<p class="texte" dir="ltr"><strong>Échapper au totalitarisme par l’humanisation de Dieu ?</strong></p><p class="texte" dir="ltr"><img src="docannexe/image/1709/img-1.png" alt="Image1" style="width:2.4984inch;height:3.8575inch;margin-left:0.0in;margin-right:0.0in;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0.0602in;padding-bottom:0.0602in;padding-left:0.1102in;padding-right:0.1102in;border:none" /></p><p class="texte" dir="ltr">L’ouvrage considérable que Jacques Pous vient de publier, prend le risque de déplaire à beaucoup de monde à la fois<a class="footnotecall" id="bodyftn1" href="#ftn1">1</a> : </p><ul class="listlevel1WW8Num12"><li><p class="puces" dir="ltr"> à ceux —athées, agnostiques ou indifférents— qui voudraient oublier que les trois religions du Livre ont fondé les cultures, y compris contemporaines, dans toutes les régions où le Livre a passé pour la Révélation et bien au-delà de ces régions ; </p></li><li><p class="puces" dir="ltr"> à ceux —intégristes,— qui ne demandent qu’à simplifier et durcir les messages divers et complexes des Écritures et à s’en servir comme d’une idéologie pour légitimer leur prise du pouvoir ; </p></li><li><p class="puces" dir="ltr"> à ceux encore, —public de lecture rapide,— qu’une argumentation serrée, nuancée et rigoureuse impatiente bien avant qu’ils n’arrivent à la dernière ligne d’un texte de plus de cinq cents pages…</p></li></ul><p class="texte" dir="ltr">Combien serons-nous à étudier cette œuvre d’envergure et, mieux, à nous servir de l’enseignement inédit que l’auteur propose ?</p><p class="texte" dir="ltr">Jacques Pous désigne comme objet de son essai ces invariants « qui donnent sens au monde ». Puissamment novateur, il découvre dans la vision du monde que ces invariants dessinent « la structure même de notre regard » et il attribue l’origine de celle-ci au monothéisme abrahamique dont il étudie les liens potentiels avec le totalitarisme. </p><p class="texte" dir="ltr">La tentation totalitaire naît du besoin de refaire du sens. Aussi devient-elle dans la société post-libérale et post-démocratique un danger, avance Jacques Pous. Pour éviter que celui-ci ne se réalise, il préconise « d’admettre que les Écritures expriment la grandeur et le génie des hommes et non la Vérité de Dieu ».</p><p class="texte" dir="ltr">Il me semblerait important de clarifier du point de vue psychologique aussi la manière dont le régime totalitaire s’installe. Nous pourrions tenter de situer les aires géographiques les plus exposées à ce danger. Puis nous croiserions cet éclairage avec celui qui vient du livre de Jacques Pous. </p><p class="texte" dir="ltr">Je pense plus urgent encore de conjecturer les moyens de prévenir, d’arrêter ou de combattre les totalitarismes qui sévissent maintenant ou menacent de s’imposer sous peu. Quant à nous psychologues, il nous incomberait notamment d’identifier les motivations, individuelles et collectives, susceptibles de créer, de développer et de mettre en œuvre une dynamique de résistance. Là encore, <em>La tentation totalitaire</em> offre une perspective propre, source de contraste et de relief.</p><p class="texte" dir="ltr">Pour ma part, je crois nécessaire de nous atteler à cet ensemble de tâches. Mais l’engagement que cela représente me paraîtrait d’une démesure moins décourageante s’il était entrepris par un groupe d’action-recherche. Les réponses que l’entretien de Jacques Pous et l’étude de son ouvrage obtiendront de la part de nos lecteurs, nous renseigneront si mon sentiment d’urgence est partagé.</p><p class="notebaspage" dir="ltr"><a id="ftn1" class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn1">1</a>  Ce n’est pas la première fois que cela arrive à un livre de Jacques Pous. Pourtant, je ne crois pas que l’auteur fasse ce choix par goût de la provocation. Ainsi lorsque dans son ouvrage Henri Dunant l’Algérien (1979. Genève : Grounauer), il met en lumière l’affairisme colonial du fondateur de la Croix-Rouge, c’est une vérité plus complexe et moins mythifiée de l’humanitaire qu’il sert, quand bien même cette vérité pourrait effaroucher certaines belles âmes…</p>