<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;articulation de la langue et du politique peut prendre des voies surprenantes. Lors d&rsquo;entretiens dans le cadre d&rsquo;un travail sur le rapport subjectif aux langues<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span class="Ancredenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span class="Ancredenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">[1]</span></span></span></span></span></a>, un des informateurs &ndash; nous l&rsquo;appellerons Michel &ndash; &eacute;tablit un lien direct entre son d&eacute;sir d&rsquo;apprendre une langue et l&rsquo;&Eacute;tat auquel il l&rsquo;associe. Tout d&rsquo;abord prudemment, puis par une argumentation construite, Michel explique son manque de d&eacute;sir d&rsquo;h&eacute;breu par sa relation avec Isra&euml;l. Si d&rsquo;autres moments de son discours t&eacute;moignent d&rsquo;une association entre langue et &Eacute;tat, celle-ci est d&rsquo;autant plus int&eacute;ressante que la relation sur laquelle elle repose se construit aussi &agrave; partir d&rsquo;une langue, le yiddish. Langue mill&eacute;naire, fusionnant des &eacute;l&eacute;ments germaniques, slaves, s&eacute;mitiques et romans, le yiddish a surtout &eacute;t&eacute; parl&eacute; par les Ashk&eacute;nazes, les Juifs d&rsquo;Europe centrale et orientale. On lui attribue aujourd&rsquo;hui environ un million de locuteurs, principalement des orthodoxes vivant en Isra&euml;l et en Am&eacute;rique du Nord.</span></span></span></span></span></p>