<p class="remerciements"><strong>DOSSIER : L&#39;AVENIR DE LA DEMOCRATIE</strong></p> <p class="remerciements"><em>Fernando Luiz Zanetti est professeur de Psychologie Sociale dans les Facult&eacute;s Int&eacute;gr&eacute;es d&rsquo;Ourinhos (FIO/ Br&eacute;sil). Docteur en Psychologie &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; d&rsquo;&Eacute;tat de S&atilde;o Paulo (UNESP/Br&eacute;sil) et Post-docteur &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; de S&atilde;o Paulo (USP/Br&eacute;sil).<br /> Matheus Viana Braz est professeur en Psychologie du Travail dans les Facult&eacute;s Int&eacute;gr&eacute;es d&rsquo;Ourinhos (FIO/ Br&eacute;sil). Doctorant en Psychologie &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; d&rsquo;&Eacute;tat de S&atilde;o Paulo (UNESP/ Br&eacute;sil) et membre du R&eacute;seau International de Sociologie Clinique (RISC).</em></p> <p class="remerciements">Nous remercions &eacute;norm&eacute;ment &agrave; Jacky Sileza, pour le soigneux travail de r&eacute;vision de la traduction de cet article.</p> <p class="remerciements"><strong>SOMMAIRE</strong></p> <p><strong>Quelques questions initiales</strong></p> <p><strong>Le projet de la psychologie par rapport &agrave; la modernit&eacute;</strong></p> <p><strong>Les derniers changements historiques</strong></p> <p><strong>La la&iuml;cit&eacute; de la psychologie et la pulv&eacute;risation de l&rsquo;espace publique</strong></p> <p class="remerciements">&nbsp;</p> <h1 class="texte">Quelques questions initiales</h1> <p class="texte">Le but de ce travail est de probl&eacute;matiser la pr&eacute;sence et l&#39;expansion des croyances et des manifestations religieuses dans les espaces de repr&eacute;sentation de la psychologie. On est parti de la r&eacute;alit&eacute; br&eacute;silienne pour comprendre certains ph&eacute;nom&egrave;nes dans lesquels les acteurs sociaux et autres figures centrales de la soci&eacute;t&eacute; utilisent la machine bureaucratique publique pour assurer ses propres int&eacute;r&ecirc;ts fond&eacute;s sur des croyances religieuses. Un exemple important de ce ph&eacute;nom&egrave;ne peut &ecirc;tre compris par les discussions croissantes autour de la dite &quot;Gu&eacute;rison Gay&quot;, c&#39;est-&agrave;-dire les mouvements de groupes religieux qui d&eacute;fendent la l&eacute;galisation des &quot;th&eacute;rapies de r&eacute;version sexuelle&quot;. Historiquement, en mai 1990 l&#39;Organisation Mondiale de la Sant&eacute; (OMS) s&#39;est clairement oppos&eacute;e &agrave; la pathologisation de l&#39;homosexualit&eacute; en retirant l&#39;orientation sexuelle de la liste des maladies mentales du Code International des Maladies. Au Br&eacute;sil, neuf ans plus tard, le Conseil f&eacute;d&eacute;ral de Psychologie (CFP) a publi&eacute; la R&eacute;solution 001/99, qui stipule que &laquo;&nbsp;les psychologues n&#39;entreprendront aucune action qui favorise la pathologisation des comportements ou des pratiques homo&eacute;rotiques, ni adopteront des mesures coercitives visant &agrave; orienter les homosexuels vers des traitements non sollicit&eacute;s&nbsp;&raquo;. En 2017, cependant, un recours populaire collectif cr&eacute;&eacute; par un mouvement de &laquo;&nbsp;psychologues &eacute;vang&eacute;liques&nbsp;&raquo;, qui d&rsquo;ailleurs remet en question la validit&eacute; de la r&eacute;solution du Conseil, a &eacute;t&eacute; approuv&eacute; par un juge &agrave; Bras&iacute;lia. D&egrave;s l&rsquo;approbation judiciaire, et de celles des autres instances de repr&eacute;sentations, s&rsquo;ouvre un pr&eacute;c&eacute;dent pour comprendre l&#39;homosexualit&eacute; comme un comportement sexuel anormal, &agrave; savoir, comme quelque chose qui doit &ecirc;tre trait&eacute; car &laquo;&nbsp;gu&eacute;rissable&nbsp;&raquo;. Les groupes autoproclam&eacute;s &laquo;&nbsp;psychologues &eacute;vang&eacute;liques&nbsp;&raquo; revendiquent donc le &laquo;&nbsp;droit&nbsp;&raquo; de mener &agrave; bien les &laquo;&nbsp;th&eacute;rapies de r&eacute;version sexuelle&nbsp;&raquo;, en remettant en question l&#39;&eacute;thique m&ecirc;me de la psychologie, en plus d&#39;aller &agrave; l&#39;encontre des pr&eacute;rogatives fondamentales de l&#39;OMS et des droits de l&#39;homme.</p> <p class="texte">Pour mettre en &oelig;uvre ces r&eacute;flexions, on doit dans un premier temps se questionner sur le type de sujet auquel se r&eacute;f&egrave;re la psychologie. Et se dire, s&rsquo;il s&rsquo;agit de comprendre les influences historiques du projet de la modernit&eacute; et de la rationalit&eacute; scientifique, voire m&ecirc;me de la transformation des pouvoirs politiques, &eacute;conomiques et de connaissances dans ce contexte. &Agrave; partir du cadre th&eacute;orique et m&eacute;thodologique de la psychosociologie et de la philosophie critique, en ce sens on peut dire que les probl&egrave;mes engendr&eacute;s par la modernit&eacute; gravitent autour de la lutte entre la domination des fa&ccedil;ons de penser et de son lien avec le monde.</p> <p class="texte">Une lutte entre un Etat despotique domin&eacute; par la religion et un Etat la&iuml;que dont l&rsquo;organisation se r&eacute;f&egrave;re aux nouvelles rationalit&eacute;s scientifiques et politiques du gouvernement. Ces rationalit&eacute;s se rencontrent dans la visibilit&eacute; des supports utilis&eacute;s et des libert&eacute;s humaines exprim&eacute;es. &Agrave; la connaissance de ces &eacute;l&eacute;ments, il devient important de pr&eacute;senter comment se construirait ce ph&eacute;nom&egrave;ne propre &agrave; la psychologie dans l&rsquo;enjeu de modernit&eacute;.</p> <p class="texte">On peut dire que l&rsquo;invention de la modernit&eacute; apporte elle-m&ecirc;me l&#39;id&eacute;e de libert&eacute;. L&#39;homme moderne posait la condition d&#39;interroger le monde et lui-m&ecirc;me - sa mati&egrave;re et son fonctionnement - car il &eacute;tait d&eacute;sormais lib&eacute;r&eacute; de la coercition par la foi religieuse et le pouvoir politique du souverain.</p> <p class="texte">La modernit&eacute; avait, comme l&#39;une de ses principales cons&eacute;quences, la transformation d&#39;une vision du monde transcendental et immat&eacute;riel en une vision du monde immanent et mat&eacute;riel. Un concept qui &eacute;tait sacr&eacute; et religieux est devenu la&iuml;c, sugg&eacute;rant de nouvelles explications pour le bon fonctionnement de la nature, au monde et l&rsquo;homme lui-m&ecirc;me. En ce sens, s&rsquo;ouvrait alors une nouvelle conception de la mati&egrave;re, de la nature, de l&#39;homme et du monde. Par cons&eacute;quent, les concepts d&#39;historicit&eacute;, de processus, d&#39;autod&eacute;termination &eacute;tait ainsi introduit.</p> <p class="texte">Le monde se d&eacute;veloppe donc comme un jeu de forces de l&#39;histoire, dont l&#39;ordre est l&rsquo;une de ses dimensions, l&#39;inscription d&#39;une rationalit&eacute;, d&#39;une r&eacute;alit&eacute; visible, organis&eacute;e mais n&eacute;anmoins provisoire. La modernit&eacute; &eacute;tait emball&eacute;e par l&rsquo;id&eacute;ologie d&rsquo;une certaine mani&egrave;re de philosopher, historiquement repr&eacute;sent&eacute;e par les philosophes encyclop&eacute;distes, ou par ce qu&#39;on appelait l&#39;Illustration, bien que l&#39;id&eacute;ologie des Lumi&egrave;res puisse &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;e comme une pratique et une fa&ccedil;on de penser <em>trans&eacute;pocal</em> (Rouanet, 1988&nbsp;; Adorno&nbsp;et Horkheimer, 1985) et universaliste, tout comme le principe universel du droit kantien. Partant de ce postulat, il est &eacute;tabli qu&rsquo;on doit agir ext&eacute;rieurement de telle mani&egrave;re &agrave; ce que l&rsquo;utilisation du libre arbitre puisse coexister avec la libert&eacute; de tous selon une loi universelle (Kant, 2003). Par cons&eacute;quent, cela n&eacute;cessiterait une visibilit&eacute; non restrictive des actes politiques. Selon Rouanet (1988), pour l&#39;id&eacute;ologie moderne, le pouvoir oppressif se cacherait dans les myst&egrave;res, dans l&rsquo;obscurit&eacute;, car la force du pouvoir serait dans son invisibilit&eacute;. Ainsi, l&#39;auteur parie sur ce qui serait une &eacute;thique d&rsquo;une vision moderne, divis&eacute;e fondamentalement en trois points&nbsp;: d&rsquo;abord, &agrave; partir de laquelle il faudrait voir tout et que cet id&eacute;al humain de visibilit&eacute; non restrictive soit utopique et qu&rsquo;il ne puisse &ecirc;tre atteint&nbsp;; il devrait malgr&eacute; tout &ecirc;tre envisag&eacute;. Deuxi&egrave;mement, en plus de voir tout, faudrait-il regarder correctement. Pour cette action, il se servirait de la facult&eacute; de pens&eacute;e ou de raison et il lui appartiendrait donc de corriger les erreurs de sens. Et un troisi&egrave;me et dernier aspect de cette &eacute;thique serait la r&eacute;flexivit&eacute;, c&#39;est-&agrave;-dire la condition de se voir et d&rsquo;&ecirc;tre vu dans les actes politiques. De cette mani&egrave;re, il est d&eacute;montr&eacute; qu&#39;en brisant les interdits et en rendant visibles tous les sujets, cela rendrait impossible la tyrannie, et ils deviendraient alors des participants d&rsquo;une communaut&eacute; de sujets universels.</p> <p class="texte">Devant de telles contraintes, il devenait n&eacute;cessaire de donner de la visibilit&eacute; aux conditions de fonctionnement de la nature, de la soci&eacute;t&eacute; et de l&#39;homme. Cette visibilit&eacute; serait atteinte par des m&eacute;thodes sp&eacute;cifiques pour la production de la v&eacute;rit&eacute;, car ce ne serait plus une r&eacute;v&eacute;lation donn&eacute;e par Dieu, mais d&eacute;couverte par les hommes, et l&#39;une des principales m&eacute;thodes pour un tel but &eacute;tait la rationalit&eacute; scientifique. Dans un sch&eacute;ma de visibilit&eacute; totale exig&eacute;e par la modernit&eacute; (sur les actes politiques, sur le fonctionnement de la nature et sur le fonctionnement des corps), la science r&eacute;pondrait parfaitement &agrave; cette requ&ecirc;te.</p> <h1 class="texte">Le projet de la psychologie par rapport &agrave; la modernit&eacute;</h1> <p class="texte">Dans le cas de cet article, la psychologie aurait pour t&acirc;che de d&eacute;m&ecirc;ler les secrets qui feraient que la conscience abuse la raison ou explique les actes humains incompr&eacute;hensibles par une logique rationnelle.</p> <p class="texte">Dans ce raisonnement, on peut affirmer que la probl&eacute;matique apport&eacute;e par la modernit&eacute; gravite autour d&rsquo;un combat entre un &Eacute;tat despotique et domin&eacute; par la religion et un &Eacute;tat la&iuml;c organis&eacute; autour de nouvelles rationalit&eacute;s scientifiques et politiques du gouvernement&nbsp;: les rationalit&eacute;s de ce que l&rsquo;on trouve dans la visibilit&eacute; de la mati&egrave;re et de la libert&eacute; humaine.</p> <p class="texte">Mais il y a eu aussi quelques probl&egrave;mes tout au long de ce processus. Cette visibilit&eacute; totale cherch&eacute;e par ce sujet moderne aurait en soit deux caract&eacute;ristiques ou voire m&ecirc;me deux volets oppos&eacute;s&nbsp;: un volet positif ou &eacute;mancipateur, lorsqu&#39;il rendrait explicites les m&eacute;andres r&eacute;pressifs de l&#39;absolutisme&nbsp;; la coercition de la foi aveugle&nbsp;; quand il illumine les centres de pouvoir et garantit la visibilit&eacute; des d&eacute;cisions&nbsp;; &quot;quand il s&#39;agit de regarder la nature pour &eacute;tablir une relation fraternelle avec elle&quot; [...] &quot;quand cela signifie que le monde des choses est sous la juridiction de la science et de la technique&quot; (Rouanet, 1988, p.&nbsp;138). Et il y a aussi un volet r&eacute;pressif, lorsqu&rsquo;il pr&eacute;suppose la disparition de toutes les niches de l&#39;intimit&eacute; personnelle, l&#39;extinction des fronti&egrave;res entre les sph&egrave;res publiques et priv&eacute;es&nbsp;; quand cela signifie regarder la nature comme un objet d&#39;exploitation et de domination, lorsque la science et la technique sont &eacute;tendues au monde des relations humaines, en l&#39;exposant &agrave; un regard objectif qui l&#39;assimile au monde des choses&nbsp;; quand l&#39;illumination fonctionne pour effacer les foyers de r&eacute;sistance au pouvoir r&eacute;pressif et pour fournir des instruments pour contr&ocirc;ler les hommes.</p> <p class="texte">Comme le souligne Foucault (1979), &agrave; partir du XVIII<sup>e</sup> si&egrave;cle, la construction d&rsquo;un syst&egrave;me de contr&ocirc;le &laquo;&nbsp;plus fort&nbsp;&raquo; s&rsquo;est av&eacute;r&eacute; n&eacute;cessaire o&ugrave; la capacit&eacute; de pratiquer une analyse plus individualisante et exhaustive du corps social. Donc, ce qui aurait en principe un caract&egrave;re &eacute;mancipateur rendrait plus efficace le processus que Foucault (2008) a appel&eacute; la gouvernementalisation de la vie.</p> <p class="texte">Il y avait donc l&#39;id&eacute;e que les Lumi&egrave;res apporteraient la lib&eacute;ration de l&#39;Homme des pi&egrave;ges d&rsquo;un pouvoir transcendant et en plus qu&rsquo;il serait capable de d&eacute;cider sous quelles formes de vie et de gouvernement il voudrait &ecirc;tre. Il y avait une lutte claire contre les formes de domination par la force de la monarchie absolutiste, contre la domination religieuse et contre la barbarie et la sauvagerie. Ce que le projet de modernit&eacute; exigeait, ou du moins mettait &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve, &eacute;taient les trois formes de domination et d&#39;exercice du pouvoir, c&rsquo;est-&agrave;-dire le pouvoir politique, &eacute;conomique et celui du savoir. Le pouvoir politique exerc&eacute; par l&#39;&eacute;glise et par la noblesse d&eacute;cadente, l&#39;&eacute;conomique par la noblesse et par une bourgeoisie qui, &agrave; son tour, exigeaient leur participation et connaissance par l&#39;&eacute;glise. Le projet moderne exigeait l&#39;ouverture de ces monopoles&nbsp;: la politique pour l&#39;exercice du peuple au pouvoir, la d&eacute;mocratie sous la forme du contrat social, la connaissance organis&eacute;e par des institutions &eacute;tatiques ou des institutions la&iuml;ques. Et enfin l&#39;&eacute;conomie aurait un mod&egrave;le bas&eacute; sur le pouvoir politique de l&#39;Etat, r&eacute;sultant ainsi de la soci&eacute;t&eacute; organis&eacute;e.</p> <p class="texte">Cependant, ces propositions ont produit paradoxalement la reconstitution d&#39;un &Eacute;tat soutenu par des normes abstraites (lois) et ainsi l&#39;&Eacute;tat est devenu&nbsp;: premi&egrave;rement, une machine pr&eacute;tendument sans rapport avec des int&eacute;r&ecirc;ts personnels mais qui devrait g&eacute;rer et contr&ocirc;ler la population&nbsp;; deuxi&egrave;mement, il devrait interf&eacute;rer le moins possible sur le march&eacute; formel&nbsp;; troisi&egrave;mement, il devrait contr&ocirc;ler et encourager la production de connaissances, en particulier celles li&eacute;es &agrave; la population et au bien commun.</p> <p class="texte">&Agrave; la suite de cette abstraction sous laquelle le jeu des int&eacute;r&ecirc;ts &eacute;tatiques &eacute;tait cach&eacute;, on a vu une utilisation de la machine d&#39;&Eacute;tat pour fournir des int&eacute;r&ecirc;ts priv&eacute;s, car le contrat social n&#39;&eacute;tait pas r&eacute;alis&eacute; puisque la d&eacute;mocratie repr&eacute;sentative cr&eacute;e une diff&eacute;rence in&eacute;vitable entre ceux qui repr&eacute;sentent et ceux qui sont repr&eacute;sent&eacute;s, ceux qui commandent et ceux qui sont command&eacute;s. Le march&eacute;, dans ce contexte, a n&eacute;goci&eacute; des interventions de l&#39;&Eacute;tat (qui sont d&eacute;sormais une cl&eacute; fondamentale de la production de monopoles) et du domaine public, ce qui peut donc d&eacute;boucher ouvertement sur l&#39;exploitation du travail et l&#39;accumulation de biens. Et enfin, la connaissance que dans le projet moderne viserait &agrave; cr&eacute;er de bonnes conditions pour le fonctionnement de l&#39;&Eacute;tat, est devenue partie d&#39;un dispositif de gouvernement de la population qui flotte dans les jeux de pouvoir et d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;ts.</p> <p class="texte">Ainsi, analytiquement, on peut dire qu&#39;il n&rsquo;y a pas alliance de l&#39;&Eacute;tat avec une psychologie ou m&ecirc;me une science qui produit une connaissance la&iuml;que du monde, qui permet &agrave; l&#39;homme d&#39;agir et de parler sans interdit, cherchant la cr&eacute;ation de technologies pour surmonter les questions humanitaires, en r&eacute;alisant ainsi l&#39;intention initiale de la science moderne. Au contraire, il existe une alliance avec une science psychologique qui tient &agrave; l&#39;arrogance de la neutralit&eacute; et &agrave; la foi aveugle dans ses m&eacute;thodes, qui finit par devenir servile au capital et aux int&eacute;r&ecirc;ts de groupes sociaux particuliers. Il s&rsquo;agit d&rsquo;un id&eacute;al de pratique psychologique ambigu puisqu&#39;il est &eacute;mancipateur. Il &eacute;teint les fronti&egrave;res entre le public et le priv&eacute; et &eacute;tend ses techniques au monde des relations humaines. En outre, la proposition d&#39;auto-r&eacute;alisation illustr&eacute;e de l&#39;individu, de sa d&eacute;centralisation aux normes, de son droit &agrave; la critique et au jugement en tant qu&#39;&ecirc;tre humain universel, ne conduit pas &agrave; l&#39;&eacute;claircissement et &agrave; l&#39;&eacute;mancipation, mais au narcissisme et &agrave; l&#39;isolement de l&#39;homme par rapport &agrave; la communaut&eacute; &agrave; laquelle il appartient. De plus, il privatise l&#39;espace public en le rendant otage des int&eacute;r&ecirc;ts priv&eacute;s du march&eacute;.</p> <h1 class="texte">Les derniers changements historiques</h1> <p class="texte">Mais si jusqu&#39;aux ann&eacute;es 1990 nous pouvions critiquer une psychologie br&eacute;silienne qui frise le d&eacute;sastre pour avoir flirt&eacute; aveugl&eacute;ment avec une pr&eacute;tendue neutralit&eacute; scientifique, dans le contexte historique actuel, elle a &eacute;t&eacute; la cible constante d&#39;attaques d&#39;int&eacute;r&ecirc;ts priv&eacute;s qui se cachent dans un combat pour le retour &agrave; une normativit&eacute; pr&eacute;-moderne ou religieuse qui, &agrave; la rigueur d&#39;une r&eacute;flexion moderne, ne pourrait pas faire l&#39;objet d&#39;une discussion politique ni publique puisque la croyance et le sacr&eacute; traitent de sujets personnels et devraient &ecirc;tre restreints &agrave; la sph&egrave;re priv&eacute;e.</p> <p class="texte">Mais comment cela se produit-il&nbsp;? Hannah Arendt (1972), en r&eacute;fl&eacute;chissant sur la soci&eacute;t&eacute; grecque, peut aider dans ces domaines. Pour l&#39;auteure, quatre points peuvent &ecirc;tre mis en &eacute;vidence.</p> <p class="texte">D&#39;abord, on peut dire que l&#39;id&eacute;e de monde, remplac&eacute;e par celui de l&#39;univers, enlevait aux sujets la condition d&#39;exercer le <em>pe&iacute;thein</em> ou le discours convaincant o&ugrave;, pour les anciens, l&#39;excellence de la politique se r&eacute;alisait. Maintenant, les lois rationnelles et universelles d&eacute;cident pour le citoyen. Dans le m&ecirc;me sens, cette rationalit&eacute; s&#39;interpose entre les &ecirc;tres humains en &eacute;liminant leurs relations, leurs possibilit&eacute;s de contact qui conduiraient &agrave; cr&eacute;er de nouvelles sociabilit&eacute;s.</p> <p class="texte">Deuxi&egrave;mement, on souligne la fin des principes &eacute;thiques universels. Ces principes, contrairement &agrave; une rationalit&eacute; g&eacute;n&eacute;rale, avaient un caract&egrave;re concret et &eacute;taient des moyens de se relationner, ce qui avait &eacute;t&eacute; convenu entre les sujets d&#39;une action dans un groupe donn&eacute;, et n&rsquo;&eacute;taient pas seulement les directions fournies par des rationalit&eacute;s vides. Cette forme de rationalit&eacute; a transform&eacute; ce qui serait bas&eacute; sur une attitude &eacute;thique en quelque chose de simple, li&eacute;e &agrave; la v&eacute;rification de l&#39;utilit&eacute; pour ceux qui sont int&eacute;ress&eacute;s par un contrat, une loi, une norme. C&rsquo;est-&agrave;-dire, quelque chose qui essaie de r&eacute;guler la relation entre les citoyens et le monde d&#39;une mani&egrave;re autoritaire et sans l&#39;opinion et l&#39;accord de tous les membres d&#39;une soci&eacute;t&eacute;.</p> <p class="texte">Troisi&egrave;mement, on peut signaler la ruine provoqu&eacute;e, tant dans l&#39;espace public que dans le monde priv&eacute;, par le lib&eacute;ralisme et le totalitarisme. Selon Arendt (1972), pour les anciens Grecs, seules les questions d&#39;int&eacute;r&ecirc;t strictement collectif devraient &ecirc;tre bas&eacute;es sur le monde politique ou sur l&#39;espace de la <em>polis</em>, comme juger un crime, investir les ressources de la ville, ne pas commencer une guerre, etc. &Agrave; son tour, les questions d&#39;ordre individuel ou qui concernaient la survie de l&#39;individu ou de sa famille, l&#39;&eacute;ducation des enfants, l&#39;entretien de la maison ou, en un mot, l&#39;&eacute;conomie, devaient se limiter &agrave; la maison. L&#39;&eacute;conomie pour les Grecs anciens rassemblait le terme <em>oikonomia</em>, qui signifiait l&#39;administration (<em>nomia</em>) de la maison (<em>oikos</em>), ou gouvernement de la maison, un champ de la vie humaine qui ne devrait donc jamais &ecirc;tre une question du monde politique, parce qu&rsquo;il s&rsquo;agit des int&eacute;r&ecirc;ts non-collectifs.</p> <p class="texte">Aujourd&#39;hui, il y a une inversion de ces hypoth&egrave;ses parce que l&#39;Etat serait concern&eacute; par ce qui a &eacute;t&eacute; naturalis&eacute; &agrave; l&#39;une de ses principales pr&eacute;occupations&nbsp;: les questions d&#39;ordre &eacute;conomique. Ainsi, ce qui, pour les anciens, ne concernait qu&#39;une juridiction priv&eacute;e, serait d&#39;int&eacute;r&ecirc;t public ou politique. Donc, on regarde la ruine de l&#39;espace public, r&eacute;alis&eacute;e &agrave; partir de sa privatisation, de telle fa&ccedil;on que l&#39;&Eacute;tat d&eacute;sormais est guid&eacute; par des int&eacute;r&ecirc;ts particuliers ou des groupes sp&eacute;cifiques. Ceci est bien visible dans la politique actuelle du Br&eacute;sil au travers de ce qui a &eacute;t&eacute; accompli en tant que groupes d&#39;int&eacute;r&ecirc;t de certains partisans, quelque chose qui va au-del&agrave; des int&eacute;r&ecirc;ts des partis d&eacute;j&agrave; fragment&eacute;s&nbsp;: des &laquo;&nbsp;tribunes th&eacute;matiques&nbsp;&raquo;. Ceux-ci r&eacute;unissent des repr&eacute;sentants des partis les plus divers autour d&#39;un th&egrave;me commun et non pour une pr&eacute;rogative ou id&eacute;ologie partisane, par exemple, on a la tribune &eacute;vang&eacute;lique, la tribune de la balle, les ruralistes, etc. Dans ce lieu, les personnalit&eacute;s politiques commencent &agrave; n&eacute;gocier des actions en fonction des int&eacute;r&ecirc;ts personnels du groupe qu&#39;ils repr&eacute;sentent, non pour l&#39;int&eacute;r&ecirc;t du public, personnifi&eacute; au Br&eacute;sil par sa constitution, g&eacute;n&eacute;rant ainsi une machine d&#39;Etat intoxiqu&eacute;e et corrompue.</p> <h1 class="texte">La la&iuml;cit&eacute; de la psychologie et la pulv&eacute;risation de l&rsquo;espace publique</h1> <p class="texte">La ruine de l&#39;espace priv&eacute; se produirait en deux aspects&nbsp;: dans le changement de sa fonction qui, avant, portait sur la survie de l&#39;esp&egrave;ce, de lutte pour la vie, arrive &agrave; &ecirc;tre d&#39;intimit&eacute;, psychologique, dans un enchev&ecirc;trement infini &agrave; la recherche d&rsquo;un moi perdu, et de la place sociale perdue, dans lesquels il peut &ecirc;tre exprim&eacute; avec authenticit&eacute;, en &eacute;loignant ainsi, encore plus cet homme de la soci&eacute;t&eacute;, en cr&eacute;ant des ghettos et en l&#39;enfermant dans la famille et comme la cible d&#39;un Etat expropri&eacute; de ses fonctions politiques qui ne restent que sa condition d&#39;Assistance et de Contr&ocirc;le Social. Cet &Eacute;tat, identifi&eacute; comme une simple machine de gestion ou de gouvernement de la population, serait susceptible de harc&egrave;lements &eacute;conomiques, laissant comme seule fonction, d&#39;effectuer l&#39;administration du &laquo;&nbsp;processus vital, les besoins, les int&eacute;r&ecirc;ts de la soci&eacute;t&eacute; et des individus, et le but de la politique devient la maintenance de la vie et la pr&eacute;servation des int&eacute;r&ecirc;ts plut&ocirc;t que la libert&eacute; en tant que ph&eacute;nom&egrave;ne politique&nbsp;&raquo; (Arendt, 1972, 277). En ce sens, c&#39;&eacute;tait le lien entre la politique et la survie de l&#39;esp&egrave;ce, avec le processus vital, avec la vie, &agrave; la place du monde. L&#39;homme dans l&#39;&Eacute;tat moderne est libre de produire des biens, mais pas de faire de la politique. &Ecirc;tre libre aujourd&#39;hui, c&#39;est &ecirc;tre capable d&#39;exprimer sa volont&eacute; int&eacute;rieure (d&eacute;sirs, intentions, sentiments), la libert&eacute; est &agrave; court de politique, elle est entendue comme volont&eacute; libre, un libre-arbitre, une volont&eacute; du sujet.</p> <p class="texte">Dans ce contexte, il y a la substitution des partis et de la politique repr&eacute;sent&eacute;s par l&#39;av&egrave;nement du ph&eacute;nom&egrave;ne des &laquo;&nbsp;tribunes&nbsp;&raquo;. Ceux-ci n&#39;incarnent pas le repr&eacute;sentant politique, mais un individu enti&egrave;rement li&eacute; &agrave; ses vicissitudes personnelles, ses croyances et ses int&eacute;r&ecirc;ts individuels, de sa survie et de son groupe.</p> <p class="texte">C&#39;est aussi dans ces circonstances et motivations qu&rsquo;on situe le ph&eacute;nom&egrave;ne de la lutte pour le retour &agrave; une normativit&eacute; pr&eacute;-moderne, ou religieux, personnifi&eacute;s dans la lutte de ceux qui s&#39;appellent eux-m&ecirc;mes &laquo;&nbsp;psychologues &eacute;vang&eacute;liques&nbsp;&raquo;. Mais pourquoi la religion ou la foi ne devraient-elles pas &ecirc;tre un objet public&nbsp;?</p> <p class="texte">Arendt (1972) r&eacute;pond &agrave; cette question en affirmant que la religion ne peut pas faire l&#39;objet d&#39;un dialogue politique et public car il n&#39;existe aucun moyen de prouver l&#39;existence d&#39;un objet religieux par la culture ou par la foi. De cette fa&ccedil;on, il n&#39;y aurait aucun moyen de prouver rationnellement les questions de foi et l&#39;&Eacute;tat la&iuml;c moderne est encore et toujours bas&eacute; sur la raison. Bien que sur ce sujet, &agrave; la fois la constitution br&eacute;silienne et la d&eacute;claration des droits de l&#39;Homme, affirment explicitement leur permission, bas&eacute;e sur la croyance dans l&#39;humanisme et le sens de la tol&eacute;rance &agrave; l&#39;autre, de l&#39;&ecirc;tre humain moderne. Indirectement, au Br&eacute;sil le r&eacute;sultat a &eacute;t&eacute; une lutte acharn&eacute;e pour les espaces publics, soit physiques, soit de la repr&eacute;sentation politique, ainsi que la profanation de niches religieuses de la matrice africaine, l&#39;expansion dans l&#39;espace public de l&#39;impulsion agressive contre la population des LGBTTT (lesbiennes, gays, bisexuels, travestis, transsexuels et transgenres) et la r&eacute;affirmation l&eacute;gale du mod&egrave;le familial h&eacute;t&eacute;rosexuel.</p> <p class="texte">La psychologie est reconnue comme une profession depuis 1962 par l&#39;&Eacute;tat br&eacute;silien et a le Conseil R&eacute;gional de Psychologie en tant qu&#39;organe de classe charg&eacute; de produire les lignes directrices et de superviser l&rsquo;activit&eacute; de ses membres. Elle &eacute;merge comme une profession au Br&eacute;sil avec une pratique bas&eacute;e sur des pr&eacute;ceptes scientifiques de la psychologie exp&eacute;rimentale et du comportementalisme, mais au milieu des ann&eacute;es 1970, elle subit beaucoup d&#39;influence de la psychanalyse, de la pens&eacute;e marxiste et de l&#39;analyse institutionnelle, culminant dans les ann&eacute;es 1980 avec un projet d&rsquo;une profession bas&eacute;e sur la valorisation de son engagement social, avec des lignes directrices visant &agrave; la fois &agrave; offrir un service de psychologie de qualit&eacute; et &agrave; r&eacute;fl&eacute;chir sur les effets et les possibilit&eacute;s d&#39;am&eacute;lioration des institutions et des espaces sociaux. Dans ce cadre seraient les pr&eacute;rogatives de la r&eacute;solution 001/99, qui stipulent que &laquo;&nbsp;les psychologues ne m&egrave;neront aucune action qui favorise la pathologisation des comportements ou des pratiques homo&eacute;rotiques, ni adopteront une action coercitive tendant &agrave; guider les homosexuels pour des traitements non sollicit&eacute;s&nbsp;&raquo;. En ce sens, le psychologue, en tant que repr&eacute;sentant d&#39;une telle instance d&eacute;l&eacute;gu&eacute;e par l&#39;Etat, doit remplir certaines pr&eacute;rogatives.</p> <p class="texte">Cependant, la plupart des espaces de pratiques gouvernementales (conseils de classes, conseils ex&eacute;cutifs et syst&egrave;mes judiciaires) cens&eacute;s &ecirc;tre la&iuml;cs, &eacute;taient de plus en plus occup&eacute;s par des personnes ayant des int&eacute;r&ecirc;ts religieux sp&eacute;cifiques. Et les psychologues professionnels qui professent certaines religions, ont utilis&eacute; des proc&eacute;dures l&eacute;gales pour ins&eacute;rer leurs lignes directrices. Il est important de rappeler que des d&eacute;bats et des consultations ont eu lieu avec des psychologues au cours du processus de construction de cette r&eacute;solution. Des &eacute;lections r&eacute;guli&egrave;res ont &eacute;galement lieu dans lesquelles les psychologues &eacute;vang&eacute;liques ont propos&eacute; leurs plaques, mais dans aucune circonstance, ils n&rsquo;ont obtenu la majorit&eacute;. Face &agrave; cela, ces professionnels ont pr&eacute;f&eacute;r&eacute; r&eacute;aliser des formes d&rsquo;affrontements&nbsp;pervers par des revendications chez les repr&eacute;sentants des organes juridiques qui professent leur m&ecirc;me foi religieuse, afin qu&#39;ils puissent mener &agrave; bien leurs pratiques.</p> <p class="texte">Ces professionnels se fondent sur un discours pr&eacute;tendument lib&eacute;ral, qu&#39;ils devraient &ecirc;tre libres d&#39;&eacute;tablir des contrats de travail et que le client est libre de chercher la gu&eacute;rison suppos&eacute;e, ou, comme ils disent, &laquo;&nbsp;une aide professionnelle&nbsp;&raquo;. Cependant, les relations homo-affectives ne sont pas dans la liste des maladies de l&#39;OMS, il y a pr&egrave;s de 30 ans d&eacute;j&agrave;, ne se configurant donc pas comme une psychopathologie. De plus, aucune &eacute;tude ou technique scientifique n&rsquo;a &eacute;t&eacute; test&eacute;e et approuv&eacute;e permettant d&rsquo;exercer de telles pratiques, les rendant non fiables, au-del&agrave; du retard culturel/social de cette conception.</p> <p class="texte">Ce que ce sujet soul&egrave;ve ne dit pas ce qu&rsquo;il en est des pr&eacute;rogatives rationnelles, mais aborde les pr&eacute;ceptes culturels ou religieux impliqu&eacute;s dans les jeux de pouvoir et le mode de gouvernement &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre. Ce que vise un tel groupe de psychologues, c&#39;est d&rsquo;avancer politiquement dans le sens de construire un monde restreint &agrave; ce que leur foi religieuse r&eacute;clame. Cependant, cette forme de monde reprend une supr&eacute;matie de forme soci&eacute;tale excluante qui consid&egrave;re comme pathologique le mode de vie d&#39;une grande partie de la population.</p> <p class="texte">La gu&eacute;rison gay par la psychologie est une action politique ou une strat&eacute;gie gouvernementale qui cherche &agrave; s&#39;approprier un domaine de la science ou une connaissance rationnelle, et qui aurait donc une plus grande cr&eacute;dibilit&eacute; sociale, pour imposer une fa&ccedil;on de &laquo;&nbsp;porter&nbsp;&raquo; des corps ou simplement imposer une fa&ccedil;on de gouverner. Pourtant, s&#39;il s&#39;agit bien d&#39;une forme de gouvernance et l&rsquo;<em>Aufkl&auml;rung</em>, le concept de base du projet moderne qui consisterait en une lecture foucaldienne de l&#39;art de ne pas &ecirc;tre gouvern&eacute; (Foucault, 1990), impose sans doute revenir aux pr&eacute;ceptes modernes.</p> <p class="texte">Face &agrave; un tel contexte, il est urgent d&rsquo;&eacute;lever des r&eacute;flexions centrant le d&eacute;bat sur les anciennes pr&eacute;rogatives des r&eacute;publiques la&iuml;ques et d&eacute;mocratiques pr&eacute;vues dans les id&eacute;es modernes. Si, durant les ann&eacute;es 1960 et 1970, on a pari&eacute; sur le d&eacute;passement du projet moderne par ce qu&#39;il appelait la postmodernit&eacute; et ses variations, un demi-si&egrave;cle plus tard, manifestement impr&eacute;gn&eacute; du ressort critique de la violence de la raison instrumentale (Habermas, 1989) et du savoir rationnel qui sert &agrave; biaiser ou &agrave; supplanter les d&eacute;bats politiques, il faudrait reprendre la critique moderne de la relation entre la science, la religion, l&#39;Etat et les pr&eacute;rogatives d&rsquo;une la&iuml;cit&eacute; r&eacute;publicaine.</p> <p class="bibliographie">Habermas, J.&nbsp;<em>Teoria do Agir Comunicativo</em>. Rio de Janeiro&nbsp;: Tempo Brasileiro, 1989.</p> <p class="bibliographie"><span lang="en" xml:lang="en">Kant,&nbsp;I. </span><em><span lang="en" xml:lang="en">A Metafisica dos Costumes.</span></em><span lang="en" xml:lang="en"> </span>Tradu&ccedil;&atilde;o de Edson Bini. Bauru&nbsp;: Edipro, 2003.</p> <p class="bibliographie">Rouanet, S.P. O olhar iluminista. <span lang="en" xml:lang="en">In: Novaes,&nbsp;A.&nbsp;</span><em><span lang="en" xml:lang="en">O olhar.</span></em><span lang="en" xml:lang="en"> </span>S&atilde;o Paulo&nbsp;: Schwarcz, 1988.</p> <p class="bibliographie"><span lang="en" xml:lang="en">Adorno,&nbsp;T., Horkheimer, M.&nbsp;</span><em><span lang="en" xml:lang="en">Dial&eacute;tica do Esclarecimento&nbsp;: fragmentos filos&oacute;ficos</span></em><span lang="en" xml:lang="en">. </span>Tradu&ccedil;&atilde;o Guido Antonio de Almeida. Rio de Janeiro&nbsp;: Zahar, 1985.</p> <p class="bibliographie">Arendt,&nbsp;H. <em>La breche entre le pass&eacute; et le futur. </em>Pr&eacute;face &agrave; La crise de la culture. Paris&nbsp;: Gallimard, 1972.</p> <p class="bibliographie">Foucault,&nbsp;M.&nbsp;<em>Qu&rsquo;est-ce que la Critique&nbsp;</em>? Bulletin de la Soci&eacute;t&eacute; Fran&ccedil;aise de Philosophie, Paris, n.2, p.&nbsp;35‑63, 1990.</p> <p class="bibliographie">Foucault,&nbsp;M.&nbsp;<em>Seguran&ccedil;a, territ&oacute;rio, popula&ccedil;&atilde;o</em>&nbsp;: curso dado no Coll&egrave;ge de France (1977‑1978). Tradu&ccedil;&atilde;o Eduardo Brand&atilde;o. S&atilde;o Paulo&nbsp;: Martins Fontes, 2008.</p>