<p><em>Docteure en psychologie, Fanny Gu&eacute;n&eacute;chault s&rsquo;int&eacute;resse aux questions d&rsquo;identit&eacute;, de citoyennet&eacute; et d&rsquo;interculturalit&eacute;. Elle a travaill&eacute; aupr&egrave;s de r&eacute;fugi&eacute;s politiques et de migrants et depuis dix elle intervient dans le secteur du handicap. Elle est &eacute;galement consultante formatrice.</em></p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le &laquo;&nbsp;s&eacute;isme&nbsp;&raquo; des &eacute;lections pr&eacute;sidentielles de 2002 a mis en lumi&egrave;re l&rsquo;&eacute;volution de l&rsquo;espace politique fran&ccedil;ais. Il l&rsquo;a r&eacute;v&eacute;l&eacute; par l&rsquo;&eacute;v&egrave;nement qu&rsquo;il fut, l&rsquo;arriv&eacute;e du repr&eacute;sentant du Front National en position de pr&eacute;sidentiable, parti habituellement marginalis&eacute; en raison de ses id&eacute;es. Il l&rsquo;a r&eacute;v&eacute;l&eacute; &eacute;galement par la mobilisation du second tour contre ce candidat, donnant &agrave; penser qu&rsquo;il s&rsquo;agissait d&rsquo;un vote de protestation citoyenne envers la classe politique dans son ensemble. Depuis le d&eacute;but des ann&eacute;es 2000, se constate une &eacute;volution des courants politiques. De nouvelles formes d&rsquo;expression politique et citoyenne sont apparues, chacune red&eacute;finissant &agrave; leur mani&egrave;re la dynamique politique.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Souhaitant se d&eacute;marquer des r&eacute;f&eacute;rences politiques traditionnelles, Emmanuel Macron a cr&eacute;&eacute; le mouvement de &laquo;&nbsp;La R&eacute;publique En Marche&nbsp;&raquo;. Ce mouvement a, par son positionnement politique hybride, le &laquo;&nbsp;en m&ecirc;me temps&nbsp;&raquo;, pos&eacute; la question des id&eacute;ologies et de leur cat&eacute;gorisation. Il a permis &agrave; son fondateur d&rsquo;acc&eacute;der &agrave; la Pr&eacute;sidence de la R&eacute;publique Fran&ccedil;aise en se d&eacute;marquant des partis politiques qui structuraient traditionnellement l&rsquo;espace politique fran&ccedil;ais.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Du c&ocirc;t&eacute; des citoyens, un mouvement dit &laquo;&nbsp;des Gilets Jaunes&nbsp;&raquo; s&rsquo;est d&eacute;velopp&eacute; &agrave; partir de l&rsquo;automne 2018. Si les manifestations font partie des formes d&rsquo;expression utilis&eacute;es par les citoyens, ce mouvement pr&eacute;sente certaines particularit&eacute;s. Il s&rsquo;est organis&eacute; en mouvement intermittent, un jour par semaine, le samedi. Il a r&eacute;uni des citoyens aux attaches politiques diverses, voire antagonistes, autour de revendications &agrave; priori communes. Et, bien qu&rsquo;ayant perdu de sa vigueur, il se r&eacute;active de mani&egrave;re sporadique comme vecteur de revendications citoyennes. Cette dynamique signe bien l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t port&eacute; aux affaires publiques par le citoyen. Elle s&rsquo;oppose &agrave; l&rsquo;id&eacute;e que l&rsquo;augmentation des scores de l&rsquo;abstention au fil des &eacute;lections exprime un d&eacute;sint&eacute;r&ecirc;t des citoyens pour l&rsquo;action politique.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Parmi les &eacute;volutions de l&rsquo;espace politique, on remarque que les questions d&rsquo;identit&eacute; et de citoyennet&eacute; deviennent plus pr&eacute;gnantes. De m&ecirc;me, des id&eacute;es politiques radicales, extr&eacute;mistes, pol&eacute;miques, dans la lign&eacute;e de celles de l&rsquo;ex-FN devenu Rassemblement National s&rsquo;affirment et semblent trouver &eacute;cho aupr&egrave;s des citoyens. Est-ce &agrave; dire qu&rsquo;elles correspondent pleinement &agrave; leurs attentes ? Ils expriment un sentiment de d&eacute;calage, de rupture avec ceux qui les gouvernent ou qui y pr&eacute;tendent, le sentiment de ne pas vivre dans la m&ecirc;me soci&eacute;t&eacute;. Ils brandissent le souhait d&rsquo;une d&eacute;mocratie plus participative. Ces ph&eacute;nom&egrave;nes posent la question de la r&eacute;elle possibilit&eacute; donn&eacute;e &agrave; chacun, &agrave; tout citoyen de se faire entendre et pose aussi la probl&eacute;matique du sentiment d&rsquo;appartenance &agrave; un espace commun de vie.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La psychologie politique a clairement un r&ocirc;le &agrave; jouer dans cette r&eacute;flexion car elle &laquo;&nbsp;s&rsquo;est d&egrave;s ses origines caract&eacute;ris&eacute;e par une double vocation&nbsp;: &ecirc;tre une connaissance et &ecirc;tre une technique&nbsp;&raquo; (Dorna, 1989). Il s&rsquo;agit en effet aujourd&rsquo;hui de comprendre le citoyen et de proposer des pistes d&rsquo;action pour que la participation citoyenne individuelle devienne effective, que s&rsquo;att&eacute;nue le sentiment d&rsquo;exclusion de l&rsquo;espace public. Ce sentiment n&rsquo;est pas ressenti seulement par certains groupes d&eacute;finis comme minoritaires sociologiquement. Il s&rsquo;est diffus&eacute; dans la soci&eacute;t&eacute; tout enti&egrave;re. Le mouvement des &laquo;&nbsp;Gilets Jaunes&nbsp;&raquo; a donn&eacute; &agrave; voir, du fait de sa composition sociale h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne, cet aspect du ressenti citoyen. A ses d&eacute;buts, ce mouvement n&eacute; spontan&eacute;ment, r&eacute;unissait des personnes d&rsquo;horizons divers, mus par le m&ecirc;me sentiment de lassitude face &agrave; l&rsquo;absence d&rsquo;&eacute;coute et de consid&eacute;ration de la classe dirigeante. Il ne semblait pas y avoir une aspiration au pouvoir politique mais l&rsquo;envie d&rsquo;&ecirc;tre entendu comme acteur politique. La tentative de constitution en mouvement politique a &eacute;chou&eacute; et amen&eacute; &agrave; son d&eacute;litement du fait de l&rsquo;absence de ligne politique et id&eacute;ologique f&eacute;d&eacute;ratrice.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les probl&eacute;matiques actuelles de la soci&eacute;t&eacute; fran&ccedil;aise n&eacute;cessitent une approche nouvelle qui s&rsquo;int&eacute;resse au plus pr&egrave;s &agrave; ceux qui la composent, qui la fondent, qui y vivent, qui y participent dans toutes ses dimensions, une approche qui se recentre sur la composante initiale d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute;&nbsp;: le citoyen. Or la notion centrale de la psychologie politique c&rsquo;est pr&eacute;cis&eacute;ment le citoyen. Mais cette discipline rencontre des difficult&eacute;s &agrave; s&rsquo;&eacute;manciper et &agrave; se d&eacute;finir comme autonome par rapport &agrave; d&rsquo;autres disciplines.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Nous traiterons dans un premier temps les rapports que la psychologie politique entretient avec d&rsquo;autres disciplines. Nous aborderons ensuite les limites de mod&egrave;les d&rsquo;analyse sociologiques &agrave; travers l&rsquo;exemple de trois ph&eacute;nom&egrave;nes d&rsquo;expression citoyennes. Enfin nous essaierons de d&eacute;montrer la perspective de r&eacute;flexion novatrice que pourrait apporter la psychologie politique, en tant que grille de lecture diff&eacute;renci&eacute;e et compl&eacute;mentaire.</span></span></span></span></span></p> <h2 style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span new="" roman="" style="font-family:" times="">1. La psychologie politique et les autres disciplines</span></b></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La philosophie s&rsquo;int&eacute;resse &agrave; la politique depuis la Gr&egrave;ce Antique. Les Grecs consid&eacute;raient que la politique ne relevait pas seulement de l&rsquo;action mais aussi du savoir. Les philosophes ont r&eacute;fl&eacute;chi au meilleur r&eacute;gime avec des approches diff&eacute;rentes&nbsp;: Platon vise l&rsquo;&eacute;dification d&rsquo;un id&eacute;al, Aristote manifeste un souci du r&eacute;el avec une approche plus pragmatique. Au Moyen-Age, la r&eacute;flexion sur la politique est absorb&eacute;e par la th&eacute;ologie. A la Renaissance, c&rsquo;est une r&eacute;volution qui s&rsquo;effectue, des penseurs tels que Machiavel affirment que la politique est ind&eacute;pendante de la morale et de la religion. La r&eacute;flexion politique prend alors deux voies. La premi&egrave;re se recentre sur les conditions de fonctionnement de la soci&eacute;t&eacute;, elle interroge des notions telles que celle de l&rsquo;Etat ou l&rsquo;Individu. C&rsquo;est la voie id&eacute;aliste. La seconde interroge le r&eacute;el, ce qui existe. C&rsquo;est la voie r&eacute;aliste qui introduit des cat&eacute;gories de la pens&eacute;e moderne comme celle de la soci&eacute;t&eacute; civile.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La philosophie politique domine l&rsquo;analyse jusqu&rsquo;au milieu du XIXe si&egrave;cle. Puis les courants th&eacute;oriques du scientisme ou du positivisme marquent une nouvelle &eacute;volution. Ils proposent une r&eacute;flexion principalement ax&eacute;e sur une analyse des faits, se d&eacute;prenant de la philosophie jug&eacute;e trop sp&eacute;culative. C&rsquo;est &agrave; cette p&eacute;riode que la sociologie nait en tant que discipline universitaire. Issue de la psychologie sociale, elle s&rsquo;int&eacute;resse &agrave; la r&eacute;gulation des ph&eacute;nom&egrave;nes de soci&eacute;t&eacute;. Les p&egrave;res fondateurs de l&rsquo;approche sociologique, tels que Durkheim, Weber ou Marx, accordent une grande importance &agrave; l&rsquo;historicit&eacute; des faits sociaux. Ils voulaient comprendre la soci&eacute;t&eacute; en appliquant l&rsquo;esprit scientifique &agrave; la connaissance de la soci&eacute;t&eacute;. L&rsquo;objectif &eacute;tait donc une r&eacute;flexion sur la soci&eacute;t&eacute; en elle-m&ecirc;me et non la recherche du meilleur r&eacute;gime politique. La sociologie politique apparait dans les ann&eacute;es 1950 lorsque des chercheurs de droit public investissent la m&eacute;thode sociologique. Elle prend son envol dans le contexte intellectuel et politique de mai 1968. De cette d&eacute;marche reste une forte pr&eacute;gnance de la sociologie sur la science politique, certains auteurs confondant sociologie politique et science politique. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">De son c&ocirc;t&eacute;, la psychologie politique est issue elle aussi de la tradition gr&eacute;co-latine mais son histoire et son d&eacute;veloppement ne sont pas lin&eacute;aires dans le temps. A la fin du XIXe si&egrave;cle, des chercheurs fran&ccedil;ais abordent dans leurs travaux les cons&eacute;quences sociales et politiques de l&rsquo;industrialisation. Ces recherches ont des th&egrave;mes divers&nbsp;tels que les foules, la violence ou les nationalismes. Apr&egrave;s une p&eacute;riode de latence, d&rsquo;autres chercheurs comme Adorno ou Fromm, face &agrave; la mont&eacute;e du fascisme et de l&rsquo;autoritarisme, utilisent cette orientation pour leurs recherches. Mais cela ne dure pas, en raison, pour Dorna (2006) de l&rsquo;orientation des sciences humaines vers la recherche qualitative et la normalisation des sciences sociales,&nbsp;ce qui ne permettait pas la transversalit&eacute; et l&rsquo;interdisciplinarit&eacute; n&eacute;cessaire aux &eacute;tudes de cette discipline. Le retour de la psychologie politique serait li&eacute; aux probl&eacute;matiques et aux crises travers&eacute;es par la soci&eacute;t&eacute; moderne. Elle peine cependant &agrave; se d&eacute;finir comme discipline &agrave; part enti&egrave;re car elle ne pr&eacute;sente pas de paradigme f&eacute;d&eacute;rateur. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Jean-Louis Marie (2005) interroge le sens des relations entre psychologie et politique &agrave; partir de deux points. Le premier concerne l&rsquo;utilisation m&ecirc;me de la psychologie pour l&rsquo;analyse des objets politiques. Il questionne l&rsquo;objectif de cette d&eacute;marche&nbsp;: s&rsquo;agit-il de l&rsquo;utilisation d&rsquo;outils des psychologies ou s&rsquo;agit-il d&rsquo;une politisation des objets psychologiques. Dans les deux cas, la possibilit&eacute; d&rsquo;un objet propre &agrave; la psychologie politique est &eacute;vacu&eacute;e. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le second point qu&rsquo;il aborde est celui de la multiplicit&eacute; des psychologies utilis&eacute;es ce qui le rend perplexe. De son analyse ressort le fait qu&rsquo;il faut envisager l&rsquo;utilisation de la psychologie en science politique lorsque certains ont une dimension psychologique comme les comportements. Ainsi certains travaux de science politique utilisent la psychologie en abordant leurs objets soit sous l&rsquo;angle de l&rsquo;influence sociale soit en abordant les hommes politiques sous l&rsquo;angle de l&rsquo;&eacute;tude de la personnalit&eacute; ou du leadership.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Stizensthul (2015) consid&egrave;re lui aussi l&rsquo;utilit&eacute; de la psychologie politique dans l&rsquo;analyse de la politique &eacute;trang&egrave;re du fait de la compr&eacute;hension qu&rsquo;elle donne de la personnalit&eacute;, de la vision port&eacute;e par un homme politique d&rsquo;&eacute;tat et qui exerce une influence concr&egrave;te sur les d&eacute;cisions politiques. La psychologie politique est donc r&eacute;f&eacute;renc&eacute;e comme une branche de la science politique. Gouin (2018) parle d&rsquo;une &laquo;&nbsp;science politique psychologique&nbsp;&raquo;. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Par ailleurs, elle entretient des liens avec d&rsquo;autres disciplines de la psychologie. Elle tend &agrave; &ecirc;tre confondue pour Moscovici ou Rouquette avec la psychologie sociale. Dans son article &laquo; la psychologie politique&nbsp;: un carrefour disciplinaire&nbsp;&raquo;, Dorna &eacute;num&egrave;re les diff&eacute;rents axes de recherche explor&eacute;s par la psychologie politique. On y retrouve notamment l&rsquo;influence sociale, la leadership, l&rsquo;&eacute;tude de la personnalit&eacute;. Il &eacute;voque le fait que &laquo;&nbsp;la question politique est pos&eacute;e en termes de structures sociales&nbsp;&raquo;. Il appuie ainsi l&rsquo;apport de la psychologie sociale car cette discipline aborde les liens entre individu et soci&eacute;t&eacute;. Il aborde un peu plus loin l&rsquo;apport de la psychologie cognitive gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;&eacute;tude des m&eacute;canismes et des processus &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre par exemple dans le ph&eacute;nom&egrave;ne de l&rsquo;influence sociale. &nbsp;De fait, en consid&eacute;rant la psychologie politique par le prisme des diff&eacute;rents apports dont elle b&eacute;n&eacute;ficie il est alors difficile de ne pas la consid&eacute;rer comme une discipline annexe ou une branche d&rsquo;une autre discipline.</span></span></span></span></span></p> <h2 style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">2. Les limites de mod&egrave;les d&rsquo;analyse sociologiques</span></span></b></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les nouvelles expressions citoyennes apparues depuis le d&eacute;but des ann&eacute;es 2000 renvoient les analyses sociologiques classiques &agrave; leurs propres limites interpr&eacute;tatives comme nous allons le voir en prenant trois exemples de participation politique des citoyens. La participation politique peut prendre trois formes d&rsquo;action&nbsp;: le vote, l&rsquo;abstention et la manifestation. Chacune de ces actions est une expression citoyenne. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Tout d&rsquo;abord, prenons un exemple de vote &eacute;lectoral. Le r&eacute;sultat du premier tour des &eacute;lections pr&eacute;sidentielles de 2002 a &eacute;t&eacute; un coup de tonnerre dans l&rsquo;espace politique fran&ccedil;ais. La presse &eacute;trang&egrave;re a &eacute;galement tr&egrave;s vivement r&eacute;agi &agrave; ces r&eacute;sultats. The Daily Telegraph a rappel&eacute; que la France s&rsquo;&eacute;tait permise d&rsquo;appeler &agrave; des sanctions contre l&rsquo;Autriche quand J&ouml;rg Haider &eacute;tait arriv&eacute; au second tour des &eacute;lections nationales. Die Welt a utilis&eacute; des mots forts &laquo;&nbsp;(&hellip;) la France est une terre de symboles&nbsp;: c&rsquo;est pourquoi la participation du leader de l&rsquo;extr&ecirc;me droite du second tour des Pr&eacute;sidentielles marque une c&eacute;sure historique.&nbsp;&raquo; Ce r&eacute;sultat ne s&rsquo;&eacute;tant pas concr&eacute;tis&eacute; au second tour par une forte mobilisation du vote contre ce candidat, sa symbolique aurait pu &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;e comme un &eacute;piph&eacute;nom&egrave;ne. Cependant force est de constater que le vote pour les extr&ecirc;mes, sans n&eacute;cessaire concr&eacute;tisation d&rsquo;acc&egrave;s au pouvoir pr&eacute;sidentiel, reste pr&eacute;sent au fil des &eacute;lections comme une forme d&rsquo;expression citoyenne forte et significative d&rsquo;un message.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ensuite, un deuxi&egrave;me ph&eacute;nom&egrave;ne est observable depuis la fin des ann&eacute;es 1990. Il s&rsquo;agit de l&rsquo;affaiblissement de la participation &eacute;lectorale. Dans son &eacute;tude, Muxel note que, paradoxalement, l&rsquo;attachement des Fran&ccedil;ais &agrave; la participation &eacute;lectorale. Pour 79% d&rsquo;entre eux, celle-ci est le signe d&rsquo;un bon dynamisme d&eacute;mocratique. Et pour autant, elle n&rsquo;est pas toujours soutenue. Par exemple, l&rsquo;abstention &eacute;tait estim&eacute;e &agrave; 25,3% aux &eacute;lections pr&eacute;sidentielles de 2017, la plus forte abstention depuis 1969. Elle est de plus en plus consid&eacute;r&eacute;e comme une r&eacute;ponse &eacute;lectorale &agrave; part enti&egrave;re par les citoyens &agrave; une offre politique qui ne les satisfait pas. Cette &eacute;tude r&eacute;v&egrave;le &eacute;galement que les mod&egrave;les sociologiques classiques, bas&eacute;s sur le r&ocirc;le jou&eacute; par le dipl&ocirc;me, le statut socio-&eacute;conomique et les conditions d&rsquo;insertion sociale ne permettent pas de comprendre ce ph&eacute;nom&egrave;ne. L&rsquo;abstention gagne l&rsquo;ensemble du tissu social. Elle &laquo;&nbsp;s&rsquo;inscrit dans une &eacute;volution plus globale de red&eacute;finition d&rsquo;un nouveau mod&egrave;le de citoyennet&eacute; et d&rsquo;expression d&eacute;mocratique.&nbsp;&raquo; (Muxel, 2008)</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Enfin le troisi&egrave;me ph&eacute;nom&egrave;ne significatif est celui de la manifestation comme expression citoyenne au travers de l&rsquo;exemple du mouvement dit des &laquo;&nbsp;Gilets Jaunes&nbsp;&raquo;. Ce mouvement social in&eacute;dit et prot&eacute;iforme a g&eacute;n&eacute;r&eacute; une r&eacute;flexion transdisciplinaire. En sciences politiques, Paugam et Laferte (2018) l&rsquo;ont analys&eacute; sous l&rsquo;angle de la spatialit&eacute;. Pour eux il doit se lire sous le prisme des classes sociales red&eacute;finies par le territoire, le lieu de r&eacute;sidence &eacute;tant devenu &laquo;&nbsp;une variable sociale d&eacute;cisive&nbsp;&raquo;. Sp&eacute;cialiste d&rsquo;histoire visuelle, Gunthert (2019) l&rsquo;aborde sous l&rsquo;angle de l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;information comme &eacute;l&eacute;ment constitutif de la construction de la pens&eacute;e politique individuelle. Il souligne pr&eacute;cis&eacute;ment que le mouvement des Gilets Jaunes d&eacute;passe les crit&egrave;res de classe sociale, d&rsquo;&acirc;ge et d&rsquo;engagement politique. L&rsquo;utilisation des nouvelles technologies et des nouveaux canaux de communication dont les r&eacute;seaux sociaux a aid&eacute; &agrave; la constitution et &agrave; la mobilisation du mouvement. L&rsquo;utilisation des vid&eacute;os film&eacute;es par les protagonistes du mouvements, diffus&eacute;es sur les r&eacute;seaux sociaux d&eacute;montre la &laquo;&nbsp;volont&eacute; du grand public de construire sa propre vision des &eacute;v&egrave;nements &agrave; travers une activit&eacute; collective&nbsp;&raquo;. Il compare les r&eacute;seaux sociaux &agrave; une agora moderne et gr&acirc;ce &agrave; ce canal m&eacute;diatique, se distinguant des m&eacute;dias classiques, chacun peut construire sa vision, son analyse de l&rsquo;information en s&rsquo;&eacute;cartant des r&eacute;f&eacute;rences dites classiques. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ces trois ph&eacute;nom&egrave;nes d&rsquo;expression citoyenne symbolisent la recherche de participation plus active &agrave; la vie politique des citoyens ind&eacute;pendamment des cadres classiques tel que celui des partis politiques. Or, d&rsquo;une part,&nbsp;il apparait que les mod&egrave;les classiques d&rsquo;analyse sociologique semblent limit&eacute;s dans leur possibilit&eacute; d&rsquo;interpr&eacute;tation. D&rsquo;autre part, la construction et l&rsquo;&eacute;volution de ces ph&eacute;nom&egrave;nes semblent aussi li&eacute;es aux nouvelles formes de diffusion de l&rsquo;information qui impactent la r&eacute;flexion du citoyen. Les progr&egrave;s technologiques ont permis au fil des si&egrave;cles son expansion et la cr&eacute;ation d&rsquo;internet et des r&eacute;seaux sociaux depuis le d&eacute;but des ann&eacute;es 2000 a g&eacute;n&eacute;r&eacute; une mutation plus importante, encore en multipliant les sources d&rsquo;informations et en permettant de s&rsquo;affranchir des &laquo;&nbsp;experts&nbsp;&raquo;, de &laquo;&nbsp;ceux qui d&eacute;tiennent le savoir&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></span></p> <h2 style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">3. la perspective de r&eacute;flexion novatrice</span></span></b></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">C&rsquo;est &agrave; cet endroit que la psychologie politique peut proposer de nouvelles perspectives d&rsquo;analyse de cette &eacute;volution et de ces ph&eacute;nom&egrave;nes en abordant la singularit&eacute; du citoyen. Dorna affirme que la notion centrale de la psychologie politique est le citoyen. Effectivement la connaissance des m&eacute;canismes cognitifs tels que le traitement de l&rsquo;information peut amener &agrave; anticiper des comportements politiques de type vote &eacute;lectoral. Mais si les apports de la psychologie cognitive sont ind&eacute;niables pour la compr&eacute;hension des comportements humains, par cette d&eacute;finition de l&rsquo;objectif de la psychologie politique nait &agrave; nouveau une confusion dans ce qu&rsquo;est la psychologie politique qui peut alors &ecirc;tre confondue avec une psychologie cognitives appliqu&eacute;e &agrave; la politique.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Rouquette (1988), quant &agrave; lui, d&eacute;crit le citoyen comme un &laquo;&nbsp;th&eacute;oricien politique&nbsp;[qui]se forme une image du pass&eacute;, interpr&egrave;te ce qui lui offre le pr&eacute;sent et se projette plus ou moins dans l&rsquo;avenir&nbsp;&raquo;. Il pr&eacute;cise &eacute;galement que &laquo;&nbsp;le citoyen isol&eacute; n&rsquo;existe pas, non plus que le vide social, mais chaque citoyen traite, &agrave; sa mani&egrave;re et depuis le contexte qu&rsquo;il investit l&rsquo;information qui lui parvient.&nbsp;&raquo; &nbsp;Dans cette d&eacute;finition Rouquette &eacute;voque deux &eacute;l&eacute;ments importants&nbsp;: l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;information et la singularit&eacute; du positionnement politique du citoyen.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Concernant l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;information, Gunthert dans son analyse du mouvement des Gilets Jaunes, &eacute;voque le fait que l&rsquo;utilisation des r&eacute;seaux de communication, a permis la cr&eacute;ation d&rsquo;un agora moderne. La pens&eacute;e politique s&rsquo;individualise de plus en plus. Ce monde en r&eacute;seaux multiples permet l&rsquo;essor de la socialit&eacute;, de la communicabilit&eacute; et am&egrave;ne &agrave; la multiplication d&rsquo;un mode d&rsquo;&eacute;change rare jusqu&rsquo;&agrave; pr&eacute;sent. Guillaume (1998) qualifie ce monde de &laquo;&nbsp;monde spectral&nbsp;&raquo;. La spectralit&eacute; n&rsquo;est ni la destruction du sujet ni sa disparition mais sa dispersion qui ouvre &agrave; l&rsquo;exp&eacute;rience de la diversit&eacute; des &laquo;&nbsp;autrui&nbsp;&raquo; et &agrave; l&rsquo;exp&eacute;rience de la diversit&eacute; de ses composantes internes. Les r&eacute;seaux sociaux permettent des &eacute;changes d&rsquo;informations, des espaces de discussion entre personnes qui ne se seraient peut-&ecirc;tre jamais rencontr&eacute;es. Cette exp&eacute;rience de la diversit&eacute; renvoie chacun &agrave; sa propre place dans le monde, &agrave; l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; et de fait &agrave; sa propre identit&eacute;. La vision du monde d&eacute;velopp&eacute; par le sujet citoyen int&egrave;gre ces &eacute;l&eacute;ments auxquels il n&rsquo;avait pas acc&egrave;s jusque-l&agrave;. Cette exp&eacute;rience de la diversit&eacute; renvoie &agrave; la question de sa place dans le monde, de son rapport au monde et de sa d&eacute;finition identitaire y compris dans son aspect g&eacute;ographique, territorial, citoyen. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;id&eacute;e de l&rsquo;influence du rapport au monde dans les choix de politique &eacute;trang&egrave;re d&rsquo;une personnalit&eacute; politique &eacute;voqu&eacute;e par Sitzensthul comme un objet d&rsquo;&eacute;tude de la psychologie politique m&eacute;rite d&rsquo;&ecirc;tre abord&eacute;e, &agrave; notre sens, chez le sujet citoyen.&nbsp; La psychologie politique est une psychologie qui met le sujet en posture de citoyen au centre de sa r&eacute;flexion. &nbsp;Il s&rsquo;agit donc d&rsquo;effectuer un d&eacute;centrement disciplinaire du prisme sociologique au prisme de l&rsquo;intrapsychique, au prisme du sujet. L&rsquo;anthropologie a effectu&eacute; ce d&eacute;centrement en s&rsquo;appropriant la notion de sujet car cette notion &laquo;&nbsp;permet de d&eacute;passer les sens cliv&eacute;s qu&rsquo;on attribue aux notions de personne et d&rsquo;individu tout en s&rsquo;y adossant&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ainsi, la conception de l&rsquo;identit&eacute; a &eacute;volu&eacute;, d&rsquo;une conception o&ugrave; primait la coh&eacute;rence, l&rsquo;unit&eacute; et la continuit&eacute;, nous abordons &agrave; pr&eacute;sent l&rsquo;identit&eacute; comme se d&eacute;finissant en r&eacute;seau, dynamique, sans cesse en &eacute;volution et en involution.&nbsp; Le sujet r&eacute;agit &agrave; la logique de la soci&eacute;t&eacute; dans laquelle il vit gr&acirc;ce &agrave; des r&eacute;organisations identitaires. Il s&rsquo;agit donc bien pour la psychologie politique de s&rsquo;int&eacute;resser au sujet citoyen en situation.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Il s&rsquo;agit bien s&ucirc;r aussi de circonscrire la notion m&ecirc;me de ce sujet de la psychologie politique. Le terme de citoyen est &agrave; priori simple d&rsquo;acc&egrave;s mais la notion de citoyennet&eacute; est une notion complexe. En France la citoyennet&eacute; se distingue de la nationalit&eacute; alors m&ecirc;me qu&rsquo;elles sont intrins&egrave;quement li&eacute;es. Oblet (1998) rappelle que &laquo;&nbsp;la citoyennet&eacute; exprime une appartenance politique qui n&rsquo;impose en soi ni pratiques culturelles ni mod&egrave;le d&rsquo;organisation mais une exigence de solidarit&eacute; et donc &eacute;galement de communication entre les concitoyens. &raquo; La nationalit&eacute; poss&egrave;de deux dimensions&nbsp;: une politique et une culturelle. La premi&egrave;re donne un statut juridique en cela qu&rsquo;elle d&eacute;finit les droits et les devoirs dus aux autres membres de la soci&eacute;t&eacute;. Ce statut rattache la personne &agrave; un espace territorial donn&eacute; et d&eacute;fini (Canivez, 1995). Cependant seule la personne d&eacute;termine la nature et les caract&eacute;ristiques de ce lien, signifiant ainsi la place qu&rsquo;elle occupe dans la soci&eacute;t&eacute;. La subjectivit&eacute; de ce lien apparait plus fortement lorsque des bouleversements contextuels d&rsquo;ordre historique, social apparaissent, interrogeant le sentiment d&rsquo;appartenance. Sayad (1991) souligne cette subjectivit&eacute; pr&eacute;sente dans l&rsquo;acquisition de la nationalit&eacute; par naturalisation &laquo;&nbsp;c&rsquo;est tout le vocabulaire de l&rsquo;honneur utilisant des termes de dignit&eacute;, de privil&egrave;ge, de m&eacute;rite, d&rsquo;obligeance et d&rsquo;obligation (&hellip;) qui se retrouve constamment et abondamment cit&eacute; dans tout ce qui est dit de la nationalit&eacute; et de la naturalisation.&nbsp;&raquo; La naturalisation r&eacute;v&egrave;le la symbolique de la nationalit&eacute;. &nbsp;Cette subjectivit&eacute; teinte le rapport &agrave; l&rsquo;appartenance nationale de chaque citoyen, elle s&rsquo;&eacute;labore par le mode d&rsquo;acquisition de la nationalit&eacute; mais aussi par le rapport que le sujet citoyen entretient avec celle-ci. Or, lorsque le citoyen d&eacute;cide d&rsquo;agir, que ce soit par son choix &eacute;lectoral ou en allant manifester, ce rapport singulier &agrave; son espace de vie joue un r&ocirc;le dans sa posture. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La soci&eacute;t&eacute; fran&ccedil;aise est travers&eacute;e par des probl&eacute;matiques identitaires fortes. Les positions extr&eacute;mistes y trouvent r&eacute;sonance car elles traitent de ces questions et semblent donner le sentiment &agrave; certains citoyens d&rsquo;&ecirc;tre enfin reconnus de mani&egrave;re singuli&egrave;re. Cela ne veut pas pour autant dire que les propositions politiques qui y sont rattach&eacute;es, le projet de vie qui y est associ&eacute; correspondent pleinement &agrave; leurs aspirations. Cependant l&rsquo;aspect identitaire ne peut pas &ecirc;tre n&eacute;glig&eacute;. Ces probl&eacute;matiques n&eacute;cessitent une approche nouvelle qui s&rsquo;int&eacute;resse au plus pr&egrave;s de ceux qui la composent, qui la fondent, qui y vivent, une approche qui se recentre sur la composante initiale d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute;, le citoyen et de ce qui l&rsquo;anime et de ce &agrave; quoi il aspire. Il s&rsquo;agit donc bien pour la psychologie politique de s&rsquo;int&eacute;resser au sujet citoyen, qui &eacute;volue dans une autre temporalit&eacute; et une autre historicit&eacute; que celles qui composent les institutions et les hommes politiques qui la dirigent.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Bibliographie</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Canivez, P. (1995). <i>Eduquer le citoyen&nbsp;?.</i>Paris&nbsp;: Hatier</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Camilleri, C., Kastersztein, J., Lipiansky, E-M. (2002). </span></span><i><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Strat&eacute;gies identitaires. </span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Paris : PUF, 4&egrave; &eacute;dition</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Courrier International (2002). <i>Le Pen et les droites extr&ecirc;mes en Occident&nbsp;: malaise dans la civilisation. </i>N&deg;599, p15-29</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dorna, A. (1998). <i>Fondements de la psychologie politique. </i>Paris&nbsp;: PUF</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dorna, A. (1989). <i>La psychologie politique&nbsp;: un carrefour disciplinaire. </i>CNRS Editions, &laquo;&nbsp;Herm&egrave;s, la Revue&nbsp;&raquo;. 1989/2 n&deg;5-6, p. 181 &agrave; 199</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dorna, A. (2006). <i>Citoyennet&eacute;&nbsp;: l&rsquo;enjeu d&eacute;mocratique. </i>Les Cahiers de psychologie politique, n&deg;9</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Gouin, R. (2018). <i>Psychologie politique&nbsp;: (encore) une exception fran&ccedil;aise&nbsp;!. </i>The Conversation</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Gunthert, A. (2019). <i>Gilets Jaunes&nbsp;: un mouvement qui s&rsquo;&eacute;crit en vid&eacute;o. </i>M&eacute;diapart, 17/01/2019</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Guillaume (1998) in Gabilliet, Ph. (1999). </span></span><i><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Savoir anticiper les outils pour maitriser son futur.</span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Issy-Les-Moulineaux&nbsp;: ESF</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Marie, J-L. (2005). <i>L&rsquo;ouverture croissante de la science politique &agrave; la psychologie sociale.</i> CNRS Editions, &laquo;&nbsp;Herm&egrave;s, la Revue&nbsp;&raquo;, 2005/1 n&deg;41, p.141 &agrave; 149</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Muxel, A. (2008). <i>Abstention&nbsp;: d&eacute;faillance citoyenne ou expression d&eacute;mocratique&nbsp;? </i>Cahiers du Conseil Constitutionnel n&deg;23, Dossier&nbsp;: la citoyennet&eacute;, f&eacute;vrier 2008</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Oblet, Th. </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">(1998). <i>La port&eacute;e symbolique du droit de vote des &eacute;trangers aux &eacute;lections locales. </i>Hommes et Migrations, &laquo;&nbsp;Vers une politique migratoire europ&eacute;enne&nbsp;&raquo;, n&deg;1216, p.108</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Paugam,S., Lafert&eacute;, G. (2018). </span></span><i><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Apr&egrave;s les gilets jaunes, repenser les classes sociales. </span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Lib&eacute;ration, Tribune du 20/12/2018</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Rouquette, M-L. (1988). <i>La psychologie politique. </i>Paris&nbsp;: PUF</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Sayad, A. (1991). <i>L&rsquo;immigration ou les paradoxes de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;. </i>De Boeck Universit&eacute;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:104%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Sitzensthul, C. (2015).<i>Red&eacute;couvrir l&rsquo;individu dans la prise de d&eacute;cision&nbsp;: de l&rsquo;utilit&eacute; de la psychologie politique dans l&rsquo;analyse de la politique &eacute;trang&egrave;re.</i> Congr&egrave;s AFSP, Aix 2015</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p>