<h2 class="MsoNoSpacing" style="font-style:italic;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">1. Introduction</span></span></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Il y a vingt ans, Alexandre DORNA, psychologue social fran&ccedil;ais d&rsquo;origine Chilienne, cr&eacute;ait les Cahiers de Psychologie Politique, produit de la convergence entre sa formation universitaire, son histoire de vie, ses actions, ses observations, ses r&eacute;flexions, le tout conduisant &agrave; des constats de manque et de &laquo;&nbsp;niches vides&nbsp;&raquo; dans les recherches en sciences humaines, concernant plus particuli&egrave;rement la politique. Aussi proposait-il de contribuer &agrave; enrichir le d&eacute;bat par de nouveaux axes possibles d&rsquo;approfondissement du domaine politique, mettant en lumi&egrave;re la pertinence de la psychologie politique comme une approche sp&eacute;cifique et novatrice. Ainsi naissaient les Cahiers de Psychologie Politique.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Malheureusement, Alexandre DORNA vient de nous quitter le premier octobre dernier, trop vite, trop t&ocirc;t, nous laissant f&ecirc;ter cet anniversaire sans lui. Aussi, nous a-t-il sembl&eacute; int&eacute;ressant de r&eacute;diger cet article comme prolongement des derniers &eacute;changes que nous avons eus avec lui, en nous appuyant sur son souhait que la psychologie politique et donc les Cahiers, puissent permettre d&rsquo;enrichir la discussion &agrave; l&rsquo;occasion de l&rsquo;examen de certaines probl&eacute;matiques en psychologie politique. Cet article se veut fid&egrave;le &agrave; nos ultimes conversations. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dans ce num&eacute;ro, nous nous limiterons &agrave; la mise en communication, sur le plan d&rsquo;une premi&egrave;re approche et sans envisager d&rsquo;approfondissement ici, de deux champs disciplinaires d&rsquo;exp&eacute;riences qui n&rsquo;ont pas l&rsquo;habitude de se rencontrer&nbsp;: la psychologie politique et la ph&eacute;nom&eacute;nologie. Les num&eacute;ros ult&eacute;rieurs des Cahiers offriront l&rsquo;opportunit&eacute; de mieux appr&eacute;cier encore, l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de ce face &agrave; face virtuel dans la mesure o&ugrave; nous envisageons d&rsquo;y d&eacute;velopper un th&egrave;me sp&eacute;cifique afin de fournir une illustration des conclusions avanc&eacute;es dans cet article. En cons&eacute;quence, nous assisterons ci-apr&egrave;s pour ce num&eacute;ro des Cahiers, &agrave; des pr&eacute;sentations sociales initiales en usage dans les relations humaines, par lesquelles toute rencontre d&eacute;bute avant d&rsquo;en arriver &agrave; la mise en &oelig;uvre des affinit&eacute;s constat&eacute;es. Bien qu&rsquo;il s&rsquo;agisse ici, de disciplines universitaires, nous proc&eacute;derons de la m&ecirc;me mani&egrave;re. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Alexandre DORNA a toujours insist&eacute; sur la vocation f&eacute;d&eacute;ratrice des savoirs en sciences humaines comme mission des Cahiers de Psychologie Politique. Il soulignait, entre autres, l&rsquo;existence d&rsquo;un hiatus entre les questions pos&eacute;es par la politique &agrave; ces sciences humaines fragment&eacute;es d&rsquo;une part et d&rsquo;autre part le v&eacute;cu exp&eacute;rientiel de la politique se manifestant de fa&ccedil;on pluridisciplinaire, concernant l&rsquo;interdisciplinarit&eacute; et la transdisciplinarit&eacute;. Les choses de la vie politique ne s&rsquo;ordonnent pas selon les protocoles exp&eacute;rimentaux &eacute;labor&eacute;s comme mod&egrave;les mais se d&eacute;roulent dans la complexit&eacute; et parfois, le d&eacute;sordre apparent, du v&eacute;cu sensible des exp&eacute;riences en situations quotidiennes, c&rsquo;est-&agrave;-dire dans les actions en cours dans des contextes quelquefois aigus, voire dangereux m&ecirc;me. &nbsp;Ceci nous rappelle l&rsquo;importance des conditions dans lesquelles les actions se d&eacute;roulent, en r&eacute;f&eacute;rence au Kairos des Grecs. Cette id&eacute;e est loin d&rsquo;&ecirc;tre obsol&egrave;te.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Alexandre DORNA envisageait la psychologie politique comme un carrefour des diff&eacute;rentes disciplines de sciences humaines mais aussi comme un projet heuristique. Pour lui, c&rsquo;est dans un esprit d&rsquo;ouverture et non pas de combat que des rapprochements peuvent &ecirc;tre imagin&eacute;s, ce qui trouve ici son prolongement entre deux approches en sciences humaines, la psychologie politique et la ph&eacute;nom&eacute;nologie. Or, il nous appara&icirc;t judicieux, de nos jours, de mettre en exergue ces deux d&eacute;marches pour les faire dialoguer afin d&rsquo;observer quels enrichissements il serait possible d&rsquo;en retirer. En effet, des chercheurs de plus en plus nombreux prennent conscience des biais cognitifs induits par la m&eacute;thode exp&eacute;rimentale des sciences dures appliqu&eacute;e aux sciences humaines, mais aussi des pans entiers de la r&eacute;alit&eacute; laiss&eacute;s de c&ocirc;t&eacute; parce que subjectifs, alors qu&rsquo;ils devraient contribuer, de fait, &agrave; l&rsquo;analyse et &agrave; l&rsquo;interpr&eacute;tation des donn&eacute;es.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Pour conclure ce propos introductif, nous avons recours &agrave; l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; d&rsquo;Einstein nous rappelant qu&rsquo;on ne r&eacute;sout pas un probl&egrave;me avec le m&ecirc;me mode de pens&eacute;e que celui qui a conduit &agrave; faire &eacute;merger le probl&egrave;me. En effet, si un probl&egrave;me persiste dans un mode ou un syst&egrave;me de pens&eacute;e, c&rsquo;est que sa solution se trouve &agrave; l&rsquo;ext&eacute;rieur, ce qui implique de sortir du mode ou du syst&egrave;me de pens&eacute;e, ne serait-ce d&eacute;j&agrave; que pour examiner ce mode ou ce syst&egrave;me de pens&eacute;e. Ce processus peut aussi s&rsquo;appliquer aux diverses crises que notre monde conna&icirc;t depuis plusieurs dizaines d&rsquo;ann&eacute;es, lesquelles finissent par toucher tous les aspects du monde dans lequel nous sommes immerg&eacute;s. D&rsquo;une part, cela n&rsquo;indiquerait-il pas une intrication de ces aspects entre eux et non pas une ind&eacute;pendance de chacun&nbsp;? D&rsquo;autre part, vouloir apporter rem&egrave;de &agrave; l&rsquo;un des aspects non seulement ne r&eacute;sout pas le reste mais fait, le plus souvent, &eacute;merger d&rsquo;autres probl&egrave;mes. Aussi, ne serait-il pas pertinent de compl&eacute;ter l&rsquo;approche fragment&eacute;e par une approche holistique afin que la solution soit compatible et avec le v&eacute;cu et avec le th&eacute;orique&nbsp;?</span></span></span></span></span></p> <h2 style="font-style:italic;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">2. &nbsp;Probl&eacute;matiser devient probl&egrave;me </span></span></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">D&rsquo;ordinaire, la recherche nous habitue &agrave; nous laisser guider par l&rsquo;id&eacute;al d&rsquo;une puret&eacute; conceptuelle de pens&eacute;e, prescrit par un cadre disciplinaire, qu&rsquo;accompagne l&rsquo;imp&eacute;ratif d&rsquo;une coh&eacute;rence herm&eacute;neutique. Cette zone de confort ainsi d&eacute;limit&eacute;e nous am&egrave;ne, parfois, &agrave; notre insu ou de notre plein gr&eacute;, &agrave; confondre cet &laquo;&nbsp;entre soi&nbsp;&raquo; ainsi constitu&eacute; comme une cellule de v&eacute;rit&eacute;, au nom d&rsquo;une rigueur dont il est difficile de n&rsquo;en pas pointer quelques faiblesses. En effet, ne disons-nous pas&nbsp;: &laquo;&nbsp;qui se ressemble, s&rsquo;assemble&hellip;&nbsp;&raquo;, &eacute;nonc&eacute; bien connu dont la radicalit&eacute; est admise alors qu&rsquo;elle nous propose un enfermement dans des fronti&egrave;res &eacute;rig&eacute;es par convenance, au-del&agrave; desquelles tout &eacute;change constructif avec l&rsquo;ext&eacute;rieur devient impossible puisque l&rsquo;ext&eacute;rieur est suspect et peut devenir donc mena&ccedil;ant. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ainsi &oelig;uvre chacune des disciplines &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur desquelles n&rsquo;apparaissent pas vraiment, &agrave; leurs yeux, de difficult&eacute;s particuli&egrave;res puisque le d&eacute;roulement du quotidien est orchestr&eacute; par des axiomes qui ont valeur de v&eacute;rit&eacute; et ne sont jamais soumis &agrave; examen en devenant objet de recherche, ni, d&rsquo;ailleurs, l&rsquo;objectivit&eacute; du chercheur en g&eacute;n&eacute;ral. Par ailleurs, le v&eacute;cu quotidien en train de se vivre et d&rsquo;&ecirc;tre v&eacute;cu est appr&eacute;hend&eacute; au moyen des prismes &eacute;labor&eacute;s par les axiomes, ce qui engendre une bonne garantie d&rsquo;exclusion.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En quoi cela pose-t-il des probl&egrave;mes r&eacute;dhibitoires quant &agrave; la port&eacute;e des r&eacute;sultats et &agrave; leurs propri&eacute;t&eacute;s, sauf &agrave; vouloir &eacute;tablir, comme en statistiques, le portrait de l&rsquo;individu moyen qui n&rsquo;existe pas en r&eacute;alit&eacute;&nbsp;? Lorsque des m&eacute;thodes d&eacute;finies et valid&eacute;es a priori, aboutissant &agrave; des mod&egrave;les rendus indiscutables, la discussion dans ce cas devenant un handicap, lorsque des axiomes servant d&rsquo;infrastructure fonctionnent comme des habitus<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[1]</span></span></span></span></span></a>, ne sommes-nous pas en pr&eacute;sence de pr&eacute;mices d&rsquo;une id&eacute;ologie, d&rsquo;une religion&nbsp;? Car devient-il prescrit, pour d&eacute;crire la manifestation existentielle vivante ou, dit autrement, la vie quotidienne en train de se vivre et d&rsquo;&ecirc;tre v&eacute;cue par des humains vivants, c&rsquo;est-&agrave;-dire sensibles, de ne conserver que son expression conceptuelle caract&eacute;ris&eacute;e de r&eacute;alit&eacute; objective et donc m&eacute;ritant consid&eacute;ration&nbsp;? Le sensible, le vivant, qui traduisent l&rsquo;humain comme traits partag&eacute;s par l&rsquo;esp&egrave;ce &agrave; laquelle nous appartenons doit-il c&eacute;der la place &agrave; ce qui en aura &eacute;t&eacute; tamis&eacute; pour que disparaisse la r&eacute;alit&eacute; subjective&nbsp;? </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Perp&eacute;tuer dans cette voie, n&rsquo;est-ce pas pr&eacute;parer le futur de l&rsquo;individu parfaitement rationnel (c&rsquo;est ce qu&rsquo;il devrait &ecirc;tre selon la norme de la raison appuy&eacute;e par le dogme de l&rsquo;objectivit&eacute;), c&rsquo;est-&agrave;-dire l&rsquo;avenir du robot configur&eacute; tel que voulu, tel que n&eacute;cessaire&nbsp;? L&rsquo;une des cons&eacute;quences, et non des moindres, r&eacute;sidera alors dans le fait que l&rsquo;&ecirc;tre humain se sera exil&eacute; de lui-m&ecirc;me, de son int&eacute;riorit&eacute;, de ses ressentis, de ses &eacute;motions, de ce qui le fait se mouvoir parce qu&rsquo;il est touch&eacute; du fait qu&rsquo;il est vivant, pour se cantonner &agrave; &ecirc;tre conforme &agrave; ce qui est attendu de lui, c&rsquo;est-&agrave;-dire voulu, au point d&rsquo;en devenir un objet, un robot. Le v&eacute;cu se sera travesti en voulu et la pr&eacute;visibilit&eacute; des comportements humains sera totale. Le chercheur aura cr&eacute;&eacute; l&rsquo;individu moyen conforme aux attendus, abandonn&eacute; aux regards ext&eacute;rieurs qui l&rsquo;&eacute;valuent, le cat&eacute;gorisent et le jugent. L&rsquo;administration de la preuve sera ais&eacute;e dans la mesure o&ugrave; les r&eacute;f&eacute;rences seront &agrave; rechercher parmi les manifestations visibles, tangibles et objectives qu&rsquo;il aura donn&eacute; &agrave; voir.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Travaillant dans le pass&eacute; sur la th&eacute;orie de l&rsquo;attribution et le Locus of Control &agrave; propos de la f&eacute;condation, signe du d&eacute;marrage d&rsquo;un processus de reproduction, nous avons constat&eacute; des disparit&eacute;s extr&ecirc;mement vari&eacute;es quant &agrave; l&rsquo;attribution, par une femme enceinte, des causes intimes de ce processus. Ces diff&eacute;rentes attributions ont une incidence tr&egrave;s importante sur la vie de la m&egrave;re, du couple, de l&rsquo;enfant &agrave; venir comme de la famille dans l&rsquo;ensemble. En effet, et pour r&eacute;sumer, &ecirc;tre enceinte &eacute;tait soit le r&eacute;sultat de la volont&eacute; de l&rsquo;un ou des parents dans le sens d&rsquo;un volontarisme m&eacute;canique, soit il &eacute;tait celui de la volont&eacute; divine tout aussi m&eacute;canique, soit il &eacute;tait le produit d&rsquo;une attitude particuli&egrave;re adopt&eacute;e par la m&egrave;re ou les deux parents pour agir soit sur la volont&eacute; divine, soit sur la physiologie, etc&hellip;L&rsquo;objet n&rsquo;&eacute;tant pas l&agrave; de d&eacute;tailler les visions du monde de chacun des interview&eacute;s, mais simplement de mettre en &eacute;vidence que la maternit&eacute; peut &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;e comme un fait biologique objectif mais rec&egrave;le en m&ecirc;me temps de multiples &eacute;l&eacute;ments d&rsquo;explication subjectifs tr&egrave;s importants, tant pour la soci&eacute;t&eacute; que pour l&rsquo;individu. Car les femmes interview&eacute;es relataient leur perception de leur responsabilit&eacute; dans le fait d&rsquo;&ecirc;tre enceintes, ce qui sugg&egrave;re non plus un regard objectif ext&eacute;rieur port&eacute;e sur cette femme, mais une &eacute;coute de son int&eacute;riorit&eacute; dans la relation &eacute;tablie entre le fait d&rsquo;&ecirc;tre enceinte et sa subjectivit&eacute;, selon la th&eacute;orie sur Le Locus of Control de Herbert M. LEFCOURT<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[2]</span></span></span></span></span></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Prenant un autre exemple, celui du citoyen en d&eacute;mocratie, nous assistons &agrave; une situation inextricable &agrave; savoir un taux d&rsquo;abstention record alors que la d&eacute;mocratie a besoin, pour exister, de ses citoyens et que le citoyen ne se reconna&icirc;t &eacute;tymologiquement que dans une d&eacute;mocratie. De plus, l&rsquo;analyse de l&rsquo;abstention peut &ecirc;tre int&eacute;ressante de ce point de vue car c&rsquo;est la non-action en direction de la d&eacute;mocratie puisque le citoyen ne se rend pas aux urnes, qui devient mode de libre expression du citoyen dans la d&eacute;mocratie. Il est &eacute;galement utile de pointer le fait que la d&eacute;mocratie d&eacute;signe un r&eacute;gime politique qui se d&eacute;finit, selon les pays, par des caract&eacute;ristiques pr&eacute;cises et objectives tandis que demeurent les acceptions possibles comme but de cr&eacute;ation d&rsquo;un type de soci&eacute;t&eacute;, la soci&eacute;t&eacute; d&eacute;mocratique, ou bien encore la personnalit&eacute; du citoyen d&eacute;mocratique. Ces volets n&rsquo;&eacute;tant pas vraiment explor&eacute;s alors que, sans doute, des attentes tr&egrave;s subjectives m&ucirc;rissent depuis toujours &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de la d&eacute;mocratie, qui est promesse, lequel objet ne peut se l&eacute;gitimer tant la d&eacute;mocratie est support&eacute;e par des humains vivants et sensibles, c&rsquo;est-&agrave;-dire du v&eacute;cu et des attentes, des besoins, des esp&eacute;rances et, en cons&eacute;quence, des frustrations et des violences, au risque d&rsquo;&ecirc;tre fatals &agrave; la d&eacute;mocratie. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Un dernier exemple va sans doute mieux encore souligner les paradoxes inclus dans cette opposition entre objectivit&eacute; et subjectivit&eacute;, dans cette dichotomie rel&eacute;guant l&rsquo;une et privil&eacute;giant l&rsquo;autre. Si nous consid&eacute;rons la question de la torture, tr&egrave;s vite il sera possible de faire l&rsquo;inventaire des m&eacute;thodes objectives mais d&rsquo;une part l&rsquo;auteur des tortures est-il un simple ex&eacute;cutant, ou un rancunier vengeur, un dogmatique, un illumin&eacute;, etc&hellip; et d&rsquo;autre part, le tortur&eacute; ne doit-il &ecirc;tre accueilli que sous les auspices des traces objectives de torture dont il est porteur de mani&egrave;re visible ou bien sommes-nous pr&ecirc;ts &agrave; consid&eacute;rer qu&rsquo;il aura subi un traumatisme dont il souffrira sa vie durant, de mani&egrave;re inconsciente, quand bien m&ecirc;me il pourrait vivre dans la plus grande des libert&eacute;s. Sinon, comment accepter de pr&eacute;senter la torture comme un pur objet de recherche en toute objectivit&eacute;&nbsp;?</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ces trois exemples (parmi de tr&egrave;s nombreux autres), expos&eacute;s de fa&ccedil;on lapidaire visent &agrave; souligner plusieurs points&nbsp;: tout d&rsquo;abord, bien &eacute;videmment, l&rsquo;impossibilit&eacute; de s&rsquo;arr&ecirc;ter &agrave; l&rsquo;objectivit&eacute; des faits car de m&ecirc;me que notre monde a besoin d&rsquo;observateur pour exister en &eacute;tant nomm&eacute;, de m&ecirc;me que ces faits sont partis li&eacute;s avec l&rsquo;humain ou les humains engag&eacute;(s) avec eux. Ce n&rsquo;est pas qu&rsquo;une question d&rsquo;objectivit&eacute; ou de subjectivit&eacute;, mais aussi de psychologique, le tout sous l&rsquo;angle du sujet. Pourquoi nous obstinons-nous &agrave; rejeter la psych&eacute; alors qu&rsquo;elle est l&rsquo;interpr&egrave;te, le soliste et le chef d&rsquo;orchestre de l&rsquo;&eacute;motionnel et du rationnel, du sensible et du visible&nbsp;? Mais loin de nous l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;installer la subjectivit&eacute; &agrave; la place occup&eacute;e par l&rsquo;objectivit&eacute; aujourd&rsquo;hui. Nous ne pr&ocirc;nons pas pour un d&eacute;placement polaris&eacute; d&rsquo;un balancier invisible mais pour l&rsquo;adoption d&rsquo;un autre regard sur notre si habituelle r&eacute;alit&eacute;. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Nous conclurons ce paragraphe en avan&ccedil;ant ceci&nbsp;: le r&eacute;el issu de la mod&eacute;lisation conceptuelle ne peut r&eacute;duire la r&eacute;alit&eacute; &agrave; ses imp&eacute;ratifs m&eacute;thodologiques, tout comme le cognitif ne peut s&rsquo;abstraire du sensitif. Alors surgit une probl&eacute;matique majeure, celle reposant sur la n&eacute;cessit&eacute; de concilier les deux dans les recherches en sciences humaines, et en particulier en psychologie politique, qui n&rsquo;a pas conduit la psych&eacute; &agrave; s&rsquo;exiler &agrave; l&rsquo;ext&eacute;rieur d&rsquo;elle-m&ecirc;me. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Mais la principale et tr&egrave;s importante difficult&eacute; que nous pressentons, c&rsquo;est que finalement, la mani&egrave;re dont le mat&eacute;rialisme et le m&eacute;canisme compl&eacute;t&eacute;s par l&rsquo;objectivit&eacute; &agrave; tout prix en vigueur dans le syst&egrave;me de pens&eacute;e occidentale, fond&eacute; sur la seule pertinence du visible, du mesurable et de l&rsquo;objectivable, a fini par convaincre que notre r&eacute;alit&eacute; ontologique normative devait se r&eacute;f&eacute;rer &agrave; ce mod&egrave;le et se r&eacute;duire &agrave; lui. Faire sortir l&rsquo;humain hors de lui-m&ecirc;me pour que symboliquement, il s&rsquo;organise, dans son existence, &agrave; n&rsquo;exister que sous le regard de l&rsquo;autre c&rsquo;est-&agrave;-dire &agrave; devenir objet pour le regard de l&rsquo;autre, et en cons&eacute;quence, &agrave; limiter sa propre perception de soi-m&ecirc;me, &agrave; ce cadre perceptif, en excluant tout ce que notre auto-concentration sur nous-m&ecirc;mes, notre conscience du fait majeur et primordial, qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur de nous-m&ecirc;mes, des sensations d&rsquo;&ecirc;tres humains vivants nous animent, que se recentrer sur soi est indispensable &agrave; ceux qui jouent au th&eacute;&acirc;tre, &agrave; ceux qui ont &agrave; prendre de graves d&eacute;cisions et doivent les confronter &agrave; leurs valeurs en leur &acirc;me et conscience, &hellip; &nbsp;peut devenir grave.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;approche dominante occidentale ayant hypertrophi&eacute; l&rsquo;ext&eacute;riorit&eacute; en imposant &agrave; toute la vie int&eacute;rieure bouillonnante de se taire, de faire silence (en apparence), de calmer ses r&eacute;voltes int&eacute;rieures (parce qu&rsquo;elles sont m&eacute;canismes d&rsquo;expression des passions), a fonctionn&eacute; un peu sur le mode de la propagande. Elle s&rsquo;oriente vers l&rsquo;option de faire admettre &agrave; l&rsquo;humain qu&rsquo;il n&rsquo;est qu&rsquo;une image de lui-m&ecirc;me, celle qu&rsquo;il donne &agrave; voir mais, presque en parall&egrave;le, nous constatons la mont&eacute;e des violences extr&ecirc;mes, qu&rsquo;il sera toujours possible de r&eacute;primer, mais l&agrave;, ne serons-nous pas dans un syst&egrave;me de pens&eacute;e valorisant le conformisme destructeur de tout dynamisme cr&eacute;atif, imaginatif au profit d&rsquo;une inertie, sas rassurant pour le pouvoir mais mortel pour le vivant vibrant&nbsp;!</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Une recherche serait int&eacute;ressante &agrave; mener quant &agrave; la contribution de cette option de pens&eacute;e dominante qui nous soumet depuis plus d&rsquo;un si&egrave;cle en triomphant de plus en plus de ses conqu&ecirc;tes territoriales de la pens&eacute;e, sur l&rsquo;&eacute;tat mental des humains, sujet d&rsquo;actualit&eacute; associ&eacute; au covid mais qui, sans doute, sommeillait l&agrave; depuis bien longtemps en se nourrissant des refoulements et des frustrations. La d&eacute;mocratie est un r&eacute;gime politique qu&rsquo;il serait int&eacute;ressant de qualifier de pluridisciplinaire car, dans l&rsquo;expression libre &agrave; laquelle ce r&eacute;gime invite, c&rsquo;est tout le tronc commun existentiel de chacun qui sert de socle de discussion, accroch&eacute; &agrave; la vision du monde de chacun, &eacute;manation de l&rsquo;histoire de vie individuelle. Or, lorsque le politique et la politique poursuivent leur chemin selon une option de pens&eacute;e dominante, pens&eacute;e qui peut &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;e comme tendant &agrave; &ecirc;tre unique puisqu&rsquo;elle est discriminante entre ceux qui pensent bien et ceux qui pensent mal ou ne savent pas penser, c&rsquo;est qu&rsquo;inconsciemment peut-&ecirc;tre et insidieusement, des couches de refoul&eacute; se construisent puisque la n&eacute;cessit&eacute; est de para&icirc;tre compatible socialement. L&agrave;, nous laisserons Jean de La Fontaine et sa fable &laquo;&nbsp;le corbeau et le renard&nbsp;&raquo;, terminer notre paragraphe en soulignant que dans les conditions ci-dessus &eacute;voqu&eacute;es, &laquo;&nbsp;le ramage et le plumage&nbsp;&raquo; risquent de se disjoindre, un plumage qui ne laisse pas deviner le discours int&eacute;rieur du ramage mais &eacute;radique tout socle de pens&eacute;e int&eacute;rioris&eacute;e. C&rsquo;est l&agrave;, alors, le chemin entra&icirc;nant l&rsquo;humain vivant, sensible, vibrant vers l&rsquo;image de lui-m&ecirc;me, l&rsquo;ombre de lui-m&ecirc;me construite par lui, un individu poliss&eacute;, adaptable et adapt&eacute;, bon ex&eacute;cutant et peu cr&eacute;atif voire pas puisqu&rsquo;il n&rsquo;y aura plus d&rsquo;utilit&eacute; &agrave; la cr&eacute;ation et &agrave; la culture d&rsquo;ailleurs, sinon celle en conformit&eacute; avec le dogme. Il serait dommage de pouvoir imaginer que le mod&egrave;le scientifique reposant sur l&rsquo;objectivit&eacute; &agrave; tout prix pourrait ouvrir, inconsciemment, la voie &agrave; ce type d&rsquo;enfermement mental dans une zone de confort o&ugrave; &ecirc;tre conforme serait synonyme d&rsquo;&ecirc;tre quelqu&rsquo;un de bien&nbsp;! Quelle responsabilit&eacute; &agrave; assumer dans ce cas-l&agrave;&nbsp;! A quoi aurait servi de r&eacute;fl&eacute;chir sur les dangers de l&rsquo;id&eacute;ologie&nbsp;?</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">C&rsquo;est parce qu&rsquo;il nous semble indispensable de permettre &agrave; tout ce qui est retenu, contenu, refoul&eacute;, ni&eacute;, ignor&eacute;, etc&hellip; de s&rsquo;exprimer librement et surtout d&rsquo;&ecirc;tre reconnu comme base de donn&eacute;es l&eacute;gitimes, (plut&ocirc;t que de laisser &agrave; la rue prendre le pouvoir dans des conditions extr&ecirc;mes) que la d&eacute;marche propos&eacute;e par la ph&eacute;nom&eacute;nologie de Husserl peut &oelig;uvrer en fournissant un cadre th&eacute;orique et une d&eacute;marche compatible avec le besoin d&rsquo;une solution permettant d&rsquo;aborder la r&eacute;alit&eacute; telle que manifest&eacute;e sur le plan du v&eacute;cu sensible par les humains concern&eacute;s afin qu&rsquo;elle puisse &ecirc;tre utile comme substrat pour une pens&eacute;e th&eacute;orique conceptuelle. Nous pr&eacute;cisons que notre expos&eacute; repose sur le travail de Husserl et ne s&rsquo;inspire pas des orientations donn&eacute;es par Heidegger, son &eacute;l&egrave;ve, ni par Sartre d&rsquo;ailleurs. Aussi, sortir des syst&eacute;maticit&eacute;s qui laissent une partie de la r&eacute;alit&eacute; dans l&rsquo;ignorance de l&rsquo;autre peut permettre de porter un nouveau regard sur ce qu&rsquo;est une exp&eacute;rience existentielle et principalement, sur le fait que tout ce que nous &eacute;voquons repose sur l&rsquo;exp&eacute;rience v&eacute;cue. </span></span></span></span></span></p> <h2 class="MsoNoSpacing" style="font-style:italic;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">3. La ph&eacute;nom&eacute;nologie&nbsp; </span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Si nous admettons que chacun d&rsquo;entre nous vit avec la certitude implicite que le monde est ce qu&rsquo;il pense mais personne ne saurait d&eacute;montrer les postulats sur lesquels repose son savoir, le scientifique y compris, nous pouvons nous demander quels sont les impacts des paradigmes, des r&egrave;gles de l&rsquo;acquisition du savoir, sur les recherches men&eacute;es en sciences humaines. Notre invention de la r&eacute;alit&eacute;, que nous nommons &laquo;&nbsp;savoir&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;science&nbsp;&raquo; ou autres, est issue de nos techniques, de notre savoir-faire, de nos livres, de nos pens&eacute;es, de nos comp&eacute;tences, de notre environnement, etc&hellip; et traduit ce qui appara&icirc;t &agrave; nos yeux, la connaissance juste de la r&eacute;alit&eacute; alors qu&rsquo;il s&rsquo;agit de la vision de notre monde et de notre vision du monde. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Chaque individu l&rsquo;a int&eacute;rioris&eacute;e du fait de sa participation, de sa contribution au monde auquel il appartient, dans le pays dans lequel il est n&eacute;, des &eacute;v&egrave;nements et exp&eacute;riences que ce monde lui a permis de conna&icirc;tre, d&rsquo;&eacute;prouver et par lequel il a &eacute;t&eacute; exp&eacute;rimentateur de son exp&eacute;rience de vie, de son v&eacute;cu &eacute;motionnel, qui l&rsquo;a mis en mouvement dans ses choix de vie, dans son existence &laquo;&nbsp;vivace&nbsp;&raquo; c&rsquo;est-&agrave;-dire dynamique et vivante. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Sauf &agrave; envisager que l&rsquo;&ecirc;tre humain est un robot programm&eacute; et donc d&eacute;termin&eacute; &agrave; produire les actions qu&rsquo;il pose dans sa vie (ce qui supposerait que la d&eacute;linquance, etc&hellip; serait l&rsquo;expression d&rsquo;une d&eacute;termination a priori), la vari&eacute;t&eacute; des exp&eacute;riences humaines et leurs interpr&eacute;tations intimes, li&eacute;es aux rencontres entre &ecirc;tres humains et &eacute;v&egrave;nements qui les touchent et les concernent,&nbsp; engendrent la diversit&eacute; de nos existences et le sens que nous attribuons &agrave; nos vies, au fait de vivre la sp&eacute;cificit&eacute; de nos conceptions et de nos exp&eacute;riences-exp&eacute;rimentations du monde. Toute cette dimension singuli&egrave;re, int&eacute;rieure, intime, &laquo;&nbsp;priv&eacute;e&nbsp;&raquo;, subjective et sp&eacute;cifique, est pr&eacute;sente dans la litt&eacute;rature et traduit la vie quotidienne de l&rsquo;humain dans ce qui n&rsquo;appara&icirc;t pas, qui se soustrait au mesurable, &agrave; l&rsquo;objectivable alors que tout cela s&rsquo;imprime dans les actes pos&eacute;s au quotidien et &laquo;&nbsp;impressionne&nbsp;&raquo; ce quotidien.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Or, la sp&eacute;cificit&eacute; de la vision du monde de chacun repose sur le fait que le premier mode de connaissance du monde n&rsquo;est pas rationnel, th&eacute;orique, conceptuel et abstrait mais comportemental et verbal relativement aux effets produits sur l&rsquo;individu &eacute;tant en train de vivre son existence par le biais de toutes les interactions et interrelations qui composent ce qu&rsquo;il nomme son existence personnelle, son exp&eacute;rience intime et les informations et interpr&eacute;tations qui en sont les cons&eacute;quences. Ceci correspond au b&eacute;b&eacute; qui vient de na&icirc;tre comme &agrave; toute personne quel que soit son &acirc;ge, dans la mesure o&ugrave; nous ne cessons pas de cr&eacute;er notre existence chaque jour par le sens que nous attribuons &agrave; nos faits et gestes, pens&eacute;es et imagination et des effets manifest&eacute;s dans nos attitudes et nos comportements. La vision du monde du neuroscientifique n&rsquo;est pas celle de l&rsquo;enseignant, du cuisinier, de l&rsquo;employ&eacute; pr&eacute;pos&eacute; au tri des d&eacute;chets, de l&rsquo;artiste, du p&egrave;re de famille, qui n&rsquo;est pas celle du m&eacute;decin, de l&rsquo;infirmi&egrave;re, de l&rsquo;&eacute;ducateur, ou du politique, du citoyen qui s&rsquo;appr&ecirc;te &agrave; voter ou qui d&eacute;file pour revendiquer, etc&hellip;. De plus, il est important de souligner que parler &agrave; la premi&egrave;re personne ne s&rsquo;assimile pas au parler &agrave; la troisi&egrave;me personne, en particulier lorsqu&rsquo;il s&rsquo;agit de relater sa vision du monde et son implication dans les actions engag&eacute;es.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Par ailleurs, toute construction th&eacute;orique, tout syst&egrave;me d&rsquo;id&eacute;es, toute carte intellectuelle cr&eacute;&eacute;s pour expliquer ce que sont les individus montrent une vuln&eacute;rabilit&eacute; majeure &agrave; deux endroits&nbsp;: le premier, en assimilant l&rsquo;individu qui est une abstraction cognitive et non pas sensitive &agrave; l&rsquo;&ecirc;tre humain vivant et donc sensible&nbsp;; le second, en abordant l&rsquo;&eacute;tude d&rsquo;un objet de recherche en sciences humaines par les fronti&egrave;res impos&eacute;es entre les disciplines entra&icirc;nant une v&eacute;ritable scission &agrave; op&eacute;rer sur cet objet, lequel devient fragment&eacute; comme il le serait dans une op&eacute;ration de dissection men&eacute;e au scalpel. Or, cette scission, ces c&eacute;sures disciplinaires symbolisent tout &agrave; la fois un changement de paradigme intra-disciplinaire, un angle de vue diff&eacute;rent, discriminent le vrai du faux parfois, et produisent un savoir dans lequel des donn&eacute;es coh&eacute;rentes et compatibles avec la discipline ou la recherche ont &eacute;t&eacute; conserv&eacute;es tandis que d&rsquo;autres resteront ignor&eacute;es alors qu&rsquo;elles pourraient &ecirc;tre importantes ou m&ecirc;me majeures. De plus, ces multiples scissions, ces innombrables limites de comp&eacute;tences disciplinaires, ces nombreux savoirs atomis&eacute;s repr&eacute;sentent des savoirs fragmentaires de ce que nous appelons &laquo;&nbsp;&ecirc;tre humain&nbsp;&raquo; incarn&eacute; par nous tous comme une unit&eacute; et fonctionnant physiologiquement et biologiquement etc&hellip; comme telle. Enfin, nous d&eacute;laissons, de plus en plus, la d&eacute;nomination d&rsquo;&ecirc;tre humain pour nous qualifier au profit de concepts tels qu&rsquo;individus ou citoyens ou contribuables en fonction d&rsquo;une pertinence contextuelle g&eacute;r&eacute;e par l&rsquo;utilitaire. N&rsquo;omettons-nous pas que derri&egrave;re chaque &eacute;tiquette d&rsquo;utilit&eacute; est incarn&eacute; un humain en train de vivre l&rsquo;&eacute;volution de son existence, lequel, si ces valeurs le guident encore, est soumis quelquefois &agrave; un dialogue int&eacute;rieur &agrave; propos de d&eacute;cisions graves qu&rsquo;il aura &agrave; prendre, lesquelles vont solliciter &laquo;&nbsp;la position&nbsp;&raquo; de sa conscience du fait d&rsquo;&ecirc;tre humain et de ce que cela veut dire pour lui&nbsp;?</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La ph&eacute;nom&eacute;nologie semble avoir chemin&eacute; sur cet axe pour adopter un autre regard sur le monde en nous invitant &agrave; partir non plus de nos syst&egrave;mes fa&ccedil;onn&eacute;s par notre mental qui d&eacute;cide de ce qui serait &laquo;&nbsp;bien&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;bon&nbsp;&raquo; &laquo;&nbsp;rationnel&nbsp;&raquo; &laquo;&nbsp;logique&nbsp;&raquo; et donc &laquo;&nbsp;voulu&nbsp;&raquo;, mais &agrave; remonter aux conditions int&eacute;rieures et intimes dans lesquelles nous sommes lorsque le monde appara&icirc;t pour nous, se manifeste &agrave; nous. Pour la ph&eacute;nom&eacute;nologie, ce qui est plac&eacute; devant notre conscience pour que nous en fassions l&rsquo;exp&eacute;rience, cette conscience que nous avons de quelqu&rsquo;un ou de quelque chose qui se d&eacute;roule en nous impliquant de pr&egrave;s comme de loin, produit des sensations corporelles, des sentiments, des &eacute;motions, des ressentis que notre mental va ensuite pouvoir analyser selon ses grilles de lecture et d&rsquo;interpr&eacute;tation. Ce qui signifie que toute exp&eacute;rience contient avant tout l&rsquo;exp&eacute;rience de &laquo;&nbsp;l&rsquo;exp&eacute;rienceur&nbsp;&raquo; en train de faire l&rsquo;exp&eacute;rience avant m&ecirc;me, pendant et apr&egrave;s le d&eacute;roulement de l&rsquo;exp&eacute;rience. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le philosophe ph&eacute;nom&eacute;nologue Michel HENRY <a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[3]</span></span></span></span></span></a> propose la d&eacute;finition suivante&nbsp;: par subjectivit&eacute;, nous entendons ce qui s&rsquo;&eacute;prouve soi-m&ecirc;me.&nbsp;Non pas quelque chose qui aurait, de plus, cette propri&eacute;t&eacute; de s&rsquo;&eacute;prouver soi-m&ecirc;me mais le fait m&ecirc;me de s&rsquo;&eacute;prouver soi-m&ecirc;me comme lui-m&ecirc;me et comme tel. S&rsquo;&eacute;prouver soi-m&ecirc;me, cela veut dire s&rsquo;appara&icirc;tre &agrave; soi-m&ecirc;me, de telle mani&egrave;re toutefois que cet appara&icirc;tre ait le sens d&rsquo;une &eacute;preuve et qu&rsquo;il en soit une&nbsp;; de fa&ccedil;on aussi que, ce qui appara&icirc;t n&rsquo;&eacute;tant rien d&rsquo;autre, en tant que subjectivit&eacute;, que l&rsquo;appara&icirc;tre lui-m&ecirc;me, c&rsquo;est toujours et uniquement comme un s&rsquo;appara&icirc;tre &agrave; soi de l&rsquo;appara&icirc;tre que la subjectivit&eacute; se construit int&eacute;rieurement et d&eacute;ploie son essence.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Si nous prenons l&rsquo;exemple suivant&nbsp;: ma main fait l&rsquo;exp&eacute;rience de l&rsquo;eau en se trempant dans l&rsquo;eau&nbsp;; elle reste la main, alors qu&rsquo;elle passe &agrave; travers l&rsquo;eau, ma main traverse l&rsquo;eau tout en restant &laquo;&nbsp;main&nbsp;&raquo; c&rsquo;est-&agrave;-dire en conserve son int&eacute;grit&eacute; mais ressent le fluide qu&rsquo;elle exp&eacute;rimente y compris avec ses cons&eacute;quences, celles d&rsquo;&ecirc;tre mouill&eacute;e. Ensuite le propri&eacute;taire de la main, c&rsquo;est-&agrave;-dire moi, ressentira la sensation de sa main mouill&eacute;e qu&rsquo;il appr&eacute;ciera ou non.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Conna&icirc;tre, c&#39;est organiser au moyen de notre sensibilit&eacute; et de notre entendement ce qui est donn&eacute; dans l&#39;exp&eacute;rience, ce qui nous appara&icirc;t. Nous ne connaissons le monde qu&#39;&agrave; travers le prisme de notre structure mentale. Donc les choses telles qu&#39;elles sont &laquo;&nbsp;en elles-m&ecirc;mes&nbsp;&raquo;, au-del&agrave; de leur r&eacute;alit&eacute; ph&eacute;nom&eacute;nale, nous ne pouvons les conna&icirc;tre.</span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le terme de &laquo;&nbsp;ph&eacute;nom&eacute;nologie&nbsp;&raquo; est compos&eacute; de &laquo;&nbsp;phenomenon&nbsp;&raquo; (en grec&nbsp;: appara&icirc;tre, ce qui se manifeste) et de &laquo;&nbsp;logos&nbsp;&raquo; (parole, &eacute;crit, discours, &eacute;tude). La ph&eacute;nom&eacute;nologique s&rsquo;occupe de l&rsquo;apparition et non pas du para&icirc;tre ou de l&rsquo;appara&icirc;tre selon Erwin Goffman <a href="#_ftn4" name="_ftnref4" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[4]</span></span></span></span></span></a>. Alors que nous parlions, ci-dessus, de fait objectif, la ph&eacute;nom&eacute;nologie de Husserl nous propose de consid&eacute;rer les faits comme ph&eacute;nom&egrave;nes dans la mesure o&ugrave; ils sont quelque chose que nous rencontrons, que nous exp&eacute;rimentons, qui nous appara&icirc;t (dans le sens d&rsquo;apparition &agrave; notre conscience de ce quelque chose). Ce qui est important et sur lequel nous devons insister, c&rsquo;est que ce fait, devenu ph&eacute;nom&egrave;ne, n&rsquo;existe pas en toute autonomie pas plus que le reste, mais en relation avec un quelque chose ou un quelqu&rsquo;un devant lequel il appara&icirc;t.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Il est possible de dire que la ph&eacute;nom&eacute;nologie &eacute;tudie la mani&egrave;re dont la conscience fait l&rsquo;exp&eacute;rience du monde et lui donne sens puisqu&rsquo;elle s&rsquo;int&eacute;resse &agrave; la fa&ccedil;on dont le monde est v&eacute;cu de l&rsquo;int&eacute;rieur, du point de vue de l&rsquo;exp&eacute;rimentateur qui rencontre le ph&eacute;nom&egrave;ne, dont la conscience est consciente du ph&eacute;nom&egrave;ne, qui n&rsquo;est plus d&eacute;tach&eacute; et ext&eacute;rieur mais &eacute;prouv&eacute; de l&rsquo;int&eacute;rieur puisqu&rsquo;il ne fait qu&rsquo;un avec l&rsquo;exp&eacute;rimentateur.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La ph&eacute;nom&eacute;nologie de Husserl nous accompagne dans la compr&eacute;hension du monde en insistant sur la compr&eacute;hension de ce qui fait l&rsquo;exp&eacute;rience du monde, autrement dit la conscience de l&rsquo;exp&eacute;rimentateur. Elle propose une description des exp&eacute;riences subjectives v&eacute;cues par chacun de nous dans notre rencontre avec l&rsquo;apparition du monde par le biais de ph&eacute;nom&egrave;nes, afin de r&eacute;fl&eacute;chir sur notre exp&eacute;rience quotidienne du monde pour en comprendre la structure et la coh&eacute;rence. Il s&rsquo;agit alors de mettre en &eacute;vidence les invariants de la conscience, c&rsquo;est-&agrave;-dire la structure de l&rsquo;exp&eacute;rience subjective. Il y a une interd&eacute;pendance entre le ph&eacute;nom&egrave;ne et le sujet devant lequel le ph&eacute;nom&egrave;ne appara&icirc;t&nbsp;; chaque ph&eacute;nom&egrave;ne appara&icirc;t devant quelqu&rsquo;un et de plus, il y a une corr&eacute;lation entre la forme d&rsquo;&ecirc;tre du ph&eacute;nom&egrave;ne et le type d&rsquo;acte effectu&eacute; par le sujet devant lequel le ph&eacute;nom&egrave;ne appara&icirc;t. Il est indispensable de rappeler que l&rsquo;existence du ph&eacute;nom&egrave;ne est conditionn&eacute;e au fait qu&rsquo;il soit &agrave; mon contact, au contact d&rsquo;un sujet. Ce qui signifie qu&rsquo;un objet r&eacute;el n&rsquo;existera pour nous que sous l&rsquo;angle d&rsquo;un objet ph&eacute;nom&eacute;nal et c&rsquo;est ce que Husserl appelle la r&eacute;duction ph&eacute;nom&eacute;nologique (c&rsquo;est-&agrave;-dire l&rsquo;op&eacute;ration qui conduit &agrave; passer du regard port&eacute; sur un fait ou un objet r&eacute;el au ph&eacute;nom&egrave;ne pur qui se manifeste devant moi). </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;apport tr&egrave;s int&eacute;ressant de Husserl est de pointer que nous ne rencontrons jamais d&rsquo;objet r&eacute;el puisque nous d&eacute;duisons son existence &agrave; partir de l&rsquo;objet ph&eacute;nom&eacute;nal dans le cadre de l&rsquo;exp&eacute;rience que nous vivons gr&acirc;ce &agrave; lui. En prenant l&rsquo;exemple simplifi&eacute; successivement de deux objets, un crayon et la d&eacute;mocratie, nous dirons que pour l&rsquo;un comme pour l&rsquo;autre, c&rsquo;est &agrave; partir du moment o&ugrave; notre regard ou notre main ou notre personne a &eacute;t&eacute; mis en contact avec ces objets qu&rsquo;ils sont devenus ph&eacute;nom&egrave;nes pour nous, cr&eacute;ant des sensations et du sens dans notre vie, qu&rsquo;ils se sont mis &agrave; exister. Bien entendu, la ph&eacute;nom&eacute;nologie ne s&rsquo;arr&ecirc;te pas aux sensations que produisent les ph&eacute;nom&egrave;nes mais soulignent que ce sont elles qui induisent nos souvenirs, nos pens&eacute;es, nos r&eacute;flexions et en m&ecirc;me temps, l&rsquo;existence de ces objets pour nous.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Or, dans la vie quotidienne, nous assumons, dans notre attitude naturelle, l&rsquo;existence des objets et &eacute;l&eacute;ments du monde comme &eacute;tant ind&eacute;pendants de nous, comme si la r&eacute;alit&eacute; du monde que nous habitons &eacute;tait fondamentalement s&eacute;parable de notre exp&eacute;rience subjective de celui-ci, ou dit autrement, comme s&rsquo;il &eacute;tait possible pour un monde r&eacute;el et objectif d&rsquo;exister l&agrave;, en dehors de toute relation avec une conscience, et qui serait totalement &agrave; l&rsquo;ext&eacute;rieur de nous, et ind&eacute;pendants de notre subjectivit&eacute;. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La cons&eacute;quence de ce changement de perspective est de placer notre attention sur l&rsquo;auteur de l&rsquo;exp&eacute;rience de l&rsquo;objet, l&rsquo;exp&eacute;rimentateur qui &eacute;prouve sensiblement l&rsquo;objet, lequel en retour, va laisser des traces de sens dans la vie de l&rsquo;exp&eacute;rimentateur. Cette interd&eacute;pendance est fondamentale dans la mesure o&ugrave; d&rsquo;une part, elle &eacute;tait n&eacute;glig&eacute;e mais aussi et surtout, d&rsquo;autre part, elle est le point de d&eacute;part de toute exp&eacute;rience et donc le point de d&eacute;part de tout objet ph&eacute;nom&eacute;nal. Il n&rsquo;y a plus dualit&eacute; entre sujet et objet mais unit&eacute; d&rsquo;une relation sujet-objet par laquelle l&rsquo;un et l&rsquo;autre se confonde puisque l&rsquo;objet appara&icirc;t de fa&ccedil;on idiosyncrasique au sujet en sorte de le transformer en l&rsquo;informant par cette relation. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ce qui est int&eacute;ressant dans la ph&eacute;nom&eacute;nologie de Husserl, c&rsquo;est de d&eacute;passer l&rsquo;opposition entre le sujet et l&rsquo;objet, c&rsquo;est-&agrave;-dire qu&rsquo;il n&rsquo;y a pas d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute; le sujet, l&rsquo;individu ou l&rsquo;homme (sont-ils interchangeables&nbsp;?) et le monde de l&rsquo;autre c&ocirc;t&eacute;.&nbsp; A partir du moment o&ugrave; la conscience transcendantale, le &laquo;&nbsp;je&nbsp;&raquo; est appr&eacute;hend&eacute; dans le fait qu&rsquo;il va unir les repr&eacute;sentations entre elles, c&rsquo;est alors que la d&eacute;nomination de &laquo;&nbsp;sujet&nbsp;&raquo; va poser question dans la mesure o&ugrave; il peut &ecirc;tre per&ccedil;u comme une forme de r&eacute;ification de l&rsquo;homme.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La ph&eacute;nom&eacute;nologie, par les exigences qu&rsquo;elle entra&icirc;ne dans les processus de recherche, impose d&rsquo;interroger ce qu&rsquo;est l&rsquo;exp&eacute;rience que chacun de nous fait du monde ou du r&eacute;el, en proposant de r&eacute;fl&eacute;chir sur des concepts qui semblent aller de soi ou ne paraissent pas avoir d&rsquo;effets patents pour en approfondir leur port&eacute;e et leurs cons&eacute;quences concr&egrave;tes quant &agrave; notre perception actuelle de notre environnement. La ph&eacute;nom&eacute;nologie am&egrave;ne &agrave; analyser la mani&egrave;re dont nos habitudes de travail estompent peu ou prou les faiblesses de nos m&eacute;thodologies classiques en mettant en relief les insuffisances et les faiblesses de nos conclusions.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Or, si nous acceptons de dire que la subjectivit&eacute; correspond &agrave; ce qui s&rsquo;&eacute;prouve soi-m&ecirc;me par et dans l&rsquo;exp&eacute;rience, nous pourrons avancer que l&rsquo;&ecirc;tre humain vivant que nous sommes, immerg&eacute;s dans l&rsquo;exp&eacute;rimentation du vivre dans le monde, en tant qu&rsquo;il s&rsquo;&eacute;prouve lui-m&ecirc;me en tant qu&rsquo;&ecirc;tre &eacute;prouv&eacute; par le vivre, s&rsquo;&eacute;prouve &ecirc;tre &eacute;prouv&eacute; par la d&eacute;mocratie par exemple. Cette remarque induit une place diff&eacute;rente et une conception diff&eacute;rente du citoyen, qui ne se contentera pas uniquement d&rsquo;aller voter et de chercher &agrave; livrer librement ses opinions. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ceci dit autrement, nous pouvons formuler ceci ainsi&nbsp;: l&rsquo;&ecirc;tre humain vivant et sensible, citoyen d&rsquo;une d&eacute;mocratie, fait l&rsquo;exp&eacute;rience de cette derni&egrave;re &agrave; travers la vie vivante et sensible qui est la sienne et qui va le marquer et l&rsquo;impacter du point de vue de son ressenti, ce qui impactera la qualification qu&rsquo;il affectera &agrave; la d&eacute;mocratie en vigueur dans son pays&nbsp;; son &eacute;valuation de la d&eacute;mocratie exp&eacute;riment&eacute;e par lui sera fonction &nbsp;de son d&eacute;sir de d&eacute;mocratie, de ses attentes &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de la d&eacute;mocratie, de son histoire de vie (s&rsquo;il est r&eacute;fugi&eacute; politique par ex ou autres). Toute son histoire personnelle va impacter le sens qu&rsquo;il donnera &agrave; chaque moment de son existence, y compris du fait de sa compr&eacute;hension personne de la d&eacute;mocratie. En r&eacute;sum&eacute;, chaque citoyen vit une histoire personnelle avec la d&eacute;mocratie et &agrave; ce titre, il en est l&rsquo;&eacute;crivain de son r&eacute;cit. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Nous sommes des &ecirc;tres sensibles en notre qualit&eacute; d&rsquo;&ecirc;tres vivants, et nous le sommes &agrave; la mani&egrave;re des &ecirc;tres humains, cat&eacute;gorie &agrave; laquelle nous appartenons. A ce titre, nous faisons l&rsquo;&eacute;preuve du monde, et sommes &eacute;prouv&eacute;s par lui&nbsp;; pour &ecirc;tre plus pr&eacute;cis et reprendre le sens de &laquo;&nbsp;faire l&rsquo;&eacute;preuve de&nbsp;&raquo;, nous sommes soumis &agrave; l&rsquo;exp&eacute;rience du monde dans notre capacit&eacute; &agrave; r&eacute;sister aux diverses mani&egrave;res dont nous allons le supporter, l&rsquo;exp&eacute;rimenter. A ce stade, il est int&eacute;ressant de se r&eacute;f&eacute;rer au sens de l&rsquo;&eacute;preuve lorsqu&rsquo;un &eacute;l&egrave;ve passe une &eacute;preuve de fran&ccedil;ais ou d&rsquo;&eacute;ducation physique ou toute autre, en ce sens qu&rsquo;il est soumis &agrave; un test, &agrave; un examen impos&eacute; afin d&rsquo;appr&eacute;cier les qualit&eacute;s physiques, morales, intellectuelles dans le but de le juger ou de lui conf&eacute;rer un titre, une dignit&eacute;, etc&hellip;. Dans cette situation, l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve est &eacute;prouv&eacute; dans ce qui le singularise dans ses caract&eacute;ristiques propres.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">A ce stade, il est utile de rappeler ce que nous nommons faire l&rsquo;exp&eacute;rience de vivre quelque chose ou &ecirc;tre &eacute;prouv&eacute; par le fait d&rsquo;&ecirc;tre en contact avec quelque chose. En prenant l&rsquo;exemple d&rsquo;un pied pos&eacute; sur le sol, nous distinguerons le fait que le sol ne fait pas l&rsquo;exp&eacute;rience de mon pied puisqu&rsquo;il n&rsquo;&eacute;prouve pas et ne s&rsquo;&eacute;prouve pas&nbsp;; tandis que mon pied me renverra la sensation du sol ressenti par mon pied qui me sera communiqu&eacute;e dans tout mon corps, mon cerveau compris, ce qui d&rsquo;ailleurs et entre autres, me fera conclure&nbsp;: agr&eacute;able ou d&eacute;sagr&eacute;able, chaud ou froid, mou ou dur, etc&hellip;. C&rsquo;est en moi et pour moi que le monde appara&icirc;t et qu&rsquo;il m&rsquo;est donn&eacute;, ce qui peut nous faire poursuivre par le fait que la subjectivit&eacute; est ce qui donne le monde incessamment, le monde s&rsquo;entendant comme tout ce qui est. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Par cons&eacute;quent,&nbsp;la subjectivit&eacute; est le fondement de toutes choses, l&rsquo;absolu auquel toutes choses renvoient et sans lequel toutes choses ne seraient pas. Elle est &laquo;&nbsp;l&rsquo;absolu&nbsp;&raquo; dans la mesure o&ugrave; toute &eacute;preuve du monde se fonde sur une premi&egrave;re &eacute;preuve de soi, de chacun et chacune, dans sa sp&eacute;cificit&eacute;, sa singularit&eacute;, sa diff&eacute;rence et non unicit&eacute;. Cette exp&eacute;rience que la subjectivit&eacute; fait d&rsquo;elle-m&ecirc;me avant de faire l&rsquo;exp&eacute;rience du monde est constitutive de cette auto-affection invisible et secr&egrave;te mais essentielle qui fait aussi, que c&rsquo;est pour elle aussi que le monde est. Dans ce sens, cet absolu correspond &agrave; la condition m&ecirc;me de tout &ecirc;tre possible.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;un des enseignements majeurs de la ph&eacute;nom&eacute;nologie de Husserl, laquelle trouvait son sens pour lui dans la mesure o&ugrave; elle nous rapproche du monde dans lequel nous vivons, c&rsquo;est de nous rappeler que nous ne pouvons voir l&rsquo;autre qu&rsquo;en fonction de ce que nous voyons de nous-m&ecirc;mes. Il est &eacute;vident que poser ainsi les termes de l&rsquo;Exp&eacute;rience, c&rsquo;est inclure le point aveugle dans toute exp&eacute;rience&nbsp;: celle du chercheur ou de l&rsquo;observateur qui est lui-m&ecirc;me un &eacute;l&eacute;ment de l&rsquo;exp&eacute;rience alors que par proclamation d&rsquo;objectivit&eacute;, il s&rsquo;en abstrait.</span></span></span></span></span></p> <h2 style="font-style:italic;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">4. Ce que la ph&eacute;nom&eacute;nologie peut apporter &agrave; la psychologie politique</span></span></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Compte tenu de ce qui pr&eacute;c&egrave;de, qui n&rsquo;a bien entendu pas &eacute;t&eacute; approfondi mais simplement relat&eacute;, la ph&eacute;nom&eacute;nologie se pr&eacute;sente comme une nouvelle fen&ecirc;tre sur le monde dont l&rsquo;ouverture devrait nous fournir moult informations compl&eacute;mentaires sur tous les th&egrave;mes et chantiers de la psychologie politique. Elle intervient avec un regard nouveau en t&eacute;moignant de sa prise en compte du qualificatif &laquo;&nbsp;humain&nbsp;&raquo; dont se sont dot&eacute;es les sciences humaines, en choisissant de focaliser sur l&rsquo;humaine perception des th&eacute;matiques de psychologie politique et de la politique en soi. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En ce sens, la ph&eacute;nom&eacute;nologie donne une v&eacute;ritable audience &agrave; la psychologie politique, dans le sens o&ugrave; elle utilise le st&eacute;thoscope pour &eacute;couter la psych&eacute; nous parler du psychologique pour le sonder quant au sens intime exp&eacute;rientiel et existentiel ayant pr&eacute;sid&eacute; &agrave; l&rsquo;apparition par exemple du ph&eacute;nom&egrave;ne d&eacute;mocratique, ou bien &agrave; celui de la r&eacute;volution, ou bien encore &agrave; la perception d&rsquo;un &laquo;&nbsp;leadorat charismatique&nbsp;&raquo; chez tel personnage politique, etc. La ph&eacute;nom&eacute;nologie d&eacute;voile ce qui fait sens, pour une personne donn&eacute;e en tant que vivant son existence singuli&egrave;re, d&rsquo;&ecirc;tre citoyen d&rsquo;une d&eacute;mocratie, ou de souhaiter plut&ocirc;t qu&rsquo;un autre r&eacute;gime politique lui succ&egrave;de, etc&hellip; La ph&eacute;nom&eacute;nologie va se ressourcer aupr&egrave;s des ph&eacute;nom&egrave;nes, c&rsquo;est-&agrave;-dire de la m&eacute;tamorphose oubli&eacute;e aujourd&rsquo;hui que tout fait participant &agrave; une existence transforme et l&rsquo;existence et l&rsquo;existant et ne peut &ecirc;tre appr&eacute;hend&eacute; comme un fait objectif sauf &agrave; le cat&eacute;goriser de fa&ccedil;on artificiellement neutre, auquel cas il ne s&rsquo;agit plus de la m&ecirc;me situation dont il est question et dans la recherche et dans la vie. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En un mot, la ph&eacute;nom&eacute;nologie ouvre une large porte &agrave; la psychologie du politique pour permettre de mieux comprendre les &eacute;v&egrave;nements politiques, les crises afin de n&rsquo;en g&eacute;n&eacute;rer pas qui soient intrins&egrave;ques au syst&egrave;me politique ainsi cr&eacute;&eacute; depuis des dizaines d&rsquo;ann&eacute;es. Qu&rsquo;abordons-nous en psychologie politique&nbsp;? le politique, la politique, la science politique, les trois ensemble mais sous l&rsquo;&eacute;gide du fonctionnement de la psych&eacute; humaine puisque le choix m&ecirc;me des th&egrave;mes propos&eacute;s illustre le r&eacute;sultat d&rsquo;une intervention du sensible avant m&ecirc;me celle de la raison qui va fa&ccedil;onner les &eacute;lans des premi&egrave;res propositions. C&rsquo;est donc d&egrave;s la personne du chercheur que le sensible est incarn&eacute; pour ensuite, et dans la recherche elle-m&ecirc;me, introduire la repr&eacute;sentation de l&rsquo;iceberg, &agrave; savoir que nous sommes support&eacute;s par ce qui nous rend vivant, vibrant aux exp&eacute;riences que notre existence rencontre, y compris lorsque nous avons acquis de l&rsquo;&acirc;ge et de la &laquo;&nbsp;sagesse&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire introduit une dose de mod&eacute;ration et non pas une impulsion &agrave; &eacute;vacuer l&rsquo;&eacute;motion, laquelle nous a toujours servi &agrave; nous mouvoir apr&egrave;s avoir su nous &eacute;mouvoir.&nbsp; &nbsp;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La ph&eacute;nom&eacute;nologie peut apporter &agrave; la psychologie politique le substrat dont elle a besoin pour se rendre, encore davantage, en proximit&eacute; des ph&eacute;nom&egrave;nes, faits accueillis dans leur contextualit&eacute; globale, subjective et objective. Elle permet de recueillir des donn&eacute;es plus globales pour conduire &agrave; des recherches plus int&eacute;gratives de param&egrave;tres ignor&eacute;s, minor&eacute;s, ou mis &agrave; l&rsquo;index&hellip; de mani&egrave;re que les recherches &laquo;&nbsp;parlent&nbsp;&raquo; du terrain de l&rsquo;exp&eacute;rience concr&egrave;te, du v&eacute;cu et ne se dissocie pas en traduisant, tr&egrave;s souvent, un voulu normatif comme d&eacute;terminant de notre futur&nbsp;! En une phrase, nous dirons que la ph&eacute;nom&eacute;nologie rapprochera les citoyens de la d&eacute;mocratie en traitant la d&eacute;mocratie du point de vue du regard des citoyens et de leurs diversit&eacute;s, histoires de vie comme attentes et esp&eacute;rances, etc&hellip; et non pas uniquement, la d&eacute;mocratie selon telle ou telle d&eacute;finition a priori s&eacute;lectionn&eacute;e ou confectionn&eacute;e&nbsp;! </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Si la libre expression est l&rsquo;une des caract&eacute;ristiques du r&eacute;gime d&eacute;mocratique, qu&rsquo;il soit permis aux citoyens de participer concr&egrave;tement &agrave; l&rsquo;&eacute;volution de ce concept en l&rsquo;animant du v&eacute;cu de ceux qui sont concern&eacute;s par elle, pour lesquels elle est ph&eacute;nom&egrave;ne d&eacute;mocratique. Sans doute alors, la d&eacute;mocratie verra s&rsquo;ouvrir un axe d&rsquo;&eacute;volution soit vers la construction collective d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; plus d&eacute;mocratique, soit vers la conscience d&rsquo;un citoyen plus conscient de la d&eacute;mocratie, d&eacute;passant &laquo;&nbsp;l&rsquo;entre soi&nbsp;&raquo; social des discriminations entre quartiers par exemple.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La ph&eacute;nom&eacute;nologie n&rsquo;est pas pr&eacute;sent&eacute;e ici comme une panac&eacute;e mais comme un d&eacute;fi d&rsquo;avoir &agrave; tester une approche compl&eacute;mentaire pour enrichir le d&eacute;bat d&rsquo;id&eacute;es mais aussi et surtout, les analyses et conclusions apr&egrave;s traitement des donn&eacute;es. Le but de l&rsquo;ensemble est une plus grande recherche de proximit&eacute; avec la mani&egrave;re dont ce que nous nommons les faits, &laquo;&nbsp;parlent&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;nous parlent&nbsp;&raquo; &agrave; chacun&nbsp;! Ceci peut se d&eacute;cliner ainsi&nbsp;: je fais l&rsquo;exp&eacute;rience de la d&eacute;mocratie&nbsp;; je traverse le temps en &eacute;tant immerg&eacute; dans la d&eacute;mocratie tout en &eacute;tant moi-m&ecirc;me, conscience de ce r&eacute;gime politique. Cependant, je fais l&rsquo;exp&eacute;rience des cons&eacute;quences, pour moi et mon environnement, de cette d&eacute;mocratie que j&rsquo;exp&eacute;rimente en ressentant au fond de moi les sensations produites par les d&eacute;cisions prises au nom de la d&eacute;mocratie dans mon pays. Je les appr&eacute;cierai ou pas mais je ne resterai pas neutre face &agrave; ces options car j&rsquo;&eacute;prouverai des col&egrave;res, des r&eacute;voltes, des d&eacute;clics d&rsquo;esp&eacute;rances, des satisfactions li&eacute;es &agrave; la reconnaissance ou des frustrations li&eacute;es au m&eacute;pris et &agrave; l&rsquo;humiliation, mais je me ressentirai positivement ou n&eacute;gativement en d&eacute;mocratie, et non pas de mani&egrave;re neutre. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En conclusion, la ph&eacute;nom&eacute;nologie nous demande d&rsquo;inverser l&rsquo;ordre par lequel nous abordons un th&egrave;me de recherche&nbsp;; d&rsquo;ordinaire, nous le d&eacute;finissons mentalement puis allons observer comment il s&rsquo;illustre sur le terrain&nbsp;; or, cette d&eacute;finition finit par r&eacute;duire le terme aux limites de sa d&eacute;finition, ce qui parfois devient tr&egrave;s r&eacute;ducteur ou impose de repousser les limites. Avec la ph&eacute;nom&eacute;nologie, la d&eacute;finition viendra a posteriori pour asseoir les donn&eacute;es recueillies par son approche, qui seront bien issues de l&rsquo;&eacute;preuve du ph&eacute;nom&egrave;ne. Ainsi, l&rsquo;un des m&eacute;rites r&eacute;sidera dans l&rsquo;am&eacute;lioration des conditions d&rsquo;impl&eacute;mentation d&rsquo;une action, et donc porte sur la capacit&eacute; &agrave; anticiper concr&egrave;tement. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le paradigme actuel de l&rsquo;objectivit&eacute; a sans doute produit un effet sur la vie quotidienne, renfor&ccedil;ant l&rsquo;individualisme avec, pour cons&eacute;quence, d&rsquo;atomiser le peuple, les pr&eacute;occupations de chacun&nbsp;; cette situation rend difficile la satisfaction du plus grand nombre car la r&eacute;union du plus grand nombre est oppos&eacute;e &agrave; l&rsquo;individualisme.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">- </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ce n&rsquo;est pas l&rsquo;individu qui fait l&rsquo;exp&eacute;rience mais un &ecirc;tre humain vivant et sensible, &eacute;l&eacute;ment indispensable pour qu&rsquo;il y ait ph&eacute;nom&egrave;ne. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">- </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La d&eacute;mocratie est une abstraction en sciences politiques alors qu&rsquo;elle n&rsquo;est pas v&eacute;cue comme telle par l&rsquo;ensemble des citoyens.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">- </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Il nous semble que la ph&eacute;nom&eacute;nologie peut &eacute;galement permettre de combler le foss&eacute; que nous d&eacute;crivent ceux qui ne se sentent pas inclus dans le syst&egrave;me social et politique du pays, consid&eacute;rant qu&rsquo;il coexiste deux mondes se d&eacute;roulant en parall&egrave;le&nbsp;: celui des &eacute;lites et celui du peuple&nbsp;; m&ecirc;me si la notion de &laquo;&nbsp;peuple&nbsp;&raquo; est loin d&rsquo;&ecirc;tre pr&eacute;cise et commode, il reste que la dichotomie entre &laquo;&nbsp;eux&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;nous&nbsp;&raquo; est propice &agrave; la division et m&ecirc;me &agrave; l&rsquo;atomisation des partis politiques. C&rsquo;est ce que nous observons.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Toutes ces raisons et bien d&rsquo;autres nous induisent &agrave; penser que le dialogue entre ph&eacute;nom&eacute;nologie et psychologie politique doit se poursuivre. </span></span></span></span></span></p> <div> <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[1]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> P. BOURDIEU d&eacute;finissait l&rsquo;habitus comme &eacute;tant &laquo;&nbsp;une loi immanente, d&eacute;pos&eacute;e en chaque agent par la prime &eacute;ducation&nbsp;&raquo;, que nous &eacute;tendons &agrave; l&rsquo;&eacute;ducation universitaire mono-disciplinaire. </span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[2]</span></span></span></span></span></span></span></a><span lang="EN-US" style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Herbert M. LEFCOURT &laquo;&nbsp;LOCUS OF CONTROL - Current Trends in Theory and Research&nbsp;&raquo; LEA Hillsdale, New Jersey, 1976</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn3"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[3]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Michel HENRY, &laquo;&nbsp;ph&eacute;nom&eacute;nologie de la vie &ndash; de la subjectivit&eacute; Tome II&raquo; Epim&eacute;th&eacute;e PUF, 2011</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn4"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:8.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[4]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:8.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Erwin GOFFMAN, &laquo;&nbsp;La mise en sc&egrave;ne de la vie quotidienne&nbsp;&raquo; Editions de Minuit, 1973</span></span></span></span></p> </div> </div>