<p><strong>SOMMAIRE</strong></p> <p><strong>Rappel historique</strong></p> <p><strong>L&rsquo;Alt-right, le racisme et l&rsquo;antis&eacute;mitisme</strong></p> <p><strong>L&rsquo;alt-right et l&rsquo;extr&ecirc;me droite fran&ccedil;aise</strong></p> <p class="texte">Le grand public a d&eacute;couvert la &laquo;&nbsp;droite alternative&nbsp;&raquo; (&laquo;&nbsp;Alternative Right&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;alt-right&nbsp;&raquo;) am&eacute;ricaine lors de l&rsquo;&eacute;lection de Donald Trump &agrave; la pr&eacute;sidence des &Eacute;tats-Unis, puis dans l&rsquo;immixtion de celle-ci dans la politique fran&ccedil;aise en soutenant le Front national (aujourd&rsquo;hui Rassemblement national), en particulier Marine Le Pen et sa ni&egrave;ce Marion Mar&eacute;chal. La volont&eacute; de la n&eacute;buleuse am&eacute;ricaine d&rsquo;y jouer un r&ocirc;le est encore pr&eacute;sente aujourd&rsquo;hui, via la volont&eacute; de Stephen (dit Steve) Bannon, homme d&rsquo;affaires et patron du site Breitbart, de f&eacute;d&eacute;rer les partis populistes d&rsquo;extr&ecirc;me droite europ&eacute;ens, via une fondation appel&eacute;e &laquo;&nbsp;Le Mouvement&nbsp;&raquo;.</p> <p class="texte">Nous proposons ici de revenir sur trois points&nbsp;: la nature de l&rsquo;Alt-right&nbsp;; son rapport au racisme et &agrave; l&rsquo;antis&eacute;mitisme&nbsp;; et enfin les liens des th&eacute;oriciens de l&rsquo;Alt-right avec les militants de l&rsquo;extr&ecirc;me droite fran&ccedil;aise. En effet, elle est internationale&nbsp;: d&egrave;s la fin des ann&eacute;es 1960, elle a nou&eacute; des liens avec l&rsquo;extr&ecirc;me droite europ&eacute;enne, notamment fran&ccedil;aise. Des politistes am&eacute;ricains l&rsquo;ont qualifi&eacute;e au d&eacute;but des ann&eacute;es 2000 d&rsquo;extr&ecirc;me droite &laquo;&nbsp;euro-am&eacute;ricaine&nbsp;&raquo;<sup><a class="footnotecall" href="#ftn1" id="bodyftn1">1</a></sup>.</p> <h1 class="texte">Rappel historique</h1> <p class="texte">Pour beaucoup d&rsquo;observateurs, l&rsquo;Alt-right se r&eacute;sume &agrave; Steven Bannon. Pourtant, celui-ci n&rsquo;est pas le seul repr&eacute;sentant, ni surtout le plus radical. En effet, cette mouvance n&rsquo;est pas de &laquo;&nbsp;droite&nbsp;&raquo;, mais d&rsquo;extr&ecirc;me droite, &agrave; tendance supr&eacute;maciste blanche. L&rsquo;Alt Right est une n&eacute;buleuse qui na&icirc;t dans les ann&eacute;es 1960, ses premiers th&eacute;oriciens, &eacute;voluant dans les milieux du &laquo;&nbsp;racisme universitaire&nbsp;&raquo;, ayant commenc&eacute; &agrave; produire &agrave; cette &eacute;poque, en lien avec des &eacute;changes avec des militants racistes fran&ccedil;ais. Par contre, l&rsquo;expression &laquo;&nbsp;Alternative-right&nbsp;&raquo; est relativement r&eacute;cente, elle a &eacute;t&eacute; forg&eacute;e en 2008 par l&rsquo;universitaire pal&eacute;oconservateur (en opposition au n&eacute;oconservatisme) Paul Gottfried<sup><a class="footnotecall" href="#ftn2" id="bodyftn2">2</a></sup> pour d&eacute;finir cette extr&ecirc;me droite euro-am&eacute;ricaine. Ultralib&eacute;ral, in&eacute;galitaire, condamnant le multiculturalisme, ancien conseiller de Richard Nixon et de Pat Buchanan, Gottfried entretient des liens avec l&rsquo;extr&ecirc;me droite tant europ&eacute;enne qu&rsquo;am&eacute;ricaine. Ainsi, il est le correspondant am&eacute;ricain de <em>Nouvelle &Eacute;cole</em>, la revue savante de la Nouvelle droite d&rsquo;Alain de Benoist, et a &eacute;t&eacute; le mentor de l&rsquo;une des figures de l&rsquo;alt-right, le supr&eacute;maciste blanc Richard Spencer (l&rsquo;auteur du &laquo;&nbsp;Hail Trump). Figure ambigu&euml;, Gottfried a permis le renouvellement th&eacute;orique, depuis plus de vingt ans, de l&rsquo;extr&ecirc;me droite savante am&eacute;ricaine. Il est aussi lu et comment&eacute; en Europe, notamment dans les cercles de la Nouvelle droite<sup><a class="footnotecall" href="#ftn3" id="bodyftn3">3</a></sup>.</p> <p class="texte">Cette expression recouvre plus une mouvance, plus qu&rsquo;un mouvement structur&eacute;, d&rsquo;auteurs et de groupuscules, aux discours parfois contradictoires, professant un discours anti-m&eacute;tissage parfois raciste, parfois x&eacute;nophobe, chez certains antis&eacute;mite ou supr&eacute;maciste blanc, mais elle ne peut pas &ecirc;tre r&eacute;duite &agrave; la n&eacute;buleuse n&eacute;onazie, bien que certains de ses membres en fassent partie. Ses origines sont &agrave; chercher dans les ann&eacute;es 1950, dans les milieux, dont certains universitaires, refusant l&rsquo;&eacute;mancipation des Afro-am&eacute;ricains ou cherchant &agrave; montrer au travers d&rsquo;&eacute;tudes pseudo-scientifiques l&rsquo;inf&eacute;riorit&eacute; intellectuelle de ces derniers. L&rsquo;un de pr&eacute;curseurs de cette mouvance, et aujourd&rsquo;hui r&eacute;&eacute;dit&eacute; par elle, fut l&rsquo;Am&eacute;ricain supr&eacute;maciste blanc et th&eacute;oricien raciste Lothrop Stoddard (1883-1950), qui influen&ccedil;a les nazis<sup><a class="footnotecall" href="#ftn4" id="bodyftn4">4</a></sup>. Un autre fut le nativiste Madison Grant, l&rsquo;auteur du <em>D&eacute;clin de la grande race</em><sup><a class="footnotecall" href="#ftn5" id="bodyftn5">5</a></sup>, et &eacute;galement influence importante du national-socialisme. Comme Stoddard, il est toujours lu, y compris en France.</p> <p class="texte">Parmi les pr&eacute;curseurs directs des ann&eacute;es 1950 et 1960, nous pouvons citer des universitaires comme Raymond Cattell, Arthur Jensen, Donald Swan, Wesley George et surtout Roger Pearson, fondateur en 1957 de la Northern League<sup><a class="footnotecall" href="#ftn6" id="bodyftn6">6</a></sup>, r&eacute;seau de th&eacute;oriciens n&eacute;onazis<sup><a class="footnotecall" href="#ftn7" id="bodyftn7">7</a></sup>. Pearson fut &eacute;galement le fondateur en 1972, du <em>Journal of Indo-European Studies</em>, ainsi que de l&rsquo;Institut pour l&rsquo;&eacute;tude de l&rsquo;homme (Institute for the Study of Man). Le <em>Journal of Indo-European Studies</em> est devenu dans les ann&eacute;es qui suivirent une revue universitaire de r&eacute;f&eacute;rence dans le domaine des &eacute;tudes indo-europ&eacute;ennes, &agrave; laquelle ont particip&eacute; des indo-europ&eacute;anistes de grande renomm&eacute;e<sup><a class="footnotecall" href="#ftn8" id="bodyftn8">8</a></sup>. Anticommuniste, il fut responsable de World Anti-Communist League<sup><a class="footnotecall" href="#ftn9" id="bodyftn9">9</a></sup>, cette derni&egrave;re structure recyclant d&rsquo;anciens nazis, tel le SS Otto Skorzeny (le SS &agrave; la t&ecirc;te du commando qui lib&eacute;ra Benito Mussolini en 1943), ou des fascistes comme Horia Sima (membre de la Garde de Fer roumaine). Lors de son &eacute;viction de la World Anti-Communist League, il fonda le <em>Journal of Social, Political and Economic Studies, </em>qui prit la rel&egrave;ve de la revue de la ligue anticommuniste, <em>The Journal of American Affairs. </em>Des auteurs connus pour leurs positions n&eacute;gationnistes et racistes, comme Wayne Hutton et Kerry Bolton y particip&egrave;rent. Pearson fut une r&eacute;f&eacute;rence pour diff&eacute;rents groupes n&eacute;o-nazis et supr&eacute;macistes blancs de par le monde qui reprirent ses th&egrave;ses.</p> <p class="texte">Ces exemples anciens sont loin d&rsquo;&ecirc;tre anecdotiques, car ces auteurs sont de nouveau mis en avant par la jeune g&eacute;n&eacute;ration de th&eacute;oriciens racistes, celle de l&rsquo;<em>alt-right</em>, certains d&rsquo;entre eux &eacute;tant m&ecirc;mes des universitaires. Ils offrent l&rsquo;avantage aux militants actuels de pouvoir citer des th&eacute;oriciens racistes particuli&egrave;rement radicaux, mais qui &eacute;chappent &agrave; la sph&egrave;re du nazisme ou du n&eacute;onazisme. Surtout, ils sont utilis&eacute;s comme des cautions universitaires aux discours promouvant l&rsquo;in&eacute;galit&eacute; raciale. En effet, ces milieux faisaient de la pr&eacute;servation de l&rsquo;identit&eacute; blanche des &Eacute;tats-Unis leur cheval de bataille. Quarante ans apr&egrave;s les luttes de la population afro-am&eacute;ricaine pour l&rsquo;obtention des droits civiques, ils restent pr&eacute;sents dans l&rsquo;Universit&eacute; am&eacute;ricaine aujourd&rsquo;hui, avec par exemple le psychologue &eacute;volutionniste, racialiste et antis&eacute;mite Kevin MacDonald, ou le p&eacute;dagogue Robert S.&nbsp;Griffin, promoteur d&rsquo;un nationalisme blanc&nbsp;&ndash; il est d&rsquo;ailleurs l&rsquo;auteur d&rsquo;un ouvrage intitul&eacute; <em>Vivre en tant que blanc</em>, et traduit en fran&ccedil;ais<sup><a class="footnotecall" href="#ftn10" id="bodyftn10">10</a></sup>. Tout est dans le titre.</p> <p class="texte">Il existe en effet aux &Eacute;tats-Unis une longue tradition d&rsquo;universitaires d&rsquo;extr&ecirc;me droite, racistes, racialistes et/ou antis&eacute;mites qui d&eacute;fendent ouvertement leurs positions, ce qui est difficilement compr&eacute;hensible pour un Fran&ccedil;ais. Ces chercheurs ont &eacute;labor&eacute; dans les ann&eacute;es 1960, comme nous l&rsquo;avons vu pr&eacute;c&eacute;demment, des sp&eacute;culations anthropologico-raciales, qui fusionn&egrave;rent dans les ann&eacute;es 1980 avec certaines th&egrave;ses &laquo;&nbsp;pal&eacute;oconservatrices&nbsp;&raquo;, en particulier celles sur la pr&eacute;servation de l&rsquo;identit&eacute; blanche des &Eacute;tats-Unis. Ainsi, le tr&egrave;s Sudiste Samuel Francis, universitaire et &laquo;&nbsp;pal&eacute;oconservateur&nbsp;&raquo;, estimait que la culture et la civilisation occidentales &eacute;taient g&eacute;n&eacute;tiquement indissociables de la race blanche et des peuples europ&eacute;ens, donc qu&rsquo;elles n&rsquo;&eacute;taient pas transmissibles, en leur fond, &agrave; d&rsquo;autres races, quels que fussent les ph&eacute;nom&egrave;nes d&rsquo;acculturation. La fusion entre ces th&egrave;ses &laquo;&nbsp;pal&eacute;oconservatrices&nbsp;&raquo; et celles du &laquo;&nbsp;racisme universitaire&nbsp;&raquo; donnera naissance &agrave; la fin des ann&eacute;es 1970 &agrave; une &laquo;&nbsp;droite&nbsp;&raquo; &ndash;&nbsp;en fait une extr&ecirc;me droite particuli&egrave;rement radicale&nbsp;&ndash; qui se dit indiff&eacute;remment &laquo;&nbsp;racialiste&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;nationaliste blanche&nbsp;&raquo; (&laquo;&nbsp;White Nationalist&nbsp;&raquo;), et dont l&rsquo;un des repr&eacute;sentants actuels sont le th&eacute;oricien raciste Jared Taylor<sup><a class="footnotecall" href="#ftn11" id="bodyftn11">11</a></sup>, le postnazi Greg Johnson<sup><a class="footnotecall" href="#ftn12" id="bodyftn12">12</a></sup>, ou le pa&iuml;en militant Collin Cleary<sup><a class="footnotecall" href="#ftn13" id="bodyftn13">13</a></sup>.</p> <h1 class="texte">L&rsquo;Alt-right, le racisme et l&rsquo;antis&eacute;mitisme</h1> <p class="texte">Si Steven Bannon n&rsquo;est pas antis&eacute;mite, ce n&rsquo;est pas le cas d&rsquo;autres composantes de la n&eacute;buleuse. Chez plusieurs th&eacute;oriciens importants, nous sommes pass&eacute;s du n&eacute;onazisme, c&rsquo;est-&agrave;-dire la promotion de la &laquo;&nbsp;race blanche&nbsp;&raquo; (le &laquo;&nbsp;nazisme mondialis&eacute;&nbsp;&raquo;), de l&rsquo;antis&eacute;mitisme et de l&rsquo;anticommunisme, au postnazisme. Celui-ci peut &ecirc;tre d&eacute;fini comme un discours de d&eacute;fense de la race blanche, au contenu antis&eacute;mite et raciste (&agrave; l&rsquo;instar du n&eacute;onazisme), mais les postnazis ne cherchent plus &agrave; minimiser ou &agrave; nier le g&eacute;nocide des Juifs europ&eacute;ens, ils l&rsquo;assument. En effet, au contraire des n&eacute;onazis, les tenants du postnazisme le reconnaissent et souhaitent &laquo;&nbsp;passer &agrave; autre chose&nbsp;&raquo; selon le mot terrible du philosophe et th&eacute;oricien Greg Johnson, au motif que la race &laquo;&nbsp;blanche&nbsp;&raquo; subirait aujourd&rsquo;hui son propre g&eacute;nocide par la promotion de l&rsquo;homosexualit&eacute;, le m&eacute;tissage, la substitution ethnique et l&rsquo;&laquo;&nbsp;immigration-colonisation&nbsp;&raquo;, organis&eacute;e par les Juifs<sup><a class="footnotecall" href="#ftn14" id="bodyftn14">14</a></sup>. Ces militants, &agrave; la suite de ceux des ann&eacute;es 1970 et 1980, tel le supr&eacute;maciste blanc David Lane, l&rsquo;auteur du <em>Manifeste du g&eacute;nocide blanc</em> et de la c&eacute;l&egrave;bre &laquo;&nbsp;phrase de 14 mots&nbsp;&raquo;<sup><a class="footnotecall" href="#ftn15" id="bodyftn15">15</a></sup>, consid&egrave;rent que ce sont les juifs, rescap&eacute;s du g&eacute;nocide europ&eacute;en, qui se vengeraient de l&rsquo;&eacute;chec de leur extermination&hellip; Le postnazisme se structure aussi sur l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;un &laquo;&nbsp;nationalisme blanc&nbsp;&raquo;, faisant la promotion d&rsquo;un s&eacute;paratisme racial, proche de l&rsquo;apartheid&nbsp;: il s&rsquo;agit de cr&eacute;er des zones de peuplement blanches, loin du m&eacute;tissage.</p> <p class="texte">Dans cette volont&eacute; de cr&eacute;er des &icirc;lots blancs, le n&eacute;opaganisme, ainsi que le paganisme, joue un r&ocirc;le important. Si les pa&iuml;ens aux USA sont moins de 0,3&nbsp;% des croyants en 2017<sup><a class="footnotecall" href="#ftn16" id="bodyftn16">16</a></sup>, sa r&eacute;f&eacute;rence n&rsquo;est pas mineure, loin de l&agrave;&nbsp;: il s&rsquo;agit pour les th&eacute;oriciens radicaux de l&rsquo;<em>Alt-right</em> de revenir &agrave; la vraie foi europ&eacute;enne, celle des peuples blancs originairement europ&eacute;ens. En 2003, environ 50&nbsp;% des adeptes du paganisme nordique dans ce pays sont des extr&eacute;mistes de droite, en particulier en prison, promouvant la sup&eacute;riorit&eacute; de la race aryenne, l&rsquo;antis&eacute;mitisme, le racisme et le n&eacute;gationnisme. Depuis, ce chiffre a continu&eacute; d&rsquo;augmenter, pour se situer actuellement aux alentours de 60&nbsp;% des adeptes, selon l&rsquo;universitaire Su&eacute;dois Matthias Gardell, qui a consacr&eacute; une &eacute;tude au paganisme d&rsquo;extr&ecirc;me droite aux &Eacute;tats-Unis<sup><a class="footnotecall" href="#ftn17" id="bodyftn17">17</a></sup>. Ces militants souhaitent revenir concr&egrave;tement aux religions ethniques des peuples &laquo;&nbsp;blancs&nbsp;&raquo;, le christianisme &eacute;tant vu &agrave; la fois comme un &laquo;&nbsp;bolchevisme de l&rsquo;Antiquit&eacute;&nbsp;&raquo; pour reprendre le mot du mentor de Hitler Dietrich Eckardt<sup><a class="footnotecall" href="#ftn18" id="bodyftn18">18</a></sup>, dont l&rsquo;id&eacute;e a &eacute;t&eacute; reprise dans les ann&eacute;es 1970 par le th&eacute;oricien de la Nouvelle Droite Alain de Benoist<sup><a class="footnotecall" href="#ftn19" id="bodyftn19">19</a></sup>, et comme une religion s&eacute;mite, destructrice de la civilisation antique europ&eacute;enne<sup><a class="footnotecall" href="#ftn20" id="bodyftn20">20</a></sup>. L&rsquo;antis&eacute;mitisme reste donc un point doctrinal chez eux.</p> <p class="texte">L&rsquo;essor de ce paganisme raciste aux &Eacute;tats-Unis durant les d&eacute;cennies 1980 &agrave; 2000 est li&eacute; &agrave; une radicalisation de ces militants, qui partent du postulat que le gouvernement f&eacute;d&eacute;ral est hostile aux &laquo;&nbsp;Blancs&nbsp;&raquo; et, pour les plus radicaux, vendu aux Juifs. De ce fait, les diff&eacute;rents groupes aryens am&eacute;ricains d&eacute;noncent &agrave; la fois la droite conservatrice, jug&eacute;e bigote et &agrave; l&rsquo;origine du probl&egrave;me, les progressistes am&eacute;ricains qui favorisent les minorit&eacute;s (sexuelles ou ethniques) et les n&eacute;oconservateurs dont les principaux repr&eacute;sentants seraient juifs<sup><a class="footnotecall" href="#ftn21" id="bodyftn21">21</a></sup>. En r&eacute;ponse, ces groupes font la promotion du projet ouvertement r&eacute;volutionnaire d&rsquo;un s&eacute;paratisme blanc, qui d&eacute;fendrait la majorit&eacute; blanche d&eacute;laiss&eacute;e. Dans une certaine mesure, ces militants, qui se mettent en marge de la soci&eacute;t&eacute; am&eacute;ricaine et qui en refusent les valeurs, peuvent &ecirc;tre analys&eacute;s comme des anti-am&eacute;ricains, dans le sens o&ugrave; ils refusent explicitement les valeurs de l&rsquo;<em>American Way of Life</em><sup><a class="footnotecall" href="#ftn22" id="bodyftn22">22</a></sup>.</p> <p class="texte">Enfin, ces milieux ont assimil&eacute; les diff&eacute;rentes &eacute;volutions id&eacute;ologiques des uns et des autres, europ&eacute;enne d&rsquo;une part avec une reprise des th&egrave;ses n&eacute;onazies et ethnodiff&eacute;rentialiste&nbsp;; et am&eacute;ricaines d&rsquo;autre part, ce que Nicolas Lebourg appelle le &laquo;&nbsp;n&eacute;onazisme mondialis&eacute;&nbsp;&raquo;<sup><a class="footnotecall" href="#ftn23" id="bodyftn23">23</a></sup>&nbsp;: il ne s&rsquo;agit plus de d&eacute;fendre la seule race nordique, mais toute la &laquo;&nbsp;race blanche&nbsp;&raquo;. En effet, apr&egrave;s-guerre, l&rsquo;extr&ecirc;me droite &eacute;tatsunienne muta, &agrave; l&rsquo;instar des extr&ecirc;mes droites europ&eacute;ennes, mais en restant dans la continuit&eacute; des discours et des positions du d&eacute;but du XX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle. En ce sens, ces militants se placent dans l&rsquo;h&eacute;ritage intellectuel du deuxi&egrave;me Ku Klux Klan, celui qui a exist&eacute; entre 1915 et 1944, dont les positions &eacute;taient ouvertement fascisantes et qui d&eacute;fendait d&eacute;j&agrave; l&rsquo;homme blanc pr&eacute;caris&eacute;. Sa haine n&rsquo;&eacute;taient pas tourn&eacute;e uniquement vers les Afro-Am&eacute;ricains&nbsp;: elle visait &eacute;galement l&rsquo;&Eacute;glise catholique, les Juifs et les immigrants non WASP<sup><a class="footnotecall" href="#ftn24" id="bodyftn24">24</a></sup>. Nous y retrouvons tous les th&egrave;mes de l&rsquo;extr&ecirc;me droite antis&eacute;mite am&eacute;ricaine actuelle. Les th&egrave;ses du &laquo;&nbsp;grand remplacement&nbsp;&raquo; ne datent donc pas d&rsquo;aujourd&rsquo;hui&nbsp;&ndash; au sens propre comme au figur&eacute;.</p> <p class="texte">Ainsi, le samedi 27&nbsp;octobre 2018, un homme entre dans une synagogue de la ville de Pittsburgh, &Eacute;tats-Unis, ouvre le feu en hurlant des insultes antis&eacute;mites, entrecoup&eacute; de &laquo;&nbsp;Tous les Juifs doivent mourir&nbsp;&raquo;. Huit personnes meurent. L&rsquo;an pass&eacute; &agrave; Charlotteville, ville moyenne de ces m&ecirc;mes &Eacute;tats-Unis, une manifestation de militants racistes et autres supr&eacute;macistes blancs criait &laquo;&nbsp;Les Juifs vont nous remplacer&nbsp;&raquo;. Les agressions physiques antis&eacute;mites se multiplient dans ce pays. Selon un article du <em>Monde</em>, publi&eacute; samedi 27 octobre 2018, qui reprend les chiffres de l&rsquo;Anti-defamation League, elles auraient progress&eacute; de 57&nbsp;% depuis deux ans. Selon le m&ecirc;me article, les chiffres du vandalisme de lieux religieux aurait progress&eacute; de 86&nbsp;% durant la m&ecirc;me p&eacute;riode<sup><a class="footnotecall" href="#ftn25" id="bodyftn25">25</a></sup>. Ces militants am&eacute;ricains ont donc invent&eacute; une nouvelle forme d&rsquo;antis&eacute;mitisme inspir&eacute; &agrave; la fois du national-socialisme et de la tradition raciste am&eacute;ricaine. C&rsquo;est celui qu&rsquo;on voit se manifester bruyamment et criminellement aujourd&rsquo;hui. Surtout, ils consid&egrave;rent que ce sont les juifs, rescap&eacute;s du g&eacute;nocide europ&eacute;en, qui se vengeraient de l&rsquo;&eacute;chec de leur extermination&hellip;</p> <p class="texte">Cette haine antis&eacute;mite se nourrit des th&egrave;ses de l&rsquo;extr&ecirc;me droite &eacute;tatsunienne, tr&egrave;s active et surtout tr&egrave;s vivace. Celle-ci se caract&eacute;rise par un discours &agrave; la fois supr&eacute;maciste et s&eacute;paratiste blancs que les militants appellent le &laquo;&nbsp;nationalisme blanc&nbsp;&raquo;. Selon ceux-ci, il s&rsquo;agit &agrave; la fois d&rsquo;affirmer la sup&eacute;riorit&eacute; de la race blanche et de refuser la soci&eacute;t&eacute; multiethnique, en cr&eacute;ant des ilots blancs. En soi, ces th&egrave;ses sont anciennes. On les retrouve d&egrave;s le d&eacute;but du XX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle chez des th&eacute;oriciens racistes, toujours publi&eacute;s et traduits par l&rsquo;extr&ecirc;me droite, comme Madison Grant ou Lothrop Stoddard ainsi que dans les lois raciales &eacute;tatsuniennes, telles les lois &laquo;&nbsp;Jim Crows&nbsp;&raquo;, ou dans la d&eacute;fense des populations WASP (White Anglo-Saxon Protestants)<sup><a class="footnotecall" href="#ftn26" id="bodyftn26">26</a></sup>. Les nazis s&rsquo;en inspir&egrave;rent pour l&rsquo;&eacute;laboration et la promulgation de leurs propres lois raciales. D&eacute;j&agrave;, &agrave; l&rsquo;&eacute;poque, l&rsquo;antis&eacute;mitisme &eacute;tait pr&eacute;sent dans ces discours, les Juifs &eacute;tant vus comme les amis des Noirs. Les th&egrave;ses du &laquo;&nbsp;grand remplacement&nbsp;&raquo; ne datent donc pas d&rsquo;aujourd&rsquo;hui &ndash; au sens propre comme au figur&eacute;.</p> <p class="texte">Ce discours peut sembler d&eacute;lirant. Pourtant, il existe et se diffuse massivement dans les milieux des extr&ecirc;mes droites europ&eacute;ennes et am&eacute;ricaines. Selon ces militants, l&rsquo;un des principaux acteurs de ce g&eacute;nocide seraient le financier et philanthrope George Soros&nbsp;: il incarne parfaitement l&rsquo;id&eacute;altype antis&eacute;mite du juif riche apatride qui cherche &agrave; manipuler la marche du monde et &agrave; entraver le fonctionnement des nations. Surtout, les militants am&eacute;ricains ne restent au stade de l&rsquo;&eacute;criture. Aujourd&rsquo;hui, ils hurlent leur haine et passent &agrave; l&rsquo;action&nbsp;: n&rsquo;oublions pas que ce pays a une longue tradition d&rsquo;attentats et de fusillades d&rsquo;extr&eacute;mistes de droite.</p> <h1 class="texte">L&rsquo;alt-right et l&rsquo;extr&ecirc;me droite fran&ccedil;aise</h1> <p class="texte">S&rsquo;il y a bien une influence de l&rsquo;<em>alt-right</em> sur l&rsquo;extr&ecirc;me droite fran&ccedil;aise, et m&ecirc;me un va et vient d&rsquo;&eacute;changes mutuels et de r&eacute;f&eacute;rences r&eacute;ciproques, cela concerne surtout les groupes les plus radicaux. L&rsquo;<em>alt-right</em> s&rsquo;int&eacute;resse particuli&egrave;rement &agrave; la Nouvelle Droite europ&eacute;enne, qu&rsquo;elle consid&egrave;re comme la &laquo;&nbsp;vraie droite&nbsp;&raquo; selon l&rsquo;expression du raciste universitaire Samuel Francis<sup><a class="footnotecall" href="#ftn27" id="bodyftn27">27</a></sup>. Ainsi, le site tr&egrave;s influent dans ce milieu, Counter Currents Publishing, traduit r&eacute;guli&egrave;rement des articles et des textes des principaux th&eacute;oriciens n&eacute;o-droitiers francophones (Alain de Benoist, Guillaume Faye, Robert Steuckers, Dominique Venner). Cet int&eacute;r&ecirc;t est r&eacute;ciproque&nbsp;: des collaborateurs de ce site sont consid&eacute;r&eacute;s en retour par les n&eacute;o-droitiers francophones comme proches id&eacute;ologiquement, voire comme des amis. C&rsquo;est le cas, par exemple de Greg Johnson pour le Belge Robert Steuckers, tandis que Tomislav Sunic, &eacute;galement membre de l&rsquo;American Third Way Position, un groupuscule nationaliste-r&eacute;volutionnaire<sup><a class="footnotecall" href="#ftn28" id="bodyftn28">28</a></sup>, est le correspondant de <em>Nouvelle &Eacute;cole</em><sup><a class="footnotecall" href="#ftn29" id="bodyftn29">29</a></sup><em> </em>pour la Croatie. Il a aussi consacr&eacute; une &eacute;tude &agrave; cette m&ecirc;me Nouvelle Droite<sup><a class="footnotecall" href="#ftn30" id="bodyftn30">30</a></sup> et a particip&eacute; &agrave; l&rsquo;ouvrage collectif <em>Le Mai 68 de la Nouvelle Droite</em><sup><a class="footnotecall" href="#ftn31" id="bodyftn31">31</a></sup>, aux c&ocirc;t&eacute;s des n&eacute;o-droitiers historiques et publi&eacute; par la Nouvelle Droite pour le trenti&egrave;me anniversaire de Mai&nbsp;68. Cet int&eacute;r&ecirc;t s&rsquo;est concr&eacute;tis&eacute; &agrave; partir de novembre 2011 par la cr&eacute;ation d&rsquo;une revue annuelle intitul&eacute;e <em>North American New Right</em><sup><a class="footnotecall" href="#ftn32" id="bodyftn32">32</a></sup>, qui reprend leur th&eacute;matique habituelle&nbsp;: racialisme, s&eacute;paratisme blanc (&laquo;&nbsp;White Republic&nbsp;&raquo;), histoire et pr&eacute;histoire europ&eacute;ennes, m&eacute;tapolitique, traditionalisme (au sens &eacute;sot&eacute;rique du terme), etc.</p> <p class="texte">Depuis le d&eacute;but des ann&eacute;es 2000, les livres des principaux th&eacute;oriciens de l&rsquo;<em>alt-right</em>, Greg Johnson, Robert S. Griffin et Collin Cleary par exemple, sont traduits par des &eacute;diteurs fran&ccedil;ais, n&eacute;gationniste et n&eacute;onazi pour Akribeia&nbsp;; identitaire et n&eacute;onazi pour Le Lore. Ainsi, Akribeia, en publiant la revue n&eacute;gationniste <em>Tabou</em>, joue un r&ocirc;le important dans la diffusion du supr&eacute;macisme blanc et du postnazisme en traduisant ses diff&eacute;rents th&eacute;oriciens contemporains &eacute;tatsuniens. Il s&rsquo;agit en effet du principal &eacute;diteur en France, et dans le monde francophone, &agrave; la fois des th&eacute;oriciens supr&eacute;macistes blancs am&eacute;ricains, qui voient l&rsquo;action des &laquo;&nbsp;Juifs&nbsp;&raquo; dans le suppos&eacute; &laquo;&nbsp;g&eacute;nocide blanc&nbsp;&raquo; &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre avec le &laquo;&nbsp;grand remplacement&nbsp;&raquo;, publie de nouvelles g&eacute;n&eacute;rations d&rsquo;auteurs antis&eacute;mites et/ou n&eacute;gationnistes, et diffuse les ouvrages des pseudos &eacute;ditions &laquo;&nbsp;Pierre Marteau&nbsp;&raquo;, comme <em>Le National-socialisme une strat&eacute;gie &eacute;volutionnaire et antijuive de groupe</em> de Kevin MacDonald<sup><a class="footnotecall" href="#ftn33" id="bodyftn33">33</a></sup>, <em>L&rsquo;Alliance des Juifs et des Noirs</em>, du m&ecirc;me<sup><a class="footnotecall" href="#ftn34" id="bodyftn34">34</a></sup>, ou <em>La Race selon le national-socialisme</em> du n&eacute;onazi italien Giantantonio Valli<sup><a class="footnotecall" href="#ftn35" id="bodyftn35">35</a></sup>. Quant aux &Eacute;ditions du Lore, elles ont, par exemple, r&eacute;&eacute;dit&eacute; le catalogue de l&rsquo;exposition de Paris de 1941 sur &laquo;&nbsp;le Juif et la France&nbsp;&raquo;, des brochures antis&eacute;mites de la Seconde Guerre mondiale, comme la brochure de Georges Montandon, datant de la m&ecirc;me &eacute;poque, <em>Comment reconna&icirc;tre un Juif&nbsp;?</em>... Et cela sans compter les traductions par le m&ecirc;me &eacute;diteur de plaquettes de discours d&rsquo;Adolf Hitler, Heinrich Himmler, Alfred Rosenberg&hellip; ou de n&eacute;onazis pa&iuml;ens comme Matt Koehl<sup><a class="footnotecall" href="#ftn36" id="bodyftn36">36</a></sup> et Collin Cleary<sup><a class="footnotecall" href="#ftn37" id="bodyftn37">37</a></sup>.</p> <p class="texte">Nous restons donc dans les milieux tr&egrave;s radicaux&hellip; De fait, ces auteurs ont permis &agrave; l&rsquo;extr&ecirc;me droite fran&ccedil;aise la plus radicale d&rsquo;&eacute;voluer et de diffuser un discours &laquo;&nbsp;nationaliste blanc&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;postnazi&nbsp;&raquo; dans l&rsquo;espace francophone. Par contre, il n&rsquo;y a gu&egrave;re de relations avec le Rassemblement National, mis &agrave; part, peut-&ecirc;tre des lectures individuelles. En effet, s&rsquo;il y a eu un semblant de rapprochement l&rsquo;Alt-right avec le Front national, ce fut surtout pour ce dernier pour utiliser la notori&eacute;t&eacute; de Bannon, invit&eacute; au congr&egrave;s du FN &agrave; Lille en mars 2018.</p> <p class="texte">Cette extr&ecirc;me droite est &eacute;galement d&rsquo;un genre nouveau, car elle consulte les productions intellectuelles &eacute;labor&eacute;es par l&rsquo;extr&ecirc;me droite europ&eacute;enne, ce qui est rare car les Am&eacute;ricains ne lisent que rarement ce qui n&rsquo;est pas &eacute;crit en anglais. Mais il est vrai que ces militants entretiennent depuis les ann&eacute;es 1960 des liens assez forts avec l&rsquo;extr&ecirc;me droite europ&eacute;enne dans leurs tendances nationalistes-r&eacute;volutionnaires, identitaires et n&eacute;o-droiti&egrave;res. Ils d&eacute;veloppent un discours racial identitaire, cherchant &agrave; d&eacute;fendre l&rsquo;identit&eacute; blanche partout o&ugrave; elle se trouve, et promouvant une solidarit&eacute; ethnique, avec parfois des positions &laquo;&nbsp;socialisantes&nbsp;&raquo;&nbsp;: ces militants, am&eacute;ricains, britanniques<sup><a class="footnotecall" href="#ftn38" id="bodyftn38">38</a></sup> ou australiens, se voient comme des h&eacute;ritiers des Europ&eacute;ens, comme l&rsquo;a mis plusieurs fois en avant le 15&nbsp;mars 2019 l&rsquo;Australien Brenton Tarrant, le terroriste de Christchurch (Nouvelle Z&eacute;lande), dans son manifeste <em>The Great Replacement</em><sup><a class="footnotecall" href="#ftn39" id="bodyftn39">39</a></sup>. En effet, Tarrant se dit fier de ses origines europ&eacute;ennes (&eacute;cossaise, anglaise et irlandaise) et se consid&egrave;re comme un Europ&eacute;en vivant en Australie, reprenant &agrave; son compte la th&eacute;orie de l&rsquo;extr&ecirc;me droite de la &laquo;&nbsp;d&eacute;sinstallation&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire la capacit&eacute; des Europ&eacute;ens de reproduire sur d&rsquo;autres continents la civilisation europ&eacute;enne<sup><a class="footnotecall" href="#ftn40" id="bodyftn40">40</a></sup>. Son leitmotiv, &agrave; en croire son manifeste, serait de d&eacute;fendre la puret&eacute; g&eacute;n&eacute;tique de son peuple, c&rsquo;est-&agrave;-dire &laquo;&nbsp;blanc&nbsp;&raquo; &eacute;videmment.</p> <p class="texte">Surtout, nous sommes loin d&rsquo;une cr&eacute;ation m&eacute;diatique, bien au contraire&nbsp;: il s&rsquo;agit d&rsquo;une id&eacute;ologie au sens propre du terme, ayant cr&eacute;&eacute; sa contre-culture, ses propres r&eacute;f&eacute;rences et grilles de compr&eacute;hension du monde. Cette mouvance radicale est ancienne et a ses th&eacute;oriciens, souvent des universitaires, d&rsquo;ailleurs. Sa relative confidentialit&eacute; est compens&eacute;e par son usage d&rsquo;Internet qui lui a permis de diffuser ses th&egrave;ses au-del&agrave; des milieux restreints d&rsquo;origines, avec un usage intensif des forums et la cr&eacute;ation de sites<sup><a class="footnotecall" href="#ftn41" id="bodyftn41">41</a></sup>. En outre, elle est traduite, publi&eacute;e et comment&eacute;e par l&rsquo;extr&ecirc;me droite europ&eacute;enne, et notamment fran&ccedil;aise, comme le montre le catalogue de l&rsquo;&eacute;diteur n&eacute;gationniste Akribeia. De fait, nous sommes face &agrave; une extr&ecirc;me droite euro-am&eacute;ricaine, comme nous l&rsquo;avons &eacute;crit en introduction de cet article. L&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;une contre-culture radicale occidentale dresse des ponts entre ces militants radicaux tant europ&eacute;ens d&rsquo;am&eacute;ricains, et pourrait bien contribuer &agrave; ce que les exp&eacute;riences id&eacute;ologiques se radicalisent avec constance.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn1" id="ftn1">1</a> <span lang="en" xml:lang="en">Tore Bjorgo</span><span lang="en" xml:lang="en"> &amp; Jeffrey Kaplan, </span><em><span lang="en" xml:lang="en">Nation and Race. The Developping Euro-American Racist Subculture</span></em><span lang="en" xml:lang="en">, Boston, Northeastern University, 1998; Jeffrey Kaplan &amp; Leonard Weinberg, </span><em><span lang="en" xml:lang="en">The Emergence of a Euro-American Right</span></em><span lang="en" xml:lang="en">, New Brunswick, Rudgers University Press, 1998.</span></p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn2" id="ftn2">2</a> <span lang="en" xml:lang="en">Jacob Siegel, </span><span lang="en" xml:lang="en">&laquo;&nbsp;</span><span lang="en" xml:lang="en">The Alt-right&rsquo;s Jewish Godfather</span><span lang="en" xml:lang="en">&nbsp;&raquo;, 29 novembre 2016, </span><em><span lang="en" xml:lang="en">The Tablet</span></em><span lang="en" xml:lang="en">, </span><a href="https://www.tabletmag.com/jewish-news-and-politics/218712/spencer-gottfried-alt-right"><span lang="en" xml:lang="en">https://www.tabletmag.com/jewish-news-and-politics/218712/spencer-gottfried-alt-right</span></a><span lang="en" xml:lang="en">. </span>Consult&eacute; l le 26/05/2019.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn3" id="ftn3">3</a> St&eacute;phane Fran&ccedil;ois, <em>Au-del&agrave; des vents du Nord. L&rsquo;extr&ecirc;me droite fran&ccedil;aise, le P&ocirc;le nord et les Indo-Europ&eacute;ens</em>, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 2014&nbsp;; &laquo;&nbsp;Qu&rsquo;est-ce que l&rsquo;alt-right&nbsp;?&nbsp;&raquo;, Paris, Fondation Jean Jaur&egrave;s, 2017, <a href="https://jean-jaures.org/nos-productions/qu-est-ce-que-l-alt-right">https://jean-jaures.org/nos-productions/qu-est-ce-que-l-alt-right</a>.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn4" id="ftn4">4</a> Lothrop Stoddard, <em>Le Flot montant des peuples de couleurs</em>, Paris, &Eacute;ditions de L&rsquo;Homme libre, 2014.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn5" id="ftn5">5</a> Madison Grant, <em>Le D&eacute;clin de la grande race</em>, Paris, &Eacute;ditions de L&rsquo;Homme libre, 2002.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn6" id="ftn6">6</a> Michael Billig, <em>L&rsquo;Internationale raciste. De la psychologie &agrave; la &laquo;&nbsp;science des races&nbsp;&raquo;</em>, Paris, Maspero, 1981&nbsp;; Nicolas Lebourg, <em>Les Nazis ont-ils surv&eacute;cu&nbsp;? Enqu&ecirc;te sur les internationales fascistes et les crois&eacute;s de la race blanche</em>, Paris, Seuil, 2019.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn7" id="ftn7">7</a> Jean-Paul Demoule, <em>Mais o&ugrave; sont pass&eacute;s les Indo-europ&eacute;ens&nbsp;? Le mythe d&rsquo;origine de l&rsquo;Occident</em>, Paris, Seuil, 2014.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn8" id="ftn8">8</a> Nicolas Lebourg, <em>Les Nazis ont-ils surv&eacute;cu&nbsp;?</em>, <em>op. cit.</em></p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn9" id="ftn9">9</a> <span lang="en" xml:lang="en">Leonard </span><span lang="en" xml:lang="en">Zeskind, </span><em><span lang="en" xml:lang="en">Blood and Politics: The History of the White Nationalist Movement from the Margins to the Mainstream</span></em><span lang="en" xml:lang="en">, Macmillan, 2009.</span></p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn10" id="ftn10">10</a> Robert S. Griffin, <em>Vivre en tant que blanc. &Eacute;crits sur la race 2000-2005</em>, Saint-Genis-Laval, Akribeia, 2008.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn11" id="ftn11">11</a> Jared Taylor, <em>L&rsquo;Am&eacute;rique de la diversit&eacute;&nbsp;: du mythe &agrave; la r&eacute;alit&eacute;</em>, Paris, &Eacute;ditions de L&rsquo;&AElig;ncre, 2016&nbsp;; <em>Des Blancs face au chaos racial</em>, Saint-Genis-Laval, Akribeia, 2019.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn12" id="ftn12">12</a> Greg Johnson, <em>Le Nationalisme blanc. Interrogations et d&eacute;finitions</em>, Saint-Genis-Laval, Akribeia, 2017.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn13" id="ftn13">13</a> Collin Cleary, <em>L&rsquo;Appel aux Dieux</em>, Chevaign&eacute;, Le Lore, 2016.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn14" id="ftn14">14</a> Greg Johnson, <em>Le Nationalisme blanc. Interrogations et d&eacute;finitions</em>, <em>op. cit.</em></p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn15" id="ftn15">15</a> <span class="quotation">&laquo;&nbsp;</span>We must secure the existence of our people and a future for white children<span class="quotation">&nbsp;&raquo; </span>(&laquo;&nbsp;Nous devons pr&eacute;server l&rsquo;existence de notre peuple et l&rsquo;avenir des enfants blancs&nbsp;&raquo;), phrase manifeste des supr&eacute;macistes blancs am&eacute;ricains.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn16" id="ftn16">16</a> <span lang="en" xml:lang="en">&laquo;&nbsp;2014 Religious Landscape Study&nbsp;&raquo;, </span><em><span lang="en" xml:lang="en">Pew Research Center</span></em><span lang="en" xml:lang="en">, </span><a href="http://www.pewforum.org/religious-landscape-study/"><span lang="en" xml:lang="en">http://www.pewforum.org/religious-landscape-study/</span></a><span lang="en" xml:lang="en">. Consult&eacute; le 08 mai 2019.</span></p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn17" id="ftn17">17</a> <span lang="en" xml:lang="en">Matthias </span><span lang="en" xml:lang="en">Gardell, </span><em><span lang="en" xml:lang="en">Gods of the Blood. The Pagan Revival and White Separatism</span></em><span lang="en" xml:lang="en">, Londres/Durham, Duke University Press, 2003.</span></p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn18" id="ftn18">18</a> St&eacute;phane Fran&ccedil;ois, &laquo;&nbsp;Les origines &eacute;sot&eacute;riques de <em>Mein Kampf</em>&nbsp;: mythes et r&eacute;alit&eacute;s&nbsp;&raquo;, <em>Fondation Jean Jaur&egrave;s</em>, Paris, 2018, <a href="https://jean-jaures.org/nos-productions/les-origines-esoteriques-de-mein-kampf-mythes-et-realites">https://jean-jaures.org/nos-productions/les-origines-esoteriques-de-mein-kampf-mythes-et-realites</a>.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn19" id="ftn19">19</a> St&eacute;phane Fran&ccedil;ois, <em>Les N&eacute;o-paganismes et la Nouvelle Droite (1980-2006). Pour une autre approche</em>, Milan, Arch&egrave;, 2008.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn20" id="ftn20">20</a> St&eacute;phane Fran&ccedil;ois, &laquo;&nbsp;R&eacute;-exploitation de l&rsquo;anthropologie SS par les pa&iuml;ens identitaires am&eacute;ricains. Le cas de la Wulfind Kindred&nbsp;&raquo;, <em>in</em> Olivier Dard (dir.), <em>Organisations,</em><em> mouvements et partis des droites radicales au XX</em><sup><em>e</em></sup><em> si&egrave;cle (Europe-Am&eacute;riques)</em>, Bern, Peter Lang, 2015, pp. 117-132.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn21" id="ftn21">21</a> Kevin MacDonald, <em>Le N&eacute;oconservatisme&nbsp;: un mouvement juif</em>, Milan, Pierre Marteau, 2013.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn22" id="ftn22">22</a> St&eacute;phane Fran&ccedil;ois, &laquo;&nbsp;R&eacute;-exploitation de l&rsquo;anthropologie SS par les pa&iuml;ens identitaires am&eacute;ricains. Le cas de la Wulfind Kindred&nbsp;&raquo;, art. cit.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn23" id="ftn23">23</a> L&rsquo;expression est de Nicolas Lebourg, et l&rsquo;id&eacute;e sous-jacente est d&eacute;velopp&eacute;e dans <em>Les Nazis ont-ils surv&eacute;cus&nbsp;?.</em> <span lang="en" xml:lang="en">Qu&rsquo;il en soit remerci&eacute;&nbsp;!</span></p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn24" id="ftn24">24</a> <span lang="en" xml:lang="en">Roger Martin, </span><em><span lang="en" xml:lang="en">Amerikkka. Voyage dans l&rsquo;internationale n&eacute;o-fasciste</span></em><span lang="en" xml:lang="en">, Paris, Calmann-L&eacute;vy, 1995&nbsp;; Allen W. Trelease, </span><em><span lang="en" xml:lang="en">White Terror: The Ku Klux Klan Conspiracy and Southern Reconstruction</span></em><span lang="en" xml:lang="en">, </span><span lang="en" xml:lang="en">Louisiana State University Press</span><span lang="en" xml:lang="en">, 1995&nbsp;; Wyn Craig Wade, </span><em><span lang="en" xml:lang="en">The Fiery Cross: The Ku Klux Klan in America</span></em><span lang="en" xml:lang="en">, </span><span lang="en" xml:lang="en">Oxford University Press</span><span lang="en" xml:lang="en">, 1998.</span></p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn25" id="ftn25">25</a> Les D&eacute;codeurs, &laquo;&nbsp;Aux &Eacute;tats-Unis, les actes antis&eacute;mites en forte progression&nbsp;&raquo;, Le Monde, 27 octobre 2018, <a href="https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/10/27/aux-etats-unis-les-actes-antisemites-en-forte-progression_5375602_4355770.html">https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/10/27/aux-etats-unis-les-actes-antisemites-en-forte-progression_5375602_4355770.html</a>. Consult&eacute; le 26/05/2019.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn26" id="ftn26">26</a> St&eacute;phane Fran&ccedil;ois, &laquo;&nbsp;Un bref rappel historique des extr&ecirc;mes droites &eacute;tats-uniennes&nbsp;&raquo;, <em>L&rsquo;Avant-sc&egrave;ne cin&eacute;ma</em>, n&deg; 661-662, 2019, pp. 42-49.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn27" id="ftn27">27</a> <span lang="en" xml:lang="en">Samuel Francis</span><span lang="en" xml:lang="en">, &laquo;&nbsp;The Real Right&nbsp;&raquo;, </span><em><span lang="en" xml:lang="en">The Occidental Quarterly</span></em><span lang="en" xml:lang="en">, vol. </span>IV (3), 2004.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn28" id="ftn28">28</a> Le nationalisme-r&eacute;volutionnaire, n&eacute; dans le sillage de l&rsquo;ind&eacute;pendance de l&rsquo;Alg&eacute;rie, est un courant issu du n&eacute;ofascisme associant des positions anticapitalistes et anticolonialistes &agrave; l&rsquo;h&eacute;ritage des droites r&eacute;volutionnaires des ann&eacute;es 1930, notamment le fascisme et certains aspects du national-socialisme, en particulier le strasserisme, le &laquo;&nbsp;nazisme de gauche&nbsp;&raquo;. Rejetant &agrave; la fois le capitalisme et l&rsquo;occidentalisation du monde et le syst&egrave;me sovi&eacute;tique, ils ont cherch&eacute; une &laquo;&nbsp;troisi&egrave;me voie&nbsp;&raquo; ni capitaliste, ni communiste. Entre les ann&eacute;es 1970 et 2000, les nationalistes-r&eacute;volutionnaires ont soutenu les r&eacute;gimes la&iuml;cs arabes (Syrie, Irak, Lybie). Ils sont souvent qualifi&eacute;s d&rsquo;&ecirc;tre l&rsquo;&laquo;&nbsp;extr&ecirc;me gauche de l&rsquo;extr&ecirc;me droite&nbsp;&raquo;. Sur ce courant, voir Nicolas Lebourg, <em>Le Monde vu de la plus extr&ecirc;me droite. Du fascisme au nationalisme-r&eacute;volutionnaire</em>, Perpignan, Presses Universitaires de Perpignan, 2010&nbsp;; St&eacute;phane Fran&ccedil;ois, &laquo;&nbsp;Un exemple de diffusion id&eacute;ologique sur Internet&nbsp;: le cas de la librairie nationaliste-r&eacute;volutionnaire Librad&nbsp;&raquo;<em> in</em> Olivier Dard (dir.), <em>Supports et</em><em> vecteurs de la culture d&rsquo;extr&ecirc;me droite (Europe-Am&eacute;riques)</em>, Bern, Peter Lang, 2013, pp. 25-38.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn29" id="ftn29">29</a> <em>Nouvelle &Eacute;cole</em> est la revue th&eacute;orique de la Nouvelle Droite fond&eacute;e en 1968 par Alain de Benoist.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn30" id="ftn30">30</a> <span lang="en" xml:lang="en">Tomislav Sunic, </span><em><span lang="en" xml:lang="en">Against Democracy and Equality. The European New Right</span></em><span lang="en" xml:lang="en">, Peter Lang Pub Inc., 1990.</span></p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn31" id="ftn31">31</a> Collectif, <em>Le Mai 68 de la Nouvelle Droite</em>, Paris, Labyrinthe, 1998.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn32" id="ftn32">32</a> <a href="https://www.counter-currents.com/north-american-new-right-vol-1/">https://www.counter-currents.com/north-american-new-right-vol-1/</a>. Consult&eacute; le 27/05/2019.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn33" id="ftn33">33</a> Kevin MacDonald,<em> Le National-socialisme une strat&eacute;gie &eacute;volutionnaire et antijuive</em> <em>de groupe</em>, Milan, Pierre Marteau, 2012.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn34" id="ftn34">34</a> Kevin MacDonald, L&rsquo;Alliance des Juifs et des Noirs, Milan, Pierre Marteau, 2013.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn35" id="ftn35">35</a> Giantantonio Valli, <em>La Race selon le national-socialisme. Th&eacute;orie anthropologique et pratique juridique</em>, Milan, Pierre Marteau, 2014.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn36" id="ftn36">36</a> Matt Koehl, <em>La Foi du futur</em>, Chevaign&eacute;, Le Lore, 2018.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn37" id="ftn37">37</a> Collin Cleary, <em>L&rsquo;Appel aux Dieux</em>, <em>op. cit.</em></p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn38" id="ftn38">38</a> Pour un exemple d&rsquo;&eacute;diteur &laquo;&nbsp;alt-right&nbsp;&raquo; britannique, avec une antenne aux &Eacute;tats-Unis, voir le site d&rsquo;Arktos media&nbsp;: https://arktos.com/, qui traduit des auteurs fran&ccedil;ais (Alain de Benoist, Guillaume Faye, etc.), russes (Alexandre Douguine), des britanniques (Edward Dutton) ainsi que d&rsquo;autres Europ&eacute;ens, des auteurs &laquo;&nbsp;classiques&nbsp;&raquo; de l&rsquo;extr&ecirc;me droite europ&eacute;enne (Julius Evola, OswaldSpengler, Francis Parker Yockey) et des militants am&eacute;ricains (Francis Parker Yockey, Tomislav Sunic, etc.)...</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn39" id="ftn39">39</a> St&eacute;phane Fran&ccedil;ois, &laquo;&nbsp;Le terroriste de Christchurch s&rsquo;inspire du courant nativiste anglo-saxon&nbsp;&raquo;, <em>Le Monde</em>, 18/03/2019, <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/03/18/le-terroriste-de-christchurch-s-inspire-du-courant-nativiste-anglo-saxon_5437586_3232.html">https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/03/18/le-terroriste-de-christchurch-s-inspire-du-courant-nativiste-anglo-saxon_5437586_3232.html</a></p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn40" id="ftn40">40</a> St&eacute;phane Fran&ccedil;ois, <em>Au-del&agrave; des vents du Nord</em>, <em>op. cit.</em></p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn41" id="ftn41">41</a> <span lang="en" xml:lang="en">Amanda </span><span lang="en" xml:lang="en">Hess</span><span lang="en" xml:lang="en">, </span><span lang="en" xml:lang="en">&laquo;&nbsp;</span><span lang="en" xml:lang="en">For the Alt-Right, the Message Is in the Punctuation</span><span lang="en" xml:lang="en">&nbsp;&raquo;</span><span lang="en" xml:lang="en">, </span><em><span lang="en" xml:lang="en">The New York Times</span></em><span lang="en" xml:lang="en">. </span>10 juin 2016, <a href="https://www.nytimes.com/2016/06/11/arts/for-the-alt-right-the-message-is-in-the-punctuation.html">https://www.nytimes.com/2016/06/11/arts/for-the-alt-right-the-message-is-in-the-punctuation.html</a>. <span lang="en" xml:lang="en">Consult&eacute; le 27/05/2019.</span></p>