<r2r:ml lang="fr"><p class="resume" dir="ltr">L’information des populations vivant à proximité d’installations dangereuses fait partie du modèle standard de la prévention des risques industriels (Directive Seveso en Europe, Right-to-Know aux Etats-Unis). Certaines des communautés exposées à des risques chroniques et accidentels paraissent de plus socio économiquement démunies comparativement au reste de la population (Graham et al. 1999 ; Gaillard et al. 2010). Le droit de savoir, emblématique de l’évolution de la pensée du risque et de sa gestion, repose sur un postulat et une attente opérationnelle : les personnes et les groupes informés des risques encourus et de la conduite à tenir s’en sortiront mieux en cas d’accident. Cette situation est toutefois problématique d'un point de vue psychosociologique. Blondiaux et Sintomer (2002) relèvent l'importance croissante accordée par les acteurs publics au débat, à la participation, à la concertation, qu'ils subsument sous l'expression d'impératif délibératif. Dans le contexte français, outre le fait que la gestion publique demeure sous la double empreinte du formalisme et du centralisme, se pose la question de mieux comprendre comment le citoyen psychosocial (Castro, 2012) s'adapte à ces dispositifs, y compris en y résistant. L'inexorable volonté d'information (comme en témoigne l'élargissement de la règlementation à la concertation après l'accident d'AZF à Toulouse) rencontre en effet une population riveraine dont l’identité sociale s’est partiellement construite dans la proximité de l’installation, précisément en atténuant l'éventualité d’un risque d’accident qui, dans la grande majorité des cas, ne se produira jamais (Poumadère, 2009). Cette situation, caractérisée par des relations de voisinage et des accommodements entre une population et une installation industrielle potentiellement dangereuse, semble demeurer un impensé en psychologie et gestion des risques. A partir du concept des représentations sociales, et après avoir posé les principales caractéristiques de cette situation, nous approfondissons plus particulièrement (1) les problèmes liés à l’application d’une politique d’information d’origine majoritaire à une minorité (en nombre et en cognitions puisque ces personnes vivent là où le plus grand nombre déclare refuser de vivre) et (2) les principes d’une approche dialogique permettant aux gestionnaires du risque et à la population locale de partager la construction d'informations pertinentes. L’approche des communautés locales en tant que minorités sous l’influence de lois et réglementations, décrétées par une majorité et correspondant à l'assentiment du plus grand nombre, vise un renouvellement du regard sur l’information des populations et l'identité sociale.</p></r2r:ml><r2r:ml lang="en"><p class="abstract" dir="ltr">Informing populations who live close to hazardous sites is part of the standard model of industrial risk prevention (Seveso II directive in Europe, Right-to-Know in the United States). Some of the communities exposed to chronic and accidental risks appear more socio-economically disadvantaged compared to the rest of the population (Graham et al., 1999, Gaillard et al., 2010). The right-to-know, emblematic of the evolution of thought on risk and its management, grounds on an assumption and an operational expectation : in case of accident, those who are well informed of the risks and what to do usually do better. However, this situation is problematic from a psychosocial perspective. Blondiaux & Sintomer (2002) point to the growing role given by policy actors to debate, participation, dialogue, which they subsume under the terms of deliberative imperative. In the French context, besides the fact that public management rests under the double imprint of formalism and centralism, the question is to better understand how the psychosocial citizen (Castro, 2012) adjusts to this imperative, including resisting to it. The relentless will to inform (as evidenced by the extension of regulation to include dialogue after the AZF explosion in Toulouse) encounters a local population whose social identity is partially constructed in the proximity of the industrial sites, specifically by attenuating the possibility of a safety hazard, which in most cases, will never happen (Poumadère, 2009). This situation, characterized by neighborly relations and accommodations between a population and a potentially dangerous industrial facility, seems to remain unthought-of in psychology and risk management. Starting with the concept of social representations, and after postulating the main features of this situation, we delve more deeply and more specifically into (1) problems related to the implementation of an information policy which is originally of majority interest to be applied to a minority (in numbers and in cognition as these people reside in the areas in which the great majority refuse to live) and (2) the principles of a dialogical approach that allows risk managers and local people to build together relevant information. This approach to local communities, considered as minorities under the influence of laws and regulations enacted by the majority, aims at renewing the outlook on public information and social identity.</p></r2r:ml>