<p align="center" style="text-align:center; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">De la force de la mentalit&eacute;</span></span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><i><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dan S. Stoica est professeur de communication &agrave; l&rsquo;universit&eacute; Alexandre Ioan Cuza de Iasi en Roumanie. </span></span></i></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px">&nbsp;</p> <h2 style="font-style:italic;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Introduction</span></span></b></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Une petite histoire m&rsquo;a d&eacute;termin&eacute; &agrave; repenser des choses que j&rsquo;avais observ&eacute;es en regardant autour de moi. L&rsquo;histoire est racont&eacute;e par un personnage d&rsquo;une s&eacute;rie t&eacute;l&eacute;vis&eacute;e (<i>Bones</i>, en original, en anglais). C&rsquo;est un modeste gardien de nuit du fameux Jeffersonian Institute, de Washington D.C. qui essaie de changer l&rsquo;&eacute;tat d&rsquo;esprit d&rsquo;une anthropologue d&rsquo;exception qui semble prise dans un man&egrave;ge sans issue&nbsp; de pens&eacute;es noires. Et voici l&rsquo;histoire&nbsp;: Pendant une recherche en psychologie clinique, on a fait porter &agrave; des sujets des lunettes aux lentilles en forme de prisme, ayant la propri&eacute;t&eacute; de faire voir la r&eacute;alit&eacute; renvers&eacute;e. D&rsquo;abord, les sujets avaient &eacute;t&eacute; d&eacute;sorient&eacute;s, ils pr&eacute;sentaient un &eacute;tat de malaise et n&rsquo;&eacute;taient en mesure de rien faire du tout. Apr&egrave;s un temps, ils se sont fait &agrave; leur m&eacute;tamorphose et tout marchait bien dans ce monde qu&rsquo;ils percevaient d&eacute;sormais comme normal. Au bout d&rsquo;une p&eacute;riode quelconque, le test pr&eacute;voyait le retour &agrave; l&rsquo;&eacute;tat initial et l&rsquo;on a chang&eacute; les lunettes bizarres avec des lunettes normales qui laissaient les sujets voir la r&eacute;alit&eacute; telle qu&rsquo;elle est, le haut en haut et le bas en bas. Nouveau choc&nbsp;: les sujets ont rev&eacute;cu les inconv&eacute;nients du d&eacute;but&nbsp;: d&eacute;sorientation, malaise, incapacit&eacute; de faire quoi que ce soit. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">J&rsquo;y ai vu l&rsquo;expression m&eacute;taphorique de l&rsquo;exercice de la pression de la culture environnante sur la fa&ccedil;on dont les gens r&eacute;agissent &agrave; un stimulus quelconque dans la vie sociale et cela m&rsquo;a pouss&eacute; &agrave; revoir le fameux <i>Blink</i> de Malcolm Gladwell, dont le sous-titre (<i>The power of thinking without thinking</i>) devrait donner, en fran&ccedil;ais, <i>le pouvoir de la pens&eacute;e qui se fait sans penser</i> plut&ocirc;t que <i>le pouvoir de penser sans penser</i>. C&rsquo;est de cette force des &eacute;l&eacute;ments que la pression de la culture environnante &laquo; glisse &raquo; dans le subconscient de l&rsquo;homme dont parle Gladwell, de ce d&eacute;p&ocirc;t de raccourcis que la pens&eacute;e prend, juste parce qu&rsquo;ils sont l&agrave; et qu&rsquo;elle se fait l&rsquo;habitude de s&rsquo;en servir prioritairement. La force de ces &eacute;l&eacute;ments repose sur plusieurs de leurs caract&eacute;ristiques. D&rsquo;abord, ils sont l&agrave; par accumulation involontaire, au-del&agrave; de la pens&eacute;e rationnelle, sans que l&rsquo;on puisse dire comment ils ont &eacute;t&eacute; acquis&nbsp;; il s&rsquo;encha&icirc;ne qu&rsquo;ils sont l&agrave; en dehors de tout contr&ocirc;le de l&rsquo;individu (on ne peut ni en faire un choix ou en faire le tri, ni les expliquer, ni les compl&eacute;ter, ni les faire dispara&icirc;tre)&nbsp;; ceci dit, il va de soi que ce sont des &eacute;l&eacute;ments dont l&rsquo;existence est marqu&eacute;e par une inertie fabuleuse. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;on trouve dans ce d&eacute;p&ocirc;t cach&eacute; et intangible, que nous allons d&eacute;sormais nommer par son nom&nbsp;: mentalit&eacute;&nbsp;? Des &eacute;l&eacute;ments de toutes sortes, parmi lesquels&nbsp;: des pr&eacute;jug&eacute;s, des st&eacute;r&eacute;otypes, des tabous, des topo&iuml;, une certaine &eacute;chelle des valeurs partag&eacute;es par la communaut&eacute; en question et surtout une longue liste de situations de communication<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[1]</span></span></span></span></span></a>, tout ce qui est sp&eacute;cifique d&rsquo;une culture quant &agrave; la vision du monde et quant &agrave; sa mani&egrave;re de comprendre la vie. Ce que Malcolm Gladwell met en &eacute;vidence d&egrave;s son sous-titre c&rsquo;est le fait que les &eacute;l&eacute;ments de la mentalit&eacute; font surface instantan&eacute;ment quand un stimulus se pr&eacute;sente, faisant figure d&rsquo;&ecirc;tre le r&eacute;sultat de la pens&eacute;e, alors qu&rsquo;ils ne sont que des r&eacute;ponses rapides et commodes &agrave; des stimuli. Ce fonctionnement n&rsquo;est que le fruit de l&rsquo;action de ce que l&rsquo;on appelle depuis quelque temps d&eacute;j&agrave; les institutions de formatage mental<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[2]</span></span></span></span></span></a> et c&rsquo;est aussi ce qui explique en grande partie les inf&eacute;rences communicationnelles, celles que Dan Sperber oppose aux inf&eacute;rences logiques, connues sous le nom de raisonnements<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[3]</span></span></span></span></span></a>. Alors que ces derni&egrave;res sont occasionnelles, volontaires, longues &agrave; d&eacute;rouler et souvent douloureusement difficiles, les inf&eacute;rences communicationnelles sont permanentes, involontaires, si rapides qu&rsquo;on pourrait dire qu&rsquo;elles sont instantan&eacute;es et sont faites sans aucun effort. Et Dan Sperber veut se faire bien comprendre l&agrave;-dessus&nbsp;: la communication humaine est avant tout inf&eacute;rentielle, dit-il. Ceci laisse comprendre que, dans la communication, l&rsquo;on est tr&egrave;s fr&eacute;quemment confront&eacute; &agrave; la pr&eacute;sence des &eacute;l&eacute;ments de la mentalit&eacute;. Et, comme dans le cas des inf&eacute;rences communicationnelles, la rapidit&eacute; des r&eacute;actions ayant &agrave; la base des &eacute;l&eacute;ments de la mentalit&eacute; vient avec un co&ucirc;t : leur pr&eacute;sence dans la communication n&rsquo;est pas toujours pertinente ou ad&eacute;quate. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Aucune des constructions mentales n&rsquo;a une aussi grande inertie que la mentalit&eacute;. Il faut cependant admettre que la mentalit&eacute; change, quand m&ecirc;me, avec le temps. Par exemple, &agrave; la fin du XIX&egrave;me et &agrave; l&rsquo;aube du XX&egrave;me, les maillots de bain &eacute;taient pr&eacute;vus pour s&rsquo;assurer que pas un centim&egrave;tre de peau nue n&rsquo;&eacute;tait expos&eacute; au regard des autres. Apr&egrave;s la r&eacute;volution du bikini dans les ann&eacute;es 1950, les choses ont &eacute;volu&eacute; vite, c&rsquo;est-&agrave;-dire presque tous les vingt ans&nbsp;: d&rsquo;abord, les plages topless, dans les ann&eacute;es 1970, puis les nudistes comme mode g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e sur certains segments de plage, un peu partout dans le monde. L&rsquo;acc&eacute;l&eacute;ration des changements put &ecirc;tre constat&eacute;e apr&egrave;s la fin des ann&eacute;es 1960, o&ugrave; l&rsquo;on a v&eacute;cu la r&eacute;volution &laquo;&nbsp;flower power&nbsp;&raquo;, seule &agrave; engendrer des transformations radicales, profondes et surtout rapides dans l&rsquo;histoire de la mentalit&eacute; des soci&eacute;t&eacute;s occidentales. Les observations laissent comprendre que les changements se produisent &agrave; distance d&rsquo;au moins deux g&eacute;n&eacute;rations, si l&rsquo;on mesure une g&eacute;n&eacute;ration &agrave; environ trente-cinq ans. Regardons les exemples suivants&nbsp;: les Roumains ont bien pardonn&eacute; aux Turcs tous les malheurs que ceux-ci leur avaient inflig&eacute;s pendant des si&egrave;cles (d&eacute;j&agrave;, trois g&eacute;n&eacute;rations apr&egrave;s l&rsquo;Ind&eacute;pendance, on n&rsquo;en parlait plus), les Fran&ccedil;ais et les Allemands coop&egrave;rent dans un &eacute;lan sans fracture pour un Europe vraiment unie et prosp&egrave;re (plus de deux g&eacute;n&eacute;rations apr&egrave;s la Deuxi&egrave;me Guerre Mondiale et plus de trois g&eacute;n&eacute;rations depuis la Grande Guerre). Et les exemples pourraient continuer. Cependant, il n&rsquo;y a pas de pardon entre les peuples de l&rsquo;ex-Yougoslavie, car les confrontations militaires sont encore trop r&eacute;centes, les blessures encore fra&icirc;ches et donc le souvenir des souffrances est rest&eacute; encore trop vif (depuis 1995, on ne compte m&ecirc;me pas une seule g&eacute;n&eacute;ration). </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">C&rsquo;est comme &ccedil;a&nbsp;: on a besoin de temps pour avoir un changement de perceptions et donc un changement de mentalit&eacute; quant &agrave; quelqu&rsquo;un ou &agrave; quelque chose. On re&ccedil;oit des choses, on en oublie d&rsquo;autres, mais tout ceci se passe dans le temps et donc c&rsquo;est dans le temps qu&rsquo;on change de vision sur le monde et sur la vie. Ce qui tient &agrave; la mentalit&eacute; ne s&rsquo;y installe ni ne s&rsquo;en efface vite. Voil&agrave; pourquoi ce que je reproche &agrave; ceux que j&rsquo;appelle des t&eacute;l&eacute;-sp&eacute;cialistes en psychologie sociale c&rsquo;est leur point de vue trop fr&eacute;quemment d&eacute;ball&eacute;, h&eacute;las&nbsp;!, sur la possible &eacute;volution du peuple roumain vers un niveau de civilisation comparable &agrave; celui de l&rsquo;Europe Occidentale&nbsp;; ils n&rsquo;arr&ecirc;tent pas de dire des phrases comme: &laquo;&nbsp;Il faut <i>d&rsquo;abord</i> changer de mentalit&eacute;&nbsp;&raquo;, alors que, professionnellement, ils seraient les premiers tenus &agrave; savoir que cela se passe &agrave; l&rsquo;inverse, c&rsquo;est-&agrave;-dire que la mentalit&eacute; est la derni&egrave;re &agrave; changer et que si elle change cela prend tellement de temps qu&rsquo;il est bien possible que cela ne se passe pas du vivant de ceux qui ont formul&eacute; cet espoir. C&rsquo;est les r&eacute;alit&eacute;s qui changent les premi&egrave;res &ndash; r&eacute;alit&eacute;s physiques ou sociales &ndash; et puis c&rsquo;est le comportement qui s&rsquo;accommode aux nouvelles r&eacute;alit&eacute;s &ndash; volontairement ou sous la pression d&rsquo;une forme quelconque de censure. Ensuite, si cela dure assez longtemps, on pourrait constater un changement de la mentalit&eacute;. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">C&rsquo;est long &agrave; faire, changer la mentalit&eacute;&nbsp;! &Ccedil;a prend du temps et de la suite dans ses actions. Un exemple de la lenteur du changement de la mentalit&eacute; serait l&rsquo;histoire r&eacute;cente de l&rsquo;Afghanistan. Apr&egrave;s vingt ans d&rsquo;efforts de leur &laquo;&nbsp;infliger&nbsp;&raquo; la &nbsp;d&eacute;mocratie de type occidental, apr&egrave;s des &eacute;lections d&eacute;mocratiques et une vie parlementaire comme en Europe, apr&egrave;s avoir impl&eacute;ment&eacute; un syst&egrave;me d&rsquo;&eacute;ducation bas&eacute; sur les id&eacute;es de libert&eacute; et d&rsquo;&eacute;galit&eacute; (syst&egrave;me qui ne fut en fonction qu&rsquo;un peu plus d&rsquo;une d&eacute;cennie), apr&egrave;s la reconstruction rigoureuse de l&rsquo;arm&eacute;e et des forces de l&rsquo;ordre dans l&rsquo;id&eacute;e de servir le peuple et l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t national, apr&egrave;s tout cela, on a vu tout s&rsquo;effondre et revenir &agrave; l&rsquo;ordre d&rsquo;avant dans moins d&rsquo;un mois, seuls &agrave; regretter la brusque revenue en arri&egrave;re &eacute;tant les quelques milliers d&rsquo;Afghans qui avaient &laquo;&nbsp;collabor&eacute;&nbsp;&raquo; avec les Am&eacute;ricains et autres &laquo;&nbsp;occupants&nbsp;&raquo;. Vingt ans d&rsquo;exercice d&eacute;mocratique et de soi-disant &eacute;quilibre social et politique n&rsquo;ont pas fait le poids dans le choix imm&eacute;diat que le peuple afghan eut &agrave; faire lors du d&eacute;part des semeurs de d&eacute;mocratie&nbsp;: il est revenu aux lois des Talibans comme si rien ne s&rsquo;&eacute;tait pass&eacute; et il ne semble nullement d&eacute;sorient&eacute;, car c&rsquo;est un mode de vie qui lui est connu, puisque implant&eacute; aux tr&eacute;fonds de sa construction culturelle, et c&rsquo;est une vision du monde qui lui est famili&egrave;re. Je reprends ici quelques lignes d&rsquo;un essai propos&eacute; dans <i>Figaro Vox</i> du 21 ao&ucirc;t 2021 par Mathieu Bock-C&ocirc;t&eacute;&nbsp;: </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&laquo;&nbsp;L&rsquo;humanit&eacute; est fondamentalement plurielle, et m&ecirc;me les aspirations les plus g&eacute;n&eacute;reuses ne sauraient transcender, et encore moins abolir, la diversit&eacute; des &Eacute;tats, des nations, des civilisations, des cultures et des religions qui la composent &raquo;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[4]</span></span></span></span></span></a>. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Seraient-elles, les forces &eacute;trang&egrave;res, rest&eacute;es pour au moins cinquante ans, sinon soixante-quinze, les choses auraient &eacute;t&eacute; autres. Apr&egrave;s deux g&eacute;n&eacute;rations de persistance dans un syst&egrave;me impos&eacute;, les changements se produisent au niveau de la mentalit&eacute; et alors on peut vraiment compter sur les nouveaut&eacute;s propos&eacute;es au d&eacute;but du changement.&nbsp; Vingt ans, ce n&rsquo;est rien. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Par contre, les Talibans se proposent d&rsquo;introduire un syst&egrave;me d&rsquo;&eacute;ducation qu&rsquo;ils appellent &laquo;&nbsp;islamique et rationnel&nbsp;&raquo; et qui va assurer la formation d&rsquo;une couche d&rsquo;adolescents d&eacute;di&eacute;s &agrave; l&rsquo;Islam, qui sera la base de la reconstruction rapide et totale de leur soci&eacute;t&eacute;. Leur t&acirc;che sera d&rsquo;autant plus facile que les vingt ans de d&eacute;mocratisation n&rsquo;ont pas laiss&eacute; de trace. D&rsquo;apr&egrave;s une remarque qu&rsquo;ils ont faite lors d&rsquo;une discussion avec les Am&eacute;ricains, ces derniers ont la montre, mais eux, les Afghans, ils ont le Temps, ce qui leur assure le succ&egrave;s de leur politique, surtout en tenant compte du peu d&rsquo;effet que les vingt ans de d&eacute;mocratie occidentale ont eu. C&rsquo;est toujours le temps qui compte&nbsp;! Regardons quelques exemples de l&rsquo;inertie des &eacute;l&eacute;ments culturels de la mentalit&eacute; qui ont &eacute;t&eacute; rep&eacute;r&eacute;s en regardant l&rsquo;histoire de la Roumanie. </span></span></span></span></span></p> <h2 style="font-style:italic;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">No&euml;l et P&acirc;ques en Roumanie</span></span></b></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Cadrage de la discussion : orthodoxie et orthopraxie. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Je savais d&eacute;j&agrave;, par Andr&eacute; Scrima<a href="#_ftn5" name="_ftnref5" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[5]</span></span></span></span></span></a>, que le ph&eacute;nom&egrave;ne appel&eacute; orthopraxie est plus pr&eacute;sent que la foi elle-m&ecirc;me (dans l&#39;esprit de l&#39;orthodoxie). Le souci de retenir et de mettre en &oelig;uvre une s&eacute;rie de mouvements et de mots est &eacute;vident dans la population de Roumanie, mais ce souci ne s&#39;&eacute;tend pas au sens de ces mouvements ou de ces mots. Ceux qui se d&eacute;clarent &ecirc;tre des croyants orthodoxes se sentent rassur&eacute;s (et m&ecirc;me prot&eacute;g&eacute;s par la force divine) du simple fait qu&#39;ils peuvent ex&eacute;cuter certaines exigences de surface. C&rsquo;est ce que j&rsquo;ai pu constater en consid&eacute;rant avec plus d&rsquo;attention des &eacute;tats de fait de l&rsquo;histoire des Roumains. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">R&eacute;f&eacute;rence &agrave; <i>Vox populi</i>, extrait de l&rsquo;&eacute;mission <i>&Eacute;tat de la Nation</i> r&eacute;alis&eacute;e par Dragoș Pătraru,. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En r&egrave;gle g&eacute;n&eacute;rale, ce qui &eacute;tait pr&eacute;sent&eacute; dans la section <i>Vox populi</i> de l&#39;&eacute;mission susmentionn&eacute;e &eacute;tait quelque chose qui devait &ecirc;tre d&eacute;cod&eacute; comme une satire &agrave; l&rsquo;adresse d&#39;une partie &ndash; souvent, num&eacute;riquement importante &ndash; de la population du pays, compos&eacute;e de personnes incultes, pauvres d&rsquo;esprit, ce qui serait probablement un motif pour rire. Pas dans ce cas. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Nous apprenons directement des personnes approch&eacute;es dans un exercice de <i>vox pop</i> que la situation est pire. Dans une localit&eacute; quelque part dans le sud du pays (selon le patois employ&eacute; par ses citoyens), les jours de No&euml;l et les jours de P&acirc;ques, les passants (femmes et hommes, d&#39;&acirc;ges diff&eacute;rents et de conditions sociales diff&eacute;rentes) sont interpell&eacute;s et invit&eacute;s &agrave; r&eacute;pondre &agrave; une m&ecirc;me question : &quot;qu&#39;est-ce qu&#39;on f&ecirc;te &agrave; No&euml;l/ &agrave; P&acirc;ques ?&quot;. Pas &eacute;tonnant &agrave; premi&egrave;re vue, la r&eacute;ponse est tautologique : on f&ecirc;te No&euml;l &agrave; No&euml;l, et on f&ecirc;te les P&acirc;ques &agrave; P&acirc;ques. Les choses semblent &eacute;videntes. Il est &agrave; noter que les personnes soumises &agrave; cet exercice m&eacute;diatique vont &agrave; ou s&rsquo;en reviennent de l&#39;&eacute;glise, c&#39;est-&agrave;-dire des offices religieux consacr&eacute;s aux deux &eacute;v&eacute;nements respectifs. Il convient &eacute;galement de mentionner que, malgr&eacute; l&#39;insistance des journalistes et les suggestions qu&#39;ils ont faites aux sujets, les habitants ne peuvent aller au-del&agrave; de la simple &eacute;vidence que No&euml;l est c&eacute;l&eacute;br&eacute; &agrave; No&euml;l et que P&acirc;ques est c&eacute;l&eacute;br&eacute; &agrave; P&acirc;ques.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">On leur donne comme suggestions dans l&rsquo;orientation de leurs r&eacute;ponses des &eacute;l&eacute;ments utiles, tels que de petits d&eacute;tails du service religieux ou ce que disent les chants de No&euml;l (dans le cas de No&euml;l) et &agrave; quoi ressemble la salutation de substitution de P&acirc;ques (&laquo;&nbsp;Christ est ressuscit&eacute; !&nbsp;&raquo;, avec la r&eacute;ponse &laquo;&nbsp;Vrai, Il est ressuscit&eacute; !&nbsp;&raquo;). Infructueux, cependant! Personne n&#39;ira jusqu&#39;&agrave; dire qu&#39;&agrave; No&euml;l on c&eacute;l&egrave;bre la naissance de notre Sauveur J&eacute;sus-Christ, et qu&rsquo;&agrave; P&acirc;ques on c&eacute;l&egrave;bre sa r&eacute;surrection. Ces gens ont port&eacute; des nourritures rituelles &agrave; l&#39;&eacute;glise, afin qu&#39;ils puissent recevoir la b&eacute;n&eacute;diction (ils tiennent encore entre leurs mains des paniers garnis de serviettes, et des bougies aussi). Ils se vantent d&#39;avoir particip&eacute; &agrave; tous les offices ordonn&eacute;s &agrave; l&#39;occasion de la f&ecirc;te &agrave; propos de laquelle on leur pose des questions, et ils ont fait tout ce qui &eacute;tait exig&eacute; par les ordonnances de l&#39;&eacute;glise : ils ont embrass&eacute; les ic&ocirc;nes &ndash; dans l&#39;ordre pr&eacute;vu ! &ndash; et se sont confess&eacute;s, &nbsp;et partag&eacute; les nourritures avec les membres de la communaut&eacute;.&nbsp; C&#39;est juste qu&rsquo;ils ne savent pas en quoi consiste le contenu de tous ces rituels. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Tentative d&#39;expliquer la situation&nbsp;: </span></span></b><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En y regardant de plus pr&egrave;s et en essayant de comprendre la source d&#39;un tel &eacute;tat de fait, on arrive &nbsp;ais&eacute;ment &agrave; une explication: c&#39;est l&#39;effet de la censure que le r&eacute;gime communiste a exerc&eacute; pendant cinquante ans dans le but non dissimul&eacute; de retirer la foi en Dieu de la vie spirituelle du peuple roumain. Dans mon enfance &ndash; qui s&#39;est pass&eacute;e dans les ann&eacute;es cinquante du si&egrave;cle dernier &ndash; si, &eacute;tant enfant, vous parliez de No&euml;l ou du sapin orn&eacute; &agrave; la Veille, vous mettiez en danger vos parents, qui auraient pu simplement dispara&icirc;tre en une nuit, pour de longues ann&eacute;es ou pour toujours. Nous avions P&egrave;re Dugel<a href="#_ftn6" name="_ftnref6" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[6]</span></span></span></span></span></a> (d&#39;apr&egrave;s le mod&egrave;le sovi&eacute;tique de <i>Dedia Moroz</i>). &nbsp;Tout aussi coupable, aux yeux du r&eacute;gime, &eacute;tait celui qui allait &agrave; l&#39;&eacute;glise &agrave; P&acirc;ques et s&rsquo;en revenait la nuit de la R&eacute;surrection un cierge allum&eacute; &agrave; la main. Ou alors, les coupables payaient cher. Ce fut la r&eacute;alit&eacute; pendant presque deux g&eacute;n&eacute;rations. Les plus repr&eacute;sentatifs membres du clerg&eacute; ont &eacute;t&eacute; jet&eacute;s en prison tandis que les plus modestes ont &eacute;t&eacute; soit pervertis (en les d&eacute;terminant de soutenir le r&eacute;gime), soit soumis &agrave; un traitement qui finissait par les rendre ridicules aux yeux de la population. On a ferm&eacute; les monast&egrave;res et moines et religieuses en ont &eacute;t&eacute; chass&eacute;(e)s et &nbsp;&laquo;&nbsp;envoy&eacute;(e)s vivre dans le monde&nbsp;&raquo;, selon l&rsquo;expression consacr&eacute;e au milieu&nbsp; de ces gens arrach&eacute;s &agrave; leur vie monacale. Les monast&egrave;res subsistaient plut&ocirc;t comme mus&eacute;es de la m&eacute;moire culturelle du pays (imprimerie, &agrave; Neam</span></span><span lang="RO" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">ț</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> et &agrave; Cetățuia,&nbsp;pr&egrave;s de Iași, ou peintures par Nicolae Grigorescu &agrave; Agapia, par exemple) ou comme lieu de refuge pour les gens forts du r&eacute;gime en qu&ecirc;te de vacances idylliques et gratuites dans les r&eacute;gions les plus belles du pays. On n&rsquo;a pas mis &agrave; terre trop d&rsquo;&eacute;glises, comme en l&rsquo;URSS, mais quand on l&rsquo;a fait, on s&rsquo;est attaqu&eacute; &agrave; des constructions hautement symboliques (comme fut le cas de l&rsquo;&eacute;glise de la cour du palais de Cotroceni). Il va de soi que la vie spirituelle d&rsquo;une population profond&eacute;ment religieuse s&rsquo;est retrouv&eacute;e &eacute;branl&eacute;e et puis jet&eacute;e dans l&rsquo;oubli. La g&eacute;n&eacute;ration de la guerre de 1939-1945 perdait en souffrance sa liaison avec la foi mill&eacute;naire et elle n&rsquo;en a rien transmis &agrave; la g&eacute;n&eacute;ration suivante, de&nbsp; peur de la compromettre aux yeux du r&eacute;gime et lui annuler ainsi l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; une vie sans trop de heurts. Vivant dans ce vide spirituel, la g&eacute;n&eacute;ration suivante ne s&rsquo;est m&ecirc;me plus pos&eacute; la question de la croyance en Dieu et du r&ocirc;le de l&rsquo;&eacute;glise dans les communaut&eacute;s. S&rsquo;il y avait encore des qui lisaient la Bible, c&rsquo;&eacute;tait dans des buts strictement instructifs, comme fondements pour acc&egrave;s au sens de certaines cr&eacute;ations artistiques (textes, peintures etc.). Lire la Bible c&rsquo;&eacute;tait comme lire les l&eacute;gendes de l&rsquo;Olympe. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le r&eacute;sultat est apparu et s&#39;est install&eacute;, dans le temps, comme une nouvelle r&eacute;alit&eacute; : Dieu n&rsquo;existait pas, aller &agrave; l&rsquo;&eacute;glise &eacute;tait un acte coupable ou honteux, car ridicule, il n&#39;y avait plus de No&euml;l, mais seulement une visite avec des cadeaux de P&egrave;re Dugel (mais pas la nuit de la Veille de Noel, mais la nuit entre les ans) ; il n&#39;y avait pas de P&acirc;ques et, donc, &agrave; de rares exceptions pr&egrave;s, la formule de salutation &laquo;Christ est ressuscit&eacute;! - Vrai, Il est ressuscit&eacute; !&quot; de la p&eacute;riode &eacute;tablie selon les canons de l&#39;&eacute;glise n&rsquo;&eacute;tait plus utilis&eacute;e et quand elle l&rsquo;&eacute;tait quand m&ecirc;me, c&rsquo;&eacute;tait toujours en cachette et, faute d&rsquo;en conna&icirc;tre la r&eacute;f&eacute;rence, elle avait l&rsquo;air obsol&egrave;te. Les mots n&#39;ont pas disparu du dictionnaire ; ils n&#39;ont pas non plus compl&egrave;tement disparu de l&#39;usage courant, mais, dans l&rsquo;absence de ce qui &eacute;tait une sorte d&rsquo;&eacute;cole du dimanche, dans les &eacute;glises et &agrave; l&rsquo;&eacute;cole, les gens ont peu &agrave; peu oubli&eacute; &agrave; quoi cela faisait r&eacute;f&eacute;rence. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les mots se sont vid&eacute;s de leur sens et ne se sont plus transmis, au sein de la reproduction sociale, d&#39;une g&eacute;n&eacute;ration &agrave; l&#39;autre, avec toute la profondeur de leur sens. Le cat&eacute;chisme n&#39;&eacute;tait re&ccedil;u que par une poign&eacute;e de gens, les repr&eacute;sentants du clerg&eacute;, et ne pouvait &ecirc;tre &eacute;tendu, comme contenu culturel, &agrave; l&#39;ensemble de la population. Les vacances scolaires ne s&#39;appelaient plus &quot;de No&euml;l&quot;, respectivement &quot;de P&acirc;ques&quot;, mais simplement &quot;vacances d&#39;hiver&quot;, respectivement &quot;vacances de printemps&quot;.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">On en voit les effets aujourd&#39;hui, o&ugrave;, trois d&eacute;cennies apr&egrave;s avoir retrouv&eacute; la libert&eacute; sous toutes ses formes &ndash; y compris la libert&eacute; spirituelle &ndash; la reprise de l&#39;usage des mots, m&ecirc;me dans des contextes bien d&eacute;finis, ne signifie plus qu&#39;il s&#39;agit d&#39;une v&eacute;ritable immersion dans la foi chr&eacute;tienne, avec une vraie communion avec les myst&egrave;res de l&#39;&eacute;glise : J&eacute;sus, l&#39;enfant n&eacute; de la volont&eacute; du Seigneur, le vingt-cinq d&eacute;cembre (c&#39;est-&agrave;-dire &agrave; No&euml;l), pour nous sauver, tous, par son sacrifice, est crucifi&eacute; et meurt en tourment, toujours selon la volont&eacute; du Seigneur, mais il ressuscite (c&#39;est le grand myst&egrave;re de l&#39;&eacute;glise chr&eacute;tienne) et ce miracle est c&eacute;l&eacute;br&eacute; &agrave; P&acirc;ques. L&rsquo;orthodoxie a fait place &agrave; l&rsquo;orthopraxie. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Il n&#39;y a plus de chance d&rsquo;expliquer cela &agrave; tout le monde. Il leur suffit, aux Roumains, qu&rsquo;ils s&#39;habillent de leurs meilleurs habits, qu&rsquo;ils sacrifient le cochon (pour No&euml;l) ou l&#39;agneau (pour P&acirc;ques), pour faire des f&ecirc;tes retentissantes. S&#39;ils ont encore le temps et l&#39;&eacute;nergie, ils se rendent &agrave; l&#39;&eacute;glise, o&ugrave; c&rsquo;est les gestes rituels qui comptent et non leur contenu. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La langue parl&eacute;e durant les deux f&ecirc;tes &eacute;voqu&eacute;es ici est une langue de bois : la d&eacute;-s&eacute;mantisation des mots utilis&eacute;s rend caduque toute intention r&eacute;elle de communication et donc de communion. Dans la plupart de &nbsp;nos communaut&eacute;s, il semble inutile d&rsquo;insister aupr&egrave;s des gens pour s&#39;assurer qu&#39;ils savent ce qu&#39;ils disent lorsqu&#39;ils utilisent des formules rituelles religieuses. D&rsquo;ailleurs, habitu&eacute;s &agrave; ne plus rien apprendre, &agrave; vraiment apprendre, les gens se contentent de connaissances de surface, de ce minimum n&eacute;cessaire pour naviguer convenablement dans un monde qui change tout le temps et dont ils ne sont plus enclins &agrave; conna&icirc;tre l&rsquo;essence. C&rsquo;est pareil pour l&rsquo;Ancien et le Nouveau Testament&nbsp;: une fracture historique a &eacute;loign&eacute; les gens de leurs fondements culturels et, apr&egrave;s un demi-si&egrave;cle, on a pu constater l&rsquo;impossibilit&eacute; du retour en arri&egrave;re. Et donc, &agrave; Noel on f&ecirc;te le No&euml;l et &agrave; P&acirc;ques on f&ecirc;te les P&acirc;ques, pour une tr&egrave;s large partie de la population.&nbsp; </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Il y a des pr&eacute;cisions &agrave; faire, quand m&ecirc;me. Le ph&eacute;nom&egrave;ne d&eacute;crit ci-dessus n&rsquo;est pas &agrave; remarquer dans l&rsquo;ensemble de la population du pays. Il y a eu des r&eacute;gions o&ugrave; l&rsquo;effet des repr&eacute;sailles fut l&rsquo;inverse de ce qu&rsquo;on attendait et o&ugrave; la foi s&rsquo;est transmise comme partie int&eacute;grante de l&rsquo;existence spirituelle de l&rsquo;individu. Il faut aussi dire que les remarques partant de l&rsquo;exemple pris dans <i>Vox populi</i> ne visent les rites, mais le mythe. C&rsquo;est l&rsquo;absence du mythe d&rsquo;au-del&agrave; du rite que je ressens comme influence de la censure sur la mentalit&eacute;. Le rite peut changer et il change d&rsquo;habitude<a href="#_ftn7" name="_ftnref7" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[7]</span></span></span></span></span></a>, mais s&rsquo;il arr&ecirc;te de faire la liaison avec un mythe, il reste vide et devient, donc, caduc. </span></span></span></span></span></p> <h2 style="font-style:italic;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Deuxi&egrave;me histoire : &agrave; propos du droit &agrave; la propri&eacute;t&eacute; priv&eacute;e</span></span></b></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Pendant pr&egrave;s de cinquante ans, la notion de propri&eacute;t&eacute; priv&eacute;e fut censur&eacute;e. On ne pouvait parler que de <i>notre</i> propri&eacute;t&eacute;, &agrave; tous, propri&eacute;t&eacute; appartenant &agrave; tout le peuple, les biens de tous. En fait, &agrave; l&rsquo;exception des membres de la classe dirigeante, personne n&rsquo;avait rien en possession personnelle. Comme d&rsquo;habitude chez nous autres Roumains, &nbsp;quand la plupart de la population &eacute;tait confront&eacute;e &agrave; des p&eacute;nuries insupportables, la fuite &eacute;tait dans le recours &agrave; l&#39;humour. J&#39;&eacute;voque ici l&#39;&eacute;l&egrave;ve militaire Bradi Dan-Octavian, un camarade d&#39;arm&eacute;e des jours glorieux de mon service militaire, dans les ann&eacute;es 1970 du si&egrave;cle dernier. A la question par laquelle nous commencions officieusement notre journ&eacute;e &ndash; Que veux-tu &ecirc;tre aujourd&#39;hui? &ndash; Dan a dit, un jour, qu&#39;il voulait &ecirc;tre habitant (dans le sens des statistiques qui s&rsquo;expriment <i>per capita</i>). &nbsp;Nous venions d&#39;apprendre la veille, durant la classe d&#39;&eacute;ducation politique, les nouveaux acquis du socialisme dans notre pays : nous en &eacute;tions arriv&eacute;s &agrave; avoir je ne sais combien de tonnes de fonte par habitant, beaucoup de p&eacute;trole par habitant, des c&eacute;r&eacute;ales de toutes sortes, lait, etc. et tout, par habitant. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Comment peut-on &nbsp;ne pas vouloir &ecirc;tre habitant (dans ce sens) ?! Et tout &eacute;tait &laquo;&nbsp;les biens de tous&nbsp;&raquo;. Il n&rsquo;y avait pas de biens individuels. On assistait ainsi &agrave; l&#39;&eacute;limination du concept de propri&eacute;t&eacute; priv&eacute;e de notre langage et, par la suite, de notre mentalit&eacute;.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les temps nouveaux sont venus apr&egrave;s 1989. On a donn&eacute; le droit pour monter une fortune personnelle, avant m&ecirc;me d&#39;avoir inscrit dans le texte de la Constitution le droit &agrave; une telle &laquo;&nbsp;extravagance&nbsp;&raquo;. Il est int&eacute;ressant de noter que dans la premi&egrave;re forme de la Constitution d&rsquo;apr&egrave;s 1989, on a &eacute;vit&eacute; d&#39;&eacute;crire explicitement que l&#39;&Eacute;tat garantit le droit &agrave; la propri&eacute;t&eacute; priv&eacute;e qu&#39;il prot&egrave;ge &eacute;galement. La population n&rsquo;a rien compris. Des questions ont &eacute;t&eacute; d&eacute;battues qui semblaient pour la plupart inutiles parce que les termes utilis&eacute;s ne semblaient pas parvenir de l&#39;univers de nos vies. La futilit&eacute; des discussions sur ce th&egrave;me venait aussi de l&rsquo;absence presque totale de la r&eacute;alit&eacute; de r&eacute;f&eacute;rence&nbsp;: presque personne n&rsquo;avait des biens en propri&eacute;t&eacute; individuelle et cela pendant un demi-si&egrave;cle. Des pas en avant ont &eacute;t&eacute; faits, mais ce qui se fait place dans le comportement ne s&rsquo;installe pas imm&eacute;diatement dans la mentalit&eacute;. D&#39;un autre c&ocirc;t&eacute;, peu de temps apr&egrave;s la r&eacute;volution de 1989, ceux qui r&eacute;ussissaient &agrave; acqu&eacute;rir quelques biens et &agrave; pouvoir parler de leur propri&eacute;t&eacute; priv&eacute;e &eacute;taient consid&eacute;r&eacute;s comme des voleurs, des truands, des infracteurs. C&rsquo;est quoi en fait cette propri&eacute;t&eacute; priv&eacute;e?, on se demandait. Marqu&eacute;s par la mentalit&eacute; communiste, les gens m&eacute;prisaient les entrepreneurs. Restant sous l&#39;emprise de la langue de bois du &laquo;&nbsp;socialisme multilat&eacute;ralement d&eacute;velopp&eacute;&nbsp;&raquo;, ils n&#39;avaient aucun outil pour comprendre le nouvel &eacute;tat de choses. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La propri&eacute;t&eacute; sur des biens volatiles</span></span></b><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">. Un cas qui montre combien il est difficile de r&eacute;apprendre le concept de propri&eacute;t&eacute; priv&eacute;e est celui de la propri&eacute;t&eacute; intellectuelle. Les dimensions apocalyptiques du ph&eacute;nom&egrave;ne du plagiat et la lenteur avec laquelle se met en place le cadre juridique de la lutte contre le vol intellectuel montrent &agrave; quel point les choses sont difficiles lorsqu&#39;il s&#39;agit de changer les mentalit&eacute;s. Partant de cette technique consistant &agrave; faire aux &eacute;l&egrave;ves (niveau gymnase ou lyc&eacute;e) apprendre par c&oelig;ur des commentaires de textes litt&eacute;raires pour les d&eacute;biter ensuite dans leurs th&egrave;ses &agrave; l&rsquo;occasion d&rsquo;examens de toute sorte, on est arriv&eacute; &agrave; se sentir &agrave; l&rsquo;aise devant le ph&eacute;nom&egrave;ne de la reproduction mot pour mot de passages consistants d&rsquo;ouvrages appartenant &agrave; d&rsquo;autres auteurs dans les th&egrave;ses de licence, dans les dissertations aux mast&egrave;res jusqu&rsquo;aux th&egrave;ses de doctorat. On ne cite plus, on n&rsquo;emploie plus les guillemets et on ne &laquo;&nbsp;trahit&nbsp;&raquo; plus les sources o&ugrave; les passages ont &eacute;t&eacute; pris. Tout le monde s&rsquo;enflamme lorsqu&rsquo;une voix s&rsquo;&eacute;l&egrave;ve pour critiquer de telles techniques, comme s&rsquo;il fallait voir dans le plagiat le m&eacute;rite de l&rsquo;&eacute;tudiant d&rsquo;avoir trouv&eacute; le texte le plus propre &agrave; servir ses n&eacute;cessit&eacute;s et de l&rsquo;avoir simplement pris et utilis&eacute;. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Pour un moment, je me suis dit que ce devrait &ecirc;tre cette caract&eacute;ristique de l&rsquo;information qui en serait l&rsquo;explication&nbsp;: on sait que l&rsquo;information est la seule ressource qu&rsquo;on peut passer &agrave; autrui sans la faire disparaitre &agrave; la source (si je vous d&eacute;voile quelque chose, vous allez acqu&eacute;rir une information nouvelle sans que j&rsquo;en reste d&eacute;muni). Si, par exemple, j&rsquo;avais simplement coll&eacute; le passage du texte de Mathieu Bock-C&ocirc;t&eacute; &agrave; ma pr&eacute;sente construction, M. Bock-C&ocirc;t&eacute; l&rsquo;aurait toujours gard&eacute; dans son essai du <i>Figaro Vox</i>. Alors, pourquoi toute cette discussion sur la propri&eacute;t&eacute; intellectuelle? Eh bien, parce que c&rsquo;est une propri&eacute;t&eacute; individuelle, comme toute autre propri&eacute;t&eacute; de ce type. M. Bock-C&ocirc;t&eacute; a fait un effort, un travail intellectuel pour arriver &agrave; si bien surprendre l&rsquo;&eacute;tat du monde. Il se pourrait que j&rsquo;aie pens&eacute; la m&ecirc;me chose, mais la mise en discours aurait tr&egrave;s probablement &eacute;t&eacute; diff&eacute;rente. Si j&rsquo;aime mieux la r&eacute;alisation discursive de M. Bock-C&ocirc;t&eacute;, je ne lui vole pas le r&eacute;sultat de son effort cr&eacute;ateur, mais je l&rsquo;emprunte et je marque ceci en mettant en &eacute;vidence le passage pris dans son texte. Et je le cite (comme je l&rsquo;ai d&eacute;j&agrave; fait).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Bien d&eacute;finir la propri&eacute;t&eacute; sur des biens volatiles, comme c&rsquo;est le cas de la propri&eacute;t&eacute; intellectuelle, &nbsp;pourrait servir comme base dans l&rsquo;effort de corriger la vision actuellement tellement r&eacute;pandue sur ce que voler veut dire dans ce type de cas. Cela prendra du temps &ndash; je l&rsquo;ai d&eacute;j&agrave; signal&eacute; &ndash; mais lorsque cet effort portera ses fruits on aura une vie intellectuelle saine et des rapports sains avec nos pairs. D&rsquo;ailleurs, certaines grandes universit&eacute;s du pays ont introduit dans leurs <i>curricula</i> des cours et s&eacute;minaires sur ce sujet, o&ugrave; l&rsquo;on discute aussi de la gravit&eacute; de l&rsquo;acte du plagiat. Je ne serai plus l&agrave;, mais &ccedil;a va changer. Je reste plein d&rsquo;espoir &agrave; ce sujet. </span></span></span></span></span></p> <h2 style="font-style:italic;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Troisi&egrave;me histoire&nbsp;: le r&ocirc;le de la royaut&eacute; dans l&rsquo;histoire de la Roumanie</span></span></b></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En d&eacute;cembre 1947, le roi Michel de Roumanie fut forc&eacute; d&rsquo;abdiquer et de quitter le pays. La tr&egrave;s courte p&eacute;riode o&ugrave; la Roumanie avait &eacute;t&eacute; royaume prit fin et la r&eacute;publique populaire s&rsquo;installa. Le changement de r&eacute;gime vint avec l&rsquo;effacement d&rsquo;une partie de l&rsquo;histoire encore r&eacute;cente, dans l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;effacer de la m&eacute;moire collective le r&ocirc;le de la royaut&eacute; dans au moins deux des plus importants moments du pass&eacute;&nbsp;: l&rsquo;ind&eacute;pendance et l&rsquo;union (celle qu&rsquo;on nomme &laquo;&nbsp;la grande union&nbsp;&raquo;). R&eacute;&eacute;crite, l&rsquo;histoire attribuait tous les m&eacute;rites au peuple vu comme masse amorphe mais pourvue de conscience sociale et politique (car les deux &eacute;v&egrave;nements avaient eu lieu avant l&rsquo;apparition du parti communiste et donc on ne pouvait quand m&ecirc;me pas lui rendre hommage pour ces r&eacute;alisations historiques, sic&nbsp;!). </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La deuxi&egrave;me moiti&eacute; du XIX&egrave;me si&egrave;cle fut tr&egrave;s riche en &eacute;v&egrave;nements pour les principaut&eacute;s roumains et le d&eacute;but du XX&egrave;me si&egrave;cle sembla continuer l&rsquo;effervescence de l&rsquo;&eacute;poque d&rsquo;avant. Cinq ans apr&egrave;s l&rsquo;union de deux des principaut&eacute;s roumains en 1859, sous le prince roumain Alexandru Ioan Cuza, la situation parut demander l&rsquo;alignement avec les grandes monarchies de l&rsquo;Europe et le prince Charles (de la maison de Hohenzollern) fut convaincu &agrave; prendre les responsabilit&eacute;s du tr&egrave;s nouvel &Eacute;tat roumain. Ce fut ce prince allemand qui mit en place la participation des Roumains &agrave; la guerre russo-turque, qui allait chasser les Turcs des Balkans, et toujours lui qui, par voie de cons&eacute;quence, demanda, apr&egrave;s la victoire des alli&eacute;s, que l&rsquo;ind&eacute;pendance de la Roumanie par rapport &agrave; l&rsquo;Empire Ottoman soit reconnue. Le prince allemand sera oint roi de la Roumanie en 1881, apr&egrave;s l&rsquo;Ind&eacute;pendance de 1877. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Apr&egrave;s la mort du roi Charles Ier, ce fut son neveu, Ferdinand qui lui suivit sur le tr&ocirc;ne. Hohenzollern lui-m&ecirc;me, Ferdinand d&eacute;cida l&rsquo;entr&eacute;e de la Roumaine dans la Premi&egrave;re Guerre Mondiale contre les puissances centrales, dont l&rsquo;Allemagne, geste qui pla&ccedil;a notre pays, &agrave; la fin, du c&ocirc;t&eacute; des vainqueurs. Seulement, &agrave; la Conf&eacute;rence de paix de 1919, la Roumanie ne jouissait pas d&rsquo;une position tr&egrave;s solide. On lui reprochait des tas de choses parmi lesquelles les h&eacute;sitations de 1918, alors que la Russie avait initi&eacute; un armistice avec les puissances centrales et que la Roumanie avait sign&eacute; un trait&eacute; de paix s&eacute;par&eacute; avec l&rsquo;Allemagne et l&rsquo;Empire Austro-Hongrois. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">C&rsquo;est le moment o&ugrave; la reine Marie prend les choses en main. D&rsquo;abord, elle d&eacute;termine le roi Ferdinand &agrave; ne pas signer le trait&eacute; de paix ratifi&eacute; par le Parlement (pour le promulguer), ensuite de quoi elle entreprend des d&eacute;marches diplomatiques exceptionnelles qui allaient aboutir &agrave; changer la perception de l&rsquo;Occident et des Etats-Unis sur la Roumanie. Sous le pr&eacute;texte d&rsquo;un voyage &agrave; Londres pour rendre visite &agrave; son fils Nicolae, la reine passe par Paris et y reste pour quelques jours. L&agrave;, elle r&eacute;ussit &agrave; voir non seulement le Pr&eacute;sident Poincar&eacute; et le premier ministre Cl&eacute;menceau, mais aussi, pour un court moment le Pr&eacute;sident Wilson des Etats-Unis. Pendant ces rencontres, elle propose &agrave; ces tr&egrave;s importantes figures politiques du moment une perspective aussi surprenante que s&eacute;duisante sur la Roumanie&nbsp;: son pays pourrait jouer, leur dit-elle, le r&ocirc;le de barri&egrave;re entre le pouvoir sovi&eacute;tique install&eacute; en Russie et le mouvement communiste de la Hongrie de B&eacute;la Kun. C&rsquo;est une id&eacute;e qui int&eacute;resse la France, les Etats-Unis et, en fait, tout l&rsquo;Occident d&eacute;mocratique. Avec la visite d&rsquo;apr&egrave;s que la reine fait &agrave; Londres, la Roumanie gagne le soutien n&eacute;cessaire pour mettre en &oelig;uvre son plan de r&eacute;int&eacute;gration dans les fronti&egrave;res nationales des r&eacute;gions traditionnellement habit&eacute;es par les Roumains, dans un mouvement qu&rsquo;on a fix&eacute; dans l&rsquo;histoire sous le nom de La Grande Union. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">S&rsquo;il n&rsquo;y avait que &ccedil;a et la royaut&eacute; aura fait &eacute;norm&eacute;ment pour la Roumanie&nbsp;: ind&eacute;pendance et union. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Mais, pour le r&eacute;gime communiste install&eacute; dans l&rsquo;imm&eacute;diat apr&egrave;s-guerre, cela n&rsquo;arrangeait pas les choses. La Roumanie devait devenir une r&eacute;publique (populaire, en plus&nbsp;!) et il fallait oublier son pass&eacute; de royaume. Les communistes, soutenus par Moscou, ont forc&eacute; le roi Michel hors du pays en 1947 et ont men&eacute; une activit&eacute; criminelle d&rsquo;effacement brutal et radical de cette partie, pas tr&egrave;s longue, mais exceptionnellement riche en &eacute;v&egrave;nements importants de la m&eacute;moire des gens quant &agrave; &nbsp;l&rsquo;histoire du pays. A l&rsquo;&eacute;cole, on enseignait une histoire de la Roumanie o&ugrave; toutes les grandes r&eacute;alisations des ann&eacute;es d&rsquo;apr&egrave;s Cuza et jusqu&rsquo;apr&egrave;s la guerre revenaient au peuple et o&ugrave; l&rsquo;on racontait en passant qu&rsquo;il y avait eu une malheureuse p&eacute;riode de notre histoire o&ugrave; des rois &eacute;trangers avaient pill&eacute; le pays. Pour ne rien risquer, les communistes ont mis &agrave; l&rsquo;index toute la litt&eacute;rature pouvant faire r&eacute;sister la m&eacute;moire des rois de la Roumanie. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Comme ceux qui auraient pu combattre cette pr&eacute;sentation de la r&eacute;alit&eacute; historique se trouvaient ou bien en prison, ou bien sous stricte observation des forces de r&eacute;pression du r&eacute;gime, la seule v&eacute;rit&eacute; &eacute;tait celle des livres d&rsquo;histoire. Peu &agrave; peu, l&rsquo;image des rois et reines du pays s&rsquo;effa&ccedil;ait et les grands actes de courage et de d&eacute;vouement dont ils avaient fait preuve ont &eacute;t&eacute; transf&eacute;r&eacute;s au peuple dans son ensemble. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Epuis&eacute;e par la guerre et par la sinistre obs&eacute;dante d&eacute;cennie (1950-1960), la g&eacute;n&eacute;ration qui avait v&eacute;cu toute cette p&eacute;riode s&rsquo;&eacute;teignit sans avoir la chance (et la folie&nbsp;!) de passer leur v&eacute;rit&eacute; &agrave; la g&eacute;n&eacute;ration suivante. Cette derni&egrave;re vivait d&eacute;j&agrave; dans une atmosph&egrave;re bien contr&ocirc;l&eacute;e par le r&eacute;gime et &eacute;tait coup&eacute;e de toute source d&rsquo;information alternative. Elle allait aboutir &agrave; la r&eacute;volution de 1989 avec la certitude que la royaut&eacute; n&rsquo;avait &eacute;t&eacute; qu&rsquo;un triste chapitre de l&rsquo;histoire du pays. La sortie de l&rsquo;ombre des &laquo;&nbsp;royalistes&nbsp;&raquo;, apr&egrave;s 1989 fut regard&eacute;e comme obsol&egrave;te et m&ecirc;me ridicule. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Mes commentaires&nbsp; ne sont nullement l&rsquo;expression d&rsquo;un parti pris en faveur de la royaut&eacute; (ou l&rsquo;expression d&rsquo;h&eacute;sitations quant &agrave; l&rsquo;actuelle forme de gouvernement &ndash; la r&eacute;publique parlementaire). Je ne fais que constater l&rsquo;influence sur la mentalit&eacute; d&rsquo;une pression introduite par la censure et exerc&eacute;e pendant presqu&rsquo;un demi-si&egrave;cle. </span></span></span></span></span></p> <h2 style="font-style:italic;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Mot de la fin</span></span></b></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Je tombe assez souvent, derni&egrave;rement, sur une sorte de d&eacute;finition de la culture que personne n&rsquo;explicite et sur laquelle la majorit&eacute; de ceux que j&rsquo;ai eu la curiosit&eacute; d&rsquo;interroger l&agrave;-dessus prouve qu&rsquo;ils se trouvent dans la confusion&nbsp;: &laquo;&nbsp;La culture est ce qui nous reste apr&egrave;s avoir tout oubli&eacute;&nbsp;&raquo;. Certes, l&rsquo;ambigu&iuml;t&eacute; du terme <i>culture</i> porte &agrave; ce genre de confusion&nbsp;: des &eacute;tudiants qui voudraient argumenter en faveur de l&rsquo;id&eacute;e que ce qu&rsquo;on leur fait apprendre serait inutile, car ils peuvent tout oublier et il leur resterait quand m&ecirc;me la culture&hellip; </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Nous autres, on sait bien que la d&eacute;finition &eacute;voqu&eacute;e se r&eacute;f&egrave;re au sens anthropologique de <i>la culture</i> et que, fatalement, ce sens renvoie &agrave; la mentalit&eacute;. Je l&rsquo;ai d&eacute;j&agrave; dit, la mentalit&eacute; a une inertie extraordinaire, elle r&eacute;siste au passage du temps et c&rsquo;est justement ce qui se trouve &agrave; ce niveau qui reste m&ecirc;me apr&egrave;s avoir tout oubli&eacute;. Il n&rsquo;y a pas de force connue capable de faire dispara&icirc;tre une mentalit&eacute; en peu de temps. On peut agir sur le comportement pour le faire changer du jour au lendemain (comme dans le cas des Afghans, &eacute;voqu&eacute; ci-dessus), mais c&rsquo;est loin d&rsquo;&ecirc;tre la m&ecirc;me chose. Le comportement peut &ecirc;tre contr&ocirc;l&eacute; rationnellement, alors que la mentalit&eacute; s&rsquo;&eacute;chappe &agrave; tout control de l&rsquo;individu et donc elle ne change qu&rsquo;&agrave; distance dans le temps. Les deux &ndash; comportement et mentalit&eacute; &ndash; sont quand m&ecirc;me en relation. Maintenir un comportement pour deux g&eacute;n&eacute;rations (ou presque) peut entra&icirc;ner le changement de la mentalit&eacute; (qui va transpara&icirc;tre dans l&rsquo;autocensure que chaque individu s&rsquo;impose tout naturellement). D&rsquo;autre part, changer de comportement ne veut pas dire qu&rsquo;on a chang&eacute; de mentalit&eacute; et si cela dure moins de deux g&eacute;n&eacute;rations, la mentalit&eacute; prend le dessus et, d&egrave;s qu&rsquo;on abandonne le comportement en question, elle fait rena&icirc;tre les comportements d&rsquo;avant. Seules les dictatures (o&ugrave; la relation de pouvoir se caract&eacute;rise par la propri&eacute;t&eacute; appel&eacute;e connexit&eacute;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[8]</span></span></span></span></span></a>) qui durent r&eacute;ussissent &agrave; maintenir une censure stricte sur certains comportements et, par voie de cons&eacute;quence, &agrave; changer la mentalit&eacute; des peuples au cours de cinquante ans ou plus. </span></span></span></span></span></p> <p align="center" style="text-align:center; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Bibliographie</span></span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span lang="RO" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Gladwell, Malcolm, <i>Blink</i>. <i>The power of thinking without thinking</i>, Back Bay Books, Little, Brown and Company, N.Y., Boston, 2005</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span lang="RO" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Sorescu, Roxana, &bdquo;Un autoportret, mai multe identități: Andrei Scrima&rdquo;, in <i>Viata rom&acirc;nească</i>, nr. 8; 9/ 2017 (Bucarest). </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Sperber, Dan, &bdquo;How do we communicate&rdquo;, in John Brockman &amp; Katinka Matson (eds) How things are: A science toolkit for the mind. New York: Morrow, 1995, pp. 191-199. </span></span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Stoica, Dan S., &laquo;&nbsp;Mind formatting institutions&nbsp;&raquo; in <i><span style="color:#333333">TrajEthos</span></i><span style="color:#333333">, 4(1), 2015, pp. 91-109, &agrave; lire &agrave; l&rsquo;adresse </span></span></span><a href="http://www.dstoica.ro" style="color:blue; text-decoration:underline"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">www.dstoica.ro</span></span></a><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:#333333">.&nbsp; </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Zarcate, Catherine, &laquo;&nbsp;Discussion sur la communication de Jean-Noel Pelen - Du conte traditionnel au n&eacute;ocontage. Etapes d&#39;une &eacute;volution&nbsp;&raquo;, in <i>Le Renouveau du conte,</i> sous la direction de Genevi&egrave;ve Calame-Griaule, CNRS Editions, Paris, 2001, pp. 138-139</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Bock-C&ocirc;t&eacute;, Mathieu, &laquo; Afghanistan, la fin d&rsquo;une grande illusion&raquo;, <i>Figaro Vox</i>, le 21 ao&ucirc;t 2021</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px">&nbsp;</p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="EN-US" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[1]</span></span></span></span></span></span></a> <span new="" roman="" style="font-family:" times="">Il faut consid&eacute;rer qu&#39;une situation de communication doit &ecirc;tre comprise comme l&#39;occurrence d&#39;une pratique sociale. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="EN-US" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[2]</span></span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Voir &agrave; ce propos&nbsp;: Dan S. Stoica, &laquo;&nbsp;Mind formatting institutions&nbsp;&raquo; in <i><span style="color:#333333">TrajEthos</span></i><span style="color:#333333">, 4(1), 2015, pp. 91-109, &agrave; lire &agrave; l&rsquo;adresse </span></span><a href="http://www.dstoica.ro" style="color:blue; text-decoration:underline"><span lang="FR" new="" roman="" style="font-family:" times="">www.dstoica.ro</span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:#333333">. </span></span>&nbsp;</span></span></p> </div> <div id="ftn3"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="EN-US" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[3]</span></span></span></span></span></span></a><span lang="EN-US" new="" roman="" style="font-family:" times=""> Dan Sperber, <i>How do we communicate?</i>, &agrave; l&rsquo;adresse: </span><a href="http://www.dan.sperber.fr" style="color:blue; text-decoration:underline"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">www.dan.sperber.fr</span></a> </span></span></p> </div> <div id="ftn4"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="EN-US" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[4]</span></span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Mathieu Bock-C&ocirc;t&eacute;: &laquo;Afghanistan, la fin d&rsquo;une grande illusion&raquo;, <i>Figaro Vox</i>, le 21 ao&ucirc;t 2021. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn5"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="EN-US" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[5]</span></span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Sorescu, Roxana, &bdquo;Un autoportret, mai multe identități: Andrei Scrima&rdquo;, in Viata rom&acirc;nească, nr. 8; 9/ 2017. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn6"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="EN-US" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[6]</span></span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> A ce sujet, ce que j&rsquo;ai trouv&eacute; de mieux comme histoire sur Internet est &agrave; lire &agrave; l&rsquo;adresse: </span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mo%C8%99_Geril%C4%83" style="color:blue; text-decoration:underline"><span lang="FR" new="" roman="" style="font-family:" times="">https://fr.wikipedia.org/wiki/Mo%C8%99_Geril%C4%83</span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times="">. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn7"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="EN-US" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[7]</span></span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> En voici un exemple: &quot; Des juifs racontent qu&#39;a une certaine &eacute;poque, quand ils avaient un certain probl&egrave;me dans le peuple, il y avait un certain rabbi qui partait dans une certaine for&ecirc;t, qu&#39;il connaissait tr&egrave;s bien, il s&#39;arr&ecirc;tait dans un endroit de la for&ecirc;t, et dans cet endroit-l&agrave; il ramassait un certain nombre de bois tr&egrave;s particuliers, il faisait un feu &agrave; une certaine heure tr&egrave;s particuli&egrave;re, et puis il disait une pri&egrave;re tr&egrave;s particuli&egrave;re, et quand il avait fait &ccedil;a et les rites qui allaient autour, le peuple cessait d&#39;avoir des probl&egrave;mes. &Agrave; la g&eacute;n&eacute;ration suivante, on ne savait plus tr&egrave;s bien quel bois, mais on savait encore quel endroit de la for&ecirc;t, on savait encore quels rites et quelle pri&egrave;re il fallait dire. Pourtant, le rabbi l&#39;a fait et les probl&egrave;mes du peuple sont pass&eacute;s. &Agrave; la g&eacute;n&eacute;ration suivante, le rabbi ne savait plus non plus l&#39;endroit de la for&ecirc;t o&ugrave; il fallait aller, alors il allait un peu n&#39;importe o&ugrave;, il ne savait plus le bois, mais il faisait quand m&ecirc;me une pri&egrave;re avec n&#39;importe quel bois et &ccedil;a marchait. Les probl&egrave;mes du peuple passaient. &Agrave; la g&eacute;n&eacute;ration d&#39;apr&egrave;s, ils ne savaient m&ecirc;me plus dans quel endroit de la for&ecirc;t aller, ils ne savaient plus quel bois utiliser, ils ne savaient plus comment faire le feu, ils ne savaient plus quelle pri&egrave;re dire, ils allaient simplement dans la for&ecirc;t, ils faisaient un petit quelque chose, et il parait que &ccedil;a suffisait. Et &agrave; la g&eacute;n&eacute;ration suivante, ils ne savaient plus rien, la seule chose qu&#39;ils savaient c&#39;est raconter cette histoire, et il parait que &ccedil;a suffisait.&quot; </span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">( Catherine Zarcate, &laquo;&nbsp;Discussion sur la communication de Jean-Noel Pelen - Du conte traditionnel au n&eacute;ocontage. Etapes d&#39;une &eacute;volution&nbsp;&raquo;, in <i>Le Renouveau du conte,</i> sous la direction de Genevi&egrave;ve Calame-Griaule, CNRS Editions, Paris, 2001, pp. 138-139) . </span></span></span></p> </div> <div id="ftn8"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="EN-US" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[8]</span></span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Cf. aussi Constantin </span><span lang="RO" new="" roman="" style="font-family:" times="">Sălăvăstru, <i>Discursul puterii</i> (Le discours du pouvoir), Iași, Institutul European, 1999</span><span new="" roman="" style="font-family:" times="">. </span></span></span></p> </div> </div>