<h2 class="western"><span style="font-variant:small-caps">L’invention comme objet & comme méthode</span></h2>
<h3 class="western"><span style="line-height:200%">De la paternité de l’invention</span></h3>
<p><span style="line-height:200%">L’émergence des inventions en Europe à la fin du 19<sup>e</sup> siècle s’inscrit dans un processus d’industrialisation progressive et le déploiement d’outils et techniques nouvelles créant des ruptures successives dans l’organisation des sociétés et la création de richesses. En parallèle, l’appropriation de ces procédés et produits - associés depuis plusieurs siècles déjà à de puissants enjeux politiques, voit le développement de législations dédiées des états et d’accords bi- puis multi-latéraux en matière de propriété industrielle. Interdire le développement et la diffusion de techniques nouvelles et inventives par des tiers devient un droit individuel, parfois proche de ce que les Antiques nommaient le droit à la paternité ; le faussaire ou le contre-facteur se trouve alors souvent affublé de même déshonneur que le plagiaire antique.</span></p>
<h3 class="western"><span style="line-height:200%">Des manières d’être des objets techniques</span></h3>
<p><span style="line-height:200%">Pourtant, l’histoire des sciences et techniques nous l’enseigne, la création, la fabrication puis l’utilisation ou l’exploitation d’un objet technique résulte de processus complexes de circulation de savoirs situés et de manière de faire et d’opérations susceptibles d’affecter les structures où il se déploie. Ainsi, l’émergence d’inventions sur divers territoires tient plus d’une forme de cristallisation de savoirs locaux et manières de faire ou de la modulation de ceux-ci contribuant à faire évoluer la relation à l’objet technique lui-même dans son environnement, que du génie de <i>grands hommes</i>. L’exemple étudié ici, le pont à transbordeur – par ses diverses formes, illustre bien les modulations dans la création d’une solution technique aérienne à rail au franchissement de voies fluviales et maritimes au sein la tendance mondiale du déploiement de techniques et manières de faire associées aux ponts métalliques suspendus et des ponts mobiles (voir figure 1).</span></p>
<p><a href="https://transbordeur.hypotheses.org/files/2021/09/figure_1.jpg"><img alt="" src="https://transbordeur.hypotheses.org/files/2021/09/figure_1.jpg" style="width: 629px; height: 300px;" /></a></p>
<p>Figure 1 : illustration de la diversité des formes des ponts à transbordeur conçus et fabriqués puis exploités entre la fin du 19e siècle et le début du 20e siècle dans le monde. Source : Structurae, base de données et galerie internationale d'ouvrages d'art.</p>
<h3 class="western"><span style="line-height:200%">D’une icône de la modernité</span></h3>
<p><span style="line-height:200%">De ce cadre général d’histoire des techniques ne peut être dissocié un régime esthétique des figures de la modernité construites à la fin du 19<sup>e</sup> et au début du 20<sup>e</sup> siècle, telles que la tour Eiffel ou ces ponts métalliques ajourés désignés ainsi [« leur » tour Eiffel] par des usagers peu familiers de ces formes métalliques et des expériences sensibles nouvelles issues de la relation à l’objet. Au droit d’interdire, qui est aussi et d’abord un privilège d’exploiter, s’ajoute le prestige d’être désigné comme l’inventeur, en particulier au moment où les pratiques artistiques rompent avec la tradition classique des arts, avec notamment l’avènement de la photographie et la diffusion massive de représentations de ces objets techniques par exemple au moyen des cartes postales. Le pont à transbordeur est une de ces figures, notamment avec les clichés et photogrammes du pont à transbordeur de Marseille illustrant la Nouvelle Vision, par Lazlo-Moholy-Nagy (voir figure 2).</span></p>
<p><a href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/04/Pont_Transbordeur%2C_Marseille_MET_DP139561.jpg"><img alt="" src="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/04/Pont_Transbordeur%2C_Marseille_MET_DP139561.jpg" style="width: 300px; height: 392px;" /></a></p>
<p>Figure 2 : Pont Transbordeur, Marseille, László Moholy-Nagy, CC0, via Wikimedia Commons, collection Photographs and photograms by László Moholy-NagyDepartment of Photographs, Metropolitan Museum of ArtGilman CollectionAlfred Stieglitz Society Gifts.</p>
<h3 class="western"><span style="line-height:200%">Des sources de l’historien·ne et leur transformation par le numérique</span></h3>
<p><span style="line-height:200%">L’objet étudié ici est une image d’écran d’une représentation du pont à transbordeur reconnu dans les années 2000 comme patrimoine mondial auprès de l’UNESCO. Cette représentation n’en n’est pas une photographie, mais un <i>dessin industriel</i> qui précède la fabrication et donc l’accès physique à l’objet technique qui en est alors à un stade de sa conception. Et c’est bien à ce stade que la question de l’historien<font face="Liberation Serif, serif">·ne</font> se pose : des sources secondaires attribuent l’invention du pont à transbordeur à deux personnes différentes, Ferdinand Arnodin, ingénieur français des arts et métiers (de la maison Seguin), et Alberto Di-Palacio, architecte et urbaniste basque. De chaque côté de la frontière pyrénéenne, la paternité est attribuée de manière exclusive à l’un ou l’autre des deux inventeurs, alors que l’espace numérique révèle des titres de propriété associés aux deux noms (voir figure 3).</span></p>
<p><a href="https://transbordeur.hypotheses.org/files/2021/09/ospta.png"><img alt="" src="https://transbordeur.hypotheses.org/files/2021/09/ospta.png" style="width: 300px; height: 527px;" /></a></p>
<p>Figure 3 : dessin du brevet américain US000425724 délivré le 15 avril 1890 attribué aux deux inventeurs. Source : base de données des brevets américains de l'USPTO accessible en ligne [https://patft.uspto.gov] & algorithme Google (c).</p>
<p><span style="line-height:200%">La poursuite de l’investigation conduit alors à demander puis accéder à des sources primaires transmises par des canaux contribuant à permettre l’élaboration puis le déploiement d’une méthode d’authentification d’une paternité de la conception de l’objet technique avec la visée d’une diffusion dans l’espace numérique des données associées à l’assertion historique. Partant, deux groupes de fichiers informatiques et la relation du lecteur ou de la lectrice à ces documents numériques via logiciels et écrans permettent de discuter d’une approche se nourrissant de plusieurs disciplines ou champs de recherche - sémiologie, ingénierie des connaissances, épistémologie et méthode historique, ouvrant une perspective de modélisation conceptuelle d’une <i>trace</i> associée à un auteur selon des standards (Cidoc-CRM) aujourd’hui déployés dans de nombreux domaines scientifiques.</span></p>
<h2 class="western"><span style="font-variant:small-caps"><span style="line-height:200%">L’objet technique comme nœud de relations entre l’historien des techniques et ses sources</span></span></h2>
<h3 class="western"><span style="line-height:200%">L’image photographique numérique d’une source d’archive</span></h3>
<p><span style="line-height:200%">Les archives étudiées sont issues de processus de numérisation de demandes de brevet d’invention datant de la fin du 19<sup>e</sup> siècle, l’une réalisée dans le département du Loiret, datée du 5 novembre 1887 à 3h et l’autre dans la province de Biscaye, datée du 5 novembre 1887 à 11h (la construction du premier pont à transbordeur, celui de Portugalete à l'embouchure du Nervion est engagée en 1887). Deux institutions nationales (l’INPI et l’OEPM) contribuent à la réception de documents numériques sous la forme d’archives numériques compressées contenant, l’une, des images en noir et blanc au format JPEG dénuées de métadonnées outre la résolution de numérisation à 72 dpi et la taille de l’image de 6008x4296 pixels, l’autre un document au format PDF-1,6 précisant un format papier de 162x225 mm de sept pages et une image en couleur au format JPEG de 4905x2415 pixels contenant les métadonnées de sa capture par un photographe espagnol à l’aide d’un appareil photo Canon EOS 7D 1/4s f9 100 ISO sans flash puis inscrit sur le support informatique au moyen du logiciel Adobe Photoshop CSS1 pour Windows (c).</span></p>
<p><span style="line-height:200%">Le texte de chaque demande d’invention est dans la langue de son auteur, l’un en français par Ferdinand Arnodin, l’autre en basque par Alberto Di Palacio. A première vue, celui-ci semble la traduction de l’autre et vice-versa. A la demande française de brevet d’invention s’ajoute un certificat d’addition ultérieur au dépôt initial sur des aspects techniques relatifs aux galets des rails supérieurs. La forme de chaque document est dépendant de la législation nationale, mais la structure des données présente des similarités en lien avec la signature des premiers accords multi-latéraux, celui de la convention de Paris en 1883 établissant notamment un droit de priorité et l’obligation de mention de l’inventeur. Chaque groupe de ressources numériques contient une image, représentant deux vues du pont à transbordeur sur une même page, l’une intitulée vue générale et l’autre plan, respectivement en basque et en français (voir figures 4a et 4b).</span></p>
<p><a href="https://transbordeur.hypotheses.org/files/2021/06/P-7506-PLANO-1-copie-scaled.jpg"><img alt="" src="https://transbordeur.hypotheses.org/files/2021/06/P-7506-PLANO-1-copie-scaled.jpg" style="width: 560px; height: 300px;" /></a></p>
<p>Figure 4a : dessin du brevet d'invention espagnol délivré à Alberto Di Palacio le 5 novembre 1887. Source : OEPM</p>
<p><a href="https://transbordeur.hypotheses.org/files/2021/06/1BB_B2725_V408-copie-scaled.jpg"><img alt="" src="https://transbordeur.hypotheses.org/files/2021/06/1BB_B2725_V408-copie-scaled.jpg" style="width: 419px; height: 300px;" /></a></p>
<p>Figure 4b : dessin du brevet d'invention français délivré à Ferdinand Arnodin le 5 novembre 1887. Source : INPI</p>
<p><span style="line-height:200%">L’hétérogénéité des images photographiques numériques de ces sources apparaît d’emblée dans les modalités de capture des signes inscrits sur le support, par exemple la résolution, mais aussi la couleur, le bruit et les informations lacunaires, les dimensions de l’image signée d’Arnodin étant fournies à l’aide d’un mesureur (une règle graduée en cm ?) capturé en marge de l’image, absent de l’image issue de l’office espagnol. Les données hétérogènes apparaissent bien, avec pour chaque dessin une signature différente, une date, la mention « Original » pour le dessin attribué à Arnodin et un tampon de certification de duplicata pour celui signé de Di Palacio. Mais ce qui surprend l’informé n’est guère la différence ; la ressemblance des deux dessins est telle qu’elle appelle à un dépassement des marques, données et signes clairement identifiables : s’agit-il d’un dessin réalisé par chacun des auteurs ou d’un même dessin reproduit par copie mécanique, technique foisonnante à la même période (Gardey, 2008). L’image photographique numérique de ce dessin ne permet pas d’emblée de répondre à cette question : qui d’Arnodin ou de Di Palacio a réalisé cette représentation à deux vues du pont à transbordeur. L’hypothèse d’une reproduction mécanique – si elle était vérifiée, plaiderait pour un dessin original de l’architecte et urbaniste basque. Toutefois cette hypothèse ne résiste pas à une approche poétique de la relation à l’objet technique dans sa genèse.</span></p>
<p><span style="line-height:200%">En effet, si l’image d’écran ici étudiée, celle d’une photographie numérique d’un dessin de brevet, conserve les caractéristiques d’une surface picturale, à savoir le « plat », celui-ci ne s’oppose pas à une profondeur spécifique de l’image (Rancière, 2000), celle d’une manifestation d’une action prise simultanément comme expression d’une intériorité - F2 Expression, instance de l’entité F4 Manifestation Singleton de l’ontologie FRBRoo, sous-classe de l’entité E24 Chose fabriquée du Cidoc-CRM, et comme transmission d’une signification formée sur un support, surface d’une écriture commune.</span></p>
<h3 class="western"><span style="line-height:200%">Le dessin industriel</span></h3>
<p><span style="line-height:200%">En effet, le cas particulier étudié ici, l’image photographique numérique d’un dessin de brevet, confère des propriétés particulières de la relation à l’objet technique.</span></p>
<p><span style="line-height:200%">Le dessin industriel est d'abord une représentation à deux dimensions d'un objet industriel (au sens d'une production à plusieurs exemplaires) qui en a trois. Celle-ci ne porte pas le sens d'une adéquation du dessin à un objet réel qui n'existe pas encore, mais consiste en une opération qui est de rendre présent, de manière diplomatique ou politique, les intentions de ses auteurs. Ainsi, la représentation par le dessin industriel est à la fois cognitive, physique et sociale (Lavoisy, Vinck, 1997). L’effort de réduire à un support « plat » une représentation de la relation à un objet technique à trois dimensions fait du dessin industriel un acte créatif (ibid.).</span></p>
<p><span style="line-height:200%">Dans le dessin de brevet, deux figures représentent le pont à transbordeur, dotées de signes codés – traits continus signifiant arêtes, pointillés renvoyant à une arête cachée, succession de tirets longs exprimant un axe de symétrie et hachures désignant un matériau spécifique etc. Ces signes font partie d’un code en grande partie explicite, objet d’enseignements et de manuels dès le 19<sup>e</sup> siècle mais conservent une part d’implicite toujours difficile à évaluer (ibid., p. 11). Le dessin est alors une (E36) entité visuelle qui (P138) représente une (E1) entité sur un mode particulier de (E55) type dessin technique.</span></p>
<p><span style="line-height:200%">Mais comme objet intermédiaire d’un dialogue de co-conception d’un pont à transbordeur, le dessin industriel – ici le dessin de brevet, à la fois langage et support d’écriture commune, est aussi un instrument de coordination organisationnelle qui – dans le cadre législatif et socio-économique de la fin du 19<sup>e</sup> siècle, porte de puissants enjeux de pouvoir. En effet, l’ambition de ses inventeurs est à la mesure des dimensions conçues de l’objet, celle de grandes traversées et de nacelles porte-trains.</span></p>
<p><span style="line-height:200%">La relation au dessin de brevet d’invention a une fonction que le dessin industriel n’a pas encore, celle de conférer les éléments descriptifs servant de points d’appui pour son auteur à une revendication de droit de la personne (être l’inventeur de) et de droit économique (le droit de priorité) permettant aux ayants-droit de contrôler l’exploitation de l’invention. Le dépôt des deux demandes de brevet d‘invention le même jour par deux auteurs distincts au sein d’instances de nationalités différentes mais liées par un accord international conclu près de 4 ans auparavant révèle des tensions propres à la relation aux objets techniques susceptibles de changements sociaux ou économiques importants. La relation au dessin de brevet est aussi celle d’un (E89) objet témoin ou déclaratif (<em>Propositionnal Object</em>) qui (p67) se réfère à une (E1) entité selon un mode de référence de (E55) type demande de brevet d’invention.</span></p>
<h3 class="western"><span style="line-height:200%">Le lecteur ou lectrice informée</span></h3>
<p class="western"><br />
<span style="line-height:200%">Les deux images photographiques numériques (figures 2a et 2b) d’un dessin de brevet sont deux objets techniques différents d’apparence très semblable. Ils comportent des éléments dissemblants immédiatement visibles (marques des limites d’un support physique de l’inscription, dimensions ou marques associées à un mesureur, plis du support photographié ou couleurs, signes divers ou symboles etc.) et d’autres invisibles d’un référent ou modèle – le dessin normalisé dans la phase de sa conception, ici le pont à transbordeur projeté à Portugalete.<br />
Les images sont toutes deux des représentations du pont à transbordeur, mais chacune d’elle ne peut représenter l’autre. Si la ressemblance entre l’image photographique et son référent est omniprésente et de forme variée, comptant une infinité de propriétés partagées – les positions de la nacelle et du bateau à voile avec son mât, les câbles et massifs d’amarrage, les quais et les cotes, la variation de couleurs ou d’épaisseur de trait etc., elle en constitue - en relation avec l’informée, une « sorte d’empreinte qui n’entretient plus – ou plus seulement – un rapport de ressemblance avec l’objet, mais est véritablement modifiée par la présence de l’objet » (Blanc-Benon, 2020).</span></p>
<p><span style="line-height:200%">L’hypothèse initiale de la présence d’une copie mécanique - dans l’image du brevet français (fig. 2b), du dessin représenté par l’image photographique numérique signée de Di Palacio (fig.2a), signe le genre particulier de la relation à l’image d’une photographie numérique dans le cas étudié. La relation de l’informée à la photographie prend simultanément une dimension iconique (à l’image de la figure 3 comme mème numérique du pont légendaire) et une dimension représentative ou de copie de l’objet dessin entretenant une relation indicielle avec son objet. La relation de l’informée à l’image photographique serait alors double, celle d’une dépiction (l’image comme picture) ayant une fonction figurative (y compris abstraite) de l’objet photographié – un « portrait » du transbordeur par ses lignes et formes, et une fonction descriptive de l’objet permettant l’identification ou la détection d’indices dans l’opération de lecture active par l’informée.</span></p>
<p><span style="line-height:200%">La relation aux documents numériques étudiés ici confère des caractéristiques de l’image photographique à l’objet étudié. L’informée entre en relation par le canal photographique avec une représentation issue d’un processus complexe de conception et d’invention puis de tracé graphique d’une figure dans un contexte socio-technique particulier. La relation à l’image photographique numérique en fait elle-même une trace d’un processus créatif au sens barthésien d’un « ça a été » réel et passé. Ici, la trace est alors définie comme spectre d’un processus d’invention ayant eu lieu, celui du dépôt de deux demandes de brevet d'invention le même jour dans des lieux différents.<br />
La question posée dans la relation à l’objet image numérique d’archive fournit aussi une autre dimension d’analyse et d’usage de ce principe. Dans la relation à l’objet, l’hypothèse de la présence d’une copie mécanique d’un même dessin montre qu’il s’agit à la fois de présence d’un objet technique photographié – le dessin industriel ou sa copie, mais aussi et plus profondément, présence de la trace d’un geste particulier de l’auteur ayant conduit à l’inscription sur un support physique de lignes ou de signes ou symboles identifiés comme produisant du sens pour l’auteur, son environnement et l’informée. Ainsi la trace de la main de l’auteur est définie à la fois comme le spectre – Spectrum d’un processus qui a eu lieu et comme inscription dans un mode d’existence physique – Res, la rétention indicielle de marques inscrites sur un support dont l’image photographique numérique témoigne (Leleu-Merviel, 2013). La relation avec l’objet technique engage alors la « traque de la trace instruite comme témoignage ou preuve » (Ibid.) et une première tentative d’instanciation dans un modèle conceptuel de données.</span></p>
<h2><span style="line-height:200%">La relation à l’objet dans l’espace numérique</span></h2>
<h3><span style="line-height:200%">La donnée</span></h3>
<p><span style="line-height:200%">L’ontologie informatique de domaine Cidoc-CRM comprend des entités conceptuelles, classes ou propriétés, permettant de penser puis de classer des données – i.e. instancier les classes et propriétés, issues d’une analyse du document numérique. Ainsi, les hypothèses précédentes relatives à la relation entre de l’informée au document numérique (voir supra, Le dessin industriel) permettent d’articuler un premier schéma de modélisation inscrivant des données dans des relations entre entités conceptuelles définies par consensus au sein d’une communauté épistémique structurée (voir figure 5).</span></p>
<p><img height="414" src="https://www.numerev.com/img/ck_841_17_image-20210914092658-1.png" width="756" /></p>
<p><span style="line-height:200%">Figure 5 : schéma de modélisation d’un (D1) objet numérique dans la relation entre informée et image d’un dessin de brevet telle qu’explicitée au paragraphe Le dessin industriel, réalisé avec le logiciel Mermaid.<br />
Toutefois, cette modélisation ne précise pas la nature de la donnée et les processus associés à leur identification ou définition à partir du document numérique – ici un groupe de fichiers numériques réceptionnés par courriel, en particulier l'image photographique d'un dessin industriel. L’opération réalisée par l’informée est ici celle du modèle développé par (Beretta, 2017) d’une donnée historique définie dans la relation à l’objet historique et l'information en ingénierie des connaissances contribuant à produire des types de connaissances. Plus avant, dans la relation à la donnée - le processus de sa production ou authentification, l’informée produit des données sur la donnée, appelées ici méta-données.</span></p>
<p><span style="line-height:200%">Les opérations de modélisation et concepts associés aux entités du vocabulaire Cidoc-CRM - auxquels l'approche de (Beretta, 2017) fait référence, s'inscrivent dans le cadre d'ontologie fondées sur l'événement. Dans ce cadre, quelles opérations permettraient d'inscrire une trace issue d’un geste de la main au sein de l'espace numérique ? Une version du vocabulaire Cidoc-CRM propose l'entité E38 Image </span><span style="line-height:200%">qui toutefois ne permet pas de différencier des représentations différentes d'un même modèle. </span></p>
<h3 class="western"><span style="line-height:200%">La trace</span></h3>
<p><span style="line-height:200%">- du geste de l’auteur (donnée comme relation de l’auteur au support et ses transformations successives)</span></p>
<p><span style="line-height:200%">- culture matérielle de l’auteur (hachures etc., normes de représentation cf. dessin industriel & dessin de brevet – dessin technique, vues)</span></p>
<p><span style="line-height:200%">- culture matérielle du lecteur informé</span></p>
<p><span style="line-height:200%">- documentum (vs théorie de l’information) – tout ce qui n’est pas <i>directement</i> visible sur l’image mais ce - l’information que produit la relation à l’image (logique de modulation de la structure par l’opération de documentarité du dessin de brevet)</span></p>
<h3 class="western"><span style="line-height:200%">La preuve</span></h3>
<h2 class="western"><span style="font-variant:small-caps"><span style="line-height:200%">Une modélisation conceptuelle de la trace</span></span></h2>
<h3 class="western"><span style="line-height:200%">Ontologies informatiques</span></h3>
<h3 class="western"><span style="line-height:200%">Ontologie de haut niveau & méthode analogique (DOLCE vs sémiologie)</span></h3>
<h3 class="western"><span style="line-height:200%">Ontologie de domaine du document numérique</span></h3>
<h3 class="western"><span style="line-height:200%">Modéliser la trace avec Cidoc-CRM</span></h3>
<h2 class="western"><span style="font-variant:normal"><span style="font-style:normal"><span style="line-height:200%">Culture matérielle et capture de l’information</span></span></span></h2>
<p><span style="line-height:200%">– <i>punctum</i> de l’historien en relation avec l’image d’écran</span></p>
<p><span style="line-height:200%">Citations</span></p>
<p><span style="line-height:200%">noème barthésien : « ça a été »</span></p>
<p><span style="line-height:200%">« Ce que j’intentionnalise dans une photo (ne parlons pas encore du cinéma), ce n’est ni l’Art, ni la Communication, c’est la Référence qui est l’ordre fondateur de la Photographie. » in La Chambre Claire</span></p>
<p><span style="line-height:200%">référence = dessin industriel</span></p>
<h2 class="western"><span style="line-height:200%">Bibliographie</span></h2>
<p><span style="line-height:200%">Gardey, D. (2008). Écrire, calculer, classer: Comment une révolution de papier a transformé les sociétés contemporaines (1800-1940). Paris: La Découverte. pp.114-115 https://doi.org/10.3917/dec.garde.2008.01</span></p>
<p><span style="line-height:200%">Rancière, J. (2000). <span style="font-variant:normal"><span style="font-style:normal">Le partage du sensible: Esthétique et politique</span></span>. Paris: La Fabrique Éditions. pp.18-19 <a href="https://doi.org/10.3917/lafab.ranci.2000.01">https://doi.org/10.3917/lafab.ranci.2000.01</a></span></p>
<p><span style="line-height:200%">Lavoisy O., Vinck D. (1997). Le dessin comme objet intermédiaire de l'entreprise. Delchambre, Pierre. Communications organisationnelles. Objets, pratiques et dispositifs, Presses Universitaires de Rennes, pp.47-63. ⟨hal-00261643⟩</span></p>
<p><span style="line-height:200%">Blanc-Benon, L. (2020). Dépiction et détection : quel rôle pour la notion de ressemblance dans les théories de la photographie ?. Philosophia Scientiæ, 24-2, 147-168.</span></p>
<p>Leleu-Merviel S. (2013/1). Traces, information et construits de sens. Déploiement de la trace visuelle de la rétention indicielle à l’écriture. In Mille Alain (Eds), De la trace à la connaissance à l’ère du Web, Intellectica, 59, (pp.65-88), DOI: 10.3406/intel.2013.1086.</p>