<p class="texte" dir="ltr">Mettre &agrave; jour les motivations et les objectifs des <em>m&eacute;talleux</em> eux-m&ecirc;mes quant aux rapports que le ph&eacute;nom&egrave;ne metal, dont ils sont les acteurs, entretient avec les extr&eacute;mismes politiques est l&rsquo;objet de cet article. Pour ce faire, c&rsquo;est dans le cadre d&rsquo;une sociologie d&rsquo;inspiration &agrave; la fois ph&eacute;nom&eacute;nologique et compr&eacute;hensive, que nous interpr&eacute;tons nos mat&eacute;riaux d&rsquo;analyse. Plus pr&eacute;cis&eacute;ment la probl&eacute;matique est la suivante&nbsp;: <em>dans quelle mesure les m&eacute;talleux instrumentalisent les extr&eacute;mismes politiques, &eacute;tant donn&eacute; la logique de subversion aff&eacute;rente au </em>metal<em>&nbsp;?</em> Une telle probl&eacute;matique appelle des pr&eacute;cisions quant au choix des termes retenus. La suite de l&rsquo;article t&acirc;chera d&rsquo;apporter son lot d&rsquo;&eacute;claircissements.</p> <p class="texte" dir="ltr">Le <em>metal</em> d&eacute;signe, avant tout, une musique qui na&icirc;t dans les ann&eacute;es 1970 sous l&rsquo;impulsion de groupes anglais tels que <em>Black Sabbath</em> ou <em>Led Zeppelin</em>. Aujourd&rsquo;hui, il est repr&eacute;sent&eacute; par des groupes internationaux tels que <em>AC/DC</em>, <em>Marilyn Manson</em>, <em>Metallica</em>, <em>Slayer</em>, <em>Iron Maiden</em>, <em>Satyricon</em>, <em>Dimmu Borgir</em>, <em>Morbid Angel</em>, <em>Deicide</em>, <em>Nightwish</em>, etc. Le <em>metal</em> est un terme g&eacute;n&eacute;rique, d&rsquo;origine anglo-saxonne, comme le <em>rock</em>&nbsp;; il d&eacute;signe un style musical o&ugrave; sont pr&eacute;sents guitares &eacute;lectriques et sons satur&eacute;s. A cet &eacute;gard, il est une radicalisation de la musique <em>rock</em>, &agrave; la fois sur le plan musical et sur celui des pratiques sociales qui l&rsquo;accompagnent. Or, ces derni&egrave;res, en France, ne font, &agrave; ce jour, l&rsquo;objet d&rsquo;aucune recherche sociologique.En outre, le <em>metal</em> rassemble un nombre important de styles et de sous-styles musicaux (<em>heavy metal</em>, <em>hard rock</em>, <em>speed metal</em>, <em>thrash metal</em>, <em>death metal</em>, <em>black metal</em>, <em>black metal symphonique</em>, <em>black metal brutal</em>, <em>grind</em><a class="footnotecall" href="#ftn1" id="bodyftn1">1</a>, etc.) porteurs en eux-m&ecirc;mes de singularit&eacute;s &nbsp;musicales, comportementales et sociales.</p> <p class="texte" dir="ltr" style="margin-left:0.0in; margin-right:0.0in; margin-top:0.0835in; margin-bottom:0.0835in; text-indent:0.0in; text-align:center;"><strong>Excursus heuristique : comment conna&icirc;tre le positionnement id&eacute;ologique d&rsquo;un groupe de musique </strong><em><strong>metal</strong></em><strong> ?</strong></p> <p class="texte" dir="ltr">Le positionnement rel&egrave;ve, hormis les rares cas explicites &eacute;mis par les groupes musicaux<a class="footnotecall" href="#ftn2" id="bodyftn2">2</a>, de l&rsquo;identification subjective promulgu&eacute;e par la &laquo;&nbsp;tribu&nbsp;&raquo; <em>metal</em> elle-m&ecirc;me. Tout d&rsquo;abord, un initi&eacute; op&egrave;re un recoupement et une analyse souterraine (implicite) des diff&eacute;rents supports (CD, tee-shirts, interviews o&ugrave; il est confront&eacute; aux titres d&rsquo;albums, aux paroles, &agrave; l&rsquo;iconographie) sur lesquels l&rsquo;artiste se diffuse. Ensuite, cette analyse est confront&eacute;e, lors de rassemblements sp&eacute;cifiques (concerts, festivals, soir&eacute;es dans un bar <em>metal</em>, etc.), aux diff&eacute;rentes analyses du m&ecirc;me ordre, effectu&eacute;es par ses pairs. Il en ressort une opinion arr&ecirc;t&eacute;e sur le positionnement id&eacute;ologique d&rsquo;un groupe de musique <em>metal</em>. Opinion qui fait l&rsquo;objet d&rsquo;un consensus souterrain au sein du fait social. Notons que cette identification subjective promulgu&eacute;e par les <em>m&eacute;talleux </em>recoupe en partie la d&eacute;finition de la repr&eacute;sentation sociale,&nbsp;&eacute;nonc&eacute;e par Denise Jodelet et repris par Gilles Marchand (Marchand, 2002, pp. 92-93). En outre, de par notre connaissance aigu&euml; de l&rsquo;&eacute;cologie du <em>metal</em>, fait social que nous c&ocirc;toyons depuis plus de 13 ans, nous sommes au fait des positionnements identitaires, estampill&eacute;s par les <em>m&eacute;talleux</em>, quand ceux-ci sont identifiables. Or, il n&rsquo;en est pas toujours le cas, et c&rsquo;est bien cela qui constitue le n&oelig;ud gordien de l&rsquo;&eacute;tude.</p> <p class="texte" dir="ltr">Un constat pr&eacute;alable : le <em>metal</em> comme reflet de l&rsquo;&eacute;lectorat national</p> <p class="texte" dir="ltr">D&rsquo;embl&eacute;e, t&acirc;chons d&rsquo;insister sur la diversit&eacute; des positionnements id&eacute;ologico-politiques ou id&eacute;ologiques, pour parler plus compendieusement, dans le <em>metal</em>. En effet, consid&eacute;r&eacute; dans son enti&egrave;ret&eacute;, on ne peut que constater l&rsquo;extraordinaire pluralit&eacute; de ceux-ci. A cet &eacute;gard, en ses rangs d&rsquo;une part, le <em>metal</em> compte des groupes estampill&eacute;s par les initi&eacute;s comme majoritairement apolitiques. Aussi, il est des groupes dits anti-politiques, des groupes de gauche, voire d&rsquo;extr&ecirc;me gauche,&nbsp;mais aussi de droite et d&rsquo;extr&ecirc;me droite. D&rsquo;autre part, le public <em>metal</em>, &agrave; l&rsquo;image des groupes, offre un positionnement pluriel. On constate &eacute;galement un d&eacute;sengagement av&eacute;r&eacute; teint&eacute; d&rsquo;une critique acerbe &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de la politique. De fait, le <em>metal</em> ne serait que le juste reflet de l&rsquo;&eacute;lectorat national<a class="footnotecall" href="#ftn3" id="bodyftn3">3</a></p> <p class="texte" dir="ltr"><strong>Les faits : des r&eacute;f&eacute;rences &agrave; des id&eacute;ologies extr&eacute;mistes</strong></p> <p class="texte" dir="ltr" style="margin-top:0.0835in; margin-bottom:0.0835in;">Fort de ce premier constat fondamental mis &agrave; jour, on peut se centrer plus pr&eacute;cis&eacute;ment sur l&rsquo;objet de notre article : les extr&eacute;mismes politiques dans le <span style="font-size:10.0pt;"><em>metal</em></span>.</p> <p class="texte" dir="ltr" style="margin-top:0.0835in; margin-bottom:0.0835in;">On constate en de nombreuses occurrences que musiciens et auditeurs affichent des symboles militaires mais aussi des symboles et une iconographie militaristes ou martiaux d&rsquo;une mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale qui &eacute;voquent implicitement mais aussi explicitement le r&eacute;gime nazi. Tout d&rsquo;abord, le groupe am&eacute;ricain de <span style="font-size:10.0pt;"><em>thrash metal</em></span> <span style="font-size:10.0pt;"><em>Slayer</em></span> propose un logo dont le graphisme de la lettre &laquo;&nbsp;S&nbsp;&raquo; n&rsquo;est pas sans rappeler celui des lettres &laquo;&nbsp;S&nbsp;&raquo; de la <span style="font-size:10.0pt;"><em>Schutzstaffel</em></span> ou <span style="font-size:10.0pt;"><em>SS</em></span> du parti nazi en Allemagne. Il en est de m&ecirc;me pour le groupe am&eacute;ricain <span style="font-size:10.0pt;"><em>Kiss</em></span>.</p> <p class="texte" dir="ltr" style="text-align: center;"><img alt="Image1" src="https://numerev.com/images/cpp/docannexe/image/1157/img-1.jpg" style="width:1.9898inch;height:1.5inch;margin-left:0.0in;margin-right:0.0in;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0.0602in;padding-bottom:0.0602in;padding-left:0.1102in;padding-right:0.1102in;border:none" /></p> <p class="texte" dir="ltr"><a id="Image17Cgraphics"></a><strong>N&deg;1</strong><a id="ftnref40"></a><a id="bkmftnref40"></a></p> <p class="texte" dir="ltr" style="text-align: center;"><img alt="Image2" src="https://numerev.com/images/cpp/docannexe/image/1157/img-2.jpg" style="width:1.1146inch;height:1.5209inch;margin-left:0.0in;margin-right:0.0in;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0.0602in;padding-bottom:0.0602in;padding-left:0.1102in;padding-right:0.1102in;border:none" /></p> <p class="texte" dir="ltr"><strong><a id="Image27Cgraphics"></a>N&deg;2</strong></p> <p class="texte" dir="ltr" style="margin-top:0.0835in; margin-bottom:0.0835in;">Ensuite, de nombreux <span style="font-size:10.0pt;"><em>m&eacute;talleux</em></span> et, plus pr&eacute;cis&eacute;ment, une part significative des <span style="font-size:10.0pt;"><em>m&eacute;talleux</em></span> qui appartiennent au <span style="font-size:10.0pt;"><em>public metal extr&ecirc;me</em></span><a class="footnotecall" href="#ftn4" id="bodyftn4">4</a>, portent le temps des rassemblements &laquo;&nbsp;tribaux&nbsp;&raquo; des treillis ainsi que des grosses chaussures du type rangers ou<span style="font-size:10.0pt;"><em> Dr. Martens</em></span>. A ces premiers effets, certains y ajoutent une croix de fer, distinction militaire allemande, ou encore une cartouchi&egrave;re. Par cons&eacute;quent, ils affichent une allure martiale. En outre, des figures charismatiques tels que Lemmy Kilmister du groupe anglais <span style="font-size:10.0pt;"><em>M&ouml;torhead</em></span> ou Jeff Hanneman du groupe <span style="font-size:10.0pt;"><em>Slayer</em></span>, une nouvelle fois, sont des collectionneurs notoires d&rsquo;objets nazis. On pourrait aussi ajouter &agrave; cette liste, le populaire Marilyn Manson, qui est un adepte de la mise en sc&egrave;ne troublante.</p> <p class="texte" dir="ltr" style="text-align: center;"><img alt="Image3" src="https://numerev.com/images/cpp/docannexe/image/1157/img-3.jpg" style="width:3.5819inch;height:1.9465inch;margin-left:0.0in;margin-right:0.0in;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0.0602in;padding-bottom:0.0602in;padding-left:0.1102in;padding-right:0.1102in;border:none" /></p> <p class="texte" dir="ltr"><strong><a id="Image37Cgraphics"></a>N&deg;3</strong></p> <p class="texte" dir="ltr">Enfin, la musique m&eacute;tronomique, aux accents militaires du groupe allemand <em>Rammstein</em>, musique accompagn&eacute;e d&rsquo;un chant allemand pr&eacute;cis&eacute;ment, rauque et s&eacute;v&egrave;re, &agrave; laquelle il faut ajouter la diffusion d&rsquo;un clip intitul&eacute; <em>Stripped</em>, qui reprend des images de propagande nazi de la cin&eacute;aste <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Leni_Riefenstahl">Leni Riefenstahl</a>, suscitent la pol&eacute;mique.</p> <p class="texte" dir="ltr">Pour un observateur lambda, de tels faits et il en est beaucoup d&rsquo;autres semblables, sont les indices d&rsquo;un engagement identitaire extr&eacute;miste. De fait, les <em>m&eacute;talleux</em> qui mobilisent de telles r&eacute;f&eacute;rences sont-ils d&rsquo;extr&ecirc;me droite, sont-ils des nostalgiques d&rsquo;un pass&eacute; porteur d&rsquo;id&eacute;ologies totalitaires ? Il s&rsquo;av&egrave;re que la r&eacute;alit&eacute; du terrain exclut une telle lecture unilat&eacute;rale des choses. La r&eacute;alit&eacute; est bien plus complexe.</p> <h1 dir="ltr" id="heading1">De la recherche de puissance via un bricolage subversif extr&eacute;miste et jusqu&rsquo;au boutiste</h1> <p class="texte" dir="ltr">D&rsquo;apr&egrave;s nos investigations diverses et &nbsp;multiples, il s&rsquo;av&egrave;re que lorsqu&rsquo;un <em>m&eacute;talleux</em> affiche un symbole faisant r&eacute;f&eacute;rence au r&eacute;gime nazi cela ne signifie pas qu&rsquo;il adh&egrave;re &agrave; l&rsquo;id&eacute;ologie correspondante. De la m&ecirc;me mani&egrave;re, &eacute;couter un groupe tel que <em>Burzum</em> dont le leader se r&eacute;clame n&eacute;o-nazi ne pr&eacute;dispose pas d&rsquo;un engagement identitaire extr&eacute;miste de la part de l&rsquo;auditeur. En effet, en r&egrave;gle g&eacute;n&eacute;rale, mus par une recherche de puissance et non de pouvoir, les <em>m&eacute;talleux</em> jouent avec les interdits soci&eacute;taux. En l&rsquo;occurrence, la distinction op&eacute;r&eacute;e est de taille. Dans son ouvrage <em>La Violence Totalitaire</em>, Michel Maffesoli pr&eacute;cise les notions de pouvoir et de puissance. De fait, alors que &laquo;&nbsp;le champ du pouvoir est celui du politique&nbsp;&raquo; (Maffesoli, 1999, p. 77), la puissance de son c&ocirc;t&eacute; participe de la vitalit&eacute; sociale, elle s&rsquo;inscrit dans &laquo;&nbsp;la part d&rsquo;ombre de la r&eacute;alit&eacute; sociale, elle s&rsquo;affirme comme vie&nbsp;&raquo; (<em>Ibid.</em>, p. 83). Il pr&eacute;cise que les caract&egrave;res essentiels de la puissance sont le collectif, l&rsquo;anomique, la violence, la force&hellip; A cet &eacute;gard, il parle de &laquo;&nbsp;pouvoir politique&nbsp;&raquo; et de &laquo;&nbsp;puissance sociale&nbsp;&raquo; (<em>Ibid.</em>, p. 61). Et c&rsquo;est bien de cela dont il est question&nbsp;dans le cas des <em>m&eacute;talleux</em>&nbsp;: de la recherche de puissance, <em>via</em> un bricolage subversif, plut&ocirc;t qu&rsquo;une revendication politique. &laquo;&nbsp;Subversif&nbsp;&raquo; &eacute;tant entendu comme le fait de mettre en avant des valeurs, une esth&eacute;tique qui diff&egrave;rent de celles commun&eacute;ment admises. En ce sens, la symbolique du r&eacute;gime nazi et son svastika est un &laquo;&nbsp;impossible &agrave; dire&nbsp;&raquo;, et plus encore un &laquo;&nbsp;impossible &agrave; afficher&nbsp;&raquo; en Occident. En mobilisant de tels interdits, les <em>m&eacute;talleux</em> s&rsquo;inscrivent de fait culturellement en marge de la soci&eacute;t&eacute;. Et l&rsquo;esth&eacute;tique &agrave; part qu&rsquo;ils affichent, le fait <em>in fine</em> de se ressentir diff&eacute;rent de la &laquo;&nbsp;masse&nbsp;&raquo;, est source de narcissisme&nbsp;:</p> <p class="texte" dir="ltr">&laquo;&nbsp;<span style="color:#000000;"><em>Passer pour effrayant aux yeux de la presse (et donc du grand public) nous est particuli&egrave;rement jouissif...&nbsp;&raquo;</em></span><span style="color:#000000;"> (Necrowarrior, musicien au sein du groupe de </span><span style="color:#000000;"><em>black metal</em></span><span style="color:#000000;"><em>Duael</em></span><span style="color:#000000;">)</span></p> <p class="texte" dir="ltr">Comprendre la logique des <em>m&eacute;talleux</em>, quant &agrave; l&rsquo;usage, essentiellement iconographique on le constate, de symboles interdits, est essentiel. Comprendre cela, c&rsquo;est mettre &agrave; jour ce qui meut et &eacute;meut les <em>m&eacute;talleux</em> dans leur approche du <em>metal</em>, en l&rsquo;occurrence la subversion esth&eacute;tique source de puissance. &Ecirc;tre subversif, c&rsquo;est rompre avec l&rsquo;esth&eacute;tique mondaine, c&rsquo;est tendre vers un ailleurs, alors que l&rsquo;on vous impose un ici. &laquo;&nbsp;&Eacute;clatement&nbsp;&raquo; <em>versus</em> assujettissement identitaire.</p> <p class="texte" dir="ltr">En outre, Philippe Rigaut, qui a men&eacute; une &eacute;tude sur le monde f&eacute;tichiste et sadomasochiste (<em>SM</em>) pointe du doigt une pr&eacute;caution fondamentale qui vaut aussi pour les <em>m&eacute;talleux</em> et qu&rsquo;il est de bon ton de r&eacute;p&eacute;ter. Il &eacute;crit&nbsp;: &laquo;&nbsp;Les mises en sc&egrave;ne disciplinaires et les symboles militaires, et notamment ceux &eacute;voquant explicitement le r&eacute;gime nazi, appartiennent au bagage stylistique du <em>SM</em>. Cependant, cette pr&eacute;sence n&rsquo;autorise pas de g&eacute;n&eacute;ralisation trop h&acirc;tive dans la mesure o&ugrave; <em>il est sans doute question davantage d&rsquo;un jeu de subversion de valeurs, d&rsquo;un habillage symbolique, que d&rsquo;une r&eacute;elle adh&eacute;sion id&eacute;ologique</em><a class="footnotecall" href="#ftn5" id="bodyftn5">5</a>&nbsp;&raquo; (Rigaut, 2004, pp. 107-108). Il ajoute de mani&egrave;re magistrale que&nbsp;: &laquo;&nbsp;Le SM se r&eacute;v&egrave;le &agrave; nouveau comme ins&eacute;r&eacute; dans un ensemble pratico-intellectuel plus large, en l&rsquo;occurrence dans une tendance g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e &agrave; consid&eacute;rer que <em>les symboles du Mal [&hellip;] peuvent &ecirc;tre l&eacute;gitimement int&eacute;gr&eacute;s aux champs de la cr&eacute;ation et de l&rsquo;esth&eacute;tique</em><a class="footnotecall" href="#ftn6" id="bodyftn6">6</a><a class="footnotecall" href="#ftn7" id="bodyftn7">7</a>&raquo; (<em>Ibid</em>., p. 108).</p> <h1 dir="ltr" id="heading2">Conclusion</h1> <p class="texte" dir="ltr">Au total, en premier lieu, depuis le d&eacute;but des ann&eacute;es 1970, date de son apparition, le <em>metal</em> a toujours propos&eacute; et renouvel&eacute; une <em>esth&eacute;tique du choc</em>. Les <em>m&eacute;talleux</em> bricolent avec les interdits soci&eacute;taux&nbsp;: le sexe, la mort, le Mal, etc. (Mombelet, 2004, pp. 67-78). Il est, en r&egrave;gle g&eacute;n&eacute;rale, question de heurter l&rsquo;auditeur par le truchement d&rsquo;une musique alternative, associ&eacute;e &agrave; la mise en sc&egrave;ne d&rsquo;interdits ou de symboles tabous. Aussi, le fait d&rsquo;afficher des symboles qui &eacute;voquent le r&eacute;gime nazi proc&egrave;de majoritairement de cette <em>logique subversive jusqu&rsquo;au boutiste</em> ou extr&eacute;miste consubstantielle au <em>metal</em>. Il est question de jeu subversif et de th&eacute;&acirc;tralit&eacute;. Il s&rsquo;agit d&rsquo;une recherche de puissance et non de pouvoir. N&eacute;cessairement, le fait de jouer avec ces symboles peut d&eacute;concerter et appara&icirc;tre dangereux ou, <em>a contrario</em>, pu&eacute;ril pour l&rsquo;observateur ext&eacute;rieur, mais il faut bien comprendre que c&rsquo;est cela qui est recherch&eacute;&nbsp;: choquer autrui. De plus, par une telle instrumentalisation, le <em>metal</em> se constitue une esth&eacute;tique &agrave; part, source de narcissisme pour celui qui se l&rsquo;approprie et g&eacute;n&eacute;rateur en de nombreux cas d&rsquo;une pens&eacute;e &laquo;&nbsp;&eacute;litiste&nbsp;&raquo;. En mobilisant ce que tout le monde ne veut ou ne peut pas voir ou entendre, une part significative de <em>m&eacute;talleux</em> &eacute;prouve un sentiment de jouissance et de sup&eacute;riorit&eacute;. En second lieu, le fait social <em>metal</em>, &agrave; l&rsquo;instar de l&rsquo;&eacute;lectorat national, compte en ses rangs une part infime de fervents d&eacute;fenseurs de r&eacute;gimes totalitaires, nationalistes voire fascistes ou nazis. On constate &agrave; cet &eacute;gard l&rsquo;expansion d&rsquo;une frange extr&eacute;miste, condamn&eacute;e par la majorit&eacute; des acteurs de la &laquo;&nbsp;tribu&nbsp;&raquo;&nbsp;: le <em>NS BM</em>, le National Socialisme <em>Black Metal</em>. Une part significative de celle-ci franchit le jeu de la subversion symbolique et pr&ocirc;ne alors, par l&rsquo;interm&eacute;diaire du m&eacute;dia &laquo;&nbsp;musique&nbsp;&raquo;, des id&eacute;es racistes. Au-del&agrave; de l&rsquo;instrumentalisation et du jeu subversif, op&eacute;r&eacute;s par une large frange de la jeunesse anticonformiste, c&rsquo;est davantage la banalisation d&rsquo;une iconographie et d&rsquo;id&eacute;es extr&eacute;mistes qui interpellent v&eacute;ritablement l&rsquo;observateur avis&eacute;. &nbsp;</p> <p class="texte" dir="ltr"><strong>Photographies r&eacute;f&eacute;renc&eacute;es</strong></p> <p class="texte" dir="ltr"><em><strong>&laquo;&nbsp;La photographie, qu&rsquo;on l&rsquo;utilise ou non, nous donne une le&ccedil;on irrempla&ccedil;able d&rsquo;&eacute;criture&nbsp;&raquo;</strong></em></p> <p class="texte" dir="ltr"><em>F. Laplantine, La description ethnographique</em></p> <p class="texte" dir="ltr">Les photographies sont ici class&eacute;es et num&eacute;rot&eacute;es par ordre d&rsquo;apparition dans le d&eacute;roulement de l&rsquo;article.</p> <p class="texte" dir="ltr">- N&deg;1&nbsp;:Le logo du groupe <em>Slayer</em>, groupe de <em>thrash metal</em> am&eacute;ricain. Ce logo est tir&eacute; de l&rsquo;album <em>Live Decade Of Aggression</em>. <em>Cf</em>. Slayer, 1991, <em>Live Decade Of Aggression</em>, American Recordings.</p> <p class="texte" dir="ltr">- N&deg;2&nbsp;:Affiche de propagande <em>SS</em>.</p> <p class="texte" dir="ltr">- N&deg;3&nbsp;: Marilyn Manson dans le d&eacute;corum de l&rsquo;une de ses tourn&eacute;es. Photographie disponible &agrave; l&rsquo;adresse suivante&nbsp;: <a href="http://www.mansonfr.com/">http://www.mansonfr.com</a></p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn1" id="ftn1">1</a> &nbsp;Cf. (Mombelet, 2004, p. 147), un arbre g&eacute;n&eacute;alogique propos&eacute; par Eric Lestrade, fan de musique metal, y est pr&eacute;sent&eacute;. On y constate plus d&rsquo;une trentaine de styles m&eacute;talliques. Le foisonnement est saisissant.</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn2" id="ftn2">2</a> &nbsp;En effet, rares sont les groupes de metal qui proposent explicitement une &eacute;tiquette politique aux auditeurs. Cet &eacute;tat de fait proc&egrave;de sans doute d&rsquo;un d&eacute;sengagement politique av&eacute;r&eacute; de la plupart des groupes. D&eacute;sengagement qui en r&egrave;gle g&eacute;n&eacute;rale n&rsquo;emp&ecirc;che pas une critique virulente de la soci&eacute;t&eacute;.</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn3" id="ftn3">3</a> &nbsp;Ce constat est d&rsquo;ailleurs corrobor&eacute; par F. Hein, auteur de la premi&egrave;re &eacute;tude ethnographique sur le <em>metal</em> en France. Il &eacute;crit&nbsp;: &laquo;&nbsp;Attribuer au monde du <em>metal</em> une orientation politique unilat&eacute;rale est une r&eacute;duction attestant d&rsquo;une m&eacute;connaissance manifeste de son &eacute;cologie [&hellip;]. La diversit&eacute; du monde du <em>metal</em> et des individus qui le composent, n&rsquo;est donc que le reflet de la diversit&eacute; du corps social&nbsp;&raquo; (Hein, 2003, pp. 188-191).</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn4" id="ftn4">4</a> &nbsp;Cette photographie porte le num&eacute;ro 1 du fait de son ordre d&rsquo;apparition dans ce d&eacute;veloppement, elle sera r&eacute;f&eacute;renc&eacute;e de la fa&ccedil;on suivante&nbsp;: (N&deg;1). Il en sera fait de m&ecirc;me dans la suite du d&eacute;veloppement pour toutes les photographies. La liste compl&egrave;te des photographies se trouve en fin d&rsquo;article.</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn5" id="ftn5">5</a> &nbsp;Le public metal extr&ecirc;me regroupe les m&eacute;talleux f&eacute;rus avant tout des styles musicaux les plus &laquo;&nbsp;violents&nbsp;&raquo; du metal&nbsp;: black metal, death metal, grindcore, thrash. Dans nos pr&eacute;c&eacute;dents travaux, nous avons distingu&eacute; trois publics diff&eacute;rents au sein du metal&nbsp;: le public metal alternatif, le public metal souche ainsi que le public metal extr&ecirc;me. Ces trois publics se diff&eacute;rencient selon des affinit&eacute;s singuli&egrave;res&nbsp;: styles musicaux, tenues vestimentaires, &acirc;ges des publics, etc. (Mombelet, 2003).</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn6" id="ftn6">6</a> &nbsp;Soulign&eacute; par nous-m&ecirc;mes.</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn7" id="ftn7">7</a> &nbsp;Soulign&eacute; par nous-m&ecirc;mes.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Hein Fabien, 2003, <em>Hard Rock, Heavy Metal, Metal&hellip; Histoire, cultures et pratiquants</em>, Paris, Musique et Soci&eacute;t&eacute;.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Maffesoli Michel, 1999, <em>La violence totalitaire. Essai d&rsquo;anthropologie politique</em>,Paris, Descl&eacute;e de Brouwer, <em>Collection Sociologie du quotidien</em>, [1979].</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Marchand Gilles, 2002, &laquo;&nbsp;Repr&eacute;sentations sociales. Un ciment pour les relations humaines&nbsp;&raquo;, <em>Sciences Humaines</em>, Hors-s&eacute;rie n&deg;38, pp. 92-93.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Mombelet Alexis, 2003, <em>Les concerts de musique metal&nbsp;: approche anthropologique</em> <em>Tome 1 et Tome 2</em>, m&eacute;moire de Ma&icirc;trise mention &laquo;&nbsp;&eacute;ducation et motricit&eacute;&nbsp;&raquo; (sous la direction de M.-J. Biache), Universit&eacute; Blaise Pascal, UFR STAPS, Clermont-Ferrand 2.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Mombelet Alexis, 2004, <em>La religion metal. </em>Secte<em> metal et religion postmoderne</em>, m&eacute;moire de DEA de sociologie (sous la direction de M. Maffesoli et de M. Hirschhorn), Universit&eacute; Ren&eacute; Descartes, Paris 5, La Sorbonne.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Rigaut Philippe, 2004, <em>Le f&eacute;tichisme. Perversion ou culture&nbsp;?,</em> Paris, Belin, Collection <em>Nouveaux Mondes</em>.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Walzer Nicolas, 2003, <em>L&rsquo;imaginaire satanique et n&eacute;o-pa&iuml;en dans la musique </em>metal extr&ecirc;me<em> depuis les ann&eacute;es 90</em>, m&eacute;moire de Ma&icirc;trise d&rsquo;histoire culturelle (sous la direction de P. Ory), Universit&eacute; de Marne-La-Vall&eacute;e, UFR Sciences humaines et sociales.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Walzer Nicolas, 2004, <em>L&rsquo;imaginaire et les parcours des musiciens de black metal&nbsp;: des acteurs underground travaill&eacute;s par le religieux</em>, m&eacute;moire de DEA de Sciences sociales des religions (sous la direction de J.-P. Willaime), Ecole Pratique des Hautes Etudes, Section des Sciences religieuses.</p>