<h1 class="PreformattedText" style="text-align: center;"><strong>Le nationalisme bretons face &agrave; ses fant&ocirc;mes</strong></h1> <p class="PreformattedText" style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p class="PreformattedText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span garamond="" style="font-family:">S&eacute;bastien Carney est ma&icirc;tre de conf&eacute;rences en histoire contemporaine &agrave; l&rsquo;universit&eacute; de Bretagne Occidentale. Ses derniers articles publi&eacute;s&nbsp;: <i>Arm&eacute;e r&eacute;publicaine bretonne et Arm&eacute;e r&eacute;volutionnaire bretonne&nbsp;: de l&rsquo;ARB &agrave; l&rsquo;ARB (1966-2000)</i>, dans Jean-No&euml;l Grandhomme, Jean Lamarre et Fran&ccedil;ois Audigier (dir.),&nbsp;<i>Identit&eacute;s nationales et identit&eacute;s r&eacute;gionales dans l&rsquo;espace de la francophonie europ&eacute;enne et nord-am&eacute;ricaine des ann&eacute;es 1960 &agrave; nos jours</i>, Laval, PUL, 2022, p. 43-63&nbsp;; Comment peut-on &ecirc;tre Celte&nbsp;?&nbsp;<i>Breiz Atao</i>&nbsp;et la r&eacute;g&eacute;n&eacute;ration des Bretons (1914-1944), dans Manon Six (dir.),&nbsp;<i>Celtique&nbsp;? La Bretagne et son h&eacute;ritage celtique</i>, Ch&acirc;teaulin, Locus Solus, 2022, p. 126-135&nbsp;; <i>Le roman national des nationalistes bretons (1921-aujourd&rsquo;hui)</i>,&nbsp;<i>M&eacute;moires de la Soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;histoire et d&rsquo;arch&eacute;ologie de Bretagne</i>, tome C, volume II, 2022, p. 513-537. </span></span></p> <p class="PreformattedText" style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&laquo; R&eacute;surrection &raquo; est une carte postale de propagande &eacute;dit&eacute;e en 1922 par <i>Breiz Atao </i>(Bretagne toujours), organe du Groupe r&eacute;gionaliste breton fond&eacute; en 1918, qui deviendra l&rsquo;Union de la Jeunesse de Bretagne, puis Parti autonomiste breton (1927), et enfin Parti national breton (1931). Imagin&eacute;e par Olier Mordrel, un des t&eacute;nors de l&rsquo;&eacute;quipe, la carte repr&eacute;sente un Breton conforme aux st&eacute;r&eacute;otypes du si&egrave;cle pr&eacute;c&eacute;dent : cheveux longs, sabots de bois, costume traditionnel. Le personnage surgit d&rsquo;une s&eacute;pulture sur laquelle on lit : &laquo;&nbsp;<i>Ama eo beziet Breiz&nbsp;</i>&raquo;, ci-g&icirc;t la Bretagne. Un pied encore dans la tombe, il signale aux militants une t&acirc;che inachev&eacute;e : le rel&egrave;vement de la Bretagne. Inscrite dans l&rsquo;air du temps de ces ann&eacute;es 1920 marqu&eacute;es par le retour constant des morts, cette carte eut la faveur des nationalistes bretons, agissant sur eux comme un miroir. Car, contrairement aux apparences, ce n&rsquo;est pas un revenant que montre &laquo; R&eacute;surrection &raquo;, mais le fantasme d&rsquo;un Breton r&eacute;g&eacute;n&eacute;r&eacute;, d&rsquo;un homme nouveau, riche des caract&egrave;res des anc&ecirc;tres disparus. &Agrave; elle seule, l&rsquo;image r&eacute;sume toute l&rsquo;histoire du mouvement nationaliste breton du d&eacute;but du <span style="font-variant:small-caps">xx</span><sup>e</sup> si&egrave;cle, qui est une histoire de spectres. En Bretagne, depuis la Grande Guerre, la presse militante, mais &eacute;galement divers producteurs de m&eacute;moire sont sujets &agrave; des &laquo; apparitions &raquo;. Le mouvement breton est hant&eacute; par des fant&ocirc;mes, des spectres qui, on le verra, r&eacute;sultent de la conscience qu&rsquo;ont les militants nationalistes de la tension existant entre ce qu&rsquo;ils sont eux-m&ecirc;mes et ce qu&rsquo;ils ne sont pas. On retiendra quatre de ces militants, qui sont les principaux meneurs du mouvement<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[1]</span></span></span></span></span></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le premier<b> </b>est<b> </b>Olier Mordrel.</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> N&eacute; &agrave; Paris en 1901, ce fils d&rsquo;un officier de l&rsquo;arm&eacute;e coloniale se lance dans des &eacute;tudes&nbsp;d&rsquo;architecture. Il a &agrave; peine 20 ans lorsqu&rsquo;il rejoint la maigre &eacute;quipe r&eacute;unie autour de <i>Breiz Atao</i>, dont il devient vite l&rsquo;un des piliers. Pol&eacute;miste avide d&rsquo;exp&eacute;riences politiques, aussi brillant que sujet &agrave; un fort complexe de sup&eacute;riorit&eacute;, il fonde en 1934 la revue <i>Stur</i> (Gouvernail, en breton), o&ugrave; il laisse libre cours &agrave; son attirance pour l&rsquo;Allemagne nazie. Engag&eacute; dans la collaboration avec l&rsquo;occupant pendant la Seconde Guerre mondiale, il parviendra &agrave; fuir l&rsquo;Europe et se r&eacute;fugier en Argentine pour &eacute;viter la peine de mort, avant de revenir passer ses derni&egrave;res ann&eacute;es de militantisme en Bretagne, o&ugrave; il meurt en 1985.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Raymond Delaporte est un tout autre homme. N&eacute; en 1907, il est le fils a&icirc;n&eacute; d&rsquo;un avou&eacute; de Ch&acirc;teaulin, d&rsquo;un p&egrave;re &eacute;rudit et ombrageux qui compense mal la disparition pr&eacute;matur&eacute;e de son &eacute;pouse d&eacute;c&eacute;d&eacute;e apr&egrave;s son troisi&egrave;me accouchement. &Eacute;lev&eacute; dans la foi catholique, Delaporte est un homme s&eacute;rieux, assez casanier, dot&eacute; d&rsquo;un grand sens de l&rsquo;organisation qu&rsquo;il met moins &agrave; profit dans ses &eacute;tudes de Droit que dans son acharnement &agrave; faire enseigner la langue bretonne dans les &eacute;coles libres. En conflit avec Mordrel, il remplace ce dernier &agrave; la t&ecirc;te du PNB en d&eacute;cembre 1940 et dirige d&egrave;s lors un parti collaborationniste, ce qui lui vaut de fuir en Irlande pour &eacute;chapper &agrave; l&rsquo;&eacute;puration. Il consacre ses derni&egrave;res ann&eacute;es &agrave; la langue bretonne, et meurt en 1990.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">N&eacute; en 1908 et &eacute;lev&eacute; &agrave; Brest, C&eacute;lestin Lain&eacute; est fils de marin et se destine lui aussi &agrave; la Marine Nationale. Sa vocation est contrari&eacute;e par une fi&egrave;vre typho&iuml;de qui emporte sa m&egrave;re, au moment o&ugrave; il rejoint <i>Breiz Atao</i>. Diplom&eacute; de l&rsquo;&Eacute;cole Centrale, il met ses talents d&rsquo;ing&eacute;nieur chimiste au service de l&rsquo;action violente clandestine au sein de soci&eacute;t&eacute;s secr&egrave;tes et de groupes paramilitaires, tout en &eacute;laborant une &laquo;&nbsp;foi celtique&nbsp;&raquo; pa&iuml;enne et raciste largement inspir&eacute;e de ses &eacute;changes avec les milieux <i>v&ouml;lkisch</i> allemands. Pr&eacute;tendant fonder une arm&eacute;e bretonne, il met une petite troupe d&rsquo;hommes au service de l&rsquo;occupant en 1943, ce qui l&rsquo;oblige, pour &eacute;viter la peine capitale, &agrave; se cacher en Allemagne puis en Irlande, apr&egrave;s la Lib&eacute;ration. L&agrave;, il s&rsquo;engage dans des r&eacute;flexions philosophiques et ruminera les exp&eacute;riences de ses quarante premi&egrave;res ann&eacute;es jusqu&rsquo;&agrave; la fin de ses jours, survenue en 1983.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Yann Fou&eacute;r&eacute; est le plus jeune, et c&rsquo;est lui qui v&eacute;cut le plus vieux.</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;N&eacute; en 1910, ce fils d&rsquo;inspecteur des finances &eacute;volue dans la jeune bourgeoisie de son temps. Brillant mais r&ecirc;veur, s&eacute;ducteur, opportuniste, il fait des &eacute;tudes de Sciences politiques et de Droit, qui lui permettent d&rsquo;obtenir un emploi au Minist&egrave;re de l&rsquo;Int&eacute;rieur. Homme de r&eacute;seaux, Fou&eacute;r&eacute; &oelig;uvre pour l&rsquo;enseignement du breton dans les &eacute;coles la&iuml;ques, et ne cache pas son ambition r&eacute;gionale. Jeune patron de presse pendant la Seconde Guerre mondiale, il envisage un statut original pour la Bretagne dont il se voit volontiers gouverneur. Il fuit son proc&egrave;s en 1946 et trouve refuge en Irlande. Acquitt&eacute; en 1955, il se remet publiquement &agrave; l&rsquo;action bretonne, qu&rsquo;il n&rsquo;abandonnera jamais, jusqu&rsquo;&agrave; sa mort en 2011.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">R&eacute;unis dans l&rsquo;action bretonne, ces hommes partagent un point commun essentiel&nbsp;: ils sont hant&eacute;s par des fant&ocirc;mes. Ces fant&ocirc;mes sont l&rsquo;insupportable souvenir d&rsquo;une Premi&egrave;re Guerre mondiale que ces jeunes n&rsquo;ont pas faite, souvenir qui se traduit par leur engagement en politique. Mais ils sont eux-m&ecirc;mes devenus des fant&ocirc;mes, ceux de l&rsquo;impossible oubli d&rsquo;une Seconde guerre qu&rsquo;ils ont men&eacute;e.</span></span></span></span></span></p> <h1 style="text-align: justify; margin-bottom: 13px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les spectres de la g&eacute;n&eacute;ration inutile</span></span></b></span></span></span></h1> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Pour bien comprendre ce que fut le nationalisme breton du d&eacute;but du <span style="font-variant:small-caps">xx</span><sup>e</sup> si&egrave;cle, il faut l&#39;envisager en termes de g&eacute;n&eacute;ration, c&rsquo;est-&agrave;-dire en tant que classe d&#39;&acirc;ge ayant &eacute;t&eacute; durablement marqu&eacute;e par un &eacute;v&eacute;nement</span></span><a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:">[2]</span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">. Nombre de jeunes n&eacute;s entre 1900 et 1910 constituent ce que l&#39;on a appel&eacute; la &laquo;&nbsp;g&eacute;n&eacute;ration sans sourire</span></span><a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:">[3]</span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;&raquo;, aussi appel&eacute;e en Allemagne g&eacute;n&eacute;ration superflue, ou inutile</span></span><a href="#_ftn4" name="_ftnref4" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:">[4]</span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les gens de la g&eacute;n&eacute;ration sans sourire &eacute;taient enfants ou adolescents pendant la Grande Guerre. Mobilis&eacute;s par l&rsquo;enseignement, la lecture, la pri&egrave;re, les jouets dans la croisade de la civilisation contre la barbarie, habitu&eacute;s &agrave; la violence, ces jeunes gens ont &eacute;t&eacute; tr&egrave;s t&ocirc;t marqu&eacute;s par la politique</span></span><a href="#_ftn5" name="_ftnref5" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:">[5]</span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">. Enfant, Mordrel a dessin&eacute; la guerre, et notamment<span style="color:black"> la violence et ses effets sur les esprits et sur les corps&nbsp;: par exemple les ruines de l&#39;&eacute;glise de Cl&eacute;zentaine en Lorraine, m&eacute;taphore de la barbarie ennemie telle qu&#39;elle appara&icirc;t dans la presse, ou encore des soldats mal ras&eacute;s, bless&eacute;s parfois, qui portent leurs yeux exorbit&eacute;s sur un monde qui leur est d&eacute;sormais &eacute;tranger. D&#39;un coup de crayon &eacute;tonnamment pertinent et juste, le jeune gar&ccedil;on parvient &agrave; donner une vision du trauma de guerre. Mordrel lit la presse, par laquelle il est &eacute;difi&eacute; sur la raciologie de son temps et il int&egrave;gre le discours qui justifie l&#39;&eacute;radication d&#39;un ennemi d&eacute;shumanis&eacute;. &Agrave; l&#39;&eacute;cole, il consacre une pleine page &agrave; la mise en situation du casque &agrave; pointe, fatalement li&eacute; au profil et &agrave; la taille du cr&acirc;ne. Celui-ci est surmont&eacute; de caricatures de soldats allemands au visage animal &eacute;voquant tant&ocirc;t un rat, un nuisible, tant&ocirc;t un porc, la salet&eacute;. De son c&ocirc;t&eacute;, Raymond Delaporte dessine aussi&nbsp;: par exemple l&#39;&eacute;bauche de la une d&#39;un journal, incluant les colonnes blanches dues &agrave; la censure, autre forme de violence politique.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Cette g&eacute;n&eacute;ration est d&#39;autant plus grave qu&#39;elle comprend vite que c&#39;est pour lui offrir un monde meilleur que l&#39;on se bat. Comment, dans ces conditions, ne pas concevoir un sentiment de culpabilit&eacute;&nbsp;? Si les p&egrave;res se battent pour leurs enfants, ceux-ci doivent se montrer dignes de leur sacrifice. Devenus responsables d&#39;une guerre faite pour eux, les fils de h&eacute;ros doivent eux-m&ecirc;mes vivre en h&eacute;ros et assumer la &laquo;&nbsp;dette de sang</span></span></span><a href="#_ftn6" name="_ftnref6" title=""><span class="Appelnotedebasdep2" style="vertical-align:super"><span class="Appelnotedebasdep2" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:">[6]</span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&nbsp;&raquo; de leurs a&icirc;n&eacute;s.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">De fait, &eacute;duqu&eacute;s et instruits dans la perspective de leur </span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">propre sacrifice, ils &eacute;taient promis &agrave; la guerre. Mais l&rsquo;armistice a mis un terme &agrave; ce qui fut leur seul horizon pendant plus de quatre ans. Arriv&eacute;s trop tard pour se battre, ces jeunes &eacute;prouvent le manque de ne pas avoir combattu, d&rsquo;autant plus que le champ de bataille est per&ccedil;u comme un lieu d&rsquo;initiation qui participe d&rsquo;un mythe de la guerre,<span style="color:black"> dont on croit qu&rsquo;elle fut une aventure transformant les corps et les &acirc;mes</span></span></span><a href="#_ftn7" name="_ftnref7" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:">[7]</span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">. </span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Mordrel le premier, &agrave; qui son p&egrave;re r&eacute;p&egrave;te que c&rsquo;est au feu que les gens r&eacute;v&egrave;lent leur vraie personnalit&eacute;. <span style="color:black">&laquo;&nbsp;N&#39;avoir pas fait la guerre &eacute;tait une inf&eacute;riorit&eacute; fortement ressentie</span></span></span><a href="#_ftn8" name="_ftnref8" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">[8]</span></span></span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&nbsp;&raquo;, se souviendra Bertrand de Jouvenel. </span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Aussi, en 1918, le d&eacute;sarroi de certains fut complet. C&eacute;lestin Lain&eacute; se souvient de son &eacute;tat d&rsquo;esprit &agrave; l&rsquo;annonce de l&rsquo;armistice :</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Qu&rsquo;allait-on pouvoir faire d&eacute;sormais si la Grandeur de la Patrie, l&rsquo;H&eacute;ro&iuml;sme et toutes les Vertus qui nous avaient men&eacute;s &agrave; la Victoire venaient &agrave; se d&eacute;moder ? &Agrave; quoi allait servir la Justice si l&rsquo;on ne pouvait plus combattre l&rsquo;Injustice ? &Agrave; quoi pourrait-on s&rsquo;occuper ? Faire du sport ? C&rsquo;est bien fade ! Dire des pri&egrave;res ? C&rsquo;est peu mouvement&eacute; ! Travailler ? Sans doute, mais <u>pour</u>quoi ? [&hellip;] L&rsquo;aviation ne me tentait pas ; il m&rsquo;e&ucirc;t fallu bien davantage ; au moins un voyage &agrave; la lune ou &agrave; la plan&egrave;te mars</span><a href="#_ftn9" name="_ftnref9" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:">[9]</span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times="">.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Condamn&eacute;s &agrave; &ecirc;tre des &laquo; puceaux de l&rsquo;horreur</span></span><a href="#_ftn10" name="_ftnref10" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[10]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> &raquo;, priv&eacute;s de l&rsquo;exp&eacute;rience unique de la d&eacute;couverte de la fronti&egrave;re qui s&eacute;pare les hommes des surhommes, c&#39;est-&agrave;-dire de leurs p&egrave;res &agrave; qui il est d&eacute;sormais impossible de s&#39;identifier, ces jeunes de la g&eacute;n&eacute;ration superflue sont sujets &agrave; ce que, faisant mienne une expression de Dominique Fernandez, j&#39;appelle le complexe de Mars</span></span><a href="#_ftn11" name="_ftnref11" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[11]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;: un d&eacute;ficit d&#39;h&eacute;ro&iuml;sme guerrier, doubl&eacute; ici d&#39;une culpabilit&eacute; de n&#39;avoir pas honor&eacute; sa dette de sang, qui pousse des jeunes &agrave; explorer leur propre personnalit&eacute; potentielle dans des exp&eacute;riences cathartiques et bouleversantes, une aventure qu&#39;ils trouvent dans le combat arm&eacute;, le sport de vitesse, l&#39;alpinisme, la politique &ndash; militantisme, fascisme. Les derni&egrave;res ann&eacute;es de guerre marquent de fait une rupture entre la g&eacute;n&eacute;ration du feu &ndash; les combattants &ndash; et celle de la guerre &ndash; leurs fils &ndash; dont certains refusent une victoire d&#39;autant plus lourde &agrave; assumer qu&#39;ils n&#39;ont pu y contribuer.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ce n&#39;est donc pas un hasard si c&#39;est en septembre 1918, dans les parages de l&#39;Action fran&ccedil;aise, qu&#39;est cr&eacute;&eacute; le Groupe r&eacute;gionaliste breton, qui aura bient&ocirc;t son organe, <i>Breiz Atao&nbsp;! </i>(Bretagne toujours). On y trouve de jeunes &eacute;tudiants, ainsi que des anciens combattants &agrave; peine plus &acirc;g&eacute;s et dont on recherche la compagnie. Morvan Marchal<b> </b>est &eacute;tudiant en architecture, il fr&eacute;quente la revue <i>La Glorieuse Bretagne des arm&eacute;es</i>&nbsp;; dans ses m&eacute;moires, Mordrel raconte les frissons qui le parcourent &agrave; entendre l<span style="color:black">es r&eacute;cits des anciens combattants du groupe, il prend bient&ocirc;t le pseudonyme d&#39;<i>Er Gedour</i>, le veilleur, inspir&eacute; du titre d&#39;un po&egrave;me &eacute;voquant le tour de garde d&#39;un soldat dans la tranch&eacute;e, &eacute;crit par de Yann-Ber Calloc&#39;h, lui-m&ecirc;me mort &agrave; la guerre. D&egrave;s son troisi&egrave;me article Mordrel fait l&#39;&eacute;loge de &laquo;&nbsp;la guerre, noble et implacable, d&#39;homme &agrave; homme&nbsp;&raquo;, o&ugrave; se reconnaissent &laquo;&nbsp;les fr&egrave;res d&#39;une m&ecirc;me race pour qui la guerre est un devoir et une n&eacute;cessit&eacute;, qui se tutoient avant le combat, s&#39;embrassent</span></span></span><a href="#_ftn12" name="_ftnref12" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="color:black"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">[12]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">...&nbsp;&raquo;. Ce n&#39;est enfin pas un hasard si Yann Fou&eacute;r&eacute; fera ses premiers pas d&#39;homme public dans le mouvement breton en m&ecirc;me temps qu&#39;&agrave; l&#39;Union F&eacute;d&eacute;rale des Anciens Combattants, o&ugrave; il sera commissaire g&eacute;n&eacute;ral des jeunes.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">De plus, pour tous, la Bretagne est une <i>terra incognita</i>. Elle est non seulement une d&eacute;couverte, mais aussi une aventure teint&eacute;e d&#39;exotisme&nbsp;: on y parle une autre langue, on y porte des costumes &eacute;tranges, on y d&eacute;couvre une pauvret&eacute; qui &eacute;tonne. En 1918, Mordrel la traverse en v&eacute;lo et y d&eacute;couvre d&#39;authentiques indig&egrave;nes dont peut se satisfaire l&#39;aventurier des temps modernes qu&#39;il incarne alors. Bretagne, aventure, guerre par procuration, tout se m&eacute;lange &agrave; la faveur de r&eacute;unions bien arros&eacute;es o&ugrave; l&#39;on imagine des exp&eacute;ditions plus ou moins l&eacute;gales &laquo;&nbsp;dans une atmosph&egrave;re qui tenait &agrave; la fois du repaire de r&eacute;volutionnaire, du corps de garde de commando et de la salle de r&eacute;p&eacute;tition d&#39;un cercle celtique</span></span></span><a href="#_ftn13" name="_ftnref13" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="color:black"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">[13]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&nbsp;&raquo;. </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Cependant, la chaude ambiance de ces quelques soir&eacute;es ne doit pas masquer la r&eacute;alit&eacute; de ce qui se joue&nbsp;: au sortir de la Grande Guerre, le champ du sensible de ces jeunes gens, structur&eacute; selon les deux axes que sont h&eacute;ro&iuml;sme et victimisation, est en d&eacute;s&eacute;quilibre</span></span></span><a href="#_ftn14" name="_ftnref14" title=""><span class="Appelnotedebasdep2" style="vertical-align:super"><span class="Appelnotedebasdep2" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:">[14]</span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">. Satur&eacute;s d&#39;h&eacute;ro&iuml;sme, ils se font victimes. Cette victimisation les fait passer de l&#39;exp&eacute;rience perdue de la guerre &agrave; l&#39;exp&eacute;rience de la guerre perdue.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a name="sdfootnote6anc"></a><a name="sdfootnote7anc"></a></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Sur 20 ans de parution, dans presque la moiti&eacute; de ses livraisons, <i>Breiz Atao</i> &eacute;voque l&#39;imp&ocirc;t du sang, ou les 240.000 Bretons tomb&eacute;s pendant la Grande Guerre</span></span></span><a href="#_ftn15" name="_ftnref15" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="color:black"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">[15]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">. La revue est v&eacute;ritablement hant&eacute;e par le souvenir de ces morts qui semble d&#39;abord &ecirc;tre le rappel d&#39;une dette contract&eacute;e par une France injuste envers des Bretons dont elle se serait honteusement servie, sans donner en retour &agrave; la Bretagne les faveurs pour lesquels les Bretons s&#39;&eacute;taient si bien battus dans les tranch&eacute;es, par exemple l&#39;enseignement de la langue bretonne. Mais, tr&egrave;s vite, les militants de <i>Breiz Atao</i> se plient &agrave; l&#39;&eacute;vidence&nbsp;: ces 240.000 soldats ne sont pas tomb&eacute;s pour la Bretagne mais bel et bien pour la France. <i>Breiz Atao</i> &eacute;voque alors les &laquo;&nbsp;240.000 fils qui, au lieu de pourrir dans les barbel&eacute;s de l&rsquo;Est auraient mieux fait de prendre exemple sur l&rsquo;activit&eacute; d&eacute;ploy&eacute;e par les Volontaires en Irlande</span></span></span><a href="#_ftn16" name="_ftnref16" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="color:black"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">[16]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&nbsp;&raquo;. De l&agrave; jaillit un constat aussi simple qu&#39;insoutenable&nbsp;: la guerre a &laquo;&nbsp;d&eacute;bretonnis&eacute;&nbsp;&raquo;, francis&eacute; le pays, les Bretons sont devenus Fran&ccedil;ais, ils ont donc d&eacute;g&eacute;n&eacute;r&eacute;, ce que les 240.000 spectres viennent rappeler aux vivants. <i>Breiz Atao</i> constate l&rsquo;introduction en Bretagne de &laquo;&nbsp;l&rsquo;esprit parisien&nbsp;&raquo;, des &laquo;&nbsp;m&oelig;urs d&rsquo;Apache&nbsp;&raquo;, du &laquo;&nbsp;syst&egrave;me D&nbsp;&raquo; assimil&eacute; &agrave; &laquo;&nbsp;certaines habitudes d&rsquo;immoralit&eacute;&nbsp;&raquo;</span></span></span><a href="#_ftn17" name="_ftnref17" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="color:black"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">[17]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">. Mordrel affirme&nbsp;: &laquo;&nbsp;Tous ceux qui ont connu la Bretagne en 1912 ou 13, ont eu toutes les peines du monde &agrave; la reconna&icirc;tre en 1920 ou 22. Dix ann&eacute;es de guerre et d&rsquo;apr&egrave;s-guerre avaient plus d&eacute;truit, d&eacute;figur&eacute;, souill&eacute; son noble visage que cent ans de r&eacute;gime monarchique, imp&eacute;rial et r&eacute;publicain</span></span></span><a href="#_ftn18" name="_ftnref18" title=""><sup><sup><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:">[18]</span></span></span></sup></sup></a><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">. &raquo; On pourrait percevoir ici ce que la psychanalyse appelle la &laquo;&nbsp;projection</span></span></span><a href="#_ftn19" name="_ftnref19" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:">[19]</span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&nbsp;&raquo;&nbsp;: une d&eacute;localisation d&#39;un &eacute;l&eacute;ment de la conflictualit&eacute; interne qui permet de percevoir chez les autres ce que le sujet ne peut reconna&icirc;tre en lui-m&ecirc;me, autrement dit un refoulement vers l&#39;ext&eacute;rieur&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ce n&#39;est pas moi, c&#39;est l&#39;autre&nbsp;&raquo; &ndash; ce n&#39;est pas moi qui suis un h&eacute;ros manqu&eacute;, c&#39;est l&#39;autre qui a d&eacute;g&eacute;n&eacute;r&eacute;. Mais on ne psychanalyse pas un mort, et on se contentera du simple constat que pour ces jeunes militants, la Bretagne a perdu la guerre, ce qui implique deux choses&nbsp;: d&#39;une part il faut la r&eacute;g&eacute;n&eacute;rer, d&#39;autre part, il faut combattre la France.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a name="sdfootnote19anc"></a></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les premiers espoirs de r&eacute;surrection de la race bretonne sont plac&eacute;s dans la fr&eacute;quentation des suppos&eacute;s fr&egrave;res celtes. <span style="color:black">&laquo;&nbsp;Le Panceltisme, assure Mordrel, nous fera sortir de notre ambiance p&eacute;trifi&eacute;e, il nous plongera dans un courant de vie intense qui r&eacute;veillera un g&eacute;nie, une sensibilit&eacute; et un caract&egrave;re endormis, abrutis par une trop longue servitude</span></span></span><a href="#_ftn20" name="_ftnref20" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="color:black"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">[20]</span></span></span></span></span></span></span></a><i><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">.</span></span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&nbsp;&raquo; Mais, au d&eacute;but des ann&eacute;es 1920, les contacts pris avec des nationalistes Gallois et Irlandais d&eacute;&ccedil;oivent. Les jeunes de <i>Breiz Atao</i> d&eacute;laissent alors les suppos&eacute;es parent&eacute;s de sang pour des toutes aussi suppos&eacute;es parent&eacute;s de sort, et se tournent alors vers les &eacute;tudiants Flamands, puis vers les autonomistes Alsaciens, &eacute;galement consid&eacute;r&eacute;s comme victimes de la latinisation. En Alsace, d&egrave;s 1926, le <i>Heimatbund</i> parvient &agrave; animer des organes de presse &agrave; grand tirage et est victime de poursuites judiciaires qui lui assurent une publicit&eacute; &eacute;norme, autant d&#39;atouts dont sont priv&eacute;s les Bretons qui agissent alors par mim&eacute;tisme. Quand les Alsaciens r&eacute;digent un Manifeste et fondent en 1927 un parti autonomiste, les Bretons font exactement la m&ecirc;me chose, copiant les id&eacute;es alsaciennes. Mais l&#39;aventure tourne court&nbsp;car les Alsaciens comprennent vite que les Bretons n&#39;ont aucun moyen&nbsp;: au contraire, ils en attendent trop des autonomistes alsaciens.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&Agrave; vrai dire, les Alsaciens participent d&rsquo;une autre parent&eacute; de sort potentielle&nbsp;: celle des jeunes &laquo;&nbsp;r&eacute;alistes</span></span></span><a href="#_ftn21" name="_ftnref21" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">[21]</span></span></span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&nbsp;&raquo;, comme s&#39;appellent ces jeunes non-conformistes qui veulent moderniser l&#39;&eacute;conomie, d&eacute;fendre la paix et un projet europ&eacute;en fond&eacute; sur le rapprochement franco-allemand, r&eacute;former l&rsquo;&Eacute;tat, cr&eacute;er une force politique. L&#39;un d&#39;eux est Philippe Lamour<b>.</b> N&eacute; en 1903, il a aussi rat&eacute; la guerre, et c&#39;est &eacute;galement son drame. Jeune avocat, il rejoint l&#39;Action fran&ccedil;aise, avant de rejoindre le Faisceau de Georges Valois, puis de fonder son propre et &eacute;ph&eacute;m&egrave;re Parti fasciste r&eacute;volutionnaire, qui ne conna&icirc;t aucune audience. &Agrave; partir de 1929, il rejoint un mouvement breton et s&#39;y fait la voix du &laquo;&nbsp;r&eacute;alisme&nbsp;&raquo;. Une voix aussit&ocirc;t imit&eacute;e par Mordrel, qui adapte &agrave; sa fa&ccedil;on le discours &laquo;&nbsp;r&eacute;aliste&nbsp;&raquo;, qui devient &laquo;&nbsp;utile&nbsp;&raquo;. &laquo;&nbsp;Notre &eacute;poque est utilitaire<a href="#_ftn22" name="_ftnref22" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">[22]</span></span></span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;, clame-t-il. Mais <i>Breiz Atao</i> &eacute;choue lamentablement aux &eacute;lections l&eacute;gislatives de 1929, la caisse du parti est vide et les querelles &eacute;clatent, entre jeunes et anciens, nationalistes et f&eacute;d&eacute;ralistes. Le Parti autonomiste breton est dissout et une douzaine de militants fonde le Parti national breton en 1931. Le &laquo;&nbsp;r&eacute;alisme&nbsp;&raquo; c&egrave;de alors la place au &laquo;&nbsp;spiritualisme&nbsp;&raquo;, au &laquo;&nbsp;personnalisme&nbsp;&raquo;, mais on continue de chercher des appuis dans des parent&eacute;s de sort, du c&ocirc;t&eacute; des jeunes r&eacute;volutionnaires parisiens r&eacute;unis autour des revues <i>Esprit</i>, <i>L&rsquo;Ordre Nouveau</i>, <i>Plans</i>, qui, diagnostiquant une crise de la civilisation, rejettent le mat&eacute;rialisme et l&#39;esprit bourgeois, le parlementarisme, le centralisme et veulent redonner &agrave; la France une vocation h&eacute;ro&iuml;que en retrouvant une tradition spirituelle et personnaliste, c&#39;est-&agrave;-dire construire l&#39;homme en dehors du capitalisme et du communisme.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Ainsi, c&rsquo;est sur des bases spiritualistes que Yann Fou&eacute;r&eacute;, fervent lecteur de <i>L&#39;Ordre nouveau</i>, admirateur du <i>Plan du 9 juillet</i>, fonde son association <i>Ar Brezoneg er Skol </i>(Le breton &agrave; l&rsquo;&eacute;cole) en faveur de l&#39;enseignement de la langue bretonne dans les &eacute;coles publiques. En 1934, lors d&#39;un d&eacute;bat sur cette question, il d&eacute;clare&nbsp;: &laquo;&nbsp;La lutte pour la Bretagne est une lutte profond&eacute;ment humaine, largement universelle, </span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">car nous nous refusons &agrave; consid&eacute;rer la Bretagne sans consid&eacute;rer le reste du monde. C&rsquo;est une lutte pour un principe spirituel<a href="#_ftn23" name="_ftnref23" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[23]</span></span></span></span></span></a>.&nbsp;&raquo;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Pour Raymond Delaporte, qui m&egrave;ne le m&ecirc;me combat dans les &eacute;coles priv&eacute;es, vivre et penser en Breton participe de l&#39;&eacute;dification d&#39;un Breton nouveau. <i>Breiz Atao</i> se d&eacute;clare &laquo;&nbsp;ni rouge, ni blanc, Breton seulement&nbsp;&raquo; et pr&ocirc;ne finalement un personnalisme breton qui porte le nom d&#39;<i>Emzao</i> (souvent traduit par &laquo;&nbsp;soul&egrave;vement&nbsp;&raquo;, mais litt&eacute;ralement, &eacute;l&eacute;vation de/sur soi-m&ecirc;me), nom donn&eacute; depuis &agrave; l&#39;int&eacute;gralit&eacute; du mouvement breton. Or, si les th&egrave;ses que d&eacute;fendent <i>L&#39;Ordre Nouveau </i>ou <i>Esprit</i> int&eacute;ressent les activistes bretons, l&#39;inverse n&#39;est pas vrai. Reste donc &agrave; se tourner vers un alli&eacute; discret opportun&eacute;ment consid&eacute;r&eacute; comme un parent de sang et de sort&nbsp;: l&#39;Allemagne.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">D&egrave;s le d&eacute;but des ann&eacute;es 1930, Mordrel est fascin&eacute; par ce qu&rsquo;il se passe en Allemagne, o&ugrave; il se rend alors &agrave; plusieurs reprises. <i>Breiz Atao</i> d&eacute;fend bient&ocirc;t l&#39;id&eacute;e d&#39;une parent&eacute; raciale entre Germains et Celtes, r&eacute;unis sous la m&ecirc;me vo&ucirc;te nordique. D&eacute;sormais, le salut des Bretons passe par &laquo;&nbsp;le retour des peuples du Nord &agrave; leurs traditions ethniques</span></span></span><a href="#_ftn24" name="_ftnref24" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">[24]</span></span></span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&nbsp;&raquo;. En 1933, Mordrel s&#39;inspire du nazisme pour &eacute;laborer un programme politique de r&eacute;volution non marxiste destin&eacute; &agrave; remplacer le PNB&nbsp;: c&#39;est le programme SAGA, acronyme de <i>Strollad ar Gelted adsavet </i>(Parti des Celtes relev&eacute;s), qui est abandonn&eacute; sans vraiment avoir &eacute;t&eacute; rejet&eacute;. Dans la foul&eacute;e, Mordrel fonde la revue <i>Stur</i>, laboratoire id&eacute;ologique o&ugrave; il laisse libre court &agrave; son attirance pour ce qu&rsquo;Armin Mohler nommera plus tard la &laquo;&nbsp;R&eacute;volution conservatrice<a href="#_ftn25" name="_ftnref25" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">[25]</span></span></span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;, et notamment pour les th&eacute;ories de Spengler. Aux lecteurs de <i>Stur</i>,<i> </i>Mordrel pr&eacute;sente l&#39;homme faustien pour qui seule une vie h&eacute;ro&iuml;que peut &eacute;viter la d&eacute;cadence et la mort. Il s&rsquo;agit de r&eacute;veiller le guerrier barbare qui sommeille en chaque Breton.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Dans le m&ecirc;me esprit, C&eacute;lestin Lain&eacute; affirme que si ses contemporains ont d&eacute;g&eacute;n&eacute;r&eacute; et ne sont plus dignes de leurs glorieux anc&ecirc;tres guerriers celtes, c&#39;est qu&#39;ils n&#39;ont plus assez de foi celtique. Pour la retrouver, Lain&eacute; pr&ocirc;ne la &laquo;&nbsp;force violente des Nordiques</span></span></span><a name="sdfootnote22anc"></a><a href="#_ftn26" name="_ftnref26" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="color:black"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">[26]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&nbsp;&raquo;, n&eacute;cessaire et sans &eacute;tat d&#39;&acirc;me&nbsp;; le racisme, qui d&eacute;finit l&#39;ennemi et justifie la guerre&nbsp;; l&#39;ignorance du mal, et donc du bien. On s&#39;en doute, Lain&eacute; a lu Nietzsche et Ma&icirc;tre Eckhart. D&egrave;s 1934, il est inspir&eacute; par Gerhard von Tevenar. Jeune celtisant allemand, agent de l&#39;<i>Abwehr</i> II, ce proche d&#39;<i>Ahnenerbe </i>(institut scientifique de la SS), rompu aux th&eacute;ories raciales d&#39;Hans G&uuml;nther, est &eacute;galement disciple de l&rsquo;<i>Unabh&auml;ngige Freikirche</i> (&Eacute;glise libre ind&eacute;pendante) fond&eacute;e par Friedrich Hielscher, un intellectuel de la &laquo;&nbsp;R&eacute;volution conservatrice&nbsp;&raquo;, chantre d&#39;un Reich nordique dominant l&#39;Europe. Gros de ces influences, Lain&eacute; pr&ocirc;ne une vision h&eacute;ro&iuml;que de la vie&nbsp;: &laquo;&nbsp;C&#39;est la lutte qui a tremp&eacute; et &eacute;lev&eacute; les hommes, qui sauvegarde les plus puissants et leur assure l&#39;avenir&nbsp;; [&hellip;] ce qui est &agrave; craindre, c&#39;est que l&#39;aspect guerrier ne s&#39;affaiblisse dans notre id&eacute;al</span></span></span><a href="#_ftn27" name="_ftnref27" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="color:black"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">[27]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">.&nbsp;&raquo; Le Breton, pour se receltiser, doit donc &ecirc;tre un guerrier. Le redevenir est affaire de possession et d&#39;incarnation. Il y a plusieurs fa&ccedil;ons d&#39;y parvenir.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a name="sdfootnote23anc"></a><a name="sdfootnote24anc"></a><a name="sdfootnote26anc"></a></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Sur le mod&egrave;le des <i>Wanderv&ouml;gel</i> allemands, comme d&#39;autres mouvements de jeunesse du temps, des militants bretons se lancent sur les routes, sac au dos. Marcher ensemble, c&#39;est raffermir sa foi en la cause, c&#39;est aussi chercher dans le contact avec la nature l&rsquo;homme &laquo;&nbsp;r&eacute;el&nbsp;&raquo; oppos&eacute; &agrave; l&rsquo;homme artificiel francis&eacute; de la culture mat&eacute;rielle moderne. Cette nature est surtout faite de ruines<b>,</b> devant lesquelles tout un chacun peut, selon la formule de Thomas Renard, &laquo;&nbsp;ressentir la grandeur des temps pass&eacute;s, la d&eacute;ception du temps pr&eacute;sent, le sentiment d&#39;&ecirc;tre n&eacute; au mauvais moment, qu&#39;un autre pr&eacute;sent serait possible</span></span></span><a href="#_ftn28" name="_ftnref28" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="color:black"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">[28]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&nbsp;&raquo;. Dans ces ruines, les militants cherchent &eacute;videmment les fant&ocirc;mes des guerriers d&#39;autrefois, aupr&egrave;s desquels ils viennent se ressourcer. Ces Bretons francis&eacute;s se croient morts et viennent y chercher une &acirc;me, parmi les glorieux anc&ecirc;tres disparus, les vrais vivants. C&#39;est la m&ecirc;me chose qui se produit &agrave; l&#39;occasion des p&egrave;lerinages comm&eacute;moratifs organis&eacute;s sur les champs de batailles de la Bretagne m&eacute;di&eacute;vale. Par exemple &agrave; Saint-Aubin-du-Cormier o&ugrave; eu lieu une bataille en 1488 et o&ugrave; l&#39;on d&eacute;clare&nbsp;: </span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&laquo;&nbsp;Nous ne voulons pas que le Peuple Breton emprunte le chemin qu&rsquo;il parcourut en chantant en 1914, pour revenir en 1919 d&eacute;chir&eacute; [&hellip;] Nous ne sommes pas b&acirc;tis sur le gabarit de ceux qui nous ont pr&eacute;c&eacute;d&eacute;s. L&rsquo;ombre des 6.000 h&eacute;ros tomb&eacute;s &agrave; Saint-Aubin-du-Cormier pour d&eacute;fendre l&rsquo;ind&eacute;pendance bretonne plane sur nos fronts et vivifie nos c&oelig;urs</span></span><a href="#_ftn29" name="_ftnref29" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:">[29]</span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">.&nbsp;&raquo; <span style="color:black">&Agrave; la fin des ann&eacute;es 1930, ces c&eacute;r&eacute;monies se d&eacute;roulent de nuit. On assiste alors au spectacle quasi-vampirique de morts (les Bretons francis&eacute;s contemporains), cherchant aupr&egrave;s de vivants (les h&eacute;ros Bretons du pass&eacute;), de quoi revenir &agrave; la vie. Poss&eacute;d&eacute;s par les guerriers d&#39;autrefois, les nationalistes peuvent aussi l&#39;incarner, dans un combat qui est calqu&eacute; sur la Grande Guerre.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Les principaux r&eacute;dacteurs de <i>Breiz Atao</i> reprennent &agrave; leur compte nombre des arguments qui ont permis aux Fran&ccedil;ais de 1914 de justifier l&#39;effort de guerre. Par exemple, le combat des nationalistes bretons est d&#39;abord une guerre de la revanche : il y a, &agrave; l&#39;est de la Bretagne, des provinces perdues &agrave; reconqu&eacute;rir. Ces provinces sont le pays Gallo, qui, francis&eacute;, a abandonn&eacute; la langue bretonne, et aux habitants duquel on conseille &laquo;&nbsp;d&#39;apprendre le breton [...] s&#39;ils veulent ne pas &ecirc;tre pris pour des &eacute;trangers en Basse-Bretagne</span></span></span><a href="#_ftn30" name="_ftnref30" title=""><span class="Appelnotedebasdep1" style="vertical-align:super"><span class="Appelnotedebasdep1" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:">[30]</span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&nbsp;&raquo;. La guerre est ensuite celle du Droit. L&#39;argument du droit bafou&eacute;, p&eacute;riodiquement r&eacute;activ&eacute; durant la p&eacute;riode par de jeunes juristes tels que Fou&eacute;r&eacute; ou Delaporte, insiste sur l&#39;id&eacute;e que ce qui avait &eacute;t&eacute; d&eacute;fini en 1532 lors de l&#39;union de la Bretagne &agrave; la France, n&#39;a pas &eacute;t&eacute; respect&eacute; par la suite. La R&eacute;volution Fran&ccedil;aise, en supprimant les parlements des Provinces, et donc les &Eacute;tats de Bretagne, a priv&eacute; celle-ci de son autonomie. Enfin, vu des bureaux de <i>Breiz Atao</i> le Fran&ccedil;ais est un barbare immoral et d&eacute;cadent. La France a perdu &laquo;&nbsp;tout sens moral, toute pudeur&nbsp;&raquo;, vautr&eacute;e qu&#39;elle est dans la pourriture, l&#39;abrutissement, la mochet&eacute;, la pauvret&eacute;, le mensonge, l&#39;injustice et le mal, la &laquo;&nbsp;fausse science&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;le vide de sa civilisation&nbsp;&raquo;</span></span></span><a href="#_ftn31" name="_ftnref31" title=""><span class="Appelnotedebasdep1" style="vertical-align:super"><span class="Appelnotedebasdep1" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:">[31]</span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">. De fait, le combat breton prend l&#39;allure d&#39;une croisade de la civilisation contre la barbarie, sur le mod&egrave;le de celle qui ravagea l&#39;Europe entre 1914 et 1918. Le Celte, nordique, fort, &eacute;nergique et pur, est l&#39;ennemi du Latin d&eacute;g&eacute;n&eacute;r&eacute; et jouisseur, dont la pr&eacute;sence en Bretagne doit &ecirc;tre &eacute;radiqu&eacute;e. &laquo;&nbsp;Tant qu&#39;ils ne nous auront pas rendu nos libert&eacute;s ou tant que nous ne les aurons pas reprises, il n&#39;y aura entre nous <i>ni paix, ni amour, ni tr&ecirc;ve</i>. Seulement une lutte sans merci</span></span></span><a href="#_ftn32" name="_ftnref32" title=""><span class="Appelnotedebasdep1" style="vertical-align:super"><span class="Appelnotedebasdep1" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:">[32]</span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&nbsp;&raquo;, affirme Olier Mordrel. En ce sens, le combat breton est pr&eacute;sent&eacute; comme une tentative de purifier la Bretagne de son ennemi int&eacute;rieur : le breton francis&eacute;.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a name="sdfootnote29anc"></a></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Des ann&eacute;es plus tard, &eacute;voquant ces arguments, Lain&eacute; parlera avec m&eacute;pris d&#39;&laquo;&nbsp;une guerre de Mots</span></span></span><a href="#_ftn33" name="_ftnref33" title=""><span class="Appelnotedebasdep1" style="vertical-align:super"><span class="Appelnotedebasdep1" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:">[33]</span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&nbsp;&raquo;. Lui-m&ecirc;me pr&ocirc;ne l&#39;action, fonde en 1932 une soci&eacute;t&eacute; secr&egrave;te, <i>Gwenn-ha-Du</i> (Blanc et noir), et fait exploser &agrave; Rennes le monument comm&eacute;morant l&#39;union de la Bretagne &agrave; la France. La m&ecirc;me ann&eacute;e, une voie ferr&eacute;e est dynamit&eacute;e avant l&#39;arriv&eacute;e du train pr&eacute;sidentiel pr&egrave;s d&#39;Angers. En 1936 <i>Gwenn-ha-Du</i> provoque des incendies dans quatre pr&eacute;fectures bretonnes. Des b&acirc;timents sont r&eacute;guli&egrave;rement barbouill&eacute;s de slogans antifran&ccedil;ais et antis&eacute;mites, ce qui vaut &agrave; Lain&eacute; un proc&egrave;s qui fait de lui un h&eacute;ros, aux yeux des jeunes militants. Lain&eacute; les fascine. En 1937, il met sur pieds le <i>Kadervenn </i>(sillon de combat),<i> </i>embryon d&#39;une future arm&eacute;e bretonne<i>. </i>Une vingtaine de recrues y re&ccedil;oivent un enseignement militaire fait de cours th&eacute;oriques et de man&oelig;uvres fictives sur le terrain. En 1939, gr&acirc;ce &agrave; ses contacts avec <i>l&#39;Abwehr</i>, Lain&eacute; re&ccedil;oit d&#39;Allemagne du mat&eacute;riel de propagande, des armes et des explosifs, dans le but d&#39;enrayer la mobilisation g&eacute;n&eacute;rale que chacun pressent. Mais lorsqu&#39;elle est d&eacute;cr&eacute;t&eacute;e, Mordrel est d&eacute;j&agrave; r&eacute;fugi&eacute; en Allemagne, et Lain&eacute;, qui ne croit pas qu&rsquo;une vraie guerre vient d&rsquo;&eacute;clater, rejoint son r&eacute;giment.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">En fait, le mouvement breton est d&eacute;stabilis&eacute; pendant toute la &laquo;&nbsp;dr&ocirc;le de guerre&nbsp;&raquo;. La base (une centaine d&#39;actifs) est priv&eacute;e des chefs r&eacute;fugi&eacute;s &agrave; Berlin, qui tentent d&#39;y infl&eacute;chir les autorit&eacute;s allemandes en faveur de la Bretagne. Or, jusqu&#39;en mai 1940, l&#39;Allemagne cherche encore &agrave; m&eacute;nager la France et ne souhaite pas aider trop ouvertement ces nationalistes bretons qui se sont autoproclam&eacute;s &laquo;&nbsp;gouvernement breton en exil&nbsp;&raquo;. Ce n&#39;est qu&#39;&agrave; partir des premiers mois de 1941 et jusqu&#39;&agrave; l&#39;armistice que Mordrel et ses amis peuvent s&#39;exprimer &agrave; la radio et dans des brochures o&ugrave; ils appellent leurs compatriotes &agrave; la d&eacute;sertion, ce qui leur vaut d&#39;&ecirc;tre condamn&eacute;s &agrave; mort par la justice militaire fran&ccedil;aise. Mais en juillet, ils reviennent en Bretagne o&ugrave; les Allemands sont d&eacute;j&agrave; install&eacute;s sans qu&#39;il soit question de quelque forme d&#39;autonomie ou d&#39;ind&eacute;pendance que ce soit. La politique allemande est simple&nbsp;: il faut m&eacute;nager Vichy, tout en gardant sous le coude un moyen de faire pression localement. Le Parti national breton est le petit caillou que glisse l&#39;Allemagne dans la botte de P&eacute;tain. Du coup, toute agitation immod&eacute;r&eacute;e de la part des nationalistes bretons, dont certains se croient d&eacute;sormais tout permis, se solde par un rappel &agrave; l&#39;ordre. En d&eacute;cembre 1940, Mordrel lui-m&ecirc;me est d&eacute;pos&eacute; de la t&ecirc;te du parti au profit de Raymond Delaporte, que les Allemands jugent plus mall&eacute;able. Commence alors le temps des communaut&eacute;s.</span></span></span></span></span></span></p> <h1 style="text-align: justify; margin-bottom: 13px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Le temps des communaut&eacute;s</span></span></span></b></span></span></span></h1> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">De l&#39;histoire du mouvement breton, on ne retient volontiers que quelques &eacute;pisodes spectaculaires et dramatiques de la Seconde Guerre mondiale. C&rsquo;est tout simplement parce que, pour l&rsquo;essentiel d&rsquo;entre eux, les nationalistes bretons se sont massivement engag&eacute;s dans la collaboration avec l&rsquo;Allemagne. Il faut d&rsquo;embl&eacute;e rejeter l&rsquo;id&eacute;e re&ccedil;ue d&rsquo;un march&eacute; de dupes, qui voudrait que le Reich avait promis aux militants l&rsquo;ind&eacute;pendance de la Bretagne&nbsp;: ni Hitler ni son entourage n&rsquo;avaient de plan &eacute;tabli pour la France, et la revendication bretonne &eacute;tait le cadet de leurs soucis. Malgr&eacute; cela, le PNB, mais &eacute;galement les tendances habituellement pr&eacute;sent&eacute;es comme r&eacute;gionalistes et r&eacute;unies autour de Yann Fou&eacute;r&eacute;, ont servi les int&eacute;r&ecirc;ts de l&rsquo;Allemagne pendant la guerre. Le PNB &eacute;tait au trois-quarts subventionn&eacute; par l&rsquo;Allemagne, son journal baptis&eacute; <i>l&rsquo;Heure bretonne</i>, partageait avec <i>La Bretagne</i>, anim&eacute;e par Fou&eacute;r&eacute;, les discours anglophobes, antibolcheviques, antis&eacute;mites, antima&ccedil;ons et favorables &agrave; l&rsquo;Europe nouvelle. La police du PNB &eacute;tait au service de la police allemande&nbsp;; C&eacute;lestin Lain&eacute; mit ses hommes au service du <i>Sicherheistdienst</i> de Rennes dans sa lutte contre la R&eacute;sistance&nbsp;; et Olier Mordrel, dans sa revue <i>Stur</i>, ne cessa de faire l&rsquo;apologie du volontaire SS en qui il voyait l&rsquo;incarnation de l&rsquo;homme faustien d&eacute;fenseur de l&rsquo;Europe occidentale<a href="#_ftn34" name="_ftnref34" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[34]</span></span></span></span></span></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Mais force est de constater que la Seconde Guerre mondiale ne fut pour le mouvement breton, comme pour d&#39;autres mouvements, qu&#39;une mise en application d&#39;id&eacute;es matur&eacute;es dans l&#39;entre-deux-guerres par les &laquo;&nbsp;rel&egrave;ves</span></span></span><a href="#_ftn35" name="_ftnref35" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">[35]</span></span></span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&nbsp;&raquo; fran&ccedil;aises, par les milieux de la &laquo;&nbsp;R&eacute;volution conservatrice&nbsp;&raquo; allemande, et adapt&eacute;es &agrave; la Bretagne par quelques personnalit&eacute;s hors norme avides d&#39;assouvir une mission eschatologique. Ainsi par exemple la volont&eacute; d&#39;&eacute;tablir des communaut&eacute;s spirituelles. Luttant dans <i>Esprit</i> contre le &laquo;&nbsp;d&eacute;sordre &eacute;tabli&nbsp;&raquo;, Emmanuel Mounier, d&eacute;nigrant les m&eacute;thodes politiques habituelles, leur pr&eacute;f&eacute;ra une minorit&eacute; agissante et pensa en 1934 organiser un &laquo; ordre &raquo; &agrave; la fois religieux et temporel appel&eacute; &laquo; Communaut&eacute;</span></span></span> <span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&raquo;. Le projet tourna court. Dans <i>Le Travailleur</i>, J&uuml;nger &eacute;crit : &laquo; Nous voyons na&icirc;tre ici une sorte de garde, une nouvelle colonne vert&eacute;brale de l&rsquo;organisation combattante &ndash; une &eacute;lite que l&rsquo;on peut qualifier aussi l&rsquo;Ordre<a href="#_ftn36" name="_ftnref36" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">[36]</span></span></span></span></span></span></a>. &raquo; Dans la France occup&eacute;e, nombreuses sont les &laquo; rel&egrave;ves &raquo; qui trouvent dans la R&eacute;volution </span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">nationale un espace d&rsquo;exp&eacute;rimentation &agrave; leurs aspirations communautaires. D&egrave;s 1942, Yann Fou&eacute;r&eacute; imagine la constitution d&#39;un groupement de Jeunes bretons promoteurs de l&#39;id&eacute;al communautaire<b>&nbsp;:</b></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La cr&eacute;ation dans chaque ville et dans chaque bourg d&rsquo;une maison bretonne para&icirc;t le meilleur moyen de mener &agrave; bien la grande &oelig;uvre d&rsquo;&eacute;ducation populaire qui continue de s&rsquo;imposer chez nous. Centres spirituels de la communaut&eacute; des habitants, foyers d&rsquo;o&ugrave; rayonneront la culture, l&rsquo;enthousiasme et la foi, les maisons bretonnes doivent partout se multiplier. Et celles qui sont d&eacute;j&agrave; fond&eacute;es ne demandent qu&rsquo;&agrave; aider et &agrave; animer les autres pour que, de proche en proche, l&rsquo;exemple soit suivi<a href="#_ftn37" name="_ftnref37" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[37]</span></span></span></span></span></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En fait, ces maisons bretonnes sont comme les &eacute;glises primitives que l&rsquo;ap&ocirc;tre Paul instaura en son temps. Nombreuses sont les &laquo;&nbsp;rel&egrave;ves&nbsp;&raquo; communautaristes &agrave; conna&icirc;tre le m&ecirc;me &eacute;lan, ainsi exprim&eacute; dans la revue <i>Id&eacute;es</i>, laboratoire de la R&eacute;volution Nationale&nbsp;: &laquo;&nbsp;Au d&eacute;part nous ne sommes, Dieu merci, qu&#39;une poign&eacute;e d&#39;amis&nbsp;: nous disposons, pour la reconqu&ecirc;te de la France, d&#39;un faisceau tr&egrave;s &eacute;troit de camaraderie. C&#39;est la premi&egrave;re section de notre Parti, notre premier fief du Royaume futur, la premi&egrave;re pierre de notre &Eacute;glise<a href="#_ftn38" name="_ftnref38" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[38]</span></span></span></span></span></a>.&nbsp;&raquo; Raymond Delaporte, port&eacute; &agrave; la t&ecirc;te du Parti national breton en d&eacute;cembre 1940, ne vise pas autre chose en instaurant un PNB paulinien, m&acirc;tin&eacute; de liturgie politique des partis fascistes du moment.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Une des caract&eacute;ristiques des chr&eacute;tiens primitifs est leur rapport au temps. Paul est persuad&eacute; du proche retour du Christ sur terre et souligne parfois l&#39;urgence de se conformer &agrave; ses prescriptions&nbsp;: &laquo;<i>&nbsp;</i>Je vous le dis, fr&egrave;res&nbsp;: le temps se fait court<a href="#_ftn39" name="_ftnref39" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[39]</span></span></span></span></span></a>.<i>&nbsp;</i>&raquo; Dans la m&ecirc;me optique, le chef du PNB &eacute;crit&nbsp;: &laquo;&nbsp;J&#39;attire l&#39;attention de tous sur le fait que nous vivons un moment crucial de l&#39;Histoire de la Bretagne. Je fais remarquer &agrave; tous que les mois et peut-&ecirc;tre les jours nous sont compt&eacute;s pour <i>r&eacute;ussir. </i>Il est de mon devoir de rappeler &agrave; tous que l&#39;heure des sacrifices a sonn&eacute; pour tous les Bretons dignes de ce nom. &#39;&#39;&Ecirc;tre ou ne pas &ecirc;tre&#39;&#39;, telle est la partie qui se joue pour la Bretagne<a href="#_ftn40" name="_ftnref40" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[40]</span></span></span></span></span></a>.&nbsp;&raquo; De fait, si le chr&eacute;tien est celui qui croit en la r&eacute;surrection du Christ et r&eacute;pand son message, le Breton est celui qui croit en celle de la Bretagne et porte la bonne parole &agrave; ses contemporains. Comme en lointain &eacute;cho &agrave; l&#39;&eacute;p&icirc;tre aux Romains, dans laquelle Paul insiste sur la justification par la foi, Delaporte s&#39;adresse aux militants en ces termes&nbsp;: &laquo;&nbsp;Je ne crois pas au miracle qui sauve ceux qui ne sont pas dignes d&#39;&ecirc;tre sauv&eacute;s. Et je ne crois pas que s&#39;ils refusent de se d&eacute;barrasser de leurs vieux d&eacute;fauts, les Bretons m&eacute;ritent d&#39;&ecirc;tre sauv&eacute;s [...] Seul un commandement reconnu et ob&eacute;i, un accord profond et loyal entre tous, une discipline de fer pourra les sauver. Qui n&#39;accepte pas cette r&egrave;gle n&#39;a pas sa place dans le Parti National Breton<a href="#_ftn41" name="_ftnref41" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[41]</span></span></span></span></span></a>.&nbsp;&raquo; Hors du parti, donc de la foi, il n&#39;est point de salut. &laquo;&nbsp;Notre mouvement est avant tout APOSTOLAT<a href="#_ftn42" name="_ftnref42" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[42]</span></span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;, affirme-t-on au congr&egrave;s des cadres de 1941. Il s&#39;agit donc de donner l&#39;exemple, souffrir pour le parti, faire &oelig;uvre de pros&eacute;lytisme.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">C&#39;est efficace&nbsp;: en quelques mois, le nombre d&#39;adh&eacute;rents semble avoir tripl&eacute; pour atteindre 1 500<span style="color:black">, et c&#39;est une nouvelle </span>&Eacute;glise que Delaporte met sur pied. Paul t&acirc;cha d&#39;organiser une &Eacute;glise hi&eacute;rarchis&eacute;e, &agrave; m&ecirc;me de r&eacute;pandre ses propres commandements dans le monde des nouveaux croyants, en uniformisant leur vie et la liturgie qui leur &eacute;tait destin&eacute;e. D&egrave;s son investiture, Delaporte r&eacute;dige un r&egrave;glement int&eacute;rieur du parti. Du chef au militant en passant par les diff&eacute;rents services et les sections, il parvient &agrave; &eacute;tablir un syst&egrave;me bas&eacute; sur la soumission aux autorit&eacute;s, &eacute;galement ch&egrave;re &agrave; Paul. Il en r&eacute;sulte une organisation pyramidale, domin&eacute;e par le chef, omnipotent, &agrave; qui chacun doit rendre des comptes. Se donnant compl&egrave;tement au parti, le militant doit par exemple se marier avec une bretonne exclusivement. De fait, l&#39;organisation de la communaut&eacute; n&#39;est pas qu&#39;administrative&nbsp;: il s&#39;agit de la fonder &eacute;galement dans ses m&oelig;urs et sa morale.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&Agrave; cette nouvelle &Eacute;glise est donn&eacute;e une liturgie politique. L&agrave; encore, le chef d&eacute;veloppe des m&eacute;thodes pauliennes, faites de voyages et de r&eacute;unions dans des maisons priv&eacute;es. Contrairement au parti d&#39;avant-guerre qui proposait une grande r&eacute;union annuelle, le PNB de Delaporte se singularise par une s&eacute;rie de petites c&eacute;r&eacute;monies r&eacute;parties sur l&#39;ensemble de la Bretagne. Le chef se conforme aux interdictions de r&eacute;unions publiques, ce qui lui permet d&#39;aller au plus pr&egrave;s de ses militants et asseoir son autorit&eacute;. &Agrave; la fin de l&#39;ann&eacute;e 1941, ce sont de v&eacute;ritables congr&egrave;s qui sont organis&eacute;s localement. Par exemple, celui de Rennes &laquo;&nbsp;s&#39;est d&eacute;roul&eacute; comme un rite, dans une discipline absolue<a href="#_ftn43" name="_ftnref43" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[43]</span></span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;. Le commentateur raconte&nbsp;: &laquo;&nbsp;Enfin, <i>Raymond Delaporte, chef du Parti</i>, cl&ocirc;tura le Congr&egrave;s par un discours d&#39;une magnifique &eacute;l&eacute;vation, commenc&eacute; en breton et termin&eacute; en fran&ccedil;ais [...]&nbsp;Ce fut une journ&eacute;e de &#39;&#39;r&eacute;v&eacute;lations&#39;&#39; [...] Pendant toute la journ&eacute;e, ce fut la m&ecirc;me ambiance fervente, qui a souvent atteint aux &eacute;mouvantes hauteurs du path&eacute;tique.&nbsp;&raquo; &Agrave; l&#39;&eacute;coute de la parole, des hymnes et des pri&egrave;res, les chr&eacute;tiens primitifs ajoutaient le repas eucharistique<b>,</b> qui trouve son &eacute;cho dans le banquet final. Reste le bapt&ecirc;me<b>,</b> auquel peut s&#39;apparenter la c&eacute;r&eacute;monie de remise des drapeaux aux <i>bagadou stourm</i><a href="#_ftn44" name="_ftnref44" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[44]</span></span></span></span></span></a>, qui a lieu en 1943, sous un ciel pluvieux moins anecdotique qu&rsquo;il n&rsquo;y para&icirc;t. La c&eacute;r&eacute;monie est relat&eacute;e dans <i>l&#39;Heure bretonne&nbsp;</i>:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Au milieu des volontaires form&eacute;s en carr&eacute;, sto&iuml;ques malgr&eacute; la pluie qui traversait leur chemise d&#39;uniforme notre chef R. Delaporte s&#39;avan&ccedil;a.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Alors monta dans le ciel, lentement, le drapeau national.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Puis les drapeaux &agrave; croix noire et &agrave; triskell furent apport&eacute;s au Chef. Il les salua longuement, puis il en confia la garde aux repr&eacute;sentants des Volontaires. Ceux-ci comprenant quelle lourde charge venait de leur incomber le re&ccedil;urent avec &eacute;motion.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Minute &eacute;mouvante entre toutes.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">C&#39;&eacute;tait &agrave; eux, d&eacute;sormais, que revenait le soin de faire flotter dans les cieux le symbole de la jeune Bretagne, fi&egrave;re et forte de sa foi in&eacute;branlable en ses destin&eacute;es. [...] Et ce n&#39;est pas &agrave; un banal d&eacute;fil&eacute; que nous assistons, mais &agrave; une prise de possession par un chef d&#39;une troupe qui lui est totalement acquise pour le plus grand bien du Parti et de la Patrie bretonne<a href="#_ftn45" name="_ftnref45" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[45]</span></span></span></span></span></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le chef sait trop bien son cat&eacute;chisme, il a eu enfant une pratique du th&eacute;&acirc;tre et du d&eacute;guisement assez pouss&eacute;e pour ne pas savoir exactement ce qu&#39;il fait en se mettant en sc&egrave;ne, d&eacute;clamant un discours au milieu des ruines<b>,</b> devant un parterre de militants soumis. Il n&#39;incarne plus seulement le parti tout entier et la foi qui l&#39;anime, il est la Bretagne sortie du tombeau, enfin ressuscit&eacute;e et il exhorte ses fid&egrave;les &agrave; ne faire qu&#39;un avec lui. Il peut ainsi accueillir, en leur remettant la croix, les jeunes recrues tremp&eacute;es de pluie dans la communaut&eacute; des croyants en la r&eacute;surrection de la Bretagne.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&Agrave; sa mani&egrave;re, c&rsquo;est &eacute;galement une communaut&eacute; que souhaite fonder Yann Fou&eacute;r&eacute;, qui fait de <i>La Bretagne</i>, quotidien qu&rsquo;il lance en 1941 avec l&rsquo;appui des Allemands dont il sert les int&eacute;r&ecirc;ts, la tribune de son combat pour la d&eacute;centralisation dans le cadre des r&eacute;formes annonc&eacute;es par P&eacute;tain. En effet, dans son message du 11 juillet 1940, ce dernier a d&eacute;fini l&#39;orientation de son nouveau r&eacute;gime, pr&eacute;cisant, entre autres, que &laquo;&nbsp;des gouverneurs seront plac&eacute;s &agrave; la t&ecirc;te des grandes provinces fran&ccedil;aises, et ainsi l&#39;administration sera concentr&eacute;e et d&eacute;centralis&eacute;e<a href="#_ftn46" name="_ftnref46" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[46]</span></span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;. Sensible &agrave; la terminologie qui associe les conceptions du Mar&eacute;chal &agrave; l&#39;Ancien R&eacute;gime, Fou&eacute;r&eacute; imagine qu&#39;il aura un r&ocirc;le &agrave; jouer si la Province est restaur&eacute;e. C&#39;est tout le sens de son activit&eacute; &eacute;ditoriale&nbsp;: &laquo;&nbsp;Nous nous mettons au travail, &eacute;crit-il, pour construire de nos propres mains la Province de Bretagne que le Mar&eacute;chal P&eacute;tain a promis de nous donner<a href="#_ftn47" name="_ftnref47" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[47]</span></span></span></span></span></a>.&nbsp;&raquo;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En effet, dans les derniers mois de 1940, Fou&eacute;r&eacute; adresse &agrave; Vichy un &laquo;&nbsp;Projet de Statut pour la Bretagne dans le cadre de la France&nbsp;&raquo;, o&ugrave; il demande la suppression des d&eacute;partements, l&#39;instauration de la province dot&eacute;e d&#39;une assembl&eacute;e, d&#39;une l&eacute;gislation locale, et la r&eacute;forme de l&#39;enseignement. Sa proposition n&#39;a aucun &eacute;cho hors de Bretagne, ce qui n&#39;entame pas son enthousiasme et sa volont&eacute; de &laquo;&nbsp;l&eacute;gif&eacute;rer pour le r&eacute;el<a href="#_ftn48" name="_ftnref48" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[48]</span></span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;. Fou&eacute;r&eacute; se persuade que le Mar&eacute;chal, mal entour&eacute;, est desservi par un gouvernement centralisateur. Aussi pointe-t-il le risque d&#39;une r&eacute;volution &agrave; rebours et le retour de la tyrannie. Ce &laquo;&nbsp;contre-provincialisme<a href="#_ftn49" name="_ftnref49" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[49]</span></span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo; qu&#39;il d&eacute;nonce, c&#39;est l&rsquo;&oelig;uvre de contre-r&eacute;volutionnaires ainsi que les pr&eacute;sentaient les hommes de <i>L&#39;Ordre Nouveau</i>, qui qualifiaient ainsi &laquo;&nbsp;tous ceux qui, bolcheviks ou c&eacute;saristes, subordonnent la vie humaine &agrave; des cadres rigides et oppressifs<a href="#_ftn50" name="_ftnref50" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[50]</span></span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;. Pour preuve le d&eacute;coupage r&eacute;gional &eacute;tendant la Bretagne sur quatre d&eacute;partements d&eacute;cr&eacute;t&eacute; en juin 1941, &oelig;uvre d&#39;une commission d&eacute;partementale compos&eacute;e selon Fou&eacute;r&eacute; de &laquo;&nbsp;th&eacute;oriciens en chambre<a href="#_ftn51" name="_ftnref51" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[51]</span></span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo; qui faisaient une &oelig;uvre abstraite et irr&eacute;elle, pire encore que celle des Constituants de 1789. Pour Fou&eacute;r&eacute;, la vraie r&eacute;volution reste encore &agrave; faire.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Aussi propose-t-il sa propre constitution provinciale, dans laquelle on trouve &laquo;&nbsp;adapt&eacute;s aux n&eacute;cessit&eacute;s modernes comme aux lois constitutionnelles du nouvel &Eacute;tat fran&ccedil;ais, un souvenir des organismes essentiels de la Constitution bretonne sous l&#39;ancien r&eacute;gime<a href="#_ftn52" name="_ftnref52" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[52]</span></span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;. Une Province bretonne r&eacute;unirait les cinq d&eacute;partements historiques, g&eacute;r&eacute;s par une Assembl&eacute;e provinciale et un Grand Conseil Provincial &ndash; &eacute;quivalents respectifs des anciens &Eacute;tats de Bretagne et du Parlement de Bretagne &ndash;, une Commission permanente et un Gouverneur. L&#39;arrondissement remplacerait le d&eacute;partement, et &agrave; la base de la Province il y aurait la commune, l&#39;ancienne paroisse. Le conseil municipal serait la seule et unique instance publique &eacute;lue au suffrage universel. Le vote serait ouvert aux femmes et, dans les petites villes, on conc&eacute;derait aux parents un nombre de voix &eacute;gal au nombre d&#39;enfants mineurs. Reste le gouverneur, au profil duquel Fou&eacute;r&eacute; r&eacute;fl&eacute;chit &agrave; plusieurs reprises, pour d&eacute;finir une personne qui, finalement, lui ressemble comme deux gouttes d&#39;eau<a href="#_ftn53" name="_ftnref53" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[53]</span></span></span></span></span></a>. &Eacute;videmment, le Mar&eacute;chal ne devra pas tarder &agrave; d&eacute;signer et former la perle rare, d&egrave;s avant la cr&eacute;ation des Provinces.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Mais il ne se passe toujours rien, jusqu&#39;&agrave; ce qu&#39;&agrave; la faveur de la nomination de Jean Quenette &agrave; la t&ecirc;te de la pr&eacute;fecture r&eacute;gionale en octobre 1942 soit cr&eacute;&eacute; un Comit&eacute; Consultatif de Bretagne (CCB) rassemblant quelques notables du mouvement r&eacute;gionaliste breton. Quenette a quelques int&eacute;r&ecirc;ts &agrave; l&#39;affaire&nbsp;: il tient l&agrave; de quoi museler les r&eacute;gionalistes en les cantonnant &agrave; des t&acirc;ches culturelles. De son c&ocirc;t&eacute;, Fou&eacute;r&eacute; y voit un prolongement des &Eacute;tats de Bretagne d&rsquo;avant 1789. C&#39;est dans cet esprit qu&#39;il obtient, en parall&egrave;le au CCB, la cr&eacute;ation et la direction d&#39;une Commission Permanente, organe ex&eacute;cutif charg&eacute; de suivre la mise en &oelig;uvre des projets discut&eacute;s au Comit&eacute;, qu&#39;elle repr&eacute;senterait aupr&egrave;s de l&#39;administration locale. Cette Commission est, dans l&#39;esprit de Fou&eacute;r&eacute;, l&#39;&eacute;cho de la Commission interm&eacute;diaire de l&#39;ancienne Province qui avait maintenu les pr&eacute;rogatives de cette derni&egrave;re face au pouvoir royal<a href="#_ftn54" name="_ftnref54" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[54]</span></span></span></span></span></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Fou&eacute;r&eacute; commence enfin &agrave; voir sa Constitution bretonne &eacute;tablie dans les faits. Fort de ce succ&egrave;s, il en vient &agrave; imaginer le pendant du Grand Conseil Provincial au niveau national fran&ccedil;ais, dans le cadre de la &laquo;&nbsp;structure provinciale de la nouvelle France<a href="#_ftn55" name="_ftnref55" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[55]</span></span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;. En fait, au-del&agrave; de statuts pour la Bretagne, c&#39;est une nouvelle constitution fran&ccedil;aise que Fou&eacute;r&eacute; pr&eacute;pare. Inspir&eacute;e par les th&egrave;ses &laquo;&nbsp;non-conformistes&nbsp;&raquo;, elles-m&ecirc;mes h&eacute;rit&eacute;es de la litt&eacute;rature contre-r&eacute;volutionnaire du <span style="font-variant:small-caps">xix</span><sup>e</sup> si&egrave;cle et de Charles Maurras, sa nouvelle conception de l&#39;&Eacute;tat est model&eacute;e sur le &laquo;&nbsp;r&eacute;el&nbsp;&raquo;, en tenant compte de la structure corporative et provinciale de la France. Aussi pr&eacute;voit-il une Assembl&eacute;e nationale faite de repr&eacute;sentants des assembl&eacute;es provinciales d&eacute;sign&eacute;s ; une chambre corporative nationale faite aussi de repr&eacute;sentants en proportion de l&#39;importance &eacute;conomique et d&eacute;mographique de la Province. Ces deux chambres seraient donc la base de la future constitution.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Mais Fou&eacute;r&eacute; a beau th&eacute;oriser les &laquo;&nbsp;organes de l&rsquo;&Eacute;tat nouveau<a href="#_ftn56" name="_ftnref56" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[56]</span></span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;, il se doute bien que la r&eacute;volution n&#39;aura pas lieu&nbsp;: &laquo;&nbsp;La R&eacute;volution nationale manqu&eacute;e n&#39;aurait ainsi servi de paravent qu&#39;&agrave; des entreprises r&eacute;actionnaires et n&#39;aurait abouti qu&#39;&agrave; constituer de nouvelles Bastilles infiniment plus dangereuses que l&#39;ancienne<a href="#_ftn57" name="_ftnref57" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[57]</span></span></span></span></span></a>.&nbsp;&raquo; </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Quelques semaines plus tard, les Am&eacute;ricains d&eacute;barquent en Normandie. &Agrave; la Lib&eacute;ration, Fou&eacute;r&eacute; essaie de se mettre au service des autorit&eacute;s charg&eacute;es de r&eacute;tablir la R&eacute;publique fran&ccedil;aise, mais en vain. D&eacute;but ao&ucirc;t 1944 il est arr&ecirc;t&eacute; et mis en prison.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Si l&#39;exp&eacute;rience communautaire du PNB &eacute;voque une &Eacute;glise, celle que Lain&eacute; met sur pied &eacute;voque plut&ocirc;t une secte, ou, dans l&#39;esprit de son fondateur, un ordre de type monastique. Depuis 1940, Lain&eacute; n&#39;a de cesse que d&#39;instruire militairement et d&#39;entra&icirc;ner ses recrues, regroup&eacute;es dans le <i>Kadervenn,</i> puis dans le Service Sp&eacute;cial, dont les objectifs sont &laquo;&nbsp;spirituellement un d&eacute;veloppement religieux &agrave; base de fiert&eacute; et de fid&eacute;lit&eacute;&nbsp;; socialement, le d&eacute;veloppement du sens collectif &agrave; base de hi&eacute;rarchie et de discipline&nbsp;; mat&eacute;riellement, la constitution d&#39;un noyau de troupes qui serviront &agrave; &eacute;tablir et &agrave; prot&eacute;ger d&#39;abord l&#39;ordre breton en Bretagne, et plus tard l&#39;ordre Nordique dans le Monde<a href="#_ftn58" name="_ftnref58" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[58]</span></span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;. <span style="color:black">&Agrave; l&#39;automne 1943, l&#39;exp&eacute;rience concerne cent cinquante hommes et quinze centres de formation d&eacute;sormais regroup&eacute;s en trois r&eacute;gions militaires, administr&eacute;es par des inspecteurs r&eacute;gionaux charg&eacute;s de la liaison entre les instructeurs locaux et Lain&eacute;. Quelques grande man&oelig;uvres permettent d&#39;&eacute;valuer la troupe, de d&eacute;cerner certificats et brevets, enfin de s&#39;entra&icirc;ner &agrave; lutter contre les maquis de r&eacute;sistance qui se multiplient en Bretagne.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Mais son objectif est &eacute;galement religieux&nbsp;: pour le parti, ses hommes sont le service militaire du mouvement breton&nbsp;; pour lui et quelques disciples, ils sont les hommes du Dieu de la Croix celtique. Car Lain&eacute; continue d&#39;asseoir les bases de sa foi nordique &agrave; laquelle il donne deux orientations fondamentales&nbsp;: &laquo;&nbsp;A/ Il faut &eacute;veiller la jeunesse bretonne &agrave; la vie religieuse dans le sens de la race et des anciennes traditions celtiques par les moyens directs de l&#39;exemple v&eacute;cu et de l&#39;enseignement pratique et oral. B/ Il faut organiser la vie religieuse nordique d&#39;une communaut&eacute; discr&egrave;te &agrave; l&#39;int&eacute;rieur des milieux bretons<a href="#_ftn59" name="_ftnref59" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">[59]</span></span></span></span></span></span></a>.&nbsp;&raquo; L&#39;exemple et l&#39;enseignement pratique se r&eacute;sument &agrave; quelques th&egrave;mes r&eacute;currents dans les discours et les d&eacute;cisions de Lain&eacute;. L&#39;un d&#39;eux est la pauvret&eacute;&nbsp;: &laquo;&nbsp;Le militaire ne consomme pas et ne produit pas. Le v&eacute;ritable militaire sera toujours pauvre d&#39;argent<a href="#_ftn60" name="_ftnref60" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">[60]</span></span></span></span></span></span></a>.&nbsp;&raquo; Pensant perp&eacute;tuer une tradition druidique bas&eacute;e sur l&#39;oralit&eacute;, Lain&eacute; insiste &agrave; maintes reprises aupr&egrave;s de ses jeunes recrues pour qu&#39;elles ne prennent pas de notes lors de leurs s&eacute;ances d&#39;instruction, ne serait-ce que pour ne pas se les faire confisquer par les services de police, le cas &eacute;ch&eacute;ant. Selon le principe qu&#39;&laquo;&nbsp;il est plus facile d&#39;&ecirc;tre un perroquet qui a bien appris ses le&ccedil;ons qu&#39;une personnalit&eacute; capable de juger avec bon sens<a href="#_ftn61" name="_ftnref61" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">[61]</span></span></span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;, Lain&eacute; pense m&ecirc;me imposer le silence total &agrave; ses hommes pendant les repas, comme dans certains ordres monastiques. Or, l&#39;id&eacute;al de pauvret&eacute;, le partage des richesses, le refus de tout compromis, la force donn&eacute;e au Verbe, la vertu des <i>exempla</i>, l&#39;attente du royaume sont autant d&#39;emprunts aux premi&egrave;res communaut&eacute;s chr&eacute;tiennes. Conscient du danger que pouvait repr&eacute;senter pour sa communaut&eacute; une fissure religieuse entre pa&iuml;ens et chr&eacute;tiens, Lain&eacute; choisit des symboles cens&eacute;s les r&eacute;concilier sous la m&ecirc;me banni&egrave;re<b>.</b> C&#39;est la chouette prenant son envol, rapace nocturne &laquo;&nbsp;et traditionnel, d&#39;autant plus juste qu&#39;il fut aussi celui des chouans<a href="#_ftn62" name="_ftnref62" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">[62]</span></span></span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;, accompagn&eacute;e d&#39;une croix celtique, &laquo;&nbsp;qui fut le symbole divin de nos anc&ecirc;tres pa&iuml;ens puis celui de nos anc&ecirc;tres chr&eacute;tiens &ndash; qui est donc le symbole divin de tradition ininterrompue pour notre race<a href="#_ftn63" name="_ftnref63" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">[63]</span></span></span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;. Ces symboles composent le tampon officiel de l&#39;&eacute;tat-major de l&#39;arm&eacute;e bretonne de Lain&eacute;.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">C&#39;est donc fort logiquement que ce dernier &eacute;tablit une liturgie teint&eacute;e de paganisme allemand et de christianisme. Entre 1938 et 1942, Lain&eacute; s&#39;est appliqu&eacute; &agrave; r&eacute;diger en breton nombre de pri&egrave;res invoquant dieux couleurs, animaux, v&eacute;g&eacute;taux, min&eacute;raux et symboles inspir&eacute;s du panth&eacute;on polyth&eacute;iste germanique adopt&eacute; par le <i>Hielscher Kreis</i>. Lain&eacute; proc&egrave;de &agrave; quelques bapt&ecirc;mes, ainsi qu&#39;&agrave; un mariage. S&#39;inspirant du calendrier gaulois de Coligny<b>,</b> il &eacute;tablit un calendrier adapt&eacute; &agrave; sa liturgie et qu&#39;il fait d&eacute;buter en 1934 ann&eacute;e de sa rencontre avec Tevenar.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Car c&#39;est bel et bien dans l&#39;ombre du jeune allemand que Lain&eacute; &eacute;chafaude sa foi. Or Tevenar meurt de maladie en avril 1943. Le lendemain, Lain&eacute; &eacute;crit&nbsp;: &laquo;&nbsp;G. est mort hier &agrave; 3h30. C&#39;est un v&eacute;ritable seigneur que nous perdons. [...] Je l&#39;ai vu soucieux de l&#39;ordre, pr&eacute;occup&eacute; de la communaut&eacute; r&eacute;glementant ses relations non d&#39;apr&egrave;s ses sentiments personnels mais d&#39;apr&egrave;s l&#39;utilit&eacute; de sa communaut&eacute;, le service de son &oelig;uvre &ndash; la marque des justes qui ont une mission<a href="#_ftn64" name="_ftnref64" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">[64]</span></span></span></span></span></span></a>.&nbsp;&raquo; La sienne, pr&eacute;tendait-il, &eacute;tait celle d&#39;un &laquo;&nbsp;p&ecirc;cheur d&#39;hommes<a href="#_ftn65" name="_ftnref65" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">[65]</span></span></span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;, au point que Lain&eacute; en fait un messie et r&eacute;dige imm&eacute;diatement les statuts d&#39;un Ordre Celtique plac&eacute; sous la direction de druides &ndash; lui-m&ecirc;me en l&#39;occurrence &ndash; et qu&#39;il veut confondu avec son arm&eacute;e bretonne. Comme pour tout ordre monastique, la distinction est faite entre l&#39;ext&eacute;rieur, o&ugrave; l&#39;on doit se distinguer par les vertus ainsi qu&#39;un comportement exemplaire et l&#39;int&eacute;rieur, o&ugrave; le profit personnel est banni, o&ugrave; l&#39;on condamne les facteurs de division, o&ugrave; l&#39;on doit ob&eacute;issance au sup&eacute;rieur. Au bout de quelques mois, la communaut&eacute; compte treize personnes, dont un messie d&eacute;c&eacute;d&eacute;. On ne saurait mieux fonder une foi. Dans le m&ecirc;me temps, Lain&eacute; multiplie les d&eacute;marches pour obtenir l&#39;autorisation de fonder une SS bretonne. Ce n&#39;est finalement qu&#39;une troupe suppl&eacute;tive de l&#39;arm&eacute;e allemande qui est autoris&eacute;e &agrave; l&#39;automne 1943. Dernier avatar du syncr&eacute;tisme religieux de son fondateur, l&#39;Unit&eacute; Perrot porte le nom d&#39;un eccl&eacute;siastique tu&eacute; par la R&eacute;sistance en d&eacute;cembre 1943, mais son &eacute;tat-major est tout entier constitu&eacute; de disciples pa&iuml;ens de Lain&eacute;.</span></span></span></span></span></span></p> <h1 style="text-align: justify; margin-bottom: 13px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">De nouveaux spectres</span></span></b></span></span></span></h1> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">En Bretagne, la fin de l&#39;ann&eacute;e 1944 est marqu&eacute;e par des vagues d&#39;arrestations de collaborateurs ou pr&eacute;sum&eacute;s tels. Rejet&eacute; ou ignor&eacute; avant-guerre, le mouvement breton est d&eacute;sormais franchement condamn&eacute; par la population. Suite &agrave; quelques proc&egrave;s m&eacute;diatiques, une d&eacute;l&eacute;gation galloise aiguill&eacute;e par des militants r&eacute;fugi&eacute;s au Pays de Galles se rend en Bretagne enqu&ecirc;ter sur l&#39;&eacute;puration &agrave; laquelle sont soumis les nationalistes. Contre toute vraisemblance, son rapport publi&eacute; en 1947 affirme que le gouvernement fran&ccedil;ais s&#39;est servi des agissements de la petite troupe de Lain&eacute; pour jeter le discr&eacute;dit sur l&#39;ensemble d&#39;un mouvement d&eacute;gag&eacute; de tout soup&ccedil;on<a href="#_ftn66" name="_ftnref66" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">[66]</span></span></span></span></span></span></a>.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Ce rapport devient vite la vulgate d&#39;un activisme renaissant, qui a tout int&eacute;r&ecirc;t &agrave; s&#39;amputer d&#39;un membre d&eacute;clar&eacute; seul gangren&eacute; pour permettre aux r&eacute;put&eacute;s sains d&#39;esp&eacute;rer cro&icirc;tre. D&egrave;s lors, plusieurs militants produisent un r&eacute;cit du pass&eacute; permettant d&#39;&eacute;tablir un cordon sanitaire autour de l&#39;Unit&eacute; Perrot. Joseph Martray, pendant l&#39;occupation r&eacute;dacteur en chef d&#39;un quotidien d&eacute;rob&eacute; &agrave; sa direction premi&egrave;re gr&acirc;ce &agrave; l&#39;aide des Allemands, &eacute;crit&nbsp;:</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a name="sdfootnote32anc"></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Sur l&#39;initiative d&#39;un homme dont la responsabilit&eacute; nous appara&icirc;t &eacute;crasante <i>vis-&agrave;-vis de la Bretagne</i>, une milice fut en effet cr&eacute;&eacute;e et mise au service des Allemands. Cette milice commit des crimes sur lesquels nous sommes parfaitement inform&eacute;s et ce n&#39;est certes pas nous qui demanderons l&#39;indulgence. Encore distinguerons-nous entre le v&eacute;ritable responsable &ndash;&nbsp;nous n&#39;h&eacute;siterons nullement &agrave; nommer C&eacute;lestin Lain&eacute; &ndash; et les jeunes gens tromp&eacute;s par lui qui crurent venger la mort de l&#39;Abb&eacute; Perrot assassin&eacute; en d&eacute;cembre 1943 et se virent enr&ocirc;l&eacute;s dans une formation nazie dont ils ne pouvaient plus ensuite s&#39;&eacute;vader<a href="#_ftn67" name="_ftnref67" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">[67]</span></span></span></span></span></span></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">De fait, les actes de Lain&eacute; n&#39;engageaient que lui. Pire m&ecirc;me&nbsp;: Lain&eacute; voulait d&#39;abord utiliser son unit&eacute; contre le parti qui &eacute;tait sa premi&egrave;re victime, et derri&egrave;re lui tout le mouvement breton, du temps m&ecirc;me de la guerre. Ce discours sert &eacute;videmment tous ceux qui, d&eacute;j&agrave; aux affaires sous l&#39;occupation, veulent rejouer un r&ocirc;le dans le mouvement, apr&egrave;s avoir b&eacute;n&eacute;fici&eacute; de l&#39;oubli juridique organis&eacute; par les amnisties, d&eacute;battues &agrave; l&#39;aube des ann&eacute;es 50. L&#39;historiographie du mouvement breton entre donc dans ce qu&#39;Henry Rousso a identifi&eacute; comme la seconde phase du syndrome de Vichy, celle du refoulement<a href="#_ftn68" name="_ftnref68" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">[68]</span></span></span></span></span></span></a>.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">En t&eacute;moignent les r&eacute;actions suscit&eacute;es en 1953 par la publication sous pseudonyme de la <i>Galerie Bretonne</i><a href="#_ftn69" name="_ftnref69" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">[69]</span></span></span></span></span></span></a><i> </i>de Mordrel, alors r&eacute;fugi&eacute; en Argentine. Dans cette succession plus ou moins chronologique de portraits des figures majeures du mouvement, Mordrel convoque les h&eacute;ros du pass&eacute; pour vanter leurs m&eacute;rites, et r&eacute;gler quelques comptes. Une br&egrave;ve pol&eacute;mique &eacute;clate entre lui et Lain&eacute;, r&eacute;fugi&eacute; en Irlande. Les vieilles ranc&oelig;urs de ces fant&ocirc;mes des ann&eacute;es noires sont du plus mauvais effet. Accus&eacute; d&#39;&ecirc;tre un indicateur des Renseignements G&eacute;n&eacute;raux &agrave; cause de la masse d&#39;informations qu&#39;il livre dans son ouvrage, Mordrel est somm&eacute; de se taire&nbsp;: sa prose est bien trop compromettante pour les militants en fuite qui n&#39;ont pas encore b&eacute;n&eacute;fici&eacute; des lois d&#39;amnistie vot&eacute;es en 1951 et 1953, &agrave; une &eacute;poque o&ugrave; le tout jeune Comit&eacute; d&#39;&eacute;tude et de liaison des int&eacute;r&ecirc;ts bretons (CELIB) peine &agrave; obtenir quelque r&eacute;sultat. La prudence s&#39;impose donc, d&#39;autant que sur fond de mythe r&eacute;sistancialiste, d&#39;anciens r&eacute;sistants, et &agrave; leur suite d&#39;anciens collaborateurs, construisent une m&eacute;moire lourde de fant&ocirc;mes potentiels. Ainsi, Yann Poupinot<b>,</b> un proche de Mordrel, aborde l&#39;attitude du mouvement breton sous l&#39;occupation en ces termes&nbsp;:</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a name="sdfootnote34anc"></a></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">M&ecirc;me si la preuve d&#39;une collusion des patriotes bretons avec les Allemands est impossible &agrave; faire et s&#39;il est patent, au contraire, que la quasi-totalit&eacute; d&#39;entre eux n&#39;a eu en vue que ce qu&#39;ils consid&eacute;raient comme le bien de La Bretagne, on saura monter en &eacute;pingle des cas maladroits, compromettants ou douteux, in&eacute;vitables dans une telle entreprise, de mani&egrave;re &agrave; effacer sous l&#39;opprobre la seule &eacute;volution r&eacute;gionale centrifuge de France<a href="#_ftn70" name="_ftnref70" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">[70]</span></span></span></span></span></span></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Ce d&eacute;ni est d&#39;autant plus n&eacute;cessaire que deux ans apr&egrave;s la parution de son ouvrage, Poupinot participe en 1957 &agrave; la cr&eacute;ation du Mouvement pour l&#39;Organisation de la Bretagne <b>(</b>MOB<b>),</b> dirig&eacute; par Yann Fou&eacute;r&eacute;, qui vient alors d&#39;&ecirc;tre acquitt&eacute; d&#39;une accusation d&#39;intelligence avec l&#39;ennemi. En 1962, Fou&eacute;r&eacute; publie sa propre histoire du mouvement &ndash;&nbsp;<i>La Bretagne &eacute;cartel&eacute;e&nbsp;</i>&ndash; o&ugrave; il</span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> <span style="color:black">s&#39;efforce d&#39;&eacute;tablir un martyrologe breton. <a name="sdfootnote35anc"></a>Or il y a au MOB quelques &eacute;tudiants de gauche lass&eacute;s par les discours d&#39;une &eacute;quipe dirigeante constitu&eacute;e des anciens revenus aux affaires. En 1964, ces jeunes dissidents fondent en 1964 l&#39;Union d&eacute;mocratique bretonne (UDB), qu&#39;ils t&acirc;chent d&#39;&eacute;loigner du discours h&eacute;rit&eacute; de l&#39;entre-deux-guerres. Eux aussi ont int&eacute;r&ecirc;t &agrave; tenir le pass&eacute; &agrave; distance&nbsp;: leur probl&egrave;me est d&#39;assumer une partie de l&#39;h&eacute;ritage du mouvement breton tout en s&#39;en &eacute;mancipant. C&#39;est dans ce climat que le <i>Strollad an Deskadurezh Eil Derez </i>(Groupe d&#39;&Eacute;ducation du Second Degr&eacute;) invente un d&eacute;coupage chronologique de l&#39;histoire du mouvement breton en trois p&eacute;riodes bien distinctes. Un premier <i>emzao</i> aurait exist&eacute; avant 1914, un second de 1918 &agrave; 1945, le troisi&egrave;me avait d&eacute;but&eacute; &agrave; la Lib&eacute;ration. Ce d&eacute;coupage, aujourd&#39;hui largement utilis&eacute; dans de nombreux travaux, est cens&eacute; garantir l&#39;&eacute;tanch&eacute;it&eacute; du pass&eacute; en mettant entre parenth&egrave;ses le pass&eacute; qui ne passe pas. C&#39;est oublier que les fant&ocirc;mes traversent les murs et sautent les g&eacute;n&eacute;rations.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a name="sdfootnote36anc"></a></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Dans la Bretagne de la fin des ann&eacute;es 60, une Arm&eacute;e R&eacute;publicaine Bretonne multiplie les attentats. Ses chefs sont vite assimil&eacute;s aux anciens &laquo;&nbsp;collabos&nbsp;&raquo; par la presse nationale. L&#39;un d&#39;eux, Yann Goulet, chef du service d&#39;ordre du PNB pendant la guerre, est somm&eacute; de d&eacute;montrer qu&rsquo;il n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; nazi. Dans le m&ecirc;me temps, les difficult&eacute;s que rencontre l&#39;UDB incitent de jeunes militants ou sympathisants &agrave; se pencher dans des &eacute;tudes universitaires sur le pass&eacute; du mouvement, pour essayer de comprendre les raisons de son &eacute;chec. L&#39;un d&#39;eux, Bertrand Frelaut, explore <i>L&#39;Heure bretonne</i><a href="#_ftn71" name="_ftnref71" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">[71]</span></span></span></span></span></span></a>. Condamnant la tentative de fascisme breton &eacute;bauch&eacute;e par le PNB dans les ann&eacute;es 30-40, il en appelle au socialisme breton. On ne saurait mieux dire le refus de l&#39;h&eacute;ritage&nbsp;: se confronter au pass&eacute;, ce n&#39;est pas pour autant faire avec. Il est alors d&#39;autant plus urgent de chasser les fant&ocirc;mes du mouvement qu&#39;&agrave; la faveur du <i>Revival</i> post-gaulliste, d&#39;anciens militants comme Mordrel surgissent sur le devant de la sc&egrave;ne en publiant leurs m&eacute;moires. De fait, dans les ann&eacute;es 1980, militants et universitaires, qui restent parfois les m&ecirc;mes, se partagent la parole, dans un prudent <i>statu quo</i>.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Les ann&eacute;es 1990 voient le retour du pass&eacute; vichyste, jusqu&#39;&agrave; l&#39;hypermn&eacute;sie. Les discussions autour de la ratification de la charte europ&eacute;enne des langues r&eacute;gionales et une nouvelle vague d&#39;attentats de l&#39;ARB alimentent en Bretagne un climat particulier. Une pol&eacute;mique &eacute;clate autour du pass&eacute; de Roparz Hemon, linguiste compromis pendant l&#39;occupation. En 2000, un coll&egrave;ge Diwan qui portait son nom est d&eacute;baptis&eacute;, et sous une forte pression sociale, un colloque d&#39;historiens est organis&eacute; &agrave; Brest en 2001 pour d&eacute;passionner le d&eacute;bat et montrer qu&#39;en d&eacute;pit des op&eacute;rations de d&eacute;ni les historiens avaient fait leur travail. Restait, inlassablement, &agrave; le (re)diffuser<a href="#_ftn72" name="_ftnref72" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">[72]</span></span></span></span></span></span></a>.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a name="sdfootnote37anc"></a></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Or, s&#39;il fut rarement autant sollicit&eacute;, l&#39;historien est peu &eacute;cout&eacute; et soumis &agrave; une rude concurrence de r&eacute;cits du pass&eacute; soumis aux exigences morales et justici&egrave;res du devoir de m&eacute;moire. Certaines voix s&#39;&eacute;l&egrave;vent pour refaire le proc&egrave;s des &laquo;&nbsp;collabos&nbsp;&raquo;, condamner un mouvement breton consid&eacute;r&eacute; comme insuffisamment d&eacute;nazifi&eacute; et d&eacute;fendre la m&eacute;moire de la R&eacute;sistance en Bretagne. Ce dernier r&eacute;agit dans sa diversit&eacute;, voyant dans la traque de ses fant&ocirc;mes un complot jacobin. &Agrave; droite, on vise &agrave; la r&eacute;habilitation int&eacute;grale, affirmant que les Bretons auraient eu davantage &agrave; souffrir de la r&eacute;sistance communiste que du nazisme et de son alli&eacute; breton. D&eacute;non&ccedil;ant les &laquo;&nbsp;amalgames&nbsp;&raquo; &ndash;&nbsp;entendre une tromperie d&eacute;lib&eacute;r&eacute;e &ndash; les militants de gauche d&eacute;crivent la d&eacute;rive d&#39;un mouvement victime de sa droitisation dans l&#39;entre-deux-guerres et pendant la Seconde Guerre mondiale, avant que les choses ne rentrent dans l&#39;ordre, c&#39;est-&agrave;-dire qu&#39;il revienne &agrave; gauche. Des &eacute;tudes se multiplient, qui tendent &agrave; montrer un mouvement inspir&eacute; par quelques penseurs libertaires ou proches du communisme opportun&eacute;ment exhum&eacute;s. Cette id&eacute;e de d&eacute;rive, non-sens historique, suppose qu&#39;un temps la Bretagne serait sortie de son histoire. Or, c&#39;est justement l&agrave;, o&ugrave; &laquo;&nbsp;le temps est hors de ses gonds<a href="#_ftn73" name="_ftnref73" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">[73]</span></span></span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;, qu&#39;apparaissent les spectres. D&#39;ailleurs, sur les r&eacute;seaux sociaux, la droite identitaire bretonne ne cesse de se r&eacute;clamer de Mordrel, de Fou&eacute;r&eacute; et d&#39;autres encore.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Conclusion</span></span></span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a name="sdfootnote18anc"></a></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">On pourrait synth&eacute;tiser le parcours des nationalistes bretons du d&eacute;but du <span style="font-variant:small-caps">xx</span><sup>e</sup> si&egrave;cle par une r&eacute;flexion de Raymond de Becker, non-conformiste belge, qui dans <i>le livre des vivants et des morts</i> &eacute;crivit&nbsp;: &laquo;&nbsp;Les hommes de ce temps ont bien appris &agrave; mourir, mais il leur reste encore &agrave; savoir vivre<a href="#_ftn74" name="_ftnref74" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">[74]</span></span></span></span></span></span></a>.&nbsp;&raquo; </span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Vou&eacute;s au sacrifice sur l&#39;autel de la patrie, ceux qui devinrent les nationalistes bretons y &eacute;chapp&egrave;rent et durent vivre dans un monde qu&#39;ils ne devaient pas conna&icirc;tre. <span style="color:black">Refusant la vie active pour ce qu&#39;ils crurent &ecirc;tre une vie d&#39;action, ils firent de la Bretagne la promesse d&#39;une guerre enfin v&eacute;cue. &laquo;&nbsp;Le nationalisme est une mystique, une vengeance, etc... au niveau <u>individuel<a href="#_ftn75" name="_ftnref75" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><u><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">[75]</span></span></span></span></u></span></span></a></u>&nbsp;&raquo;, &eacute;crivit Lain&eacute;, qui dit &eacute;galement&nbsp;: &laquo;&nbsp;Je suis seul comme la perle incomparable, seul comme le soleil dans les Cieux, et la Cause pour laquelle je combats est la mienne, &agrave; moi seul<a href="#_ftn76" name="_ftnref76" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">[76]</span></span></span></span></span></span></a>.&nbsp;&raquo; Ce fut, de fait, le cas pour chacun d&#39;entre eux&nbsp;: leur engagement politique et la Bretagne qu&#39;ils ont dessin&eacute;e furent la projection de leur mal-&ecirc;tre, une th&eacute;rapie individuelle.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">C&#39;&eacute;tait &eacute;galement le cas pour d&#39;autres jeunes en France et ailleurs, et, &agrave; ce titre, le nationalisme breton n&#39;est qu&#39;un rouage suppl&eacute;mentaire dans la n&eacute;buleuse de &laquo;&nbsp;rel&egrave;ves&nbsp;&raquo; europ&eacute;ennes. Un rouage qui parvint &agrave; s&#39;articuler avec quelques autres de la g&eacute;n&eacute;ration de l&#39;absolu qui fut habit&eacute;e par la d&eacute;tresse d&#39;une Allemagne assi&eacute;g&eacute;e, diminu&eacute;e et menac&eacute;e par des p&eacute;rils de tous ordres, que ces hommes se donn&egrave;rent pour mission de sauver une fois toutes. Vivant &agrave; l&#39;&eacute;chelle individuelle le suicide de l&#39;Europe auquel ils n&#39;avaient pu participer, ils projet&egrave;rent la mission eschatologique de la Grande Guerre dans l&#39;organisation de leur propre chaos, afin, pensaient-ils, de retrouver l&#39;origine, le royaume. Ainsi, comme il l&#39;a &eacute;t&eacute; remarqu&eacute; pour les animateurs de <i>L&#39;Ordre Nouveau</i>, ces id&eacute;alistes pleins de ferveur furent des proph&egrave;tes. Le royaume qu&#39;ils esp&eacute;raient ne vint pas, mais ils eurent leurs fid&egrave;les. C&#39;est finalement ce que constatait Alfred Loisy en 1902 au sujet de l&rsquo;&Eacute;vangile&nbsp;: &laquo;&nbsp;J&eacute;sus annon&ccedil;ait le royaume, et c&#39;est l&rsquo;&Eacute;glise qui est venue<a href="#_ftn77" name="_ftnref77" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">[77]</span></span></span></span></span></span></a>.&nbsp;&raquo; Une &Eacute;glise remplie de fant&ocirc;mes qui sont &agrave; la m&eacute;moire ce que les pales sont au moulin, et l&#39;historien est leur Don Quichotte. Sauf &agrave; en faire des objets d&#39;&eacute;tude pour les d&eacute;passer, faire son m&eacute;tier et ne pas se voir, &agrave; son tour, en victime ou en juge.</span></span></span> </span></span></span></p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[1]</span></span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Pour une biographie d&eacute;taill&eacute;e de ces hommes, voir S&eacute;bastien C<span style="font-variant:small-caps">arney</span>, <i>Breiz Atao !</i> <i>Mordrel, Delaporte, Lain&eacute;, Fou&eacute;r&eacute; : une mystique nationale (1901-1948)</i>, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2015.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p class="sdfootnote" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[2]</span></span></span></span></span></a> Karl M<span style="font-variant:small-caps">annheim</span>, <i>Le probl&egrave;me des g&eacute;n&eacute;rations</i>, Paris, Nathan, 1990, p.&nbsp;52 et 60.</span></span></p> </div> <div id="ftn3"> <p class="sdfootnote" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[3]</span></span></span></span></span></a> Dominique F<span style="font-variant:small-caps">ouchard</span>, <i>Le poids de la guerre. Les poilus et leur famille apr&egrave;s 1918</i>, Rennes, PUR, 2013, p.&nbsp;100.</span></span></p> </div> <div id="ftn4"> <p class="sdfootnote" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="break-before:page"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[4]</span></span></span></span></span></a> Voir respectivement Stefan<span style="font-variant:small-caps"> Breuer</span>, <i>Anatomie de la R&eacute;volution conservatrice</i>, Paris, &Eacute;ditions de la Maison des sciences de l&rsquo;homme, 1996, p.&nbsp;35 et Detlev P<span style="font-variant:small-caps">eukert</span>, <i>La R&eacute;publique de Weimar. Ann&eacute;es de crise de la modernit&eacute;</i>, Paris, Aubier, 1995, p.&nbsp;28-33.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn5"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-7.1pt"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[5]</span></span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> St&eacute;phane <span style="font-variant:small-caps">Audoin-Rouzeau</span>, <i>La guerre des enfants, 1914-1918. Essai d&rsquo;histoire culturelle</i>, Paris, Armand Colin, 1993, p.&nbsp;158.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn6"> <p style="text-align:justify; text-indent:-7.1pt; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[6]</span></span></span></sup></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Thierry<span style="font-variant:small-caps"> Hardier</span>, Jean-Fran&ccedil;ois <span style="font-variant:small-caps">Jagielski</span>, et Guy <span style="font-variant:small-caps">Pedroncini</span>, <i>Combattre et mourir pendant la Grande Guerre : 1914-1925</i>, Paris, Imago, 2001, p.&nbsp;347.</span></span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn7"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-7.1pt"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[7]</span></span></span></span></span></span></a> <span lang="EN-GB" new="" roman="" style="font-family:" times="">George Lachmann<span style="font-variant:small-caps"> Mosse</span>, <i>Nationalism and sexuality. </i></span><i><span lang="EN-US" new="" roman="" style="font-family:" times="">Respectability and abnormal sexuality in modern Europe</span></i><span lang="EN-US" new="" roman="" style="font-family:" times="">, New-York, H. Fertig, 1985, p.&nbsp;114‑116.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn8"> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[8]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Bertrand de <span style="font-variant:small-caps">Jouvenel</span>, <i>Un voyageur dans le si&egrave;cle, 1903-1945</i>, Paris, R. Laffont, 1980, p.&nbsp;77.</span></span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn9"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-7.1pt"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[9]</span></span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Centre de recherche bretonne et celtique (CRBC), fonds C&eacute;lestin Lain&eacute;, CL1 T2, autobiographie 1946. C&#39;est l&#39;auteur qui souligne.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn10"> <p style="text-align:justify; text-indent:-7.1pt; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref10" name="_ftn10" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[10]</span></span></span></sup></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Louis-Ferdinand <span style="font-variant:small-caps">C&eacute;line</span>, <i>Voyage au bout de la nuit</i>, Paris, Gallimard, 1952 [1932], p.&nbsp;14.</span></span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn11"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-7.1pt"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref11" name="_ftn11" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[11]</span></span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Dominique Fernandez explique comment le d&eacute;ficit h&eacute;ro&iuml;que de son p&egrave;re, qui n&rsquo;a pas fait la Grande Guerre, l&rsquo;aurait, en partie, conduit &agrave; adh&eacute;rer au PPF. Dominique<span style="font-variant:small-caps"> Fernandez</span>, <i>Ramon</i>, Paris, Grasset, 2009, p. 117.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn12"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-7.1pt"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref12" name="_ftn12" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[12]</span></span></span></span></span></span></a> <span new="" roman="" style="font-family:" times="">Olier <span style="font-variant:small-caps">Mordrel</span>, &laquo;&nbsp;La lutte des Bretons pour la sauvegarde de leurs libert&eacute;s. 1715-1720&nbsp;&raquo;, <i>Breiz Atao</i>, n&deg;3(15), mars 1920, p. 9-11.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn13"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-7.1pt"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref13" name="_ftn13" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[13]</span></span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> <span style="color:black">Fonds priv&eacute; Mordrel, OM37 T80, tapuscrit de la <i>Galerie bretonne</i>, p. 57.</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn14"> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref14" name="_ftn14" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[14]</span></span></span></sup></span></span></sup></a> <span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Jean-Marie<span style="font-variant:small-caps"> Apostolid&egrave;s</span>, <i>H&eacute;ro&iuml;sme et victimisation. Une histoire de la sensibilit&eacute;</i>, Paris, Exils, 2003, p.&nbsp;10.</span></span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn15"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-7.1pt"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref15" name="_ftn15" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[15]</span></span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> On sait aujourd&rsquo;hui que ce chiffre doit &ecirc;tre descendu &agrave; un peu plus de 130.000 morts, mais dans l&rsquo;entre-deux-guerres, tout le monde ou presque s&rsquo;accorde sur 240.000.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn16"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref16" name="_ftn16" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[16]</span></span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Non-sign&eacute;, &laquo; Position &raquo;, <i>Breiz Atao</i>, n&deg;177, 25 juin 1933, p. 4.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn17"> <p class="sdfootnote" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref17" name="_ftn17" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[17]</span></span></span></span></span></a> L<span style="font-variant:small-caps">e Comit&eacute; Directeur</span>, &laquo;&nbsp;&Agrave; travers le Pays&nbsp;&raquo;, <i>Breiz Atao</i>, n&deg; 7(19), juillet 1920, p. 25.</span></span></p> </div> <div id="ftn18"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref18" name="_ftn18" title=""><sup><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[18]</span></span></span></sup></span></sup></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Olier <span style="font-variant:small-caps">Mordrel</span>, &laquo;&nbsp;Ce que signifierait la guerre pour la Bretagne&nbsp;&raquo;, <i>Breiz Atao</i>, n&deg; 313, 19 octobre 1938, p. 1-2.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn19"> <h2 style="text-align:justify; text-indent:-7.1pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:18pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref19" name="_ftn19" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-weight:normal"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:18.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[19]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-weight:normal"> La psychanalyse appelle &laquo;&nbsp;projection&nbsp;&raquo; la d<span style="color:black">&eacute;localisation d&#39;un &eacute;l&eacute;ment de la conflictualit&eacute; interne qui permet de percevoir chez les autres ce que le sujet ne peut reconna&icirc;tre en lui-m&ecirc;me. Voir Annie B<span style="font-variant:small-caps">irraux</span>, </span>&laquo; La projection, instrument d&#39;adolescence &raquo;, <i>Revue fran&ccedil;aise de psychanalyse</i>, n&deg;64, 2000/3,</span></span><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-weight:normal"> p. </span></span><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-weight:normal">693-704.</span></span></span></span></h2> </div> <div id="ftn20"> <p class="sdfootnote" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref20" name="_ftn20" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[20]</span></span></span></span></span></a> <span style="color:black">O.M., &laquo;&nbsp;Les Avantages du Panceltisme&nbsp;&raquo;, <i>Breiz Atao</i>, n&deg;4-5(52-53), 15 avril et 15 mai 1923, p. 295.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn21"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-7.1pt"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref21" name="_ftn21" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[21]</span></span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Olivier D<span style="font-variant:small-caps">ard</span>, <i>Le rendez-vous manqu&eacute; des rel&egrave;ves des ann&eacute;es 30</i>, Paris, PUF, 2002.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn22"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref22" name="_ftn22" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[22]</span></span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> O. M<span style="font-variant:small-caps">ordrel</span>, &laquo;&nbsp;La Culture &#39;&#39;Classique&#39;&#39; et les Paysans&nbsp;&raquo;, <i>Breiz Atao</i>, n&deg;100, 11 mai 1930, p. 1.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn23"> <p class="sdfootnote" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref23" name="_ftn23" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[23]</span></span></span></span></span></a> Institut de documentation bretonne et europ&eacute;enne (IDBE), <span style="color:black">carton &laquo;&nbsp;Histoire de la Bretagne &eacute;l&eacute;mentaire&nbsp;&raquo;</span>, &laquo;&nbsp;Allocution prononc&eacute;e devant les &eacute;tudiants bretons de Paris, le 13 mars 1934&nbsp;&raquo;.</span></span></p> </div> <div id="ftn24"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-7.1pt"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref24" name="_ftn24" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[24]</span></span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Non-sign&eacute; (Olier Mordrel), <i>Le nationalisme breton. Aper&ccedil;u doctrinal</i>, Rennes, <span style="color:black">Les &Eacute;ditions du Parti National Breton, </span>1932, p. 27.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn25"> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref25" name="_ftn25" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[25]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Armin <span style="font-variant:small-caps">Mohler</span>, <i>La révolution conservatrice en Allemagne, 1918-1932</i>, Puiseaux, Pard&egrave;s, 1993.</span></span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn26"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref26" name="_ftn26" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[26]</span></span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> CRBC, fonds Lain&eacute;, CL8 T106, &laquo;&nbsp;Foi celtique&nbsp;&raquo;, 1934.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn27"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref27" name="_ftn27" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[27]</span></span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> <i>Id</i>.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn28"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref28" name="_ftn28" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[28]</span></span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Thomas R<span style="font-variant:small-caps">enard</span>, &laquo;&nbsp;&Eacute;ditorial&nbsp;&raquo;, <i>303</i>, n&deg;140, &laquo;&nbsp;Ruines et vestiges. Remous des temps au pr&eacute;sent&nbsp;&raquo;, mars 2016, p. 5.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn29"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref29" name="_ftn29" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[29]</span></span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Fanch L<span style="font-variant:small-caps">e Lay</span>, &laquo;&nbsp;Antimilitarisme &agrave; la fran&ccedil;aise et Nationalisme breton&nbsp;&raquo;, <i>Breiz Atao</i>, 237, 24 novembre 1935, p. 2.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn30"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref30" name="_ftn30" title=""><sup><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[30]</span></span></span></sup></span></sup></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Encart non-sign&eacute;, <i>Breiz Atao</i>, n&deg;2 (74), 1<sup>er</sup> f&eacute;vrier 1925, p. 528.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn31"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref31" name="_ftn31" title=""><sup><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[31]</span></span></span></sup></span></sup></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Non-sign&eacute;, &laquo;&nbsp;Breiz Atao enfonc&eacute; !&nbsp;&raquo;, <i>Breiz Atao</i>, n&deg;8 (44), 15 ao&ucirc;t 1922, p. 223&nbsp;; Lettre d&#39;un professeur &eacute;migr&eacute;, <i>Breiz Atao</i>, n&deg;17, 20 mai 1928, p. 3.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn32"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref32" name="_ftn32" title=""><sup><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[32]</span></span></span></sup></span></sup></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> <span style="font-variant:small-caps">Breiz Atao</span>, &laquo;&nbsp;Ni paix, ni amour, ni tr&ecirc;ve !&nbsp;&raquo;, <i>Breiz Atao</i>, n&deg;196, 1<sup>er</sup> avril 1934, p. 1.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn33"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref33" name="_ftn33" title=""><sup><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[33]</span></span></span></sup></span></sup></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> CRBC, fonds Lain&eacute;, CL2 M38, notes, souvenirs et r&eacute;flexions, 25 septembre 1942.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn34"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref34" name="_ftn34" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[34]</span></span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Ces faits sont bien connus aujourd&rsquo;hui. Voir S&eacute;bastien C<span style="font-variant:small-caps">arney</span>, <i>Breiz Atao !</i>, <i>op. cit</i>.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn35"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-7.1pt"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref35" name="_ftn35" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[35]</span></span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Olivier D<span style="font-variant:small-caps">ard</span>, <i>Le rendez-vous manqu&eacute; des rel&egrave;ves des ann&eacute;es 30</i>, <i>op. cit</i>.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn36"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref36" name="_ftn36" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[36]</span></span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Ernst <span style="font-variant:small-caps">J&uuml;nger</span>, <i>Le travailleur</i>, Paris, Christian Bourgois, 1989, p. 151.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn37"> <p class="sdfootnote" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref37" name="_ftn37" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[37]</span></span></span></span></span></a> Yann F<span style="font-variant:small-caps">ou&eacute;r&eacute;</span>, &laquo;&nbsp;Cr&eacute;er partout des maisons bretonnes&nbsp;&raquo;, <i>la bretagne</i>, n&deg;358, 14 mai 1942, p. 1-2.</span></span></p> </div> <div id="ftn38"> <p class="sdfootnote-western" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref38" name="_ftn38" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[38]</span></span></span></span></span></a> Armand P<span style="font-variant:small-caps">etitjean</span>, &laquo;&nbsp;Les amis de la R&eacute;volution&nbsp;&raquo;, <i>Id&eacute;es</i>, n&deg;14, d&eacute;cembre 1942, p. 1</span></span></p> </div> <div id="ftn39"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref39" name="_ftn39" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[39]</span></span></span></span></span></span></a> <i><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;I, Cor</span></i><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, 7, 29.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn40"> <p class="sdfootnote-western" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref40" name="_ftn40" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[40]</span></span></span></span></span></a> R. D<span style="font-variant:small-caps">elaporte</span>, &laquo;&nbsp;Note du Chef du P.N.B.&nbsp;&raquo;, <i>L&#39;Heure Bretonne</i>, n&deg;39, 5 avril 1941, p. 2. C&#39;est l&#39;auteur qui souligne.</span></span></p> </div> <div id="ftn41"> <p class="sdfootnote-western" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref41" name="_ftn41" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[41]</span></span></span></span></span></a> <span style="color:black">R. D<span style="font-variant:small-caps">elaporte</span>, &laquo;&nbsp;Paroles de Chef. La n&eacute;cessit&eacute; du sacrifice&nbsp;&raquo;, <i>L&#39;Heure Bretonne</i>, n&deg;113, 12 septembre 1942, p. 1.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn42"> <p class="sdfootnote-western" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref42" name="_ftn42" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[42]</span></span></span></span></span></a> <span style="color:black">J. J<span style="font-variant:small-caps">affr&eacute;</span>, &laquo;&nbsp;&Agrave; ceux qui r&ecirc;vent d&#39;&ecirc;tre de grands assassins devant l&#39;histoire... s&#39;oppose notre progression &#39;&#39;&agrave; la celtique&#39;&#39;&nbsp;&raquo;, <i>l&#39;Heure bretonne</i>, n&deg;141, 4 avril 1943, p. 1-2. C&#39;est l&#39;auteur qui souligne.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn43"> <p class="sdfootnote-western" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref43" name="_ftn43" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[43]</span></span></span></span></span></a> J.L., &laquo;&nbsp;Sous le triskel...&nbsp;&raquo;, <i>l&#39;Heure Bretonne</i>, n&deg;62, 13 septembre 1941, p. 1-2.</span></span></p> </div> <div id="ftn44"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref44" name="_ftn44" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[44]</span></span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Troupes de combat, en breton, service de s&eacute;curit&eacute; du parti.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn45"> <p class="sdfootnote-western" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref45" name="_ftn45" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[45]</span></span></span></span></span></a> T., &laquo;&nbsp;Une &eacute;mouvante c&eacute;r&eacute;monie&nbsp;&raquo;, <i>l&#39;Heure Bretonne</i>, n&deg;163, 5 septembre 1943, p. 8.</span></span></p> </div> <div id="ftn46"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref46" name="_ftn46" title=""><sup><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[46]</span></span></span></sup></span></sup></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Philippe P<span style="font-variant:small-caps">&eacute;tain</span> et Jacques I<span style="font-variant:small-caps">sorni</span>, <i>Quatre ann&eacute;es au pouvoir</i>, Paris, La Couronne litt&eacute;raire, 1949.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn47"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref47" name="_ftn47" title=""><sup><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[47]</span></span></span></sup></span></sup></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Yann <span style="font-variant:small-caps">Fou&eacute;r&eacute;</span>, &laquo;&nbsp;Creuser le sillon...&nbsp;&raquo;, <i>La Bretagne</i>, n&deg;2, 22 mars 1941, p 1.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn48"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref48" name="_ftn48" title=""><sup><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[48]</span></span></span></sup></span></sup></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Yann F<span style="font-variant:small-caps">ou&eacute;r&eacute;</span>, &laquo;&nbsp;L&eacute;gif&eacute;rer pour le r&eacute;el&nbsp;&raquo;, <i>La Bretagne</i>, n&deg;234, 19 d&eacute;cembre 1941, p. 1-2.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn49"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref49" name="_ftn49" title=""><sup><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[49]</span></span></span></sup></span></sup></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Yann F<span style="font-variant:small-caps">ou&eacute;r&eacute;</span>, &laquo;&nbsp;Contre-Provincialisme&nbsp;&raquo;, <i>La Bretagne</i>, n&deg;262, 23 janvier 1942, p. 1-2.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn50"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref50" name="_ftn50" title=""><sup><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[50]</span></span></span></sup></span></sup></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Non-sign&eacute;, &laquo;&nbsp;D&eacute;finitions&nbsp;&raquo;, <i>L&#39;Ordre Nouveau</i>, n&deg;9, mars 1934, p. I.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn51"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref51" name="_ftn51" title=""><sup><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[51]</span></span></span></sup></span></sup></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Yann F<span style="font-variant:small-caps">ou&eacute;r&eacute;</span>, &laquo;&nbsp;Les &eacute;tranges travaux de l&#39;&eacute;trange commission&nbsp;&raquo;, <i>La Bretagne</i>, n&deg;75, 17 juin 1941, p. 1 et 3.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn52"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref52" name="_ftn52" title=""><sup><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[52]</span></span></span></sup></span></sup></a><i><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Projet de statut pour la Bretagne dans le cadre de la France</span></i><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, version 1943.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn53"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref53" name="_ftn53" title=""><sup><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[53]</span></span></span></sup></span></sup></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Yann F<span style="font-variant:small-caps">ou&eacute;r&eacute;</span>, &laquo;&nbsp;Comment choisir un Gouverneur&nbsp;?&nbsp;&raquo;, <i>La Bretagne</i>, n&deg;214, 26 novembre 1941, p. 1-2.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn54"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref54" name="_ftn54" title=""><sup><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[54]</span></span></span></sup></span></sup></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-variant:small-caps"> Y</span></span><span new="" roman="" style="font-family:" times="">ann<span style="font-variant:small-caps"> Fou&eacute;r&eacute;</span>, <i>La patrie interdite.</i> <i>Histoire d&#39;un Breton</i>, Paris, &Eacute;ditions France-Empire, 1987,&nbsp; p.&nbsp;268.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn55"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref55" name="_ftn55" title=""><sup><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[55]</span></span></span></sup></span></sup></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Yann F<span style="font-variant:small-caps">ou&eacute;r&eacute;</span>, &laquo;&nbsp;R&ocirc;le constitutionnel du Grand Conseil Provincial&nbsp;&raquo;, <i>La Bretagne</i>, n&deg;728, 27 juillet 1943.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn56"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref56" name="_ftn56" title=""><sup><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[56]</span></span></span></sup></span></sup></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Yann F<span style="font-variant:small-caps">ou&eacute;r&eacute;</span>, &laquo;&nbsp;Organes de l&rsquo;&Eacute;tat nouveau&nbsp;&raquo;, <i>La Bretagne</i>, n&deg;770, 15 septembre 1943, p. 1 et 4.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn57"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref57" name="_ftn57" title=""><sup><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[57]</span></span></span></sup></span></sup></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Yann F<span style="font-variant:small-caps">ou&eacute;r&eacute;</span>, &laquo;&nbsp;La corporation d&eacute;figur&eacute;e&nbsp;&raquo;, <i>La Bretagne</i>, n&deg;880, 27 janvier 1944, p. 1.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn58"> <p class="sdfootnote-western" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref58" name="_ftn58" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[58]</span></span></span></span></span></a> CRBC, fonds Lain&eacute;, CL5 T27, rapport du 17 d&eacute;cembre 1941.</span></span></p> </div> <div id="ftn59"> <p class="sdfootnote-western" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref59" name="_ftn59" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[59]</span></span></span></span></span></a> CRBC, fonds Lain&eacute;, <span style="color:black">CL5 T28, rapport relatif &agrave; la foi nordique en Bretagne, 27 mai 1942.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn60"> <p class="sdfootnote-western" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref60" name="_ftn60" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[60]</span></span></span></span></span></a> Llyfrgell Genedlaethol Cymru / National Library of Wales (<span style="color:black">LlGC/NLW), Louis Feutren collection, Box 6, 7 ao&ucirc;t 1942 et CRBC, fonds Lain&eacute;, CL5 T29, d&eacute;cision du mois de septembre 1942.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn61"> <p class="sdfootnote-western" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref61" name="_ftn61" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[61]</span></span></span></span></span></a> <span style="color:black">LlGC/NLW, Louis Feutren collection, Box 6, discours &agrave; l&#39;examen du second degr&eacute;, 1943.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn62"> <p class="sdfootnote-western" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref62" name="_ftn62" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[62]</span></span></span></span></span></a> <span style="color:black">LlGC/NLW, Louis Feutren collection, Box 4, notes pour les discours de la p&eacute;riode de P&acirc;ques 1942.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn63"> <p class="sdfootnote-western" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref63" name="_ftn63" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[63]</span></span></span></span></span></a> <i><span style="color:black">Id.</span></i></span></span></p> </div> <div id="ftn64"> <p class="sdfootnote-western" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref64" name="_ftn64" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[64]</span></span></span></span></span></a> <span style="color:black">CRBC, fonds Lain&eacute;, CL2 M179, notes, souvenirs et r&eacute;flexions, personnalit&eacute;s, G. von Tevenar, 16 avril 1943.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn65"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref65" name="_ftn65" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[65]</span></span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> <i>Id.</i></span></span></span></p> </div> <div id="ftn66"> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:18pt"><span style="line-height:normal"><span style="font-family:Mangal, serif"><span style="color:white"><a href="#_ftnref66" name="_ftn66" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:18.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[66]</span></span></span></span></span></span></a> <span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-variant:small-caps">Conseil de l&#39;Eisteddfod nationale du pays de Galles</span></span></span><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, <i>Rapport sur la visite en Bretagne de la d&eacute;l&eacute;gation galloise, avril 1947</i>, Cardiff, William Lewis, 1947.</span></span></span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify">&nbsp;</p> </div> <div id="ftn67"> <p class="sdfootnote" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref67" name="_ftn67" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[67]</span></span></span></span></span></a> J.-M., &laquo;&nbsp;le scandale de l&#39;&eacute;puration en Bretagne&nbsp;&raquo;, <i>Le Peuple Breton</i>, n&deg;6, 16 mars 1948, p. 5-8. C&rsquo;est l&rsquo;auteur qui souligne.</span></span></p> </div> <div id="ftn68"> <p class="sdfootnote" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref68" name="_ftn68" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[68]</span></span></span></span></span></a> Henry R<span style="font-variant:small-caps">ousso</span>, <i>Le syndrome de Vichy de 1944 &agrave; nos jours</i>, Paris, Seuil, 1990.</span></span></p> </div> <div id="ftn69"> <p class="sdfootnote" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref69" name="_ftn69" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[69]</span></span></span></span></span></a> Jean L<span style="font-variant:small-caps">a B&eacute;nelais</span>, <i>Galerie bretonne</i>, Merdrignac, La Bretagne r&eacute;elle, 1953.</span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify">&nbsp;</p> </div> <div id="ftn70"> <p class="sdfootnote" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref70" name="_ftn70" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[70]</span></span></span></span></span></a> Yann P<span style="font-variant:small-caps">oupinot</span>, <i>La Bretagne contemporaine. Contribution &agrave; l&rsquo;&eacute;tude de son &eacute;volution. Histoire &eacute;conomique et sociale de 1789 &agrave; nos jours</i>, tome II &laquo;&nbsp;Depuis 1914&nbsp;&raquo;, Paris, Ker Vreiz, 1955, p. 213.</span></span></p> </div> <div id="ftn71"> <p class="sdfootnote" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref71" name="_ftn71" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[71]</span></span></span></span></span></a> Bertrand <span style="color:black">F<span style="font-variant:small-caps">r&eacute;laut</span>, <i>L&#39;Heure bretonne</i>, Rennes, m&eacute;moire de ma&icirc;trise d&#39;histoire, 1970, publi&eacute; sous le titre <i>L</i>es<i> nationalistes bretons de 1939 &agrave; 1945</i>, Brasparts, Beltan, 1985.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn72"> <p class="sdfootnote" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref72" name="_ftn72" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[72]</span></span></span></span></span></a> Christian B<span style="font-variant:small-caps">ougeard</span> (dir.), <i>Bretagne et identit&eacute;s r&eacute;gionales pendant la seconde guerre mondiale</i>, Brest, CRBC, 2002.</span></span></p> </div> <div id="ftn73"> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref73" name="_ftn73" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[73]</span></span></span></span></span></span></a> <span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&laquo;&nbsp;<i>The time is out of joint</i>&nbsp;&raquo;. </span></span><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Shakespeare W., <i>Hamlet</i>, (I-5).</span></span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn74"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref74" name="_ftn74" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[74]</span></span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Raymond de B<span style="font-variant:small-caps">ecker</span>, <i>Livre des vivants et des morts</i>, Bruxelles-Paris, &Eacute;ditions de la Toison d&#39;Or, 1942, p.&nbsp;289.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn75"> <p class="sdfootnote" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref75" name="_ftn75" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[75]</span></span></span></span></span></a> CRBC, fonds Lain&eacute;, CL1 M19, cahier 1961. C&#39;est l&#39;auteur qui souligne.</span></span></p> </div> <div id="ftn76"> <p class="sdfootnote" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref76" name="_ftn76" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[76]</span></span></span></span></span></a> CRBC, fonds Lain&eacute;, CL1 M10, fragments autobiographiques, 1951.</span></span></p> </div> <div id="ftn77"> <p class="sdfootnote" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref77" name="_ftn77" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[77]</span></span></span></span></span></a> Alfred L<span style="font-variant:small-caps">oisy</span>, <i>L&#39;&Eacute;vangile et l&#39;&Eacute;glise</i>, Paris, Alphonse Picard et fils, 1902, p. 111.</span></span></p> </div> </div>