<p class="texte" dir="ltr">D&eacute;j&agrave;, les ma&icirc;tres de la Renaissance exprimaient cette ambivalence de l&rsquo;humanisme, tant&ocirc;t bienveillant et altruiste chez Erasme ou Montaigne, tant&ocirc;t prom&eacute;th&eacute;en chez Pic de la Mirandole ou Marsile Ficin<a class="footnotecall" href="#ftn1" id="bodyftn1">1</a>. Et cette ambivalence demeure dans l&rsquo;intention des Droits de l&rsquo;homme. Ils affichent la bonne volont&eacute; d&rsquo;une humanit&eacute; r&eacute;concili&eacute;e avec une &eacute;thique universelle protectrice des m&eacute;faits et des injustices&nbsp;; mais ils sont aussi abstraits, intrusifs et ordonnateurs d&rsquo;une nouvelle humanit&eacute;. Cette double face m&eacute;rite un examen parce qu&rsquo;il se pourrait bien que cette intention illustre la maxime populaire d&rsquo;un enfer pav&eacute; de bonnes intentions, bien proche de l&rsquo;avertissement pascalien quant &agrave; ce Prom&eacute;th&eacute;e pr&eacute;somptueux&nbsp;: qui veut faire l&rsquo;ange fait la b&ecirc;te. Et cette ambivalence serait li&eacute;e &agrave; une promesse d&rsquo;universalit&eacute;, au risque de r&eacute;duire &agrave; n&eacute;ant les libert&eacute;s et la vari&eacute;t&eacute; du vivant. Plus encore, cet universalisme &eacute;rig&eacute; en v&eacute;rit&eacute; absolue par le pouvoir du droit serait <em>in fine</em> de circonstance<a class="footnotecall" href="#ftn2" id="bodyftn2">2</a>. En effet, quand l&rsquo;universalisme est en question, il n&rsquo;est pas partag&eacute; ni d&eacute;montr&eacute;. Or, la crise de la philosophie occidentale annonc&eacute;e en son temps par Soloviev, la crise des fondements de l&rsquo;arithm&eacute;tique et ses conclusions chez G&ouml;del sans oublier la crise des sciences europ&eacute;ennes examin&eacute;e par Husserl ont mis un terme &agrave; cette rationalit&eacute; conqu&eacute;rante et universaliste de l&rsquo;&eacute;poque aujourd&rsquo;hui r&eacute;volue de la physique classique<a class="footnotecall" href="#ftn3" id="bodyftn3">3</a>. Si m&ecirc;me les &eacute;vidences commodes de l&rsquo;arithm&eacute;tique sont discutables, les certitudes des auteurs de cette d&eacute;claration n&rsquo;en sont plus. C&rsquo;est pourquoi, il est temps non de les contester, mais de penser autrement l&rsquo;&egrave;re d&rsquo;apr&egrave;s.</p> <p class="texte" dir="ltr">Nous nous int&eacute;resserons &agrave; l&rsquo;article premier. Son examen aura pour but d&rsquo;en lib&eacute;rer la profondeur au-del&agrave; des premi&egrave;res impressions. Son &eacute;tude logique et celle de quelques textes fondateurs r&eacute;v&eacute;lera ses diff&eacute;rentes significations. Ces droits de l&rsquo;homme actent la supr&eacute;matie de l&rsquo;&acirc;ge du droit. Ceux-ci ont le pouvoir d&rsquo;instituer et de cr&eacute;er en vertu du pouvoir ontologique conf&eacute;r&eacute; au contrat, si bien d&eacute;crit par Rousseau. Les choses existent par le droit. Cet &acirc;ge du droit a &eacute;t&eacute; un projet politique et il r&eacute;v&egrave;le l&rsquo;emprise de la convention rationnelle se substituant aux usages et qui conduit &agrave; la fin des soci&eacute;t&eacute;s dans leur diversit&eacute;, au nom m&ecirc;me de la souverainet&eacute; absolue des droits de l&rsquo;individu et de ses volont&eacute;s ou d&eacute;sirs, comme si le politique &eacute;tait au service exclusif de ce projet d&rsquo;&eacute;mancipation de l&rsquo;individu.</p> <p class="texte" dir="ltr">C&rsquo;est pourquoi nous examinerons cette philosophie qui fait du droit l&rsquo;instrument d&rsquo;une ontologie politique o&ugrave; tout est cr&eacute;&eacute; par le pouvoir du texte dont les assertions universelles instituent et cr&eacute;ent. Pourtant ce texte a une histoire. Il d&eacute;bute par une aspiration &agrave; l&rsquo;<em>&eacute;mancipation</em>, il d&eacute;veloppe une politique de l&rsquo;<em>&eacute;galisation</em> et se poursuit jusque dans la <em>totalisation </em>d&rsquo;une humanit&eacute; &eacute;gale dans les soci&eacute;t&eacute;s du 20<sup>e</sup> si&egrave;cle. Ces significations sont toujours plus extensives r&eacute;v&eacute;lant le projet de l&rsquo;article 1<sup>er</sup>. Elles se sont r&eacute;v&eacute;l&eacute;es au fil du temps jusqu&rsquo; &agrave; ce sens plus juridique, logique et conventionnel relay&eacute; dans les orientations contemporaines des institutions en charge de sa promotion, dont la Cour Europ&eacute;enne des Droits de l&rsquo;Homme (CEDH) pour laquelle les droits de l&rsquo;individu imposent des obligations &agrave; toutes les soci&eacute;t&eacute;s, oubliant <em>in fine</em> que ces soci&eacute;t&eacute;s sont aussi des agr&eacute;gats d&rsquo;individus qui pourraient ne pas accepter leur soumission &agrave; ses injonctions. Ses d&eacute;cisions sont d&rsquo;ailleurs de plus en plus contest&eacute;es<a class="footnotecall" href="#ftn4" id="bodyftn4">4</a> d&eacute;finissant toujours plus litt&eacute;ralement le texte jusqu&rsquo;&agrave; constituer une v&eacute;ritable doctrine universelle des droits de l&rsquo;individu. Il se pourrait m&ecirc;me que cela produise la r&eacute;volte des individus faisant soci&eacute;t&eacute; contre l&rsquo;individu&nbsp;!</p> <p class="texte" dir="ltr">Enfin, il y a quelques raisons de penser que l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; des diff&eacute;rences humaines et sociales, des pluralit&eacute;s politiques et historiques, mais plus encore des vari&eacute;t&eacute;s du vivant et des natures qui nous environnement appellent une nouvelle &egrave;re bien au-del&agrave; de ce droit universel infondable. Il sera ici question d&rsquo;un nouvel &acirc;ge des reconnaissances au lieu et place de l&rsquo;affirmation de ces s&eacute;parations prom&eacute;th&eacute;ennes. Pour commencer, revenons &agrave; l&rsquo;origine de cette qu&ecirc;te d&rsquo;&eacute;mancipation.</p> <h2 dir="ltr" id="heading1" style="font-style:italic;">1. L&rsquo;&eacute;mancipation et la cr&eacute;ation de l&rsquo;individu s&eacute;par&eacute;</h2> <p class="texte" dir="ltr">L&rsquo;article 1<sup>er</sup> dit&nbsp;: &laquo;&nbsp;Tous les &ecirc;tres humains naissent libres et &eacute;gaux en dignit&eacute; et en droits. Ils sont dou&eacute;s de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternit&eacute;.&nbsp;&raquo; (ONU, 1948, article 1). La naissance &eacute;tait la source d&rsquo;une in&eacute;galit&eacute; et constitutive des lign&eacute;es aristocratiques. Leur dignit&eacute; et leurs droits diff&eacute;raient et l&rsquo;assujettissement des uns vis-&agrave;-vis des autres maintenait une diff&eacute;rence permanente. C&rsquo;est pourquoi la d&eacute;claration commence par l&rsquo;affirmation de cette &eacute;galit&eacute; de naissance contre ces lign&eacute;es et leurs privil&egrave;ges. La d&eacute;claration lib&egrave;re d&rsquo;une relation de suj&eacute;tion par l&rsquo;&eacute;galit&eacute; &eacute;mancipatrice des populations. Ce sens historique met un terme &agrave; une soci&eacute;t&eacute; ancienne en magnifiant une nouvelle conception de la justice par des droits &eacute;gaux.</p> <p class="texte" dir="ltr">L&rsquo;article promeut l&rsquo;individu &eacute;gal. Il s&rsquo;agit bien de l&rsquo;individu puisqu&rsquo;en affirmant l&rsquo;&eacute;galit&eacute; de naissance, l&rsquo;article dit aussi que la naissance ne compte pas. &laquo;&nbsp;<em>Etre fils de</em>&nbsp;&raquo; ne veut plus rien dire. L&rsquo;&eacute;galit&eacute; s&rsquo;impose &agrave; tous. Les m&eacute;rites des anciens, les m&eacute;tiers h&eacute;rit&eacute;s d&rsquo;une lign&eacute;e d&rsquo;artisans, les terres transmises entre paysans sont tout aussi contestables. A chaque fois, il est question d&rsquo;une transmission qui fausse l&rsquo;&eacute;galit&eacute; de naissance. La R&eacute;volution va successivement briser ces in&eacute;galit&eacute;s. La loi Le Chapelier d&eacute;truira les corporations et le l&eacute;gislateur r&eacute;volutionnaire envisagera de supprimer les h&eacute;ritages par des droits de succession restaurant &agrave; chaque naissance une &eacute;galit&eacute; parfaite<a class="footnotecall" href="#ftn5" id="bodyftn5">5</a>. L&rsquo;&eacute;mancipation l&eacute;gitime donc de briser les chaines des servitudes traditionnelles. Mais cette &eacute;galit&eacute; contredit toutes les r&eacute;alit&eacute;s observ&eacute;es dont celles des organisations traditionnelles avec leurs charges et fonctions aux attributs in&eacute;gaux&nbsp;: les parent&eacute;s, les hi&eacute;rarchies, les corps et les rites. Le projet est donc n&eacute;cessairement r&eacute;volutionnaire pour faire table rase, mani&egrave;re d&rsquo;&eacute;galiser en arasant.</p> <p class="texte" dir="ltr">L&rsquo;application de l&rsquo;article 1<sup>er</sup> induit donc des r&eacute;formes qui vont d&rsquo;un changement lib&eacute;ral &agrave; une r&eacute;volution radicale. L&rsquo;&eacute;mancipation consiste bien &agrave; s&eacute;parer l&rsquo;individu de ce qui l&rsquo;engendre. Combien d&rsquo;ethnies se consid&egrave;rent par diff&eacute;rence &agrave; leurs voisines, par leurs m&oelig;urs, leurs dieux, leurs chefs, leurs territoires ou leurs m&eacute;tiers de pr&eacute;dilection&nbsp;? Combien de paysans s&rsquo;identifient &agrave; leur terre&nbsp;: plaines, mar&eacute;cages, bocages, savanes, for&ecirc;ts, vall&eacute;es, rives et montagnes&nbsp;? L&rsquo;&eacute;galit&eacute; de naissance pose &agrave; l&rsquo;inverse un principe de droit abstrait qui s&eacute;pare chaque individu au motif que ces circonstances sont ali&eacute;nantes. Si l&rsquo;&eacute;galit&eacute; abstraite en vue de la justice se comprend, l&rsquo;&eacute;galit&eacute; en toute chose semble contredire les faits et les soci&eacute;t&eacute;s, sauf &agrave; les transformer.</p> <p class="texte" dir="ltr">Cette volont&eacute; de transformation trouve ses motivations dans les ressorts psychologiques de l&rsquo;&eacute;mancipation dont le sentiment d&rsquo;injustice li&eacute; &agrave; l&rsquo;incompr&eacute;hension des situations in&eacute;gales et le manque de reconnaissance. S&rsquo;&eacute;manciper revient &agrave; renoncer &agrave; ses liens pour s&rsquo;en affranchir en existant seul. Toute la modernit&eacute; affirme cette pr&eacute;&eacute;minence de l&rsquo;individu s&rsquo;&eacute;mancipant de ces subordinations. L&rsquo;&eacute;l&egrave;ve se lib&egrave;re du ma&icirc;tre, le fils de ses parents, le peuple de ses oppresseurs, la conscience de ses jougs mat&eacute;riels, les ouvriers de l&rsquo;ordre bourgeois, etc. Et cette &eacute;mancipation qui fait de l&rsquo;unique sa propri&eacute;t&eacute; n&rsquo;a pas d&rsquo;autre cause que sa marche vers une lib&eacute;ration. Il faut absolument relire Stirner, ce jeune h&eacute;g&eacute;lien qui met toute la dialectique au service de l&rsquo;apologie d&rsquo;un individu libre, expression &eacute;gotique d&rsquo;une totalit&eacute; premi&egrave;re. Il d&eacute;crit cet individu propri&eacute;taire de lui-m&ecirc;me, sans lien et s&eacute;par&eacute; des autres<a class="footnotecall" href="#ftn6" id="bodyftn6">6</a>. Et tr&egrave;s &eacute;tonnamment, sa description de l&rsquo;id&eacute;al de l&rsquo;individu &eacute;go&iuml;ste deviendra ult&eacute;rieurement l&rsquo;<em>homo &oelig;conomicus </em>de la science &eacute;conomique lib&eacute;rale professant qu&rsquo;il est seul et premier<a class="footnotecall" href="#ftn7" id="bodyftn7">7</a>. Le libertaire inspire les lib&eacute;raux.</p> <h2 dir="ltr" id="heading2" style="font-style:italic;">2. L&rsquo;&eacute;galisation et la n&eacute;gation de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;</h2> <p class="texte" dir="ltr">De plus, la loi &eacute;galise en corrigeant des in&eacute;galit&eacute;s concr&egrave;tes par des mesures proportionn&eacute;es dont le but est l&rsquo;instauration d&rsquo;&eacute;galit&eacute;s. En ce sens, le l&eacute;gislateur s&rsquo;autorise des in&eacute;galit&eacute;s de traitement dans le but d&rsquo;&eacute;galiser ce qui ne l&rsquo;est pas. En agissant par ces diff&eacute;rences de traitement, il concr&eacute;tise cette logique selon laquelle, &agrave; des choses in&eacute;gales leur traitement in&eacute;gal est logiquement requis pour &eacute;tablir l&rsquo;&eacute;galit&eacute;&nbsp;: &laquo;&nbsp;<em>Le principe d&rsquo;&eacute;galit&eacute; ne fait pas obstacle &agrave; ce que la loi &eacute;tablisse des r&egrave;gles non identiques &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de cat&eacute;gories de personnes se trouvant dans des situations diff&eacute;rentes, mais il ne peut en &ecirc;tre ainsi que lorsque cette non-identit&eacute; est justifi&eacute;e par la diff&eacute;rence de situation et n&rsquo;est pas incompatible avec la finalit&eacute; de la loi.</em>&nbsp;&raquo; (81-132 DC 16-01-1982&nbsp;&ndash; France)</p> <p class="texte" dir="ltr">L&rsquo;&eacute;galisation se concr&eacute;tise dans des luttes contre des in&eacute;galit&eacute;s d&rsquo;abord admises &agrave; certaines &eacute;poques, combattues pendant une p&eacute;riode, abolies par la suite. Le processus d&rsquo;&eacute;galisation op&egrave;re ainsi par extensions successives de l&rsquo;ensemble des b&eacute;n&eacute;ficiaires. L&rsquo;extension du corps &eacute;lectoral l&rsquo;illustre. Du suffrage censitaire moderne aux hommes majeurs, puis de ceux-l&agrave; &agrave; l&rsquo;inclusion des femmes et de cet ensemble &eacute;tendu &agrave; des plus jeunes par abaissement de la majorit&eacute;, l&rsquo;ensemble des &eacute;gaux s&rsquo;accro&icirc;t logiquement parce que les anciens crit&egrave;res discriminants sont abandonn&eacute;s. Or cette d&eacute;marche d&rsquo;&eacute;galisation habite toute la litt&eacute;rature des institutions internationales actant cette pr&eacute;f&eacute;rence pour la disparition des alt&eacute;rit&eacute;s. C&rsquo;est pourquoi le droit favorable &agrave; une r&eacute;alisation de l&rsquo;&eacute;galit&eacute; de fait s&rsquo;attaque aux origines m&ecirc;mes de l&rsquo;in&eacute;galit&eacute; dans les repr&eacute;sentations du r&eacute;el qui les observent, les constatent et pourraient les accepter. Le devoir d&rsquo;&eacute;galisation enjoint de condamner celui m&ecirc;me qui d&eacute;crit des in&eacute;galit&eacute;s, et ce, au nom d&rsquo;une &eacute;thique universelle condamnant la distinction par crainte d&rsquo;ent&eacute;riner l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; qui entretiendrait, voire l&eacute;gitimerait des in&eacute;galit&eacute;s.</p> <p class="texte" dir="ltr">En cela, l&rsquo;&eacute;galit&eacute; juridique devient l&rsquo;instrument d&rsquo;une &eacute;galisation contraignante. Et la pratique r&eacute;volutionnaire a us&eacute; de cette supr&ecirc;me autorit&eacute; de l&rsquo;&eacute;galit&eacute; en &eacute;tendant ind&eacute;finiment son champ d&rsquo;application. La r&eacute;alisation des &eacute;galit&eacute;s sociales, &eacute;conomiques et culturelles a l&eacute;gitim&eacute; la destruction des diff&eacute;rences, des histoires, des patrimoines et des langues au profit de la construction d&rsquo;une cat&eacute;gorie sociale unique, d&rsquo;une &eacute;conomie unifi&eacute;e et d&rsquo;une culture univoque.</p> <h2 dir="ltr" id="heading3" style="font-style:italic;">3. La totalisation et l&rsquo;extension universelle</h2> <p class="texte" dir="ltr">L&rsquo;univoque fait alors totalit&eacute; du fait de son extension illimit&eacute;e. L&rsquo;article totalise&nbsp;: &laquo;&nbsp;<em>Tous les &ecirc;tres humains</em>&nbsp;&raquo;. En effet, l&rsquo;assertion s&rsquo;int&eacute;resse &agrave; tous sans aucune consid&eacute;ration justifiant des distinctions. Elle fait fi des organisations sociales et politiques par sa posture en surplomb. L&rsquo;&eacute;l&eacute;ment de base de ce droit universel n&rsquo;est pas la tribu, le village ou l&rsquo;Etat. Toutes ces organisations ont disparu au seul profit de l&rsquo;atome individuel. Ainsi, le texte anonyme s&rsquo;adresse au genre humain comme s&rsquo;il constituait un ensemble politique universel sans interm&eacute;diation. Il manifeste ce projet universel o&ugrave; la rencontre de la d&eacute;claration des droits et des individus constitue les deux seuls composants de cette soci&eacute;t&eacute; universelle. Mais cela se fait au nom d&rsquo;une anthropologie exclusive implicite. Pour en comprendre l&rsquo;exclusive, raisonnons a contrario. Toute soci&eacute;t&eacute; qui envisagerait par ses traditions et ses m&oelig;urs de pr&eacute;server une in&eacute;galit&eacute; quel qu&rsquo;en soit ses motivations ne saurait perdurer dans ses usages sans contredire la r&egrave;gle universelle. Le texte s&rsquo;arroge le pouvoir de s&rsquo;&eacute;tendre et de r&eacute;duire &agrave; n&eacute;ant toute autre sorte de conception de l&rsquo;homme. A cet &eacute;gard, deux textes attestent de cette extension universelle.</p> <p class="texte" dir="ltr">Le premier subordonne la diversit&eacute; culturelle des &laquo;&nbsp;<em>peuples autochtones</em>&nbsp;&raquo; au respect de la norme qu&rsquo;ils ne sauraient remettre en cause. Le texte est explicite&nbsp;: &laquo;&nbsp;<em>Article 4 - Les droits de l&#39;homme, garants de la diversit&eacute; culturelle&nbsp;: la d&eacute;fense de la diversit&eacute; culturelle est un imp&eacute;ratif &eacute;thique, ins&eacute;parable du respect de la dignit&eacute; de la personne humaine. Elle implique l&#39;engagement de respecter les droits de l&#39;homme et les libert&eacute;s fondamentales, en particulier les droits des personnes appartenant &agrave; des minorit&eacute;s et ceux des peuples autochtones. </em><span style="text-decoration:underline;"><em>Nul ne peut invoquer la diversit&eacute; culturelle pour porter atteinte aux droits de l&#39;homme garantis par le droit international, ni pour en limiter la port&eacute;e.</em></span>&nbsp;&raquo; (D&eacute;claration universelle sur la diversit&eacute; culturelle, UNESCO, 2001, article 4)</p> <p class="texte" dir="ltr">La seconde contraint ces peuples qui n&rsquo;ont pas la libert&eacute; de contester la port&eacute;e universelle de l&rsquo;individualisme m&eacute;thodologique dont ils se doivent d&rsquo;&ecirc;tre les promoteurs z&eacute;l&eacute;s&nbsp;: &laquo;&nbsp;<em>L&#39;Assembl&eacute;e g&eacute;n&eacute;rale proclame la pr&eacute;sente D&eacute;claration Universelle des droits de l&#39;Homme comme l&#39;id&eacute;al commun &agrave; atteindre par tous les peuples et toutes les nations afin que tous les individus et tous les organes de la soci&eacute;t&eacute;, ayant cette D&eacute;claration constamment &agrave; l&#39;esprit, s&#39;efforcent, par l&#39;enseignement et l&#39;&eacute;ducation, de d&eacute;velopper le respect de ces droits et libert&eacute;s et d&#39;en assurer, par des mesures progressives d&#39;ordre national et international, la reconnaissance et l&#39;application universelles et effectives, tant parmi les populations des &Eacute;tats membres eux-m&ecirc;mes que parmi celles des territoires plac&eacute;s sous leur juridiction.</em>&nbsp;&raquo; (Pr&eacute;mbule, ONU, 1948)</p> <p class="texte" dir="ltr">L&rsquo;universalisme est bien extensif et destructeur de la pluralit&eacute; des anthropologies et des soci&eacute;t&eacute;s. Il pr&eacute;tend dire la totalit&eacute; de la v&eacute;rit&eacute; dans une construction opposant les droits de l&rsquo;individu &agrave; tout autre ordre social qui viendrait proposer une alternative. Elle vise un absolu o&ugrave; cette soci&eacute;t&eacute; universelle serait l&rsquo;ultime accomplissement d&rsquo;une histoire politique o&ugrave; l&rsquo;individu s&rsquo;y instituerait librement. Et cette extension concr&eacute;tise une m&eacute;thode. Il s&rsquo;agit de r&eacute;duire l&rsquo;humain &agrave; des crit&egrave;res mesurables, puis de consid&eacute;rer ces dimensions calculables afin d&rsquo;imposer l&rsquo;&eacute;galisation par r&eacute;duction des &eacute;carts. Si l&rsquo;&eacute;galisation corrige des in&eacute;galit&eacute;s concr&egrave;tes, il faut &eacute;valuer, contr&ocirc;ler et corriger. Le syst&egrave;me &eacute;galitaire met alors en place un proc&eacute;d&eacute; d&rsquo;&eacute;valuation et de contr&ocirc;le, de planification et d&rsquo;administration. Il suffit de relire Sauvy&nbsp;: &laquo;&nbsp;<em>Pour la bonne administration d&rsquo;un pays, il serait &eacute;videmment d&eacute;sirable d&rsquo;avoir, sur l&rsquo;&eacute;tat de la population, des renseignements mis &agrave; jour d&rsquo;une mani&egrave;re continue. Cela reviendrait &agrave; disposer, pour l&rsquo;ensemble des habitants, d&rsquo;une &ldquo;situation journali&egrave;re&rdquo; tenant compte automatiquement de tous les mouvements, et analogue &agrave; celle qui est dress&eacute;e dans les corps de troupe.</em>&nbsp;&raquo;<a class="footnotecall" href="#ftn8" id="bodyftn8">8</a>.</p> <p class="texte" dir="ltr">Cette exclusion des alt&eacute;rit&eacute;s s&rsquo;av&egrave;re aussi totalisante du fait du refus des liens sociaux. En effet, la revendication d&rsquo;un d&eacute;sir d&rsquo;appartenance &agrave; une organisation sp&eacute;cifique est n&eacute;cessairement r&eacute;trograde et synonyme d&rsquo;une ali&eacute;nation. Etre d&rsquo;un lieu, d&rsquo;un village, se sentir d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; et d&rsquo;une culture avec ses modes de vie, c&rsquo;est &agrave; l&rsquo;&eacute;vidence braver la d&eacute;claration, plus encore si cette soci&eacute;t&eacute; s&rsquo;organise en des relations asym&eacute;triques o&ugrave; des humains tiennent des r&ocirc;les et des fonctions distinctes. L&rsquo;universel des droits de l&rsquo;homme asservit l&rsquo;individu &agrave; sa d&eacute;finition d&rsquo;une unique histoire d&rsquo;&eacute;mancipation. Ils oublient ou occultent que la personne humaine peut librement adopter, par exemple, la position d&rsquo;Aristote enseignant que l&rsquo;homme entretient des relations asym&eacute;triques et d&rsquo;autres &eacute;gales. Les premi&egrave;res sont distributives entre in&eacute;gaux du fait d&rsquo;obligations li&eacute;es aux fonctions&nbsp;: la parent&eacute; par l&rsquo;ob&eacute;issance et l&rsquo;autorit&eacute;, l&rsquo;&eacute;ducation par l&rsquo;enseignement et l&rsquo;apprentissage. Les secondes sont commutatives entre citoyens par exemple. Faut-il interdire Aristote&nbsp;?</p> <h2 dir="ltr" id="heading4" style="font-style:italic;">4. La limitation et la finitude de l&rsquo;ego</h2> <p class="texte" dir="ltr">L&rsquo;&eacute;galisation et la totalisation ont tr&egrave;s vite inspir&eacute;es et justifi&eacute;es des actions d&rsquo;endoctrinement, voire de terreur. Des r&eacute;volutionnaires ont tr&egrave;s vite ex&eacute;cut&eacute; l&rsquo;&eacute;galit&eacute; afin d&rsquo;&eacute;manciper leur peuple de leurs servitudes. Ces lib&eacute;rateurs jugent alors les faits et gestes des soci&eacute;t&eacute;s ant&eacute;rieures, sans mesurer que leur mani&egrave;re de faire soci&eacute;t&eacute; conduit &agrave; une massification autoritaire, dont quelques-uns disent qu&rsquo;il s&rsquo;agit de l&rsquo;homme indiff&eacute;renci&eacute;, de &laquo;&nbsp;<em>l&rsquo;homme jetable</em>&nbsp;&raquo; ou de &laquo;&nbsp;<em>l&rsquo;homme superflu</em>&nbsp;&raquo;<a class="footnotecall" href="#ftn9" id="bodyftn9">9</a>. L&rsquo;individu oblig&eacute; de s&rsquo;&eacute;manciper ne fait alors plus soci&eacute;t&eacute; puisque rien d&rsquo;autres que les conditions de son &eacute;mancipation deviennent les lois d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; existant pour paradoxalement se dissoudre dans ce seul projet de l&rsquo;av&egrave;nement de l&rsquo;individu.</p> <p class="texte" dir="ltr">Or, ce risque de dissolution fut tr&egrave;s t&ocirc;t identifi&eacute; par ses opposants. La d&eacute;claration fut l&rsquo;objet de vives critiques d&egrave;s son origine dans des controverses tr&egrave;s &eacute;tay&eacute;es. Les opposants &eacute;taient pour la plupart des conservateurs, mais leur argumentation d&eacute;veloppe des critiques qui soulignent les ambivalences internes de la d&eacute;claration. Burke, Maistre ou Bonald<a class="footnotecall" href="#ftn10" id="bodyftn10">10</a> contestent l&rsquo;argumentation philosophique et la pr&eacute;tention universelle de la d&eacute;claration, arguant d&rsquo;une multitude de pr&eacute;existences, celles des soci&eacute;t&eacute;s, des familles, des cultures, des arts, histoires, sciences et m&eacute;tiers, usages et institutions humaines ancestrales sans autre fondement que leur ant&eacute;riorit&eacute; admise par tous comme l&rsquo;expliquait d&eacute;j&agrave; Aristote<a class="footnotecall" href="#ftn11" id="bodyftn11">11</a>.</p> <p class="texte" dir="ltr">Burke consid&egrave;re que l&rsquo;ordre social prime l&rsquo;individu. La soci&eacute;t&eacute; pr&eacute;existe aux conventions qui pr&eacute;tendent la fonder. Adversaire des abstractions fran&ccedil;aises, il pr&eacute;f&egrave;re le constat pragmatique des r&eacute;alit&eacute;s sociales dont la longue histoire de la jurisprudence. Les principes abstraits lui paraissent excessifs et dangereux, annon&ccedil;ant leurs d&eacute;rives violentes et la Terreur. Sa position lib&eacute;rale h&eacute;rit&eacute;e de Locke lui fait consid&eacute;rer l&rsquo;importance des bonnes m&oelig;urs, le r&ocirc;le de la religion et la tradition des institutions. A ses yeux, l&rsquo;exigence de l&rsquo;&eacute;galit&eacute; et ses cons&eacute;quences sont irrespectueuses des traditions des pays et par trop exclusives.</p> <p class="texte" dir="ltr">Maistre critique Rousseau et il lui para&icirc;t insoutenable de fonder la soci&eacute;t&eacute; sur l&rsquo;hypoth&egrave;se d&rsquo;un homme abstrait incapable de cr&eacute;er le contrat social. La soci&eacute;t&eacute; est un organisme et les hommes ne fondent pas l&rsquo;organisme dont ils sont une partie. Outre l&rsquo;opposition &agrave; l&rsquo;hypoth&egrave;se individualiste, Maistre critique l&rsquo;universalisme dont l&rsquo;imp&eacute;rialisme menace les nations d&egrave;s lors qu&rsquo;elles n&rsquo;adoptent pas ces droits. Il est le premier &agrave; pointer leur caract&egrave;re totalitaire. Maistre &eacute;voque &laquo;&nbsp;<em>la guerre civile du genre humain</em>&nbsp;&raquo; du fait de l&rsquo;universalisme de la d&eacute;claration qui exclut de tol&eacute;rer des Etats qui se soustrairaient &agrave; son application et il expose les termes de l&rsquo;ing&eacute;rence belliqueuse et doctrinaire<a class="footnotecall" href="#ftn12" id="bodyftn12">12</a>.</p> <p class="texte" dir="ltr">Bonald conteste au droit le pouvoir de d&eacute;composer la soci&eacute;t&eacute; en faisant primer l&rsquo;individu sur la famille dont il est n&eacute;cessairement issu. Dans cet esprit il fait voter l&rsquo;abolition du divorce en 1816. L&rsquo;humain est une &laquo;&nbsp;<em>personne sociale</em>&nbsp;&raquo; qui s&rsquo;ins&egrave;re dans le flux vivant d&rsquo;une collectivit&eacute;. Il a une place dans une famille situ&eacute;e dans un groupe lui-m&ecirc;me ordonn&eacute; &agrave; des usages politiques. Bonald d&eacute;veloppe sa conception d&rsquo;un homme profond&eacute;ment social&nbsp;: &laquo;&nbsp;<em>L&rsquo;homme isol&eacute;, consid&eacute;r&eacute; en lui-m&ecirc;me et ind&eacute;pendamment de la soci&eacute;t&eacute; dont il fait partie, est et a &eacute;t&eacute; toujours et partout le m&ecirc;me, sujet aux m&ecirc;mes besoins, livr&eacute; aux m&ecirc;mes passions, dou&eacute; des m&ecirc;mes facult&eacute;s, mais l&rsquo;homme social est incontestablement devenu plus parfait, et l&rsquo;on ne doit consid&eacute;rer l&rsquo;homme que dans la soci&eacute;t&eacute;.</em>&nbsp;&raquo;<a class="footnotecall" href="#ftn13" id="bodyftn13">13</a>. Et ces critiques sociales, pour d&rsquo;autres raisons, ont &eacute;t&eacute; reprises et prolong&eacute;es chez Marx, puis durant le 20<sup>e</sup> si&egrave;cle par des auteurs infiniment moins suspect&eacute;s de complicit&eacute; avec le r&eacute;gime contest&eacute; par la R&eacute;volution.</p> <p class="texte" dir="ltr">Des contemporains dont Lyotard s&rsquo;amusent de la pr&eacute;tention &agrave; l&rsquo;universel&nbsp;qui impose sa m&eacute;thode telle une r&egrave;gle usurpant l&rsquo;universel que ce dernier d&eacute;nonce non sans d&eacute;rision&nbsp;: &laquo;&nbsp;<em>Pourquoi l&rsquo;affirmation de l&rsquo;instance normative universelle aurait-elle une valeur universelle si c&rsquo;est une instance singuli&egrave;re qui la d&eacute;clare&nbsp;?</em>&nbsp;&raquo;<a class="footnotecall" href="#ftn14" id="bodyftn14">14</a>. Soulignons qu&rsquo;affirmer l&rsquo;universalit&eacute; d&rsquo;une proposition en prouve le d&eacute;faut. Du fait m&ecirc;me de cette n&eacute;cessaire assertion, la pr&eacute;tention devient relative &agrave; une &eacute;poque ou &agrave; une r&eacute;gion du monde. Et ce n&rsquo;est pas le moindre des paradoxes que de promouvoir la libert&eacute; en pensant que sa conception est unique, indiscutable jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;intransigeance.</p> <p class="texte" dir="ltr">Cassirer conteste aussi le mouvement d&rsquo;&eacute;mancipation de l&rsquo;individu au nom de la coexistence entre les faits h&eacute;t&eacute;ronomes et autonomes parce que l&rsquo;homme n&rsquo;est pas plus le r&eacute;sultat de son inconditionnalit&eacute; dans ses droits que de son &eacute;panouissement dans l&rsquo;accomplissement de ses obligations et de ses libert&eacute;s dans la lign&eacute;e d&rsquo;une tradition dont il se fait un interpr&egrave;te et un passeur. Il souligne que l&rsquo;homme social est une part de l&rsquo;homme &agrave; la suite d&rsquo;Aristote et de son animal politique. Sa vocation ou sa condition sont sa relation aux autres qui le r&eacute;v&egrave;le &agrave; lui-m&ecirc;me&nbsp;: &laquo;&nbsp;<em>L&rsquo;homme ne peut se conna&icirc;tre lui-m&ecirc;me, il ne peut prendre conscience de lui-m&ecirc;me comme individu que par l&rsquo;interm&eacute;diaire de la vie sociale. Mais cet interm&eacute;diaire n&rsquo;est pas pour l&rsquo;homme qu&rsquo;une force contraignante ext&eacute;rieure.</em>&nbsp;&raquo;<a class="footnotecall" href="#ftn15" id="bodyftn15">15</a></p> <p class="texte" dir="ltr">Feyerabend conteste la rationalit&eacute; de cette position se pr&eacute;tendant objective et universelle et s&rsquo;exclame&nbsp;: <em>&laquo;&nbsp;J&rsquo;affirme qu&rsquo;il n&rsquo;existe aucune raison &laquo;&nbsp;objective&nbsp;&raquo; pour pr&eacute;f&eacute;rer la science et le rationalisme occidental &agrave; d&rsquo;autres traditions.&nbsp;&raquo;</em><a class="footnotecall" href="#ftn16" id="bodyftn16">16</a>, se faisant l&agrave; h&eacute;ritier des limites de la d&eacute;montrabilit&eacute; des sciences. Malheureusement, cet universalisme a motiv&eacute; quelques destructions de civilisations et de populations &agrave; tel point que pour sa d&eacute;fense, certains contemporains op&egrave;rent une ultime distinction subtile entre l&rsquo;extensif et l&rsquo;intensif, tentant de d&eacute;douaner la d&eacute;claration des man&oelig;uvres d&rsquo;ing&eacute;rences et de prise de pouvoir accompagn&eacute; d&rsquo;une extension d&rsquo;un mod&egrave;le universel au m&eacute;pris des choix collectifs des individus qui sont conscients des biens communs qu&rsquo;ils veulent partager, organiser et pr&eacute;server<a class="footnotecall" href="#ftn17" id="bodyftn17">17</a>. Dans les deux cas, la violence y est, qu&rsquo;elle soit directe (extensive) ou moins visible et plus subversive (intensive). Si les moyens diff&egrave;rent, l&rsquo;intention et le but demeurent inchang&eacute;s.</p> <p class="texte" dir="ltr">Tr&egrave;s nombreux, donc, sont ceux qui contestent la d&eacute;claration car elle fait fi de la finitude de l&rsquo;&eacute;go. En cela, elle exerce un pouvoir de n&eacute;gation o&ugrave; appara&icirc;t un message de r&eacute;volte, une invitation &agrave; &eacute;galiser d&rsquo;autorit&eacute;. La promesse de lib&eacute;ration produit dans l&rsquo;histoire moderne et contemporaine une succession d&rsquo;ali&eacute;nations tragiques. L&rsquo;ambivalence est donc manifeste pour au moins deux raisons. Premi&egrave;re raison, la question n&rsquo;est plus d&rsquo;avoir raison contre des auteurs mais de constater le d&eacute;saccord. Des premiers conservateurs qui annonc&egrave;rent les cons&eacute;quences du texte dont ils eurent imm&eacute;diatement une lecture tr&egrave;s critique &agrave; la multiplication des nouvelles critiques &eacute;manant d&rsquo;autres traditions philosophiques&nbsp;: marxistes ou existentialistes par exemple&nbsp;; il serait d&eacute;raisonnable de ne pas reconna&icirc;tre l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; des points de vue au nom m&ecirc;me de cette libert&eacute; de se concevoir, sauf &agrave; pr&eacute;juger que la libert&eacute; &eacute;limineraient les libert&eacute;s au nom d&rsquo;une v&eacute;rit&eacute; d&eacute;montrable. La seconde raison tient &agrave; l&rsquo;histoire o&ugrave; la lutte contre la finitude de l&rsquo;ego conduit &agrave; faire l&rsquo;apologie d&rsquo;abstractions<a class="footnotecall" href="#ftn18" id="bodyftn18">18</a> voulant que celles-ci se substituent aux r&eacute;alit&eacute;s qu&rsquo;ils s&rsquo;agissaient de soumettre. Jaur&egrave;s est exemplaire de cette position d&rsquo;un socialisme transformateur de la soci&eacute;t&eacute;, au seul service de l&rsquo;av&egrave;nement d&rsquo;un individu. Mais ce choix politique aurait-il valeur de dogme&nbsp;?</p> <h2 dir="ltr" id="heading5" style="font-style:italic;">5. La lib&eacute;ration et la r&eacute;v&eacute;lation des reconnaissances</h2> <p class="texte" dir="ltr">Mais, la th&eacute;orie de l&rsquo;&eacute;mancipation est-elle la voie unique de la lib&eacute;ration&nbsp;? Est-ce bien se lib&eacute;rer que de se d&eacute;lier&nbsp;? Est-ce la seule conception possible du destin humain et du politique&nbsp;? L&rsquo;exemple de la question qu&eacute;b&eacute;coise l&rsquo;illustre bien. Une soci&eacute;t&eacute; a-t-elle le droit de motiver et encourager l&rsquo;apprentissage d&rsquo;une langue au nom de sa d&eacute;fense de la culture et de ses biens communs au d&eacute;triment de la libert&eacute; individuelle de faire apprendre la langue de son choix &agrave; des enfants&nbsp;? Les peuples qui se battent pour leur culture sont alors soup&ccedil;onn&eacute;s d&rsquo;ali&eacute;ner les individus qui les composent. A cet &eacute;gard, l&rsquo;individualisme de l&rsquo;article 1<sup>er</sup>se d&eacute;veloppe dans la th&eacute;orie de la d&eacute;mocratie de Benhabib o&ugrave; l&rsquo;individu est libre contre son groupe d&rsquo;appartenance. Elle pose le principe de &laquo;&nbsp;<em>r&eacute;ciprocit&eacute; &eacute;galitaire</em>&nbsp;&raquo;o&ugrave; chacun &agrave; un droit &eacute;gal d&rsquo;initier des questions dont les pr&eacute;suppos&eacute;s de la discussion elle-m&ecirc;me. Plus encore, elle expose &laquo;&nbsp;<em>l&rsquo;assentiment volontaire&nbsp;</em>&raquo; o&ugrave; elle affirme que l&rsquo;Etat est garant que les membres d&rsquo;une communaut&eacute; puissent choisir d&rsquo;y appartenir ou de la quitter. Sauf que cette r&egrave;gle exclut que le membre puisse quitter l&rsquo;Etat en question pour lui pr&eacute;f&eacute;rer l&rsquo;appartenance &agrave; une communaut&eacute; r&eacute;futant ce principe. Elle inspire les institutions, dont la CEDH qui ont adopt&eacute; cette philosophie et leurs rapports regorgent de jugements qui opposent les droits des individus contre les Etats, niant que ces Etats ont aussi leur droit, des droits et leurs libert&eacute;s politiques au nom d&rsquo;autres individus.</p> <p class="texte" dir="ltr">Ces institutions ont ainsi r&eacute;duit le politique &agrave; l&rsquo;&eacute;mancipation, mais est-elle la seule exigence qu&rsquo;une personne puisse se fixer pour orienter ses relations, sans ne jamais en accepter aucune qui lui serait donn&eacute;e&nbsp;? Et le droit est-il le seul instrument fixant l&rsquo;horizon de ces relations humaines&nbsp;? Il est temps de consid&eacute;rer qu&rsquo;&agrave; cet &acirc;ge du droit positif et universaliste succ&egrave;de celui pluriel des reconnaissances. Prenons trois exemples&nbsp;: Weil, Watsuji et Jonas. La philosophe Weil critiquait elle aussi cette d&eacute;claration. Elle ouvre la voie &agrave; des reconnaissances. Il s&rsquo;agit de reconna&icirc;tre toutes les alt&eacute;rit&eacute;s. A l&rsquo;inverse de la conception &eacute;go&iuml;ste de Stirner, elle &eacute;voque le devoir envers les autres. A l&rsquo;&eacute;go&iuml;sme des droits de l&rsquo;homme comme absolu politique, elle propose une autre lib&eacute;ration &agrave; laquelle il s&rsquo;agit de r&eacute;fl&eacute;chir et qui tient d&rsquo;une d&eacute;couverte des alt&eacute;rit&eacute;s. L&agrave; o&ugrave; l&rsquo;&eacute;mancipation proc&egrave;de par des &eacute;loignements, des renoncements et un isolement quand l&rsquo;homme se d&eacute;lie des autres et du monde, se retirant en lui-m&ecirc;me dans son &eacute;go&iuml;sme, il s&rsquo;agit de m&eacute;diter ses relations aux alt&eacute;rit&eacute;s. Voil&agrave; pourquoi elle constate que ces &eacute;mancipations successives conduisent &agrave; une extran&eacute;ation, soit un devenir &eacute;tranger et tragique au monde. Comme le d&eacute;crit si bien Stirner, s&rsquo;&eacute;manciper consiste &agrave; se d&eacute;tacher des relations humaines par leur r&eacute;ification. D&egrave;s lors les relations changent. Il est question de transaction et d&rsquo;une froide exploitation, d&rsquo;une instrumentalisation soumise &agrave; ses projets &eacute;go&iuml;stes. La relation humaine y devient une prise de possession d&eacute;nu&eacute;e de sentiment. En fait, l&rsquo;&eacute;mancipation commence par une apparente lib&eacute;ration, en contestant les ali&eacute;nations commises &agrave; son endroit par les autres du fait de leur appropriation excessive des biens ou de l&rsquo;exercice d&rsquo;une autorit&eacute; abusive. Mais elle se prolonge dans une ali&eacute;nation de soi ou l&rsquo;indiff&eacute;rence et la m&eacute;fiance produisent au final cette extran&eacute;ation. A l&rsquo;oppos&eacute;, les solidarit&eacute;s privil&eacute;gient le partage et le don. L&agrave;, Weil &eacute;voque l&rsquo;inspiration int&eacute;rieure qui fait &eacute;merger le sens de ses obligations saisissant l&rsquo;&ecirc;tre plus qu&rsquo;elles ne se raisonnent&nbsp;:&nbsp;&raquo;&nbsp;<em>Il y a hors de cet univers, au-del&agrave; de ce que les facult&eacute;s humaines peuvent saisir, une r&eacute;alit&eacute; &agrave; laquelle correspond dans le c&oelig;ur humain l&#39;exigence de bien total qui se trouve en tout homme. De cette r&eacute;alit&eacute; d&eacute;coule tout ce qui est bien ici-bas. C&#39;est d&#39;elle que proc&egrave;de toute obligation.&nbsp;</em>&raquo;<a class="footnotecall" href="#ftn19" id="bodyftn19">19</a>. L&agrave; o&ugrave; le droit impose dans ses textes en oubliant le sens, Weil rappelle le sens per&ccedil;u dans cette reconnaissance int&eacute;rieure qui constitue, pour elle, l&rsquo;essentiel de l&rsquo;humanisme.</p> <p class="texte" dir="ltr">L&agrave; o&ugrave; la reconnaissance est int&eacute;rieure chez Weil, elle est spatiale chez Watsuji. Le philosophe japonais critique la conception dualiste des occidentaux et il pr&eacute;cise l&rsquo;indissociabilit&eacute; de l&rsquo;homme et de son milieu critiquant la pens&eacute;e occidentale contemporaine fascin&eacute;e par l&rsquo;histoire et le temps, ayant &eacute;tudi&eacute; Heidegger en Allemagne, le jugeant st&eacute;rile quant &agrave; l&rsquo;&eacute;tude de la pr&eacute;sence de l&rsquo;homme &agrave; l&rsquo;espace. La nature et l&rsquo;homme participent d&rsquo;un dynamisme vital qui se cr&eacute;e sans s&eacute;paration du sujet et de l&rsquo;objet. Il n&rsquo;y a pas d&rsquo;ext&eacute;riorit&eacute; mais un corps dans la nature plus qu&rsquo;un sujet regardant la nature d&rsquo;o&ugrave; la diff&eacute;rence entre la subjectivit&eacute; occidentale distinguant le sujet regardant l&rsquo;objet et la <em>subjectit&eacute;</em> japonaise manifestant cette intimit&eacute; de l&rsquo;homme &agrave; son espace<a class="footnotecall" href="#ftn20" id="bodyftn20">20</a>. D&rsquo;autres sagesses ou philosophies partagent ce refus du dualisme qui voudrait que l&rsquo;individu existe avant d&rsquo;&ecirc;tre dans un monde de relations qui le font advenir. C&rsquo;est pourquoi la conception universelle de l&rsquo;individu et de ses droits est n&eacute;cessairement une agression politico-philosophique &agrave; l&rsquo;encontre de ces autres qui pensent autrement leur rapport au monde.</p> <p class="texte" dir="ltr">Jonas reconna&icirc;t quant &agrave; lui le futur. Il d&eacute;couvre cette responsabilit&eacute; vis-&agrave;-vis de ce qui n&rsquo;est pas encore. Bien au-del&agrave; du droit, nous sommes collectivement comptables des actes qui engagent nos h&eacute;ritiers dans le futur. Les hommes sont en relation avec les techniques qu&rsquo;ils produisent, ils sont en relation avec le futur du fait de leurs projets qui ont une influence dans la dur&eacute;e. L&rsquo;&acirc;ge du droit de l&rsquo;individu devient alors d&eacute;risoire face aux enjeux d&eacute;voil&eacute;s par Jonas qu&rsquo;il formalise en quelques imp&eacute;ratifs expos&eacute;s dans <span style="text-decoration:underline;">Le principe de responsabilit&eacute;</span><a class="footnotecall" href="#ftn21" id="bodyftn21">21</a>. Ces derniers d&eacute;passent radicalement l&rsquo;&eacute;mancipation des modernes. L&rsquo;agir humain ne consiste pas &agrave; se lib&eacute;rer des entraves, mais &agrave; m&eacute;diter sur les cons&eacute;quences de ses actions solidairement avec ses contemporains et plus encore avec la descendance de l&rsquo;humanit&eacute; toute enti&egrave;re. La responsabilit&eacute; introduit la transmission, soit la relation &agrave; l&rsquo;ultime alt&eacute;rit&eacute; de ceux qui n&rsquo;ont pas de voix car ils ne sont pas encore l&agrave;. Jonas change de perspective, et ce ne sont pas des articles obs&eacute;d&eacute;s par l&rsquo;individu qui peuvent occuper les esprits quand le politique a pour objet la survie de l&rsquo;humanit&eacute; dans la complexit&eacute; de ses relations avec la technique et les rapports de l&rsquo;homme &agrave; la nature.</p> <p class="texte" dir="ltr">Ainsi, Weil, Watsuji et Jonas sont ici trois exemples parmi tant d&rsquo;autres qui motivent ce changement d&rsquo;&egrave;re. La politique des reconnaissances d&eacute;veloppe alors une libert&eacute; de penser par l&rsquo;accueil des alt&eacute;rit&eacute;s. Reconna&icirc;tre son int&eacute;riorit&eacute; comme y invite Weil, reconna&icirc;tre son environnement comme le montre Watsuji, reconna&icirc;tre sa dette sociale comme l&rsquo;explique Jonas, reconna&icirc;tre la pluralit&eacute; des r&eacute;gimes de v&eacute;rit&eacute; comme l&rsquo;enseigne les critiques &eacute;pist&eacute;mologiques dont Feyeraband, etc. Leur re-connaissance manifeste la conscience de la connaissance. Leur reconnaissance exprime la compr&eacute;hension de la connaissance. Elle exprime la continuit&eacute; de la perception de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; soit cette attention o&ugrave; l&rsquo;homme fait acte de m&eacute;moire en prenant une distance. Il se d&eacute;centre et se d&eacute;couvre dans ses interactions et ses contributions &agrave; de multiples relations dans de nombreuses institutions, &agrave; commencer par cette institution de soi-m&ecirc;me reconnaissant l&rsquo;autre et par l&agrave;, se reconnaissant soi-m&ecirc;me dans sa permanence d&rsquo;&ecirc;tre.</p> <p class="texte" dir="ltr">Pour terminer, le politique peut-il seulement servir un tel pr&eacute;ambule de la constitution&nbsp;? Le politique est aussi en charge des institutions qui r&eacute;gulent les biens communs comme le montre l&rsquo;&eacute;conomiste Ostrom<a class="footnotecall" href="#ftn22" id="bodyftn22">22</a> dans son &oelig;uvre magistrale <span style="text-decoration:underline;">La gouvernance des biens communs</span>. Les soci&eacute;t&eacute;s conscientes des limites de l&rsquo;ego et des contraintes des ressources sur leurs territoires, comme le montre Watsuji, ont alors la mission d&rsquo;entretenir des interm&eacute;diations. La politique des reconnaissances proposent donc d&rsquo;autres notions. Elle met en exergue de multiples interm&eacute;diations au sens de Platon&nbsp;: &mu;&epsilon;&tau;&alpha;&xi;ύ (metaxu). Et ces interm&eacute;diaires ne sont pas des ali&eacute;nations. Elles sont des s&eacute;parations qui relient mais aussi des liens qui distinguent et s&eacute;parent en respectant des niveaux d&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;. Ces interm&eacute;diations articulent des modalit&eacute;s d&rsquo;insertion de l&rsquo;homme dans un dispositif social et environnemental o&ugrave; chaque institution interagit en vue de son accomplissement propre. Elles composent sans cesse entre des mouvements d&rsquo;autonomie pour leur &eacute;panouissement et d&rsquo;autres d&rsquo;h&eacute;t&eacute;ronomie pour leur adaptation, voire leur r&eacute;silience. L&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; est certes interindividuelle, mais aussi sociale et plus encore reconnaissance d&rsquo;une relation de l&rsquo;homme &agrave; ce qui le constitue&nbsp;: l&rsquo;air ou l&rsquo;eau par exemple. L&rsquo;&acirc;ge des reconnaissances n&rsquo;institue rien. Il n&rsquo;instaure pas. Il invite &agrave; reconnaitre ce qui est donn&eacute; et &agrave; prendre la mesure qu&rsquo;il y a &agrave; faire. Et ces usages ont &agrave; &eacute;merger, &agrave; s&rsquo;&eacute;panouir et s&rsquo;&eacute;prouver. L&rsquo;&acirc;ge des reconnaissances sera donc pluriel, par l&rsquo;art de s&rsquo;adapter en abandonnant le dogme de l&rsquo;universel et des terreurs qui s&rsquo;ensuivent. Il est temps de nous reconna&icirc;tre. &nbsp;&nbsp;</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn1" id="ftn1">1</a> &nbsp;Pic de la Mirandole et Marsile Ficin appartiennent &agrave; l&rsquo;&eacute;cole n&eacute;oplatonicienne m&eacute;dic&eacute;enne fond&eacute;e par Cosme de M&eacute;dicis &agrave; Florence, Ficin, traducteur de Plotin ou d&rsquo;Herm&egrave;s Trism&eacute;giste est l&rsquo;auteur d&rsquo;&oelig;uvres h&eacute;t&eacute;rodoxes empreinte d&rsquo;occultisme dont Les trois Livres de la vie.</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn2" id="ftn2">2</a> &nbsp;Cet article s&rsquo;inscrit dans cette reconnaissance des limites de l&rsquo;universalisme occidental si bien d&eacute;crite par Vachon&nbsp;: <em>&laquo;&nbsp;La paix est un symbole universel, mais il y a autant de cultures de la paix qu&#39;il y a de mythes et de concepts de la paix. Les Droits de l&#39;Homme, le Droit lui-m&ecirc;me et l&#39;Ordre (m&ecirc;me n&eacute;goci&eacute;) ne constituent qu&#39;une culture de la paix parmi d&#39;autres et pas n&eacute;cessairement plus valable que d&#39;autres. Reconna&icirc;tre ce fait dans la pratique, ne pas substituer cette culture de la paix &agrave; celle des autres, ne pas en faire n&eacute;cessairement le point de r&eacute;f&eacute;rence universel, me para&icirc;t de prime importance, sinon on tombe dans le colonialisme et le totalitarisme du Droit, des Droits de l&#39;Homme et de &lsquo;l&#39;Ordre n&eacute;goci&eacute;&rsquo;. Il faut donc se poser des questions s&eacute;rieuses et d&eacute;licates par rapport aux notions d&#39;interculturalisation et d&#39;universalisation des droits de l&#39;Homme, du Droit et de l&#39;Ordre n&eacute;goci&eacute;. &raquo; </em>(2000, 9)</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn3" id="ftn3">3</a> &nbsp;[3] D&egrave;s 1875, Soloviev constate les limites intrins&egrave;ques du positivisme pour lesquelles G&ouml;del d&eacute;montrera en 1931 les limites de la th&eacute;orie de la d&eacute;monstration dans ses c&eacute;l&egrave;bres th&eacute;or&egrave;mes d&rsquo;incompl&eacute;tude tandis qu&rsquo;Husserl acte du manque des math&eacute;matiques, oublieuses du monde de la vie en 1935 dans la <em>Krisis</em>, ne pouvant se comprendre elles-m&ecirc;mes.</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn4" id="ftn4">4</a> &nbsp;La CEDH interdit par exemple l&rsquo;expulsion de terroristes &eacute;trangers du fait des risques de maltraitance d&eacute;gradantes ou de tortures dans leurs pays d&rsquo;origine. Affaire Boutagni c. France (Requ&ecirc;te no 42360/08), Arr&ecirc;t Strasbourg 18 novembre 2010, en contradiction avec les droits nationaux envisageant l&eacute;galement ces dispositions. Ce conflit de r&egrave;gle interroge la hi&eacute;rarchie et la l&eacute;gitimit&eacute; des institutions nationales &eacute;lues et supranationales non-&eacute;lues.</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn5" id="ftn5">5</a> &nbsp;La loi Le Chapelier promulgu&eacute;e le 14 juin 1791 proscrit les organisations ouvri&egrave;res, les corporations des m&eacute;tiers, les rassemblements paysans et le compagnonnage. L&rsquo;abolition du droit d&rsquo;a&icirc;nesse en 1792 &eacute;tablit l&rsquo;&eacute;galit&eacute; des fratries. Bonald ne manquera pas de signaler que cette &eacute;galit&eacute; au sein de la fratrie d&eacute;truit la soci&eacute;t&eacute; puisque des individus abstraits se substituent &agrave; la r&eacute;alit&eacute; des &laquo;&nbsp;personnes sociales&nbsp;&raquo; dans leur ordre naturel de naissance&nbsp;: a&icirc;n&eacute;, cadet, benjamin.</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn6" id="ftn6">6</a> &nbsp;Stirner commence <span style="text-decoration:underline;">L&rsquo;unique et sa propri&eacute;t&eacute;</span> par cette maxime&nbsp;: <em>&laquo;&nbsp;J&#39;ai bas&eacute; ma cause sur rien &raquo;. Il &eacute;crit&nbsp;:&nbsp;&laquo;&laquo;&nbsp;Personne n&#39;est pour Moi un objet de respect&nbsp;; mon prochain, comme tous les autres &ecirc;tres, est un objet pour lequel j&#39;ai ou je n&#39;ai pas de sympathie, un objet qui m&#39;int&eacute;resse ou ne m&#39;int&eacute;resse pas, dont je puis ou dont je ne puis pas me servir. S&#39;il peut m&#39;&ecirc;tre utile, je consens &agrave; m&#39;entendre avec lui, &agrave; m&#39;associer avec lui pour que cet accord augmente ma force, pour que nos puissances r&eacute;unies produisent plus que l&#39;une d&#39;elles ne pourrait faire isol&eacute;ment. Mais je ne vois dans cette r&eacute;union rien d&#39;autre qu&#39;une augmentation de ma force, et je ne la conserve que tant qu&#39;elle est ma force multipli&eacute;e. &raquo;</em> (1900, 382)</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn7" id="ftn7">7</a> &nbsp;L&rsquo;<em>homo &oelig;conomicus</em> est celui qui maximise sa satisfaction par la meilleure utilisation des ressources.</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn8" id="ftn8">8</a> &nbsp;Sauvy, (1936, 232)</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn9" id="ftn9">9</a> &nbsp;Ogilvie en fait un livre&nbsp;: &nbsp;L&rsquo;homme jetable. <span style="text-decoration:underline;">Essai sur l&rsquo;exterminisme et la violence extr&ecirc;me</span>.</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn10" id="ftn10">10</a> &nbsp;Edmund Burke (1729-1797) publie son pamphlet <span style="text-decoration:underline;">R&eacute;flexions sur la R&eacute;volution Fran&ccedil;aise</span> en 1790, Joseph de Maistre (1753-1821) publie <span style="text-decoration:underline;">De l&#39;&Eacute;tat de nature ou Examen d&#39;un &eacute;crit de Jean-Jacques Rousseau sur l&#39;in&eacute;galit&eacute; des conditions</span> en 1795 et Louis de Bonald (1754-1840) publie la <span style="text-decoration:underline;">Th&eacute;orie du pouvoir politique et religieux</span> en 1796.</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn11" id="ftn11">11</a> &nbsp;Aristote distingue dans <span style="text-decoration:underline;">l&rsquo;&eacute;thique &agrave; Nicomaque</span> une juste politique inspir&eacute;e de la nature et qui &laquo; <em>poss&egrave;de en tout lieu m&ecirc;me valeur et qui ne d&eacute;pend en rien du fait que l&rsquo;opinion publique lui accorde ou lui refuse cette valeur</em> &raquo; (V, ch. VII, 1134 b 19) d&rsquo;une politique conventionnelle &laquo; <em>qui, &agrave; l&rsquo;origine, peut-&ecirc;tre indiff&eacute;remment fait de telle ou telle fa&ccedil;on, mais qui ne le peut plus une fois que l&lsquo;on a pos&eacute; qu&rsquo;il faut agir de telle fa&ccedil;on d&eacute;termin&eacute;e. </em>&raquo; (V, ch. VII, 1134 b 20). Chaque cit&eacute; &agrave; ses lois particuli&egrave;res et des lois communes qui &laquo;<em>semblent &ecirc;tre reconnues par le consentement universel </em>&raquo; (I, 10, 1368 b 7) ce qu&rsquo;il le souligne dans la Rh&eacute;torique.</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn12" id="ftn12">12</a> &nbsp;<em>&laquo;&nbsp;Il y a dans la D&eacute;claration des droits de l&rsquo;homme de quoi faire la guerre &agrave; tout le monde, pendant la dur&eacute;e de tout le monde.&nbsp;&raquo;</em> proclame P&eacute;guy dans&nbsp;L&rsquo;Argent. Levi-Strauss d&eacute;nonce aussi le caract&egrave;re universel et entropique, voire d&eacute;cadent des normes faisant l&rsquo;apologie du primat des individus sur les soci&eacute;t&eacute;s conduisant in&eacute;luctablement &agrave; la disparition des soci&eacute;t&eacute;s dans leurs sp&eacute;cificit&eacute;s&nbsp;: <em>&laquo;&nbsp;Au moment o&ugrave; elles se d&eacute;font, toutes les soci&eacute;t&eacute;s convergent&hellip; Il y a des cultures m&eacute;lan&eacute;siennes, africaines, am&eacute;ricaines&nbsp;; la d&eacute;cadence n&rsquo;a qu&rsquo;un visage.&nbsp;&raquo;</em> (1940-1948, 335).</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn13" id="ftn13">13</a> &nbsp;(2014, 87).</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn14" id="ftn14">14</a> &nbsp;(1988, 75).</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn15" id="ftn15">15</a> &nbsp;(1975, 311).</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn16" id="ftn16">16</a> &nbsp;(1998, 338).</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn17" id="ftn17">17</a> &nbsp;Balibar explique cette distinction&nbsp;: <em>&laquo;&nbsp;Alors qu&rsquo;un universalisme extensif est une id&eacute;ologie de dominants, l&rsquo;universalisme intensif ou qualitatif est un universalisme de lib&eacute;ration, de non-discrimination, c&rsquo;est fondamentalement, me semble-t-il, une id&eacute;ologie de domin&eacute;s. Ce n&rsquo;est donc pas, par nature au moins, une id&eacute;ologie &eacute;tatique, une id&eacute;ologie d&rsquo;appareil&nbsp;; mais c&rsquo;est fondamentalement l&rsquo;expression d&rsquo;une revendication d&rsquo;&eacute;galit&eacute; qui commence, par la force des choses, par l&rsquo;expression d&rsquo;une r&eacute;volte. R&eacute;volte contre la discrimination, r&eacute;volte contre les in&eacute;galit&eacute;s, r&eacute;volte contre les interdits, r&eacute;volte contre les obstacles qui s&rsquo;opposent &agrave; la libert&eacute; d&rsquo;expression, ou &agrave; d&rsquo;autres libert&eacute;s, individuelles ou collectives.&nbsp;&raquo;</em> Il constate la brutalit&eacute; de l&rsquo;universalisme extensif et tente de d&eacute;douaner la pratique intensive &agrave; l&rsquo;initiative des individus&nbsp;:&nbsp;<em>&laquo;&nbsp;Et il ne faut pas craindre, sur ce point, d&rsquo;&eacute;voquer des ph&eacute;nom&egrave;nes historiques qui sont profond&eacute;ment ambivalents, car ils pr&eacute;sentent &agrave; la fois une face d&rsquo;extr&ecirc;me violence ou d&rsquo;extr&ecirc;me oppression et une face d&rsquo;ouverture, et &agrave; certains &eacute;gards de lib&eacute;ration, en tout cas ils ont contribu&eacute; &agrave; g&eacute;n&eacute;raliser l&rsquo;id&eacute;e de lib&eacute;ration et d&rsquo;ind&eacute;pendance dans le monde moderne.&nbsp;&raquo;</em> (1993).</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn18" id="ftn18">18</a> &nbsp;Jaur&egrave;s d&eacute;fend cette &eacute;galit&eacute; absolue &agrave; effectuer par la suppression de toutes les sources d&rsquo;in&eacute;galit&eacute;s d&rsquo;o&ugrave; sa volont&eacute; de supprimer l&rsquo;h&eacute;ritage dans <span style="text-decoration:underline;">Socialisme et libert&eacute;</span>. Il &eacute;crit&nbsp;: &laquo;<em>&nbsp;Le socialisme est l&rsquo;affirmation supr&ecirc;me du droit individuel. Rien n&rsquo;est au-dessus de l&rsquo;individu&nbsp;</em>&raquo;<em>. </em>Il pr&eacute;cise&nbsp;: &laquo;&nbsp;<em>Le socialisme est l&rsquo;individualisme logique et complet. Il continue, en l&rsquo;agrandissant, l&rsquo;individualisme r&eacute;volutionnaire. La R&eacute;volution avait proclam&eacute; les droits de l&rsquo;individu, les droits de la personne. Et, pour les garantir, elle avait bris&eacute; le despotisme monarchique et le privil&egrave;ge f&eacute;odal. Elle avait bris&eacute; aussi les organisations corporatives et diss&eacute;min&eacute; les propri&eacute;t&eacute;s eccl&eacute;siastiques, afin qu&rsquo;il n&rsquo;y e&ucirc;t pas un bloc de propri&eacute;t&eacute; r&eacute;serv&eacute;e et inabordable et que la propri&eacute;t&eacute; dispers&eacute;e all&acirc;t &agrave; tous les individus</em>&nbsp;&raquo;<em>.</em> (1898).</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn19" id="ftn19">19</a> &nbsp;(2014, 468).</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn20" id="ftn20">20</a> &nbsp;Watsuji, consid&eacute;r&eacute; comme l&rsquo;une des plus grande figure de la philosophie japonaise contemporaine d&eacute;veloppe le concept de <em>m&eacute;diance</em> qui d&eacute;crit ce rapport intime de l&rsquo;homme &agrave; la/sa nature o&ugrave; il d&eacute;fie Heidegger et le primat de la relation au temps pour lui opposer cette pr&eacute;sence de l&rsquo;espace.</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn21" id="ftn21">21</a> &nbsp;Jonas formule le principe de plusieurs mani&egrave;res&nbsp;: &laquo;&nbsp;<em>&laquo;</em>&nbsp;<em>Agis de fa&ccedil;on que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d&rsquo;une vie authentiquement humaine sur terre&nbsp;&raquo;, ou pour l&rsquo;exprimer n&eacute;gativement&nbsp;: &laquo;&nbsp;Agis de fa&ccedil;on que les effets de ton action ne soient pas destructeurs pour la possibilit&eacute; future d&rsquo;une telle vie&nbsp;&raquo;&nbsp;; ou simplement&nbsp;: &laquo;&nbsp; ne compromets pas les conditions pour la survie ind&eacute;finie de l&rsquo;humanit&eacute; sur terre&nbsp;&raquo;&nbsp;; ou encore, formul&eacute; de nouveau positivement&nbsp;:&nbsp;&raquo; Inclus dans ton choix actuel l&rsquo;int&eacute;grit&eacute; future de l&rsquo;homme comme objet secondaire de ton vouloir.&nbsp;&raquo;</em>&nbsp;&raquo; (1979, 31).</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn22" id="ftn22">22</a> &nbsp;Ostrom &eacute;tudie les institutions gestionnaires de communs, s&eacute;culaires ou multis&eacute;culaires dont elle t&eacute;moigne de l&rsquo;efficience en vue de la r&eacute;silience des biens communs et des populations qui les g&egrave;rent dans l&rsquo;&oelig;uvre qui lui valut le prix de la banque de Su&egrave;de en hommage &agrave; Nobel&nbsp;: <span style="text-decoration:underline;">La gouvernance des biens communs</span>.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Balibar, Etienne, <em>Quel universalisme aujourd&rsquo;hui&nbsp;?</em>, 3 d&eacute;c. 1993, in <a href="http://www.cerclegramsci.org/">http://www.cerclegramsci.org/</a>.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Baudrillard, Jean, <em>La guerre du Golfe n&rsquo;a pas eu lieu</em>, 1991, Paris, Editions Galil&eacute;e.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Benhabib, Seyla, <em>The Rights of Others</em>, 2000, Cambridge University Press.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Bonald, Louis de, <em>Th&eacute;orie du pouvoir politique et religieux</em>, 2014,CCC, FB Editions.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Burke, Edmund, <em>R&eacute;flexion sur la R&eacute;volution Fran&ccedil;aise</em>, 2016, Paris, Les Belles Lettres.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Cassirer, Ernst, <em>Essai sur l&rsquo;homme</em>, 1975, Paris, Editions de Minuit.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Castoriadis, Cornelius, <em>Le contenu du socialisme</em>, 1979, Paris, Editions 10/18.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Eberhard, Christoph, Au-del&agrave; d&rsquo;une anthropologie des droits de l&rsquo;homme&nbsp;: les horizons du dialogue interculturel et du royaume de Shambala&nbsp;? <em>Revue interdisciplinaire d&#39;&eacute;tudes juridiques</em> 2009/2 (Volume 63), p.&nbsp;155-200.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Feyerabend, Paul, <em>Adieu la raison</em>, 1998, Paris, Edition du Seuil.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Foucault, Michel, <em>L&rsquo;herm&eacute;neutique du sujet, cours au Coll&egrave;ge de France</em>, 1981-1982, 2001, Paris, Editions Gallimard/Seuil.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Gauchet, Marcel, <em>La R&eacute;volution des droits de l&rsquo;homme</em>, 1989, Paris, Editions Gallimard</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">G&ouml;del, Kurt, <em>Sur les propositions formellement ind&eacute;cidables des Principia Mathematica et des syst&egrave;mes apparent&eacute;s</em>, 1989, Paris, &Eacute;dition du Seuil.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Hunt, Lynn, <em>L&rsquo;invention des droits de l&rsquo;homme, histoire, psychologie et politique</em>, 2013, Gen&egrave;ve, &Eacute;ditions Markus Haller.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Husserl, Edmond, <em>La crise des sciences europ&eacute;ennes et la ph&eacute;nom&eacute;nologie transcendantale</em>, 1976, Paris, Editions Gallimard.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Jaures, Jean, <em>Socialisme et libert&eacute;</em>, 1898, Paris, Revue de Paris du 1<sup>er</sup> d&eacute;cembre.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Jonas, Hans, <em>Le principe de responsabilit&eacute;, Une &eacute;thique pour la civilisation technologique</em>, 1979, Paris, Edition du Cerf.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Latour, Bruno,<em>Politiques de la nature. Comment faire entrer les sciences en d&eacute;mocratie</em>, 1999, Paris, Edition La D&eacute;couverte.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Levi-Strauss, Claude, <em>L&rsquo;ann&eacute;e sociologique</em>, 1940-48, Paris.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Lefort, Claude, <em>L&rsquo;invention d&eacute;mocratique</em>, 1981, Paris, Edition Fayard.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Lyotard, Jean-Fran&ccedil;ois, <em>Le Postmoderne expliqu&eacute; aux enfants</em>, 1988, Paris, Edition Galil&eacute;e/Le livre de poche.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Maistre, Joseph de, <em>Contre Rousseau, de l&rsquo;Etat de nature</em>, 2008, Paris, Editions Mille et une nuits.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Ogilvie, Bertrand, <em>L&#39;Homme jetable&nbsp;: Essai sur l&#39;exterminisme et la violence extr&ecirc;me</em>, 2012, Paris, Editions Amsterdam.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Ostrom, Elinor, <em>La gouvernance des biens communs&nbsp;: pour une nouvelle approche des ressources naturelles</em>, 2010, Bruxelles, Editions de Boeck.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Pontoizeau, Pierre-Antoine, <em>Lib&eacute;rer la parole politique</em>, 2014, Paris, Edition Embrasure</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Pranchere, Jean-Yves et Lacroix, Justine, <em>Le proc&egrave;s des droits de l&rsquo;homme</em>, 2016, Editions du Seuil.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Rawls, John, <em>Le droit des gens</em>, 1996, Paris, Editions Esprits.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Sauvy, Alfred et Halbwachs, Maurice, <em>Le point de vue du nombre</em>, 1936-2005, Paris, Edition INED.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Soloviev, Vladimir, <em>Crise de la philosophie occidentale</em>, 1947, Paris, Editions Aubier Montaigne.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Stirner, Max, <em>L&rsquo;unique et sa propri&eacute;t&eacute;</em>, 1900, Paris, Edition Stock.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Torrance, John et Treves, Eddy, <em>Ali&eacute;nation-extran&eacute;ation et rapports de propri&eacute;t&eacute;</em>, 1979, Paris, L&rsquo;homme et la soci&eacute;t&eacute;, n&deg;&nbsp;51-54, p.&nbsp;179-201.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Vachon, Robert, Au-del&agrave; de l&rsquo;universalisation et de l&rsquo;interculturalisation des droits de l&rsquo;homme, du droit et de l&rsquo;ordre n&eacute;goci&eacute;, 2000, <em>Bulletin de liaison du Laboratoire d&rsquo;Anthropologie Juridique de Paris</em>, n&deg;&nbsp;25, p.&nbsp;9-19.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Watsuji, Tetsur&ocirc;,<em> F&ucirc;do, le milieu humain</em>, 2011, Paris CNRS Editions.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Weil, Simone, <em>L&rsquo;enracinement. Pr&eacute;lude &agrave; une d&eacute;claration des devoirs envers l&rsquo;&ecirc;tre humain</em>, 2014, Paris, Edition Flammarion.</p>