre insuffisant mais de fa&ccedil;on plut&ocirc;t efficace, dans le tissu de l&rsquo;appareil scolaire, &agrave; r&eacute;parer les d&eacute;g&acirc;ts d&rsquo;un large registre de nuisances de tous ordres, m&ecirc;me &agrave; leur voir toujours contester obstin&eacute;ment le titre de psychologues.</p> <p class="texte" dir="ltr">On ne sait pas exactement si et combien Wallon a dirig&eacute; de doctorats d&rsquo;&eacute;tat, et m&ecirc;me la th&egrave;se de son principal disciple Ren&eacute; Zazzo sur les jumeaux, soutenue en 1958. On a parl&eacute; ailleurs (Jalley, 2004) de la d&eacute;ch&eacute;ance progressive de l&rsquo;institution doctorale &agrave; partir de 1968, sujet sur lequel on ne s&rsquo;appesantira pas &agrave; nouveau, sinon pour insister sur le fait que la crise actuelle de la psychologie universitaire n&rsquo;est pas &agrave; r&eacute;f&eacute;rer aux seuls effets nocifs du gouvernement de celle-ci &agrave; partir de la petite camarilla de noyau parisien, dont on a retrac&eacute; aussi au m&ecirc;me endroit le portrait significatif. Le m&eacute;canisme de la fabrication des doctorats en s&eacute;rie s&rsquo;est propag&eacute; dans le milieu m&ecirc;me de la psychologie clinique, et bien plus d&rsquo;ailleurs dans ce milieu que dans celui m&ecirc;me de la psychologie objective, sans parler d&rsquo;autres disciplines aspirant &agrave; un plus vaste soupirail de reconnaissance sociale. Juliette Favez-Boutonier, aux prises en des algarades incessantes avec Paul Fraisse, avouait avoir pour politique de recueillir le chiffre maximal d&rsquo;inscriptions en doctorats et de produire le maximum de soutenances, en vue d&rsquo;offrir suffisamment de troupes pour occuper la place en face du camp rival <a class="footnotecall" href="#ftn18" id="bodyftn18">18</a>. Ce sont l&agrave; les nouvelles m&oelig;urs promues dans la p&eacute;riode d&rsquo;apr&egrave;s 1968, surtout dans les &laquo;&nbsp;disciplines nouvelles&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire non traditionnelles, et bien d&eacute;crites dans l&rsquo;ouvrage classique de Pierre Bourdieu sur l&rsquo;Homo academicus (1984).</p> <p class="texte" dir="ltr">A cet &eacute;gard, certains chiffres de soutenances de doctorats, d&eacute;j&agrave; &eacute;voqu&eacute;s aussi ailleurs, laisseraient sans voix (Anzieu&nbsp;:&nbsp;63 ; Ricoeur&nbsp;: 146, contre 9 respectivement &agrave; L&eacute;vi-Strauss et Derrida, et 1 &agrave; Lacan). Il n&rsquo;est gu&egrave;re possible &agrave; un homme seul de lire autant de th&egrave;ses, au moins leur texte int&eacute;gral, &agrave; moins qu&rsquo;il ne s&rsquo;agisse de fant&ocirc;mes, que dis-je&nbsp;? des squelettes de th&egrave;ses, ou &agrave; moins encore que le Directeur en titre ne d&eacute;l&egrave;gue plus ou moins ses fonctions &agrave; des directeurs subordonn&eacute;s, par exemple des ma&icirc;tres de conf&eacute;rences entretenant l&rsquo;espoir d&rsquo;ailleurs souvent d&eacute;&ccedil;u d&rsquo;am&eacute;liorer par ce surcro&icirc;t de &laquo;&nbsp;servitude volontaire&nbsp;&raquo; leur curriculum vitae. On a vu les deux ph&eacute;nom&egrave;nes. Anzieu a parfois d&eacute;cern&eacute; des doctorats d&rsquo;&eacute;tat &agrave; certains psychanalystes membres de l&rsquo;establishment de ladite profession pour environ 200 pages, une centaine pour un petit livre et une centaine d&rsquo;autres pour un document de &laquo;&nbsp;pr&eacute;sentation&nbsp;&raquo; dactylographi&eacute;<a class="footnotecall" href="#ftn19" id="bodyftn19">19</a>. Ces ann&eacute;es derni&egrave;res, les ph&eacute;nom&egrave;nes de lieutenance pour directions de doctorats dont on vient de parler seraient devenus une pratique r&eacute;pandue dans telle universit&eacute; parisienne, sinon d&rsquo;autres, au point m&ecirc;me d&rsquo;avoir motiv&eacute;, a-t-on pr&eacute;tendu aussi, une mission d&rsquo;inspection de la part du Minist&egrave;re.</p> <p class="texte" dir="ltr">En tout cas, l&rsquo;incapacit&eacute; &agrave; assimiler de Wallon, le plus grand psychologue fran&ccedil;ais<a class="footnotecall" href="#ftn20" id="bodyftn20">20</a>, non seulement sa pens&eacute;e, mais pas m&ecirc;me son patronyme, f&ucirc;t-ce comme parrain d&rsquo;un seul amphith&eacute;&acirc;tre d&rsquo;universit&eacute; sur le territoire national, est bien un sympt&ocirc;me, de surface peut-&ecirc;tre, en tout cas irr&eacute;fragable, de l&rsquo;incurable maladie dont se trouve affect&eacute;e aujourd&rsquo;hui la psychologie fran&ccedil;aise. J&rsquo;ai toujours entendu dire, par un faisceau de t&eacute;moignages convergents, que les psychologues universitaires parisiens des ann&eacute;es 1970-1990 n&rsquo;avaient pas lu une ligne de Wallon, pour le trouver d&rsquo;un profil scientifique et philosophique trop abrupt, ou peu canalisable vers l&rsquo;op&eacute;rationnalisation exp&eacute;rimentale. A noter toutefois qu&rsquo;un courant d&rsquo;id&eacute;es relativement proche de l&rsquo;esprit de Wallon est revenu &agrave; la surface avec la d&eacute;couverte tardive dans les ann&eacute;es 1980-1990 des id&eacute;es de Vygotski, qui parfois lui ressemble bien plus qu&rsquo;&agrave; Piaget, et qui a marqu&eacute; un tr&egrave;s petit nombre de chercheurs fran&ccedil;ais, ce dont on parle ailleurs (10.1., 10.11.).</p> <p class="texte" dir="ltr"><strong>Biographie d&rsquo; Henri Wallon</strong></p> <p class="texte" dir="ltr"><img alt="Image1" src="https://numerev.com/images/cpp/docannexe/image/881/img-1.jpg" style="width:6.2098inch;height:9.1425inch;margin-left:0.0in;margin-right:0.0in;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0.0602in;padding-bottom:0.0602in;padding-left:0.1102in;padding-right:0.1102in;border:none" /></p> <p class="texte" dir="ltr"><a id="Image17Cgraphics"></a><img alt="Image2" src="https://numerev.com/images/cpp/docannexe/image/881/img-2.jpg" style="width:6.211inch;height:9.1425inch;margin-left:0.0in;margin-right:0.0in;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0.0602in;padding-bottom:0.0602in;padding-left:0.1102in;padding-right:0.1102in;border:none" /></p> <p class="texte" dir="ltr"><a id="Image27Cgraphics"></a><img alt="Image3" src="https://numerev.com/images/cpp/docannexe/image/881/img-3.jpg" style="width:6.211inch;height:8.8626inch;margin-left:0.0in;margin-right:0.0in;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0.0602in;padding-bottom:0.0602in;padding-left:0.1102in;padding-right:0.1102in;border:none" /></p> <p class="texte" dir="ltr"><a id="Image37Cgraphics"></a><img alt="Image4" src="https://numerev.com/images/cpp/docannexe/image/881/img-4.jpg" style="width:6.1602inch;height:9.2925inch;margin-left:0.0in;margin-right:0.0in;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0.0602in;padding-bottom:0.0602in;padding-left:0.1102in;padding-right:0.1102in;border:none" /></p> <p class="texte" dir="ltr"><a id="Image47Cgraphics"></a><img alt="Image5" src="https://numerev.com/images/cpp/docannexe/image/881/img-5.jpg" style="width:6.2075inch;height:9.2882inch;margin-left:0.0in;margin-right:0.0in;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0.0602in;padding-bottom:0.0602in;padding-left:0.1102in;padding-right:0.1102in;border:none" /></p> <p class="texte" dir="ltr"><a id="Image57Cgraphics"></a><img alt="Image6" src="https://numerev.com/images/cpp/docannexe/image/881/img-6.jpg" style="width:6.0984inch;height:9.2874inch;margin-left:0.0in;margin-right:0.0in;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0.0602in;padding-bottom:0.0602in;padding-left:0.1102in;padding-right:0.1102in;border:none" /></p> <p class="texte" dir="ltr"><a id="Image67Cgraphics"></a><img alt="Image7" src="https://numerev.com/images/cpp/docannexe/image/881/img-7.jpg" style="width:6.2047inch;height:7.5453inch;margin-left:0.0in;margin-right:0.0in;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0.0602in;padding-bottom:0.0602in;padding-left:0.1102in;padding-right:0.1102in;border:none" /></p> <p class="texte" dir="ltr"><a id="Image77Cgraphics"></a><img alt="Image8" src="https://numerev.com/images/cpp/docannexe/image/881/img-8.jpg" style="width:6.2083inch;height:0.5354inch;margin-left:0.0in;margin-right:0.0in;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0.0602in;padding-bottom:0.0602in;padding-left:0.1102in;padding-right:0.1102in;border:none" /></p> <p class="texte" dir="ltr"><a id="Image87Cgraphics"></a><a id="ftn21"></a><a id="bkmftn21"></a>[21] Delanoue&nbsp;Paul : 1973, Les enseignants. La lutte syndicale du Front populaire &agrave; la Lib&eacute;ration, Paris, &Eacute;ditions sociales, 333.</p> <p class="texte" dir="ltr"><a id="ftn22"></a><a id="bkmftn22"></a>[22] Ibid.&nbsp;: 187-218.</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn1" id="ftn1">1</a> &nbsp;Propos oppos&eacute; de fa&ccedil;on antith&eacute;tique &agrave; la th&egrave;se althuss&eacute;rienne d&rsquo;un soi-disant antihumanisme th&eacute;orique.</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn2" id="ftn2">2</a> &nbsp;Wallon Henri&nbsp;: 1931 n. 62&nbsp;: &laquo;&nbsp;Comment se d&eacute;veloppe chez l&rsquo;enfant la notion du corps propre&nbsp;&raquo;, r&eacute;&eacute;d. in&nbsp;: Enfance 1959-1963, 121-150, et d&eacute;j&agrave; repris in&nbsp;: 1934 n. 79 ; 1944 n. 118&nbsp;; 1946 n. 125&nbsp;; 1951 n. 169&nbsp;; 1958 n. 241.</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn3" id="ftn3">3</a> &nbsp;Wallon Henri&nbsp;: 1931 n. 62&nbsp;; 1935&nbsp;; 1935 n. 83 ; 1938 n. 103; 1939 n. 108&nbsp;; 1945 n. 118&nbsp;; 1946 n. 125&nbsp;; 1951 n. 169&nbsp;; 1951 n. 177&nbsp;; 1958 n. 241.</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn4" id="ftn4">4</a> &nbsp;1954 n. 205.</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn5" id="ftn5">5</a> &nbsp;Wallon Henri&nbsp;: 1925&nbsp;n. 33-34 ; 1934&nbsp;n. 79 ; 1938&nbsp;n. 103 ; 1946 n. 125&nbsp;; 1951 n. 169&nbsp;; 1954 n. 205&nbsp;; 1958 n. 241.</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn6" id="ftn6">6</a> &nbsp;Ce passage extrait du texte 1935 n. 83, 397, anticipe sur la critique du mode comparatif propre &agrave; l&rsquo;&eacute;pist&eacute;mologie g&eacute;n&eacute;tique de Piaget, centr&eacute; essentiellement sur les sciences logico-math&eacute;matiques, les sciences de la nature, et &eacute;ventuellement la sociologie, mais pas du tout sur l&rsquo;anthropologie ni la psychopathologie. Par ailleurs, la notion d&rsquo;une &laquo;&nbsp;science des sciences&nbsp;&raquo; est une critique implicite du positivisme comtien, auquel Wallon assimilera parfois la conception de Piaget (1942).</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn7" id="ftn7">7</a> &nbsp;Zazzo Ren&eacute;&nbsp;: 1975, 161.</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn8" id="ftn8">8</a> &nbsp;Wallon Henri&nbsp;: 1951 n. 169, 33.</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn9" id="ftn9">9</a> &nbsp;Baudelaire Charles&nbsp;: 1857, &laquo;&nbsp;L&rsquo;albatros&nbsp;&raquo;, 2, <em>Les Fleurs du mal</em>, &OElig;uvres compl&egrave;tes, Paris, Seuil, 1968, 45.</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn10" id="ftn10">10</a> &nbsp;La Fontaine Jean de&nbsp;: 1668-1679, &laquo;&nbsp;Un jour, sur ses longs pieds, allait je ne sais o&ugrave;/Le h&eacute;ron au long bec emmanch&eacute; d&rsquo;un grand cou:/Il c&ocirc;toyait une rivi&egrave;re &raquo;, 7.4, <em>Fables</em>, SACELP, 1982&nbsp;; Zazzo Ren&eacute;&nbsp;: 1975, 137.</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn11" id="ftn11">11</a> &nbsp;Zazzo Ren&eacute; in&nbsp;: Anzieu Didier et col.&nbsp;: 1974, <em>L&rsquo;attachement</em>, Neuch&acirc;tel, Delachaux et Niestl&eacute;, 48.</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn12" id="ftn12">12</a> &nbsp;Jalley &Eacute;mille&nbsp;: 1998, 153-159.</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn13" id="ftn13">13</a> &nbsp;On consultera aussi, si on le retrouve, le navrant ouvrage de J. F. Le Ny sur <em>Psychologie et mat&eacute;rialisme dialectique</em>, Paris, Le Pavillon, 1970, qui ne se donne m&ecirc;me pas la peine de rappeler une d&eacute;finition convenable de la notion de dialectique.</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn14" id="ftn14">14</a> &nbsp;T&eacute;moignage personnel de Denise Van Caneghem, normalienne &eacute;tudiante &agrave; la Sorbonne en 1951, et Ma&icirc;tre de conf&eacute;rences &agrave; Paris V de 1968 &agrave; 1986.</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn15" id="ftn15">15</a> &nbsp;Qui s&rsquo;est lui-m&ecirc;me et qu&rsquo;un entourage d&eacute;vou&eacute; a toujours pr&eacute;sent&eacute; comme un personnage important, alors qu&rsquo;il n&rsquo;a jamais soutenu de doctorat et &agrave; peu pr&egrave;s rien &eacute;crit. T&eacute;moignage personnel de Liliane Maury.</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn16" id="ftn16">16</a> &nbsp;Lors de sa candidature &agrave; l&rsquo;&eacute;lection comme Professeur&nbsp;: t&eacute;moignage personnel dont subsistent par ailleurs des documents &eacute;crits.</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn17" id="ftn17">17</a> &nbsp;Le professeur Jacques Girault, qui avait bien voulu mettre &agrave; ma disposition la collection du Bulletin du Sne-sup entre 1968 et 2002, et que j&rsquo;en remercie ici.</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn18" id="ftn18">18</a> &nbsp;T&eacute;moignage personnel de Jacques Gagey. Ce ne sont pas des v&eacute;rit&eacute;s particuli&egrave;rement agr&eacute;ables ni &agrave; entendre ni &agrave; formuler, pour moi en tout cas qui ai &eacute;t&eacute; li&eacute; &agrave; la famille et ai fait partie de l&rsquo;entourage proche de Juliette Favez-Boutonier.</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn19" id="ftn19">19</a> &nbsp;Je poss&egrave;de de tels documents dont je ne cite pas les r&eacute;f&eacute;rences par discr&eacute;tion personnelle.</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn20" id="ftn20">20</a> &nbsp;Cette &eacute;valuation ne prend pas en compte Lagache et Anzieu, &agrave; ranger plut&ocirc;t dans le camp de la psychanalyse, m&ecirc;me s&rsquo;il est vrai que leur carri&egrave;re rel&egrave;ve aussi de la psychologie universitaire. L&rsquo;&oelig;uvre de Janet a davantage vieilli, du moins est-ce notre opinion, que celle de Wallon, m&ecirc;me si elle a &eacute;t&eacute; longtemps connue et mentionn&eacute;e, par exemple dans le Manuel de Cuvillier. Quant &agrave; Piaget, il est suisse. Ainsi, ce tour d&rsquo;horizon est bien vite termin&eacute;.</p>