<p style="text-indent: 35.45pt; margin-top: 8px; margin-bottom: 3px; text-align: left;"><strong>DOSSIER : LA PROPAGANDE POLITIQUE AU 21e SIECLE</strong></p> <p style="text-indent: 35.45pt; margin-top: 8px; margin-bottom: 3px; text-align: center;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>Lorsque plebs deviennent populus : intersubjectivit&eacute; politique du populisme</b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><i>Maram Tebini pr&eacute;pare un master de psychologie clinique &agrave; la facult&eacute; des sciences humaines et sociales de Tunis.&nbsp;</i></span></span></span><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><i>Elle travaille&nbsp;sur la question des configurations socio-politiques et leurs liens avec les affects et la dynamique intersubjective</i></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>Sommaire</b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>1. Le peuple, les masses, et les foules : lien social ou processus de civilisation</b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>2. Le nom du &laquo; peuple &raquo;</b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>3. Le non du &laquo; peuple &raquo; </b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>4. Au nom du &laquo; peuple &raquo; : la volont&eacute; g&eacute;n&eacute;rale</b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>5. L&rsquo;autre : l&rsquo;&eacute;lite corrompue et les institutions </b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>6. Le leader populiste comme meneur de foules </b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>7. Rh&eacute;torique et attitudes populistes </b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Notre &egrave;re semble servir de piste d&rsquo;incandescence pour un ph&eacute;nom&egrave;ne qui prend de plus en plus d&rsquo;ampleur &agrave; travers le monde. Le ph&eacute;nom&egrave;ne qu&rsquo;est le populisme impose des questionnements politico-&eacute;thiques, sociaux, psychologiques, communicationnels, mais aussi des questions concernant le mode organisationnel de la politique elle-m&ecirc;me. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les d&eacute;finitions du populisme sont prot&eacute;iformes. Il peut &ecirc;tre d&eacute;crit &agrave; partir de l&rsquo;approche id&eacute;ationnelle comme un discours, un mouvement, et une strat&eacute;gie (Ionescu &amp; Gellner, 1969). Le populisme serait donc une id&eacute;ologie bas&eacute;e sur le clivage de la soci&eacute;t&eacute; en deux groupes sociaux antagonistes : le peuple authentique et pur en opposition avec l&rsquo;&eacute;lite politique corrompue et immorale, la politique serait, selon ce mod&egrave;le, un moyen d&rsquo;exprimer la volont&eacute; g&eacute;n&eacute;rale du peuple (Mudde, 2004). Il pourrait &ecirc;tre &eacute;galement d&eacute;fini selon l&rsquo;approche politico-strat&eacute;gique qui stipule que le populisme est une strat&eacute;gie politique, selon laquelle un leader politique tente d&rsquo;exercer ou exerce un pouvoir gouvernemental bas&eacute; sur le soutien direct, non institutionnalis&eacute;, et sans interm&eacute;diaire quelconque d&#39;un nombre &eacute;lev&eacute; de partisans qui sont pour la plupart non organis&eacute;s et ind&eacute;pendants. Le leader, qui se focalise sur l&rsquo;action et non sur la rh&eacute;torique, attaque des ennemis dangereux et malsains, et fait en sorte de mobiliser ses partisans pour des &eacute;pop&eacute;es et des missions h&eacute;ro&iuml;ques. (Weyland, 2001). Le populisme pourrait de m&ecirc;me &ecirc;tre envisag&eacute; selon l&rsquo;approche socio-culturelle qui le consid&egrave;re comme un ph&eacute;nom&egrave;ne &agrave; double sens, d&eacute;termin&eacute; par le lien et la relation entre le leader politique et ses partisans. L&rsquo;approche socio-culturelle consid&egrave;re une relation dyadique entre leader et partisans, nourries par des revendications et renforc&eacute;e par une autre relation entre cette dyade (leader-partisans) et une alt&eacute;rit&eacute; mena&ccedil;ante et destructrice, ce qui fait en sorte qu&rsquo;un sentiment d&rsquo;appartenance identitaire se cr&eacute;e, &agrave; l&rsquo;issue du processus de cat&eacute;gorisation sociale (Tajfel, 1959).</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">M&ecirc;me si la vision manich&eacute;enne de la soci&eacute;t&eacute; reste un d&eacute;nominateur commun, peu importe l&rsquo;approche explicatrice adopt&eacute;e et en prenant en compte les caract&eacute;ristiques propres aux cultures des diff&eacute;rentes r&eacute;gions du monde o&ugrave; ce ph&eacute;nom&egrave;ne est pr&eacute;sent, nous assistons &agrave; une confusion quant &agrave; la mani&egrave;re utilis&eacute;e pour r&eacute;pertorier les attitudes et les pens&eacute;es populistes. Le social, le politique, le culturel se croisent dans le carrefour d&rsquo;hypoth&egrave;ses tentant d&rsquo;expliquer la subjectivit&eacute; du populisme. Ils ne peuvent pas seuls expliciter le d&eacute;bordement pulsionnel r&eacute;gressif des masses et la repr&eacute;sentation abusive de l&rsquo;imago du &laquo; <i>peuple</i> &raquo; qui se mue &agrave; l&rsquo;avantage des leaders populistes.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;affect est une composante d&eacute;terminante dans le fonctionnement psychique parce qu&rsquo;il influe sur les autres composantes et qu&rsquo;il construit et &eacute;labore des liens, des &eacute;changes et des relations avec la probl&eacute;matique identitaire, narcissique et soci&eacute;tale (George et al, 2007). L&rsquo;affect et la politique tissent des liens solides. Ces liens sont d&eacute;montr&eacute;s par la pr&eacute;valence des processus &eacute;motionnels et affectifs dans la prise d&eacute;cisionnelle politique, qu&rsquo;il soit question du vote, de choix l&eacute;gislatifs ou de politiques publiques etc. Les affects intersubjectifs sont au c&oelig;ur du populisme, ils le nourrissent et il survit &agrave; travers eux, comme par une forme d&rsquo;&eacute;tayage (Redlawsk, 2006). Le populisme se base sur un clivage de deux objets, auparavant d&eacute;sign&eacute;s et d&eacute;finis, le peuple souverain et l&rsquo;&eacute;lite corrompue. Ce ph&eacute;nom&egrave;ne ob&eacute;it &agrave; des m&eacute;canismes d&rsquo;instauration et de prolongement &agrave; travers le temps. L&rsquo;&eacute;tat affectif du &laquo; <i>peuple</i> &raquo; serait donc r&eacute;v&eacute;lateur de son syst&egrave;me de repr&eacute;sentations/symbolisations et offrirait une piste de compr&eacute;hension quant aux processus d&rsquo;activation des pens&eacute;es et attitudes populistes mais aussi sur les m&eacute;canismes cruciaux qui ont fait en sorte que ce ph&eacute;nom&egrave;ne se perp&eacute;tue, donnant lieu ainsi &agrave; des pistes alternatives.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">A l&rsquo;instar de la structure organisationnelle groupale, les am&eacute;nagements politiques ne sont pas statiques : le vote, les mouvements politiques, la n&eacute;gociation, l&rsquo;adh&eacute;sion, l&rsquo;opposition, la crise, et l&rsquo;affectivit&eacute; qui transcende ces mouvements, ob&eacute;issent tous &agrave; une dynamique complexe qui les r&eacute;git. La notion de dynamique implique celle du conflit entre des instances en opposition. Il s&rsquo;agit d&rsquo;un syst&egrave;me dont les modalit&eacute;s mythiques, sociales, historiques, institutionnelles, organisationnelles, groupales, individuelles et pulsionnelles, se renforcent mutuellement pour cr&eacute;er un &eacute;quilibre et une non-stratification (Enriquez, 1983).</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La Tunisie n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; &eacute;pargn&eacute;e par les discours populistes. Cet &eacute;moi populiste ne semble m&eacute;nager aucun parti politique et aucune f<span style="font-size:9.0pt"><span style="display:none"> f</span></span>igure embl&eacute;matique de la sc&egrave;ne politique tunisienne n&rsquo;outrepasse. Depuis la r&eacute;volution de 2011, nous assistons &agrave; la lev&eacute;e d&rsquo;un appel au &laquo;<i> peuple</i> &raquo; qui d&eacute;passe les &laquo; <i>id&eacute;ologies</i> &raquo; et les appartenances politiques. Les &eacute;l&eacute;ments de ces populismes qu&rsquo;a vus la Tunisie post-r&eacute;volutionnaire sont nombreux et diff&eacute;rents, &agrave; cause des diverses appartenances id&eacute;ologiques qui les sous-tendent et de la divergence des &eacute;l&eacute;ments rh&eacute;toriques qui les d&eacute;finissent. Les populismes tunisiens sont informels, peu concrets et ils tiennent cet aspect caract&eacute;riel qui d&eacute;borde des notions de &laquo; <i>gauche</i> &raquo; et de &laquo; <i>droite </i>&raquo;. Depuis des ann&eacute;es, il existe un discours r&eacute;pandu dont avaient profit&eacute; ces figures et les partis qui les repr&eacute;sentent : l&rsquo;Etat est affaibli, les ressources sont exploit&eacute;es par des forces &eacute;trang&egrave;res, l&rsquo;&eacute;lite politique se pr&eacute;occupe peu des citoyens, les d&eacute;cideurs sont des opportunistes corrompus, les h&eacute;ros du pass&eacute; sont d&eacute;chus, personne que nous connaissons n&rsquo;est l&agrave; pour nous sauver, etc. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ce &laquo; <i>peuple </i>&raquo; se produit comme sujet politique, en lutte avec une s&eacute;rie d&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;s sociales et politiques. Il est int&eacute;ressant de noter que le contenu du clivage entre le &laquo; <i>nous </i>&raquo; et les &laquo; <i>autres </i>&raquo; ne soit pas prescrit &agrave; l&rsquo;avance. Tant&ocirc;t repr&eacute;sent&eacute;e tel un groupe minoritaire de dominants bourgeois et cupides, tant&ocirc;t comme des occidentalistes pervers qui pr&ocirc;nent la soumission aux colons eurocentristes, &laquo; <i>l&rsquo;&eacute;lite</i> &raquo; se construit et se d&eacute;marque en fonction de la rh&eacute;torique des &laquo; souverains &raquo; qui s&rsquo;y opposent. Les populistes cr&eacute;ent un lien affectif avec la notion du &laquo;peuple&raquo;, rallient les masses auparavant disparates et ignor&eacute;s par &laquo; l&rsquo;&eacute;lite &raquo;, puis utilisent les revendications insatisfaites pour cr&eacute;er un sentiment de coh&eacute;sion entre la majorit&eacute;, pourtant pr&eacute;caire et socialement ali&eacute;n&eacute;e. Il s&rsquo;agit donc de &laquo; <i>l&rsquo;ombre port&eacute;e par la d&eacute;mocratie elle-m&ecirc;me</i> &raquo;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[1]</span></span></span></span></span></a>, un sympt&ocirc;me de la d&eacute;mocratie qui active les angoisses qui lui sont relatives.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le populisme est intimement affectif. N&eacute;anmoins, il faut noter que l&rsquo;interpr&eacute;tation de ce ph&eacute;nom&egrave;ne est loin d&rsquo;&ecirc;tre consensuelle et que plusieurs chercheurs s&rsquo;efforcent &agrave; le cadrer. Identifier les causes et les m&eacute;canismes du populisme n&rsquo;est pas chose ais&eacute;e lorsque nous prenons en compte les atermoiements des interpr&eacute;tations socio-politiques et culturelles et le caract&egrave;re hybride et in&eacute;dit de certains &laquo; <i>populismes</i> &raquo;. Il est donc important de souligner les probl&egrave;mes m&eacute;thodologiques et m&eacute;tath&eacute;oriques soulev&eacute;s lors de l&rsquo;&eacute;tude de ce fait et de prendre en compte les efforts d&rsquo;interpr&eacute;tation interculturelle des postulats th&eacute;oriques d&eacute;j&agrave; &eacute;mis. En Tunisie, il serait difficile d&rsquo;&eacute;tiqueter un parti ou une figure politique de populisme, il y aurait pourtant des traits communs qui correspondent &agrave; ce ph&eacute;nom&egrave;ne et qu&rsquo;il serait int&eacute;ressant d&rsquo;analyser. Le populisme se nourrit de la division de la soci&eacute;t&eacute; et du clivage de son ensemble constituant entre &laquo; <i>&eacute;lite corrompue</i> &raquo; et &laquo; <i>peuple pur </i>&raquo;. Il propose des moyens de faire de la politique en assurant la mise en &oelig;uvre de la volont&eacute; g&eacute;n&eacute;rale, en distinguant des boucs &eacute;missaires et en adoptant des points de vue typiquement nationalistes autour des questions institutionnelles et socio-&eacute;conomiques.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>1. Le peuple, les masses, et les foules : lien social ou processus de civilisation</b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&laquo;<i> Souvent la foule trahit le peuple. </i>&raquo;, disait Victor Hugo. Le v&eacute;cu subjectif et intersubjectif des foules psychologiques est une question plac&eacute;e au vif des d&eacute;bats pour sa pertinence et la validit&eacute; des interrogations qu&rsquo;elle impose.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Gustave Le Bon (1895) d&eacute;finit la foule comme &eacute;tant un organisme social spontan&eacute; qui va niveler les comportements sociaux des sujets le composant, cet organisme poss&eacute;derait une &acirc;me collective qui se substitue &agrave; l&rsquo;addition des &acirc;mes individuelles. La foule poss&egrave;de des caract&eacute;ristiques qui la d&eacute;finissent et expliquent son fonctionnement. La pr&eacute;sence des processus associ&eacute;s de la contagion mentale, la suggestion, et la submersion suffisent pour discuter la pr&eacute;sence de mouvements de foule. Il s&rsquo;agit du sentiment de puissance permettant &agrave; l&rsquo;individu en foule de c&eacute;der &agrave; ses instincts, de perdre son identit&eacute; personnelle au profit de celle de la foule, et de sacrifier ses int&eacute;r&ecirc;ts pour ceux de la collectivit&eacute;.&nbsp; Ces caract&eacute;ristiques r&eacute;gissent les contacts et les mouvements de l&rsquo;entit&eacute; sociale qu&rsquo;est la foule. Ils inhibent les capacit&eacute;s de r&eacute;flexion et de critique et entrainent un ph&eacute;nom&egrave;ne marqu&eacute; par le manque de discernement qui pourrait amener les sujets vers des comportements &laquo; <i>h&eacute;ro&iuml;ques</i> &raquo; et sacrificiels, face &agrave; la manipulation des meneurs de ces foules influen&ccedil;ables et cr&eacute;dules par conformisme et normativit&eacute; (LeBon, 1895). La dynamique de l&rsquo;imitation (Tarde, 1901) est pour les foules l&rsquo;essence de leur socialisation. Les foules qui se constituent suivant une dynamique &laquo; <i>passionnelle </i>&raquo; et affective sont outranci&egrave;res, despotes, dogmatiques, et leurs comportements tendent vers l&#39;uniformit&eacute; et l&#39;unanimit&eacute;.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les masses ont tendance &agrave; &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;es comme des entit&eacute;s form&eacute;es de groupements granulaires et inter-influen&ccedil;ables. Dans son livre <i>Psychologie des masses et analyse du moi,</i> Freud (1921) insiste sur l&rsquo;importance de l&rsquo;Eros (pulsion de vie) dans la structuration des masses et le maintien de leur unisson (Freud, 1921). La pulsion de vie consiste en une force qui rapproche les sujets et fait en sorte qu&rsquo;ils se fusionnent en une &laquo; <i>masse </i>&raquo;. En outre, ces masses sont caract&eacute;ris&eacute;es par une relation d&rsquo;objet (entre foule et meneur de foule) marqu&eacute;e par l&rsquo;absence d&rsquo;investissement: il s&rsquo;agit d&rsquo;une relation an&eacute;rotique anobjectale. L&rsquo;objet du meneur de foule analogue &agrave; la figure du &laquo;<i> p&egrave;re</i> &raquo;, chef de la horde primitive est incorpor&eacute; dans l&rsquo;Id&eacute;al du Moi groupal qui dicte les id&eacute;aux propres des sujets. Canetti (1960) stipule que le sujet entre dans un processus de &laquo; <i>faire masse</i> &raquo; archa&iuml;que et ancr&eacute;, il s&rsquo;agit du processus &agrave; l&rsquo;origine des rassemblements communautaires, charg&eacute;s de proximit&eacute; et d&rsquo;affinit&eacute; analogues &agrave; ceux observ&eacute;s au sein des meutes (Canetti, 1960). La masse dont parle Canetti est une entit&eacute; qui tend &agrave; s&rsquo;accroitre continuellement en adoptant un rythme et une direction pr&eacute;cise. La question de rythmicit&eacute; des masses o&ugrave; nous ne voyons &laquo;&nbsp;<i>danser qu&rsquo;un seul &ecirc;tre, muni de cinquante t&ecirc;tes, cent jambes et cent bras, qui agissent tous exactement de la m&ecirc;me fa&ccedil;on, dans une seule et m&ecirc;me intention&nbsp;</i>&raquo;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[2]</span></span></span></span></span></a>, implique un caract&egrave;re fusionnel et multiplicatif des masses rythm&eacute;s et vibrantes. Ce caract&egrave;re implique une r&eacute;gression collective qui nait de cette tentative fusionnelle et renforcerait une construction d&rsquo;une repr&eacute;sentation de la figure d&rsquo;un meneur, sujette &agrave; des processus identificatoires et d&rsquo;introjection.&nbsp;&nbsp;   </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le peuple quant &agrave; lui se d&eacute;finit tant&ocirc;t comme l&rsquo;op&eacute;rationnalisation des probl&eacute;matiques identitaires d&rsquo;un groupe donn&eacute;, tant&ocirc;t comme promesse charg&eacute;e d&rsquo;optimisme, et tant&ocirc;t comme revendication d&eacute;mocratique. Il emprunte les caract&eacute;ristiques des foules et des masses mais se distancie de ces concepts, d&eacute;nigr&eacute;es par th&eacute;oriciens de l&rsquo;&eacute;poque (Freud, Canetti, LeBon, etc.) pour leur inclination vers le fascisme et le totalitarisme. Le peuple est une construction que plusieurs paradigmes tentent d&rsquo;expliquer, depuis l&rsquo;antiquit&eacute;. Il pourrait &ecirc;tre d&eacute;finit comme &eacute;tant &laquo; <i>un ensemble des personnes vivant en soci&eacute;t&eacute; sur un m&ecirc;me territoire et unies par des liens culturels, des institutions politiques (le peuple fran&ccedil;ais), (...) leur origine, leur mode de vie, leur langue ou leur culture (la dispersion du peuple juif) (...) [ou encore] la r&eacute;gion qu&#39;elles habitent (le peuple des campagnes)</i>&raquo;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[3]</span></span></span></span></span></a>. Cette d&eacute;finition n&rsquo;est pourtant pas exhaustive et il incombe de s&rsquo;int&eacute;resser au concept du &laquo; peuple &raquo;.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>2. Le nom du &laquo; peuple &raquo;</b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le &laquo; <i>peuple</i> &raquo; est un mot qui fait ch&oelig;ur et auquel nous sommes continuellement expos&eacute;s. Enonc&eacute; et r&eacute;p&eacute;t&eacute; sans cesse par les figures politiques, activistes, et m&eacute;diatiques, ce mot semble anodin et charg&eacute; de belles intentions. Mais, une question a le m&eacute;rite d&rsquo;&ecirc;tre pos&eacute;e : &laquo; Qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;un peuple ? &raquo;. La construction de l&rsquo;entit&eacute; sociale qu&rsquo;est le peuple est certes utile pour la construction d&rsquo;un ensemble communautaire et d&rsquo;un sentiment d&rsquo;appartenance &agrave; un groupe, mais les m&eacute;canismes sous-jacents &agrave; cette construction restent &agrave; &eacute;lucider. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En effet, ce concept porte les caract&eacute;ristiques de l&rsquo;&laquo;&nbsp;<i>objet petit a</i> &raquo; (Laclau, 1977), dans le sens o&ugrave; il s&rsquo;agirait un signifiant vide, selon la th&eacute;orique lacanienne. Depuis le d&eacute;veloppement du &laquo; <i>stade du miroir</i> &raquo;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[4]</span></span></span></span></span></a>, l&rsquo; &laquo; <i>objet petit a </i>&raquo; joue le r&ocirc;le d&rsquo;un &eacute;l&eacute;ment de l&#39;indispensable m&eacute;diation unissant le sujet &agrave; une alt&eacute;rit&eacute;. L&rsquo;&laquo; <i>objet petit a</i> &raquo; est la fois objet de manque et cause de d&eacute;sir. D&rsquo;une part, notons que c&rsquo;est par le fantasme que s&rsquo;&eacute;tabli la relation entre l&rsquo;&laquo;&nbsp;<i><span style="font-size:9.0pt"><span style="display:none">&nbsp;&raquo;&nbsp;&raquo; </span></span></i><i>objet petit a </i>&raquo; et le moi id&eacute;al. Lacan (1963) disait que &laquo; <i>mon d&eacute;sir entre dans l&#39;Autre o&ugrave; il est attendu, de toute &eacute;ternit&eacute; sous la forme de l&#39;objet que je suis en tant qu&#39;il m&#39;exile de ma subjectivit&eacute; en r&eacute;sumant tous les signifiants, &agrave; quoi cette subjectivit&eacute; est attach&eacute;e </i>&raquo; <a href="#_ftn5" name="_ftnref5" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[5]</span></span></span></span></span></a>. Or, l&rsquo;id&eacute;al groupal ou &laquo; <i>le moi id&eacute;al commun</i> &raquo; aurait dans une dimension sociale le caract&egrave;re de l&rsquo;illusion groupale survenant chez un groupe donn&eacute; &agrave; l&rsquo;issue de sa phase d&#39;angoisse pers&eacute;cutive et qui cimenterait son unit&eacute; mais l&rsquo;ali&egrave;nerait en m&ecirc;me temps, &eacute;tant donn&eacute; que son prolongement emp&ecirc;cherait l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; la phase suivante de d&eacute;sillusion (Anzieu, 1971). Cette &eacute;tape de &laquo; <i>illusion groupale</i> &raquo; est une &eacute;tape fondatrice du narcissisme groupal, elle peut se manifester dans l&rsquo;attachement profond et extr&ecirc;me &agrave; une appartenance nationaliste, ethnique, religieuse, sectaire, partisane, etc. Cet attachement donnerait &agrave; l&rsquo;objet groupal sur lequel se structurerait l&rsquo;ensemble de l&rsquo;identit&eacute; du sujet un caract&egrave;re analogue de l&rsquo;attachement fusionnel de l&rsquo;enfant &agrave; son &laquo; <i>care giver</i> &raquo; qui est sens&eacute; lui prodiguer des soins et lui offrir une base de s&eacute;curit&eacute;, d&#39;o&ugrave; le d&eacute;ni de la perte de cet objet identificatoire et la recherche effr&eacute;n&eacute;e de s&rsquo;en rapprocher. Il s&rsquo;agit d&rsquo;une d&eacute;fense hypomaniaque contre l&rsquo;angoisse de morcellement et &agrave; travers laquelle un sens de collectivit&eacute; et d&rsquo;unit&eacute; s&rsquo;&eacute;tablit, qui propose comme mode de r&eacute;solution la construction d&rsquo;une imago maternelle (compl&egrave;tement diff&eacute;rente de la repr&eacute;sentation du p&egrave;re puisqu&rsquo;elle est puissante, omnipr&eacute;sente, nourrici&egrave;re et toute bonne pour ses enfants qui lui donnent son statut de m&egrave;re, et qu&rsquo;elle offre un potentiel de fusion par le langage et la volont&eacute; protectrice qui peut satisfaire les fantasmes d&rsquo;omnipotence narcissique des sujets).</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">D&rsquo;autre part, le peuple en tant qu&rsquo;&laquo; <i>objet petit a</i> &raquo; serait -pour les sujets le construisant- cette agalma qui est l&rsquo;objet du d&eacute;sir, cr&eacute;e pour &eacute;blouir, et &eacute;troitement li&eacute;e &agrave; la jouissance. Pourtant, cet objet est un produit du langage qui n&rsquo;a pas d&rsquo;inscription dans le r&eacute;el et qui est susceptible d&rsquo;investissements libidinaux, qui sont essentiellement contingents puisque fondamentalement rat&eacute;s par la pulsion. C&rsquo;est &agrave; travers l&rsquo; &laquo;&nbsp;<i>objet petit a</i> &raquo; que le sujet apprend &agrave; faire pi&egrave;ce aux formes contemporaines du malaise et &agrave; faire face &agrave; son manque. Ce manque, constitutif de quelque chose d&rsquo;inatteignable, conduit le sujet &agrave; rechercher constamment une pl&eacute;nitude perdue, qui se pr&eacute;sente au sujet comme &laquo; <i>objet petit a </i>&raquo; et qui incarne symboliquement la jouissance et la pl&eacute;nitude relatives &agrave; la fusion.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le peuple repr&eacute;sente un signifiant vide mais impossible &agrave; &eacute;radiquer, comme il dicte un des modes d&rsquo;&eacute;tablissement d&rsquo;une identit&eacute; collective d&eacute;sir&eacute;e mais manquante puisque ch&acirc;tr&eacute;e par les dynamiques de pouvoir opprimantes, que ce soit dans le lien social externe ou &agrave; travers l&rsquo;appareil psychique groupal. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La civilisation romaine &eacute;tait - comme le sont celles qui l&rsquo;ont succ&eacute;d&eacute; &ndash; extr&ecirc;mement hi&eacute;rarchis&eacute;e. Les clivages sociaux &eacute;taient pr&eacute;valents et variaient en fonction du fait que les sujets soient citoyens ou non-citoyens, libres ou esclaves ou affranchis, hommes ou femmes, pl&eacute;b&eacute;iens ou patriciens, etc. La majorit&eacute; des privil&egrave;ges &eacute;tait exclusivement r&eacute;serv&eacute;e aux patriciens qui poss&eacute;daient les terres et les troupeaux, d&eacute;tenaient les magistratures, constituaient la majorit&eacute; des consuls et des pr&eacute;teurs, commandaient l&rsquo;arm&eacute;e, et dominaient le gouvernement romain. Quant &agrave; la pl&egrave;be qui formait la majorit&eacute; quantitative parmi les romains libres, ils &eacute;taient exclus de la vie politique de Rome et d&eacute;pourvus de tout pouvoir politique. Pourtant, ils ont pu progressivement et &agrave; la suite de diverses contestations, acc&eacute;der aux plus hautes fonctions de la soci&eacute;t&eacute; romaine.&nbsp; La pl&egrave;be r&eacute;ussit &agrave; obtenir des patriciens le droit d&#39;&ecirc;tre repr&eacute;sent&eacute;s par leurs propres tribuns. Ainsi, les pl&eacute;b&eacute;iens acqui&egrave;rent une assembl&eacute;e &laquo; <i>consilium plebis</i> &raquo; et la capacit&eacute; d&rsquo;&eacute;lire des magistrats charg&eacute;s de repr&eacute;senter et d&eacute;fendre les int&eacute;r&ecirc;ts des pl&eacute;b&eacute;iens. Sous l&rsquo;&eacute;gide de la r&eacute;publique, le clivage entre patriciens et pl&eacute;b&eacute;iens s&rsquo;est dissip&eacute; lorsque la pl&egrave;be s&rsquo;est transform&eacute;e en populus&nbsp;; un peuple form&eacute; par tous les citoyens et qui aurait son mot &agrave; dire sur les modalit&eacute;s de gouvernance de la Cit&eacute; qui a commenc&eacute; &agrave; suivre progressivement la double all&eacute;geance &agrave; la fois au s&eacute;nat et au peuple romain &laquo; <i>Senatus populusque romanus</i> &raquo;. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les plebs voulaient construire un populus et ce d&eacute;sir fut et pourrait &ecirc;tre r&eacute;p&eacute;titivement atteint puisqu&rsquo;il a &eacute;t&eacute; nomm&eacute;. La construction du lien social prend sens par le langage et les liens discursifs. Cette construction s&rsquo;effectue lorsqu&rsquo;un nom se donne &agrave; un ensemble de sujets qui &agrave; leur tour conf&egrave;rent une symbolique et une signification &agrave; cet objet qui pourrait &ecirc;tre partiel et manquant, mais toujours objet d&rsquo;investissement affectif et libidinal.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Pour Laclau (1985), l&#39;unit&eacute; du groupe est r&eacute;sultante d&#39;une articulation des demandes et des revendications &eacute;mises par les sujets qui le forment. Les demandes du groupe se voient dirig&eacute;e vers un ordre qui se trouve incapable d&rsquo;absorber la demande dans sa totalit&eacute;, ce qui fait en sorte que la revendication ne puisse pas aboutir &agrave; une demande dans &laquo; <i>le syst&egrave;me</i> &raquo; (Laclau, 1958). Les raisons de cette incapacit&eacute; sont multiples et englobent l&rsquo;exc&egrave;s de consensus, le manque de diversit&eacute; id&eacute;ologique, la transformation de la rh&eacute;torique de construction discursive de l&#39;ennemi, et surtout au fait que &laquo; <i>la politique cessa d&#39;&ecirc;tre le lieu d&#39;une confrontation entre deux forces antagoniques pour devenir celui de la n&eacute;gociation de demandes particuli&egrave;res dans un &Eacute;tat social en d&eacute;veloppement </i>&raquo;<a href="#_ftn6" name="_ftnref6" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[6]</span></span></span></span></span></a>. L&rsquo;Etat devient un r&eacute;servoir et un &eacute;metteur de messages antagonistes et le sujet politique se trouve soumis &agrave; deux contraintes communicationnelles contradictoires. Dans son livre &laquo; <i>L&rsquo;effort pour rendre l&rsquo;Autre fou </i>&raquo;, Harold Searles (1959) stipule que les injonctions parentales de nature contradictoires ou ce qu&rsquo;on appelle &laquo; <i>double bind </i>&raquo; ont une importance consid&eacute;rable dans l&rsquo;&eacute;tiologie de la schizophr&eacute;nie<a href="#_ftn7" name="_ftnref7" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[7]</span></span></span></span></span></a>. L&rsquo;une des caract&eacute;ristiques de la schizophr&eacute;nie en tant que psychose est la construction d&rsquo;une n&eacute;o-r&eacute;alit&eacute;, b&acirc;tie aux d&eacute;pens des exigences du &ccedil;a et sur les d&eacute;combres du surmoi, mais aussi le clivage comme m&eacute;canisme de d&eacute;fense primaire, le morcellement comme angoisse de base, et l&rsquo;ambivalence au c&oelig;ur de la relation d&rsquo;objet. &Ccedil;a pourrait nous rappeler - dans une dimension socio-politique - la relation symbiotique au leader populiste purificateur et sens&eacute; &ecirc;tre omnipr&eacute;sent, ainsi que le clivage de la soci&eacute;t&eacute; en deux composantes dont l&rsquo;une est bonne &laquo;<i> le peuple pur </i>&raquo; et l&rsquo;autre est fondamentalement mauvaise &laquo; <i>l&rsquo;&eacute;lite corrompue</i> &raquo;. &Eacute;galement, l&rsquo;ambivalence est n&eacute;cessaire pour que les sujets fonctionnent en tant que signifiants (&eacute;tant donn&eacute; leur diff&eacute;rence) dans un syst&egrave;me bas&eacute; sur la similitude dans l&rsquo;exclusion de la dynamique du pouvoir &eacute;litiste.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le &laquo; <i>double bind</i> &raquo; implique que le r&eacute;cepteur du message soit mis dans l&#39;impossibilit&eacute; de sortir du cadre fix&eacute; par ce message, soit par une m&eacute;tacommunication (critique), soit par le repli. Dans ce cas, le message devient d&eacute;nu&eacute; de sens, ce qui favorise la cr&eacute;ation de signifiants vides. Le message &eacute;mis par la politique et l&rsquo;Etat poss&egrave;de une r&eacute;alit&eacute; pragmatique qui fait en sorte qu&rsquo;il soit impossible de ne pas r&eacute;agir aux injonctions du contexte, mais en m&ecirc;me temps qu&rsquo;il soit impossible d&rsquo;y r&eacute;agir de mani&egrave;re ad&eacute;quate, c&rsquo;est-&agrave;-dire dans un cadre partisan organis&eacute;. Par cons&eacute;quent, le populisme surgit comme une mani&egrave;re de conceptualiser le vide et la d&eacute;chirure interne en les repr&eacute;sentant.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>3. Le non du &laquo; peuple &raquo; </b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;histoire n&rsquo;est pas d&eacute;nu&eacute;e d&rsquo;&eacute;v&eacute;nements fragmentaires au sein des groupes formant les configurations soci&eacute;tales particuli&egrave;res. Les moments de crise ne sont point in&eacute;dits et le changement qui en d&eacute;coule est loin d&rsquo;&ecirc;tre exceptionnel.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les crises v&eacute;cues ont certes des fonctions didactiques et r&eacute;paratrices. Pourtant, elles sont quelquefois en mesure de devenir sources de bouleversements et d&rsquo;effondrement g&eacute;n&eacute;ral, elles bouleversent l&rsquo;ordre pr&eacute;&eacute;tabli en cr&eacute;ant des clivages sociaux, des mouvements de d&eacute;n&eacute;gation de la m&eacute;moire nationale, des r&eacute;voltes sans succ&egrave;s, des positionnements fanatiques, etc. La mont&eacute;e du populisme n&rsquo;&eacute;chappe pas &agrave; la logique de la crise, puisque c&rsquo;est &agrave; travers celle-ci qu&rsquo;elle se renforce. Motiv&eacute;e par une panoplie de facteurs affectifs, la col&egrave;re, l&rsquo;humiliation, et le ressentiment restent les plus impliqu&eacute;s dans la mont&eacute;e et le renforcement du populisme (Bakker, Rooduijn &amp; Schumacher, 2016 ; Nguyen, 2019).</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;humiliation est un affect v&eacute;cu par le sujet qui se trouve class&eacute; par les autres en une position inf&eacute;rieure et d&eacute;ficiente, d&#39;une mani&egrave;re malsaine et d&eacute;lib&eacute;r&eacute;e. Elle renvoie aussi au fait d&rsquo;&ecirc;tre &laquo; <i>insult&eacute; par un autre plus puissant que soi</i> &raquo;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[8]</span></span></span></span></span></a>. L&rsquo;exp&eacute;rience de l&rsquo;humiliation est angoissante et pourrait avoir des effets sur le syst&egrave;me de valeurs du sujet, son estime de soi, et ses croyances. Elle l&rsquo;entraine ainsi dans une boucle de r&eacute;percussions destructrices, telles que la soumission, l&rsquo;impuissance apprise, et la honte, etc.&nbsp; La dynamique de ces affects peut &ecirc;tre li&eacute;e &agrave; des r&eacute;actions violentes, comme l&rsquo;abolition de l&rsquo;empathie et le rejet syst&eacute;matique des autres. La douleur tend &agrave; pousser les sujets &agrave; r&eacute;agir, afin de se venger de l&rsquo;injure irr&eacute;parable &agrave; laquelle ils ont &eacute;t&eacute; soumis. A un niveau socio-politique, l&rsquo;humiliation est facteur de violence et d&rsquo;extr&eacute;misme politique. A &nbsp;la suite de la signature du trait&eacute; de Versailles, l&rsquo;humiliation groupale a &eacute;t&eacute; politis&eacute;e par Hitler et les nazis, qui avaient construit un discours se rapportant aux humiliations relatives &agrave; la dominance sociale et &eacute;conomique d&rsquo;un groupe g&eacute;n&eacute;tiquement inf&eacute;rieur aux blancs opprim&eacute;s et en col&egrave;re, &agrave; l&rsquo;issue d&rsquo;une guerre destructrice et humiliante pour la majorit&eacute; des Allemands, devenus nationalistes et puis partisans du parti Nazi.&nbsp; De m&ecirc;me, l&rsquo;humiliation socio-politique se trouve souvent au c&oelig;ur des mouvements fanatiques et r&eacute;trogrades. Les terroristes d&rsquo;Al Qaeda et de l&rsquo;ISIS s&rsquo;inspirent de l&rsquo;humiliation de la &laquo;&nbsp;oumma musulmane&nbsp;&raquo; (peuple musulman) pour alimenter leur discours et pousser leurs r&eacute;cepteurs au Jihad qui les sauvera et fera en sorte que les ennemis de Dieu soient humili&eacute;s. L&rsquo;humiliation politique engendre du nationalisme, une tentative de se gu&eacute;rir d&rsquo;une trahison et d&rsquo;un traumatisme politique ancr&eacute; dans l&rsquo;histoire de la nation. Dans le cas du populisme, l&rsquo;humiliation du &laquo;&nbsp;peuple&nbsp;&raquo; se mesure &agrave; travers la violence endur&eacute;e &agrave; cause d&rsquo;une alt&eacute;rit&eacute;, d&rsquo;o&ugrave; la haine de cette derni&egrave;re et la sensation d&rsquo;&ecirc;tre pers&eacute;cut&eacute; par un ennemi national. Le peuple - se sentant affranchi et humili&eacute; - se trouve dans l&rsquo;obligation de r&eacute;sister &agrave; travers un mouvement qui lui donnerait sa l&eacute;gitimit&eacute; vol&eacute;e et sa souverainet&eacute; perdue.&nbsp;&nbsp; </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le ressentiment quant &agrave; lui, parait &ecirc;tre li&eacute; au concept d&eacute;velopp&eacute; par B&ouml;sz&ouml;rm&eacute;nyi-Nagy (1989), qui est celui d&rsquo;injustice subie. Cette non-justice rendue travaille les sujets, les tracasse, et fait qu&rsquo;ils se trouvent renferm&eacute;s dans des boucles affectives et cognitivo-comportementales qui les d&eacute;passe. Pour Angenot (1997) &laquo; <i>Le ressentiment est une tentative, elle-m&ecirc;me ali&eacute;n&eacute;e et mal dirig&eacute;e, d&#39;&eacute;chapper &agrave; l&#39;ali&eacute;nation pure et simple, &agrave; l&#39;acquiescement de l&#39;individu. Il demeure une tentative de d&eacute;passer l&#39;inf&eacute;riorisation au moindre co&ucirc;t et avec des b&eacute;n&eacute;fices imm&eacute;diats</i> &raquo;<a href="#_ftn9" name="_ftnref9" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[9]</span></span></span></span></span></a>. De plus, le ressentiment nourrit des liens avec la probl&eacute;matique identitaire et narcissique. Le narcissisme bless&eacute; d&rsquo;un opprim&eacute; qui - face au retrait d&#39;amour du monde social- se trouve vou&eacute; &agrave; compenser &agrave; travers un &laquo; faux self &raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire un &laquo; self &raquo; de simulacre, ent&ecirc;t&eacute;, arrogant et rancunier qui dissimule la fragilit&eacute; du vrai &laquo; self &raquo; fragilis&eacute;, gr&eacute;gaire, et asservi. La puissance du ressentiment est fond&eacute;e sur la projection, m&eacute;canisme par lequel le sujet expulse de soi et localise dans l&#39;autre, personne ou chose, des qualit&eacute;s, des sentiments, des d&eacute;sirs, voire des objets, qu&#39;il m&eacute;conna&icirc;t ou refuse en lui (Laplanche &amp; Pontalis, 1967). Cette projection fait en sorte qu&rsquo;un autre oppresseur soit d&eacute;sign&eacute;. Cet Autre, dans le cas du populisme, repr&eacute;sente l&rsquo;&eacute;lite politique, devenue ennemi du &laquo; peuple &raquo; et sources de tous ses maux.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le politologue Francis Fukuyama tente d&rsquo;analyser les politiques du ressentiment et la mont&eacute;e de ce qu&rsquo;il appelle &laquo; sentiment identitaire &raquo; chez une cat&eacute;gorie sociale pr&eacute;caire et assoiff&eacute;e de reconnaissance. Pour l&rsquo;auteur, le fait d&rsquo;instrumentaliser le besoin de reconnaissance et le ressentiment des masses a donn&eacute; lieu &agrave; une apparition de mouvements populistes, nourris par la cr&eacute;ation usurpatrice d&rsquo;une pseudo-souverainet&eacute; &agrave; la fois personnelle et sociale. Les masses ont besoin d&rsquo;exalter et de satisfaire leurs exigences psychiques qui ob&eacute;issent la pyramide des besoins de Maslow. Les besoins immat&eacute;riels ( la qu&ecirc;te de soi, le besoin de se r&eacute;aliser, etc.) priment lorsque les besoins mat&eacute;riels (nourriture, logement, besoins sanitaires, etc.) sont rassasi&eacute;s. Cette approche, quoique simpliste, rend compte de l&rsquo;importance des besoins identitaires, de dignit&eacute;, ainsi que du sentiment de ressentiment dans la formation de configurations pas seulement groupales et soci&eacute;tales, mais politiques (Fukuyama, 2018).</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le &laquo; <i>peuple</i> &raquo; qui se construit est r&eacute;gi &nbsp;par des modalit&eacute;s opprimantes<span style="color:red">.</span> Le populisme qui est une r&eacute;ponse &agrave; son v&eacute;cu particulier ne peut &ecirc;tre que l&rsquo;expression d&rsquo;un refus et d&rsquo;un besoin d&rsquo;affiliation. L&rsquo;affect qui sous-entend cette r&eacute;ponse et la d&eacute;termine englobe sans se restreindre la col&egrave;re, et surtout le ressentiment.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>4. Au nom du &laquo; peuple &raquo; : la volont&eacute; g&eacute;n&eacute;rale</b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le principe de la &laquo; <i>volont&eacute; g&eacute;n&eacute;rale</i> &raquo; est loin d&rsquo;&ecirc;tre incertain. Les populistes le d&eacute;fendent en s&rsquo;acharnant pour appuyer un semblant de souverainet&eacute; populaire, selon laquelle le peuple serait indivisible et inali&eacute;nable. Kais Saied -le pr&eacute;sident tunisien- se r&eacute;clame porte-parole du peuple qui se sert de lui en tant que mod&eacute;rateur, il se tient du rang du &laquo; <i>vrai peuple</i> &raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire le tissu social form&eacute; par des sujets appartenant aux classes sociales moyennes et pauvres, que les anciens dirigeants avaient exploit&eacute; pour des querelles id&eacute;ologiques sans se pr&eacute;occuper de leurs vrais besoins, et dont les ressources abondantes ont &eacute;t&eacute; vol&eacute;es par des forces &eacute;trang&egrave;res malsaines. Il proclame vouloir faire avancer la volont&eacute; g&eacute;n&eacute;rale du peuple. D&rsquo;autres figures adoptent le m&ecirc;me discours, celui de la volont&eacute; et de la puissance d&rsquo;un peuple qui &agrave; chaque fois se fait utiliser comme &eacute;tant objet de rh&eacute;torique par les figures populistes.&nbsp; </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Avanc&eacute; par Rousseau au cours du dix-huiti&egrave;me si&egrave;cle, le principe de la souverainet&eacute; suit le contrat social et se positionne de telle fa&ccedil;on que la volont&eacute; du peuple domine. La souverainet&eacute; renvoie &agrave; l&rsquo;exclusivit&eacute; de la comp&eacute;tence du peuple sur le territoire national et son ind&eacute;pendance &agrave; un niveau international. Les leaders populistes invoquent assez souvent leur pl&eacute;biscite pour appuyer la l&eacute;gitimit&eacute; populaire dont ils disposent, cette l&eacute;gitimit&eacute; d&eacute;coule de la souverainet&eacute; du peuple qui incarne le pouvoir et l&rsquo;autorit&eacute; supr&ecirc;me qu&rsquo;ils poss&egrave;dent &agrave; leur tour, &agrave; l&rsquo;issue du m&eacute;canisme d&rsquo;incorporation.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La souverainet&eacute; populaire est une volont&eacute; de fusion ; quand une foule ne poss&egrave;de qu&rsquo;un seul et unique membre, il n&rsquo;est plus possible de d&eacute;nier la coh&eacute;sion sociale in&eacute;vitable au sein de cette foule. La &laquo; <i>Assabiya</i> &raquo; ou &laquo; <i>esprit de clan</i> &raquo; repr&eacute;sente le sentiment d&rsquo;appartenance &agrave; un groupe dont il est impossible s&rsquo;abstraire sans se d&eacute;truire sur le plan identitaire et porter pr&eacute;judice &agrave; la communaut&eacute; de r&eacute;f&eacute;rence. Ce principe s&rsquo;ach&egrave;ve lorsque la foule est souveraine, aucun rival n&rsquo;ose peupler les rivages et aucun danger ne guette leurs liens, la foule devient capable de surmonter les angoisses du dehors, puisque le dedans lui appartient en toute l&eacute;gitimit&eacute;.&nbsp; Kelsen (1932) stipule en se r&eacute;f&eacute;rant &agrave; Freud que &laquo; <i>[&hellip;] de m&ecirc;me qu&rsquo;au stade primitif du tot&eacute;misme, les membres du clan mettent &agrave; l&rsquo;occasion de certaines f&ecirc;tes orgiaques le masque de l&rsquo;animal-totem sacr&eacute;, c&rsquo;est-&agrave;-dire de l&rsquo;anc&ecirc;tre du clan, pour, jouant eux-m&ecirc;mes le p&egrave;re, rejeter pour un court moment tous les liens sociaux, de m&ecirc;me dans l&rsquo;id&eacute;ologie d&eacute;mocratique le peuple-sujet rev&ecirc;t le caract&egrave;re de l&rsquo;organe investi d&rsquo;une autorit&eacute; inali&eacute;nable, dont seul l&rsquo;exercice peut &ecirc;tre d&eacute;l&eacute;gu&eacute; et doit toujours &ecirc;tre d&eacute;l&eacute;gu&eacute; &agrave; nouveau aux &eacute;lus. La doctrine de la souverainet&eacute; populaire est aussi &ndash; tr&egrave;s affin&eacute; et intellectualis&eacute;, sans doute &ndash; un masque tot&eacute;mique</i> &raquo; <a href="#_ftn10" name="_ftnref10" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[10]</span></span></span></span></span></a>. Le masque tot&eacute;mique symbolisant la souverainet&eacute; populaire se fait proclamer pour d&eacute;signer le pouvoir et l&rsquo;autorit&eacute; sociale exerc&eacute;e. Cet instrument de gouvernance est mani&eacute; de mani&egrave;re &agrave; faire croire - pendant les p&eacute;riodes d&rsquo;&eacute;lections - que c&rsquo;est en son nom que les repr&eacute;sentants puisent leur pouvoir repr&eacute;sentatif et affirment leur l&eacute;gitimit&eacute;. Le masque de la souverainet&eacute; populaire se fait passer pendant les &eacute;lections ressemblant &agrave; des &laquo;&nbsp;<i>f&ecirc;tes orgiaques</i> &raquo;, afin de rompre pour un instant les liens avec le &laquo;&nbsp;<i>p&egrave;re</i>&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La souverainet&eacute; populaire - dans sa d&eacute;finition - diff&egrave;re largement du besoin de repr&eacute;sentativit&eacute;. Pour Rousseau (1762), &laquo; <i>La souverainet&eacute; ne peut &ecirc;tre repr&eacute;sent&eacute;e, pour la m&ecirc;me raison qu&rsquo;elle ne peut &ecirc;tre ali&eacute;n&eacute;e ; elle consiste essentiellement dans la volont&eacute; g&eacute;n&eacute;rale, et la volont&eacute; ne se repr&eacute;sente point : elle est la m&ecirc;me, ou elle est autre ; il n&rsquo;y a point de milieu</i> &raquo; <a href="#_ftn11" name="_ftnref11" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[11]</span></span></span></span></span></a> .B&acirc;tir &agrave; l&rsquo;unisson avec son groupe de r&eacute;f&eacute;rence signifie se les repr&eacute;senter comme pas seulement alli&eacute;s semblables, mais sujets-miroirs. La souverainet&eacute; populaire signifie avoir un &laquo; leader&raquo;, le &laquo; chef &raquo; jouant le r&ocirc;le d&rsquo;interm&eacute;diaire qui traduit les mots du groupe en lui &eacute;tant &agrave; la fois ext&eacute;rieur et int&eacute;rieur, outil de pouvoir et figure de pouvoir, maitre et soumis. Cet outil satisfait les fantasmes d&rsquo;omnipotence du peuple, son d&eacute;sir de faire loi et de contr&ocirc;ler par la m&eacute;thode illusoire ce qui semble englober les alentours nationaux et internationaux.&nbsp; </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>5. L&rsquo;autre : l&rsquo;&eacute;lite corrompue et les institutions </b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les mouvances affectives lorsqu&rsquo;elles sont peu &eacute;labor&eacute;es psychiquement ont tendance &agrave; se projeter inconsciemment sur un bouc &eacute;missaire, qui devient un &laquo; mauvais objet &raquo;, source de destruction et annihilateur de tout espoir de changement. Il est question de l&rsquo;objet pers&eacute;cuteur, lanceur d&rsquo;attaques destructrices et meurtri&egrave;res qui cache les ins&eacute;curit&eacute;s des sujets l&rsquo;ayant d&eacute;sign&eacute;. Le sujet est berc&eacute; par une s&eacute;rie de liens qui le construisent et le d&eacute;traquent. Ces liens intersubjectifs ob&eacute;issent &agrave; la logique d&rsquo;alliance et d&rsquo;affrontement. Ainsi le sujet se trouve - &agrave; travers des processus communicationnels &ndash; en mutuelle interaction avec des sujets, des groupes, et des contextes sociaux qui forment sa situation. En s&rsquo;inspirant des travaux de M&eacute;lanie Klein, E. Pichon-Rivi&egrave;re distingue dans sa &laquo; <i>th&eacute;orie du lien</i> &raquo; le bon lien (gratifiant et satisfaisant) et le mauvais lien (frustrant et pers&eacute;cuteur). La constitution de tels liens se fait en r&eacute;f&eacute;rence au m&eacute;canisme du clivage de l&rsquo;objet.&nbsp; Le clivage de l&rsquo;objet d&eacute;signe le m&eacute;canisme de d&eacute;fense le plus primitif et archa&iuml;que contre l&rsquo;angoisse. Il est d&eacute;fini comme &eacute;tant le processus &agrave; l&rsquo;issue duquel l&rsquo;objet se trouve scind&eacute; en &laquo; <i>bons </i>&raquo; et &laquo; <i>mauvais</i> &raquo; objets &laquo; <i>qui auront des destins relativement ind&eacute;pendants dans le jeu des introjections et des projections</i> &raquo;<a href="#_ftn12" name="_ftnref12" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[12]</span></span></span></span></span></a> . Ce m&eacute;canisme o&ugrave; les objets sont simultan&eacute;ment soumis aux affects d&#39;amour et de haine est consid&eacute;r&eacute; comme normal au cours du d&eacute;veloppement psycho-affectif du sujet. Pourtant, il devient source de souffrances et d&rsquo;angoisses consid&eacute;rables s&rsquo;il persiste &agrave; l&rsquo;&acirc;ge adulte, puisque susceptible de mener les sujets vers des positionnements discriminatoires et opprimants (racisme, sexisme, et fanatisme, etc.). </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Pour les populistes, le peuple est par nature pur et souverain. Son existence en tant que tel suppose son opposition avec un autre : une entit&eacute; qui poss&egrave;derait les caract&egrave;res antagonistes et sur laquelle serait projet&eacute;e l&rsquo;angoisse et la rage des souverains. Cet autre repr&eacute;sente l&rsquo;&eacute;lite politique et les institutions.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En termes manich&eacute;ens, l&rsquo;&eacute;lite se distingue du peuple et adopte des qualificatifs antagonistes &agrave; ceux du peuple pur, moral, et souverain. Ils sont les corrompus de la nation, ceux qui passent leurs journ&eacute;es &agrave; voler l&rsquo;argent public et &agrave; le d&eacute;penser pour des gratifications personnelles, en oubliant les ordinaires et les gens du pays.&nbsp; Toutefois, les points de clivages diff&egrave;rent en fonction de la r&eacute;f&eacute;rence &laquo; <i>id&eacute;ologique </i>&raquo; des populismes. Par exemple, l&rsquo;&eacute;lite pour les populismes islamistes est un groupe de lib&eacute;raux m&eacute;cr&eacute;ants occidentalis&eacute;s. Alors que pour les ethnopopulistes, le clivage se fait sur une base ethnique (les mestizos en opposition avec le peuple d&rsquo;indig&egrave;nes purs &eacute;tait une forme de clivage avanc&eacute;e par le pr&eacute;sident populiste bolivien Evo Morales). Quant au populisme &laquo; <i>de gauche</i> &raquo;, l&rsquo;&eacute;lite est ce groupe de capitalistes et d&rsquo;hommes d&rsquo;affaire corrompus vivant de pots de vin et de ristournes douteuses (Ramirez, 2009).</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le clivage comme m&eacute;canisme de d&eacute;fense permet de maitriser les angoisses de pers&eacute;cution&nbsp; lorsque les fonctions de synth&egrave;se du Moi se trouvent gravement menac&eacute;es (Kernberg, 2016). Le &laquo; <i>mauvais </i>&raquo; objet a pour vis&eacute;e de nuire et de d&eacute;truire. Il est symboliquement &laquo; <i>construit </i>&raquo; sur un mode fantasmatique par le sujet comme une mani&egrave;re de r&eacute;pondre aux exp&eacute;riences frustrantes de privation. La haine du &laquo; <i>mauvais objet</i> &raquo; cliv&eacute; est une r&eacute;ponse affective immature mais banale. Quoiqu&rsquo;il s&rsquo;agisse de la source la plus redoutable de discriminations et de construction de stigmates, il est courant que cette haine devienne ambivalente au fur et &agrave; mesure du d&eacute;veloppement affectif de sujet, et qu&rsquo;elle se dissipe pour se fusionner avec l&rsquo;amour du &laquo; <i>bon objet</i> &raquo;. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La haine de l&rsquo;&eacute;lite est la figure de proue des populistes, ils la mettent en avant comme pour insister sur le danger et les complots de ceux qui avaient trahi la nation. C&rsquo;est l&rsquo;&eacute;pouvantail qui prot&egrave;ge les bl&eacute;s et les masses. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>6. Le leader populiste comme meneur de foules </b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Pour <a name="_Hlk54863432">Ka&euml;s </a>(1993) , les individus qui composent une communaut&eacute; sont amen&eacute;s &agrave; abandonner leurs id&eacute;aux personnels et &agrave; transf&eacute;rer leurs attachements vers une figure commune susceptible d&rsquo;incarner l&rsquo;identit&eacute; collective. Cette figure est plac&eacute;e au rang d&rsquo;id&eacute;al, ce qui signifie qu&rsquo;elle joue le r&ocirc;le du miroir en permettant &agrave; chacun de s&#39;identifier &agrave; elle mais qui poss&eacute;derait tout de m&ecirc;me un rang hi&eacute;rarchique plus &eacute;lev&eacute; (Ka&euml;s, 1993). La figure politique &eacute;lue est donc sens&eacute;e correspondre &agrave; l&rsquo;id&eacute;al inscrit dans l&rsquo;appareil psychique groupal. Pour acc&eacute;der &agrave; une repr&eacute;sentation de cet id&eacute;al, plusieurs crit&egrave;res doivent &ecirc;tre satisfaits. La mentalit&eacute; groupale comme &eacute;labor&eacute;e par Bion (1961) est une modalit&eacute; du fonctionnement psychique dans les groupes. Elle d&eacute;signe l&rsquo;activit&eacute; mentale se formant au sein d&rsquo;un groupe donn&eacute; &agrave; partir des opinions, des fantasmes et des d&eacute;sirs inconscients, unanimes et anonymes des sujets le constituant. Elle repose sur trois postulats de base qui la guident : la d&eacute;pendance qui est la recherche - passive et d&eacute;nu&eacute;e de jugement critique - d&rsquo;un chef divinis&eacute;, le principe d&rsquo;attaque-fuite qui renvoie au fantasme collectif de l&rsquo;existence d&rsquo;un mauvais objet interne ou externe incarn&eacute; par un ennemi, et le pr&eacute;suppos&eacute; de couplage explicit&eacute; par le fantasme collectif qu&rsquo;un &ecirc;tre messianique ou un &eacute;v&eacute;nement bouleversant r&eacute;soudra tous les probl&egrave;mes du groupe (Bion, 1961). Le leader politique dans son discours, ses attitudes, et ses prises de position devrait satisfaire ces pr&eacute;suppos&eacute;s &eacute;manant des besoins psychiques des sujets-citoyens. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Pour le cas du populisme, l&rsquo;&eacute;quation diff&egrave;re peu. Le leader populiste s&rsquo;offre &agrave; la foule en satisfaisant leurs crit&egrave;res et en se d&eacute;l&eacute;guant comme cible &agrave; leurs processus identificatoires (les sujets sont amen&eacute;s &agrave; sacrifier leurs id&eacute;aux personnels pour les remplacer par la repr&eacute;sentation du &laquo; bon objet &raquo; qu&rsquo;est le leader). Le leader populiste impose des signifiants vides au d&eacute;triment de l&rsquo;argumentation qu&rsquo;il &eacute;vite souvent. Il laisse peu de place aux m&eacute;canismes cognitifs, parce que les affects sont mis en avant dans les processus d&eacute;cisionnels.&nbsp;&nbsp; </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Freud (1932) craignait la connivence entre foules et meneur de foules, et il insistait sur les r&eacute;percussions fascistes qui d&eacute;couleraient de&nbsp; la fusion de la foule et de l&rsquo;objet de d&eacute;sir qu&rsquo;est son leader (Freud, 1932). La perm&eacute;abilit&eacute; de la majorit&eacute; des sujets-citoyens face &agrave; l&rsquo;objet de d&eacute;sir entrainerait des d&eacute;calages autoritaires, difficiles &agrave; appr&eacute;hender hors du cadre fusionnel r&eacute;gissant les rapports, ce qui peut entrainer de la haine et une &eacute;vidente violence.&nbsp; </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le sujet se structure et construit ses liens &agrave; travers un ordre symbolique. Cet ordre symbolique est transmis par le &laquo; <i>p&egrave;re </i>&raquo; gr&acirc;ce au processus de pens&eacute;e fond&eacute; sur le langage. Les liens intersubjectifs d&eacute;pendent des processus de transmission sur les trois registres &eacute;nonc&eacute;s par Lacan : le symbolique, le r&eacute;el, et l&rsquo;imaginaire. Au niveau des liens sociaux, un lien dysfonctionnel est souvent associ&eacute; &agrave; la psychose. Or, la forclusion du Nom-du P&egrave;re est d&eacute;crite comme &eacute;tant signe et cause de psychose individuelle. Cette expression lacanienne est synonyme de d&eacute;ni ou de rejet primordial du &laquo; <i>p&egrave;re symbolique</i> &raquo;, celui qui transmet la loi et le langage. Elle indique surtout l&rsquo;&eacute;chec et le d&eacute;clin de la m&eacute;taphore paternelle. Ce d&eacute;clin produit la formation r&eacute;actionnelle d&rsquo;un surmoi exigeant, cruel et tyrannique. Il engendre - &agrave; un niveau symbolique - une nostalgie du &laquo; p&egrave;re &raquo; (<i>Vatersensucht</i>) voire une ult&eacute;rieure production archa&iuml;que d&rsquo;un p&egrave;re imaginaire. Ce p&egrave;re absent sur le plan du r&eacute;el entraine un d&eacute;clin de la fonction symbolique mais surtout la recherche d&rsquo;un p&egrave;re fantasm&eacute; qui poss&egrave;derait le visage d&rsquo;un ma&icirc;tre (ou celui d&rsquo;une divinit&eacute;), omnipr&eacute;sent et tout-puissant.&nbsp; Les caract&eacute;ristiques du p&egrave;re sont projet&eacute;es suivant une dynamique parano&iuml;aque, comme r&eacute;ponse &agrave; l&rsquo;angoisse (Hurstel, 1989 ; Roger, 2014). Pour le cas du populisme, le leader &eacute;lu ne fait qu&rsquo;un avec le signifiant vide qu&rsquo;est le peuple. Il est le tiers qui cristallise le manque engendr&eacute; par la forclusion du Nom-du-P&egrave;re et l&rsquo;imago de l&rsquo;id&eacute;al s&eacute;ducteur. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&laquo; <i>Si les &eacute;lecteurs, compos&eacute;s surtout d&#39;ouvriers et de paysans, choisissent si rarement un des leurs pour les repr&eacute;senter, c&#39;est que les personnalit&eacute;s sorties de leurs rangs n&#39;ont pour eux aucun prestige. Ils ne nomment gu&egrave;re un &eacute;gal, que pour des raisons accessoires, contrecarrer par exemple un homme &eacute;minent, un patron puissant, dans la d&eacute;pendance duquel se trouve chaque jour l&#39;&eacute;lecteur, et dont il a ainsi l&#39;illusion de devenir un instant le ma&icirc;tre.&nbsp;</i>&raquo; <a href="#_ftn13" name="_ftnref13" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[13]</span></span></span></span></span></a>. C&rsquo;est ainsi que les populistes sont &eacute;lus, pour donner l&rsquo;impression au &laquo; peuple &raquo; de gouverner par leur interm&eacute;diaire, et pour faire face &agrave; une alt&eacute;rit&eacute; destructrice. Le populisme vient donc contrecarrer le principe de la d&eacute;mocratie repr&eacute;sentative qui se base sur l&rsquo;id&eacute;e de la d&eacute;lib&eacute;ration citoyenne et de l&rsquo;exercice du pouvoir par l&rsquo;interm&eacute;diaire des institutions et des &eacute;lites d&eacute;sign&eacute;es. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Si l&rsquo;on suppose en se r&eacute;f&eacute;rant &agrave; Lacan que &laquo; <i>l&#39;inconscient est structur&eacute; comme un langage </i>&raquo;, il serait quasi impossible d&rsquo;ignorer les intrications du langage avec les questions de pouvoir, de politique, et de populisme. En effet, le langage est important pour les leaders populistes parce qu&rsquo;il est l&rsquo;incarnation m&ecirc;me de leur pouvoir dans les discours et qu&rsquo;il appuie l&rsquo;image de toute-puissance qu&rsquo;ils cherchent &agrave; v&eacute;hiculer. Dans son livre &laquo;&nbsp;<i>De la horde &agrave; l&rsquo;Etat&nbsp;&raquo;</i>, E. Enriquez (1983) soutient l&rsquo;id&eacute;e selon laquelle &laquo; <i>les membres de la horde ont le sentiment que le langage est un instrument du pouvoir puisque seul le chef de la horde le ma&icirc;trise [&hellip;]. Le langage est v&eacute;cu comme expression de la toute-puissance</i> &raquo;. Dans certains contextes postcoloniaux comme la Tunisie o&ugrave; la probl&eacute;matique de diglossie persiste, l&rsquo;utilisation de l&rsquo;arabe litt&eacute;raire refl&egrave;terait plus de pouvoir que celle du dialecte tunisien. Lorsqu&rsquo;une figure politique use de cette langue culturellement v&eacute;n&eacute;r&eacute;e par les masses, elle acquiert un air &eacute;rudit et savant, devient par la suite symbole de sup&eacute;riorit&eacute; intellectuelle, et donc capable de gouverner. C&rsquo;est une des techniques discursives qui est utilis&eacute;e par Kais Saied, avec un langage parl&eacute; et gestuel qui tente de paraitre sup&eacute;rieur &agrave; la langue populaire, en incorporant le patrimoine culturel de l&rsquo;arabit&eacute; de la bienfaisance et du changement nostalgique.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>7. Rh&eacute;torique et attitudes populistes </b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le populisme se distingue par un discours qui le cr&eacute;dibilise aux yeux de ses cibles et fait en sorte qu&rsquo;il soit consid&eacute;r&eacute; par les adeptes t&eacute;m&eacute;raires de la pens&eacute;e n&eacute;o-darwinienne comme l&rsquo;antichambre du totalitarisme. Les anath&egrave;mes de la rh&eacute;torique populiste tournent autour des composantes qui le structurent.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">D&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, les discours tournent autour d&rsquo;une perspective manich&eacute;enne de la soci&eacute;t&eacute;. Le bien, le mal, et les personnes qui les incarnent sont des th&egrave;mes r&eacute;currents. Pour le pr&eacute;sident tunisien, le bien est incarn&eacute; par le peuple appauvri et la jeunesse oubli&eacute;e. A travers ce principe discursif, nous comprenons mieux des discours du genre de celui prononc&eacute; face aux travailleuses rurales le 13 aout, &agrave; la f&ecirc;te de la femme o&ugrave; il faisait des &eacute;loges &agrave; ce qu&rsquo;elles repr&eacute;sentaient. Le mal s&rsquo;est vu incarn&eacute; par l&rsquo;&eacute;lite des politiciens et des &laquo; <i>intellectuels</i> &raquo; faisant partie de la soci&eacute;t&eacute; civile, passant leurs journ&eacute;es dans le luxe des h&ocirc;tels, sans se pr&eacute;occuper de la majorit&eacute; opprim&eacute;e qu&rsquo;est le vrai &laquo; <i>peuple</i> &raquo;.&nbsp; A l&rsquo;instar des populismes tunisiens, nous assistons partout dans le monde &agrave; la cr&eacute;ation d&rsquo;un bouc &eacute;missaire et &agrave; une glorification du &laquo;nous&raquo; d&rsquo;un peuple. Nous citons le cas de l&rsquo;Angleterre qui vit une d&eacute;limitation identitaire bas&eacute;e sur la d&eacute;finition d&rsquo;un &laquo; <i>autre </i>&raquo; : immigrant, terroriste, fain&eacute;ant, qui survit gr&acirc;ce aux allocations de l&rsquo;Etat. Cet autre n&rsquo;existe qu&rsquo;en opposition avec la bonne majorit&eacute; des caucasiens, illumin&eacute;s, bosseurs, et honn&ecirc;tes. De m&ecirc;me, un cas important serait l&rsquo;&eacute;mission anim&eacute;e par Hugo Chavez. Il s&rsquo;agissait d&rsquo;une &eacute;mission dominicale, intitul&eacute;e &laquo; <i>Al&oacute; Presidente</i> &raquo; o&ugrave; il tentait de fusionner l&rsquo;imago du peuple avec la sienne. Cette confusionnelle tentative de fusion voyait l&rsquo;effacement du &laquo; <i>je</i> &raquo; du discours de Chavez, qui se voyait remplac&eacute; par un &laquo; nous &raquo; qui d&eacute;signe les compa&ntilde;eros, cette immense majorit&eacute; de pauvres et d&rsquo;exclus, pourtant courageux et r&eacute;volutionnaires. Ils diff&eacute;raient par essence des &eacute;lites qui avaient domin&eacute; historiquement la nation et qu&rsquo;il m&eacute;prisait &agrave; travers ses discours fr&eacute;quents. D&rsquo;apr&egrave;s Gustave Le Bon (1895), &laquo; Des expressions telles que : l&#39;inf&acirc;me capital, les vils exploiteurs, l&#39;admirable ouvrier, la socialisation des richesses, etc., produisent toujours le m&ecirc;me effet, bien qu&#39;un peu us&eacute;es d&eacute;j&agrave;. &raquo;. Il est apparent que cette dichotomie radicale donne au leader populiste l&rsquo;air d&rsquo;avoir &agrave; c&oelig;ur le &laquo; <i>vrai </i>&raquo; peuple dont il est issu et d&rsquo;&ecirc;tre en mesure de d&eacute;fendre ses int&eacute;r&ecirc;ts face aux autres corrompus et malsains qui constituent un danger &agrave; sa souverainet&eacute; (Le Bon, 1895).</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">D&rsquo;un autre c&ocirc;t&eacute;, nous notons que les attitudes anti-&eacute;litistes figurent parmi les &eacute;l&eacute;ments les plus important de la rh&eacute;torique populiste. Les leaders populistes s&rsquo;indignent face &agrave; l&rsquo;incapacit&eacute; et la corruption des &eacute;lites. Ils rejettent le mod&egrave;le repr&eacute;sentatif, ce qui met en danger le ressort des partis, des politiques, et de la diversit&eacute;. Kais Saied s&rsquo;est positionn&eacute; comme guide ou alternative protectrice de ces &eacute;lites. Il &eacute;voque fr&eacute;quemment les &laquo; <i>autres </i>&raquo;, semeurs de zizanie et annihilateurs de tout moyen de mettre en marche le processus menant &agrave; une souverainet&eacute; populaire concr&egrave;te. Donald Trump Jr avait publi&eacute; en 2019 un livre intitul&eacute; &laquo;T<i>riggered : how the left thrives on hate and wants to silence us </i>&raquo;<i>. </i>Le titre provocateur stipule une dimension opprimante de la gauche qui voudrait faire taire par sa sensibilit&eacute; les masses populaires. Il alimente de la sorte le discours anti &eacute;litiste et renforce l&rsquo;image v&eacute;hicul&eacute;e par les m&eacute;dias d&rsquo;une gauche &agrave; l&rsquo;image de cette &eacute;lite v&eacute;nale et corrompue (argument utilis&eacute; pour attaquer Hillary Clinton par Donald Trump qui d&eacute;crivait la fondation Clinton d&rsquo;entreprise la plus corrompue de l&rsquo;histoire politique mondiale).&nbsp; Les &eacute;lites sont d&eacute;peintes comme ces financeurs de lobbys et d&eacute;fenseurs implicites de r&eacute;gimes ploutocratiques. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">De plus, la notion de la souverainet&eacute; populaire est un th&egrave;me discursif r&eacute;current. La souverainet&eacute; du peuple et la nation transcendent les r&eacute;gimes et les positionnements politiques.&nbsp; Elle est d&eacute;fendue&nbsp; comme cause ultime et objectif &agrave; atteindre. Les populistes se disent souvent garants de la souverainet&eacute; populaire. A titre d&rsquo;exemple, Jean Luc M&eacute;lenchon s&rsquo;est &agrave; maintes reprises appropri&eacute; le &laquo;&nbsp;<i>statut&nbsp;</i>&raquo; de &laquo; <i>populiste patriotard</i> &raquo;. Il &eacute;voquait &agrave; travers ses discours &ecirc;tre certain de la n&eacute;cessit&eacute; de cr&eacute;er une utopie pour le futur plut&ocirc;t qu&rsquo;un programme de gestion pour aujourd&rsquo;hui et la pr&eacute;tention de vouloir &agrave; tout prix restaurer la souverainet&eacute; populaire de la &laquo; France Insoumise &raquo;.&nbsp; Kais Saied, quant &agrave; lui d&eacute;fend dans ses communications la souverainet&eacute; populaire identitaire qui rejette la corruption, les bailleurs de fonds, le pillage des ressources par les forces &eacute;trang&egrave;res, le statut personnel, Isra&euml;l, le rapport de la Colibe etc. Il donne ainsi &agrave; ses partisans l&rsquo;impression de se r&eacute;approprier leur identit&eacute; arabo-musulmane, vol&eacute;e par l&rsquo;&eacute;lite.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La rh&eacute;torique populiste se distingue par un fond et une forme, sp&eacute;cifiques. Elle est majoritairement caract&eacute;ris&eacute;e par de la victimisation, de la trivialisation, de l&rsquo;ambigu&iuml;t&eacute;, et du clivage, etc. Ces caract&eacute;ristiques d&eacute;pendent du contexte mais demeurent des m&eacute;canismes qui ne sont qu&rsquo;une strat&eacute;gie qui vise &agrave; contenir les demandes latentes des sujets-citoyens.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>Conclusion</b>&nbsp; </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le populisme est un ph&eacute;nom&egrave;ne qui n&rsquo;est ni in&eacute;dit ni marginal. Sa mont&eacute;e acc&eacute;l&eacute;r&eacute;e suscite pourtant de la curiosit&eacute; et de la confusion quant &agrave; sa d&eacute;finition, ses effets, &nbsp;ses r&eacute;percussions, et quant aux m&eacute;canismes psychosociaux et psychodynamiques qui contribuent &agrave; sa construction, et son succ&egrave;s transnational. L&rsquo;abondance et l&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; des travaux r&eacute;alis&eacute;s sur le sujet du populisme impliquent la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;une approche multidimensionnelle qui vise &agrave; capter les d&eacute;rives de la tentation populiste, dans les divers contextes politiques qui lui sont succombables. </span></span></span></p> <div style="page-break-after: always"><span style="display: none;">&nbsp;</span></div> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>R&eacute;f&eacute;rences bibliographiques&nbsp;</b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Akkerman, A., Mudde, C., &amp; Zaslove, A. (2013).&nbsp;How Populist Are the People? Measuring Populist Attitudes in Voters. Comparative Political Studies, 47(9), 1324&ndash;1353.&nbsp;doi:10.1177/0010414013512600&nbsp;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Anzieu D. (1971), &laquo;&nbsp;L&rsquo;illusion groupale&nbsp;: un moi id&eacute;al commun&nbsp;&raquo;, in&nbsp;Nouvelle Revue de Psychanalyse n&deg;&nbsp;4, Gallimard, pp.&nbsp;73 &agrave; 79</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Argenot, M. (1997), Les id&eacute;ologies du ressentiment, p.19</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Bakker, B. N., Rooduijn, M., &amp; Schumacher, G. (2016). The psychological roots of populist voting: Evidence from the United States, the Netherlands and Germany. European Journal of Political Research, 55(2), 302-320.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Bion, W.R. (1961). Recherches sur les petits groupes, Paris, puf.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Canetti, E. (1960), Masse et puissance, Paris, Gallimard</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Canovan, M. (1999), Trust the people! Populism and the two faces of democracy. Political studies, 47(1), p.16</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Enriquez E. (1983), De la horde &agrave; l&rsquo;Etat, Paris, Gallimard.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Freud, S.&nbsp; (1915) &laquo; Actuelles sur la guerre et la mort &raquo;, , O.C. XIII, PUF, Paris, 1988, p.131 &amp; 138</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Freud, S. (1921). &laquo; Psychologie des foules et analyse du Moi &raquo;, dans Essais de psychanalyse, Paris, Petite Biblioth&egrave;que Payot. p. 142.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Freud, S. (1932). The acquisition of power over fire. International Journal of Psychoanalysis, 13, 405-410.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Fukuyama, F. (2018). Identity: Contemporary identity politics and the struggle for recognition. Profile books.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Hurstel, F., 1989, La fonction paternelle, questions de th&eacute;orie ou : des lois &agrave; la Loi, in M. Aug&eacute; et al., Le P&egrave;re: m&eacute;taphore paternelle et fonctions du p&egrave;re: l&rsquo;Interdit, la &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Filiation, la Transmission, Paris, Deno&euml;l, 235-262.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ionescu, Ghita &amp; Ernst Gellner (eds). (1969). Populism: Its Meanings and National Characteristics. London: Weidenfeld and Nicolson.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ka&euml;s, R., (1988) &laquo;&nbsp;R&eacute;alit&eacute; psychique et souffrance dans les institutions&nbsp;&raquo;, in&nbsp;L&rsquo;institution et les institutions &ndash; &Eacute;tudes psychanalytiques,&nbsp;Dunod</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ka&euml;s, R. (1993). Le groupe et le sujet du groupe. &Eacute;l&eacute;ments pour une th&eacute;orie psychanalytique des groupes. Paris : Dunod. p. 111</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ka&euml;s, &nbsp;R. (1994), La parole et le lien, Paris, Dunod. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Kelsen, H. (1932), La D&eacute;mocratie. Sa nature. Sa valeur, Paris, Dalloz, p.96-97.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Kernberg, O. F. (2016). What is personality? Journal of Personality Disorders, 30(2), p.145-156.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Lacan, J. (1991). L&rsquo;envers de la psychanalyse.&nbsp;Le S&eacute;minaire,&nbsp;livre XVII, Paris. Seuil. p.20</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Lacan, J. (1963), Le S&eacute;minaire, 10 : &laquo; L&rsquo;angoisse &raquo;.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Laclau, E. (1985). New social movements and the plurality of the social. New social movements and the state in Latin America, 23(3), 121-137.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Laclau, E. (1997). The death and resurrection of the theory of ideology. Mln, 112(3), 297-321.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Laclau, E. (2005). La raison populiste. London: Verso. P.114</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Laplanche J. et Pontalis J.-B., (1967), Vocabulaire de la psychanalyse, Paris, puf, p. 56.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le Bon, G. (1895). Psychologie des foules, Paris, Presses universitaires de France </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le Petit Larousse (2011), art. &laquo; peuple &raquo;, www.larousse.fr, Paris, Larousse.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Mudde, Cas. (2004). &lsquo;The populist Zeitgeist&rsquo;, Government and Opposition. 39(3): 541&ndash;63.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Nguyen, C. (2019). Emotions and populist support.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Redlawsk, D. (Ed.). (2006).&nbsp;Feeling politics: Emotion in political information processing. Springer.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Roger, P. (2014). La disparition du p&egrave;re : de l&rsquo;affaissement du symbolique &agrave; l&rsquo;angoisse du r&eacute;el. Filigrane, 23 (1), 67&ndash;82. <a href="https://doi.org/10.7202/1026078ar" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://doi.org/10.7202/1026078ar</a></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Trumbull, D. W. (2008). Humiliation: The Trauma of Disrespect. J. Amer. Acad. Psychoanal., 36, 643.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-top:8px; margin-bottom:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Rousseau, J-J (1762), Du Contrat social, III, XV, p.134.</span></span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Weyland, Kurt. (2001). Clarifying a contested concept: populism in the study of Latin American politics. Comparative Politics, 34(1): 1&ndash;22.</span></span></p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[1]</span></span></span></span></span></a> Canovan, M. (1999). Trust the people! Populism and the two faces of democracy. Political studies, 47(1), p.16.</span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[2]</span></span></span></span></span></a> Canetti, E.(1966), Masse et puissance. Paris, Gallimard, p. 30-31.</span></span></p> </div> <div id="ftn3"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[3]</span></span></span></span></span></a> Le Petit Larousse (2011), art. &laquo; peuple &raquo;, www.larousse.fr, Paris, Larousse.</span></span></p> </div> <div id="ftn4"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[4]</span></span></span></span></span></a> Qui est surtout une situation structurante dans une perspective psychanalytique qui est diff&eacute;rente des stades de d&eacute;veloppement psychologique mais qui pourrait &ecirc;tre rapproch&eacute;e d&rsquo;un stade d&rsquo;individuation</span></span></p> </div> <div id="ftn5"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[5]</span></span></span></span></span></a> Jacques Lacan, (1963), Le S&eacute;minaire, 10 : &laquo; L&rsquo;angoisse &raquo;.</span></span></p> </div> <div id="ftn6"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[6]</span></span></span></span></span></a> Laclau, Ernesto. (2005). On Populist Reason. London: Verso. P.114</span></span></p> </div> <div id="ftn7"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref7" name="_ftn7" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[7]</span></span></span></span></span></a> Il ne s&rsquo;agit pas l&agrave; d&rsquo;une tentative de discuter une &laquo; psychose &raquo; &agrave; l&rsquo;origine du populisme ou de stigmatiser les masses populaires en les psychiatrisant. Il s&rsquo;agit plut&ocirc;t d&rsquo;un humble effort d&rsquo;interroger les limites du normal et du pathologique dans un cadre politique. Il n&rsquo;est pas question de trouble mais de fonctionnement.</span></span></p> </div> <div id="ftn8"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref8" name="_ftn8" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[8]</span></span></span></span></span></a> Trumbull, D. W. (2008). Humiliation: The Trauma of Disrespect. J. Amer. Acad. Psychoanal., 36, 643.</span></span></p> </div> <div id="ftn9"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref9" name="_ftn9" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[9]</span></span></span></span></span></a> Marc Argenot. (1997) Les id&eacute;ologies du ressentiment, p.19</span></span></p> </div> <div id="ftn10"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref10" name="_ftn10" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[10]</span></span></span></span></span></a> &nbsp;&nbsp;Hans Kelsen (1932), La D&eacute;mocratie. Sa nature. Sa valeur, , Paris, Dalloz, p.96-97.</span></span></p> </div> <div id="ftn11"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref11" name="_ftn11" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[11]</span></span></span></span></span></a> &nbsp;&nbsp;Jean-Jacques Rousseau (1762), Du Contrat social, III, XV, p.134.</span></span></p> </div> <div id="ftn12"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref12" name="_ftn12" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[12]</span></span></span></span></span></a> &nbsp;&nbsp;Laplanche J. et Pontalis J.-B., (1967), Vocabulaire de la psychanalyse, Paris, puf, p. 56.</span></span></p> </div> <div id="ftn13"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref13" name="_ftn13" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[13]</span></span></span></span></span></a> Gustave Le Bon (1895). Psychologie des foules, Paris, Presses universitaires de France, p. 92 </span></span></p> </div> </div>