<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><strong>DOSSIER : PROPAGANDES ET MANIPULATIONS</strong></p>
<p align="center" style="text-align:center; margin-bottom:14px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le machiavélisme discursif du pouvoir : la démagogie</span></span></b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Constantin Salavastru </span></span></b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">est professeur de logique, rhétorique et théorie de l’argumentation à l’Université «Al.I.Cuza» de Iassy (Roumanie). Il est directeur du Séminaire de logique discursive, théorie de l’argumentation et rhétorique et de la revue Argumentum. Livres en français : <i>Rhétorique et politique </i></span></span><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:Symbol">-</span></span><i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> le pouvoir du discours et le discours du pouvoir</span></span></i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, Paris, L’Harmattan, 2004 ; <i>Logique</i>,<i> argumentation</i>,<i> interprétation</i>, Paris, L’Harmattan, 2007 ; <i>Essai sur la problématologie philosophique</i>, Paris, L’Harmattan, 2010 ; <i>Argumentation et débats publics</i>, Paris, PUF, 2011 ; <i>Cinq études sur la rhétorique cicéronienne</i>, Paris, L’Harmattan, 2013 ; </span></span><i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Quand philosopher</span></span></i><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, <i>c</i>’<i>est questionner</i>, Revue internationale de philosophie, 4-2020/volume 74/n<sup>o</sup> 294, Bruxelles : De Boeck Supérieur, 2020.</span></span></span></span></span></p>
<p class="Default" style="text-align: center;"> </p>
<h2 style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:black">1. Clarifier le terme </span></span></b></span></span></span></h2>
<p style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:black">Entre le pouvoir et la démagogie il y a une attraction presque irrésistible ! Cette dernière s’attache au pouvoir comme le timbre-poste à la lettre. Elle est à l’intimité de toutes les aspérités discursives : manipulation, langue de bois, propagande, slogan séducteur. Qu’est-ce que la démagogie ? Ce concept <i>exprime la situation d</i>’<i>un individu qui est ou veut arriver au pouvoir et dont le discours vise à flatter l</i>’<i>auditoire</i> <i>pour accomplir ce but</i>. André-Comte Sponville remarque que le démagogue “nourrit les passions, et s’en nourrit”. Ses moyens d’action sont “</span></span><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:black">la flatterie, le mensonge, les promesses inconsidérées, l’appel aux sentiments les plus bas ou les</span></span><i> </i><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:black">plus violents, spécialement la peur, l’envie, la haine” [Comte-Sponville 2013, 238]. </span></span><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:black">Le même philosophe s’interroge : “</span></span><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:black">Mais s’il s’interdisait toute</span></span> <span style="font-size:11.0pt"><span style="color:black">démagogie, pourrait-il parvenir au pouvoir ?”. Évidemment, une question rhétorique !</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:black">La situation du leader politique qui fait appel à de telles “armes” pour </span></span><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:black">arriver au pouvoir ou pour une gestion sans bouleversements de ce dernier n’est pas très à l’aise ! Au fondement invisible de toute conduite politique se trouve une part de démagogie politique pour livrer aux foules ce qu’elles veulent entendre ! La démagogie du pouvoir se rencontre à chaque pas : le recteur qui propose, pendant les élections, des choses qu’il sait très bien qu’elles ne peuvent pas être mises au pratique, le maire qui promet qu’il ne va pas accroître les taxes et les impôts, le ministre qui parle avec désinvolture de l’immoralité des politiciens, lui qui est également un politicien avec d’anciens passages dans la « grande politique ». </span></span></span></span></span></p>
<h2 style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:black">2. Un paradoxe : démagogie et démocratie</span></span></b></span></span></span></h2>
<p style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:black">Remarquons un fait qui peut surprendre : la <i>démagogie est intimement liée à la démocratie </i>et moins à d’autres régimes comme celui de dictature, par exemple. Elle est vue surtout comme une “maladie de la démocratie”, le prix qui doit être payé si nous voulons bénéficier des vertus de cette dernière. Cette complicité paradoxale a une explication. La démocratie permet l’ascension de l’individu aux postes de pouvoir par la volonté libre du peuple. Cela présuppose une confrontation entre les prétendants à ces postes. Cette confrontation réclame elle-même une liberté d’esprit où l’individu peut s’organiser du point de vue discursif d’une façon libre et indépendante : il peut utiliser tous les moyens d’influence qui pourraient lui assurer l’accès au pouvoir. Dans ces conditions, la démagogie du langage s’infiltre là. La dictature ne permet pas cette liberté d’esprit et de parole et, par conséquent, elle limite d’une façon significative (parfois jusqu’à l’annulation !) la manifestation généralisée de la démagogie. Dans ce cas, on rencontre seulement “la démagogie du leader suprême” et de ses acolytes !</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:black">Même si le terme est mieux circonscrit dans les temps modernes, le phénomène est ancien et est remarqué par les exégètes. Platon souligne un tel péril dans l’organisation de l’État mais il le lie au régime de la tyrannie. Écoutons un petit fragment de son dialogue la <i>République </i>[575e ‒ 576a] : </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:9.0pt"><span style="color:black">«Maintenant, dans la vie privée, et avant d’arriver au pouvoir, ces hommes-là ne se conduisent-ils pas de la sorte ? D’abord ils vivent avec des gens qui sont pour eux des flatteurs prêts à leur obéir en tout, ou s’ils ont besoin de quelqu’un, ils font des bassesses, osent jouer tous les rôles pour lui monter leur attachement, quitte à ne plus le vouloir connaître quand ils seront parvenus à leurs fins» [Platon 1966, 338].</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:black">Et le conseil que Machiavel donne à son prince imaginaire comme une ligne de sa bonne conduite reste encore d’actualité :</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:9.0pt"><span style="color:black">«Gardons-nous d’oublier un article de grande importance, et une faute dans laquelle une Prince tombe aisément, s’il n’est pas d’une prudence très consommé, et d’un discernement parfait. Il s’agit des flatteurs, dont l’Histoire est pleine, parce que naturellement les hommes sont si amoureux de leurs propres qualités, et en même temps si aveugles, qu’ils peuvent à peine résister à cette peste de la flatterie» [Machiavel 2017, 107].</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:black">De nos jours, la démagogie est présente partout, notamment dans la politique dont les discours des campagnes électorales. </span></span></span></span></span></p>
<h2 style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:black">3. Plonger inévitablement dans les contradictions</span></span></b></span></span></span></h2>
<p style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:black">Une conséquence tout à fait désagréable de la démagogie pratiquée dans les discours politiques, c’est la situation déplorable des leaders qui <i>nient </i>(<i>ou affirment</i>)<i> ce qu</i>’<i>ils ont affirmé </i>(<i>ou ont nié</i>)<i> à d</i>’<i>autres occasions</i>. Prenons l’exemple connu dans du président Donald Trump. Voilà ci-dessous une séquence de son discours qui annonce la victoire dans la campagne présidentielle :</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">«Je viens de recevoir un appel de la secrétaire Hillary Clinton qui nous félicitait pour notre victoire [...]. Elle a travaillé pendant de longues années et nous devons lui être reconnaissants pour tout ce qu’elle a fait pour nous. [...]. Nous allons reconstruire nos infrastructures qui vont devenir les meilleures. [...]. Nous allons nous lancer dans un projet de renouveau national en nous appuyant sur les talents de notre pays. [...]. Nous avons un programme économique incroyable, nous allons multiplier par deux notre croissance économique, nous allons être la meilleur économie du monde. Nous allons travailler main dans la main avec les autres nations [...]. Et je peux vous dire que les relations avec les pays étrangers seront excellentes. [...]. Nous avons entre nos mains l’avenir de notre pays. Un avenir audacieux, un avenir brillant. Je tiens à dire à la communauté internationale que si nous allons mettre en avant l’intérêt national, nous n’oublierons personne et nous traiterons avec tous les autres pays». </span></span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">(URL :</span></span><a href="http://www.leparisien.fr/election-presidentielle-americaine/election-americaine-les-premiers-mots-apaises-de-donald-trump-09-11-2016-6307416.php" style="color:blue; text-decoration:underline"><span lang="FR" style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">http://www.leparisien.fr/election-presidentielle-americaine/election-americaine-les-premiers-mots-apaises-de-donald-trump-09-11-2016-6307416.php</span></span></a><span style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> ; consulté le 5 mars 2018).</span></span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le discours semble être de bon sens s’il n’entrait pas en contradiction avec d’autres affirmations publiques faites par le même Donald Trump au cours de toute sa campagne présidentielle. C’est une démagogie sans limite et qui défie la bonne foi de récepteurs avisés. Où est-elle la même Hillary Clinton, une “mauvaise femme” qui est à l’origine des “mauvais faits” en politique et qui ne mérite, dit Trump, d’être le président des États-Unis ?<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[1]</span></span></span></span></span></a> Un “</span><span new="" roman="" style="font-family:" times="">programme économique incroyable” qui peut “multiplier par deux notre croissance économique” est une fiction qui prend contour seulement dans l’imagination de Trump. Mais il sait très bien que la grande masse des citoyens américains va entendre des telles affirmations et de telles promesses. Comment peut-on s’accommoder l’idée de “travailler main dans la main avec les autres nations” avec d’autres idées qui, pendant la campagne présidentielle, ont choquées tout le monde : le mur à la frontière du Mexique, l’attitude de la Chine qui sabote l’économie des États-Unis, la destruction de l’Etat islamique ? Quand a-t-il dit la vérité ? </span></span></span></span></span></p>
<h2 style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span new="" roman="" style="font-family:" times="">4. Recourir au populisme et au mensonge </span></b></span></span></span></span></h2>
<p style="text-align:justify; text-indent:21.25pt; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L’appel à une telle procédure devient fleurissant pendant les moments de crise de la société et de la démocratie qui assurent le<i> terrain fertile pour l</i>’<i>apparition des certaines formes du populisme</i> [Dorna 1999, 8-10 ; 2012, 15-27]. L’auteur évoqué, qui a fait de l’analyse du populisme politique et du leader charismatique le but de ses recherches, fixe très bien la marque d’une telle situation de la société<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[2]</span></span></span></span></span></a> :</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">«Quand la matrice identifiée est remise en question, le peuple commence à perdre les croyances qui façonnent et rendent possible l’équilibre instable de la communauté. Les repères traditionnels ne fonctionnent pas efficacement. La cohésion sociale cesse d’être un rempart contre le processus de désintégration et l’action corrosive de l’apathie... L’immobilisme des élites au pouvoir entraîne le statu quo. Plus grave : le manque d’énergie laisse place à un marasme où s’enlisent la déception, la frustration et l’attente. Le peuple n’a plus confiance en ses gouvernements. La croyance dans la nation se fissure. L’avenir fait peur. Le doute se transforme en silence complice, et l’individualisme en égoïsme. Le sentiment de vide domine l’opinion publique et rend grise toute vision collective. Il y a un état de manque, une sensation diffuse d’attente, un souhait contradictoire d’ordre et de changement» [Dorna 1999, 8-9].</span></span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Un terrain parfait où le grain de la démagogie peut se développer et peut s’amplifier à chaque pas. </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:21.3pt; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L</span><span new="" roman="" style="font-family:" times="">a dominante de la démagogie discursive du pouvoir est le <i>mensonge</i>. Ce dernier gagner l’attention des auditeurs pour arriver au pouvoir ou pour s’y maintenir. Parfois, le <i>mensonge grossier </i>accompagne le discours du démagogue et a le rôle de choquer les récepteurs par ce défi du bons sens ! Évoquons une petite séquence d’un discours d’Hitler :</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:9.0pt"><span style="color:black">«Cette nuit, pour la première fois, des soldats de l’armée régulière de Pologne ont faite feu sur notre territoire. Depuis 5h45 du matin, nous ripostons et, à partir de maintenant, tout bombardement de la part des Polonais sera suivi d’un bombardement de notre part. Celui qui utilisera du gaz toxique recevra du gaz toxique. Celui qui transgressera les règles de la guerre doit s’attendre à ce que nous fassions de même. Je poursuivrai ce combat, peu importe contre qui, jusqu’à ce que le Reich ne coure plus aucun danger et que les droits en vigueur dans notre empire soient préservés» (Hitler, <i>Discours annonçant la guerre contre la Pologne</i>, 1<sup>er</sup> septembre 1939 ; dans : Montefiore (présentation de), 2010, 86).</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:black">Qui peut croire que, dans les rapports de force entre les pays européens à la fin de la quatrième décennie du siècle passé, la Pologne pouvait avoir l’initiative d’attaquer l’Allemagne et de déclencher une guerre mondiale ? C’est une stupidité, un grand mensonge ! Il est jeté aux yeux de ceux qui veulent écouter pour tromper l’opinion publique du monde entier en ce qui concerne le vrai visage d’Hitler. </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:black">Parfois le <i>mensonge est bien caché dans l</i>’<i>ambiguïté des grandes paroles</i> qui exprime les grandes valeurs de l’homme et de la société, des valeurs qui sont presque intangibles :</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:7.1pt; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> «En 1991, le régime irakien a accepté de détruire toutes ses armes de destruction massive et ses missiles de longue portée et de cesser d’en mettre au point. Il devait prouver au monde qu’il s’était acquitté de cette tâche en acceptant de rigoureuses inspections. L’Irak a rompu chaque volet de cette promesse fondamentale. </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:21.25pt; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">De 1991 à 1995, le régime irakien a affirmé qu’il ne détenait pas d’armes biologiques. Après la défection d’un haut responsable de son programme d’armement et la mise en lumière de ce mensonge, le régime a admis avoir des dizaines de milliers de litres de charbon et d’autres agents biologiques mortels [...]. Les inspecteurs de l’ONU pensent que l’Irak a produit deux à quatre fois plus d’agents biologiques que ce qu’il a déclaré, et ce pays n’a pas révélé ce qu’il était advenu de plus de trois tonnes de substances qui pourraient servir à faire des armes biologiques. En ce moment même, il est en train d’agrandir et d’améliorer des installations qui ont servi à la production d’armes biologiques.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:21.25pt; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les inspections des Nations unies ont également révélé que l’Irak maintient vraisemblablement des stocks de VX, de gaz moutarde et autres agents chimiques, et que ce régime est en train de reconstruire ou d’étendre les installations capables de produire des armes chimiques» (George W. Bush, <i>Discours prononcé devant l</i>’<i>Assemblé générale de l</i>’<i>ONU</i>, le 12 septembre 2002 ; URL : </span></span><a href="http://www.voltairenet.org/article9356.html" style="color:blue; text-decoration:underline"><span lang="FR" style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">http://www.voltairenet.org/article9356.html</span></span></a><span style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, consulté le 19.06.2016).</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ce discours du président George W. Bush est livré à l’opinion publique du monde entier comme une “préparation psychologique” pour le déclenchement de l’invasion de l’Irak (la troisième guerre du Golfe, le 20 mars 2003). Sur le fond d’une “vraie psychose” des périls cachés que Saddam Hussein prépare contre la paix du monde, le président américain fait quelques affirmations avec un poids immense et un impact fulminant sur le monde entier : l’Irak détient des armes de destruction massive, il détient également des missiles de longue portée (bien qu’il s’est engagé de les détruire), l’Irak détient des armes chimiques et biologiques et des installations pour les produire (bien qu’il a nié ce fait) et ainsi de suite. Le problème pour le président américain ‒ qui fait de son discours un exemple presque parfait de la démagogie en acte ‒ c’est que la guerre du Golfe s’est finie depuis longtemps mais les armes chimiques et biologiques n’ont pas été trouvées ! Piqué avec ironie par les journalistes sur ce sujet, George W. Bush a répondu qu’elles sont encore cherchées ! Les analystes ont remarqué cette manipulation grossière de l’opinion publique [Ramonet, 2003]. Certainement, lorsque l’homme politique parle au nom de la paix, des droits de l’homme, alors ce petit détail que ses affirmations ne sont pas vraies peut être éludé ! Et, vraiment, beaucoup de gens ont cru ce qu’il a affirmé.</span></span></span></span></p>
<h2 style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span new="" roman="" style="font-family:" times="">5. Déclamer et promouvoir les vérités convenables</span></b></span></span></span></h2>
<p style="text-align:justify; text-indent:21.3pt; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La démagogie s’insinue plusieurs fois par l’<i>intermédiaire de l</i>’<i>utilisation de ce qui pourrait être appelé la vérité convenable</i>. L’individu dit, vraiment, la vérité, mais la vérité qui sert ses intérêts de pouvoir. Toutes les autres vérités qui “dérangent” ces intérêts sont éludées. Citons un fragment du discours prononcé par le président Ceausescu au XIV<sup>e</sup> Congrès du Parti Communiste Roumain (le 20 novembre 1989) : </span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">«Il faut souligner que, en 20 ans, du 1945 jusqu’au 1965, se sont alloué pour le fond de développement environ 400 milliards lei (la monnaie roumaine, n.n., C.S.)), tandis que, dans la période 1966-1990, se sont alloué environ 5000 milliards lei. De tout fond national de développement de la Roumanie, les investissions ont représentées, dans la période 1945-1965, environ 340 milliards lei et du 1966 jusqu’au 1990 elles représentent 4300 milliards lei. De toute la valeur de ces investissions, 2300 milliards lei ont été allouées pour le développement d’une puissante industrie socialiste moderne» (Nicolae Ceausescu, <i>Rapport au XIV<sup>e</sup> Congrès du Parti Communisme Roumain</i>, le 20 novembre 1989 ;</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> <a href="http://www.cnsas.ro/documente/istoria_comunism/congrese/1989%20Raport%20la%252" style="color:blue; text-decoration:underline" target="_blank"><span style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">http://www.cnsas.ro/documente/istoria_comunism/congrese/1989%20Raport%20la%2</span></span></a><span lang="RO" style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> ; </span></span><span style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">consulté le 7 mars 2018)</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Pour ceux qui ne sont pas initiés, il y a une coutume bien respectée à l’intérieur du Parti Communiste : le leader présente un rapport devant les participants au Congrès. Ceausescu a lu pendant 6 heures ce rapport qui, dans sa forme rédigé, a environ 160 pages dactylographiées. Ce rapport présente les réalisations de la Roumanie sous le régime Ceausescu dans tous les domaines : industrie, agriculture, commerce, relations internationales, etc., etc. Nous avons retenu seulement ce petit fragment qui souligne certaines succès du régime. Ils peuvent être vrais. Mais, où sont les autres aspects qui ont un intérêt pour les citoyens et pour l’opinion publique : les droits des hommes, la liberté de l’opinion, la libre circulation et d’autres similaires ? Un silence total ! Pourquoi ? Parce qu’ils sont des points vulnérables du régime communiste.</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:21.3pt; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Il faut souligner encore que la <i>sélection intéressée des faits</i>,<i> des idées</i>,<i> des contextes </i>constitue une constante de l’action discursive des leaders politiques. Elle est présente partout comme une modalité d’amplification de l’impact personnel sur l’auditoire, notamment lorsque ce dernier a une amplitude considérable et que son esprit critique est sensiblement diminué. Même si une telle procédure n’est pas aussi coupable que le mensonge grossier dont nous venons de parler, elle est un instrument plus subtil à la disposition du démagogue qui n’a aucune réticence de l’utiliser si, par cela, il peut accomplir ses buts de pouvoir. </span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:21.3pt; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Une telle conduite discursive a son fondement dans la <i>relation spéciale entre la vérité et l</i>’<i>intérêt </i>à l’intérieur des disputes politiques. En absolu, l’orateur doit être un adepte de la vérité, qu’il doit la découvrir, la défendre et la dévoiler à son auditoire. C’est la situation de la science, par exemple. Mais, il y a des exceptions : la politique ! L’explication est simple : l’accès au pouvoir dépend de la satisfaction des intérêts de ceux qui peuvent contribuer à l’accomplissement de ce but. Plusieurs fois, il y a une <i>contradiction évidente entre la vérité et l</i>’<i>intérêt </i>du politicien de satisfaire les besoins de ses électeurs. Qui est sacrifié dans ce cas ? Dans la plupart des situations, la vérité ! Les voies de ce sacrifice sont multiples : le mensonge, la double vérité, la demi-vérité, la vérité convenable, la vérité conjoncturelle.</span></span></span></span></p>
<h2 style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span new="" roman="" style="font-family:" times="">6. Éviter les complications sémantiques </span></b></span></span></span></h2>
<p style="text-align:justify; text-indent:21.3pt; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le discours démagogique évite les <i>complications d</i>’<i>ordre sémantiques</i> parce qu’elles sont un obstacle majeur dans l’accomplissement du but. Un langage simple, qui peut être compris facilement par tous, qui peut arriver au cœur de la population c’est ce qu’il faut pour obtenir rapidement le succès devant les auditeurs. Le discours démagogique ne s’adresse pas à une élite. Son intention est d’atteindre l’âme, les attentes, les frustrations des foules. Or, on sait, les mécanismes de la réception et de l’engagement actionnel des foules sont totalement différents par rapport à ceux de l’individu. Écoutons le psychologue des foules :</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">«Une des fonctions les plus essentielles des hommes d’État consiste donc à baptiser de mots populaires, ou au moins neutres, les choses que les foules ne peuvent supporter avec leurs anciens noms. La puissance des mots est si grande qu’il suffit de désigner par des termes bien choisis les choses les plus odieuses pour les faire accepter des foules. Taine remarque justement que c’est en invoquant la liberté et la fraternité, mots très populaires alors, que les Jacobins ont pu «installer un despotisme digne du Dahomey, un tribunal pareil à celui de l’inquisition, des hécatombes humaines semblables à celles de l’ancien Mexique». L’art des gouvernants, comme celui des avocats, consiste surtout à savoir manier les mots» [Le Bon 1895, 95]. </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Celui qui sait utiliser d’une façon très habile la force de séduction de la parole dispose d’un instrument presque miraculeux pour influencer à son intérêt les comportements et les actions des foules. Or, un tel fondement est excellent pour la manifestation de la démagogie du pouvoir. Évoquons encore, dans l’ordre de l’impératif de la simplicité du langage diversifié de la démagogie du pouvoir, ce que Hitler a répété plusieurs fois en ce qui concerne la manipulation des foules : “[...] il lui suffit de regarder et de lire, tout au plus, les textes les plus courts“ [Cité selon : Lavandon 2006, 136].</span></span></span></span></p>
<h2 style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span new="" roman="" style="font-family:" times="">7. Construire le <i>pathos</i> démagogique </span></b></span></span></span></h2>
<p style="text-align:justify; text-indent:21.3pt; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Remarquons encore que le <i>discours démagogique ne s</i>’<i>adresse pas à la raison mais à la passion</i>. Le langage démagogique est, avant tout, un <i>langage passionnel</i> capable d’induire et de déterminer des émotions puissantes, des sentiments exaltants, des passions troublantes chez tout récepteur. Par cela, il est en mesure de cacher quelque chose d’important, qui ne satisfait pas les règles élémentaires de la rationalité. Dans son livre où nous enseigne “l’art d’avoir toujours raison”, Schopenhauer le dit directement dans le huitième stratagème : les émotions puissantes influencent sensiblement le jugement correct !</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:21.3pt; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Les sentiments, les émotions, les passions qui dominent l’homme exercent une certaine pression sur le trajet rationnel des raisonnements et influencent les conséquences normales dans le plan des actions [Ribot 1905, 21-63]. En ces conditions, il y a la <i>possibilité de suspendre plus ou moins le jugement critique</i> du récepteur : sur l’impression d’une émotion ou d’une passion profondes, l’individu n’est plus préoccupé de vérifier si les affirmations de l’orateur sont vraies ! Gustave Le Bon est, à nouveau, notre argument d’autorité :</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">«[...] l’impuissance des foules à raisonner juste les empêche d’avoir aucune trace d’esprit critique, c’est-à-dire, d’être aptes à discerner la vérité de l’erreur, à porter un jugement précis sur quoi que ce soit. Les jugements que les foules acceptent ne sont que des jugements imposés et jamais des jugements discutés» [Le Bon 1895, 55].</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les passions puissantes qui sont induites et générées par l’intermédiaire des discours bien construits et flamboyants prononcés peuvent déterminer le récepteur (notamment au cas des foules) de sortir de son “sommeil dogmatique”, de sa commodité, et de passer avec toute la volonté à l’action. Perelman et Olbrechts-Tyteca ont insisté sur le rôle des émotions dans l’impact du discours sur les récepteurs :</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">«Certains maîtres de rhétorique, partisans d’effets faciles, préconisent le recours, pour émouvoir l’auditoire, à des objets concrets, telle la tunique ensanglantée de César que brandit Antoine devant les Romains, tels les enfants du prévenu que l’on amène devant les juges pour exciter leur pitié» [Perelman et Olbrechts-Tyteca 2008, 157].</span></span></span></span></span></p>
<h2 style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span new="" roman="" style="font-family:" times="">8. Brèves conclusions</span></b></span></span></span></h2>
<p style="text-align:justify; text-indent:21.3pt; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La démagogie est-elle un ingrédient nécessaire du discours ? Est-elle une particularité de la politique ? Un petit exercice de raisonnement nous oblige à répondre affirmativement à la première question : “Tout ce qui est nécessaire d’être ; La démagogie est un fait réel ; donc : La démagogie est nécessaire d’être” ! Même la question rhétorique de Comte-Sponville suggère une telle interprétation. Mais, pour ne pas défier le bon sens logique de notre lecteur, disons que tous les raisonnements ne doivent pas être pris au sérieux ! La réponse à la seconde question est plus nuancée. Dans les <i>discours idéologiques</i>, où les intérêts constituent la substance intime et la finalité ultime de l’acte de parler, la démagogie est un instrument dont l’impact est facile à prouver. Le discours politique est l’illustration parfaite d’une telle hypostase. Dans les discours <i>moins ou pas du tout idéologiques</i>, où la vérité est l’impulsion première de l’acte de parler, la démagogie est un “rare oiseau” que l’on cherche, avec peu de chances de la trouver. Le discours scientifique est, cette fois, le modèle du non-idéologique. Du discours politique au discours scientifique on peut trouver toute la gamme des manifestations de la démagogie, à une mesure plus ou moins grande en fonction de la distance par rapport aux extrémités.</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Bibliographie</span></span></b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">COMTE-SPONVILLE, André. [2013]. <i>Dictionnaire philosophique</i>. Quadrige. 4<sup>e</sup> édition. Paris : PUF.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">DORNA, Alexandre. <span style="background:white"><span style="color:black">[1999]. <i>Le populisme</i>. Paris : PUF.</span></span></span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">DORNA, Alexandre. [2012]. <i>Faut-il avoir peur de l</i>’<i>homme providentiel </i>? Paris : Bréal ; </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">LAVANDON, Olivier. [2006]. “Les affiches de la propagande nazie”. Dans : DORNA</span></span><span style="font-size:10.0pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">, Alexandre et QUELLIEN Jean (coordinateurs). [2006]. <i>Les propagandes. Actualisations et confrontations</i>. Paris : Éditions l’Harmattan, 133-143.</span></span></span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">LE BON, Gustave. [1895]. <i>Psychologie des foules</i>. Paris : Félix Alcan, Éditeur.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">MACHIAVEL, Nicolas. [2017]. <i>Le Prince</i>. Paris : Librio.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">MEHLTRETTER DRURY, Sara A. and HERBECK, Dale A. [2019]. </span></span><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Understanding abusive <i>argumentum ad hominem </i>through rhetorical context:<i> </i>Donald Trump’s <i>ad hominem </i>in the 2016 Presidential<i> </i>Campaign. In : Frans H. van EEMEREN and Bart GARSSEN (eds.). [2019]. <i>Argumentation in Actual Practice. Topical studies about argumentative discourse in context</i>. Amsterdam / Philadelphia<i> </i>: John Benjamins Publishing Company. </span></span><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">137-155.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black">MONTEFIORE, Simon Sebag (présentation de). [2010]. <i>Ces grands discours qui ont changé le monde. De Jésus à Obama</i>, Paris : Dunod.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">PLATON. (1966). <i>La République</i>. Paris : Garnier - Flammarion.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">PERELMAN, Chaïm et OLBRECHTS-TYTECA, Lucie. (2008). <i>Traité de l</i>’<i>argumentation. La nouvelle rhétorique</i>. 6<sup>e</sup> édition. Bruxelles : Éditions de l’Université de Bruxelles.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">RAMONET, Ignacio. (2003). “Armes d’intoxication massive. Mensonges d’Etat”, Le Monde diplomatique, Juillet 2003.</span></span></span></span></span></p>
<p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span new="" roman="" style="font-family:" times="">RIBOT, Théodule. (1905). <i>La logique des sentiments</i>. Paris : Félix Alcan, Éditeur.</span></span></span></p>
<p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="RO" new="" roman="" style="font-family:" times="">SALAVASTRU, Constantin. (2004).<i> Rhétorique et politique. Le pouvoir du discours et</i> <i>le discours du pouvoir</i>. Paris : Éditions L’Harmattan.</span></span></span></p>
<p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-1cm"> </p>
<p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-1cm"> </p>
<p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-1cm"> </p>
<p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-1cm"> </p>
<p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-1cm"> </p>
<div>
<hr align="left" size="1" width="33%" />
<div id="ftn1">
<p style="text-align:justify; margin-bottom:14px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> <span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:9.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[1]</span></span></span></span></span>Les commentateurs ont constaté rapidement les contradictions, les exagérations visibles, les attaques à la personne qui constituent seulement quelques de ses éléments discursifs qui ont fait le délice de la presse tabloïde. Pour lui, par exemple, Hillary Clinton c’était “Crooked Hillary”. D’ailleurs, la sophistique de ses discours est souvent rémarquée. </span></span><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Voir, par exemple : Mehltretter Drury, Sara A. and Herbeck, Dale A., </span></span><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Understanding abusive <i>argumentum ad hominem </i>through rhetorical context:<i> </i>Donald Trump’s <i>ad hominem </i>in the 2016 Presidential<i> </i>Campaign. In : Frans H. van Eemeren and Bart Garssen (eds.), <i>Argumentation in Actual Practice. Topical studies about argumentative discourse in context</i>, Amsterdam / Philadelphia<i> </i>: John Benjamins Publishing Company, 2019, 137-155.</span></span></span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn2">
<p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> <span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:9.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[2]</span></span></span></span></span></span></span><span style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Nous avons analysé la présence des thèmes populistes (“néo-populistes”) dans le discours politique roumain de nos jours : Constantin Salavastru, “Thèmes néo-populistes dans le discours politique roumain : quand les leaders disent ce que l’auditoire voudrait entendre”, dans : Constantin Salavastru, <i>Rhétorique et politique. Le pouvoir du discours et</i> <i>le discours du pouvoir</i>, Paris : Éditions L’Harmattan, 2004, 175-194.</span></span></span></span></p>
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