<p class="texte">Jean Birnbaum prolonge son livre paru en 2016, <em>Un silence religieux La gauche face au djihadisme</em> par ce nouvel essai qui d&eacute;passe le constat du silence. A la suite des questions de ses lecteurs, rencontr&eacute;s lors des signatures, il explore les fondements th&eacute;oriques marxistes de ce silence religieux pour en cerner les effets id&eacute;ologiques.&nbsp;Ils renvoient &agrave; l&rsquo;expression d&rsquo;une croyance, particuli&egrave;rement aveuglante dans la pens&eacute;e politique actuelle de gauche de la gauche. Croyance &eacute;vidente chez les djihadistes, mais aussi croyance, r&eacute;prim&eacute;e, faible dans les valeurs propres &agrave; l&rsquo;Occident, pour les &laquo;&nbsp;gauchistes&nbsp;&raquo; occidentaux. Plut&ocirc;t que d&rsquo;interroger les fondements de la croyance des islamistes qui veulent un empire universel, l&rsquo;auteur porte son int&eacute;r&ecirc;t vers les Europ&eacute;ens qui ont ce qu&rsquo;il nomme une &laquo;&nbsp;croyance molle&nbsp;&raquo;, voire m&ecirc;me hostile aux valeurs de notre civilisation&nbsp;occidentale&nbsp;: la d&eacute;mocratie, l&rsquo;&eacute;galit&eacute; entre les hommes et les femmes, la libert&eacute; de pens&eacute;e. Pour les islamistes, l&rsquo;Occident est donc un obstacle &agrave; cette h&eacute;g&eacute;monie souhait&eacute;e et les repr&eacute;sentants de la &laquo;&nbsp;croyance molle&nbsp;&raquo; les soutiennent implicitement.</p> <p class="texte">La religion des Faibles est celle de ceux qui ne sont plus habit&eacute;s par l&rsquo;Histoire commune de l&rsquo;Occident. Ils ont oubli&eacute; les guerres qui ravag&egrave;rent le continent. Ils n&rsquo;en retiennent que les crimes, l&rsquo;esclavagisme, les conqu&ecirc;tes coloniales, les g&eacute;nocides et l&rsquo;exploitation sociale. Pour ces raisons, ils d&eacute;nient aujourd&rsquo;hui &agrave; l&rsquo;Europe une capacit&eacute; &agrave; pacifier durablement le continent.</p> <p class="texte">Pour comprendre la position intellectuelle de ceux qui ont &eacute;t&eacute; ses amis et ses camarades politiques, Jean Birnbaum se porte vers les textes marxistes, fondateurs de l&rsquo;universalisme occidental, et sur l&rsquo;histoire r&eacute;cente qui montre l&rsquo;attrait hyst&eacute;rique des foules orientales pour le fanatisme. Plus &eacute;loquent que la pers&eacute;cution de Salman Rushdi et les tentatives de meurtre de ses &eacute;diteurs et de ses traducteurs, il relate la prise de conscience d&rsquo;un illustrateur danois de bandes dessin&eacute;es pour enfants, K&auml;re Bluitgen<sup><a class="footnotecall" href="#ftn1" id="bodyftn1">1</a></sup>, qui voulait en r&eacute;aliser une sur la vie de Mahomet. Il s&rsquo;est heurt&eacute;, &agrave; sa grande surprise, &agrave; un mur de silence. Pour l&rsquo;aider des coll&egrave;gues lui ont propos&eacute; de publier des caricatures. Cela mit le feu &agrave; la plan&egrave;te et engendra cent quarante morts&hellip;</p> <p class="texte">Jean Birnbaum fait entendre les reproches qui lui ont &eacute;t&eacute; fait, &laquo;&nbsp;d&rsquo;&ecirc;tre pass&eacute; &agrave; droite&nbsp;&raquo;. Ne s&rsquo;en prenait-il pas aux minorit&eacute;s d&eacute;poss&eacute;d&eacute;es &laquo;&nbsp;d&egrave;s lors qu&rsquo;il critiquait la radicalisation de l&rsquo;islam&nbsp;?&nbsp;&raquo; Ces reproches sont le germe de l&rsquo;interdit de penser et de dire. Il s&rsquo;insurge contre cette gauche qui exprime &laquo;&nbsp;une visqueuse tol&eacute;rance &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de l&rsquo;intol&eacute;rance&nbsp;&raquo;. Elle ne voit pas que l&rsquo;islamisme devient le fossoyeur de la gauche dans les pays musulmans. Comme exemple, il s&rsquo;appuie sur la vie et l&rsquo;&oelig;uvre d&rsquo;un intellectuel marxiste libanais, Gilbert Achcar<sup><a class="footnotecall" href="#ftn2" id="bodyftn2">2</a></sup>, qui d&eacute;crit le cauchemar du choc des barbaries entre les dictatures et les mouvements islamistes &laquo;&nbsp;comme si la seule alternative au despotisme &eacute;tait le fanatisme&nbsp;&raquo;. Aux yeux des Faibles, en effet, critiquer l&rsquo;islam, c&rsquo;est stigmatiser les opprim&eacute;s, donc basculer dans le seul camp des oppresseurs, celui de l&rsquo;Occident.<sup><a class="footnotecall" href="#ftn3" id="bodyftn3">3</a></sup></p> <p class="texte">Son opposition aux th&egrave;ses d&lsquo;Alain Badiou<sup><a class="footnotecall" href="#ftn4" id="bodyftn4">4</a></sup> est frontale. Il lui reproche de n&rsquo;avoir pas entendu Michel Foucault, t&eacute;moin de la r&eacute;volution des mollahs en 1975, dont l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t pour cette r&eacute;volution s&rsquo;arr&ecirc;te quand il comprend que le pouvoir reviendra aux religieux qui instaurent une th&eacute;ocratie. Dans son essai publi&eacute; apr&egrave;s les attentats, Alain Badiou avance l&rsquo;id&eacute;e que les djihadistes ont &laquo;&nbsp;un d&eacute;sir d&rsquo;Occident&nbsp;&raquo; qu&rsquo;ils expriment sur un mode fasciste et nihiliste, qu&rsquo;ils veulent d&eacute;truire ce qu&rsquo;ils ne peuvent acqu&eacute;rir, que la religion ne serait pour eux, telle que la d&eacute;crivait d&eacute;j&agrave; Engels, qu&rsquo;un &laquo;&nbsp;v&ecirc;tement&nbsp;&raquo;, qu&rsquo;une couverture rh&eacute;torique. Jean Birnbaum soutient au contraire que la croyance religieuse est une alt&eacute;rit&eacute; capable, comme l&rsquo;a vue Michel Foucault, de susciter par elle&ndash;m&ecirc;me un &eacute;lan r&eacute;volutionnaire. Il reproche &agrave; la gauche d&rsquo;&ecirc;tre devenue une croyance faible, incapable de transf&eacute;rer son ancien &eacute;lan r&eacute;volutionnaire vers l&rsquo;Europe. Jean Birnbaum reproche aussi &agrave; Alain Badiou sa d&eacute;fiance r&eacute;it&eacute;r&eacute;e &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de la d&eacute;mocratie et de l&rsquo;Europe alors qu&rsquo;elle porte d&eacute;sormais en elle tous les id&eacute;aux historiques de progr&egrave;s dans la soci&eacute;t&eacute; et la possibilit&eacute; de les r&eacute;aliser.</p> <p class="texte">Le titre de son troisi&egrave;me chapitre &laquo;&nbsp;<em>Europe ou barbarie&nbsp;</em>&raquo; est explicite. Il y montre la contradiction interne de la d&eacute;marche de refus d&rsquo;Alain Badiou de la d&eacute;mocratie bourgeoise. Pour Marx, elle est un moment n&eacute;cessaire d&rsquo;&eacute;volution de la soci&eacute;t&eacute; avant l&rsquo;av&egrave;nement d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; communiste. De m&ecirc;me son m&eacute;pris pour l&rsquo;Occident est en r&eacute;alit&eacute; l&rsquo;expression d&rsquo;un nihilisme puisque ce signifiant Occident ne peut &ecirc;tre renvoy&eacute;, pour prendre sens, qu&rsquo;&agrave; lui-m&ecirc;me, en raison de la disparition de l&rsquo;URSS et de la vacuit&eacute;, pour Marx, du terme de &laquo;&nbsp;despotisme oriental&nbsp;&raquo;&nbsp;qui ne permet pas une prise de conscience de classe. Les r&eacute;volutions arabes, sauf peut-&ecirc;tre en Tunisie, l&rsquo;ont montr&eacute;.</p> <p class="texte">Pour Jean Birnbaum, le djihadisme est le reflet actuel de deux univers &agrave; pr&eacute;tention h&eacute;g&eacute;monique en lutte. Pour relativiser ce moment conflictuel, l&rsquo;auteur convoque des politologues tels que Samuel Hutington, Maxime Rodinson, Corn&eacute;lius Castoriadis, Eric Hobsbawm. S&rsquo;appuyant particuli&egrave;rement sur ce dernier, il conclut qu&rsquo;il faut r&eacute;fl&eacute;chir &laquo;&nbsp;aux mani&egrave;res d&rsquo;&ecirc;tre qui font la diff&eacute;rence, aux formes de vie qui valent la peine qu&rsquo;on les d&eacute;fendent.&nbsp;&raquo;</p> <p class="texte">L&rsquo;auteur illustre cet aphorisme par la vie de Victor Serge, victime du goulag stalinien et de retour &laquo;&nbsp;en Occident&nbsp;&raquo;.&nbsp;&laquo;&nbsp;Pour ce militant libertaire form&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;cole du mouvement ouvrier, pour ce r&eacute;volutionnaire infatigable qui sort &agrave; peine de l&rsquo;enfer stalinien, le socialisme appara&icirc;t indissociable des droits attach&eacute;s &agrave; la d&eacute;mocratie lib&eacute;rale.&nbsp;&raquo;</p> <p class="texte">Aujourd&rsquo;hui, depuis la chute de l&rsquo;URSS, l&rsquo;illusion s&rsquo;est d&eacute;plac&eacute;e vers le &laquo;&nbsp;<em>mouvement postcolonial&nbsp;</em>&raquo;. Les universitaires am&eacute;ricains de l&rsquo;universit&eacute; de Colombia qui le soutiennent pensent que le colonialisme &laquo;&nbsp;a export&eacute; de force l&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;identit&eacute;&nbsp;&raquo; homosexuelle&nbsp;&raquo;. &laquo;&nbsp;Les r&eacute;formateurs musulmans ont adopt&eacute; la morale europ&eacute;enne et avec elle ses cat&eacute;gories sexuelles&nbsp;&raquo;. Joseph Massad, l&rsquo;auteur de <em>Desiring Arabs</em><sup><em><a class="footnotecall" href="#ftn5" id="bodyftn5">5</a></em></sup> peut d&egrave;s lors accuser une &laquo;&nbsp;internationale gay&nbsp;&raquo; de jouer les pompiers pyromanes. &laquo;&nbsp;Car, dans les pays musulmans prot&eacute;ger les homosexuels revient &agrave; d&eacute;fendre une petite couche sociale privil&eacute;gi&eacute;e.&nbsp;&raquo;<sup><a class="footnotecall" href="#ftn6" id="bodyftn6">6</a></sup></p> <p class="texte">Le d&eacute;sir h&eacute;g&eacute;monique de l&rsquo;Islam nie les droits des femmes et des minorit&eacute;s sexuelles. J. Birnbaum suit en historien du quotidien, en journaliste, leurs travaux et leurs d&eacute;marches de terrain. L&rsquo;id&eacute;ologie que l&rsquo;homosexualit&eacute; serait une constante biologique donc r&eacute;partie dans toutes les soci&eacute;t&eacute;s est infirm&eacute;e par des femmes musulmanes qui soutiennent que ce qui prime pour elles est l&rsquo;int&eacute;gration dans leur culture. Au slogan f&eacute;ministe de Mai 68 &laquo;&nbsp;Mon corps m&rsquo;appartient&nbsp;&raquo;, Houria Bouteldja,<span style="font-variant:small-caps;"> </span>porte parole du Parti des indig&egrave;nes de la R&eacute;publique, r&eacute;pond que les valeurs de libert&eacute; corporelles sont un produit d&rsquo;importation entrainant l&rsquo;ali&eacute;nation &agrave; l&rsquo;Occident d&rsquo;une frange minime de la soci&eacute;t&eacute; islamis&eacute;e. Elle &eacute;crit&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;Aucun magist&egrave;re moral ne me fera endosser un mot d&rsquo;ordre con&ccedil;u par et pour des f&eacute;ministes blanches&nbsp;&raquo;. Elle poursuit&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;J&rsquo;appartiens &agrave; ma famille, &agrave; mon clan, &agrave; ma race, &agrave; l&rsquo;Alg&eacute;rie, &agrave; l&rsquo;islam.<sup><a class="footnotecall" href="#ftn7" id="bodyftn7">7</a></sup>&nbsp;&raquo;</p> <p class="texte">Avant elle, d&eacute;j&agrave; un essai avait mis &laquo;&nbsp;en cause un f&eacute;minisme complice des discriminations.&nbsp;&raquo;&nbsp;Nacira Gu&eacute;nif-Souilamas et Eric Mac&eacute;<sup><a class="footnotecall" href="#ftn8" id="bodyftn8">8</a></sup> passent le f&eacute;minisme&nbsp;&laquo;&nbsp;universaliste&nbsp;&raquo; au crible du gauchisme postcolonial &laquo;&nbsp;au moment o&ugrave; le mouvement antiraciste entrait dans une crise profonde.&nbsp;&raquo;<sup><a class="footnotecall" href="#ftn9" id="bodyftn9">9</a></sup></p> <p class="texte">En 1976, Kate Millett, voulant rencontrer ces minorit&eacute;s sexuelles en Iran, est menac&eacute;e et expuls&eacute;e. Elle conclut de son voyage&nbsp;&laquo;&nbsp;Un groupe d&rsquo;hommes nous terrorise, un autre risque sa vie pour nous d&eacute;fendre. La civilisation et la barbarie.&nbsp;&raquo;<sup><a class="footnotecall" href="#ftn10" id="bodyftn10">10</a></sup> A l&rsquo;oppos&eacute; se tient Houria Bouteldja qui prend la position de thurif&eacute;raire de Ahmadinejad quand elle &eacute;crit qu&rsquo;il &laquo;&nbsp;ment en toute honn&ecirc;tet&eacute;&nbsp;&raquo;<sup><a class="footnotecall" href="#ftn11" id="bodyftn11">11</a></sup> l&rsquo;admirant car c&rsquo;est un &laquo;&nbsp;indig&egrave;ne&nbsp;&raquo; s&rsquo;exprimant au c&oelig;ur de l&rsquo;empire am&eacute;ricain, &agrave; l&rsquo;ONU.</p> <p class="texte">Cette lutte id&eacute;ologique, soutenue par les gauchistes fran&ccedil;ais, trouve un appui dans la langue par le n&eacute;ologisme &laquo;&nbsp;homonationalisme&nbsp;&raquo; qui promeut des manifestations provocatrices. A l&rsquo;inverse, les militants postcoloniaux soutiennent que l&rsquo;homosexualit&eacute;, le &laquo;&nbsp;f&eacute;minisme imp&eacute;rialiste&nbsp;&raquo; sont un ph&eacute;nom&egrave;ne impos&eacute; de l&rsquo;ext&eacute;rieur par l&rsquo;Occident, &laquo;&nbsp;Isra&euml;l &eacute;tant alors envisag&eacute; comme l&rsquo;avant-poste de la perversion occidentale.&nbsp;&raquo;</p> <p class="texte">La r&eacute;flexion de Jean Birnbaum s&rsquo;appuie sur Claude Lefort qui s&rsquo;engage dans un &laquo;&nbsp;moi, je&nbsp;&raquo; et sur Jacques Derrida proclamant un &laquo;&nbsp;Nous, les Europ&eacute;ens&nbsp;&raquo;. Ainsi l&rsquo;auteur donne &agrave; Cl. Lefort la conclusion de son chapitre <em>L&rsquo;enfer sexuel, c&rsquo;est le n&ocirc;tre</em>&nbsp;: &laquo;&nbsp;Et moi, je dis que le r&eacute;gime de T&eacute;h&eacute;ran est pervers. J&rsquo;insiste sur ce <em>moi je, </em>parce que, d&egrave;s qu&rsquo;il y a un homme, un ma&icirc;tre, un groupe tout puissant qui pr&eacute;tend plier &agrave; sa r&egrave;gle, aux normes d&rsquo;une croyance, l&rsquo;ensemble d&rsquo;un peuple, je dis&nbsp;: &laquo;&nbsp;voil&agrave; qui est pervers et qui est criminel&nbsp;&raquo;.<sup><a class="footnotecall" href="#ftn12" id="bodyftn12">12</a></sup></p> <p class="texte">L&rsquo;auteur montre dans sa conclusion qu&rsquo;il s&rsquo;agit de passer du fragile <em>moi, je</em> vers un <em>nous </em>un peu r&eacute;sistant. C&rsquo;est celui de Jacques Derrida qui &eacute;crit &laquo;&nbsp;Ce qu&rsquo;on nomme alg&eacute;briquement &laquo;&nbsp;l&rsquo;Europe&nbsp;&raquo; a des responsabilit&eacute;s &agrave; prendre pour l&rsquo;avenir de l&rsquo;humanit&eacute;, pour celui du droit international - &ccedil;a c&rsquo;est ma foi, ma croyance. Et l&agrave;, je n&rsquo;h&eacute;siterai pas &agrave; dire &laquo;&nbsp;Nous, les Europ&eacute;ens&nbsp;&raquo;.<sup><a class="footnotecall" href="#ftn13" id="bodyftn13">13</a></sup></p> <p class="texte">Et Jean Birnbaum peut conclure&nbsp;: &laquo;&nbsp;Chaque d&eacute;claration de guerre nous rappelle la valeur d&rsquo;institutions politiques et de pratiques sociales que nous avions coutume de d&eacute;nigrer. Bref, la violence djihadiste nous ram&egrave;ne &agrave; notre diff&eacute;rence.&nbsp;&raquo; &laquo;&nbsp;Mais cela demeure un choix ouvert &agrave; chacune et &agrave; chacun de nous pour peu qu&rsquo;on se risque &agrave; le d&eacute;fendre, ce &laquo;&nbsp;nous&nbsp;&raquo; si vuln&eacute;rable, fort de sa faiblesse enfin &eacute;lucid&eacute;e.&nbsp;&raquo;<sup><a class="footnotecall" href="#ftn14" id="bodyftn14">14</a></sup></p> <p class="texte">Le livre de Jean Birnbaum, qui est aussi directeur du Monde des livres, me para&icirc;t construire une synth&egrave;se importante en nommant la crise identitaire que traverse la France. Son livre trouve son enracinement dans une connaissance &eacute;tendue des textes politiques, classiques et contemporains, mais aussi dans une attention inspir&eacute;e de la psychanalyse. Il entend dans les discours politiques et id&eacute;ologiques leur vis&eacute;e et leur tonalit&eacute; d&eacute;pressive. Il montre que la seule conviction que nous pouvons avoir aujourd&rsquo;hui, en pr&eacute;sence du d&eacute;sir h&eacute;g&eacute;monique de l&rsquo;Islam, est de porter notre regard et notre espoir vers l&rsquo;Europe Notre conviction doit &ecirc;tre d&lsquo;accomplir ainsi le projet des Lumi&egrave;res. Sa force doit &ecirc;tre en opposition &agrave; cette &laquo;&nbsp;religion des Faibles&nbsp;&raquo; qui ne savent plus ce qu&rsquo;ils d&eacute;sirent et deviennent de ce fait complices, plus ou moins consciemment, de l&rsquo;asservissement au djihadisme.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn1" id="ftn1">1</a> Jeanne Favret-Saada, <em>Comment produire une crise mondiale avec douze petits dessins,</em> Fayard ,2015.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn2" id="ftn2">2</a> Gilbert Achcar, Marxisme, orientalisme, cosmopolitisme, Arles, Sindbad, Actes Sud, 2013.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn3" id="ftn3">3</a> Jean Birnbaum, <em>La religion des Faibles Ce que le djihadisme dit de nous</em>, Paris, Seuil, 2018.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn4" id="ftn4">4</a> Alain Badiou, <em>Notre mal vient de plus loin. Penser les tueries du 13 Novembre</em>, Paris, Fayard, 2016.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn5" id="ftn5">5</a> Joseph Massad, <em>Desiring Arabs</em>, Chicago, University of Chicago Press, 2007.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn6" id="ftn6">6</a> Jean Birnbaum, <em>ibid.</em>, p.198.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn7" id="ftn7">7</a> Houria Bouteldja,<em> Les Blancs, les Juifs et nous. Vers une politique de l&rsquo;amour r&eacute;volutionnaire,</em> Paris, La Fabrique, 2016, pp. 71-72.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn8" id="ftn8">8</a> Nacira Gu&eacute;nif-Suilamas et Eric Mac&eacute;, <em>Les F&eacute;ministes et le gar&ccedil;on arabe</em>, La Tour- d&rsquo;Aigues, Ed. de l&rsquo;Aube, 2004.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn9" id="ftn9">9</a> Jean Birnbaum, <em>ibid.</em>, p.206.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn10" id="ftn10">10</a> Kate Millett, <em>En Iran</em>, Paris, Ed. Des femmes, 1981 p. 289.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn11" id="ftn11">11</a> Houria Bouteldja, <em>Ibid.</em>, pp.35 &amp; 32.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn12" id="ftn12">12</a> Claude Lefort, <em>Le temps pr&eacute;sent. Ecrits</em> (1945-2005), Paris, Belin, 2007, p.654.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn13" id="ftn13">13</a> Jacques Derida, <em>Apprendre &agrave; vivre enfin</em>, entretien avec Jean Birnbaum, Paris, Galil&eacute;e/Le Monde, 2005, p.42.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn14" id="ftn14">14</a> Jean Birnbaum, <em>La religion des Faibles</em>, Seuil, septembre 2018, pp.273 &amp; 275.</p>