<p style="text-align: right;"><font face="Arial, serif">Les lacunes, &eacute;limin&eacute;es de la description ondulatoire,</font></p> <p style="text-align: right;"><font face="Arial, serif">se sont r&eacute;fugi&eacute;es dans la connexion qui relie</font></p> <p style="text-align: right;"><font face="Arial, serif">la description ondulatoire aux faits observables.</font></p> <p style="text-align: right;"><font face="Arial, serif">Erwin Shr&ouml;dinger</font></p> <p align="left">&nbsp;</p> <h3 align="left"><span style="line-height:100%"><font color="#000000"><font face="Arial, serif"><font style="font-size:14pt"><font size="4">Introduction</font></font></font></font></span></h3> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Qu&rsquo;on l&rsquo;aborde &agrave; travers les traitements de l&rsquo;information, les manipulations de symboles, les calculs, les formalismes, la raison computationnelle, etc., &laquo;&nbsp;le num&eacute;rique&nbsp;&raquo; est situ&eacute; dans la double d&eacute;pendance de l&rsquo;<i>&eacute;criture</i> et de l&rsquo;<i>information</i>. Concernant <i>&eacute;criture</i>, il n&rsquo;y a aucune &eacute;quivoque possible, car je fais ici r&eacute;f&eacute;rence &agrave; l&rsquo;&eacute;criture, au sens ordinaire, qui nous a &eacute;t&eacute; transmise d&egrave;s le cours pr&eacute;paratoire quand nous avons appris &agrave; lire, &agrave; &eacute;crire et &agrave; calculer, et qui est aussi celle qui intervient dans les sciences, y compris dans ses aspects les plus formalis&eacute;s, dans les th&eacute;ories logiques ou dans les th&eacute;ories de la calculabilit&eacute;, par exemple. En outre, comme chacun sait, l&rsquo;&eacute;criture est <i>as&eacute;mique</i> en ce sens que, de soi-m&ecirc;me, elle ne poss&egrave;de, n&rsquo;inclut, ne contient, ne v&eacute;hicule, ne signifie, etc., aucune valeur de renvoi ou de signification en quelque sens qu&rsquo;on veuille l&rsquo;entendre&nbsp;: tout <i>effet de s&eacute;mie</i> est l&rsquo;effet d&rsquo;une interpr&eacute;tation effective qui affecte l&rsquo;interpr&egrave;te lui-m&ecirc;me. Il n&rsquo;y a pas non plus d&rsquo;&eacute;quivoque possible &ndash; du moins, il ne devrait pas y en avoir &ndash; quant &agrave; ce que signifie <i>information</i> dans un contexte de <i>traitement de l&rsquo;information</i>&nbsp;: il s&rsquo;agit de l&rsquo;information discr&egrave;te non probabiliste en &laquo;&nbsp;1 parmi <i>n</i>&nbsp;&raquo;, qui est l&rsquo;information au sens usuel de l&rsquo;informaticien &ndash; celle sans laquelle on ne saurait faire fonctionner un ordinateur &ndash; et qui est d&eacute;j&agrave; l&rsquo;information au sens o&ugrave; Hartley l&rsquo;introduit dans un article de 1928. Cette information-l&agrave;, as&eacute;mique tout comme l&rsquo;&eacute;criture, ne d&eacute;pend d&rsquo;aucune consid&eacute;ration de probabilit&eacute; (Shannon, 1948) ou de complexit&eacute; algorithmique (Kolmogorov, 1963). Pour autant, je n&rsquo;ignore pas les glissements dans lesquels le mot <i>information</i> se trouve pris, qu&rsquo;on l&rsquo;associe &agrave; des probabilit&eacute;s (comme quantit&eacute; de choix, de pertinence, d&rsquo;incertitude, de surprise, etc., comme crit&egrave;re d&rsquo;optimisation, de compression, de codage, de cryptage, etc.), &agrave; une complexit&eacute; structurelle ou algorithmique, ou qu&rsquo;on l&rsquo;aborde dans une perspective signifiante comme une mani&egrave;re de prolonger encore la probl&eacute;matique du signe. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Cependant, le privil&egrave;ge exclusivement r&eacute;serv&eacute; aux humains d&rsquo;op&eacute;rer <i>avec</i> et <i>sur</i> des &eacute;critures se trouve contest&eacute; d&rsquo;une mani&egrave;re paradoxale, puisque les artefacts qui paraissent correspondre le plus exactement &agrave; des dispositifs op&eacute;rant <i>avec</i> et <i>sur</i> des &eacute;critures, en particulier les ordinateurs, sont des dispositifs de traitement de l&rsquo;information discr&egrave;te, lesquels sont des dispositifs <i>sans &eacute;criture</i>, tout comme la machine de Pascal r&eacute;alis&eacute;e &agrave; la fa&ccedil;on des horlogers&nbsp;: rien, en effet, dans ces dispositifs, qu&rsquo;on puisse objectiver comme une lettre (un caract&egrave;re, un symbole, un signe, un signifiant, etc.) ni, par cons&eacute;quent, comme une &eacute;criture (un assemblage de lettres), ni <i>a fortiori</i> comme l&rsquo;application d&rsquo;une op&eacute;ration (traitement, transformation, manipulation, voire m&ecirc;me calcul) &agrave; des &eacute;critures. Or, un consensus universel (ou presque) accorde comme &eacute;vident que cette h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; puisse &ecirc;tre mise entre parenth&egrave;ses sous couvert de la fiction d&rsquo;un <i>comme si</i>&nbsp;: </font></font></span></span></span></p> <p style="margin-left:38px"><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">[FCS] Fiction du <i>comme si</i>. En pratique, tout (ou presque) se passe comme si les dispositifs de traitement de l&rsquo;information discr&egrave;te &eacute;taient [r&eacute;ductibles &agrave;] des &eacute;critures et [&agrave;] des op&eacute;rations appliqu&eacute;es &agrave; ces &eacute;critures. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">On notera au passage que les humains, tout comme le vivant, sont eux aussi des &laquo;&nbsp;dispositifs&nbsp;&raquo; sans &eacute;criture&nbsp;: rien, en effet, dans le cerveau, ni m&ecirc;me dans le corps, qu&rsquo;on puisse objectiver comme une lettre, ni comme une &eacute;criture, ni, a fortiori comme des op&eacute;rations appliqu&eacute;es &agrave; ces &eacute;critures. Cette fiction du <i>comme si</i> demeurerait anodine (ou presque) si elle n&rsquo;attirait l&rsquo;attention sur plusieurs difficult&eacute;s. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">[D1] Il devrait para&icirc;tre surprenant qu&rsquo;on accorde, surtout &agrave; titre d&rsquo;&eacute;vidence, que le discret finitiste ordinaire des math&eacute;matiques puisse &ecirc;tre gliss&eacute; sur des dispositifs de traitement de l&rsquo;information dont on ne saurait accorder, &agrave; aucun degr&eacute;, qu&rsquo;ils soient eux-m&ecirc;mes form&eacute;s d&rsquo;&eacute;tats et de transitions entre &eacute;tats qu&rsquo;on pourrait dire &agrave; la fois <i>r&eacute;ellement discrets</i> et <i>r&eacute;ellement ind&eacute;composables</i>. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">[D2] Cela devrait para&icirc;tre d&rsquo;autant plus surprenant que cette fiction est ajust&eacute;e avec le plan qui est identifi&eacute; comme fini, discret et irr&eacute;ductible, qu&rsquo;on le consid&egrave;re depuis l&rsquo;ins&eacute;cabilit&eacute; des lettres, depuis l&rsquo;arithm&eacute;tique, ou qu&rsquo;on fasse r&eacute;f&eacute;rence &agrave; l&rsquo;effectivit&eacute; des d&eacute;monstrations et des calculs, sachant que c&rsquo;est aussi le plan d&rsquo;irr&eacute;ductibilit&eacute; sur la base duquel ont &eacute;t&eacute; &ndash; et sont encore &ndash; &eacute;tablies des constructions particuli&egrave;rement &eacute;tendues, la formalit&eacute; logique et math&eacute;matique et tout ce qui en d&eacute;pend, aussi bien que les diff&eacute;rentes facettes de &laquo;&nbsp;le num&eacute;rique&nbsp;&raquo;, par exemple. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">[D3] En d&eacute;pit de l&rsquo;&eacute;vidence qu&rsquo;on lui pr&ecirc;te, le <i>comme si</i> semble articuler deux aspects assez incompatibles&nbsp;: d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, la conception ordinaire de l&rsquo;&eacute;criture ne convient <i>&eacute;videmment</i> pas, car on la regarde d&eacute;j&agrave; comme l&rsquo;arch&eacute;type d&rsquo;un champ discret, fini et irr&eacute;ductible (c&rsquo;est un autre aspect de la probl&eacute;matique du discret [D1])&nbsp;; de l&rsquo;autre c&ocirc;t&eacute;, une th&eacute;orie probabiliste de l&rsquo;information ne convient <i>&eacute;videmment</i> pas, car il faudrait alors aussi glisser les th&eacute;ories de la calculabilit&eacute; &ndash; qui ne d&eacute;pendent d&rsquo;aucune consid&eacute;ration de probabilit&eacute; (ni m&ecirc;me d&rsquo;information) &ndash; sur des dispositifs empiriques reconnus pour traiter une information irr&eacute;ductiblement probabiliste. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">[D4] Enfin, dans la mesure o&ugrave; cette &eacute;vidence concerne en particulier des th&eacute;ories math&eacute;matiques, qui ne serait surpris qu&rsquo;on croie pouvoir articuler directement, sans pr&eacute;caution ni aucune r&eacute;serve, et surtout &agrave; titre d&rsquo;&eacute;vidence, des domaines empiriques de faits, de dispositifs et d&rsquo;artefacts avec des domaines d&rsquo;id&eacute;alit&eacute;s, m&eacute;tempiriques par d&eacute;finition&nbsp;? </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">De quelle information et de quelle &eacute;criture s&rsquo;agit-il dans cette articulation&nbsp;? Pourquoi faudrait-il convoquer une &eacute;vidence en une mati&egrave;re aussi fondamentale&nbsp;? Ces difficult&eacute;s sugg&egrave;rent au moins que l&rsquo;opposition ordinaire entre discret (finitiste) et continu n&rsquo;est pas appropri&eacute;e &agrave; ce contexte&nbsp;; et comme ce n&rsquo;est pas un probl&egrave;me de continuit&eacute;, c&rsquo;est l&rsquo;id&eacute;e ordinaire de discret qui doit &eacute;clater. Il ne s&rsquo;agit pas &ndash; surtout pour l&rsquo;informaticien que je suis &ndash; de contester l&rsquo;efficience pratique de l&rsquo;<i>effet de discret</i><sup><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc"><sup>1</sup></a></sup> produit par ces dispositifs, mais au contraire de d&eacute;celer, en-de&ccedil;&agrave; d&rsquo;une &eacute;vidence peut-&ecirc;tre obscure parce que trop &eacute;blouissante, quel est l&rsquo;ajointement fondamental inaper&ccedil;u que cette fiction parvient &agrave; faire jouer &agrave; notre insu et qui nous force de l&rsquo;accorder, mal gr&eacute; peut-&ecirc;tre qu&rsquo;on en ait. C&rsquo;est un dilemme qui se noue entre une efficience que nul ne voudra contester, et un blocage induit par une articulation qui ne se laisse pas arraisonner dans les cadres th&eacute;oriques et fondamentaux habituels&nbsp;: il y a blocage dans la mesure o&ugrave; le discret est <i>mal pens&eacute;</i>. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">C&rsquo;est aussi cette fiction du <i>comme si</i> qui se condense dans le tourbillon de glissements qui agite nos embl&eacute;matiques &laquo;&nbsp;0&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;1&nbsp;&raquo;, lesquels, du fait de leur as&eacute;mie, n&rsquo;ont pas plus de rapports avec Adam et &Egrave;ve, le chat et la souris, le vrai et le faux, Romulus et Remus, le z&eacute;ro et le un, les &eacute;toiles de la Voie lact&eacute;e, etc., qu&rsquo;avec la logique ou les nombres. Si de nombreuses approches sont int&eacute;ress&eacute;es &agrave; <i>information</i>, faut-il pour autant que cet unique mot vaille pour un unique concept agglom&eacute;rant des aspects et des pratiques pour le moins h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes et parfois incompatibles&nbsp;? Je ne le crois pas. Je voudrais au contraire d&eacute;gager une id&eacute;e de <i>information</i> en creusant et en abrasant les s&eacute;dimentations qui se sont d&eacute;pos&eacute;es sur le vocable depuis presque un si&egrave;cle, et qui lui conf&egrave;rent l&rsquo;&eacute;tonnante polys&eacute;mie que l&rsquo;on sait. Je m&rsquo;attacherai ici moins &agrave; l&rsquo;&eacute;criture qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;information, que j&rsquo;introduirai depuis l&rsquo;id&eacute;e de <i>traduction transph&eacute;nom&eacute;nale</i>. </font></font></span></span></span></p> <h3 align="left"><span style="line-height:100%"><font color="#000000"><font face="Arial, serif"><font style="font-size:14pt"><font size="4">Le sch&eacute;ma d&rsquo;interpr&eacute;tation associ&eacute; aux fictions</font></font></font></font></span></h3> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Ce que j&rsquo;introduis ici comme <i>fiction</i> n&rsquo;est rien de d&eacute;risoire, ni quelque divertissante fantaisie de l&rsquo;esprit, tout au contraire, et doit &ecirc;tre entendu en un sens th&eacute;orique. On peut d&eacute;j&agrave; noter que le recours &agrave; un &laquo;&nbsp;tout se passe comme si&nbsp;&raquo; est fr&eacute;quent en sciences<sup><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc"><sup>2</sup></a></sup>, qu&rsquo;il intervient en philosophie, chez Kant, par exemple, et que, sans le recours &agrave; des fictions &ndash; les <i>fictiones juris</i>, les fictions du droit, qui interviennent d&eacute;j&agrave; dans le droit romain &ndash;, certains principes de droit ne seraient pas concevables (Legendre, 1988). Toutefois, je m&rsquo;&eacute;carte des approches de <i>fiction</i> trop &eacute;troitement li&eacute;es &agrave; la disjonction du vrai et du faux, et dans lesquelles on sait (ou on croit savoir) ce qui est faux, et qu&rsquo;on attribue <i>&eacute;videmment</i> &agrave; la fiction (Vaihinger, 1921). </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">J&rsquo;entends fiction comme un <i>sch&eacute;ma d&rsquo;interpr&eacute;tation</i>, destin&eacute; &agrave; l&rsquo;analyse de situations et de contextes divers, et articulant deux <i>dimensions d&rsquo;interpr&eacute;tation</i> articul&eacute;es via une <i>m&eacute;diation</i>. La premi&egrave;re dimension d&rsquo;interpr&eacute;tation est associ&eacute;e &agrave; l&rsquo;<i>effectivit&eacute; empirique</i> de ce qui porte ou produit la m&eacute;diation, la seconde &agrave; l&rsquo;<i>effet fictionnel</i> produit par l&rsquo;interpr&eacute;tation, elle aussi effective, et assum&eacute;e par un interpr&egrave;te qui s&rsquo;affecte de cet effet. C&rsquo;est donc un sch&eacute;ma qui vise l&rsquo;articulation de points de vue diff&eacute;rents relatifs &agrave; un m&ecirc;me mat&eacute;riau m&eacute;diateur. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Au cin&eacute;ma, par exemple, le mat&eacute;riau m&eacute;diateur est le film&nbsp;; la premi&egrave;re dimension correspond au plan filmique de la r&eacute;alisation qui aboutit &agrave; un film effectivement projetable (pas de film, pas de fiction&nbsp;!), et cette premi&egrave;re dimension d&rsquo;interpr&eacute;tation enveloppe de nombreuses variantes (le regard d&rsquo;un r&eacute;alisateur n&rsquo;est pas celui d&rsquo;un d&eacute;corateur, d&rsquo;un monteur ou d&rsquo;un acteur)&nbsp;; la seconde dimension correspond au plan di&eacute;g&eacute;tique de la fiction et, au sein de cette dimension d&rsquo;interpr&eacute;tation, chaque spectateur s&rsquo;affecte d&rsquo;un effet fictionnel qui d&eacute;pend de sa propre lecture (interpr&eacute;tation effective) du film. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">La contrepartie d&rsquo;effectivit&eacute; qui soutient une fiction joue un r&ocirc;le primordial dans les pratiques d&rsquo;usage des appareils complexes. Ainsi, par exemple, quand j&rsquo;utilise un &eacute;diteur de textes et que j&rsquo;applique des op&eacute;rations usuelles comme &laquo;&nbsp;couper&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;copier&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;coller&nbsp;&raquo;, il n&rsquo;y a rien dans un ordinateur qui ressemble de pr&egrave;s ou de loin &agrave; une paire de ciseaux, une photocopieuse ou un pot de colle, mais je m&rsquo;attends &agrave; ce que chacune de ces op&eacute;rations soit associ&eacute;e &agrave; une contrepartie effective qui produise un effet qui s&rsquo;accorde &agrave; cette fiction, sans que je doive comprendre le programme qui en produit l&rsquo;effet. Quand je regarde un ordinateur comme une machine qui op&egrave;re sur des &eacute;critures, je m&rsquo;attends &agrave; ce que ce dispositif soit effectivement con&ccedil;u et agenc&eacute; pour produire un tel effet, m&ecirc;me et surtout si je sais qu&rsquo;il n&rsquo;y a pas plus de lettres dans un ordinateur que dans un cerveau ou dans une machine de Pascal. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">L&rsquo;un des traits de ce sch&eacute;ma des fictions, c&rsquo;est de permettre une sorte de convertibilit&eacute; entre croyance (et &eacute;ventuellement &eacute;vidence) et fiction. Quand je <i>crois</i> que la sensation d&rsquo;immobilit&eacute; que j&rsquo;&eacute;prouve, tranquillement install&eacute; dans mon fauteuil, vaut pour l&rsquo;immobilit&eacute; absolue de la terre, cette croyance est convertible en une fiction lorsque le physicien peut faire valoir que cette sensation d&rsquo;immobilit&eacute;, qui joue ici le r&ocirc;le m&eacute;diateur, est en fait la r&eacute;sultante globale de mouvements, de forces, et d&rsquo;attractions, tandis que je comprends r&eacute;troactivement que l&rsquo;effectivit&eacute; de cette r&eacute;sultante globale soutenait d&eacute;j&agrave; ma croyance, en fait et &agrave; mon insu, tandis que c&rsquo;est maintenant au titre d&rsquo;une fiction que je peux me dire que tout <i>ou presque</i> se passe comme si l&rsquo;immobilit&eacute; apparente valait pour une immobilit&eacute; absolue. C&rsquo;est le <i>ou presque</i> qui porte la responsabilit&eacute; de la construction fictionnelle, et qui ne cesse de rappeler que l&rsquo;usage de la fiction est assujetti &agrave; des conditions restrictives de validit&eacute;. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">En ce sens, on peut comprendre que, dans certains cas, une fiction puisse agir comme une solution d&rsquo;attente qui permet de ne pas renoncer au b&eacute;n&eacute;fice d&rsquo;une efficience pratique reconnue, malgr&eacute; un d&eacute;faut de savoir ou de th&eacute;orie qu&rsquo;elle rend manifeste, comme si une telle fiction proposait, dans le filigrane discret de son efficience silencieuse, une solution &agrave; un probl&egrave;me qu&rsquo;on n&rsquo;aurait pas encore r&eacute;solu, formul&eacute;, aper&ccedil;u voire m&ecirc;me soup&ccedil;onn&eacute; (Vaud&egrave;ne, 2017). En l&rsquo;occurrence, quand je regarde un ordinateur comme une machine qui op&egrave;re sur des &eacute;critures, il y a du savoir <i>en acte</i> dans cette fiction du <i>comme si</i>, et c&rsquo;est lui qui en r&eacute;git l&rsquo;efficience&nbsp;; mais il demeure <i>en souffrance</i>, inaccessible aussi longtemps qu&rsquo;il demeure &laquo;&nbsp;en solution&nbsp;&raquo;, comme du sel dissous dans l&rsquo;eau. Il ne resterait en somme qu&rsquo;&agrave; en pr&eacute;cipiter la cristallisation. </font></font></span></span></span></p> <h3 align="left"><span style="line-height:100%"><font color="#000000"><font face="Arial, serif"><font style="font-size:14pt"><font size="4">L&rsquo;information discr&egrave;te [non probabiliste]</font></font></font></font></span></h3> <p style="margin-left:38px"><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">[IDNP] Terminologie. Dans le pr&eacute;sent texte, sauf mention explicite contraire, le nom &laquo;&nbsp;information&nbsp;&raquo;, l&rsquo;adjectif &laquo;&nbsp;informationnel&nbsp;&raquo;, et l&rsquo;expression &laquo;&nbsp;information discr&egrave;te&nbsp;&raquo; s&rsquo;entendent au sens de l&rsquo;information discr&egrave;te non probabiliste. Il en est de m&ecirc;me pour les expressions &laquo;&nbsp;l&rsquo;information au sens de Hartley&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;l&rsquo;information en &ldquo;1 parmi n&rdquo;&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;l&rsquo;information au sens de l&rsquo;informaticien&nbsp;&raquo;. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">L&rsquo;information discr&egrave;te non probabiliste est celle qui intervient usuellement en informatique, et qui figure dans la caract&eacute;risation de l&rsquo;informatique comme <i>traitement automatique de l&rsquo;information</i>. Pour autant, cette information-l&agrave; n&rsquo;est pas apparue avec l&rsquo;informatique, ni avec l&rsquo;information probabiliste de Shannon, ni m&ecirc;me avec les th&eacute;ories de la calculabilit&eacute;, lesquelles ne connaissent pas ce concept et n&rsquo;en d&eacute;pendent pas. C&rsquo;est un concept qui s&rsquo;est &eacute;labor&eacute; dans le domaine des transmissions, en particulier t&eacute;l&eacute;graphiques&nbsp;: la premi&egrave;re occurrence du mot [anglais] <i>information</i>, au sens de cette information discr&egrave;te, figure en 1928 dans un article de Hartley, qui &eacute;tait chercheur &agrave; la <i>Bell</i>, dans un contexte d&rsquo;optimisation des transmissions (Segal, 2003). Mais en 1928, il y a d&eacute;j&agrave; une longue pratique de ce qui vient finalement se recueillir synth&eacute;tiquement dans ce concept-l&agrave; d&rsquo;information. Quelques jalons, parmi les plus manifestes&nbsp;: en 1825, alors qu&rsquo;il a quinze ans et qu&rsquo;il est aveugle depuis qu&rsquo;il a trois ans, Louis Braille &eacute;labore un syst&egrave;me d&rsquo;&eacute;criture dont la base est une grille de deux fois trois points, chaque point pouvant &ecirc;tre ou non saillant, ce qu&rsquo;on dira dans nos mots, un code de caract&egrave;res &agrave; six bits. Le code de Samuel Morse date de 1832. Le code d&rsquo;&Eacute;mile Baudot &agrave; cinq &laquo;&nbsp;moments&nbsp;&raquo; (&agrave; cinq bits), premier alphabet international de communication, qui figure dans un brevet de 1874 et ult&eacute;rieurement amend&eacute;, est encore utilis&eacute; de nos jours dans les liaisons T&eacute;lex. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Ce bref rappel est autant historique que m&eacute;thodologique, car il signifie qu&rsquo;on peut approcher ce concept d&rsquo;information en analysant avec soin des dispositifs, certes d&eacute;j&agrave; anciens, mais qui pr&eacute;sentent l&rsquo;avantage d&rsquo;&ecirc;tre ais&eacute;ment d&eacute;montables et compr&eacute;hensibles sans l&rsquo;intervention de techniques compliqu&eacute;es. Le plus simple est aussi le meilleur, et j&rsquo;ai choisi un dispositif rudimentaire, d&rsquo;une simplicit&eacute; enfantine &agrave; la port&eacute;e de l&rsquo;&eacute;colier. Imaginons un ruban de papier muni d&rsquo;&eacute;ventuelles perforations align&eacute;es (&agrave; gauche), et un dispositif rudimentaire permettant de faire d&eacute;filer le ruban et de le lire (&agrave; droite)&nbsp;:</font></font></span></span></span></p> <p><img src="https://www.numerev.com/img/ck_20_17_image-20220118143209-1.png" style="width: 100%; height: 16%;" /></p> <p style="text-align: center;"><font face="Arial, serif"><i>Fig. 1 &ndash; Le lecteur de ruban perfor&eacute;</i></font></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">La t&ecirc;te de lecture se r&eacute;duit &agrave; un interrupteur &eacute;lectrique associ&eacute; &agrave; une batterie de 5 volts&nbsp;: lorsqu&rsquo;il n&rsquo;y a pas de perforation, le papier fait isolant, et le circuit &eacute;lectrique est ouvert (0 volt mesur&eacute;)&nbsp;; inversement, lors d&rsquo;une perforation, les deux parties de l&rsquo;interrupteur entrent en contact, et le circuit est ferm&eacute; (5 volts mesur&eacute;s). Ainsi pr&eacute;sent&eacute; (et simplifi&eacute; quant aux discr&eacute;tisations et aux &eacute;tats transitoires), cet exemple se pr&ecirc;te &agrave; une analyse rapide et triviale&nbsp;: il y a la possibilit&eacute; d&rsquo;une distinction suffisamment nette et stable, d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, de deux &eacute;tats du ruban (opaque, perfor&eacute;), et de l&rsquo;autre, de deux tensions &eacute;lectriques (aux voisinages de 0 volt et de 5 volts)&nbsp;; entre les deux, il y a un dispositif agenc&eacute; de mani&egrave;re &agrave; &eacute;tablir une corr&eacute;lation suffisamment r&eacute;guli&egrave;re entre les &eacute;tats stables du ruban et ceux de la tension &eacute;lectrique (opaque&nbsp;&rarr;&nbsp;0&nbsp;volt, perfor&eacute;&nbsp;&rarr;&nbsp;5&nbsp;volts). </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">En termes d&rsquo;information discr&egrave;te, on associe la distinction des deux &eacute;tats (du ruban ou des deux &eacute;tats &eacute;lectriques) &agrave; une quantit&eacute; d&rsquo;information de 1 bit, c&rsquo;est-&agrave;-dire &agrave; la distinction de 1 [&eacute;ventualit&eacute;] parmi 2 [possibles] hors toute consid&eacute;ration de probabilit&eacute;<sup><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote3sym" name="sdfootnote3anc"><sup>3</sup></a></sup>. On dira que le dispositif <i>conserve la quantit&eacute; d&rsquo;information</i>, 1 bit en l&rsquo;occurrence, ou encore que <i>la quantit&eacute; d&rsquo;information est un invariant</i> du dispositif, pour exprimer que la distinction de deux &eacute;tats en entr&eacute;e (ici&nbsp;: opaque, perfor&eacute;) est corr&eacute;l&eacute;e selon une r&egrave;gle (ici&nbsp;: opaque &rarr; 0 volt, perfor&eacute; &rarr; 5 volts) avec la distinction de deux &eacute;tats en sortie (ici&nbsp;: 0 volt, 5 volts). En d&eacute;pit de sa simplicit&eacute;, cette analyse appelle plusieurs remarques liminaires.</font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">[R1] Attribuer une quantit&eacute; d&rsquo;information au ruban et &agrave; ses perforations est seulement une mani&egrave;re de parler qui signifie qu&rsquo;on a en vue de soumettre ce ruban &agrave; un certain type d&rsquo;interaction, qui soit sensible &agrave; la variation opaque/perfor&eacute;, et ainsi d&rsquo;en obtenir une traduction. Si je place ce m&ecirc;me ruban sur la vitre d&rsquo;un scanner, ce sont maintenant les propri&eacute;t&eacute;s du scanner (r&eacute;solution, &eacute;chantillonnage des couleurs, etc.) qui vont d&eacute;terminer la quantit&eacute; d&rsquo;information associ&eacute;e &agrave; cette interaction. Il s&rsquo;ensuit que l&rsquo;information [en ce sens] n&rsquo;est pas une propri&eacute;t&eacute; d&rsquo;un quelque chose (chose, objet, &eacute;tant, etc.), et ne peut donc pas &ecirc;tre attribu&eacute;e en propre &agrave; un quelque chose, car elle caract&eacute;rise une <i>modalit&eacute; d&rsquo;interaction</i>, et m&ecirc;me, plus restrictivement, une <i>interpr&eacute;tation de</i> &ndash; <i>une analyse de, un point de vue sur</i>, etc.<i> &ndash; une modalit&eacute; d&rsquo;interaction</i>. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">[R2] On peut prendre de la distance par rapport &agrave; la description du dispositif empirique en recourant &agrave; des &laquo;&nbsp;conventions&nbsp;&raquo;, des &laquo;&nbsp;codages&nbsp;&raquo;, et autres &laquo;&nbsp;repr&eacute;sentations&nbsp;&raquo; de l&rsquo;information, comme on dit couramment. Dans cet exemple tr&egrave;s simple, on peut utiliser &ndash; quoique rien n&rsquo;y oblige &ndash; les deux lettres &laquo;&nbsp;0&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;1&nbsp;&raquo; et proposer (figure de gauche ci-dessous) deux tables de correspondance pour associer les &eacute;tats empiriques aux lettres &laquo;&nbsp;0&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;1&nbsp;&raquo;, l&rsquo;une pour le ruban, l&rsquo;autre pour les tensions &eacute;lectriques, de sorte que le dispositif empirique correspond, au plan des lettres, &agrave; une sorte d&rsquo;identit&eacute;, 0&nbsp;&rarr;&nbsp;0 et 1&nbsp;&rarr;&nbsp;1&nbsp;: </font></font></span></span></span></p> <p><img src="https://www.numerev.com/img/ck_20_17_image-20220118143332-2.png" style="width: 100%; height: 21%;" /></p> <p style="text-align: center;"><span style="line-height:100%"><font color="#000000"><font face="Arial, serif"><i>Fig. 2 &ndash; Variation des conventions de codage</i></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Cependant, comme le choix des codages est arbitraire, on peut aussi bien choisir (figure de droite) une autre convention de codage, par exemple, pour les tensions &eacute;lectriques, avec la correspondance 0&nbsp;volt&nbsp;&rarr;&nbsp;1 et 5&nbsp;volts&nbsp;&rarr;&nbsp;0. Dans ce cas, le <i>m&ecirc;me dispositif empirique</i> semble fonctionner maintenant, au plan des lettres, comme un inverseur (0&nbsp;&rarr;&nbsp;1 et 1&nbsp;&rarr;&nbsp;0). Cet effet, rendu manifeste par des variations de convention (dites <i>logique positive</i> et <i>logique n&eacute;gative</i> dans le cas &laquo;&nbsp;1 parmi 2&nbsp;&raquo;), est bien connu et utilis&eacute; depuis longtemps pour optimiser les circuits &eacute;lectroniques, quoiqu&rsquo;il ne semble pas impliqu&eacute; &ndash; du moins, pas de mani&egrave;re tr&egrave;s &eacute;vidente ni explicite &ndash; par les concepts usuels d&rsquo;information, ni m&ecirc;me dans l&rsquo;id&eacute;e de mesure ou de quantit&eacute;. On peut surtout remarquer qu&rsquo;un tel effet, en tant qu&rsquo;il se produit, pourrait-on dire, &agrave; la tangence de l&rsquo;empirique et du symbolique, devrait &ecirc;tre extr&ecirc;mement g&eacute;n&eacute;ral, et devrait concerner tout autant le rapport &agrave; n&rsquo;importe quelle id&eacute;alit&eacute; m&eacute;tempirique. Ce trait se manifeste-t-il ailleurs&nbsp;? </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">[R3] Dans ces deux codages, le dispositif empirique est le m&ecirc;me, et dans les deux cas, il y a conservation de la quantit&eacute; d&rsquo;information. Si le second cas est d&rsquo;embl&eacute;e spectaculaire, parce qu&rsquo;il fait appara&icirc;tre le fant&ocirc;me d&rsquo;un op&eacute;rateur, le premier ne l&rsquo;est pas moins si on aper&ccedil;oit qu&rsquo;il efface (ou qu&rsquo;il absorbe) le dispositif empirique lui-m&ecirc;me, en ce sens que quelque chose d&rsquo;empirique est recueilli comme &laquo;&nbsp;rien&nbsp;&raquo;. Or, tandis qu&rsquo;on raisonne avec un point de vue discret, on constate qu&rsquo;un dispositif empirique effectif peut &ecirc;tre mis en correspondance avec un entre-deux, c&rsquo;est-&agrave;-dire avec &laquo;&nbsp;rien&nbsp;&raquo;, du moins dans l&rsquo;acception ordinaire du discret. R&eacute;ciproquement, on peut s&rsquo;interroger&nbsp;: tout &laquo;&nbsp;rien&nbsp;&raquo; discret peut-il &ecirc;tre &laquo;&nbsp;d&eacute;compos&eacute;&nbsp;&raquo; (d&eacute;pli&eacute;, &eacute;clat&eacute;, etc.) et mis en correspondance avec des quelque chose, &eacute;ventuellement effectifs&nbsp;? Si oui, on ne saurait exclure a priori, avec Z&eacute;non d&rsquo;&Eacute;l&eacute;e, qu&rsquo;une telle d&eacute;composition soit <i>sans fin</i> en son principe, ce qui ne s&rsquo;accorde gu&egrave;re avec l&rsquo;id&eacute;e habituelle du discret. Ce trait se manifeste-t-il ailleurs&nbsp;? </font></font></span></span></span></p> <h3 align="left"><span style="line-height:100%"><font color="#000000"><font face="Arial, serif"><font style="font-size:14pt"><font size="4">Le n&oelig;ud de la probl&eacute;matique</font></font></font></font></span></h3> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Ce que je viens de rappeler concernant l&rsquo;information discr&egrave;te appartient aux rudiments de base de l&rsquo;informatique et des communications, et c&rsquo;est dans la premi&egrave;re semaine de mes &eacute;tudes d&rsquo;informatique qu&rsquo;on me les a enseign&eacute;es. Il n&rsquo;y a l&agrave; rien de nouveau, loin s&rsquo;en faut, et la chose a l&rsquo;air suffisamment simple et triviale pour qu&rsquo;elle ne soit souvent consid&eacute;r&eacute;e, &agrave; supposer m&ecirc;me qu&rsquo;on la mentionne, que comme une &eacute;tape archa&iuml;que de l&rsquo;information probabiliste. Or, il est clair qu&rsquo;il y a place pour un concept d&rsquo;information qui est ant&eacute;rieur au concept probabiliste d&rsquo;information et qui ne lui doit rien. Je vais prolonger ce qui vient d&rsquo;&ecirc;tre rappel&eacute; pour en d&eacute;plier l&rsquo;id&eacute;e fondamentale et en pr&eacute;senter quelques incidences. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">De quoi, s&rsquo;agit-il, en fait&nbsp;? Il s&rsquo;agit, dans des contextes regard&eacute;s comme discrets, et d&rsquo;abord pour les &eacute;critures, de mener <i>le plus loin possible</i> la vis&eacute;e d&rsquo;une ind&eacute;pendance des substrats mat&eacute;riels et des codages en mati&egrave;re de transmissions, de m&eacute;morisations<sup><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote4sym" name="sdfootnote4anc"><sup>4</sup></a></sup> et de traitements. Une ind&eacute;pendance maximale implique que le rapport de d&eacute;pendance soit minimal, mais pas trop&nbsp;: la r&eacute;serve <i>le plus loin possible</i> signifie qu&rsquo;il conviendra de s&rsquo;arr&ecirc;ter avant que l&rsquo;ind&eacute;pendance ne vire &agrave; un <i>pas de rapport</i>. C&rsquo;est une probl&eacute;matique un peu d&eacute;licate dans la mesure o&ugrave; elle est l&rsquo;un des &laquo;&nbsp;isotopes&nbsp;&raquo;, l&rsquo;un des aspects si on pr&eacute;f&egrave;re, de la probl&eacute;matique du rapport entre les math&eacute;matiques et leur ext&eacute;riorit&eacute;, en l&rsquo;occurrence, l&rsquo;aspect concernant le rapport entre des &eacute;critures et des effets de discret. Il convient donc de prendre une pr&eacute;caution m&eacute;thodologique&nbsp;:</font></font></span></span></span></p> <p style="margin-left:38px"><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">[PM] Pr&eacute;caution m&eacute;thodologique. Pour &eacute;viter le risque d&rsquo;une p&eacute;tition de principe, l&rsquo;analyse th&eacute;orique de la probl&eacute;matique du rapport entre des &eacute;critures [ordinaires] et des effets de discret <i>doit suspendre</i>, au moins pendant le temps de l&rsquo;analyse, le recours &agrave; des consid&eacute;rations, des fictions, des m&eacute;thodes, des proc&eacute;d&eacute;s ou des th&eacute;ories pour lesquelles cette probl&eacute;matique serait suppos&eacute;e ne pas m&ecirc;me avoir lieu, ou qui serait par avance r&eacute;solue, &agrave; quelque titre que ce soit (&eacute;vidence, conditions de possibilit&eacute;, conditions d&rsquo;applicabilit&eacute;, etc.). </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Cette suspension concerne en premier lieu les th&eacute;ories math&eacute;matiques qui sont directement expos&eacute;es au contact avec les effets de discret, surtout quand elles sont tr&egrave;s strictement formalis&eacute;es, les logiques et les th&eacute;ories de la calculabilit&eacute;, par exemple. On comprend en effet que l&rsquo;un des enjeux de la fiction du <i>comme si</i> est pr&eacute;cis&eacute;ment de &laquo;&nbsp;r&eacute;soudre&nbsp;&raquo; cette probl&eacute;matique, <i>mais sans la r&eacute;soudre</i>&nbsp;: cette fiction tire son efficience de permettre de sauter discr&egrave;tement par-dessus l&rsquo;ab&icirc;me de la probl&eacute;matique en glissant les &eacute;critures sur les effets de discret, comme si c&rsquo;&eacute;tait la m&ecirc;me chose, mais sans en conna&icirc;tre le concept, et en gardant par devers soi le couplage entre les conditions de possibilit&eacute; et les effet de limitation qu&rsquo;il implique. Le blocage se tend &agrave; mesure qu&rsquo;on ne veut pas renoncer, &agrave; juste titre, &agrave; une efficience qui ne cesse de s&rsquo;&eacute;tendre et de se confirmer, quoiqu&rsquo;on ne sache pas en d&eacute;plier l&rsquo;&eacute;vidence ni, a fortiori, la th&eacute;orie. On ne saurait s&rsquo;&eacute;tonner, corr&eacute;lativement, que d&rsquo;autre probl&eacute;matiques &laquo;&nbsp;isotopes&nbsp;&raquo; y trouvent aussi quelque h&eacute;bergement&nbsp;: ce sont en particulier les &laquo;&nbsp;difficult&eacute;s&nbsp;&raquo; [D<i>x</i>] indiqu&eacute;es plus haut dans l&rsquo;introduction. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Depuis longtemps, nos pratiques d&rsquo;usage de l&rsquo;&eacute;criture sont associ&eacute;es, dans une large mesure, &agrave; une variabilit&eacute; de la mat&eacute;rialit&eacute; des supports et des modalit&eacute;s des trac&eacute;s, au moins dans les cas o&ugrave; est accord&eacute;e la possibilit&eacute; de reproduire (copier, dupliquer, etc.) un &laquo;&nbsp;m&ecirc;me&nbsp;&raquo; texte<sup><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote5sym" name="sdfootnote5anc"><sup>5</sup></a></sup>. Cette variabilit&eacute; signifie que ce ne sont ni la persistance r&eacute;elle d&rsquo;un mat&eacute;riau hyl&eacute;tique, ni l&rsquo;&eacute;ternit&eacute; id&eacute;ale d&rsquo;une substance m&eacute;taphysique qui sont requis, mais, dans chaque syst&egrave;me d&rsquo;&eacute;criture, une [relative] invariance de la <i>forme des trac&eacute;s empiriques</i>. La souplesse de ce couplage entre la variabilit&eacute; de la mat&eacute;rialit&eacute; et l&rsquo;invariance des formes permet &agrave; ces pratiques d&rsquo;&eacute;criture d&rsquo;accueillir jusqu&rsquo;aux plus r&eacute;cents dispositifs technologiques, et d&rsquo;&ecirc;tre prolong&eacute;es aux inscriptions en g&eacute;n&eacute;ral, qu&rsquo;il s&rsquo;agisse de la vue et &eacute;ventuellement du toucher (trac&eacute;s graphiques, encoches, trac&eacute;s grav&eacute;s ou sculpt&eacute;s, reliefs en braille, gestes, etc.), aussi bien que de l&rsquo;ou&iuml;e pour les trac&eacute;s sonores (trac&eacute; analogique des sons et des voix comme compressions gazeuses, gravures sur cylindre ou sur disque, signaux &eacute;lectriques, fonts sonores, etc.). </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Mais, le bref rappel chronologique concernant les codes et les transmissions, et surtout, la valeur d&rsquo;exemplarit&eacute; du lecteur de ruban, suffisent pour comprendre, de mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, que de tels dispositifs, qui ne d&eacute;pendent d&eacute;j&agrave; d&rsquo;aucune persistance mat&eacute;rielle, ne d&eacute;pendent pas non plus d&rsquo;une invariance, m&ecirc;me relative, de quelque forme de trac&eacute; empirique que ce soit&nbsp;: il n&rsquo;y a ni persistance mat&eacute;rielle ni invariance de forme (m&ecirc;me relative) entre une disposition de perforations dans un ruban de papier et &ndash; je dis cela de mani&egrave;re imag&eacute;e &ndash; une agitation d&rsquo;&eacute;lectrons dans un fil m&eacute;tallique conducteur d&rsquo;&eacute;lectricit&eacute;. On pourrait objecter, en examinant le lecteur de ruban, qu&rsquo;il y a une <i>corr&eacute;lation</i> entre les perforations et les courants &eacute;lectriques&nbsp;; mais on observera que cette corr&eacute;lation est li&eacute;e &agrave; l&rsquo;<i>agencement</i> du dispositif et non &agrave; quelque persistance de mati&egrave;re ou invariance de forme que ce soit. On comprend en effet que l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;une ind&eacute;pendance des substrats mat&eacute;riels n&rsquo;est pas r&eacute;duite ici &agrave; la possibilit&eacute; d&rsquo;une variation &agrave; la fois globale et homog&egrave;ne d&rsquo;<i>un</i> support pour <i>un</i> autre &ndash; du parchemin pour du papier, par exemple &ndash; tout en pr&eacute;servant une (relative) invariance quant &agrave; la forme de trac&eacute;s qu&rsquo;on puisse ensuite imaginer d&eacute;tacher de son support&nbsp;: c&rsquo;est l&rsquo;&eacute;criture ordinaire qui est li&eacute;e &agrave; cette ind&eacute;pendance-l&agrave;. Au contraire, d&egrave;s le premier quart du XIXe si&egrave;cle, on voit s&rsquo;&eacute;laborer, se d&eacute;velopper et se perfectionner des dispositifs qui tendent &agrave; une variabilit&eacute; plus g&eacute;n&eacute;rale, compos&eacute;e d&rsquo;interactions locales et potentiellement h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes, et sans conservation de quelque mat&eacute;rialit&eacute; ni de quelque forme de trac&eacute; que ce soit. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Avec ces dispositifs, on comprend qu&rsquo;il ne s&rsquo;agit plus de laisser varier des supports sous la contrainte d&rsquo;une (relative) invariance des formes des trac&eacute;s, contrainte qui permet d&eacute;j&agrave;, pour chaque syst&egrave;me d&rsquo;&eacute;criture, de caract&eacute;riser tous les supports possibles qui lui conviennent, <i>tous</i>, pas un ne manque, pourvu que cette contrainte d&rsquo;invariance soit satisfaite&nbsp;: qu&rsquo;importent les supports pourvu qu&rsquo;on aie les formes des trac&eacute;s&nbsp;! Contre tout attente, c&rsquo;est pourtant l&agrave; qu&rsquo;il faut <i>d&eacute;celer</i> le pivot d&rsquo;articulation, ce qui va servir de point d&rsquo;appui pour faire levier, parce que c&rsquo;est <i>exactement</i> cette contrainte d&rsquo;une (relative) invariance des formes des trac&eacute;s qui <i>bloque</i> l&rsquo;extension de la variabilit&eacute; des dispositifs. Pour ouvrir cette variabilit&eacute;, il faut <i>lever</i> la contrainte d&rsquo;une (relative) invariance des formes [des trac&eacute;s] de mani&egrave;re &agrave; pouvoir composer des agencements de dispositifs qui puissent &ecirc;tre &agrave; la fois h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes, sans persistance mat&eacute;rielle et, surtout, sans invariance (m&ecirc;me relative) des formes [des trac&eacute;s]. Ce que le petit lecteur de ruban de papier permet ais&eacute;ment de comprendre. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Mais alors, s&rsquo;il n&rsquo;y a ni homog&eacute;n&eacute;it&eacute;, ni persistance mat&eacute;rielle, ni invariance des formes, que reste-t-il&hellip; sinon rien&nbsp;? N&rsquo;est-ce pas mener trop loin le principe d&rsquo;une ind&eacute;pendance entre les &eacute;critures [ordinaires] et les substrats&nbsp;? Cette inqui&eacute;tude est d&eacute;j&agrave; celle du <i>ou presque</i> dans la fiction du <i>comme si</i> [FCS]&nbsp;: si tout, <i>vraiment tout</i>, se passait comme s&rsquo;il s&rsquo;agissait d&rsquo;&eacute;critures ordinaires, il y aurait certes toujours des messagers ang&eacute;liques, des <i>volum</i><i>en</i> et des <i>codex</i>, et aussi le service des Postes, mais il n&rsquo;y aurait ni t&eacute;l&eacute;graphie, ni transmissions, ni r&eacute;seaux, ni informatique, etc., parce que ces agencements sont compos&eacute;s de dispositifs h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes, sans persistance mat&eacute;rielle ni invariance des formes. On touche ici du doigt l&rsquo;un des enjeux de la fiction du <i>comme si</i>&nbsp;: d&egrave;s qu&rsquo;on parvient &agrave; recouvrir ces agencements empiriques et h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes au moyen d&rsquo;une peinture opaque et uniforme, &agrave; base de &laquo;&nbsp;0&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;1&nbsp;&raquo;, par exemple, on ne &laquo;&nbsp;voit&nbsp;&raquo; plus l&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; sous-jacente, d&eacute;sormais occult&eacute;e sous un sol originaire et homog&egrave;ne d&rsquo;&eacute;critures ordinaires. Les lettres apportent alors avec soi l&rsquo;invariance des formes des trac&eacute;s qui conditionne les effets d&rsquo;identit&eacute; requis par l&rsquo;exercice de la formalit&eacute; math&eacute;matique, ce qui permet &eacute;ventuellement de les d&eacute;lier de toute mat&eacute;rialit&eacute; particuli&egrave;re, et ainsi de leur conf&eacute;rer le statut d&rsquo;abstractions munies d&rsquo;une identit&eacute; id&eacute;ale. Un <i>blocage th&eacute;orique</i> est d&egrave;s lors in&eacute;vitable, puisque la fiction du <i>comme si</i> [FCS] convoque l&rsquo;&eacute;criture ordinaire pour approcher, recouvrir et occulter des effets de discret dont un trait caract&eacute;ristique est <i>exactement</i> de s&rsquo;&eacute;carter de l&rsquo;&eacute;criture ordinaire. D&rsquo;o&ugrave; la <i>pr&eacute;caution m&eacute;thodologique</i> [PM]. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Cependant, ce blocage n&rsquo;est que l&rsquo;une des incidences de la fiction du <i>comme si</i>, et rien de tout cela ne tiendrait si les agencements empiriques ne procuraient &agrave; ces effets l&rsquo;effectivit&eacute; qui conditionne leur possibilit&eacute; et, surtout, leur efficience, quand bien m&ecirc;me ces effets seraient-ils compos&eacute;s pour en effacer, sinon l&rsquo;existence, du moins certaines d&eacute;terminations essentielles. Il ne s&rsquo;agit donc pas &ndash; surtout pas &ndash; de contester l&rsquo;efficience d&rsquo;une fiction qui rend t&eacute;moignage en pratique d&rsquo;une effectivit&eacute; qu&rsquo;il reste &agrave; comprendre au plan th&eacute;orique. </font></font></span></span></span></p> <h3 align="left"><span style="line-height:100%"><font color="#000000"><font face="Arial, serif"><font style="font-size:14pt"><font size="4">L&rsquo;id&eacute;e de traduction transph&eacute;nom&eacute;nale</font></font></font></font></span></h3> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Lever la contrainte d&rsquo;invariance des formes des trac&eacute;s ne peut pas signifier la suppression de toute contrainte d&rsquo;invariance, car c&rsquo;est une contrainte d&rsquo;invariance qui d&eacute;termine un champ de variabilit&eacute;&nbsp;; il faut donc seulement affaiblir la contrainte pour que le champ de variabilit&eacute; des substrats puisse &ecirc;tre &eacute;tendu aux effets de discret. Dans le pr&eacute;sent contexte, il est clair que la contrainte d&rsquo;invariance qui en r&eacute;sulte est directement li&eacute;e &agrave; l&rsquo;information [IDNP]. Cependant, comme dans un ralenti cin&eacute;matographique, je veux d&eacute;plier la h&acirc;te qui nous fait envelopper la difficult&eacute; dans l&rsquo;&eacute;vidence de la fiction du <i>comme si</i> pour en d&eacute;tailler les divers aspects, car je ne fais en somme rien d&rsquo;autre ici que de pr&eacute;ciser peu &agrave; peu ce que signifient des expressions comme &laquo;&nbsp;information discr&egrave;te non probabiliste&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;quantit&eacute; d&rsquo;information&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;distinction &ldquo;1 parmi n&rdquo;&nbsp;&raquo;, etc. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Au plan empirique, j&rsquo;introduis l&rsquo;id&eacute;e de <i>jonction</i>, dans le sens d&rsquo;un agencement, non n&eacute;cessairement artefactuel, qui met en jeu une interaction entre deux ph&eacute;nom&eacute;nalit&eacute;s qui peuvent &ecirc;tre diff&eacute;rentes (c&rsquo;est le trait d&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute;) et sans persistance mat&eacute;rielle. Le lecteur de ruban se comprend comme une telle jonction, et il est clair que ce n&rsquo;est pas le ruban de papier (premi&egrave;re ph&eacute;nom&eacute;nalit&eacute;) qui <i>apporte</i> l&rsquo;&eacute;nergie &eacute;lectrique (seconde ph&eacute;nom&eacute;nalit&eacute;), car il intervient seulement pour piloter l&rsquo;interrupteur de mani&egrave;re m&eacute;canique et di&eacute;lectrique<sup><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote6sym" name="sdfootnote6anc"><sup>6</sup></a></sup>. Les jonctions ne nous int&eacute;ressent pas ici en tant que telles, avec leurs caract&eacute;risations empiriques (mat&eacute;rielles, techniques, etc.), puisqu&rsquo;on vise au contraire un champ de variabilit&eacute; qui puisse neutraliser l&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; de ces variations. Cette <i>neutralisation</i> ne peut pas s&rsquo;entendre comme un arrachement hors de l&rsquo;empirie pour confectionner une abstraction aussi id&eacute;ale que m&eacute;tempirique, car il ne s&rsquo;agit pas ici de supprimer toute mat&eacute;rialit&eacute;, mais de caract&eacute;riser un <i>champ de variabilit&eacute;</i>, sachant &ndash; c&rsquo;est la pr&eacute;caution m&eacute;thodologique [PM] &ndash; que cette caract&eacute;risation doit &ecirc;tre approch&eacute;e au niveau empirique des effets de discret <i>avant</i> que n&rsquo;interviennent des &eacute;critures sous couvert de la fiction du <i>comme si</i>. Autant la variabilit&eacute; des <i>seules mat&eacute;rialit&eacute;s</i> est solidaire d&rsquo;une invariance des formes, et par suite du principe de l&rsquo;arrachement d&rsquo;une forme &agrave; sa mati&egrave;re pour en extraire aussi bien une g&eacute;om&eacute;trie que des trac&eacute;s de lettres<sup><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote7sym" name="sdfootnote7anc"><sup>7</sup></a></sup>, autant ce proc&eacute;d&eacute; n&rsquo;est pas applicable ici puisqu&rsquo;on laisse varier les substrats mat&eacute;riels <i>en m&ecirc;me temps</i> qu&rsquo;on l&egrave;ve la contrainte d&rsquo;une invariance des formes<sup><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote8sym" name="sdfootnote8anc"><sup>8</sup></a></sup>. C&rsquo;est l&rsquo;une des raisons pour lesquelles je dis que le discret est <i>mal pens&eacute;</i>&nbsp;: aussi longtemps qu&rsquo;on veut forcer les effets de discret sous le joug de la contrainte d&rsquo;une invariance des formes, on ne voit en lui qu&rsquo;une sorte de continu trou&eacute;, comme un ruban de papier perfor&eacute;. Mais le discret est tout autre chose, il ne manque de rien, car ce n&rsquo;est pas &agrave; cette contrainte-l&agrave; qu&rsquo;il est assujetti. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">L&rsquo;id&eacute;e de <i>traduction transph&eacute;nom&eacute;nale</i> est destin&eacute;e &agrave; saisir les jonctions, non pas dans leur empiricit&eacute; mat&eacute;rielle, mais au niveau d&rsquo;une contrainte d&rsquo;invariance. Elle articule le principe d&rsquo;une h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; des ph&eacute;nom&eacute;nalit&eacute;s entrant en interaction, et le principe d&rsquo;une <i>traduction</i> d&rsquo;une ph&eacute;nom&eacute;nalit&eacute; dans une autre&nbsp;; corr&eacute;lativement, un <i>invariant de traduction transph&eacute;nom&eacute;nale</i> caract&eacute;rise une contrainte d&rsquo;invariance d&eacute;terminant le champ de variabilit&eacute; pour de telles jonctions. Reprenons l&rsquo;&eacute;tude du lecteur de ruban pour l&rsquo;analyser maintenant comme une traduction transph&eacute;nom&eacute;nale<sup><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote9sym" name="sdfootnote9anc"><sup>9</sup></a></sup> en appliquant le sch&eacute;ma d&rsquo;une fiction, au sens que j&rsquo;ai dit plus haut, de mani&egrave;re &agrave; faire appara&icirc;tre un effet fictionnel (le c&ocirc;t&eacute; <i>fiction</i>, pour abr&eacute;ger) et sa contrepartie effective (le c&ocirc;t&eacute; <i>empirie</i>, pour abr&eacute;ger)&nbsp;: </font></font></span></span></span></p> <p><img src="https://www.numerev.com/img/ck_20_17_image-20220118143441-3.png" style="width: 100%; height: 35%;" /></p> <p style="text-align: center;"><span style="line-height:100%"><font color="#000000"><font face="Arial, serif"><i>Fig. 3 &ndash; Le sch&eacute;ma d&rsquo;une traduction transph&eacute;nom&eacute;nale</i></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Du c&ocirc;t&eacute; empirie, on reconna&icirc;t tout ce qui a d&eacute;j&agrave; &eacute;t&eacute; abord&eacute;&nbsp;: la jonction (le lecteur de ruban) articule deux ph&eacute;nom&eacute;nalit&eacute;s &phi;1 (ruban de papier) et &phi;2 (tensions &eacute;lectriques). Comment alors imaginer ce qu&rsquo;on &laquo;&nbsp;voit&nbsp;&raquo; au niveau transph&eacute;nom&eacute;nal&nbsp;? Assur&eacute;ment, rien qui soit attach&eacute; &agrave; quelque ph&eacute;nom&eacute;nalit&eacute; que ce soit, c&rsquo;est-&agrave;-dire rien de ce qu&rsquo;on peut pr&eacute;senter dans l&rsquo;empirie. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Proc&eacute;dons &agrave; une exp&eacute;rience de pens&eacute;e, et coupons la traduction transph&eacute;nom&eacute;nale &phi;1&nbsp;&rarr;&nbsp;&phi;2 en deux pour faire appara&icirc;tre la fine pointe &sigma; (<i>stigm&egrave;</i>), le pivot d&rsquo;encha&icirc;nement d&rsquo;une <i>d&eacute;ph&eacute;nom&eacute;nalisation</i> &phi;1&nbsp;&rarr;&nbsp;&sigma; et d&rsquo;une <i>reph&eacute;nom&eacute;nalisation</i> &sigma;&nbsp;&rarr;&nbsp;&phi;2. Lors de la d&eacute;ph&eacute;nom&eacute;nalisation (&phi;1&nbsp;&rarr;&nbsp;&sigma;), on <i>veut</i> &laquo;&nbsp;oublier&nbsp;&raquo; toute trace du caract&egrave;re <i>particulier</i> de la ph&eacute;nom&eacute;nalit&eacute; empirique du ruban de papier &ndash; l&rsquo;accent est mis sur <i>particulier</i> &ndash;, pour ne conserver que le principe de deux &eacute;tats, non pas en tant qu&rsquo;ils seraient empiriquement tels ou tels (opaque ou perfor&eacute; en l&rsquo;occurrence), mais en tant <i>seulement</i> qu&rsquo;il sont distincts l&rsquo;un de l&rsquo;autre. On notera que cette d&eacute;ph&eacute;nom&eacute;nalisation ne concerne pas le ruban de papier pour lui-m&ecirc;me, mais seulement les aspects du ruban qui sont mis en jeu par l&rsquo;interaction qui caract&eacute;rise cette jonction particuli&egrave;re qu&rsquo;est ce lecteur de ruban&nbsp;; c&rsquo;est en ce sens que la fl&egrave;che &phi;1&nbsp;&rarr;&nbsp;&sigma; est d&eacute;j&agrave; la &laquo;&nbsp;moiti&eacute;&nbsp;&raquo; d&rsquo;une traduction transph&eacute;nom&eacute;nale. La seconde &laquo;&nbsp;moiti&eacute;&nbsp;&raquo; de la traduction, fl&egrave;che &sigma;&nbsp;&rarr;&nbsp;&phi;2, proc&egrave;de en sens inverse et reph&eacute;nom&eacute;nalise vers les deux tensions &eacute;lectriques aux voisinages de 0 volt et de 5 volts. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Dans ce sch&eacute;ma de fiction, la jonction empirique que constitue le lecteur de ruban (&phi;1&nbsp;&rarr;&nbsp;&phi;2) joue le r&ocirc;le d&rsquo;une contrepartie effective pour la traduction transph&eacute;nom&eacute;nale (&phi;1&nbsp;&rarr;&nbsp;&sigma;&nbsp;&rarr;&nbsp;&phi;2) en r&ocirc;le d&rsquo;effet fictionnel, dans le cadre d&rsquo;une variabilit&eacute; contrainte par la conservation de l&rsquo;invariant &laquo;&nbsp;1 parmi 2&nbsp;&raquo; (1 bit d&rsquo;information). De mani&egrave;re plus g&eacute;n&eacute;rale, on peut d&eacute;gager ceci&nbsp;: </font></font></span></span></span></p> <p style="margin-left:38px"><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">[TTR] La traduction transph&eacute;nom&eacute;nale est un <i>sch&eacute;ma d&rsquo;interpr&eacute;tation</i> qui s&rsquo;applique &agrave; des jonctions pour produire des <i>analyses informationnelles</i>, c&rsquo;est-&agrave;-dire l&rsquo;analyse de ces jonctions sous l&rsquo;aspect de la conservation d&rsquo;invariants transph&eacute;nom&eacute;naux caract&eacute;ris&eacute;s par une distinctivit&eacute; mutuelle &laquo;&nbsp;1 parmi <i>n</i>&nbsp;&raquo;. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Certes, il est peut-&ecirc;tre aussi tentant et r&eacute;pandu de vouloir r&eacute;ifier l&rsquo;information que d&rsquo;attribuer la sensation de l&rsquo;immobilit&eacute; de la terre &ndash; que chacun peut &eacute;prouver &ndash; &agrave; la croyance en une immobilit&eacute; absolue&nbsp;; mais attribuer l&rsquo;information aux choses n&rsquo;est qu&rsquo;une mani&egrave;re de parler. L&rsquo;information n&rsquo;existe pas &laquo;&nbsp;&agrave; l&rsquo;&eacute;tat naturel&nbsp;&raquo;&nbsp;; elle ne se &laquo;&nbsp;manifeste&nbsp;&raquo; que comme une <i>pure traductibilit&eacute;</i> &agrave; la fine pointe &sigma; &ndash; h&eacute;las impr&eacute;sentable dans l&rsquo;empirie&nbsp;! &ndash; de l&rsquo;encha&icirc;nement fictionnel entre une d&eacute;ph&eacute;nom&eacute;nalisation et une reph&eacute;nom&eacute;nalisation. </font></font></span></span></span></p> <h3 align="left"><span style="line-height:100%"><font color="#000000"><font face="Arial, serif"><font style="font-size:14pt"><font size="4">L&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;information</font></font></font></font></span></h3> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">L&rsquo;une des difficult&eacute;s de la traduction transph&eacute;nom&eacute;nale &ndash; et donc du concept d&rsquo;information &ndash; concerne la distinctivit&eacute; <i>seulement</i> mutuelle de ce qui r&eacute;sulte de la d&eacute;ph&eacute;nom&eacute;nalisation, difficult&eacute; qui se faufile sous les appellations anodines usuelles comme &laquo;&nbsp;quantit&eacute; d&rsquo;information&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;distinction de &ldquo;1 parmi <i>n</i>&rdquo;&nbsp;&raquo;. Les raisonnements li&eacute;s &agrave; la transph&eacute;nom&eacute;nalit&eacute; visent, comme on l&rsquo;a vu, la d&eacute;termination d&rsquo;une contrainte d&rsquo;invariance pour des jonctions entre ph&eacute;nom&eacute;nalit&eacute;s h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes. Tout trait incorpor&eacute; &agrave; cette contrainte restreint donc d&rsquo;autant de champ de variabilit&eacute; associ&eacute;. Pour que le champ de variabilit&eacute; soit le plus large, il faut que la contrainte d&rsquo;invariance soit la plus pauvre possible, mais quand m&ecirc;me pas trop, parce que le champ de variabilit&eacute; s&rsquo;&eacute;vapore quand la contrainte est vide. Tout se joue donc dans l&rsquo;&eacute;laboration d&rsquo;un presque-rien, et ce <i>quasi nihil</i>, c&rsquo;est l&rsquo;information, en tant que concept fondamental, que j&rsquo;approche ici par la distinctivit&eacute; mutuelle. On peut r&eacute;sumer bri&egrave;vement le raisonnement &laquo;&nbsp;par privation&nbsp;&raquo; qui sculpte progressivement ce presque-rien.</font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">[C1] On ne peut retenir aucune contrainte concernant les mat&eacute;riaux (bois, m&eacute;tal, argile, papier, etc.) ou les technologies (m&eacute;canique, &eacute;lectronique, magn&eacute;tique, etc.), ce qui oblit&eacute;rerait la variabilit&eacute; des substrats. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">[C2] On ne peut retenir aucune contrainte spatiale (proche, lointain, ici, l&agrave;, sur le c&ocirc;t&eacute;, &agrave; gauche, &agrave; droite, au-dessus, en-dessous, etc.), ne serait-ce que parce que la contrainte d&rsquo;invariance des formes est lev&eacute;e. En outre, qui se soucie de la disposition spatiale des emplacements dans un dispositif de m&eacute;morisation (barrette ou carte de m&eacute;moire, disque magn&eacute;tique, etc.)&nbsp;? </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">[C3] On ne peut retenir aucune contrainte temporelle (hier, aujourd&rsquo;hui, demain, avant, apr&egrave;s, rapidement, lentement, etc.), car certaines ph&eacute;nom&eacute;nalit&eacute;s sont plut&ocirc;t temporelles (transmissions, traitements, etc.), tandis que d&rsquo;autres sont plut&ocirc;t spatiales (m&eacute;moires, supports, etc.), comme en t&eacute;moigne l&rsquo;usage des appareils les plus usuels. Qui ne con&ccedil;oit qu&rsquo;un m&ecirc;me document puisse &ecirc;tre aussi bien m&eacute;moris&eacute; (aspect spatial) que transmis sur un r&eacute;seau ou via un cordon USB (aspect temporel), etc.&nbsp;? </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">[C4] On ne peut retenir aucune contrainte imposant un ordre provenant des particularit&eacute;s empiriques de &eacute;tats sous-jacents (plus petit que, plus grand que, qui pr&eacute;c&egrave;de, qui suit, etc.). On ne peut pas dire que &laquo;&nbsp;opaque&nbsp;&raquo; est plus grand (ou plus petit) que &laquo;&nbsp;perfor&eacute;&nbsp;&raquo;, ce qui exclut du m&ecirc;me coup qu&rsquo;on puisse prendre appui sur des &eacute;chelles de mesures (des tension &eacute;lectriques entre 0 et 5 volts, par exemple) pour affirmer qu&rsquo;un &eacute;tat (associ&eacute; au voisinage de 5 volts, par exemple) est plus grand (ou plus petit) qu&rsquo;un autre (associ&eacute; au voisinage de 0 volts, par exemple). La contrainte d&rsquo;invariance ne peut imposer aucune contrainte d&rsquo;ordre, et les &eacute;l&eacute;ments d&eacute;ph&eacute;nom&eacute;nalis&eacute;s ne sont assujettis &agrave; aucune consid&eacute;ration impliquant un ordre, des nombres, par exemple, fussent-ils seulement deux (0 et 1, par exemple). </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">[C5] On ne peut retenir aucune contrainte s&eacute;mique (signifier ou d&eacute;signer ceci ou cela, &ecirc;tre ceci ou cela, le vrai ou le faux, une lettre, un chiffre, repr&eacute;senter ou d&eacute;noter ceci ou cela, un &eacute;l&eacute;ment d&rsquo;ensemble, un nombre, etc.), toujours pour les m&ecirc;mes raisons, parce que chaque trait s&eacute;mique retenu devrait s&rsquo;imposer &agrave; tous les dispositifs sans exception. En quoi l&rsquo;&eacute;tat &laquo;&nbsp;opaque&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;5 volts&nbsp;&raquo; serait-il plus [la valeur] &laquo;&nbsp;vrai&nbsp;&raquo; ou [la valeur] &laquo;&nbsp;faux&nbsp;&raquo; que l&rsquo;&eacute;tat &laquo;&nbsp;perfor&eacute;&nbsp;&raquo; ou l&rsquo;&eacute;tat &laquo;&nbsp;0 volt&nbsp;&raquo;&nbsp;? La contrainte d&rsquo;invariance ne peut imposer aucune contrainte s&eacute;mique et ne peut donc imposer aucune interpr&eacute;tation, y compris logique et num&eacute;rique, aux &eacute;l&eacute;ments d&eacute;ph&eacute;nom&eacute;nalis&eacute;s. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Il est inutile de poursuivre plus avant l&rsquo;&eacute;num&eacute;ration d&eacute;taill&eacute;e de tout ce qui doit &ecirc;tre enlev&eacute;, d&egrave;s que la contrainte d&rsquo;invariance des formes est lev&eacute;e, pour pouvoir retrouver ce qui para&icirc;t tellement aller de soi dans l&rsquo;usage ou l&rsquo;&eacute;tude de ces dispositifs. Seul importe l&rsquo;arr&ecirc;t d&eacute;terminant un presque-rien, qui puisse agir comme une contrainte d&rsquo;invariance non vide pour emp&ecirc;cher l&rsquo;&eacute;vaporation du champ de variabilit&eacute;. Moins que l&rsquo;invariance des formes, mais sans pour autant n&rsquo;&ecirc;tre rien, il y a l&rsquo;invariance associ&eacute;e &agrave; l&rsquo;information. </font></font></span></span></span></p> <p style="margin-left:38px"><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">[INF] L&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;information. Quand on l&egrave;ve la contrainte d&rsquo;invariance des formes sur le fond d&rsquo;une variabilit&eacute; maximale des codages et des substrats, l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;information [discr&egrave;te non probabiliste] correspond &agrave; une contrainte d&rsquo;invariance qui ne retient rien d&rsquo;autre des provenances empiriques, consid&eacute;r&eacute;es en tant qu&rsquo;effets de discret, qu&rsquo;un <i>degr&eacute; de distinctivit&eacute; mutuelle</i> des &eacute;tats d&eacute;ph&eacute;nom&eacute;nalis&eacute;s. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Cette formulation est prudente, car elle n&rsquo;affirme aucune exclusivit&eacute; qui signifierait que ce serait la seule mani&egrave;re de lever la contrainte d&rsquo;invariance des formes, ou qu&rsquo;elle serait la derni&egrave;re au titre d&rsquo;une contrainte qu&rsquo;il serait impossible de lever. En outre, en tant qu&rsquo;elle s&rsquo;applique &agrave; des <i>effets de discret</i>, elle ne requiert pas la supposition d&rsquo;un &laquo;&nbsp;discret r&eacute;el&nbsp;&raquo; (un continu &agrave; trous), ce qui lui permet d&rsquo;intervenir comme un sch&eacute;ma d&rsquo;interpr&eacute;tation non exclusif (en contrepartie de quoi, les autres approches sont, elles aussi, comprises comme ayant statut de sch&eacute;mas d&rsquo;interpr&eacute;tation non exclusifs). </font></font></span></span></span></p> <h3 align="left"><span style="line-height:100%"><font color="#000000"><font face="Arial, serif"><font style="font-size:14pt"><font size="4">La fiction des syst&egrave;mes de diff&eacute;rences pures</font></font></font></font></span></h3> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Comment essayer d&rsquo;imaginer l&rsquo;information comme ce qu&rsquo;on peut &laquo;&nbsp;contempler&nbsp;&raquo; &agrave; la fine pointe &sigma; d&rsquo;une traduction transph&eacute;nom&eacute;nale&nbsp;? C&rsquo;est ce que je voudrais esquisser gr&acirc;ce &agrave; la fiction des <i>syst&egrave;mes de diff&eacute;rences pures</i><sup><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote10sym" name="sdfootnote10anc"><sup>10</sup></a></sup>. Dans cette fiction, ces &eacute;l&eacute;ments ne poss&egrave;dent rien en propre et sont donc d&eacute;munis de toute qualit&eacute;, particularit&eacute; ou propri&eacute;t&eacute; qui permettrait qu&rsquo;on puisse dire <i>celui-ci</i> ou <i>celui-l&agrave;</i>, ce qui exclut aussi bien de d&eacute;terminer en quoi ils sont diff&eacute;rents les uns des autres, que de pouvoir les identifier (nommer, d&eacute;signer, d&eacute;noter, repr&eacute;senter, coder, etc.) individuellement. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Dans un syst&egrave;me de diff&eacute;rences pures, les &eacute;l&eacute;ments<sup><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote11sym" name="sdfootnote11anc"><sup>11</sup></a></sup> sont ainsi &agrave; la fois <i>mutuellement distincts</i> (il sont distincts seulement les uns des autres) et <i>indiscernables</i> les uns des autres (il est impossible de les particulariser ou de les identifier individuellement). Ce caract&egrave;re mutuel de la distinctivit&eacute; et de l&rsquo;indiscernabilit&eacute; refl&egrave;te le principe d&rsquo;une <i>cl&ocirc;ture</i>, qui signifie que ces syst&egrave;mes sont <i>incomparables</i> les uns avec les autres, c&rsquo;est-&agrave;-dire que chaque syst&egrave;me est clos sur lui-m&ecirc;me, et sans aucun lien avec un autre. Rapport&eacute;e au plan empirique, cette incomparabilit&eacute; signifie que chaque traduction transph&eacute;nom&eacute;nale est locale et ind&eacute;pendante des autres, ce qui n&rsquo;est encore que l&rsquo;une des incidences du fait que la contrainte d&rsquo;invariance des formes est lev&eacute;e. </font></font></span></span></span></p> <p style="margin-left:38px"><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">[SDP] Les syst&egrave;mes de diff&eacute;rences pures. Les invariants de traductions transph&eacute;nom&eacute;nales associ&eacute;s &agrave; l&rsquo;information peuvent &ecirc;tre imagin&eacute;s comme des syst&egrave;mes de diff&eacute;rences pures dans lesquels on ne peut rien affirmer d&rsquo;autre des &eacute;l&eacute;ments (1) que le degr&eacute; de leur distinctivit&eacute; mutuelle, (2) qu&rsquo;ils sont seulement mutuellement distincts, (3) qu&rsquo;ils sont mutuellement indiscernables, (4) qu&rsquo;ils constituent une <i>cl&ocirc;ture</i> au sein de laquelle ils sont indissociables, mais aussi incomparables, aussi bien entre eux du fait de leur indiscernabilit&eacute; (incomparabilit&eacute; interne), qu&rsquo;avec quoi que ce soit d&rsquo;autre hors de cette cl&ocirc;ture (incomparabilit&eacute; externe). </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">L&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;une telle cl&ocirc;ture nous est famili&egrave;re&nbsp;: si je consid&egrave;re un octet de m&eacute;moire, je sais que je ne peux comparer aucune des 256 valeurs possibles de cette m&eacute;moire &agrave; une 257<sup>e</sup> valeur. Mais l&rsquo;id&eacute;e de cl&ocirc;ture a une autre incidence quand on souligne qu&rsquo;une d&eacute;ph&eacute;nom&eacute;nalisation s&rsquo;applique globalement et d&rsquo;un seul coup &agrave; un contexte ph&eacute;nom&eacute;nal, c&rsquo;est-&agrave;-dire aussi bien aux valeurs (ou aux plages de valeurs) des &eacute;tats qu&rsquo;&agrave; leurs entre-deux. Les entre-deux empiriques, c&rsquo;est ce qui, tout &agrave; la fois, s&eacute;pare les valeurs les unes des autres (les diff&eacute;rencie, les distingue, etc.) et les relie dans leur contexte ph&eacute;nom&eacute;nal. Quand on d&eacute;ph&eacute;nom&eacute;nalise les entre-deux, on supprime certes toute trace de leur ph&eacute;nom&eacute;nalit&eacute; empirique, mais il reste leur r&ocirc;le, &agrave; savoir celui d&rsquo;assurer le <i>tenir-ensemble</i> des &eacute;l&eacute;ments&nbsp;: les entre-deux s&eacute;parent les &eacute;l&eacute;ments, ce qui contribue &agrave; leur distinctivit&eacute; mutuelle, en m&ecirc;me temps qu&rsquo;ils les relient, et c&rsquo;est la cl&ocirc;ture qui t&eacute;moigne ainsi de leur solidarit&eacute; ind&eacute;fectible. C&rsquo;est l&rsquo;un des traits majeurs des <i>effets de discret</i>, par opposition &agrave; la conception erron&eacute;e du discret qui nous enjoint d&rsquo;&laquo;&nbsp;oublier&nbsp;&raquo; (c&rsquo;est-&agrave;-dire de tenir pour rien) ce double r&ocirc;le des entre-deux. Quand on d&eacute;ph&eacute;nom&eacute;nalise le ruban de papier, il ne s&rsquo;ensuit pas deux &eacute;tats abstraits, disjoints et &eacute;trangers l&rsquo;un &agrave; l&rsquo;autre comme &laquo;&nbsp;pr&eacute;sence de papier&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;absence de papier&nbsp;&raquo;, car ce qu&rsquo;on d&eacute;ph&eacute;nom&eacute;nalise, c&rsquo;est leur exclusion mutuelle en tant qu&rsquo;elle implique leur co-appartenance au sein d&rsquo;un m&ecirc;me contexte, ce qu&rsquo;en termes linguistiques on pourrait dire l&rsquo;axe paradigmatique&nbsp;: en tant qu&rsquo;ils s&rsquo;excluent l&rsquo;un l&rsquo;autre [&agrave; la m&ecirc;me place paradigmatique], ils doivent &ecirc;tre &agrave; la fois li&eacute;s et distincts, ind&eacute;fectiblement. </font></font></span></span></span></p> <p><img src="https://www.numerev.com/img/ck_20_17_image-20220118143552-4.png" style="width: 100%; height: 38%;" /></p> <p style="text-align: center;"><span style="line-height:100%"><font color="#000000"><font face="Arial, serif"><i>Fig. 4 &ndash; L&rsquo;invariant informationnel comme syst&egrave;me de diff&eacute;rences pures</i></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Dans cette figuration, c&ocirc;t&eacute; fiction, l&rsquo;indiscernabilit&eacute; est figur&eacute;e par le fait que les deux carr&eacute;s noirs ont exactement la m&ecirc;me forme et la m&ecirc;me couleur, tandis que la cl&ocirc;ture est figur&eacute;e allusivement par le cercle en pointill&eacute;s qui les relie. Il ne s&rsquo;agit toutefois que d&rsquo;une <i>figuration</i>, spatialis&eacute;e dans l&rsquo;empirie, d&rsquo;un <i>figur&eacute;</i> &agrave; la fois fictionnel et impr&eacute;sentable dans l&rsquo;empirie. Il faut donc comprendre que la spatialisation, qui permet le rep&eacute;rage spatial des deux carr&eacute;s, &laquo;&nbsp;au-dessus&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;au-dessous&nbsp;&raquo;, n&rsquo;appartient pas au figur&eacute; de la figuration car c&rsquo;est seulement un artifice qui permet de forcer la figuration d&rsquo;un figur&eacute; impr&eacute;sentable (on ne peut &laquo;&nbsp;voir&nbsp;&raquo; les syst&egrave;mes de diff&eacute;rences <i>pures</i> que les yeux ferm&eacute;s)<sup><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote12sym" name="sdfootnote12anc"><sup>12</sup></a></sup>. </font></font></span></span></span></p> <h3 align="left"><span style="line-height:100%"><font color="#000000"><font face="Arial, serif"><font style="font-size:14pt"><font size="4">La sym&eacute;trie fondamentale</font></font></font></font></span></h3> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">La fiction des syst&egrave;mes de diff&eacute;rences pures invite &agrave; regarder l&rsquo;articulation entre distinctivit&eacute;, indiscernabilit&eacute; et cl&ocirc;ture comme une sym&eacute;trie, ce qui est particuli&egrave;rement sugg&eacute;r&eacute; par l&rsquo;indiscernabilit&eacute;. En effet, ces &eacute;l&eacute;ments ne sont pas indiscernables <i>&agrave; la Leibniz</i> parce qu&rsquo;ils poss&eacute;deraient exactement les m&ecirc;mes propri&eacute;t&eacute;s, mais au contraire, chacun joue le m&ecirc;me r&ocirc;le que n&rsquo;importe quel autre parce qu&rsquo;on ne peut identifier individuellement aucun &eacute;l&eacute;ment d&eacute;ph&eacute;nom&eacute;nalis&eacute;, de sorte qu&rsquo;a fortiori on ne peut formuler aucune assertion qui impliquerait qu&rsquo;on puisse nommer (d&eacute;signer, d&eacute;noter, etc.) un &eacute;l&eacute;ment particulier &agrave; l&rsquo;exclusion des autres. Il convient donc de formuler la sym&eacute;trie au plan des principes, en tant qu&rsquo;elle est constitutive&nbsp;:</font></font></span></span></span></p> <p style="margin-left:38px"><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">[SF] La sym&eacute;trie fondamentale. Dans la contrainte d&rsquo;invariance de l&rsquo;information, le <i>degr&eacute; de distinctivit&eacute;</i> est &eacute;gal &agrave; la <i>jauge d&rsquo;ind&eacute;termination</i>. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Au cours des exemples et des figurations que j&rsquo;ai propos&eacute;s jusqu&rsquo;ici, c&rsquo;est en fait d&eacute;j&agrave; cette sym&eacute;trie qui commande partout l&rsquo;articulation entre des &eacute;l&eacute;ments compris comme <i>distincts</i> (degr&eacute; de distinctivit&eacute;) en m&ecirc;me temps qu&rsquo;<i>indiscernables</i> (jauge d&rsquo;ind&eacute;termination) au sein d&rsquo;une <i>cl&ocirc;ture</i> (un m&ecirc;me degr&eacute;). Si l&rsquo;id&eacute;e de la transph&eacute;nom&eacute;nalit&eacute; est plus g&eacute;n&eacute;rale que celle d&rsquo;information, en particulier parce qu&rsquo;elle ouvre aussi la possibilit&eacute; d&rsquo;une transph&eacute;nom&eacute;nalisation des entre-deux, donc des supports et des changements d&rsquo;&eacute;tats, le recours &agrave; la fiction des syst&egrave;mes de diff&eacute;rences pures est d&rsquo;abord une prop&eacute;deutique d&rsquo;approche de cette sym&eacute;trie. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">On peut imaginer que la jauge d&rsquo;ind&eacute;termination garde trace &ndash; mais en creux &ndash; des d&eacute;terminations empiriques qui ont d&ucirc; &ecirc;tre tenues &agrave; l&rsquo;&eacute;cart lors de la d&eacute;ph&eacute;nom&eacute;nalisation (premi&egrave;re &laquo;&nbsp;moiti&eacute;&nbsp;&raquo; d&rsquo;une traduction transph&eacute;nom&eacute;nale) conduisant &agrave; la fine pointe &sigma; (point de vue informationnel sur une interaction&nbsp;: le degr&eacute; de distinctivit&eacute;)&nbsp;; cette m&ecirc;me jauge exprime l&rsquo;ind&eacute;termination qui doit &ecirc;tre lev&eacute;e par les d&eacute;terminations empiriques inject&eacute;es lors de la reph&eacute;nom&eacute;nalisation (seconde &laquo;&nbsp;moiti&eacute;&nbsp;&raquo; d&rsquo;une traductions transph&eacute;nom&eacute;nale) pour que, globalement, l&rsquo;interaction concern&eacute;e puisse &ecirc;tre comprise comme une traduction transph&eacute;nom&eacute;nale qui satisfasse la contrainte d&rsquo;invariance. </font></font></span></span></span></p> <p style="margin-left:38px"><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Remarque. Le gain en transph&eacute;nom&eacute;nalit&eacute; se paie en monnaie d&rsquo;ind&eacute;termination, en ce sens que le degr&eacute; de distinctivit&eacute; mutuelle, qui conditionne la possibilit&eacute; de la contrainte d&rsquo;invariance, a pour exacte contrepartie l&rsquo;effet de limitation impos&eacute; par la jauge d&rsquo;ind&eacute;termination. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Cependant, on aurait tort de comprendre que cette ind&eacute;termination soit un effet exclusivement n&eacute;gatif dont il faudrait s&rsquo;affranchir par tous les moyens. Non seulement parce c&rsquo;est gr&acirc;ce &agrave; elle qu&rsquo;on peut articuler des ph&eacute;nom&eacute;nalit&eacute;s h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes diverses, mais aussi parce qu&rsquo;elle conditionne la possibilit&eacute; du champ de variabilit&eacute; pour une multiplicit&eacute; de codages, d&rsquo;optimisations, de compressions, de cryptages, de figurations, etc., dont le caract&egrave;re arbitraire trouve son fondement dans cette ind&eacute;termination. </font></font></span></span></span></p> <h3 align="left"><span style="line-height:100%"><font color="#000000"><font face="Arial, serif"><font style="font-size:14pt"><font size="4">Le suppl&eacute;ment d&rsquo;&eacute;criture</font></font></font></font></span></h3> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Dans une jonction, la contrainte d&rsquo;invariance de l&rsquo;information implique (1) que les deux c&ocirc;t&eacute;s de la jonction interagissent selon le m&ecirc;me nombre d&rsquo;&eacute;tats distincts, et (2) que l&rsquo;interaction &eacute;tablisse une corr&eacute;lation stable entre les &eacute;tats d&rsquo;entr&eacute;e et les &eacute;tats de sortie. Mais, quand on d&eacute;ph&eacute;nom&eacute;nalise, il ne reste des &eacute;tats empiriques que le degr&eacute; de leur distinctivit&eacute; mutuelle, ce qui les rend mutuellement indiscernables. Imaginons un dispositif empirique (&phi;1&nbsp;&rarr;&nbsp;&phi;2) dont on sait seulement qu&rsquo;il conserve globalement l&rsquo;invariant &laquo;&nbsp;1 parmi 2&nbsp;&raquo; (une liaison binaire s&eacute;rie, par exemple)&nbsp;: </font></font></span></span></span></p> <p><img src="https://www.numerev.com/img/ck_20_17_image-20220118143637-5.png" style="width: 100%; height: 23%;" /></p> <p style="text-align: center;"><span style="line-height:100%"><font color="#000000"><font face="Arial, serif"><i>Fig. 5 &ndash; Le probl&egrave;me de la corr&eacute;lation des &eacute;tats empiriques</i></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">En raisonnant au plan transph&eacute;nom&eacute;nal, cot&eacute; fiction, lever l&rsquo;ind&eacute;termination reviendrait &agrave; se donner la possibilit&eacute; de tracer une sorte de fibr&eacute; (figure de gauche) qui relierait un &agrave; un les &eacute;l&eacute;ments des deux syst&egrave;mes de diff&eacute;rences pures associ&eacute;s respectivement aux &eacute;tats d&rsquo;entr&eacute;e et de sortie du dispositif. Mais c&rsquo;est une illusion (la figuration n&rsquo;est pas le figur&eacute;) car les &eacute;l&eacute;ments sont mutuellement indiscernables au sein d&rsquo;un syst&egrave;me de diff&eacute;rences pures [SDP], tandis que les syst&egrave;mes de diff&eacute;rences pures ne sont pas comparables entre eux. D&rsquo;un point de vue transph&eacute;nom&eacute;nal, les deux figures ci-dessus sont donc elles-m&ecirc;mes indiscernables l&rsquo;une de l&rsquo;autre, ce qui n&rsquo;est pas &eacute;tonnant, puisque c&rsquo;est une cons&eacute;quence directe de la contrainte d&rsquo;invariance informationnelle. Mais c&rsquo;est l&agrave; que le b&acirc;t blesse, car s&rsquo;il faut sans cesse revenir &agrave; la description d&eacute;taill&eacute;e des dispositifs pour conna&icirc;tre chaque corr&eacute;lation empirique entre les &eacute;tats, c&rsquo;est aussit&ocirc;t renoncer &agrave; tout ou partie des avantages de la transph&eacute;nom&eacute;nalit&eacute;. </font></font></span></span></span></p> <p style="margin-left:38px"><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">[PC] Probl&egrave;me des corr&eacute;lations. On souhaite pouvoir <i>en pratique</i> lever les ind&eacute;terminations, mais sans devoir faire r&eacute;f&eacute;rence &agrave; la description empirique des dispositifs. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">La contrainte d&rsquo;invariance de l&rsquo;information est en quelque mani&egrave;re <i>un peut trop</i> corrosive en ce sens que les avantages li&eacute;s &agrave; l&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; transph&eacute;nom&eacute;nale impliquent des effets d&rsquo;ind&eacute;termination qui ne peuvent pas &ecirc;tre lev&eacute;s dans le cadre strict de cette contrainte. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Consid&eacute;rons un clavier ordinaire en raisonnant, pour simplifier, dans le contexte Ascii d&rsquo;un alphabet de 256 caract&egrave;res (8 bits). Le fait d&rsquo;appuyer sur une touche d&rsquo;un clavier produit indirectement un code de caract&egrave;re<sup><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote13sym" name="sdfootnote13anc"><sup>13</sup></a></sup> sur 8 bits. Quand on utilise un &eacute;diteur de textes, on attend qu&rsquo;il y ait globalement conservation de l&rsquo;information (8 bits en l&rsquo;occurrence) associ&eacute;e aux [codes des] caract&egrave;res pour les op&eacute;ration de saisie, d&rsquo;affichage, d&rsquo;&eacute;dition, de m&eacute;morisation, etc., ce qui correspond &agrave; la partie hachur&eacute;e&nbsp;:</font></font></span></span></span></p> <p align="center"><img src="https://www.numerev.com/img/ck_20_17_image-20220118143704-6.png" style="width: 100%; height: 28%;" /></p> <p style="text-align: center;"><span style="line-height:100%"><font color="#000000"><font face="Arial, serif"><i>Fig. 6 &ndash; Saisie et affichage de caract&egrave;res</i></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">La jauge d&rsquo;ind&eacute;termination se manifeste (figure de gauche) comme le fait que le dessin grav&eacute; sur le cabochon de mati&egrave;re plastique d&rsquo;une touche du clavier &ndash; le trac&eacute; empirique d&rsquo;un caract&egrave;re, le glyphe &ndash; n&rsquo;a pas de rapport avec un code Ascii (ni m&ecirc;me avec aucun autre code), ce que chacun peut ais&eacute;ment v&eacute;rifier en permutant les cabochons des touches d&rsquo;un clavier. Une remarque analogue s&rsquo;applique aux affichages et aux impressions (visuelles, tactiles, sonores, etc.), o&ugrave; c&rsquo;est la programmation des fonts et le fonctionnement physique des dispositifs d&rsquo;affichage qui d&eacute;terminent l&rsquo;association entre les codes de caract&egrave;res et les trac&eacute;s. Quand il arrive (figure de droite) qu&rsquo;on utilise un clavier dont les touches sont dispos&eacute;es en <span style="font-variant:small-caps">qwerty</span> avec une machine dont le pilote de clavier est param&eacute;tr&eacute; en <span style="font-variant:small-caps">azerty</span>, on sait compenser cette distorsion en appuyant sur la touche [d&eacute;cor&eacute;e] &laquo;&nbsp;W&nbsp;&raquo; pour saisir un [code de] &laquo;&nbsp;Z&nbsp;&raquo;. On se souvient aussi qu&rsquo;avant l&rsquo;&eacute;laboration et la diffusion d&rsquo;Unicode, on jouait sur le choix des fonts pour que, tout en utilisant des claviers et des &eacute;diteurs de textes en code 8 bits, on puisse citer des passages en grec, en russe, en cor&eacute;en, etc., au sein d&rsquo;un texte en alphabet latin. De mani&egrave;re synth&eacute;tique&nbsp;:</font></font></span></span></span></p> <p style="margin-left:38px"><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">[PEI] La contrainte d&rsquo;invariance de l&rsquo;information n&rsquo;implique la pr&eacute;servation d&rsquo;aucun <i>effet d&rsquo;identit&eacute;</i> associ&eacute; &agrave; la forme des trac&eacute;s empiriques, puisqu&rsquo;un tel effet requiert la contrainte d&rsquo;invariance des formes. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Cet exemple permet de toucher du doigt comment se manifeste l&rsquo;&eacute;cart entre les deux contraintes d&rsquo;invariance (forme et information)&nbsp;: on ne saurait lever l&rsquo;ind&eacute;termination relative aux &eacute;tats (syst&egrave;mes de diff&eacute;rences pures) sans lever en m&ecirc;me temps l&rsquo;ind&eacute;termination relative aux corr&eacute;lations, et vice-versa. Il permet aussi d&rsquo;apercevoir que c&rsquo;est la corr&eacute;lation entre des choix arbitraires de trac&eacute;s empiriques, sur les touches du clavier et dans les affichages, par exemple, qui produit un <i>effet d&rsquo;identit&eacute;</i> (indiqu&eacute; par la fl&egrave;che dans la fig.&nbsp;6, &agrave; gauche). Il ne s&rsquo;agit que d&rsquo;un effet, car il n&rsquo;y a aucune persistance de mati&egrave;re, de substrat ou de forme, ni non plus aucune substance permanente ou id&eacute;alit&eacute; m&eacute;tempirique qui soit mis en jeu dans le dispositif&nbsp;: les choix des trac&eacute;s empiriques n&rsquo;ont aucun rapport les uns avec les autres, comme le rappelle le cas du clavier <span style="font-variant:small-caps">qwerty</span>. Il permet surtout de comprendre comment on r&eacute;sout <i>en pratique</i> le probl&egrave;me des corr&eacute;lations [PC], puisqu&rsquo;il suffit de glisser cet effet d&rsquo;identit&eacute; (le rapport des trac&eacute;s empiriques &agrave; &laquo;&nbsp;eux-m&ecirc;mes&nbsp;&raquo;) sur les corr&eacute;lations empiriques d&eacute;termin&eacute;es par le dispositif (les corr&eacute;lations entre les &eacute;tats d&rsquo;entr&eacute;e et de sortie) pour pouvoir &laquo;&nbsp;oublier&nbsp;&raquo; le dispositif empirique, et ainsi s&rsquo;en d&eacute;lier&nbsp;: </font></font></span></span></span></p> <p><img src="https://www.numerev.com/img/ck_20_17_image-20220118143730-7.png" style="width: 100%; height: 45%;" /></p> <p style="text-align: center;"><span style="line-height:100%"><font color="#000000"><font face="Arial, serif"><i>Fig. 7 &ndash; L&rsquo;effet d&rsquo;identit&eacute; comme substitut des corr&eacute;lations.</i></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">L&rsquo;id&eacute;e consiste bien &agrave; s&rsquo;affranchir de l&rsquo;empiricit&eacute; des dispositifs et de leurs corr&eacute;lations, mais non pas de toute empiricit&eacute;. Si l&rsquo;effet d&rsquo;identit&eacute; se substitue aux corr&eacute;lations empiriques et ach&egrave;ve l&rsquo;effacement des dispositifs (tout le reste &eacute;tant d&eacute;j&agrave; d&eacute;ph&eacute;nom&eacute;nalis&eacute; via la contrainte d&rsquo;invariance informationnelle), il n&rsquo;en reste pas moins que cet effet d&rsquo;identit&eacute; requiert des trac&eacute;s empiriques. Partant, lever l&rsquo;ind&eacute;termination signifie qu&rsquo;on brise <i>localement</i> la sym&eacute;trie fondamentale quand on s&rsquo;affranchit <i>localement</i> de la contrainte d&rsquo;invariance informationnelle en r&eacute;injectant un reste d&rsquo;empiricit&eacute; sous forme de trac&eacute;s empiriques qui, eux, ne sont assujettis qu&rsquo;&agrave; la contrainte d&rsquo;invariance des formes, et c&rsquo;est ce reste d&rsquo;empiricit&eacute;, dans son acception la plus neutre, qui se comprend ici comme <i>&eacute;criture</i>. </font></font></span></span></span></p> <p style="margin-left:38px"><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">[ABS] Ajustements de bon sens. Il est d&rsquo;usage et de bon sens, quand cela est opportun, d&rsquo;ajuster les dispositifs empiriques pour qu&rsquo;ils produisent des effets d&rsquo;identit&eacute; appropri&eacute;s. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Qui ne pr&eacute;f&egrave;rerait en effet, au moins quand cela est possible et opportun, qu&rsquo;ayant appuy&eacute; sur une touche d&eacute;cor&eacute;e avec un trac&eacute; de &laquo;&nbsp;a&nbsp;&raquo;, il puisse associer &agrave; cette frappe un trac&eacute; de &laquo;&nbsp;a&nbsp;&raquo;, quels que soient les m&eacute;morisations, transmissions, traitements, etc., qui conduisent aux affichages et aux impressions&nbsp;? Toutefois, il n&rsquo;est pas toujours opportun de produire un effet d&rsquo;identit&eacute;, et rien n&rsquo;emp&ecirc;che de tirer avantage du fait qu&rsquo;on ne peut pas lever les ind&eacute;terminations li&eacute;es aux &eacute;tats sans imposer du m&ecirc;me coup une interpr&eacute;tation aux corr&eacute;lations dont l&rsquo;ind&eacute;termination est, de ce fait, lev&eacute;e. On recroise ici la deuxi&egrave;me remarque liminaire [R2] concernant les &laquo;&nbsp;conventions de codage&nbsp;&raquo; (dites <i>logique positive</i> et <i>logique n&eacute;gative</i>) qui font appara&icirc;tre des op&eacute;rateurs fant&ocirc;mes ou dispara&icirc;tre des dispositifs empiriques (voir aussi la fig.&nbsp;2)&nbsp;:</font></font></span></span></span></p> <p><img src="https://www.numerev.com/img/ck_20_17_image-20220118143758-8.png" style="width: 100%; height: 17%;" /></p> <p style="text-align: center;"><span style="line-height:100%"><font color="#000000"><font face="Arial, serif"><i>Fig. 8 &ndash; Conventions de codage et corr&eacute;lations</i></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Les effets d&rsquo;absorption (figure de gauche&nbsp;: le dispositif empirique est comme &laquo;&nbsp;absorb&eacute;&nbsp;&raquo; par l&rsquo;effet d&rsquo;identit&eacute;) ou d&rsquo;op&eacute;rateurs fant&ocirc;mes (figure de droite) sont directement li&eacute;s &agrave; la sym&eacute;trie fondamentale et &agrave; la mani&egrave;re de lever les ind&eacute;terminations. Ce cas des &laquo;&nbsp;conventions logiques&nbsp;&raquo; est particuli&egrave;rement simple parce qu&rsquo;il ne concerne qu&rsquo;une seule jonction li&eacute;e &agrave; l&rsquo;invariant &laquo;&nbsp;1 parmi 2&nbsp;&raquo; (c&rsquo;est l&rsquo;exemple du lecteur de rubans)&nbsp;; mais il s&rsquo;agit d&rsquo;une articulation extr&ecirc;mement g&eacute;n&eacute;rale, aussi g&eacute;n&eacute;rale et fondamentale que la contrainte d&rsquo;invariance informationnelle elle-m&ecirc;me. Il ne suffit pas de r&eacute;p&eacute;ter que les &laquo;&nbsp;codages&nbsp;&raquo; sont arbitraires, &ndash; certes, ils le sont&nbsp;! &ndash;, mais d&rsquo;apercevoir que le <i>ou presque</i> que la fiction du <i>comme si</i> garde en sa r&eacute;serve ouvre sur la probl&eacute;matique d&rsquo;une <i>relativit&eacute;</i><sup><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote14sym" name="sdfootnote14anc"><sup>14</sup></a></sup>. </font></font></span></span></span></p> <h3 align="left"><span style="line-height:100%"><font color="#000000"><font face="Arial, serif"><font style="font-size:14pt"><font size="4">En mani&egrave;re de synth&egrave;se</font></font></font></font></span></h3> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">La fiction du <i>comme si</i> [FCS] est un point d&rsquo;&eacute;quilibre dynamique, aussi dense et complexe que finement ajoint&eacute;, o&ugrave; se confrontent des forces et des enjeux discursifs, th&eacute;oriques et fondamentaux consid&eacute;rables, dont la probl&eacute;matique de l&rsquo;information, telle que je l&rsquo;aborde ici, n&rsquo;est qu&rsquo;un aspect. Cette probl&eacute;matique est directement li&eacute;e aussi bien aux effets de discret (o&ugrave; affleure une probl&eacute;matique d&rsquo;articulation entre discret et continu) qu&rsquo;&agrave; la question de l&rsquo;&eacute;criture (o&ugrave; affleure une probl&eacute;matique d&rsquo;articulation entre les math&eacute;matiques et leur ext&eacute;riorit&eacute;), de sorte qu&rsquo;on ne saurait l&rsquo;aborder ind&eacute;pendamment des champs qui s&rsquo;y trouvent int&eacute;ress&eacute;s. Il n&rsquo;est pas d&rsquo;usage [courant] de formuler (ni m&ecirc;me de rappeler) la fiction du <i>comme si</i>, ce qui est d&rsquo;autant plus compr&eacute;hensible qu&rsquo;on entendrait aussit&ocirc;t l&rsquo;&eacute;cho d&rsquo;un <i>ou presque</i> qu&rsquo;il faudrait alors d&eacute;plier. La fiction sommeille &agrave; l&rsquo;ombre des &eacute;vidences, en particulier celles qui gouvernent les pratiques d&rsquo;usage de l&rsquo;&eacute;criture ordinaire et qui int&eacute;ressent certains aspects du rapport des math&eacute;matiques &agrave; leur ext&eacute;riorit&eacute;. D&rsquo;o&ugrave; la n&eacute;cessit&eacute; de suspendre le recours &agrave; ces &eacute;vidences &agrave; titre de pr&eacute;caution m&eacute;thodologique [PM], et de veiller &agrave; s&rsquo;abstenir de tenir pour acquis ce qui est en question. D&rsquo;o&ugrave;, aussi, l&rsquo;exigence de ne pas recourir aux math&eacute;matisations qui sont conditionn&eacute;es par les &eacute;vidences qu&rsquo;on veut analyser (par exemple, le recours &agrave; des ensembles finis pour math&eacute;matiser <i>imm&eacute;diatement</i> les effets de discret implique au moins l&rsquo;effacement pr&eacute;alable de toute trace de la jauge d&rsquo;ind&eacute;termination).</font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">L&rsquo;articulation entre le sch&eacute;ma des fictions et la transph&eacute;nom&eacute;nalit&eacute; s&rsquo;inscrit dans le cadre de cette pr&eacute;caution m&eacute;thodologique, car elle permet aussi bien de ne pas recourir <i>trop t&ocirc;t</i> &agrave; des abstractions d&eacute;mat&eacute;rialis&eacute;es ou &agrave; des id&eacute;alit&eacute;s math&eacute;matiques, que d&rsquo;&eacute;carter toute tentation de r&eacute;ifier l&rsquo;information, de lui accorder une permanence ontologique ou de lui conf&eacute;rer une persistance physique. La traduction transph&eacute;nom&eacute;nale d&eacute;termine une trame permettant de pr&eacute;ciser quelle est, en son principe, la diff&eacute;rence entre information et &eacute;criture. La contrainte d&rsquo;une invariance (relative) des formes, sans laquelle l&rsquo;&eacute;criture n&rsquo;aurait [sans doute] pas pu se constituer, implique d&eacute;j&agrave;, en son principe, la &laquo;&nbsp;volont&eacute;&nbsp;&raquo; d&rsquo;une puissance de d&eacute;liaison des formes &agrave; l&rsquo;&eacute;gard des mat&eacute;rialit&eacute;s qui les h&eacute;bergent, d&eacute;liaison qui appartient elle-m&ecirc;me &agrave; un r&eacute;seau ramifi&eacute; de disjonctions et d&rsquo;oppositions, au moins depuis la philosophie grecque. Ce que, depuis d&eacute;j&agrave; une centaine d&rsquo;ann&eacute;es, les pratiques et les technologies li&eacute;es &agrave; l&rsquo;information nous invitent &agrave; affronter, c&rsquo;est ce qui arrive quand on <i>l&egrave;ve</i> la contrainte d&rsquo;invariance des formes, non pour la supprimer mais plut&ocirc;t, comme on l&egrave;ve un voile, pour montrer qu&rsquo;une contrainte plus faible, donc plus g&eacute;n&eacute;rale, est &agrave; la fois concevable et praticable (c&rsquo;est d&rsquo;ailleurs surtout parce qu&rsquo;elle est d&rsquo;abord praticable qu&rsquo;elle parvient &agrave; nous forcer de la concevoir). La contrainte d&rsquo;invariance informationnelle d&eacute;termine un concept d&rsquo;information caract&eacute;ris&eacute; par la sym&eacute;trie fondamentale entre un degr&eacute; de d&eacute;termination et une jauge d&rsquo;ind&eacute;termination. C&rsquo;est cette sym&eacute;trie qu&rsquo;on peut r&eacute;troactivement d&eacute;chiffrer en filigrane dans l&rsquo;id&eacute;e de quantit&eacute; d&rsquo;information discr&egrave;te en &laquo;&nbsp;1 parmi <i>n</i>&nbsp;&raquo;.</font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Ce concept d&rsquo;information est d&rsquo;abord d&eacute;routant en tant qu&rsquo;affranchi de la contrainte d&rsquo;invariance des formes qui contr&ocirc;le les effets d&rsquo;identit&eacute; dans les usages de l&rsquo;&eacute;criture ordinaire. Mais il est aussi d&eacute;routant parce que c&rsquo;est un concept des entre-deux, des traductions et des interactions &ndash; ce que soulignent les id&eacute;es de jonction et d&rsquo;invariant de traduction &ndash; pour lequel toute tentative de r&eacute;ification est d&rsquo;abord et d&eacute;finitivement un contresens. C&rsquo;est ce que met en &eacute;vidence la fiction des syst&egrave;mes de diff&eacute;rences pures dont la figuration est paradoxale parce que conditionn&eacute;e par une spatialisation qui la met en contradiction avec ce qu&rsquo;elle est suppos&eacute;e figurer. Dans ce contexte, l&rsquo;arch&eacute;type de la r&eacute;ification, ce sont ces petits cailloux, ces granul&eacute;s d&rsquo;allure discr&egrave;te qu&rsquo;on peut assembler, v&eacute;hiculer, transmettre, manipuler, traiter, stocker, etc., et dont les pratiques d&rsquo;usage de l&rsquo;&eacute;criture ordinaire nous proposent une version perfectionn&eacute;e sous forme de lettres, de symboles, de signes, etc. Je ne conteste pas l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t <i>pratique</i> de ces figurations de l&rsquo;information, auxquelles j&rsquo;ai moi-m&ecirc;me adh&eacute;r&eacute; et auxquelles j&rsquo;ai encore parfois recours. Mais, quelle que soit son efficience pratique, une <i>mani&egrave;re de parler</i> ne fait pas th&eacute;orie. Comme l&rsquo;information n&rsquo;est rien qu&rsquo;on puisse r&eacute;ifier, empiriquement ou abstraitement, elle ne requiert ni n&rsquo;attend le secours d&rsquo;aucun codage ni d&rsquo;aucune repr&eacute;sentation puisqu&rsquo;au contraire c&rsquo;est elle qui caract&eacute;rise l&rsquo;invariant conditionnant la possibilit&eacute; de la variabilit&eacute; des ph&eacute;nom&eacute;nalit&eacute;s, des &laquo;&nbsp;codages&nbsp;&raquo; et des &laquo;&nbsp;repr&eacute;sentations&nbsp;&raquo;. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Il y a de l&rsquo;information &laquo;&nbsp;partout&nbsp;&raquo; parce qu&rsquo;il n&rsquo;y en a &laquo;&nbsp;nulle part&nbsp;&raquo;. Elle n&rsquo;a aucune r&eacute;sidence, empirique ou m&eacute;tempirique. Elle n&rsquo;est un effet ni des technologies de l&rsquo;information, ni de l&rsquo;informatique, ni d&rsquo;aucun artefact, et sa transph&eacute;nom&eacute;nalit&eacute; la tient &agrave; l&rsquo;&eacute;cart de toute appartenance r&eacute;gionale particuli&egrave;re. Qu&rsquo;un m&ecirc;me <i>mot</i> &laquo;&nbsp;information&nbsp;&raquo; intervienne dans des sens diff&eacute;rents au sein de pratiques h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes n&rsquo;implique pas que ce mot doive d&eacute;signer un unique <i>concept</i>. Le concept d&rsquo;information que j&rsquo;ai dessin&eacute; est une pi&egrave;ce d&rsquo;un <i>sch&eacute;ma d&rsquo;interpr&eacute;tation</i>, celui qu&rsquo;on applique quand on veut proc&eacute;der &agrave; une analyse informationnelle d&rsquo;un agencement pour mettre en &eacute;vidence de l&rsquo;information [comprise en ce sens]. Il y aura donc de l&rsquo;information [comprise en ce sens] partout o&ugrave; il sera jug&eacute; pertinent d&rsquo;appliquer ce sch&eacute;ma d&rsquo;interpr&eacute;tation. Pour autant, ce concept d&rsquo;information joue &agrave; divers &eacute;gards le r&ocirc;le d&rsquo;un passage oblig&eacute; quand on prend acte du caract&egrave;re &agrave; la fois g&eacute;n&eacute;ral et fondamental d&rsquo;une contrainte d&rsquo;invariance qui s&rsquo;applique au moins &ndash; pour ce que j&rsquo;ai expos&eacute; ici &ndash; aux transmissions et aux m&eacute;morisations. Faut-il comprendre <i>information</i> comme le nom d&rsquo;une &eacute;tape dans l&rsquo;histoire de l&rsquo;&eacute;criture&nbsp;? Ou faut-il ouvrir l&rsquo;&eacute;criture ordinaire &agrave; ce champ plus vaste d&rsquo;une <i>&eacute;criture transph&eacute;nom&eacute;nale</i>&nbsp;? Je laisse la question ouverte (Vaud&egrave;ne, 2019). Et peut-&ecirc;tre est-ce moins l&rsquo;&eacute;criture que notre regard qui aurait chang&eacute;. Faudrait-il alors relire autrement certains livres, ou y d&eacute;chiffrer d&rsquo;autres caract&egrave;res que des formes g&eacute;om&eacute;triques&nbsp;? Le <i>ou presque</i> de la fiction du <i>comme si</i> porte toute la responsabilit&eacute; de l&rsquo;&eacute;cart, comme si ce n&rsquo;&eacute;tait rien &ndash; <i>come nullo</i>. </font></font></span></span></span></p> <p style="text-align: right;"><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Le jour, tu d&eacute;couvres l&rsquo;objet.</font></font></span></span></span></p> <p style="text-align: right;"><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Au fond de la nuit, tu le vois.</font></font></span></span></span></p> <p style="text-align: right;"><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Edmond Jab&egrave;s</font></font></span></span></span></p> <h3 align="left"><span style="line-height:100%"><font color="#000000"><font face="Arial, serif"><font style="font-size:14pt"><font size="4">Bibliographie</font></font></font></font></span></h3> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Bachelard, G. (1929). <i>La valeur inductive de la relativit&eacute;</i>. Paris&nbsp;: Vrin (2014).</font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Bachimont, B. (1996). Herm&eacute;neutique mat&eacute;rielle et Art&eacute;facture&nbsp;: des machines qui pensent aux machines qui donnent &agrave; penser&nbsp;; Critique du formalisme en intelligence artificielle (Th&egrave;se de doctorat d&rsquo;&eacute;pist&eacute;mologie, &Eacute;cole Polytechnique). </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Derrida, J. (2001). <i>Papier Machine</i>. Paris&nbsp;: Galil&eacute;e. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Hartley, R. (1928). Transmission of Information. <i>Bell System Technical Journal</i>, July 1928, p.&nbsp;535-563.</font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Kolmogorov, A. N. (1963). On tables of random numbers. <i>Sankhya, The Indian Journal of Statistics</i>, Series A, 25, 4, p.&nbsp;369-376.</font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Krause, D. (2002). Why quasi-sets&nbsp;? <i>Bol. Soc. Paran. Mat</i>. (3s.) v.&nbsp;20 1/2 (2002)&nbsp;: 73-92.</font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Legendre, P. (1988). <i>Le d&eacute;sir politique de Dieu (&Eacute;tude sur les montages de l&rsquo;&Eacute;tat et du Droit)</i>, Paris&nbsp;: Fayard.</font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">L&eacute;vy-Leblond, J.-M. (2003). On the nature of the quantons. <i>Science &amp; &Eacute;ducation</i>, August 2003. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Segal, J. (2003). <i>Le Z&eacute;ro et le Un &ndash; Histoire de la notion scientifique d&rsquo;information au 20e si&egrave;cle</i>. Paris&nbsp;: Syllepse. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Shannon, C. (1948). A Mathematical Theory of Communication. <i>Bell System Technical Journal</i>, vol.&nbsp;27, pp.&nbsp;379-423, 623-656, July, October, 1948.</font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Shr&ouml;dinger, E (1992). <i>Physique quantique et repr&eacute;sentation du monde</i>. Paris&nbsp;: Seuil. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Vaihinger, H. (1921). Les origines de la philosophie du comme si. <i>Philosophia Scienti&aelig;</i>, 20-1, 2016. </font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Vaud&egrave;ne. D. (2017). Dialectique des effets d&rsquo;insu. <i>Eikasia</i>, n&deg;&nbsp;78.</font></font></span></span></span></p> <p><span style="line-height:100%"><span style="orphans:0"><span style="widows:0"><font color="#000000"><font face="Arial, serif">Vaud&egrave;ne, D. (2019). Un acheminement vers la question de l&rsquo;&eacute;criture. <i>Intentio</i>. n&deg;&nbsp;1. </font></font></span></span></span></p> <hr /> <div id="sdfootnote1"> <p class="sdfootnote-western"><span style="page-break-before:always"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym">1</a><font face="Arial, serif">.&nbsp;L&rsquo;expression &laquo;&nbsp;effet de discret&nbsp;&raquo; souligne que des dispositifs qui sont compris comme discrets ne cessent pas pour autant d&rsquo;appartenir au continuum qui les h&eacute;berge. Il n&rsquo;y a pas plus de discr&eacute;tisation </font><font face="Arial, serif"><i>r&eacute;elle</i></font><font face="Arial, serif"> (qui produirait </font><font face="Arial, serif"><i>r&eacute;ellement</i></font><font face="Arial, serif"> des &laquo;&nbsp;trous&nbsp;&raquo; ou des &laquo;&nbsp;sauts&nbsp;&raquo;) qu&rsquo;il n&rsquo;y a de ciseaux </font><font face="Arial, serif"><i>r&eacute;els</i></font><font face="Arial, serif"> (pour une divisibilit&eacute; &agrave; l&rsquo;infini </font><font face="Arial, serif"><i>r&eacute;elle</i></font><font face="Arial, serif">). En ce sens, un effet de discret exploite ambigu&iuml;t&eacute; d&rsquo;une double interpr&eacute;tation.</font></span></p> </div> <div id="sdfootnote2"> <p class="sdfootnote-western"><span style="page-break-before:always"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">2</a><font face="Arial, serif">.&nbsp;Galil&eacute;e souligne que, relativement au bateau qui va de G&egrave;nes &agrave; Alep, le mouvement circulaire uniforme du bateau &agrave; la surface de la mer est </font><font face="Arial, serif"><i>come nullo</i></font><font face="Arial, serif">, comme [si ce n&rsquo;&eacute;tait] rien.</font></span></p> </div> <div id="sdfootnote3"> <p class="sdfootnote-western"><span style="page-break-before:always"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote3anc" name="sdfootnote3sym">3</a><font face="Arial, serif">.&nbsp;Je souligne que cette information-l&agrave; [IDNP] n&rsquo;implique aucune consid&eacute;ration de probabilit&eacute;. Il ne s&rsquo;agit pas de l&rsquo;information de Shannon, m&ecirc;me dans le cas particulier d&rsquo;un choix parmi deux &eacute;ventualit&eacute;s &eacute;quiprobables. Pip&eacute; ou non, un d&eacute; &agrave; six faces a six faces, et tout lancer valide (non &laquo;&nbsp;cass&eacute;&nbsp;&raquo;) d&eacute;termine une face parmi six. </font></span></p> </div> <div id="sdfootnote4"> <p class="sdfootnote-western"><span style="page-break-before:always"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote4anc" name="sdfootnote4sym">4</a><font face="Arial, serif">.&nbsp;Sous cet aspect, une m&eacute;morisation est une sorte de transmission tr&egrave;s ralentie, et divers probl&egrave;mes sont communs aux deux, en particulier&nbsp;: l&rsquo;ind&eacute;pendance par rapport aux substrats, la conservation des quantit&eacute;s d&rsquo;information, le bruit et les perturbations, l&rsquo;optimisation des codages et le cryptage. </font></span></p> </div> <div id="sdfootnote5"> <p class="sdfootnote-western"><span style="page-break-before:always"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote5anc" name="sdfootnote5sym">5</a><font face="Arial, serif">.&nbsp;Les restrictions concernent en particulier les cas o&ugrave; la recopie ne conserve pas le &laquo;&nbsp;m&ecirc;me&nbsp;&raquo; texte, la &laquo;&nbsp;m&ecirc;me&nbsp;&raquo; parole, la &laquo;&nbsp;m&ecirc;me&nbsp;&raquo; image, etc., en particulier les usages relatifs &agrave; des authentifications (signature, par exemple), &agrave; des engagements (formulation d&rsquo;un consentement, d&rsquo;un verdict, etc., ainsi que divers actes performatifs), et &agrave; des originaux (manuscrits autographes, peintures, etc.). Il n&rsquo;est donc pas surprenant que le d&eacute;veloppement des technologies de l&rsquo;information conduise &agrave; un bouleversement des proc&eacute;dures d&rsquo;authentification (Derrida, 2001). </font></span></p> </div> <div id="sdfootnote6"> <p class="sdfootnote-western"><span style="page-break-before:always"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote6anc" name="sdfootnote6sym">6</a><font face="Arial, serif">.&nbsp;Il n&rsquo;y a ni persistance mat&eacute;rielle, ni persistance &eacute;nerg&eacute;tique. C&rsquo;est l&rsquo;un des traits de cette id&eacute;e de jonction. Le fait que chaque dispositif rel&egrave;ve de la physique n&rsquo;implique pas que la transmission, la m&eacute;morisation ou le traitement des messages et des donn&eacute;es exige la persistance d&rsquo;une &eacute;nergie qui caract&eacute;riserait ces donn&eacute;es ou ces messages&nbsp;: les conservations d&rsquo;&eacute;nergie restent </font><font face="Arial, serif"><i>locales</i></font><font face="Arial, serif">. L&rsquo;id&eacute;e de jonction est une allusion au principe d&rsquo;un transistor (ou d&rsquo;un tube &agrave; vide triode, ou m&ecirc;me d&rsquo;un robinet) dans lequel la base (ou la grille, ou la t&ecirc;te) pilote en quelque mani&egrave;re le courant ou le flux qui passe de l&rsquo;&eacute;metteur (flux d&rsquo;entr&eacute;e) vers le collecteur (flux de sortie).</font></span></p> </div> <div id="sdfootnote7"> <p class="sdfootnote-western"><span style="page-break-before:always"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote7anc" name="sdfootnote7sym">7</a><font face="Arial, serif">.&nbsp;Cette indication souligne que l&rsquo;&eacute;criture ordinaire est solidaire d&rsquo;une tradition et d&rsquo;un r&eacute;seau de disjonctions li&eacute;s &agrave; cette probl&eacute;matique de l&rsquo;invariance de la forme (par exemple, entre une forme (</font><font face="Arial, serif"><i>morph&egrave;</i></font><font face="Arial, serif">) et une mati&egrave;re (</font><font face="Arial, serif"><i>hyl&egrave;</i></font><font face="Arial, serif">)), dont l&rsquo;une des traductions indirectes affleure comme intuition pure chez Kant (Bachimont, 1996, p.&nbsp;210 </font><font face="Arial, serif"><i>sqq</i></font><font face="Arial, serif">.).</font></span></p> </div> <div id="sdfootnote8"> <p class="sdfootnote-western"><span style="page-break-before:always"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote8anc" name="sdfootnote8sym">8</a><font face="Arial, serif">.&nbsp;Comme je l&rsquo;ai soulign&eacute;, le m&ecirc;me ruban de papier n&rsquo;est pas aper&ccedil;u selon la m&ecirc;me &laquo;&nbsp;forme&nbsp;&raquo; suivant qu&rsquo;il intervient dans le lecteur de ruban, ou qu&rsquo;il est pos&eacute; sur la vitre d&rsquo;un scanner. Il est clair en effet qu&rsquo;on s&rsquo;int&eacute;resse ici d&rsquo;autant moins &agrave; des formes consid&eacute;r&eacute;es pour elles-m&ecirc;mes que c&rsquo;est la jonction, c&rsquo;est-&agrave;-dire le mode d&rsquo;interaction, qui d&eacute;termine quelles sont les formes int&eacute;ress&eacute;es dans cette interaction, c&rsquo;est-&agrave;-dire quels sont les aspects de la ph&eacute;nom&eacute;nalit&eacute; des partenaires de la jonction qui interagissent les uns avec les autres.</font></span></p> </div> <div id="sdfootnote9"> <p class="sdfootnote-western"><span style="page-break-before:always"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote9anc" name="sdfootnote9sym">9</a><font face="Arial, serif">.&nbsp;Le choix du mot </font><font face="Arial, serif"><i>ph&eacute;nom&eacute;nalit&eacute;</i></font><font face="Arial, serif"> est destin&eacute; &agrave; rappeler l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;un </font><font face="Arial, serif"><i>appara&icirc;tre</i></font><font face="Arial, serif"> en tant qu&rsquo;il n&rsquo;est d&eacute;termin&eacute; que </font><font face="Arial, serif"><i>relativement &agrave;</i></font><font face="Arial, serif"> un dispositif (appareil, d&eacute;tecteur, sensibilit&eacute;, etc.) en interaction avec lequel cet appara&icirc;tre a lieu, et pour autant qu&rsquo;on veuille interpr&eacute;ter cette interaction en appliquant le sch&eacute;ma d&rsquo;une traduction transph&eacute;nom&eacute;nale. J&rsquo;ai retenu </font><font face="Arial, serif"><i>transph&eacute;nom&eacute;nal</i></font><font face="Arial, serif"> et ses d&eacute;riv&eacute;s pour &eacute;viter </font><font face="Arial, serif"><i>forme</i></font><font face="Arial, serif"> et </font><font face="Arial, serif"><i>transformation</i></font><font face="Arial, serif">, mais aussi pour tenir &agrave; l&rsquo;&eacute;cart aussi bien </font><font face="Arial, serif"><i>mati&egrave;re</i></font><font face="Arial, serif">, </font><font face="Arial, serif"><i>mat&eacute;rialit&eacute;</i></font><font face="Arial, serif"> (et le leurre de la </font><font face="Arial, serif"><i>d&eacute;mat&eacute;rialisation</i></font><font face="Arial, serif">, qui se comprend beaucoup mieux comme </font><font face="Arial, serif"><i>transph&eacute;nom&eacute;nalisation</i></font><font face="Arial, serif">), que le passe-partout </font><font face="Arial, serif"><i>virtuel</i></font><font face="Arial, serif"> (qui s&rsquo;oppose aussi bien &agrave; </font><font face="Arial, serif"><i>r&eacute;el</i></font><font face="Arial, serif"> qu&rsquo;&agrave; </font><font face="Arial, serif"><i>actuel</i></font><font face="Arial, serif">). En outre, l&rsquo;&eacute;ventail des ph&eacute;nom&eacute;nalit&eacute;s me para&icirc;t plus vaste que celui des mat&eacute;rialit&eacute;s, car une mat&eacute;rialit&eacute; peut donner lieu &agrave; des ph&eacute;nom&eacute;nalit&eacute;s distinctes (le papier peut servir &agrave; des trac&eacute;s graphiques d&rsquo;encre aussi bien qu&rsquo;&agrave; des reliefs tactiles pour le braille), tandis qu&rsquo;une ph&eacute;nom&eacute;nalit&eacute; peut &ecirc;tre propos&eacute;e avec diverses mat&eacute;rialit&eacute;s (rien n&rsquo;emp&ecirc;che d&rsquo;&eacute;crire en cun&eacute;iforme dans du ciment &agrave; prise rapide ou dans le sable humide de la plage).</font></span></p> </div> <div id="sdfootnote10"> <p class="sdfootnote-western"><span style="page-break-before:always"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote10anc" name="sdfootnote10sym">10</a><font face="Arial, serif">.&nbsp;L&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;un </font><font face="Arial, serif"><i>syst&egrave;me de diff&eacute;rences</i></font><font face="Arial, serif"> provient de la linguistique saussurienne, le fait qu&rsquo;elles soient </font><font face="Arial, serif"><i>pures</i></font><font face="Arial, serif"> est une r&eacute;f&eacute;rence indirecte &agrave; Kant. </font></span></p> </div> <div id="sdfootnote11"> <p class="sdfootnote-western"><span style="page-break-before:always"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote11anc" name="sdfootnote11sym">11</a><font face="Arial, serif">.&nbsp;J&rsquo;ai recours au mot </font><font face="Arial, serif"><i>&eacute;l&eacute;ment</i></font><font face="Arial, serif">, mais ce n&rsquo;est qu&rsquo;un exp&eacute;dient, faute de mieux, puisqu&rsquo;on on ne peut rien en dire individuellement.</font></span></p> </div> <div id="sdfootnote12"> <p class="sdfootnote-western"><span style="page-break-before:always"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote12anc" name="sdfootnote12sym">12</a><font face="Arial, serif">.&nbsp;La conjonction entre cl&ocirc;ture, degr&eacute; de distinctivit&eacute; et indiscernabilit&eacute; pourrait peut-&ecirc;tre &ecirc;tre rapproch&eacute;e, &agrave; certains &eacute;gards, de certains traits li&eacute;s &agrave; l&rsquo;impossibilit&eacute; de &laquo;&nbsp;tatouer&nbsp;&raquo; les particules pour les individuer. Voir l&rsquo;id&eacute;e des </font><font face="Arial, serif"><i>quantons</i></font><font face="Arial, serif"> (L&eacute;vy-Leblond, 2003), mais aussi, dans une autre perspective, des </font><font face="Arial, serif"><i>quasi-sets</i></font><font face="Arial, serif"> (Krause, 2002). </font></span></p> </div> <div id="sdfootnote13"> <p class="sdfootnote-western"><span style="page-break-before:always"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote13anc" name="sdfootnote13sym">13</a><font face="Arial, serif">.&nbsp;Dans les claviers usuels, le fait d&rsquo;appuyer sur une touche. compose un code matriciel qui correspond au rep&eacute;rage de la ligne et de la colonne de la touche sur le clavier&nbsp;; c&rsquo;est ensuite ce code matriciel qui est transform&eacute; en un code de caract&egrave;re par le pilote du clavier en fonction des param&egrave;tres courants du syst&egrave;me (langue, disposition de clavier, etc.). Je simplifie pour obtenir un sch&eacute;ma plus lisible en raisonnant directement sur les codes 8 bits. </font></span></p> </div> <div id="sdfootnote14"> <p class="sdfootnote-western"><span style="page-break-before:always"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote14anc" name="sdfootnote14sym">14</a><font face="Arial, serif">.&nbsp;Je pense ici &agrave; ce que qu&rsquo;indique Bachelard&nbsp;: &laquo;&nbsp;Il ne faut pas qu&rsquo;on puisse trouver dans un ph&eacute;nom&egrave;ne quelconque une raison suffisante pour sp&eacute;cifier un syst&egrave;me de r&eacute;f&eacute;rence&nbsp;&raquo; (Bachelard, 1929, p.&nbsp;208).</font></span></p> </div>