<p class="epigraphe"><strong>SOMMAIRE</strong></p> <p><strong>Introduction</strong></p> <p><strong>L&rsquo;autisme m&eacute;dio-administratif statistique</strong></p> <p><strong>Concept de satisfaction subjectif du malade</strong></p> <p><strong>La notion de &laquo;&nbsp;pr&eacute;sence au c&oelig;ur du soin&nbsp;&raquo;</strong></p> <p class="epigraphe">De l&rsquo;autisme m&eacute;dico-administratif statistique, au socle d&rsquo;un syst&egrave;me de sant&eacute; en perdition, &agrave; l&rsquo;analyse d&rsquo;un concept statistique de satisfaction subjective du malade, pour s&rsquo;ouvrir &agrave; la notion de &laquo;&nbsp;La pr&eacute;sence au c&oelig;ur du soin&nbsp;&raquo;<br /> &laquo;&nbsp;La voix de ce qui est plus grave que le sang des hommes, plus inqui&eacute;tant que leur pr&eacute;sence sur terre&nbsp;: la possibilit&eacute; infinie de leur destin&nbsp;&raquo;<br /> Malraux &ndash; L&rsquo;espoir</p> <h1 class="texte">Introduction</h1> <p class="texte">Dans un premier article&nbsp;(1), il avait &eacute;t&eacute; d&eacute;velopp&eacute; le support conceptuel d&rsquo;une d&eacute;monstration chronologique visant &agrave; prouver que le d&eacute;veloppement de la techno-m&eacute;decine avait entrain&eacute; une profonde rupture du lien de relation qui avait exist&eacute; depuis toujours entre le soignant et le soign&eacute;. Cet &eacute;loignement dans le contact de proximit&eacute; et la menace dans la qualit&eacute; de la relation qu&rsquo;il entraine avait &eacute;t&eacute; favoris&eacute; par un processus de virtualit&eacute; grandissante au point qu&rsquo;il avait &eacute;t&eacute; &eacute;voqu&eacute; dans cette publication la notion de &laquo;&nbsp;la transparence de l&rsquo;homme, par la transparence du corps&nbsp;&raquo;.</p> <p class="texte">Par le d&eacute;veloppement des sciences de l&rsquo;informatique et du num&eacute;rique venant impacter l&rsquo;imagerie m&eacute;dicale, la connaissance de la maladie de l&rsquo;organe est devenu imag&eacute;e et non plus relationnelle. Il &eacute;tait alors avanc&eacute; que la puissance mise en action par le renversement de la courbe d&eacute;mographique de la population vieillissante pouvait &ecirc;tre une v&eacute;ritable chance pour la m&eacute;decine moderne de savoir revenir &agrave; la gestion d&rsquo;une pens&eacute;e complexe sachant prendre en compte, en un m&ecirc;me temps et en un m&ecirc;me lieu, les dimensions m&eacute;dico-psycho-sociales d&rsquo;une personne malade, vieillissante et poly pathologique chronique.</p> <p class="texte">Dans un deuxi&egrave;me article&nbsp;(2), il avait &eacute;t&eacute; &eacute;tudi&eacute; la r&eacute;alit&eacute; de la d&eacute;liquescence de ce lien entre le soignant et le soign&eacute;. En citant les &eacute;checs successifs des textes d&rsquo;applications de r&eacute;f&eacute;rences qui se sont succ&eacute;d&eacute;s les uns apr&egrave;s les autres au Minist&egrave;re de la sant&eacute;, l&rsquo;article signait ici le constat d&rsquo;une rare na&iuml;vet&eacute; que celle de vouloir humaniser les pratiques m&eacute;dicales, tant hospitali&egrave;res qu&rsquo;extra hospitali&egrave;res, par injonctions &agrave; partir de textes applicatifs. Devant &laquo;&nbsp;cette absence&nbsp;&raquo; qui envahissait l&rsquo;espace de soin d&rsquo;une cynique indiff&eacute;rence, il avait &eacute;t&eacute; &eacute;voqu&eacute; l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;approfondir la piste d&rsquo;un mot-concept qui pourrait se rapprocher de barbare pour un grand nombre d&rsquo;entre nous.</p> <p class="texte">&laquo;&nbsp;La Pr&eacute;sence&nbsp;&raquo;, ne serait-elle pas &agrave; savoir retrouver et appliquer au c&oelig;ur du soin&nbsp;?</p> <p class="texte">Pr&eacute;sentement, l&rsquo;analyse de l&rsquo;organisation statistique des pratiques de soins va &ecirc;tre ici pr&eacute;sent&eacute;e comme &eacute;tant un autre risque &agrave; savoir d&eacute;signer, car signalement du choix moral de la primaut&eacute; du collectif qui s&rsquo;impose &laquo;&nbsp;de facto&nbsp;&raquo; &agrave; la personne. Qui d&rsquo;entre nous ici, cher lecteur, est dispos&eacute; &agrave; renoncer sereinement &agrave; la sp&eacute;cificit&eacute; de sa personne au profit d&rsquo;un collectif &agrave; d&eacute;terminations statistiques&nbsp;?</p> <p class="texte">Il sera abord&eacute; en un deuxi&egrave;me point un &eacute;clairage sur l&rsquo;analyse des bases sur lesquelles reposent actuellement l&rsquo;&eacute;valuation de &laquo;&nbsp;la qualit&eacute; de vie en secteur de la sant&eacute;&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est devant la fragilit&eacute; subjective de ces m&eacute;thodes qu&rsquo;en un troisi&egrave;me temps sera abord&eacute; la notion de &laquo;&nbsp;Pr&eacute;sence aux soins&nbsp;&raquo;, et ce qu&rsquo;elle pourrait avoir d&rsquo;essentiel pour l&rsquo;avenir de chaque &ecirc;tre humain mis en dynamique de soin.</p> <p class="texte">L&rsquo;auteur souhaite ici faire partager son intuition du fait que la notion de &laquo;&nbsp;Pr&eacute;sence&nbsp;&raquo; travaill&eacute;e, retrouv&eacute;e et appliqu&eacute;e au c&oelig;ur du soin pourrait venir servir de levier de force &agrave; une meilleurs qualit&eacute; subjective des soins, s&rsquo;opposant frontalement au projet de perte de sens dans lequel la m&eacute;decine d&rsquo;aujourd&rsquo;hui s&rsquo;enfonce, complice qu&rsquo;elle est de sa perte.</p> <h3 class="texte">L&rsquo;autisme m&eacute;dio-administratif statistique</h3> <p class="texte">L&rsquo;autisme est bien devenu une maladie collective qui vient toucher de nos jours jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;institution publique, l&rsquo;administration et l&rsquo;organisation de la sant&eacute;. Dans l&rsquo;introduction de leur livre&nbsp;(3), Anne REVAH-LEVY et Laurence VERNEUIL, toutes deux professeurs de m&eacute;decine et chefs de services hospitaliers nous disent &laquo;&nbsp;T&eacute;l&eacute;vision, radio, presse &eacute;crite ne manquent pas de mettre en &eacute;vidence les impasses de notre syst&egrave;me de sant&eacute;. Erreurs de gestion, r&eacute;ductions de lits, plans de retour &agrave; l&rsquo;&eacute;quilibre intenables, manque de personnel, &eacute;quipes &eacute;puis&eacute;es, discriminations r&eacute;gionales devant l&rsquo;offre de soins&hellip; L&rsquo;h&ocirc;pital est en train de broyer les soignants, y compris les m&eacute;decins. Ces acteurs de sant&eacute; n&rsquo;y arrivent plus, ils subissent des mod&egrave;les de gestion qui sont par endroits intenables, et la d&eacute;solation grandit&hellip; on nous a impos&eacute; une vision entrepreneuriale de l&rsquo;h&ocirc;pital, les soins et les patients sont des marchandises&hellip;ce qui existe dans les h&ocirc;pitaux n&rsquo;est pas de la m&eacute;decine, c&rsquo;est de la distribution plus ou moins r&eacute;ussi de traitements qu&rsquo;on compte pour ce qu&rsquo;ils rapportent &agrave; l&rsquo;h&ocirc;pital.&nbsp;&raquo;</p> <p class="texte">Confucius disait d&eacute;j&agrave;&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;Le pi&egrave;tre m&eacute;decin soigne la maladie, le bon m&eacute;decin soigne le malade, le grand m&eacute;decin soigne la soci&eacute;t&eacute;&nbsp;&raquo;&nbsp;(4).</p> <p class="texte">Publi&eacute; au sein de la collection &laquo;&nbsp;Evaluation et statistiques (Masson), Bernard Grenier a publi&eacute; un ouvrage intitul&eacute; &laquo;&nbsp;Evaluation de la d&eacute;cision m&eacute;dicale&nbsp;; Introduction &agrave; l&rsquo;analyse m&eacute;dico-&eacute;conomique&nbsp;&raquo;&nbsp;(5).</p> <p class="texte">Il y est fait &eacute;tat d&rsquo;un conflit entre deux morales&nbsp;:</p> <p class="texte">&laquo;&nbsp;Le conflit est manifeste entre deux rationalit&eacute;s&nbsp;: celle qui ob&eacute;it &agrave; une philosophie dite &laquo;&nbsp;t&eacute;l&eacute;ologique&nbsp;&raquo; o&ugrave; le r&eacute;sultat mesure la valeur de toute action, et celle de la tradition hippocratique dite &laquo;&nbsp;d&eacute;ontologique&nbsp;&raquo; qui refuse de d&eacute;river la loi morale d&rsquo;une notion pragmatique du Bien.</p> <p class="texte">La philosophie d&eacute;ontologique est d&eacute;finie dans les termes de l&rsquo;enseignement de Kant&nbsp;: <em>Agis toujours de telle sorte que tu puisses &eacute;riger la maxime de ton action en loi universelle. Agis toujours de telles sortes que tu traites l&rsquo;humanit&eacute; dans ta personne aussi bien qu&rsquo;en la personne d&rsquo;autrui comme une fin et non pas un moyen.&nbsp;&raquo;.</em></p> <p class="texte">La doctrine li&eacute;e &agrave; la philosophie t&eacute;l&eacute;ologique est bas&eacute;e sur une doctrine cons&eacute;quentielle qui, contrairement &agrave; la tradition hippocratique, donne acc&egrave;s &agrave; la mesure des r&eacute;sultats observables et quantifiables &laquo;&nbsp;a post&eacute;riori&nbsp;&raquo;. Notons avec Bernard Grenier que la philosophie d&eacute;ontologique est une morale de la motivation et donc une morale de &laquo;&nbsp;l&rsquo;a priori&nbsp;&raquo; qui est, par nature, subjective et inaccessible &agrave; l&rsquo;observation.</p> <p class="texte">On comprend mieux l&rsquo;attrait d&rsquo;une morale cons&eacute;quentialiste au sein de la culture scientifique, &eacute;conomique/financi&egrave;re et pragmatique d&rsquo;aujourd&rsquo;hui, sans partage aucun qu&rsquo;elle se confirme avec d&rsquo;autres morales car, de principe, la&iuml;que et loin des r&eacute;f&eacute;rences du transcendant.</p> <p class="texte">L&rsquo;auteur de cet ouvrage note au passage que cette doctrine morale cons&eacute;quentialiste &laquo;&nbsp;qu&rsquo;on ne saurait condamner en soi&nbsp;&raquo; n&rsquo;en renverse pas moins la base de la morale m&eacute;dicale traditionnelle qui est de nature philosophique d&eacute;ontologique.</p> <p class="texte">Pour Bernard Grenier, une telle morale pragmatique n&rsquo;est donc pas condamnable tant que les d&eacute;cisions et les cons&eacute;quences sont simples. Elle devient beaucoup plus discutable, de son point de vue, quand les cons&eacute;quences sont inconnues ou incertaines ou surtout quand elles sont concurrentes ou conflictuelles.</p> <p class="texte">Le malheur, aujourd&rsquo;hui, est bien celui d&rsquo;en &ecirc;tre arriv&eacute; finalement &agrave; ce point ultime, celui de l&rsquo;incompr&eacute;hension, du non-sens et des situations de conflits ouverts.</p> <p class="texte">Anne Fagot-Largeault&nbsp;(6) menant une r&eacute;flexion sur la qualit&eacute; de vie, nous dit que&nbsp;:</p> <p class="texte">&laquo;&nbsp;Pour le cons&eacute;quentiel&hellip; est &eacute;thiquement correcte la conduite d&rsquo;o&ugrave; r&eacute;sulte le maximum de bien et/ou le minimum de mal. Si des int&eacute;r&ecirc;ts individuels entrent en conflit avec l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t g&eacute;n&eacute;ral, on est en droit de maximiser l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t g&eacute;n&eacute;ral&nbsp;; le bien de la communaut&eacute; des &ecirc;tres pensants peut impliquer un minimum de sacrifices individuels. L&rsquo;utilitarisme reconnait la pr&eacute;sence d&rsquo;un dilemme moral&nbsp;; il assume la responsabilit&eacute; de le trancher dans le sens de ce qui est globalement le meilleur ou le moins mauvais. A l&rsquo;inverse, le moraliste &laquo;&nbsp;d&eacute;ontologique&nbsp;&raquo; se tient responsable de sa propre attitude, et non des cons&eacute;quences qu&rsquo;elle a sur l&rsquo;&eacute;tat du monde. Le d&eacute;ontologue ne juge pas que le calcul des avantages soit immoral, mais il se refuse &agrave; subordonner la loi morale &agrave; la notion empirique du bien et du bonheur. La dignit&eacute; de l&rsquo;existence d&rsquo;un sujet moral n&rsquo;est pas un bien n&eacute;gociable. Le d&eacute;ontologue juge qu&rsquo;aucun &ecirc;tre raisonnable ne peut vouloir sacrifier un malade &agrave; un autre. Aucune fin si bonne soit-elle, ne justifie un tel moyen. Le d&eacute;ontologue affiche le principe &eacute;galitaire et humaniste du caract&egrave;re sacr&eacute; de la vie humaine.&nbsp;&raquo;</p> <p class="texte">La morale m&eacute;dicale est donc coinc&eacute;e entre les deux options. Celle de la morale de la quantit&eacute; mesurable des effets d&rsquo;une action jug&eacute;e <em>a posteriori</em>, et celle de la morale de la qualit&eacute; qui s&rsquo;impose &agrave; chaque &ecirc;tre humain pris s&eacute;par&eacute;ment et <em>a priori</em>.</p> <p class="texte">Il est cependant notable de lire chez Anne Fagot-Largeault &laquo;&nbsp;qu&rsquo;&agrave; force de scruter la rationalit&eacute; des QALY, les th&eacute;oriciens de l&rsquo;utilitarisme ont explor&eacute; les limites o&ugrave; il devient &eacute;vident que tout n&rsquo;est pas commensurable. Il est alors &eacute;voqu&eacute; que ceux qui repoussent le cons&eacute;quentialisme en th&eacute;orie, sauf &agrave; s&rsquo;en laver les mains (ce qui arrive), s&rsquo;arrangent pour qu&rsquo;en pratique les cons&eacute;quences de leurs actions ne soient pas trop mauvaises&hellip;&nbsp;&raquo;.</p> <p class="texte">Dans son chapitre &laquo;&nbsp;voies et perspectives de la d&eacute;cision clinique&nbsp;&raquo; de son ouvrage tr&egrave;s scientifique&nbsp;(5), Bernard Grenier donne cependant le ton de ce combat entre ces deux philosophies, disant &laquo;&nbsp;qu&rsquo;il est important que les m&eacute;decins se penchent sur ces probl&egrave;mes en d&eacute;pit de leur caract&egrave;re vraisemblablement insoluble, et sur les bases philosophiques qui les sous-tendent. Ces probl&egrave;mes ne tarderont pas &agrave; se poser de fa&ccedil;on critique, de fa&ccedil;on insistante, aux praticiens, aux g&eacute;rants de la sant&eacute;, &agrave; l&rsquo;ensemble de la soci&eacute;t&eacute;&nbsp;&raquo;</p> <p class="texte">Le paradoxe dans cet ouvrage o&ugrave; il est dit &laquo;&nbsp;que si un m&eacute;decin se pose la question de savoir si son activit&eacute; peut &ecirc;tre assur&eacute;e par un robot&hellip;il faut qu&rsquo;il en soit ainsi&nbsp;&raquo; est bien qu&rsquo;il est dit par ailleurs &laquo;&nbsp;qu&rsquo;il est de n&eacute;cessit&eacute; vitale pour notre soci&eacute;t&eacute; que la r&eacute;f&eacute;rence d&eacute;ontologique, celle du caract&egrave;re sacr&eacute; de la nature humaine et du respect absolu de la vie, reste la r&eacute;f&eacute;rence fondamentale. La civilisation ne peut l&rsquo;abandonner au risque de l&rsquo;effondrement de son sens et de sa survie. La r&eacute;f&eacute;rence utilitariste ne devient acceptable que si la premi&egrave;re est en priorit&eacute;, pr&eacute;sente et respect&eacute;e&nbsp;&raquo;</p> <p class="texte">C&rsquo;est donc au c&oelig;ur m&ecirc;me d&rsquo;un ouvrage faisant &laquo;&nbsp;r&eacute;f&eacute;rences scientifiques&nbsp;&raquo; du monde m&eacute;dical des sciences fondamentales, centr&eacute; qu&rsquo;il est sur l&rsquo;introduction &agrave; l&rsquo;analyse (statistique) m&eacute;dico-administrative de la d&eacute;cision m&eacute;dicale, que l&rsquo;on trouve la plus belle fulgurance en d&eacute;fense de nos th&egrave;ses d&eacute;fendues ici m&ecirc;me.</p> <p class="texte">L&rsquo;autisme statistique aurait-il donc une part de g&eacute;niale intuition&nbsp;?</p> <h1 class="texte">Concept de satisfaction subjectif du malade</h1> <p class="texte">Dans l&rsquo;ouvrage collectif &laquo;&nbsp;M&eacute;decine et sciences humaines, manuel pour les &eacute;tudes m&eacute;dicales&nbsp;&raquo; sous la direction de Jean-Marc Mouillie, C&eacute;line Lef&egrave;ve et Laurent Visier,&nbsp;(7) il est dit que &laquo;&nbsp;La caract&eacute;ristique commune des mesures de sant&eacute; per&ccedil;ue est de pr&eacute;tendre quantifier l&rsquo;impact des maladies ou des diff&eacute;rentes interventions de sant&eacute; sur la vie quotidienne des patients du point de vue des int&eacute;ress&eacute;s eux-m&ecirc;mes. Cette perspective est recherch&eacute;e car de nombreuses &eacute;tudes empiriques ont montr&eacute; que les perceptions des patients d&eacute;terminent, au moins partiellement, l&rsquo;utilisation des services et des traitements et l&rsquo;impact que ceux-ci auront sur leur &eacute;tat de sant&eacute;. L&rsquo;id&eacute;e est que pour mieux soigner le malade, le professionnel de sant&eacute; d&rsquo;aujourd&rsquo;hui ne doit plus seulement le consid&eacute;rer de son point de vue, mais essayer de comprendre le point de vue que le malade a sur lui-m&ecirc;me. Mais la v&eacute;ritable nouveaut&eacute; ne r&eacute;side pas tant dans l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t que portent les professionnels de la sant&eacute; &agrave; la qualit&eacute; de vie de leurs patients que dans leur volont&eacute; d&rsquo;user des instruments de mesure qui permettent de quantifier, conform&eacute;ment &agrave; des r&egrave;gles, cette qualit&eacute; de vie en fonction des r&eacute;ponses des patients recueillies dans des questionnaires standardis&eacute;s.&nbsp;&raquo;</p> <p class="texte">La mesure psychom&eacute;trique de qualit&eacute; de vie li&eacute;e &agrave; la sant&eacute; a donc vu le jour. Les instruments et les questionnaires de qualit&eacute; de vie li&eacute;s &agrave; la sant&eacute; reposent sur un ensemble de descripteurs dont les combinaisons d&eacute;finissent les diff&eacute;rents &eacute;tats entre lesquels chaque sujet est invit&eacute; &agrave; identifier le sien en choisissant une des modalit&eacute;s de r&eacute;ponse propos&eacute;e. Ces questions sont habituellement regroup&eacute;es en dimensions dont &laquo;&nbsp;on pense&nbsp;&raquo; qu&rsquo;ils sont li&eacute;s &agrave; la qualit&eacute; de vie. Dans la perspective de l&rsquo;utilisation des mesures de qualit&eacute; de vie en sant&eacute; publique, l&rsquo;ensemble de ces valeurs peut &ecirc;tre assimil&eacute; &agrave; ce que les &eacute;conomistes appellent &laquo;&nbsp;une fonction de choix social&nbsp;&raquo;.</p> <p class="texte">Il est dit dans cet ouvrage que &laquo;&nbsp;la construction et la validation des &eacute;chelles de qualit&eacute; de vie li&eacute;es &agrave; la sant&eacute; exigent un travail long et difficile qui n&rsquo;est correctement r&eacute;alis&eacute; que dans un petit nombre de cas ... La phase la plus difficile et la plus longue de l&rsquo;&eacute;laboration sont celles du choix des questions et plus g&eacute;n&eacute;ralement l&rsquo;&eacute;tablissement de la validit&eacute; de contenu&hellip;</p> <p class="texte">C&rsquo;est dire &agrave; quel point il est recueilli ici l&rsquo;avis du malade &agrave; partir d&rsquo;une grille pr&eacute;figurative dont la difficult&eacute; a &eacute;t&eacute; d&rsquo;&eacute;laborer le bon choix des questions et la validit&eacute; du contenu.</p> <p class="texte">Cela voudrait dire que ces enqu&ecirc;tes de qualit&eacute; de vie en sant&eacute; seraient directives en enqu&ecirc;te comme en choix applicatifs et destin&eacute;es, non pas &agrave; &eacute;couter le malade, mais bien &agrave; quantifier les r&eacute;ponses d&rsquo;une population donn&eacute;e.</p> <p class="texte">C&rsquo;est ainsi que m&ecirc;me au c&oelig;ur d&rsquo;une d&eacute;marche visant officiellement &agrave; &eacute;valuer la qualit&eacute; de vie subjective d&rsquo;un malade, on se heurte en r&eacute;alit&eacute; une nouvelle fois &agrave; des pratiques directives et statistiques dont il est reconnu que les modalit&eacute;s de conceptions sont difficiles et d&rsquo;application rares.</p> <h1 class="texte">La notion de &laquo;&nbsp;pr&eacute;sence au c&oelig;ur du soin&nbsp;&raquo;</h1> <p class="texte"><strong>Pour celui qui est en formation aujourd&rsquo;hui, la relation de soin est souvent pens&eacute;e &agrave; partir de la notion de distance.</strong> Avant de pouvoir rencontrer le patient et de tisser avec lui une relation, le &laquo;&nbsp;bon professionnel&nbsp;&raquo; doit en effet savoir garder ses distances&nbsp;et g&eacute;rer ses &eacute;motions&nbsp;! La relation appara&icirc;t de nos jours comme une pratique &agrave; risque qui impose de se prot&eacute;ger.</p> <p class="texte"><strong>Mais peut-on r&eacute;ellement soigner sans engager une part de soi-m&ecirc;me&nbsp;?</strong>&nbsp;Ce qui apaise le malade et contient ses angoisses n&rsquo;est-ce pas justement la pr&eacute;sence&nbsp;? Etre l&agrave;, pour accueillir la souffrance morale, accueillir les d&eacute;lires comme les angoisses. Ne serait-ce pas la juste posture d&rsquo;une pr&eacute;sence&nbsp;? Entre peu et beaucoup, comment savoir doser cette proximit&eacute; au c&oelig;ur du soin&nbsp;? Comment redonner la primaut&eacute; &agrave; la relation interpersonnelle alors que les soignants dans leurs grandes majorit&eacute;s d&eacute;plorent la perte de sens au sein m&ecirc;me de leur engagement&nbsp;? Le r&eacute;f&eacute;rentiel m&eacute;tier est-il en train de se briser&nbsp;?</p> <p class="texte">Savons-nous ce qui &laquo;&nbsp;fait&nbsp;&raquo; rencontre&nbsp;? Savons-nous jusqu&rsquo;o&ugrave; aller en tant que soignant&nbsp;? Savons-nous comment se laisser toucher par l&rsquo;autre&nbsp;? Savons-nous comment assurer la singularit&eacute; du lien&nbsp;?</p> <p class="texte">Les freins &agrave; la relation interpersonnelle ne sont pas uniquement li&eacute;s &agrave; l&rsquo;institution en place, contrairement &agrave; ce que nous voulons d&eacute;montrer dans la succession de ces articles. Les soignants eux-m&ecirc;mes ont l&rsquo;exp&eacute;rience de vivre au c&oelig;ur du soin des &eacute;motions bien souvent complexes et contradictoires. Alors comment affronter cette peur des profondeurs, comment d&eacute;passer le d&eacute;go&ucirc;t, la col&egrave;re voire anticiper les processus d&rsquo;identification des &eacute;nergies projectives&nbsp;? Comment oser nommer et reconna&icirc;tre &agrave; la fois ses &eacute;motions, ceci sans para&icirc;tre ni faible ni fragile&nbsp;? Comment s&rsquo;ajuster avec s&eacute;r&eacute;nit&eacute; aux &eacute;motions des patients comme &agrave; celles de son entourage&nbsp;? Quelle est l&rsquo;intelligence &eacute;motionnelle qui pourrait apparaitre comme facteur de progr&egrave;s et d&rsquo;efficience.</p> <p class="texte">Le Docteur Dominique-Michel Courtois nous &eacute;voque &laquo;&nbsp;Qu&rsquo;elle semble loin, l&rsquo;&eacute;poque o&ugrave; les rapports entre les malades et leurs m&eacute;decins &eacute;taient faits de respect, de confiance, voire m&ecirc;me de v&eacute;ritable v&eacute;n&eacute;ration, pla&ccedil;ant ainsi le m&eacute;decin au-dessus de toute critique&hellip; on allait les voir pour les maux du corps mais aussi pour ceux de l&rsquo;&acirc;me&nbsp;&raquo;&nbsp;(4)</p> <p class="texte">Aujourd&rsquo;hui o&ugrave; tout est mesur&eacute;, 23 secondes&nbsp;(&nbsp;!) c&rsquo;est en moyenne le temps de parole libre du patient avant que le m&eacute;decin ne l&rsquo;interrompe pour diriger l&rsquo;entretien, nous disent Anne REVAH-LEVY et Laurence VERNEUIL.&nbsp;(3)</p> <p class="texte">Pourtant Margot P<span style="text-transform:uppercase;">haneuf</span>&nbsp;(7) vient &agrave; juste point nous redire que &laquo;&nbsp;Les soins infirmiers rassemblent une large somme de connaissances diverses et se fondent sur une relation soignant-soign&eacute; particuli&egrave;re qui, selon l&rsquo;habilet&eacute; de l&rsquo;infirmi&egrave;re et sa volont&eacute; d&rsquo;aider le patient, la conduit &agrave; l&rsquo;utilisation th&eacute;rapeutique de soi.</p> <p class="texte">La relation d&rsquo;aide en soins infirmiers est, somme toute, la pratique d&rsquo;une &laquo;&nbsp;science avec conscience&nbsp;&raquo;&nbsp;(8) selon la pertinence de la pens&eacute;e complexe d&rsquo;Edgar <span style="text-transform:uppercase;">Morin.</span></p> <p class="texte">Il est dit que &laquo;&nbsp;Par ce moyen, la soignante assume sa pr&eacute;sence aupr&egrave;s de la personne soign&eacute;e en appliquant ses connaissances &agrave; des ph&eacute;nom&egrave;nes physiques, physiologiques et pathologiques. Mais elle prend en m&ecirc;me temps conscience que ce malade dont elle s&rsquo;occupe est un &ecirc;tre humain parfois d&eacute;pass&eacute; par sa souffrance physique, affect&eacute; par la tristesse, la peur de son devenir, le d&eacute;couragement devant un diagnostic critique ou, tout simplement, par la lenteur de l&rsquo;&eacute;volution de sa gu&eacute;rison. Par une pr&eacute;sence chaleureuse et agissante, par sa main tendue avec empathie, l&rsquo;infirmi&egrave;re peut faire une diff&eacute;rence&nbsp;; c&rsquo;est l&rsquo;alliance du c&oelig;ur et de la raison pour aider la personne malade. Il faut d&eacute;plorer cette distance dans la relation soignante-soign&eacute; qui nous installe dans la superficialit&eacute; relationnelle et laisse toute la place aux aspects techniques et organisationnels. Dans l&rsquo;appr&eacute;ciation du travail infirmier, ces aspects sont certes tr&egrave;s importants, mais ils ne sont que l&rsquo;une des faces d&rsquo;une m&ecirc;me r&eacute;alit&eacute; o&ugrave; qualit&eacute; des soins et qualit&eacute; relationnelle ne font qu&rsquo;un. De bons soins physiques soutenus par une organisation fonctionnelle peuvent para&icirc;tre efficaces, mais s&rsquo;ils ne sont pas habit&eacute;s par une pr&eacute;sence chaleureuse, par une attention &agrave; l&rsquo;autre et une compr&eacute;hension r&eacute;elle de ce qu&rsquo;il vit, ces soins ne sont pas per&ccedil;us de mani&egrave;re positive par le malade et par sa famille. Dans les soins, qualit&eacute; relationnelle et qualit&eacute; professionnelle sont indissociables. Faire na&icirc;tre la confiance peut constituer un processus laborieux avec certains patients, mais elle peut aussi surgir dans la spontan&eacute;it&eacute; du moment, dans la magie de quelques paroles chaleureuses, d&rsquo;un regard attentionn&eacute; ou d&rsquo;un geste bienveillant. Il s&rsquo;ensuit que le terrain devient alors fertile pour l&rsquo;&eacute;closion d&rsquo;une relation encore plus signifiante, c&rsquo;est l&rsquo;amorce d&rsquo;une relation d&rsquo;aide informelle.</p> <p class="texte">La pr&eacute;sence &agrave; l&rsquo;autre, au sens strict du terme, le concept de pr&eacute;sence pourrait ne signifier que le fait banal d&rsquo;&ecirc;tre l&agrave; et peut laisser croire &agrave; un &eacute;tat statique. Mais dans le contexte de la relation d&rsquo;aide, son sens s&rsquo;&eacute;largit &agrave; une qualit&eacute; d&rsquo;&ecirc;tre profonde et subtile symbolisant force et disponibilit&eacute; de la soignante, des qualit&eacute;s qui se font s&eacute;curisantes pour la personne. La capacit&eacute; de l&rsquo;infirmi&egrave;re d&rsquo;&ecirc;tre concr&egrave;tement pr&egrave;s d&rsquo;elle, en m&ecirc;me temps que son habilet&eacute; psychologique &agrave; se situer avec elle, dans le partage de son exp&eacute;rience de maladie, en fait toute la richesse. C&rsquo;est une proximit&eacute; physique et une disponibilit&eacute; affective calme et chaleureuse dont il se d&eacute;gage une attitude tourn&eacute;e vers la personne et toujours en &eacute;veil&nbsp;&raquo;.</p> <p class="texte">Cette forme d&rsquo;&eacute;coute est si agissante, qu&rsquo;&agrave; elle seule, elle suscite la confiance. Ph. Kaepplin n&rsquo;&eacute;crivait-il pas &laquo;&nbsp;qu&rsquo;&eacute;couter quelqu&rsquo;un, c&rsquo;est le faire exister.&nbsp;&raquo;&nbsp;(9)</p> <p class="texte">&laquo;&nbsp;Cela semble si simple et si ordinaire, et pourtant &laquo;&nbsp;l&rsquo;attention v&eacute;ritable&nbsp;&raquo;, l&rsquo;expression et la posture d&rsquo;&eacute;coute ne sont pas si faciles &agrave; ext&eacute;rioriser. De surcro&icirc;t, il y a bien des mani&egrave;res d&rsquo;&eacute;couter qui ne sont pas fonctionnelles. L&rsquo;&eacute;coute passive qui demeure superficielle, l&rsquo;&eacute;coute d&eacute;fensive conduisant l&rsquo;infirmi&egrave;re &agrave; se justifier et l&rsquo;&eacute;coute prot&eacute;g&eacute;e qui la ferme aux propos &eacute;motionnellement perturbateurs sont quelques exemples d&rsquo;&eacute;coute dysfonctionnelle susceptible d&rsquo;alt&eacute;rer nos relations avec le client.</p> <p class="texte">L&rsquo;empathie, ne serait-elle donc pas la voie royale de la relation d&rsquo;aide au c&oelig;ur du soin&nbsp;?</p> <p class="texte">&laquo;&nbsp;L&rsquo;ouverture &agrave; soi, une n&eacute;cessit&eacute; de la relation d&rsquo;aide exige une ouverture &agrave; l&rsquo;autre, mais pour s&rsquo;ouvrir &agrave; l&rsquo;autre, ne faut-il pas d&rsquo;abord savoir s&rsquo;ouvrir &agrave; soi, &agrave; ce que nous sommes, &agrave; ce que sont nos forces ancr&eacute;es et nos limites invalidantes.</p> <p class="texte">C&rsquo;est ainsi, et pas vraiment nouveau, qu&rsquo;une certaine connaissance de soi est essentielle.</p> <p class="texte">Atteindre une v&eacute;ritable utilisation th&eacute;rapeutique de soi, c&rsquo;est &agrave; ce prix que se cr&eacute;e avec le patient ce lien fort et profond qu&rsquo;est la relation d&rsquo;aide. C&rsquo;est ce travail sur soi, toujours inachev&eacute;, que le professionnel de sant&eacute; doit poursuivre afin d&rsquo;arriver &agrave; une utilisation maximale de ce qu&rsquo;il est, de ce qu&rsquo;il poss&egrave;de comme qualit&eacute; d&rsquo;ouverture &agrave; l&rsquo;autre. Sa capacit&eacute; de pr&eacute;sence, la manifestation de son acceptation inconditionnelle, de son &eacute;coute, la vigueur de sa consid&eacute;ration positive et de son empathie, soutenue par l&rsquo;humour et l&rsquo;&eacute;nergie de son espoir, lorsqu&rsquo;elles sont mises au service du malade, deviennent une th&eacute;rapie agissante, une force d&rsquo;attraction vers un effet de mieux-&ecirc;tre.</p> <p class="texte">L&rsquo;utilisation th&eacute;rapeutique de soi est possible, ce ne sont pas de vains mots. Elle nous propose le d&eacute;fi g&eacute;n&eacute;reux et admirable de cro&icirc;tre au plan personnel et d&rsquo;utiliser nos connaissances de la personne, les habilet&eacute;s et les strat&eacute;gies acquises en relation d&rsquo;aide conjugu&eacute;es &agrave; nos capacit&eacute;s personnelles.</p> <p class="texte">Il nous faut cependant chercher &agrave; les d&eacute;velopper.</p> <p class="texte">Pour bon nombre de professionnels de sant&eacute;, une relation soignante-soign&eacute; intense correspond &agrave; un d&eacute;sir profond d&rsquo;accomplissement personnel et de r&eacute;alisation d&rsquo;objectifs intangibles susceptibles de donner sens &agrave; leur travail contraignant, fr&eacute;quemment trop superficiel et m&eacute;canique. Bon nombre ont encore le souci de s&rsquo;investir de mani&egrave;re diff&eacute;rente aupr&egrave;s des malades, mais sont souvent arr&ecirc;t&eacute;s par les exigences du quotidien et par le tourbillon de la routine. Comment r&eacute;duire cette distance qui s&rsquo;instaure&nbsp;?</p> <p class="texte">Comment briser la banalit&eacute; des habitudes de chaque jour&nbsp;?</p> <p class="texte">La relation d&rsquo;aide devrait &ecirc;tre, pour tous les soignants, un outil du quotidien, adaptable &agrave; diverses situations, bien enracin&eacute; dans les mentalit&eacute;s et sous-entendu &eacute;galement dans les routines de soins.</p> <p class="texte">Dans une th&egrave;se de doctorat de psychologie soutenue en avril 2018 &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; du Qu&eacute;bec (Montr&eacute;al) intitul&eacute;e &laquo;&nbsp;L&rsquo;exp&eacute;rience de la pr&eacute;sence chez les infirmi&egrave;res en soins palliatifs&nbsp;: Une analyse ph&eacute;nom&eacute;nologique interpr&eacute;tative&nbsp;&raquo;, Christine Goyette&nbsp;(10) nous confirme que &laquo;&nbsp;les r&eacute;sultats de cette &eacute;tude ph&eacute;nom&eacute;nologique font ressortir la valeur de l&#39;exp&eacute;rience de la pr&eacute;sence dans les soins infirmiers de tous horizons&nbsp;&raquo;. Cette th&egrave;se montre la pertinence clinique de savoir sensibiliser et former les soignants &agrave; la valeur &eacute;thique &laquo;&nbsp;de la pr&eacute;sence&nbsp;&raquo;. S&#39;il est vrai que la pr&eacute;sence peut &laquo;&nbsp;s&#39;incarner dans un souffle, dans un chant, dans une caresse&nbsp;&raquo;, il est aussi vrai que le chemin vers l&#39;int&eacute;riorit&eacute; ouvre vers un espace de rencontre infiniment plus large puisqu&#39;il permet la r&eacute;conciliation avec le soi et le temps, ce qui, nous l&#39;avons vu, constitue de prime abord un d&eacute;fi pour les soignants tout autant que pour ceux qui les forment.</p> <p class="texte">Et s&rsquo;il fallait se tourner vers la pratique cadr&eacute;e et enseign&eacute;e &laquo;&nbsp;du soin palliatif&nbsp;&raquo; pour avancer plus s&ucirc;rement sur notre d&eacute;marche d&rsquo;exploration du juste soin entre le soignant et le soign&eacute;&nbsp;?</p> <p class="texte">Et s&rsquo;il fallait anticiper ici que c&rsquo;est par &laquo;&nbsp;le mod&egrave;le de la pratique du soin palliatif&nbsp;&raquo; qu&rsquo;il sera n&eacute;cessaire de passer pour repenser notre pratique du soin actuellement en d&eacute;rive&nbsp;?</p> <p class="texte">En effet, comme le sugg&egrave;re cette th&egrave;se, l&rsquo;exp&eacute;rience de la pr&eacute;sence peut &ecirc;tre une source de sens et permettre aux professionnels du soin de toucher de nouveau &agrave; la beaut&eacute; de l&#39;acte de soigner.</p> <p class="texte">En ce sens, une relation bien ancr&eacute;e en soi et dans un &laquo;&nbsp;ici et maintenant&nbsp;&raquo; exp&eacute;riment&eacute; peut r&eacute;v&eacute;ler toute la richesse du monde-de-la-vie, celui qui inclut tout autant celle de mourir.</p> <p class="bibliographie">(1) Vincent Fouques&nbsp;Duparc, &laquo;&nbsp;L&rsquo;homme rendu transparent par la techno-m&eacute;decine ou la mort programm&eacute;e de la m&eacute;decine&nbsp;&raquo;, Les cahiers psychologie politique&nbsp;[En ligne], num&eacute;ro 29, Juillet 2016. URL&nbsp;: <a href="http://lodel.irevues.inist.fr/cahierspsychologiepolitique/index.php?id=3335">http://lodel.irevues.inist.fr/cahierspsychologiepolitique/index.php?id=3335</a></p> <p class="bibliographie">(2) Vincent Fouques&nbsp;Duparc, &laquo;&nbsp;De &laquo;&nbsp;l&rsquo;absence&nbsp;&raquo; &agrave; &laquo;&nbsp;la pr&eacute;sence&nbsp;&raquo; au soin&nbsp;: un levier de grande efficacit&eacute; &agrave; savoir retrouver&nbsp;&raquo;, Les cahiers psychologie politique&nbsp;[En ligne], num&eacute;ro 33, Juillet 2018. URL&nbsp;: <a href="http://lodel.irevues.inist.fr/cahierspsychologiepolitique/index.php?id=3690">http://lodel.irevues.inist.fr/cahierspsychologiepolitique/index.php?id=3690</a></p> <p class="bibliographie">(3) Anne Revah-Levy, Laurence Verneuil, <em>Docteur, &eacute;coutez. Pour soigner, il faut &eacute;couter</em>. Albin Michel.</p> <p class="bibliographie">(4) Dr Dominique-Michel <span style="text-transform:uppercase;">C</span>ourtois. Ma&icirc;tre Philippe <span style="text-transform:uppercase;">C</span>ourtois<span style="text-transform:uppercase;">,</span> <em>Le livre noir de la m&eacute;decine</em>. Albin Michel.</p> <p class="bibliographie">(5) Bernard <span style="text-transform:uppercase;">G</span>renier<span style="text-transform:uppercase;">.</span> <em>Evaluation de la d&eacute;cision m&eacute;dicale</em>. Introduction &agrave; l&rsquo;analyse m&eacute;dico-&eacute;conomique. Masson.</p> <p class="bibliographie">(6) Fagot-Largeault A &ndash; <em>R&eacute;flexion sur la qualit&eacute; de vie</em> &ndash; in R. <span style="text-transform:uppercase;">L</span>aunois et F. <span style="text-transform:uppercase;">R</span>egnier &ndash; D&eacute;cision th&eacute;rapeutique et qualit&eacute; de la vie &ndash; Paris. John Libbey Eurotext&nbsp;: 83-100</p> <p class="bibliographie">(7) Margo Phaneuf<em><span style="text-transform:uppercase;"> </span></em><em>Relation d&rsquo;aide et utilisation th&eacute;rapeutique de soi, des outils pour les soins infirmiers.</em> Infiressources.</p> <p class="bibliographie">(8) Edgar Morin<span style="text-transform:uppercase;">, </span>Science avec conscience, Fayard.</p> <p class="bibliographie">(9) <span style="text-transform:uppercase;">P</span>hilippe Kaepplin. Mieux &eacute;couter pour mieux communiquer, Paris, SF Editeur.</p> <p class="bibliographie">(10) Christine Goyette<span style="text-transform:uppercase;">.</span> Th&egrave;se de doctorat de psychologie. <em>L&rsquo;exp&eacute;rience de la pr&eacute;sence chez les infirmi&egrave;res en soins palliatifs&nbsp;: une analyse ph&eacute;nom&eacute;nologique interpr&eacute;tative</em>. Universit&eacute; du Qu&eacute;bec (Montr&eacute;al).</p>