<p dir="ltr"><strong>DOSSIER : QUANTIFICATION ET QUANTITE</strong></p> <p dir="ltr"><em>Fran&ccedil;ois Lepage est professeur honoraire, sp&eacute;cialiste de logique et &eacute;pist&eacute;mologie au d&eacute;partement de philosophie de l&rsquo;universit&eacute; de Montr&eacute;al. Il est l&rsquo;auteur d&rsquo;&Eacute;l&eacute;ments de logique contemporaine&nbsp;aux Presses Universitaires de Montr&eacute;al (2011) et de&nbsp;Logique partielle et savoir&nbsp;publi&eacute; chez Bellarmin Vrin (2006).</em></p> <p dir="ltr"><strong>SOMMAIRE</strong></p> <p><strong>1. Motivation</strong></p> <p><strong>2. Le concept de pr&eacute;f&eacute;rence et sa formalisation</strong></p> <p><strong>3. Le concept d&rsquo;utilit&eacute; attendue et sa formalisation</strong></p> <p><strong>4. Questions, probl&egrave;mes et remarques</strong></p> <p><strong>5. Contre-exemples</strong></p> <p><strong>5.1 Le paradoxe d&rsquo;Allais</strong></p> <p><strong>5.2 Violation de la transitivit&eacute; des pr&eacute;f&eacute;rences</strong></p> <p><strong>5.3 La compl&eacute;tude est-elle cr&eacute;dible&nbsp;?</strong></p> <p><strong>6. Faut-il mettre les th&eacute;ories normatives &agrave; la poubelle&nbsp;?</strong></p> <h1 dir="ltr" id="heading1">1. Motivation</h1> <p class="texte" dir="ltr">&laquo;&nbsp;On peut faire dire n&rsquo;importe quoi aux statistiques.&nbsp;&raquo; Combien de fois n&rsquo;avons-nous pas entendu, sous une forme ou une autre, cette affirmation p&eacute;remptoire qui exprime une m&eacute;fiance profonde envers la math&eacute;matisation, voire la simple formalisation, des lois des sciences humaines. Il est difficile de pr&ecirc;ter un sens univoque &agrave; une telle formule mais je pointerais vers une explication du genre suivant. &Agrave; partir du moment o&ugrave; on attache des valeurs num&eacute;riques &agrave; des variables en sciences humaines, on glisse vers une forme de positivisme et nos th&eacute;ories deviennent des caricatures na&iuml;ves des ph&eacute;nom&egrave;nes complexes dont elles sont cens&eacute;es rendre compte.</p> <p class="texte" dir="ltr">&Agrave; l&rsquo;extr&ecirc;me oppos&eacute;, se trouve un postulat &eacute;pist&eacute;mologique radical&nbsp;: les r&eacute;gularit&eacute;s empiriques observables en sciences humaines doivent pouvoir &ecirc;tre repr&eacute;sent&eacute;es par des lois formelles et, si possible, num&eacute;riques sous peine soit de perdre leur caract&egrave;re scientifique et d&rsquo;&ecirc;tre carr&eacute;ment incompr&eacute;hensibles, soit de retomber dans la psychologie populaire illustr&eacute;e par ces nombreux ouvrages de croissance personnelle.</p> <p class="texte" dir="ltr">Dans les pages qui suivent, je propose d&rsquo;&eacute;tudier un cas simple de formalisation et de repr&eacute;sentation num&eacute;rique, celui des &eacute;chelles de pr&eacute;f&eacute;rence et de choix rationnel et d&rsquo;en faire un examen critique.</p> <p class="texte" dir="ltr">Je ne suis ni un sp&eacute;cialiste des sciences humaines ni un sp&eacute;cialiste des math&eacute;matiques de la prise de d&eacute;cision. On ne trouvera dans cette intervention aucune contribution originale. Je travaille en logique philosophique et j&rsquo;ose seulement penser qu&rsquo;un regard ni de trop pr&egrave;s ni de trop loin peut apporter mati&egrave;re &agrave; r&eacute;flexion. Ce texte comporte deux parties. La premi&egrave;re est une pr&eacute;sentation semi formelle de l&rsquo;axiomatisation des notions de pr&eacute;f&eacute;rences et de l&rsquo;utilit&eacute; attendue des actes d&rsquo;un agent suppos&eacute; &ecirc;tre rationnel. La seconde est une analyse critique de cette axiomatisation et de ses limites.</p> <h1 dir="ltr" id="heading2">2. Le concept de pr&eacute;f&eacute;rence et sa formalisation</h1> <p class="texte" dir="ltr">Un des concepts cl&eacute;s que nous utilisons dans nos tentatives de description du comportement rationnel est celui de <em>pr&eacute;f&eacute;rence</em>. On peut consid&eacute;rer ce concept comme primitif tout comme on peut le consid&eacute;rer comme une abstraction d&eacute;rivant de l&rsquo;observation empirique du comportement des agents. Ma chatte gratte &agrave; la porte menant au jardin. Je lui ouvre et je la vois h&eacute;siter. Il pleut et la temp&eacute;rature est de deux degr&eacute;s. Elle fait volte-face et retourne se coucher sur son fauteuil habituel. Elle pr&eacute;f&egrave;re l&rsquo;option de rester &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur &agrave; celle de sortir. Notre compr&eacute;hension des comportements des agents contrairement &agrave; ceux des non-agents fait appel &agrave; ce concept. Nous ne dirions pas que l&rsquo;allumette que j&rsquo;ai frott&eacute;e pr&eacute;f&egrave;re s&rsquo;enflammer ou encore que le caillou qui m&rsquo;&eacute;chappe des mains pr&eacute;f&egrave;re tomber. Le concept de pr&eacute;f&eacute;rence est une relation entre options qui s&rsquo;offrent &agrave; des agents &laquo;&nbsp;rationnels&nbsp;&raquo;.</p> <p class="texte" dir="ltr">Il y a plusieurs fa&ccedil;ons plus ou moins &eacute;quivalentes de formaliser la relation de pr&eacute;f&eacute;rence. Nous commencerons avec l&rsquo;une des plus simples qui permet quand m&ecirc;me de pr&eacute;senter des probl&egrave;mes philosophiquement pertinents. La notion d&rsquo;agent est primitive&nbsp;: un agent peut &ecirc;tre un animal, un &ecirc;tre humain, une collectivit&eacute;, un ordinateur, etc. On se donne un ensemble d&rsquo;options. Le statut ontologique de ces options ne fait pas l&rsquo;unanimit&eacute; et, pour certains, ce sont des lots, quelquefois des montants d&rsquo;argent. La majorit&eacute; des exemples que l&rsquo;on retrouve dans les manuels de th&eacute;orie de la d&eacute;cision, de la th&eacute;orie des jeux, etc., sont des exemples mon&eacute;taires. On ne peut s&rsquo;emp&ecirc;cher de penser qu&rsquo;il y a l&agrave; une source de la m&eacute;fiance envers les &eacute;chelles de pr&eacute;f&eacute;rence quantifi&eacute;es&nbsp;: cette approche mon&eacute;taire connote l&rsquo;id&eacute;e que tout se vend et tout s&rsquo;ach&egrave;te&hellip;</p> <p class="texte" dir="ltr">Pour de nombreux philosophes, il est plus pratique de consid&eacute;rer les options comme des propositions, en fait, les propositions affirmant que l&rsquo;agent obtient tel ou tel lot, et c&rsquo;est ce que nous ferons ici. Nous nous autoriserons quand m&ecirc;me, par souci de simplicit&eacute;, &agrave; parler de lots. Pour les besoins de ce texte, nous supposerons que les propositions de base sont en nombre fini. &Agrave; chaque agent est associ&eacute;e une relation entre les lots&nbsp;: la relation de pr&eacute;f&eacute;rence faible&nbsp;: <em>A</em><span style="font-family:'Cambria Math',serif;">≿</span><em>B</em> qui se lit l&rsquo;agent pr&eacute;f&egrave;re faiblement <em>A</em> &agrave; <em>B</em>. Le mot &laquo; faible &raquo; est utilis&eacute; parce que nous voulons pouvoir d&eacute;finir l&rsquo;indiff&eacute;rence&nbsp;: <em>A</em><span style="font-family:Symbol,serif;"></span><em>B</em> qui se lit l&rsquo;agent est indiff&eacute;rent entre <em>A</em> et <em>B</em> et se d&eacute;finit par <em>A</em><span style="font-family:'Cambria Math',serif;">≿</span><em>B</em> et <em>B</em><span style="font-family:'Cambria Math',serif;">≿</span><em>A</em>. On a, bien s&ucirc;r, <em>A</em><span style="font-family:Symbol,serif;"></span><em>A</em> et la relation d&rsquo;indiff&eacute;rence tout comme celle de pr&eacute;f&eacute;rence faible sont r&eacute;flexives.</p> <p class="texte" dir="ltr" style="margin-left:0.0in; margin-right:0.0in; text-indent:0.0in;">La plupart des auteurs, comme Luce et Raiffa (1985), prennent le concept de pr&eacute;f&eacute;rence faible comme primitif.</p> <p class="texte" dir="ltr" style="margin-left:0.0in; margin-right:0.0in; text-indent:0.0in;">Nous allons maintenant nous int&eacute;resser &agrave; une propri&eacute;t&eacute; sensiblement plus probl&eacute;matique, la <em>transitivit&eacute;</em> des pr&eacute;f&eacute;rences faibles&nbsp;:</p> <p class="texte" dir="ltr"><span style="font-family:Cambria,serif;"><em>A</em></span><span style="font-family:'Cambria Math',serif;">&nbsp;≿&nbsp;</span><em>B</em> et (<em>B</em><span style="font-family:'Cambria Math',serif;">&nbsp;≿&nbsp;</span><em>C</em>), alors (<em>A</em><span style="font-family:'Cambria Math',serif;">&nbsp;≿&nbsp;</span><em>C</em>).</p> <p class="texte" dir="ltr">Par exemple, vous pr&eacute;f&eacute;rez &laquo;&nbsp;utiliser votre v&eacute;lo pour aller au travail&nbsp;&raquo; &agrave; &laquo;&nbsp;prendre le m&eacute;tro pour aller au travail&nbsp;&raquo; et vous pr&eacute;f&eacute;rez &laquo;&nbsp;prendre le m&eacute;tro pour aller au travail&nbsp;&raquo; &agrave; &laquo;&nbsp;prendre votre auto pour aller au travail&nbsp;&raquo;. Donc, vous pr&eacute;f&eacute;rez &laquo;&nbsp;utiliser votre v&eacute;lo pour aller au travail&nbsp;&raquo; &agrave; &laquo;&nbsp;prendre votre auto pour aller au travail&nbsp;&raquo;.</p> <p class="texte" dir="ltr">Cette propri&eacute;t&eacute;, nous le verrons plus loin, est empiriquement contestable.</p> <p class="texte" dir="ltr">Enfin, une troisi&egrave;me propri&eacute;t&eacute; que nous retiendrons est la compl&eacute;tude&nbsp;: pour tout <em>A</em>, <em>B</em>, <em>A</em><span style="font-family:'Cambria Math',serif;">≿</span><em>B</em>ou <em>B</em><span style="font-family:'Cambria Math',serif;">≿</span><em>A</em>, qui est &eacute;galement probl&eacute;matique<a class="footnotecall" href="#ftn1" id="bodyftn1">1</a>. En effet, cette propri&eacute;t&eacute; pr&eacute;suppose que toutes les options possibles sont comparables.</p> <p class="texte" dir="ltr">En th&eacute;orie des ensembles &laquo;&nbsp;<span style="font-family:'Cambria Math',serif;">≿</span>&nbsp;&raquo;, telle qu&rsquo;axiomatis&eacute;e ici, est un pr&eacute;ordre total. L&rsquo;intuition na&iuml;ve associ&eacute;e &agrave; la relation de pr&eacute;f&eacute;rence faible et &agrave; celle d&rsquo;indiff&eacute;rence est celle d&rsquo;une valeur <em>subjective</em> plus ou moins grande que l&rsquo;agent attache aux options. C&rsquo;est presque un pl&eacute;onasme d&rsquo;affirmer que si l&rsquo;agent pr&eacute;f&egrave;re <em>A</em> &agrave; <em>B</em>, c&rsquo;est qu&rsquo;il accorde une <em>plus grande</em> valeur &agrave; <em>A</em> qu&rsquo;&agrave; <em>B</em>. Il est tentant de repr&eacute;senter la valeur de chacune des options par un nombre&nbsp;: &agrave; chaque option <em>A</em><em><sub>i</sub></em> est attach&eacute; un nombre r&eacute;el <em>U</em>(<em>A</em><em><sub>i</sub></em>) qu&rsquo;on appelle l&rsquo;utilit&eacute; de cette option. On a</p> <p class="texte" dir="ltr"><span style="font-family:Cambria,serif;"><em>A</em></span><span style="font-family:'Cambria Math',serif;"><em>≿</em></span><em>&nbsp;B </em>ssi <em>U</em>(<em>A</em>)&ge;<em>U</em>(<em>B</em>).</p> <p class="texte" dir="ltr">C&rsquo;est ce qu&rsquo;on appelle la <em>repr&eacute;sentation ordinale des pr&eacute;f&eacute;rences</em>. Ici, le terme fondamental est <em>ordinale</em>. Les valeurs num&eacute;riques n&rsquo;ont de signification que par l&rsquo;ordre. Par exemple si on a</p> <p class="texte" dir="ltr"><span style="font-family:Cambria,serif;">A&nbsp;</span><span style="font-family:'Cambria Math',serif;"><em>≻&nbsp;</em></span><em>B&nbsp;</em><span style="font-family:'Cambria Math',serif;">≻</span><em>C </em>et <em>U</em>(<em>A</em>)&nbsp;=&nbsp;4,<em>U(B)&nbsp;</em>=&nbsp;2 et <em>U</em>(<em>C</em>)&nbsp;=&nbsp;1</p> <p class="texte" dir="ltr">on ne peut pas conclure que la pr&eacute;f&eacute;rence de l&rsquo;agent pour <em>B</em> est deux fois moindre que sa pr&eacute;f&eacute;rence pour <em>A</em> et que sa pr&eacute;f&eacute;rence pour <em>C</em> est deux fois plus petite que sa pr&eacute;f&eacute;rence pour <em>B</em>&nbsp;: l&rsquo;attribution de valeurs num&eacute;riques ne fait que respecter l&rsquo;ordre et les valeurs cardinales n&rsquo;ont aucun sens.</p> <h1 dir="ltr" id="heading3">3. Le concept d&rsquo;utilit&eacute; attendue et sa formalisation</h1> <p class="texte" dir="ltr">Dans nos conceptions pr&eacute;th&eacute;oriques d&rsquo;agents rationnels, ceux-ci ne sont pas uniquement des porteurs de pr&eacute;f&eacute;rences, ce sont des &ecirc;tres susceptibles d&rsquo;agir, de produire des actes qui auront des cons&eacute;quences qui d&eacute;pendent de l&rsquo;&eacute;tat du monde. La question qui se pose est, comme pour les pr&eacute;f&eacute;rences, celle de formaliser et d&rsquo;axiomatiser le concept d&rsquo;acte. Dans un contexte de certitude, c&rsquo;est-&agrave;-dire o&ugrave; l&rsquo;agent a une connaissance certaine (ou presque) de l&rsquo;&eacute;tat du monde, il accomplit l&rsquo;acte qui maximise, qui rendra vraie la proposition qui a la plus grande pr&eacute;f&eacute;rence. Exemple, vous &ecirc;tes au Caire un premier juillet, il fait 40&nbsp;&deg;C et un soleil radieux. Vous avez le choix entre prendre votre parapluie ou le laisser &agrave; l&rsquo;h&ocirc;tel. Vous promener sous un soleil plombant avec un parapluie n&rsquo;est pas une perspective tr&egrave;s all&eacute;chante. M&ecirc;me sc&egrave;ne, mais cette fois-ci &agrave; Londres un quinze novembre. Dans ce cas, vous pesez le pour et le contre en consultant les pr&eacute;dictions m&eacute;t&eacute;orologiques. Comme l&rsquo;a si bien dit Pascal &laquo;&nbsp;L&#39;incertitude de gagner est proportionn&eacute;e &agrave; la certitude de ce qu&#39;on hasarde selon la proportion des hasards de gain et de perte.&nbsp;&raquo; C&rsquo;est cette intuition que nous allons maintenant formaliser.&nbsp;</p> <p class="texte" dir="ltr">Outre la notion de pr&eacute;f&eacute;rence, il faut formaliser et axiomatiser les relations entre les &eacute;tats du monde et les actes. L&rsquo;ensemble des &eacute;tats du monde est un ensemble de propositions d&eacute;crivant des &eacute;tats de choses sur lesquels l&rsquo;agent n&rsquo;a aucune influence. Les propositions exprimant des lois de la physique, celles exprimant des faits empiriques, comme la temp&eacute;rature actuelle &agrave; Bruxelles, le fait qu&rsquo;il pleuve ou non &agrave; Londres en ce moment, bref des propositions qui expriment des donn&eacute;es sur lesquelles nous ne pouvons agir.</p> <p class="texte" dir="ltr">L&rsquo;ensembledes actes est aussi un ensemble de propositions, l&rsquo;ensemble des propositions que l&rsquo;agent croit pouvoir rendre vraies. Par exemple, l&rsquo;agent prend son parapluie, l&rsquo;agent se rend &agrave; la plage, l&rsquo;agent ach&egrave;te des actions de Monsanto, l&rsquo;agent claque des doigts pour &eacute;teindre le soleil. &Agrave; chaque acte <em>X</em> est associ&eacute;e une cons&eacute;quence qui d&eacute;pend de l&rsquo;&eacute;tat du monde. La connaissance de l&rsquo;&eacute;tat du monde est cependant habituellement incertaine comme dans l&rsquo;exemple de Londres ci-dessus&nbsp;: l&rsquo;agent se demande s&rsquo;il est dans un monde o&ugrave; il va pleuvoir ou bien s&rsquo;il est dans un monde o&ugrave; il ne pleuvra pas. Prendre son parapluie dans un monde o&ugrave; il pleuvra n&rsquo;a pas la m&ecirc;me cons&eacute;quence que prendre son parapluie dans un monde o&ugrave; il ne pleuvra pas, d&rsquo;o&ugrave; la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;utiliser des <em>probabilit&eacute;s subjectives</em>.</p> <p class="texte" dir="ltr">On d&eacute;finit alors l&rsquo;utilit&eacute; attendue d&rsquo;un acte <em>X</em> de la mani&egrave;re suivante&nbsp;:</p> <p class="texte" dir="ltr"><em>UA</em>(<em>X</em>)<span style="font-family:Cambria,serif;">&nbsp;=</span>&nbsp;Pr<em><sub>x</sub></em>(<em>A</em><em><sub>1</sub></em>)<em>U</em>(<em>A</em><em><sub>1</sub></em>)+&nbsp;...&nbsp;+Pr<em><sub>x</sub></em>(<em>A</em><em><sub>n</sub></em>)<em>U</em>(<em>A</em><em><sub>n</sub></em>)</p> <p class="texte" dir="ltr">o&ugrave; Pr<em><sub>x</sub></em>(<em>A</em><em><sub>i</sub></em>) est la probabilit&eacute; de l&rsquo;option<em> A</em><em><sub>i</sub></em> si l&rsquo;agent accomplit l&rsquo;acte <em>X</em>. Cette formule est la traduction num&eacute;rique de l&rsquo;intuition pascalienne&nbsp;: l&rsquo;utilit&eacute; attendue d&rsquo;un acte potentiel <em>X</em> est la somme pond&eacute;r&eacute;e des utilit&eacute;s des cons&eacute;quences, les coefficients de pond&eacute;ration &eacute;tant les probabilit&eacute;s que chaque cons&eacute;quence se produise si l&rsquo;acte est accompli (la somme des probabilit&eacute;s est, bien s&ucirc;r, de 1. Un exemple extr&ecirc;mement banal est celui de l&rsquo;achat d&rsquo;un billet de loto. Supposons que les seules utilit&eacute;s soient les montants d&rsquo;argent (nous verrons plus loin que cette hypoth&egrave;se est presque toujours simplificatrice). L&rsquo;utilit&eacute; attendue de l&rsquo;achat d&rsquo;un billet de loto est</p> <p class="texte" dir="ltr"><em>UA</em>(<em>X</em>)&nbsp;=&nbsp;Pr<em><sub>x</sub></em>(le billet est gagnant) x (le montant gagnant &ndash; le prix du billet) + Pr<em><sub>x</sub></em>(le billet est perdant) x (&ndash;&nbsp;le prix du billet)</p> <p class="texte" dir="ltr">Cette notion d&rsquo;utilit&eacute; d&rsquo;un acte souffre d&rsquo;un d&eacute;faut&nbsp;: les valeurs <em>U</em>(<em>A</em><em><sub>i</sub></em>) n&rsquo;ont, en g&eacute;n&eacute;ral, qu&rsquo;une signification ordinale. Dans l&rsquo;exemple du billet de loto, on suppose que les valeurs ordinales et cardinales co&iuml;ncident, un million d&rsquo;euros valant un million de fois la valeur d&rsquo;un euro.</p> <p class="texte" dir="ltr">Prenons, encore une fois, l&rsquo;exemple du parapluie et supposons que les pr&eacute;f&eacute;rences de l&rsquo;agent sont repr&eacute;sent&eacute;es par la matrice suivante&nbsp;:</p> <table cellspacing="0" dir="ltr" id="Tableau17Ctable" style="margin-left:-0.075in;margin-right:0mm;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;border-collapse:separate;border-spacing:0pt"> <tbody> <tr> <td style="margin-left:0mm;margin-right:0mm;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0in;padding-bottom:0in;padding-left:0.075in;padding-right:0.075in;border-top:none;border-bottom:0.0007in solid #000000;border-left:none;border-right:none;vertical-align:top">&nbsp;</td> <td style="margin-left:0mm;margin-right:0mm;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0in;padding-bottom:0in;padding-left:0.075in;padding-right:0.075in;border-top:none;border-bottom:0.0007in solid #000000;border-left:0.0007in solid #000000;border-right:none;vertical-align:top"> <p class="texte" dir="ltr"><em>p</em></p> </td> <td style="margin-left:0mm;margin-right:0mm;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0in;padding-bottom:0in;padding-left:0.075in;padding-right:0.075in;border-top:none;border-bottom:0.0007in solid #000000;border-left:0.0007in solid #000000;border-right:0.0007in solid #000000;vertical-align:top"> <p class="texte" dir="ltr">non <em>p</em></p> </td> </tr> <tr> <td style="margin-left:0mm;margin-right:0mm;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0in;padding-bottom:0in;padding-left:0.075in;padding-right:0.075in;border-top:none;border-bottom:0.0007in solid #000000;border-left:none;border-right:none;vertical-align:top"> <p class="texte" dir="ltr"><em>X</em></p> </td> <td style="margin-left:0mm;margin-right:0mm;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0in;padding-bottom:0in;padding-left:0.075in;padding-right:0.075in;border-top:none;border-bottom:0.0007in solid #000000;border-left:0.0007in solid #000000;border-right:none;vertical-align:top"> <p class="texte" dir="ltr"><em>V</em><sub>1</sub></p> </td> <td style="margin-left:0mm;margin-right:0mm;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0in;padding-bottom:0in;padding-left:0.075in;padding-right:0.075in;border-top:none;border-bottom:0.0007in solid #000000;border-left:0.0007in solid #000000;border-right:0.0007in solid #000000;vertical-align:top"> <p class="texte" dir="ltr"><em>V</em><sub>2</sub></p> </td> </tr> <tr> <td style="margin-left:0mm;margin-right:0mm;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0in;padding-bottom:0in;padding-left:0.075in;padding-right:0.075in;border-top:none;border-bottom:0.0007in solid #000000;border-left:none;border-right:none;vertical-align:top"> <p class="texte" dir="ltr">non X</p> </td> <td style="margin-left:0mm;margin-right:0mm;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0in;padding-bottom:0in;padding-left:0.075in;padding-right:0.075in;border-top:none;border-bottom:0.0007in solid #000000;border-left:0.0007in solid #000000;border-right:none;vertical-align:top"> <p class="texte" dir="ltr"><em>V</em><sub>3</sub></p> </td> <td style="margin-left:0mm;margin-right:0mm;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0in;padding-bottom:0in;padding-left:0.075in;padding-right:0.075in;border-top:none;border-bottom:0.0007in solid #000000;border-left:0.0007in solid #000000;border-right:0.0007in solid #000000;vertical-align:top"> <p class="texte" dir="ltr"><em>V</em><sub>4</sub></p> </td> </tr> </tbody> </table> <p class="texte" dir="ltr">Avec <em>V</em><sub>1</sub> l&rsquo;agent prend son parapluie et il pleut, <em>V</em><sub>2</sub> l&rsquo;agent prend son parapluie et il ne pleut pas, etc. Supposons que l&rsquo;ordre des pr&eacute;f&eacute;rences de l&rsquo;agent soit<em> V</em><sub>1</sub><span style="font-family:'Cambria Math',serif;"><em>&nbsp;≿&nbsp;</em></span><em>V</em><sub>4</sub><span style="font-family:'Cambria Math',serif;"><em>&nbsp;≿&nbsp;</em></span><em>V</em><sub>2</sub><span style="font-family:'Cambria Math',serif;">≿</span><em>V</em><sub>3</sub> et que la probabilit&eacute; qu&rsquo;il pleuve soit de 0,4 et donc que celle qu&rsquo;il ne pleuve pas soit de 0,6. Les deux matrices d&rsquo;utilit&eacute; suivante respectent l&rsquo;ordre des pr&eacute;f&eacute;rences de l&rsquo;agent&nbsp;:</p> <table cellspacing="0" dir="ltr" id="Tableau27Ctable" style="margin-left:-0.075in;margin-right:0mm;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;border-collapse:separate;border-spacing:0pt"> <tbody> <tr> <td style="margin-left:0mm;margin-right:0mm;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0in;padding-bottom:0in;padding-left:0.075in;padding-right:0.075in;border-top:none;border-bottom:0.0007in solid #000000;border-left:none;border-right:none;vertical-align:top">&nbsp;</td> <td style="margin-left:0mm;margin-right:0mm;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0in;padding-bottom:0in;padding-left:0.075in;padding-right:0.075in;border-top:none;border-bottom:0.0007in solid #000000;border-left:0.0007in solid #000000;border-right:none;vertical-align:top"> <p class="texte" dir="ltr"><em>p</em></p> </td> <td style="margin-left:0mm;margin-right:0mm;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0in;padding-bottom:0in;padding-left:0.075in;padding-right:0.075in;border-top:none;border-bottom:0.0007in solid #000000;border-left:0.0007in solid #000000;border-right:0.0007in solid #000000;vertical-align:top"> <p class="texte" dir="ltr">non <em>p</em></p> </td> </tr> <tr> <td style="margin-left:0mm;margin-right:0mm;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0in;padding-bottom:0in;padding-left:0.075in;padding-right:0.075in;border-top:none;border-bottom:0.0007in solid #000000;border-left:none;border-right:none;vertical-align:top"> <p class="texte" dir="ltr"><em>&nbsp;X</em></p> </td> <td style="margin-left:0mm;margin-right:0mm;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0in;padding-bottom:0in;padding-left:0.075in;padding-right:0.075in;border-top:none;border-bottom:0.0007in solid #000000;border-left:0.0007in solid #000000;border-right:none;vertical-align:top"> <p class="texte" dir="ltr">5</p> </td> <td style="margin-left:0mm;margin-right:0mm;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0in;padding-bottom:0in;padding-left:0.075in;padding-right:0.075in;border-top:none;border-bottom:0.0007in solid #000000;border-left:0.0007in solid #000000;border-right:0.0007in solid #000000;vertical-align:top"> <p class="texte" dir="ltr">-5</p> </td> </tr> <tr> <td style="margin-left:0mm;margin-right:0mm;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0in;padding-bottom:0in;padding-left:0.075in;padding-right:0.075in;border-top:none;border-bottom:0.0007in solid #000000;border-left:none;border-right:none;vertical-align:top"> <p class="texte" dir="ltr">non <em>X</em></p> </td> <td style="margin-left:0mm;margin-right:0mm;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0in;padding-bottom:0in;padding-left:0.075in;padding-right:0.075in;border-top:none;border-bottom:0.0007in solid #000000;border-left:0.0007in solid #000000;border-right:none;vertical-align:top"> <p class="texte" dir="ltr">-6</p> </td> <td style="margin-left:0mm;margin-right:0mm;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0in;padding-bottom:0in;padding-left:0.075in;padding-right:0.075in;border-top:none;border-bottom:0.0007in solid #000000;border-left:0.0007in solid #000000;border-right:0.0007in solid #000000;vertical-align:top"> <p class="texte" dir="ltr">4</p> </td> </tr> </tbody> </table> <p class="texte" dir="ltr" style="margin-left:0.0in; margin-right:0.0in; text-indent:0.0in; font-family:Cambria,serif;">&shy;</p> <table cellspacing="0" dir="ltr" id="Tableau37Ctable" style="margin-left:-0.075in;margin-right:0mm;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;border-collapse:separate;border-spacing:0pt"> <tbody> <tr> <td style="margin-left:0mm;margin-right:0mm;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0in;padding-bottom:0in;padding-left:0.075in;padding-right:0.075in;border-top:none;border-bottom:0.0007in solid #000000;border-left:none;border-right:none;vertical-align:top">&nbsp;</td> <td style="margin-left:0mm;margin-right:0mm;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0in;padding-bottom:0in;padding-left:0.075in;padding-right:0.075in;border-top:none;border-bottom:0.0007in solid #000000;border-left:0.0007in solid #000000;border-right:none;vertical-align:top"> <p class="texte" dir="ltr"><em>p</em></p> </td> <td style="margin-left:0mm;margin-right:0mm;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0in;padding-bottom:0in;padding-left:0.075in;padding-right:0.075in;border-top:none;border-bottom:0.0007in solid #000000;border-left:0.0007in solid #000000;border-right:0.0007in solid #000000;vertical-align:top"> <p class="texte" dir="ltr">non <em>p</em></p> </td> </tr> <tr> <td style="margin-left:0mm;margin-right:0mm;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0in;padding-bottom:0in;padding-left:0.075in;padding-right:0.075in;border-top:none;border-bottom:0.0007in solid #000000;border-left:none;border-right:none;vertical-align:top"> <p class="texte" dir="ltr"><em>&nbsp;X</em></p> </td> <td style="margin-left:0mm;margin-right:0mm;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0in;padding-bottom:0in;padding-left:0.075in;padding-right:0.075in;border-top:none;border-bottom:0.0007in solid #000000;border-left:0.0007in solid #000000;border-right:none;vertical-align:top"> <p class="texte" dir="ltr">5</p> </td> <td style="margin-left:0mm;margin-right:0mm;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0in;padding-bottom:0in;padding-left:0.075in;padding-right:0.075in;border-top:none;border-bottom:0.0007in solid #000000;border-left:0.0007in solid #000000;border-right:0.0007in solid #000000;vertical-align:top"> <p class="texte" dir="ltr">-2</p> </td> </tr> <tr> <td style="margin-left:0mm;margin-right:0mm;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0in;padding-bottom:0in;padding-left:0.075in;padding-right:0.075in;border-top:none;border-bottom:0.0007in solid #000000;border-left:none;border-right:none;vertical-align:top"> <p class="texte" dir="ltr">non <em>X</em></p> </td> <td style="margin-left:0mm;margin-right:0mm;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0in;padding-bottom:0in;padding-left:0.075in;padding-right:0.075in;border-top:none;border-bottom:0.0007in solid #000000;border-left:0.0007in solid #000000;border-right:none;vertical-align:top"> <p class="texte" dir="ltr">-4</p> </td> <td style="margin-left:0mm;margin-right:0mm;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0in;padding-bottom:0in;padding-left:0.075in;padding-right:0.075in;border-top:none;border-bottom:0.0007in solid #000000;border-left:0.0007in solid #000000;border-right:0.0007in solid #000000;vertical-align:top"> <p class="texte" dir="ltr">2</p> </td> </tr> </tbody> </table> <p class="texte" dir="ltr" style="margin-left:0.0in; margin-right:0.0in; text-indent:0.0in; font-family:Cambria,serif;">&shy;</p> <p class="texte" dir="ltr">La premi&egrave;re nous donne les utilit&eacute;s attendues</p> <p class="texte" dir="ltr"><em>UA</em><sub>1</sub>(<em>X</em>)&nbsp;=&nbsp;(5x0,4)+(&ndash;2x0,6)&nbsp;=&nbsp;0,8 et <em>UA</em><sub>1</sub>(non&nbsp;<em>X</em>)&nbsp;=&nbsp;(&ndash;4x0,4)&nbsp;+&nbsp;(2x0,6)&nbsp;=&nbsp;0,4</p> <p class="texte" dir="ltr">alors que la seconde nous donne</p> <p class="texte" dir="ltr"><em>UA</em><sub>2</sub>(<em>X</em>)&nbsp;=&nbsp;(5x0,4)+(&ndash;5x0,6)&nbsp;=&nbsp;&ndash;1 et <em>UA</em><sub>2</sub>(non&nbsp;X)&nbsp;=&nbsp;(&ndash;6x0,4)+(4x0,6)&nbsp;=&nbsp;0.</p> <p class="texte" dir="ltr">Bien que les deux matrices d&rsquo;utilit&eacute; soient compatibles avec les pr&eacute;f&eacute;rences de l&rsquo;agent, les utilit&eacute;s attendues sont incompatibles&nbsp;: on a <em>UA</em><sub>1</sub>(<em>X</em>)&nbsp;&gt;&nbsp;<em>UA</em><sub>1</sub>(non&nbsp;<em>X</em>) et <em>UA</em><sub>1</sub>(<em>X</em>)&nbsp;&lt;&nbsp;<em>UA</em><sub>1</sub>(non&nbsp;<em>X</em>). Nous devons donc conclure que la donn&eacute;e d&rsquo;une fonction d&rsquo;utilit&eacute; d&eacute;finie &agrave; partir d&rsquo;une relation de pr&eacute;f&eacute;rence plus la donn&eacute;e d&rsquo;une fonction de probabilit&eacute; sur les &eacute;tats du monde ne permettent pas, en g&eacute;n&eacute;ral, de d&eacute;finir l&rsquo;utilit&eacute; attendue d&rsquo;un acte.</p> <p class="texte" dir="ltr">La question est de savoir s&rsquo;il est possible de d&eacute;finir une notion d&rsquo;utilit&eacute; attendue qui ait une valeur cardinale fiable. La r&eacute;ponse est oui et l&rsquo;une des fa&ccedil;ons d&rsquo;y parvenir est d&rsquo;introduire la notion de <em>loterie</em> comme l&rsquo;ont fait von Neumann et Morgensten (1944).</p> <p class="texte" dir="ltr">Une loterie est simplement une liste de probabilit&eacute;s <em>L</em>&nbsp;=&nbsp;[<em>p</em><sub>1</sub>;<em>p</em><sub>2</sub>;...;<em>p</em><sub>n</sub>]o&ugrave; chaque <em>p</em><em><sub>i </sub></em>est la probabilit&eacute; de l&rsquo;option <em>A</em><em><sub>i</sub></em>. La relation de pr&eacute;f&eacute;rence primitive associ&eacute;e &agrave; l&rsquo;agent n&rsquo;est plus entre les options mais entre les loteries.</p> <p class="texte" dir="ltr">Tout comme nous avons eu besoin d&rsquo;axiomes pour caract&eacute;riser les propri&eacute;t&eacute;s des pr&eacute;f&eacute;rences entre les options, nous avons besoin d&rsquo;axiomes pour caract&eacute;riser les pr&eacute;f&eacute;rences entre les loteries.</p> <p class="texte" dir="ltr">(1&rsquo;) <em>Compl&eacute;tude</em>&nbsp;: Si <em>L</em> et <em>L</em>&rsquo; sont deux loteries, alors <em>L</em><span style="font-family:'Cambria Math',serif;">≿</span><em>L</em>&#39; ou <em>L</em>&#39;&nbsp;<span style="font-family:'Cambria Math',serif;">≿</span><em>L</em>.</p> <p class="texte" dir="ltr">D&rsquo;un point de vue m&eacute;thodologique, les agents ont des pr&eacute;f&eacute;rences sur <em>toutes</em> les loteries et sont donc en mesure d&rsquo;exprimer leur pr&eacute;f&eacute;rence entre n&rsquo;importe quelle paire.</p> <p class="texte" dir="ltr">(2&rsquo;) <em>Transitivit&eacute;</em>&nbsp;: Si <em>L</em><span style="font-family:'Cambria Math',serif;">≿</span><em>L</em>&#39; et <em>L</em>&#39;&nbsp;<span style="font-family:'Cambria Math',serif;">≿</span><em>L</em>&#39;&#39; alors <em>L</em>&#39;&nbsp;<span style="font-family:'Cambria Math',serif;">≿</span><em>L</em>&quot;.</p> <p class="texte" dir="ltr">Les deux autres axiomes sont un peu plus techniques. On suppose d&rsquo;abord que les loteries sont elles-m&ecirc;mes des options et qu&rsquo;elles ont une probabilit&eacute;. Cela permet de d&eacute;finir les loteries compos&eacute;es.</p> <p class="texte" dir="ltr">Prenons le cas simple de deux loteries, <em>L&nbsp;</em>=&nbsp;[<em>p</em><sub>1</sub>;(1&ndash;&nbsp;<em>p</em><sub>1</sub>)] et <img src="docannexe/image/3717/img-1.png" style="width:1.1772inch;height:0.2709inch;margin-left:0.0in;margin-right:0.0in;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0.0602in;padding-bottom:0.0602in;padding-left:0.1102in;padding-right:0.1102in;border:none" />, <em>L</em> ayant la probabilit&eacute; <em>x</em> et <em>L</em>&#39; ayant la probabilit&eacute; (1&nbsp;&ndash;&nbsp;<em>x</em>). La loterie compos&eacute;e sera not&eacute;e <em>xL</em>&nbsp;+&nbsp;(1&ndash;<em>x</em>)<em>L</em>&#39;=<img src="docannexe/image/3717/img-2.png" style="width:2.0937inch;height:0.2709inch;margin-left:0.0in;margin-right:0.0in;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0.0602in;padding-bottom:0.0602in;padding-left:0.1102in;padding-right:0.1102in;border:none" />. Nous arrivons ainsi au troisi&egrave;me axiome&nbsp;:</p> <p class="texte" dir="ltr"><a id="Image27Cgraphics"></a>(3&rsquo;) <em>Continuit&eacute;</em>&nbsp;: Soit trois loteries telles que <em>L</em><span style="font-family:'Cambria Math',serif;">≿</span><em>L</em>&#39;&nbsp;<span style="font-family:'Cambria Math',serif;">≿</span><em>L</em>&#39;&#39;. Il existe alors un nombre r&eacute;el <em>x</em><span style="font-family:'Cambria Math',serif;">&isin;</span>&nbsp;[0,1] tel que <em>L</em>&#39;~(<em>xL</em>&nbsp;+&nbsp;(1&ndash;<em>x</em>) <em>L</em>&#39;&#39;).</p> <p class="texte" dir="ltr">Voici un exemple tr&egrave;s simple.</p> <p class="texte" dir="ltr">Un agent re&ccedil;oit un h&eacute;ritage de trois cent mille euros. Il r&eacute;fl&eacute;chit &agrave; l&rsquo;usage qu&rsquo;il pourrait faire de cette somme. Il envisage alors trois possibilit&eacute;s. La premi&egrave;re est l&rsquo;achat d&rsquo;un (modeste) appartement au centre ville, ce qui le rapprocherait de son lieu de travail. Fini les mornes trains de banlieue. La seconde est l&rsquo;achat d&rsquo;une maison de campagne, vieux r&ecirc;ve qui deviendrait r&eacute;alit&eacute;. Enfin la troisi&egrave;me, est tout simplement d&rsquo;investir dans un fonds de placement &agrave; faible risque dont les int&eacute;r&ecirc;ts annuels suffiraient &agrave; payer son loyer. Remarquons que si la valeur mon&eacute;taire de chacun des lots est la m&ecirc;me, trois cent mille euros, l&rsquo;utilit&eacute; de chacun de ces lots peut varier selon la subjectivit&eacute; de l&rsquo;agent. Supposons que, apr&egrave;s m&ucirc;re r&eacute;flexion, l&rsquo;agent pr&eacute;f&egrave;re l&rsquo;option <em>A </em>&laquo;&nbsp;achat d&rsquo;un appartement&nbsp;&raquo; &agrave; l&rsquo;option <em>M </em>&laquo;&nbsp;achat d&rsquo;une maison de campagne &laquo;&nbsp;elle m&ecirc;me pr&eacute;f&eacute;r&eacute;e &agrave; l&rsquo;option <em>P </em>&laquo;&nbsp;fonds de placement&nbsp;&raquo;.</p> <p class="texte" dir="ltr">Soit <em>L</em><em><sub>A</sub></em>, <em>L</em><em><sub>M</sub></em> et <em>L</em><em><sub>P</sub></em>les loteries &eacute;l&eacute;mentaires qui donnent respectivement avec certitude chacun des lots. Nous avons donc <em>L</em><em><sub>A</sub></em><span style="font-family:'Cambria Math',serif;">≿</span><em>L</em><em><sub>M</sub></em><span style="font-family:'Cambria Math',serif;">≿</span><em>L</em><em><sub>P</sub></em>. L&rsquo;axiome de continuit&eacute; implique qu&rsquo;il existe une probabilit&eacute; <em>x</em> telle que <em>L</em><em><sub>P</sub></em><span style="font-family:Symbol,serif;"></span>&nbsp;(<em>xL</em><em><sub>V</sub></em>&nbsp;+&nbsp;(1&ndash;<em>x</em>) <em>L</em><em><sub>C</sub></em>). Autrement dit, l&rsquo;agent est indiff&eacute;rent entre l&rsquo;achat d&rsquo;une maison de campagne et un ticket de loterie qui lui donnera un appartement avec la probabilit&eacute; <em>x</em> ou un fonds de placement avec la probabilit&eacute; (1&ndash;<em>x</em>).</p> <p class="texte" dir="ltr">Enfin, le quatri&egrave;me axiome s&rsquo;&eacute;nonce ainsi si une loterie est pr&eacute;f&eacute;r&eacute;e &agrave; une autre, aucune composition avec une troisi&egrave;me ne renversera cette pr&eacute;f&eacute;rence.</p> <p class="texte" dir="ltr">(4&rsquo;) Ind&eacute;pendance&nbsp;: pour tout <em>x</em> diff&eacute;rent de 0 et plus petit ou &eacute;gal &agrave; 1 et pour toutes loteries <em>L</em>,<em>L</em>&#39; et <em>L</em>&#39;&#39;, <em>L</em><span style="font-family:'Cambria Math',serif;">≿</span><em>L</em>&#39; si, et seulement si, (<em>xL</em>&nbsp;+&nbsp;(1&ndash;<em>x</em>)<em>L</em>&quot;)&nbsp;<span style="font-family:'Cambria Math',serif;">≿</span>&nbsp;(<em>xL</em>&#39;+(1&ndash;<em>x</em>)<em>L</em>&quot;).</p> <p class="texte" dir="ltr">Nous arrivons ainsi au terme de notre pr&eacute;sentation formelle&nbsp;:</p> <p class="texte" dir="ltr">Th&eacute;or&egrave;me de repr&eacute;sentation de l&rsquo;utilit&eacute; attendue (von Neumann et Morgenstern).</p> <p class="texte" dir="ltr">Si les pr&eacute;f&eacute;rences sur les loteries d&rsquo;un agent satisfont (1&rsquo;)-(4&rsquo;), alors il est possible de d&eacute;finir une fonction d&rsquo;utilit&eacute; <em>UA</em><a class="footnotecall" href="#ftn2" id="bodyftn2">2</a>telle que</p> <p class="texte" dir="ltr"><em>L</em><span style="font-family:'Cambria Math',serif;">≿</span><em>L</em>&#39; si, et seulement si, <em>UA</em>(<em>L</em>)&nbsp;&ge;&nbsp;<em>UA</em>(<em>L</em>&#39;)<a class="footnotecall" href="#ftn3" id="bodyftn3">3</a>.</p> <h1 dir="ltr" id="heading4">4. Questions, probl&egrave;mes et remarques</h1> <p class="texte" dir="ltr">On peut sch&eacute;matiser la d&eacute;marche expos&eacute;e ci-dessus comme comportant trois phases.</p> <p class="texte" dir="ltr">(a) La premi&egrave;re phase est l&rsquo;identification des notions pr&eacute;th&eacute;oriques que l&rsquo;on pr&ecirc;te aux agents &laquo;&nbsp;rationnels&nbsp;&raquo;&nbsp;: pr&eacute;f&eacute;rences sur des &laquo;&nbsp;lots&nbsp;&raquo;, probabilit&eacute;s subjectives ou croyances attribu&eacute;es par les agents aux &eacute;tats possibles du monde, possibilit&eacute; d&rsquo;actions volontaires visant &agrave; obtenir le meilleur lot, etc.</p> <p class="texte" dir="ltr">(b) La seconde phase est la formalisation par abstraction et l&rsquo;axiomatisation de ces diff&eacute;rentes notions. L&rsquo;exemple le plus simple est celui de pr&eacute;f&eacute;rence. La notion pr&eacute;th&eacute;orique de pr&eacute;f&eacute;rence sugg&egrave;re d&rsquo;elle-m&ecirc;me l&rsquo;existence d&rsquo;une certaine <em>relation d&rsquo;ordre</em> sur un ensemble de lots. Ici, nous avons une relation d&rsquo;ordre tr&egrave;s simple, celle qu&rsquo;on appelle un <em>pr&eacute;ordre total</em>.</p> <p class="texte" dir="ltr">(c) La troisi&egrave;me phase est celle de la d&eacute;monstration de l&rsquo;existence d&rsquo;un <em>th&eacute;or&egrave;me de repr&eacute;sentation</em>, c&rsquo;est-&agrave;-dire la d&eacute;monstration de l&rsquo;existence d&rsquo;une fonction num&eacute;rique qui assigne une valeur &agrave; chaque lot de sorte que l&rsquo;ordre de pr&eacute;f&eacute;rence entre les loteries est le m&ecirc;me que l&rsquo;ordre num&eacute;rique entre les utilit&eacute;s attendues de ces m&ecirc;mes loteries&nbsp;: la d&eacute;lib&eacute;ration rationnelle d&rsquo;accomplir tel ou tel acte est ramen&eacute;e &agrave; une simple comparaison entre nombres r&eacute;els calcul&eacute;s par l&rsquo;utilit&eacute; attendue des loteries primitives, elles-m&ecirc;mes enti&egrave;rement d&eacute;termin&eacute;es par l&rsquo;ordre ordinal des pr&eacute;f&eacute;rences sur les loteries.</p> <p class="texte" dir="ltr">Une premi&egrave;re remarque s&rsquo;impose. Le passage de (b) &agrave; (c) semble immunis&eacute; contre toute critique. La construction ne fait intervenir que des math&eacute;matiques banales au dessus de tout soup&ccedil;on. S&rsquo;il n&rsquo;est pas possible d&rsquo;&eacute;tablir un th&eacute;or&egrave;me de repr&eacute;sentation, comme ce fut le cas plus haut en axiomatisant la relation de pr&eacute;f&eacute;rence uniquement sur les lots, c&rsquo;est que l&rsquo;axiomatisation n&rsquo;est pas assez d&eacute;velopp&eacute;e ou n&rsquo;est tout simplement pas ad&eacute;quate.</p> <p class="texte" dir="ltr">On ne saurait en dire autant du passage de (a) &agrave; (b). Par exemple, que la relation d&rsquo;indiff&eacute;rence soit r&eacute;flexive est difficilement contestable, mais qu&rsquo;en est-il de l&rsquo;hypoth&egrave;se que la pr&eacute;f&eacute;rence faible soit une relation totale&nbsp;? Il semble probable que ce soit un choix m&eacute;thodologique. Enfin, concernant la transitivit&eacute;, on a des exemples empiriques qui montrent que certains agents ne la respectent pas.</p> <p class="texte" dir="ltr">Ceci nous am&egrave;ne &agrave; la question du statut des th&eacute;ories axiomatis&eacute;es de l&rsquo;utilit&eacute; attendue. Consid&eacute;r&eacute; comme une &laquo;&nbsp;explication&nbsp;&raquo; &agrave; la Carnap, c&rsquo;est-&agrave;-dire comme une substitution de concepts purement formels explicites &agrave; des notions vagues, le point de vue ne peut &ecirc;tre que <em>normatif</em>. Cette situation est similaire &agrave; celle du statut de la notion d&rsquo;ensemble. On conna&icirc;t le sort qu&rsquo;a subi la th&eacute;orie na&iuml;ve des ensembles apr&egrave;s la d&eacute;couverte du fameux paradoxe de Russell. On croyait que l&rsquo;on pouvait &laquo;&nbsp;rassembler&nbsp;&raquo; n&rsquo;importe quoi&nbsp;: une pomme, la lune, le concept d&rsquo;&eacute;toile, etc. Aujourd&rsquo;hui, si on pose la question de la nature des ensembles, on se verra probablement r&eacute;pondre que ce sont les objets de base de n&rsquo;importe quelle structure math&eacute;matique qui est un mod&egrave;le de la th&eacute;orie axiomatique de Zermelo-Frankel (par exemple). La th&eacute;orie axiomatis&eacute;e de l&rsquo;utilit&eacute; attendue dans le cadre de l&rsquo;explication de l&rsquo;action rationnelle est une explication de ce que c&rsquo;est que de prendre une d&eacute;cision rationnelle. Si le processus qu&rsquo;utilise un agent pour prendre une d&eacute;cision est en violation plus ou moins flagrante avec les axiomes, ce n&rsquo;est pas une d&eacute;cision rationnelle, point final.</p> <p class="texte" dir="ltr">Si un agent utilise une th&eacute;orie na&iuml;ve des ensembles usant du principe que toute propri&eacute;t&eacute; d&eacute;termine un ensemble, il risque de rencontrer une contradiction.</p> <p class="texte" dir="ltr">Si un agent utilise une th&eacute;orie de la d&eacute;cision qui ne respecte pas les axiomes de l&rsquo;utilit&eacute; attendue, il risque d&rsquo;avoir de mauvaises surprises (nous verrons plus loin des exemples de mauvaises surprises).</p> <p class="texte" dir="ltr">&Agrave; cette approche, s&rsquo;opposent les th&eacute;ories <em>descriptives</em>&nbsp;: la th&eacute;orie de la d&eacute;cision rationnelle doit d&eacute;crire comment les agents prennent r&eacute;ellement leurs d&eacute;cisions, ce &agrave; quoi nous ferons allusion plus loin.</p> <h1 dir="ltr" id="heading5">5. Contre-exemples</h1> <h2 dir="ltr" id="heading6">5.1 Le paradoxe d&rsquo;Allais</h2> <p class="texte" dir="ltr">Historiquement, le plus bel exemple de comportement irrationnel (au sens de la th&eacute;orie normative), est le paradoxe d&rsquo;Allais. Il s&rsquo;agit d&rsquo;un exemple concret o&ugrave; certains agents violent plus ou moins consciemment l&rsquo;axiome d&rsquo;ind&eacute;pendance.</p> <p class="texte" dir="ltr">On pr&eacute;sente aux agents successivement deux paires de loteries, <em>L</em><sub>1</sub>,<em>L</em><sub>2</sub> et <em>L</em><sub>3</sub>,<em>L</em><sub>4</sub>, avec les lots <em>A</em><sub>1</sub>&nbsp;=&nbsp;500 millions d&rsquo;euros, <em>A</em><sub>2</sub>&nbsp;=&nbsp;100 millions d&rsquo;euros et <em>A</em><sub>3</sub>&nbsp;=&nbsp;0 euro.</p> <p class="texte" dir="ltr">La premi&egrave;re paire est&nbsp;:</p> <p class="texte" dir="ltr"><em>L</em><sub>1</sub>&nbsp;=&nbsp;[0;1;0].</p> <p class="texte" dir="ltr"><em>L</em><sub>2</sub>&nbsp;=&nbsp;[0,1;0,89;0,01].</p> <p class="texte" dir="ltr">La seconde paire est&nbsp;:</p> <p class="texte" dir="ltr"><em>L</em><sub>3</sub>&nbsp;=&nbsp;[0;0,11;0,89].</p> <p class="texte" dir="ltr"><em>L</em><sub>4</sub>&nbsp;=&nbsp;[0,1;0;0,9].</p> <p class="texte" dir="ltr"><em>L</em><sub>1</sub> est une loterie qui donne de fa&ccedil;on certaine cent millions d&rsquo;euros &agrave; l&rsquo;agent puisque la probabilit&eacute; d&rsquo;obtenir cinq cent millions tout comme de ne rien obtenir est nulle.</p> <p class="texte" dir="ltr"><em>L</em><sub>2</sub> est une loterie qui donne cinq cents millions avec une probabilit&eacute; de 0,1, cent millions d&rsquo;euros avec une probabilit&eacute; de 0,89 rien du tout avec une probabilit&eacute; nulle.</p> <p class="texte" dir="ltr"><em>L</em><sub>3</sub> est une loterie qui donne cinq cents millions avec une probabilit&eacute; nulle, cent millions d&rsquo;euros avec une probabilit&eacute; de 0,11 rien du tout avec une probabilit&eacute; 0,89.</p> <p class="texte" dir="ltr"><em>L</em><sub>3</sub> est une loterie qui donne cinq cents millions avec une probabilit&eacute; de 0,1, cent millions d&rsquo;euros avec une probabilit&eacute; nulle et rien du tout avec une probabilit&eacute; 0,9.</p> <p class="texte" dir="ltr">Les exp&eacute;riences empiriques montrent que de nombreux agents pr&eacute;f&egrave;rent<em> L</em><sub>1</sub> &agrave;<em> L</em><sub>2</sub> et <em>L</em><sub>4</sub> &agrave;<em> L</em><sub>3</sub>. Les explications qu&rsquo;ils fournissent suivent g&eacute;n&eacute;ralement les lignes suivantes. <em>L</em><sub>1</sub> est pr&eacute;f&eacute;r&eacute;e &agrave;<em> L</em><sub>2</sub> car avoir 100 millions d&rsquo;euros de fa&ccedil;on certaine est pr&eacute;f&eacute;rable &agrave; une loterie qui peut rapporter 500 millions d&rsquo;euros mais avec laquelle on a une chance sur cent de ne rien avoir. <em>L</em><sub>4</sub> est pr&eacute;f&eacute;r&eacute;e &agrave; <em>L</em><sub>3</sub> parce que les probabilit&eacute;s d&rsquo;avoir z&eacute;ro euro sont presque les m&ecirc;mes et donc les probabilit&eacute;s de gagner sont presque les m&ecirc;mes mais dans<em> L</em><sub>4</sub> le montant est cinq fois plus &eacute;lev&eacute;. Cette explication est relativement naturelle mais est incompatible avec la th&eacute;orie de l&rsquo;utilit&eacute; attendue.</p> <p class="texte" dir="ltr">Remarquons d&rsquo;abord que cette incompatibilit&eacute; n&rsquo;a rien &agrave; voir avec les valeurs des gains. Soit <em>u</em><sub>1</sub>,<em>u</em><sub>2</sub> et <em>u</em><sub>3</sub> les utilit&eacute;s respectives d&rsquo;obtenir 500 millions d&rsquo;euros, 100 millions d&rsquo;euros et z&eacute;ro euro. On ne fait aucune hypoth&egrave;se sur ces utilit&eacute;s&nbsp;: <em>u</em><sub>1</sub>,<em>u</em><sub>2</sub> et <em>u</em><sub>3</sub>peuvent prendre n&rsquo;importe quelle valeur num&eacute;rique. Les utilit&eacute;s attendues des quatre loteries sont les suivantes&nbsp;:</p> <p class="texte" dir="ltr"><em>UA</em>(<em>L</em><sub>1</sub>)&nbsp;=&nbsp;<em>u</em><sub>2</sub></p> <p class="texte" dir="ltr"><em>UA</em>(<em>L</em><sub>2</sub>)&nbsp;=&nbsp;0,1<em>u</em><sub>1</sub>&nbsp;+&nbsp;0,89<em>u</em><sub>2</sub>&nbsp;+&nbsp;0,01<em>u</em><sub>3</sub></p> <p class="texte" dir="ltr"><em>UA</em>(<em>L</em><sub>3</sub>)&nbsp;=&nbsp;0,11<em>u</em><sub>2</sub>&nbsp;+&nbsp;0,89<em>u</em><sub>3</sub></p> <p class="texte" dir="ltr"><em>UA</em>(<em>L</em><sub>4</sub>)&nbsp;=&nbsp;0,1<em>u</em><sub>1</sub>&nbsp;+&nbsp;0,9<em>u</em><sub>3</sub></p> <p class="texte" dir="ltr">Un calcul &eacute;l&eacute;mentaire nous donne&nbsp;:</p> <p class="texte" dir="ltr"><em>UA</em>(<em>L</em><sub>1</sub>)&nbsp;&gt;&nbsp;<em>UA</em>(<em>L</em><sub>2</sub>) si, et seulement si, <em>u</em><sub>2</sub>&nbsp;&gt;&nbsp;0,1<em>u</em><sub>1</sub>&nbsp;+&nbsp;0,89<em>u</em><sub>2</sub>&nbsp;+&nbsp;0,01<em>u</em><sub>3</sub> si, et seulement si, 0,11<em>u</em><sub>2</sub>&nbsp;&gt;&nbsp;0,1<em>u</em><sub>1</sub>&nbsp;+&nbsp;0,01<em>u</em><sub>3</sub></p> <p class="texte" dir="ltr">et</p> <p class="texte" dir="ltr"><em>UA</em>(<em>L</em><sub>4</sub>)&nbsp;&gt;&nbsp;<em>UA</em>(<em>L</em><sub>3</sub>) si, et seulement si<em>UA</em>(<em>L</em><sub>4</sub>)&nbsp;=&nbsp;0,1<em>u</em><sub>1</sub> +&nbsp;0,9<em>u</em><sub>3</sub>&nbsp;&gt;&nbsp;0,11<em>u</em><sub>2</sub>&nbsp;+&nbsp;0,89<em>u</em><sub>3</sub> si, et seulement si <span style="font-family:Cambria,serif;">0,1</span><em>u</em><sub>1</sub>&nbsp;+&nbsp;0,01<em>u</em><sub>3</sub>&nbsp;&gt;&nbsp;0,11<em>u</em><sub>2</sub></p> <p class="texte" dir="ltr">ce qui est une contradiction flagrante quelles que soient les valeurs de <em>u</em><sub>1</sub>,<em>u</em><sub>2</sub> et <em>u</em><sub>3</sub>. Cette contradiction ne d&eacute;pend donc aucunement de l&rsquo;ordre entre les utilit&eacute;s <em>u</em><sub>1</sub>,<em>u</em><sub>2</sub> et <em>u</em><sub>3</sub>&nbsp;: la contradiction provient d&rsquo;une violation de l&rsquo;axiome d&rsquo;ind&eacute;pendance.</p> <p class="texte" dir="ltr">Bref, quelle que soit l&rsquo;attitude d&rsquo;un agent vis &agrave; vis de l&rsquo;argent, s&rsquo;il viole</p> <p class="texte" dir="ltr"><em>L</em><sub>1</sub><span style="font-family:'Cambria Math',serif;">≿</span><em>L</em><sub>2</sub> si, et seulement si, <em>L</em><sub>3</sub><span style="font-family:'Cambria Math',serif;">≿</span><em>L</em><sub>4</sub></p> <p class="texte" dir="ltr">il ne maximise pas une fonction d&rsquo;utilit&eacute; telle que d&eacute;finie plus haut.</p> <p class="texte" dir="ltr">Le probl&egrave;me provient du fait que la th&eacute;orie de l&rsquo;utilit&eacute; attendue ne prend pas en compte la sensibilit&eacute; des agents envers le risque. Le paradoxe d&rsquo;Allais est un cas particulier o&ugrave; une des loteries rapporte un lot de fa&ccedil;on certaine ce qui, pour de nombreux agents, constitue un &laquo;&nbsp;plus&nbsp;&raquo; ind&eacute;pendant de l&rsquo;utilit&eacute; attendue.</p> <h2 dir="ltr" id="heading7">5.2 Violation de la transitivit&eacute; des pr&eacute;f&eacute;rences</h2> <p class="texte" dir="ltr">Voici un exemple empirique de violation de la transitivit&eacute; des pr&eacute;f&eacute;rences d&ucirc; &agrave; Tversky (1969). L&rsquo;exp&eacute;rience fut men&eacute;e &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; de Harvard sur un groupe d&rsquo;&eacute;tudiants &agrave; propos des pr&eacute;f&eacute;rences associ&eacute;es ente deux loteries. On consid&egrave;re les cinq loteries suivantes&nbsp;:</p> <p class="texte" dir="ltr"><img src="docannexe/image/3717/img-3.png" style="width:6.5291inch;height:1.961inch;margin-left:0.0in;margin-right:0.0in;margin-top:0mm;margin-bottom:0mm;padding-top:0.0602in;padding-bottom:0.0602in;padding-left:0.1102in;padding-right:0.1102in;border:none" /></p> <p class="texte" dir="ltr"><a id="Image37Cgraphics"></a>Les probabilit&eacute;s n&rsquo;&eacute;taient pas donn&eacute;es sous forme num&eacute;rique mais sous forme de portion de &laquo;&nbsp;tarte&nbsp;&raquo; pour &eacute;viter que les &eacute;tudiants fassent un calcul. On demandait aux &eacute;tudiants de donner leurs pr&eacute;f&eacute;rences entre deux loteries.</p> <p class="texte" dir="ltr">Les r&eacute;sultats on montr&eacute; que, pour des loteries adjacentes, la pr&eacute;f&eacute;rence allait &agrave; celle qui avait le gain potentiel le plus &eacute;lev&eacute;, les probabilit&eacute;s &eacute;tant per&ccedil;ues comme passablement &eacute;quivalentes. On avait donc g&eacute;n&eacute;ralement <em>L</em><sub>i</sub><span style="font-family:'Cambria Math',serif;">≻</span><em>&nbsp;L</em><sub>i+1</sub>. Lorsque les probabilit&eacute;s &eacute;taient passablement diff&eacute;rentes, le gain le plus probable &eacute;tait le facteur dominant du choix. On se retrouve donc avec une structure de pr&eacute;f&eacute;rence telle que <em>L</em><sub>1</sub><span style="font-family:'Cambria Math',serif;">≻</span><em>&nbsp;L</em><sub>2</sub>,...,<em>L</em><sub>4</sub><span style="font-family:'Cambria Math',serif;">≻</span><em>&nbsp;L</em><sub>5</sub><em>,L</em><sub>5</sub><span style="font-family:'Cambria Math',serif;">≻</span><em>&nbsp;L</em><sub>1</sub>. Cette circularit&eacute; est en violation flagrante avec la transitivit&eacute; des pr&eacute;f&eacute;rences.</p> <h2 dir="ltr" id="heading8">5.3 La compl&eacute;tude est-elle cr&eacute;dible&nbsp;?</h2> <p class="texte" dir="ltr">Y a-t-il des lots tellement d&eacute;test&eacute;s qu&rsquo;un agent ne peut les comparer&nbsp;? Supposons que vous &ecirc;tes tr&egrave;s allergique au poisson, que sa consommation peut vous &ecirc;tre mortelle. Vous &ecirc;tes au restaurant et, au menu, il y a du poulet, du b&oelig;uf, du lieu et du grondin. Pr&eacute;f&eacute;rez-vous le lieu au grondin, le grondin au lieu ou &ecirc;tes-vous indiff&eacute;rent&nbsp;? Vous ne pr&eacute;f&eacute;rez ni le lieu au grondin ni le grondin au lieu. Doit-on conclure que vous &ecirc;tes indiff&eacute;rent&nbsp;? Supposons que oui. Supposons &eacute;galement que vous &ecirc;tes un grand amateur de bourgogne blanc. Dans ce cas, vous pr&eacute;f&eacute;rez le grondin avec un Pouilly-Fuiss&eacute; au lieu avec de l&rsquo;eau du robinet. Cela semble tout &agrave; fait invraisemblable.</p> <p class="texte" dir="ltr">Un agent rationnel est-il pr&ecirc;t &agrave; acheter une loterie dans laquelle un des lots est sa propre mort ou celle d&rsquo;un &ecirc;tre cher&nbsp;? La r&eacute;ponse qui nous vient &agrave; l&rsquo;esprit est non. Pourtant, nous sommes presque tous pr&ecirc;ts, dans certaines circonstances, &agrave; acheter pour 900 euros un ticket de loterie [<em>p</em>;(1&ndash;<em>p</em>)] avec <em>A</em><sub>1</sub>&nbsp;= un aller-retour Paris-New York et <em>A</em><sub>2</sub>&nbsp;= l&rsquo;avion se crashe avec <em>p</em>&nbsp;=&nbsp;0,9999917.Cette probabilit&eacute; est farfelue, je l&rsquo;ai trouv&eacute;e en tapant &laquo;&nbsp;probabilit&eacute; qu&rsquo;un avion s&rsquo;&eacute;crase&nbsp;&raquo; sur un moteur de recherche&nbsp;! Est-ce le nombre de crashs par vol&nbsp;? Par heures de vol&nbsp;? Y a-t-il une pond&eacute;ration par compagnie&nbsp;? Tout ce dont nous avons besoin pour la cr&eacute;dibilit&eacute; de cet exemple est que la probabilit&eacute; subjective d&rsquo;un crash mortel soit tr&egrave;s petite par rapport &agrave; celle de faire une travers&eacute;e de l&rsquo;Atlantique, certes d&eacute;sagr&eacute;able, mais s&eacute;curitaire. La morale de l&rsquo;histoire demeure la m&ecirc;me quelle que soit la probabilit&eacute; qu&rsquo;un avion s&rsquo;&eacute;crase, pourvu qu&rsquo;elle soit faible. Tous ceux qui prennent l&rsquo;avion ach&egrave;tent un ticket semblable.</p> <h1 dir="ltr" id="heading9">6. Faut-il mettre les th&eacute;ories normatives &agrave; la poubelle&nbsp;?</h1> <p class="texte" dir="ltr">Les th&eacute;ories normatives &eacute;chouent &agrave; rendre compte des comportements par ailleurs per&ccedil;us comme rationnels. N&rsquo;est-ce pas ce que font les gens qui mettent leur p&eacute;cule &agrave; la Caisse d&rsquo;&eacute;pargne plut&ocirc;t que de se doter d&rsquo;un portefeuille d&rsquo;actions qui, sur trente ans, rapportera <em>presque</em> certainement au moins 10 fois plus. Mais lorsque le Krach arrivera, ils auront le sourire aux l&egrave;vres.</p> <p class="texte" dir="ltr">La th&eacute;orie normative qu&rsquo;est celle de l&rsquo;utilit&eacute; attendue a au moins une fonction sur laquelle tout le monde s&rsquo;accordera, celle de montrer ses limites. Si les agents ne maximisent pas une fonction d&rsquo;utilit&eacute; attendue et que leur comportement est quand m&ecirc;me per&ccedil;u comme rationnel&nbsp;- ces agents ne font pas n&rsquo;importe quoi -, qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;ils font&nbsp;? Ils font ce qu&rsquo;ils croient &ecirc;tre dans leur meilleur int&eacute;r&ecirc;t<a class="footnotecall" href="#ftn4" id="bodyftn4">4</a>, ce qu&rsquo;ils croient &ecirc;tre la <em>meilleure chose</em> &agrave; faire. Bref, ils maximisent une certaine fonction qui n&rsquo;est pas une fonction d&rsquo;utilit&eacute; telle que d&eacute;finie ci-dessus. Entre maximiser une fonction et agir de fa&ccedil;on al&eacute;atoire, il ne semble pas y avoir beaucoup d&rsquo;espace. Et puis, sans la th&eacute;orie de l&rsquo;utilit&eacute; attendue, il n&rsquo;y aurait jamais eu le paradoxe d&rsquo;Allais. Sans le paradoxe d&rsquo;Allais, les travaux de Kahneman et Tversky (1979) sur la th&eacute;orie des prospects n&rsquo;auraient jamais vu le jour.</p> <p class="texte" dir="ltr">Revenons maintenant sur la transitivit&eacute;. Dans l&rsquo;exemple ci-dessus, l&rsquo;hypoth&egrave;se est que les montants d&rsquo;argent sont exactement corr&eacute;l&eacute;s &agrave; leur utilit&eacute;&nbsp;: <em>U</em>(<em>x</em>$)&nbsp;&ge;&nbsp;<em>U</em>(<em>y</em>$)&nbsp;ssi&nbsp;<em>x</em>&nbsp;&ge;&nbsp;<em>y</em>. Le bris de transitivit&eacute; ne peut provenir que d&rsquo;un probl&egrave;me de probabilit&eacute;. Remarquons que ce n&rsquo;est pas sur l&rsquo;incapacit&eacute;, pour l&rsquo;agent, d&rsquo;&eacute;valuer avec pr&eacute;cision la valeur num&eacute;rique que repr&eacute;sente la portion de tarte, que repose le probl&egrave;me.</p> <p class="texte" dir="ltr">Supposons que nous ayons la suite suivante&nbsp;: <em>p</em><sub>1</sub><em>u</em><sub>1</sub>&nbsp;&gt;&nbsp;<em>p</em><sub>2</sub><em>u</em><sub>2</sub>, <em>p</em><sub>2</sub><em>u</em><sub>2</sub>&nbsp;&gt;&nbsp;<em>p</em><sub>3</sub><em>u</em><sub>3</sub> et <em>p</em><sub>3</sub><em>u</em><sub>3</sub>&nbsp;&gt;&nbsp;<em>p</em><sub>1</sub><em>u</em><sub>1</sub>. La fonction de croyance d&rsquo;un agent qui, comme les &eacute;tudiants de Harvard, adh&egrave;re &agrave; cette suite de choix ne peut pas &ecirc;tre une fonction de probabilit&eacute;. Et si la fonction de croyance d&rsquo;un agent n&rsquo;est pas une fonction de probabilit&eacute;, on peut lui monter une loterie qu&rsquo;il trouvera acceptable &agrave; un certain co&ucirc;t, mais qui lui sera d&eacute;favorable quel que soit l&rsquo;&eacute;tat du monde. (Voir Skyrms (1986)). C&rsquo;est ce qu&rsquo;on appelle un <em>dutchbook</em>. Pour pouvoir monter un dutchbook, il faut cependant que le comportement de l&rsquo;agent ob&eacute;isse aux axiomes gouvernant les pr&eacute;f&eacute;rences et l&rsquo;utilit&eacute; attendue et nous avons vu que c&rsquo;est, pour le moins, une hypoth&egrave;se tr&egrave;s contestable et, dans de nombreuses situations r&eacute;elles et non du genre &laquo;&nbsp;exp&eacute;rience de pens&eacute;e&nbsp;&raquo;, falsifi&eacute;e.</p> <p class="texte" dir="ltr">Que conclure&nbsp;? Les concepts &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre dans la description des activit&eacute;s des agents &laquo;&nbsp;rationnels&nbsp;&raquo; sont d&rsquo;une grande complexit&eacute;. L&rsquo;adoption de positions intransigeantes et dogmatiques n&rsquo;est pas une fa&ccedil;on de faire avancer l&rsquo;analyse philosophique de cette question centrale. Oui, les th&eacute;ories normatives ont de s&eacute;v&egrave;res limites. Les comportements des agents les falsifient r&eacute;guli&egrave;rement. Elles nous apprennent cependant beaucoup de choses. Les rejeter du revers de la main ne nous fait pas avancer dans la compr&eacute;hension du comportement humain. Soyons pragmatiques, voire opportunistes. T&acirc;tons de toutes les approches. Comme m&rsquo;a dit un ami ha&iuml;tien, &laquo;&nbsp;Catholique le matin, &eacute;vang&eacute;liste l&rsquo;apr&egrave;s-midi et, le soir, tous au vaudou&nbsp;&raquo;. Un &ecirc;tre rationnel ne prend pas de risque&nbsp;!</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn1" id="ftn1">1</a> &nbsp;Nous ne retenons que ces trois propri&eacute;t&eacute;s tr&egrave;s simples mais suffisantes pour illustrer notre analyse. Pour une pr&eacute;sentation de diff&eacute;rentes axiomatisations des pr&eacute;f&eacute;rences, voir Bouyssou <em>et. al.</em></p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn2" id="ftn2">2</a> &nbsp;Le th&eacute;or&egrave;me de repr&eacute;sentation ne d&eacute;termine pas une utilit&eacute; attendue unique mais une classe de fonctions obtenues les unes &agrave; partir des autres par une transformation lin&eacute;aire comme on obtient les degr&eacute;s Fahrenheit &agrave; partir des degr&eacute;s Celsius.</p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn3" id="ftn3">3</a> &nbsp;Pour une approche simple de la d&eacute;monstration purement math&eacute;matique, voir <span style="background-color:#ffffff;">Shih En Lu dans la bibliographie. </span></p> <p class="notebaspage" dir="ltr"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn4" id="ftn4">4</a> &nbsp;Il faut &ecirc;tre prudent avec la notion d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t qui a presque toujours une connotation &eacute;go&iuml;ste. Le meilleur int&eacute;r&ecirc;t d&rsquo;un agent n&rsquo;est pas toujours, presque jamais, &eacute;go&iuml;ste ou pire, mon&eacute;taire. Les zadistes de Notre-Dame-des-Landes avaient un int&eacute;r&ecirc;t qui n&rsquo;&eacute;tait pas mon&eacute;taire contrairement &agrave; leurs adversaires. Leur comportement maximise une fonction que nous sommes bien incapables de d&eacute;crire en termes num&eacute;riques. Il y a aussi les gestes altruistes. Qu&rsquo;est-ce que je maximise lorsque je d&eacute;cide de donner deux euros &agrave; une sdf, que je ne reverrai plus jamais, &agrave; la sortie du m&eacute;tro&nbsp;?</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Bouyssou Denis et Philippe Vincke, Relations binaires et mod&eacute;lisation des pr&eacute;f&eacute;rences. (R&eacute;vis&eacute; janvier 2003). 2005. <hal-00004103> </hal-00004103></p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Briggs, R. A., Normative Theories of Rational Choice: Expected Utility, <em>The Stanford Encyclopedia of Philosophy </em>(Spring 2017 Edition), Edward N. Zalta (ed.), <a href="https://plato.stanford.edu/archives/spr2017/entries/rationality-normative-utility/">https://plato.stanford.edu/archives/spr2017/entries/rationality-normative-utility/</a></p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Luce R. Duncan et Howard Raiffa, <em>Games and Decisions</em>, Dover, New York, 1985.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Kahneman Daniel et Amos Tversky, Prospect theory: An analysis of decision under risk&nbsp;&raquo;, 47, dans <em>Decision, Probability, and Utility</em>, Peter G&auml;rdenfors and Nils-Eric Sahlin (dir.),1988, 183-214.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Von Neumann John et Oskar Morgenstern, <em>Theory of Games and Economic Behavior,</em> Princeton University Press, Princeton, 1944.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Savage J. Leonard, <em>The Foundations of Statistics</em>, Dover, New York, 1972.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Shih En Lu, www.sfu.ca/~shihenl/.../3p%20Expected%20Utility%20Theory.pdf</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Skyrms Brian, <em>Choice &amp; Chance</em>, Wadsworth Publishing Company, Belmont California, 1986.</p> <p class="bibliographie" dir="ltr">Tversky Amos, Intransitivity of preferences. <em>Psychological Review</em>, 76, 1969, 31-48.</p>