<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_Toc88742245"><b><span style="color:black">Introduction</span></b></a></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La notion de mod&egrave;le, prise dans son acception scientifique, est une notion relativement r&eacute;cente. En effet &laquo;&nbsp;parler de mod&egrave;le dans les sciences physiques avant 1860, dans les math&eacute;matiques avant 1900, et pour les sciences sociales avant 1920, constituerait un anachronisme dans le vocabulaire mobilis&eacute; par les acteurs eux-m&ecirc;mes &raquo; (Armatte, 2005, p. 93). De plus, que ce soit dans les sciences th&eacute;oriques (logique, physique, biologie, climatologie, etc.), les sciences pratiques (sciences de l&rsquo;ing&eacute;nieur et de l&rsquo;environnement) ou les sciences de l&rsquo;homme (&eacute;conomie, sociologie, science politique, etc.), les mod&egrave;les ne permettent pas de faire la m&ecirc;me chose. Dans les sciences th&eacute;oriques et les sciences pratiques, ils permettent de comprendre ou d&rsquo;agir, tandis que dans les sciences de l&rsquo;homme, ils permettent d&rsquo;objectiver la r&eacute;flexion (Nouvel, 2002, p. 3). Parall&egrave;lement &agrave; ces trois types d&rsquo;approches, on peut aussi appr&eacute;hender la notion de mod&egrave;le d&rsquo;un point de vue critique, en d&eacute;gageant les pr&eacute;suppos&eacute;s de ceux qui en font usage, pour la confronter &agrave; des notions connexes comme celles de m&eacute;taphore et d&rsquo;analogie (Varenne, 2006).</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Comme l&rsquo;affirme Franck Varenne, trois &eacute;l&eacute;ments semblent n&eacute;cessaires pour que l&rsquo;on puisse parler de mod&egrave;le&nbsp;: un observateur et deux objets (Varenne, 2012). De ces trois entit&eacute;s d&eacute;coule le rapport de mod&eacute;lisation, dans lequel la relation de l&rsquo;objet consid&eacute;r&eacute; comme entit&eacute; mod&eacute;lis&eacute;e &agrave; l&rsquo;objet consid&eacute;r&eacute; comme entit&eacute; mod&eacute;lisante a pour principale caract&eacute;ristique de ne pas &ecirc;tre une relation d&rsquo;&eacute;quivalence, puisque l&rsquo;objet mod&eacute;lis&eacute; &laquo;&nbsp;peut en effet &ecirc;tre relativement, voire totalement, inaccessible, en fait, voire en droit&nbsp;&raquo; (Varenne, 2012, p. 135). C&rsquo;est d&rsquo;ailleurs l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t majeur du mod&egrave;le, contrairement &agrave; l&rsquo;objet qu&rsquo;il mod&eacute;lise&nbsp;: &ecirc;tre pourvu d&rsquo;une grande maniabilit&eacute; ou manipulabilit&eacute;.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;histoire de la philosophie des mod&egrave;les au 20<sup>e</sup> si&egrave;cle a &eacute;t&eacute; jalonn&eacute;e par trois grandes p&eacute;riodes : une p&eacute;riode syntaxique, une p&eacute;riode s&eacute;mantique et une p&eacute;riode pragmatiste (Varenne, 2006). De plus, certaines &eacute;tudes ont montr&eacute; qu&rsquo;il fallait distinguer le r&ocirc;le de la notion de mod&egrave;le en science de son r&ocirc;le en philosophie des sciences (Leroux, 2012). L&rsquo;approche des mod&egrave;les adopt&eacute;e dans cette contribution sera r&eacute;solument pragmatiste, au sens o&ugrave; nous concevons la classe des mod&egrave;les graphiques que sont les diagrammes comme des &laquo;&nbsp;m&eacute;diateurs&nbsp;&raquo; (Morgan &amp; Morrison, 1999), mais comme des m&eacute;diateurs qui instrumentent l&rsquo;action d&rsquo;un interpr&eacute;tant humain qui s&rsquo;en empare et les interpr&egrave;te. Pour ce faire, nous couplerons cette acception du mod&egrave;le comme m&eacute;diateur de l&rsquo;action &agrave; la conception du dispositif propos&eacute;e par Bachimont (Bachimont, 2004), qu&rsquo;il nous faut d&egrave;s &agrave; pr&eacute;sent situer dans le cadre de la r&eacute;flexion contemporaine sur les dispositifs, afin de comprendre pourquoi c&rsquo;est cette conception que nous retenons et pas une autre.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Hors des corpus associ&eacute;s &agrave; tel ou tel auteur auquel le concept de dispositif a &eacute;t&eacute; reconnu comme un concept pivot, que ce soit dans la pens&eacute;e d&rsquo;Heidegger (Heidegger, 2006&nbsp;; Dastur, 2006, n. 26&nbsp;; Tirloni, 2015) ou dans celle de Foucault (Agamben, 2007&nbsp;; Raffns&oslash;e, 2008), les dictionnaires distinguent trois sens majeurs du terme dispositif&nbsp;: juridique, technologique et militaire (Agamben, 2006, p. 27). Par dispositif diagrammatique, nous entendrons donc un dispositif au sens technologique du terme et un mod&egrave;le au sens technographique du terme&nbsp;: le diagramme comme &laquo;&nbsp;technogramme&nbsp;&raquo; (Alunni, 2013). Car un dispositif diagrammatique ou diagramme d&eacute;signe selon nous une machine graphique qui fonctionne comme un m&eacute;diateur de l&rsquo;action pour un interpr&eacute;tant qui s&rsquo;en empare et le manipule dans une activit&eacute; de lecture op&eacute;rationnelle (Ferri, 2021b, p. 109-110). </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Nous partirons de la notion de sch&eacute;ma en commen&ccedil;ant par en proposer la d&eacute;finition suivante : le sch&eacute;ma est une figure sans ornement. Autrement dit, c&rsquo;est le mod&egrave;le simplifi&eacute; d&rsquo;un objet spatial ou d&rsquo;un processus temporel qui permet de repr&eacute;senter dans un espace &agrave; la fois s&eacute;miotique et graphique un objet ou un processus pour en comprendre les parties ou les moments essentiels. La fonction du sch&eacute;ma est donc double&nbsp;: elle est instructive et analytique, instructive parce qu&rsquo;analytique. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Pour devenir un diagramme, le sch&eacute;ma ne doit pas simplement conserver une homologie de structure avec ce dont il est le sch&eacute;ma, c&rsquo;est-&agrave;-dire avec son objet entendu comme r&eacute;f&eacute;rent vis&eacute;. Il doit &ecirc;tre suppl&eacute;ment&eacute; de cette propri&eacute;t&eacute;&nbsp;qu&rsquo;est la g&eacute;n&eacute;rativit&eacute; en tant qu&rsquo;elle est productrice d&rsquo;un suppl&eacute;ment d&rsquo;intelligibilit&eacute;. &nbsp;Dans la litt&eacute;rature sp&eacute;cialis&eacute;e, cette caract&eacute;ristique a re&ccedil;u d&rsquo;autres appellations comme le &laquo;&nbsp;libre parcours&nbsp;&raquo; (&laquo;&nbsp;free ride&nbsp;&raquo;, Shimojima, 1996), l&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;iconicit&eacute; op&eacute;rationnelle&nbsp;&raquo; (&laquo;&nbsp;operational iconicity&nbsp;&raquo;, Stjernfelt, 2011) ou encore l&rsquo; &laquo;&nbsp;avantage observationnel&nbsp;&raquo; (&laquo;&nbsp;observational advantage&nbsp;&raquo;, Stapleton et al., 2017). Le diagramme doit donc &ecirc;tre potentiellement producteur et reproducteur d&rsquo;autre chose que ce qu&rsquo;il repr&eacute;sente et jouer ainsi le r&ocirc;le d&rsquo;une matrice g&eacute;n&eacute;rative. Comment le peut-il&nbsp;? Quelles sont les conditions qui permettent de transformer le sch&eacute;ma en diagramme&nbsp;? </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="color:black">Figure, sch&eacute;ma et processus de mod&eacute;lisation structurelle</span> </b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_Toc88742247"><i>Dimension spatiale du sch&eacute;ma</i></a><i> </i></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Nous venons de donner comme premi&egrave;re d&eacute;finition extr&ecirc;mement g&eacute;n&eacute;rale et approximative du sch&eacute;ma&nbsp;: &laquo;&nbsp;figure sans ornement&nbsp;&raquo;. Le sch&eacute;ma est donc une esp&egrave;ce du genre figure&nbsp;: c&rsquo;est une figure d&eacute;densifi&eacute;e et d&eacute;satur&eacute;e. En d&eacute;-saturant la figure, le sch&eacute;ma en r&eacute;v&egrave;le l&rsquo;ossature (Ferri, 2021). Par exemple <i>L&rsquo;Homme de Vitruve </i>de L&eacute;onard de Vinci&nbsp;est un dessin qu&rsquo;on peut consid&eacute;rer comme une repr&eacute;sentation picturale du corps humain, m&ecirc;me si elle correspond &agrave; la superposition de deux postures diff&eacute;rentes qui laissent ainsi appara&icirc;tre deux bras et deux jambes. En tant que repr&eacute;sentation picturale, c&rsquo;est une figure du corps humain&nbsp;:</span></span></span></p> <p align="center" style="text-align:center"><img height="332" src="https://www.numerev.com/img/ck_1019_17_image-20220506180706-21.png" width="290" /></p> <p align="center" style="text-align:center"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_Toc77581748"><i><span style="color:black">Figure 1. L&rsquo;Homme de Vitruve</span></i></a><i><span style="color:black">. URL: </span></i><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Homme_de_Vitruve#/media/Fichier:Vitruvian_Man_by_Leonardo_da_Vinci.jpg" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><i><span style="color:black">https://fr.wikipedia.org/wiki/Homme_de_Vitruve#/media/Fichier:Vitruvian_Man_by_Leonardo_da_Vinci.jpg</span></i></a></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Mais la repr&eacute;sentation du m&ecirc;me corps, si elle est construite afin de repr&eacute;senter ses diff&eacute;rentes parties internes et qu&rsquo;elle est accompagn&eacute;e d&rsquo;une l&eacute;gende et de fl&egrave;ches descriptives, alors elle devient un sch&eacute;ma. Ce peut &ecirc;tre un sch&eacute;ma construit en vue de se faire une repr&eacute;sentation des diff&eacute;rents muscles du corps humain ou des diff&eacute;rentes parties du corps chez l&rsquo;homme et la femme&nbsp;:</span></span></span></p> <p align="center" style="text-align:center"><img src="https://www.numerev.com/img/ck_1019_17_image-20220506180706-22.png" style="width: 400px; height: 442px;" /></p> <p align="center" style="text-align:center"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_Toc77581749"><i><span style="color:black">Figure 2. Sch&eacute;ma du corps humain</span></i></a><i><span style="color:black">. </span></i><i><span lang="EN-US" style="color:black">URL: </span></i><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_muscles_du_corps_humain" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><i><span lang="EN-US" style="color:black">https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_muscles_du_corps_humain</span></i></a></span></span></p> <p align="center" style="text-align:center">&nbsp;</p> <p align="center" style="text-align:center"><img src="https://www.numerev.com/img/ck_1019_17_image-20220506180706-23.png" style="width: 400px; height: 317px;" /></p> <p align="center" style="text-align:center"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><i><span style="color:black">Figure 3. Sch&eacute;ma des corps de la femme et de l&rsquo;homme. </span></i><i><span lang="EN-US" style="color:black">URL: </span></i><a href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/b1/Human_body_features-fr.svg/1920px-Human_body_features-fr.svg.png" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><i><span lang="EN-US" style="color:black">https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/b1/Human_body_features-fr.svg/1920px-Human_body_features-fr.svg.png</span></i></a></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Deux op&eacute;rations d&eacute;coupent donc la figure en sch&eacute;ma&nbsp;: la distinction des parties de la figure et leur d&eacute;nomination une &agrave; une. Nous pouvons ainsi avancer une premi&egrave;re d&eacute;finition de la figure&nbsp;:</span></span></span></p> <p align="center" style="text-align:center"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="color:black">Une figure est une repr&eacute;sentation graphique synth&eacute;tique et synoptique, donc spatiale, plus ou moins dense et satur&eacute;e, dont le sch&eacute;ma est la simplification et l&rsquo;explicitation.</span></b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;ajoute le sch&eacute;ma &agrave; la figure&nbsp;et que lui retire-t-il simultan&eacute;ment ? Nous dirons qu&rsquo;il lui retire la richesse sensible mais qu&rsquo;il lui ajoute des attributs caract&eacute;ristiques sinon des &eacute;nonc&eacute;s permettant d&rsquo;expliciter et de simplifier ce dont la figure est l&rsquo;&eacute;toffement. Autrement dit, ce qu&rsquo;op&egrave;re le sch&eacute;ma vis-&agrave;-vis de l&rsquo;espace s&eacute;miotique et graphique de la figure, c&rsquo;est un plongement de l&rsquo;espace linguistique.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">D&egrave;s lors, si le sch&eacute;ma conserve la proportion des rapports de distance entre les diff&eacute;rentes parties de la figure qu&rsquo;il repr&eacute;sente, on dit qu&rsquo;il en respecte les relations m&eacute;triques. S&rsquo;il respecte les relations m&eacute;triques de la figure, il en respecte par d&eacute;finition les relations topologiques (rapports de position). Mais la r&eacute;ciproque n&rsquo;est pas vraie&nbsp;: le sch&eacute;ma peut respecter les relations topologiques sans respecter les relations m&eacute;triques, comme en t&eacute;moigne par exemple ce sch&eacute;ma d&rsquo;une cellule v&eacute;g&eacute;tale :</span></span></span></p> <p align="center" style="text-align:center"><img src="https://www.numerev.com/img/ck_1019_17_image-20220506180706-24.png" style="width: 400px; height: 270px;" /></p> <p align="center" style="text-align:center"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_Toc77581751"><i><span style="color:black">Figure 4. Sch&eacute;ma d&rsquo;une cellule v&eacute;g&eacute;tale</span></i></a><i><span style="color:black">. </span></i><i><span lang="EN-US" style="color:black">URL: </span></i><a href="https://www.researchgate.net/figure/Schema-dune-cellule-vegetale-dapres-Hopkins-Hopkins-1995-et-Gallien-Gallien_fig2_42100266" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><i><span lang="EN-US" style="color:black">https://www.researchgate.net/figure/Schema-dune-cellule-vegetale-dapres-Hopkins-Hopkins-1995-et-Gallien-Gallien_fig2_42100266</span></i></a></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Inversement, le sch&eacute;ma d&rsquo;une mitochondrie produit &agrave; partir de son micrographe qu&rsquo;on a obtenu gr&acirc;ce &agrave; la capture d&rsquo;un microscope (Figure 5) permet de comprendre en quoi un sch&eacute;ma peut respecter les relations m&eacute;triques et les relations topologiques des &eacute;l&eacute;ments de la figure qu&rsquo;il repr&eacute;sente&nbsp;:</span></span></span></p> <p align="center" style="text-align:center"><img src="https://www.numerev.com/img/ck_1019_17_image-20220506180706-25.png" style="width: 400px; height: 389px;" /></p> <p align="center" class="MsoCaption" style="text-align:center; margin-bottom:13px"><span style="font-size:12pt"><span style="color:#44546a"><span style="font-style:italic"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">Figure 5. Micrographe et sch&eacute;ma d&rsquo;une mitochondrie (Lynch, 1988, p. 207)</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">De plus, un sch&eacute;ma peut respecter les relations m&eacute;triques et les relations topologiques des &eacute;l&eacute;ments de la figure qu&rsquo;il repr&eacute;sente sans n&eacute;cessairement respecter les &eacute;chelles relatives entre ces &eacute;l&eacute;ments. Lorsque le sch&eacute;ma respecte les proportions entre les relations m&eacute;triques des &eacute;l&eacute;ments qu&rsquo;il repr&eacute;sente suivant un facteur d&rsquo;&eacute;chelle, le sch&eacute;ma devient une carte&nbsp;:</span></span></span></p> <p align="center" style="text-align:center"><img src="https://www.numerev.com/img/ck_1019_17_image-20220506180706-26.png" style="width: 400px; height: 415px;" /></p> <p align="center" style="text-align:center"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><i><span style="color:black">Figure 6. Carte de la France. </span></i><i><span lang="EN-US" style="color:black">URL: </span></i><a href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/e1/France_blank.png" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><i><span lang="EN-US" style="color:black">https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/e1/France_blank.png</span></i></a></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">L&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t des cartes est qu&rsquo;elles permettent de pr&eacute;senter simultan&eacute;ment des niveaux d&rsquo;information diff&eacute;rents (Vorms, 2009, p. 378). En effet la superposition de chiffres et de couleurs sur une m&ecirc;me carte m&eacute;t&eacute;orologique permet par exemple de conna&icirc;tre les temp&eacute;rature approximatives et relatives de plusieurs zones g&eacute;ographiques tout en donnant acc&egrave;s &agrave; des valeurs pr&eacute;cises, comme le montre la Figure 7 :</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p align="center" style="text-align:center"><img src="https://www.numerev.com/img/ck_1019_17_image-20220506180706-27.png" style="width: 400px; height: 388px;" /></p> <p align="center" class="MsoCaption" style="text-align:center; margin-bottom:13px"><span style="font-size:12pt"><span style="color:#44546a"><span style="font-style:italic"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">Figure 7. Carte des temp&eacute;ratures en France le 6 mai 2022. </span></span><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">URL: </span></span><a href="https://www.infoclimat.fr/" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">https://www.infoclimat.fr/</span></span></a> </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Nous venons de pr&eacute;senter la dimension spatiale du sch&eacute;ma comme repr&eacute;sentation graphique. Il nous faut &agrave; pr&eacute;sent caract&eacute;riser sa dimension temporelle.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_Toc88742248"><i>Dimension temporelle du sch&eacute;ma</i></a></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Le sch&eacute;ma peut aussi avoir une dimension et une signification temporelles. Suivant cette acception, le sch&eacute;ma doit &ecirc;tre entendu comme sch&eacute;ma comportemental, comme ensemble perceptible des rapports constants que laisse appara&icirc;tre une conduite r&eacute;p&eacute;t&eacute;e et dont la structuration est garantie par une repr&eacute;sentation interne du corps agissant qu&rsquo;on appelle le &laquo;&nbsp;sch&eacute;ma corporel&nbsp;&raquo; (&laquo;&nbsp;Body Schema&nbsp;&raquo;, Gallagher &amp; Cole, 1995). Cette dimension temporelle conduit d&rsquo;ailleurs le sch&eacute;ma &agrave; se transformer en sch&egrave;me, notion de provenance kantienne (Kant, 2001, p. 225) &agrave; laquelle Jean Piaget a donn&eacute; une acception pragmatique dans le cadre de la psychologie du d&eacute;veloppement &agrave; travers la notion de &laquo;&nbsp;sch&egrave;me sensori-moteur&nbsp;&raquo; (Piaget, 1936)&nbsp;et &agrave; laquelle le sociologue Pierre Bourdieu a donn&eacute; une acception plus dialectique et mat&eacute;rialiste, &agrave; travers la notion d&rsquo;habitus pens&eacute;e comme syst&egrave;me de sch&egrave;mes engag&eacute;s dans la pratique (Bourdieu, 1980). Car la dimension temporelle du sch&eacute;ma est aussi celle qui l&rsquo;introduit au sein d&rsquo;un processus moteur. En ce sens, le sch&eacute;ma devenant sch&egrave;me est une figure du corps en mouvement&nbsp;: c&rsquo;est la figure d&rsquo;un comportement qui se manifeste de fa&ccedil;on r&eacute;p&eacute;titive, suivant une certaine constance et une certaine fr&eacute;quence dans le temps, &agrave; travers des mouvements s&rsquo;exprimant par des actions et des mani&egrave;res de faire ancr&eacute;s dans des pratiques. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Si dans sa dimension spatiale le sch&eacute;ma est &agrave; la figure ce que le squelette est &agrave; la chaire, on peut se demander quels sont les analogues temporels de la figure et du sch&eacute;ma&nbsp;? Autrement dit, quelle image pourrait nous donner une repr&eacute;sentation figurative du rapport des analogues temporels de la figure spatiale et du sch&eacute;ma spatial ? On peut avancer l&rsquo;id&eacute;e que le sch&egrave;me est &agrave; l&rsquo;action ce que le sch&eacute;ma est &agrave; la figure (Ferri, 2021a). Autrement dit, le sch&egrave;me est &agrave; la figure temporelle ce que le sch&eacute;ma est &agrave; la figure spatiale. C&rsquo;est une d&eacute;-densification et une d&eacute;saturation de la complexit&eacute; de l&rsquo;action saisie dans son &eacute;paisseur temporelle. Nous posons donc&nbsp;: </span></span></span></p> <p align="center" style="text-align:center"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Figure</span>&nbsp;<span style="color:black">/ Sch&eacute;ma</span> <i><span style="color:black">&equiv;</span></i> <span style="color:black">Action</span> <span style="color:black">/ Sch&egrave;me</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">L&rsquo;action est ainsi pos&eacute;e comme une figure du temps, dont le sch&egrave;me est l&rsquo;abstraction, c&rsquo;est-&agrave;-dire le sch&eacute;ma. Nous pouvons d&egrave;s lors poser la question suivante&nbsp;: comment peut-on repr&eacute;senter le sch&egrave;me, c&rsquo;est-&agrave;-dire l&rsquo;abstraction d&rsquo;une figure temporelle, &agrave; travers un sch&eacute;ma spatial&nbsp;? Autrement dit&nbsp;: comment peut-on repr&eacute;senter le sch&eacute;ma temporel d&rsquo;une action, c&rsquo;est-&agrave;-dire son sch&egrave;me, &agrave; travers un sch&eacute;ma spatial&nbsp;?</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Si on d&eacute;compose l&rsquo;action comme on d&eacute;compose la figure dans le sch&eacute;ma figuratif, alors les segments de l&rsquo;action consid&eacute;r&eacute;e comme une totalit&eacute; en constituent les parties temporelles. Si chaque segment partiel d&rsquo;une action est repr&eacute;sent&eacute; par une figure, alors il est possible d&rsquo;extraire les sch&eacute;mas repr&eacute;sentatifs des moments d&rsquo;une telle action d&eacute;compos&eacute;e. Le principe de cette d&eacute;composition nous est donn&eacute; par la technique de la chronophotographie&nbsp;:</span></span></span></p> <p align="center" style="text-align:center"><img src="https://www.numerev.com/img/ck_1019_17_image-20220506180706-28.png" style="width: 400px; height: 249px;" /></p> <p align="center" style="text-align:center"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><i><span style="color:black">Figure 8. Chronophotographie. URL&nbsp;: </span></i><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Chronophotographie#/media/Fichier:The_Horse_in_Motion.jpg" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><i><span style="color:black">https://fr.wikipedia.org/wiki/Chronophotographie#/media/Fichier:The_Horse_in_Motion.jpg</span></i></a></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">La repr&eacute;sentation spatiale d&rsquo;un sch&egrave;me au sens o&ugrave; nous venons de le d&eacute;finir se pr&eacute;sente donc comme la s&eacute;riation ordonn&eacute;e d&rsquo;un nombre fini de sch&eacute;mas. Si le sch&egrave;me d&eacute;signe l&rsquo;ensemble des rapports entre diff&eacute;rents points du temps d&eacute;finissant les extr&eacute;mit&eacute;s des segments d&rsquo;une action enti&egrave;re et totale, alors il est possible de projeter ces points dans un espace de configuration pour en obtenir un sch&eacute;ma spatial. Cela conduit &agrave; l&rsquo;id&eacute;e de la repr&eacute;sentation de moments temporels gr&acirc;ce &agrave; la disposition dans l&rsquo;espace graphique d&rsquo;un ensemble de marques qui repr&eacute;sentent ces moments. Cela conduit donc &agrave; l&rsquo;id&eacute;e de dispositif graphique, si l&rsquo;on entend par dispositif la d&eacute;termination d&rsquo;un comportement temporel par l&rsquo;organisation spatiale d&rsquo;un ensemble d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments reli&eacute;s les uns aux autres (Bachimont, 2004, p. 16), dont l&rsquo;unit&eacute; synergique est orient&eacute;e vers l&rsquo;accomplissement d&rsquo;une t&acirc;che d&eacute;termin&eacute;e, d&rsquo;une action pr&eacute;cise. Cela nous reconduit alors &agrave; la d&eacute;finition du m&eacute;canisme au sens cart&eacute;sien du terme (Simondon, 2016, p. 397-411).</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">La repr&eacute;sentation d&rsquo;un m&eacute;canisme au moyen d&rsquo;un dispositif graphique de marques conduit ainsi &agrave; l&rsquo;id&eacute;e de sch&eacute;ma technologique. C&rsquo;est par exemple le sch&eacute;ma technologique du cycle 4-temps &agrave; allumage command&eacute; du moteur &agrave; combustion et explosion. Le sch&eacute;ma de chaque phase nous donne un moment du cycle :</span></span></span></p> <p align="center" style="text-align:center"><img src="https://www.numerev.com/img/ck_1019_17_image-20220506180706-29.png" style="width: 400px; height: 578px;" /></p> <p align="center" style="text-align:center"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_Toc77581754"><i><span style="color:black">Figure 9. Cycle quatre temps du moteur &agrave; combustion et explosion</span></i></a><i><span style="color:black">.</span></i></span></span></p> <p align="center" style="text-align:center"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><i><span style="color:black">URL&nbsp;: </span></i></b><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Moteur_%C3%A0_combustion_et_explosion#/media/Fichier:4-Stroke-Engine.gif" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><i><span style="color:black">https://fr.wikipedia.org/wiki/Moteur_%C3%A0_combustion_et_explosion#/media/Fichier:4-Stroke-Engine.gif</span></i></a><i><span style="color:black"> (Figure modifi&eacute;e dans Ferri, 2021a, p. 95)</span></i></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">La mise en mouvement chronophotographique de ces sch&eacute;mas permet de simuler graphiquement le cycle. Le </span><a href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a6/4-Stroke-Engine.gif" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">GIF</a><span style="color:black"> du cycle permet d&rsquo;en donner quant &agrave; lui une repr&eacute;sentation dynamique.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="color:black">Du dispositif graphique au mod&egrave;le de Turing</span></b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_Toc88742250"><i>Extension du concept de dispositif&nbsp;: dispositif m&eacute;canique, dispositif thermodynamique et dispositif computationnel</i></a></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Il nous faut maintenant revenir &agrave; l&rsquo;histoire de la pens&eacute;e moderne et contemporaine, car l&rsquo;histoire de la rationalit&eacute; moderne et contemporaine &ndash; telle qu&rsquo;elle s&rsquo;&eacute;tend de Descartes jusqu&rsquo;aux d&eacute;veloppements les plus r&eacute;cents de l&rsquo;informatique th&eacute;orique &ndash; nous enseigne que l&rsquo;essence du m&eacute;canisme se loge dans le concept de dispositif. Qu&rsquo;est-ce alors qu&rsquo;un dispositif&nbsp;?</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Un dispositif peut &ecirc;tre d&eacute;fini concr&egrave;tement comme l&rsquo;interd&eacute;pendance syst&eacute;matique d&rsquo;un nombre fini d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments dont la principale caract&eacute;ristique est d&rsquo;&ecirc;tre des entit&eacute;s spatiales (i.e. des entit&eacute;s non seulement &eacute;tendues mais aussi localisables dans un espace). Lorsque le dispositif fonctionne, les pi&egrave;ces qui le constituent sont mises en mouvement les unes par rapport aux autres suivant un ordre temporel bien d&eacute;fini. C&rsquo;est pourquoi un dispositif se d&eacute;finit aussi par un nombre fini de moments temporels pendant lesquels ses pi&egrave;ces sont en mouvement les unes par rapport aux autres, dans les limites de ce qu&rsquo;on appelle en physique des degr&eacute;s de libert&eacute;. La restauration p&eacute;riodique des m&ecirc;mes rapports entre ces entit&eacute;s spatiales, qui sont constitutives du dispositif (entendu comme ensemble d&rsquo;entit&eacute;s mat&eacute;rielles ayant une solidarit&eacute; concr&egrave;te), d&eacute;finit quant &agrave; elle des cycles de fonctionnement, temporellement programm&eacute;s par la disposition des pi&egrave;ces et l&rsquo;ordre de leurs interactions dans le temps. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">L&rsquo;exemple canonique du dispositif m&eacute;canique est ainsi la montre, car la montre est le symbole concret du m&eacute;canisme qui produit, pr&eacute;sente et reproduit le temps qui r&egrave;gle le calendrier de nos rapports sociaux. L&rsquo;exemple canonique du dispositif thermodynamique est quant &agrave; lui le moteur, car le moteur est le symbole concret du m&eacute;canisme qui ne se r&eacute;duit pas &agrave; l&rsquo;automouvement immobile d&rsquo;un m&eacute;canisme horloger, mais produit le mouvement du dispositif dont le moteur est le c&oelig;ur. Par exemple, le moteur &agrave; explosion est le c&oelig;ur du dispositif voiture, qui gr&acirc;ce &agrave; lui, rend possible son auto-mobilit&eacute;, et par cons&eacute;quent son d&eacute;placement spatial.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Or nous savons depuis maintenant 80 ans qu&rsquo;il y a un mod&egrave;le scientifique qui donne une formalisation rigoureuse de ce qu&rsquo;est un dispositif, c&rsquo;est ce qu&rsquo;on appelle la machine de Turing (Turing, 1939). Pourquoi la machine de Turing est-elle la formalisation rigoureuse de ce qu&rsquo;est un dispositif&nbsp;? Avant de r&eacute;pondre &agrave; cette question, il est n&eacute;cessaire de revenir sur le terme d&rsquo;informatique et sur le sens de cette science qui a moins d&rsquo;un si&egrave;cle, car cela nous permettra de faire la transition entre les dispositifs thermodynamiques et les dispositifs computationnels, pour arriver &agrave; l&rsquo;id&eacute;e de g&eacute;om&eacute;trie abstraite et discr&egrave;te du temps (Bachimont, 1996) dont la diagrammatique est selon nous le compl&eacute;ment. Car la diagrammatique est la g&eacute;om&eacute;trie concr&egrave;te des op&eacute;rations pratiques pourvues de signification, menant &agrave; la r&eacute;solution des probl&egrave;mes de la vie concr&egrave;te. La s&eacute;miotique diagrammatique est en effet le langage visuel de la pratique entendue comme ensemble des op&eacute;rations non calculatoires, c&rsquo;est-&agrave;-dire des op&eacute;rations qui exc&egrave;dent toute formalisation algorithmique et donc n&eacute;cessitent pour &ecirc;tre mod&eacute;lis&eacute;es le d&eacute;veloppement d&rsquo;une nouvelle discipline que nous appelons l&rsquo;ing&eacute;nierie s&eacute;miotique des syst&egrave;mes diagrammatiques (Ferri, 2021a). </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_Toc88742251"><i>L&rsquo;informatique comme mod&egrave;le scientifique des dispositifs</i></a></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">La machine de Turing est le mod&egrave;le th&eacute;orique du fonctionnement des ordinateurs modernes. </span></span></span></p> <p align="center" style="text-align:center"><img src="https://www.numerev.com/img/ck_1019_17_image-20220506180706-30.png" style="width: 300px; height: 300px;" /></p> <p align="center" style="text-align:center"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><i><span style="color:black">Figure 10. Sch&eacute;ma de la machine de Turing. </span></i><i><span lang="EN-US" style="color:black">URL: </span></i><a href="http://www.desmontils.net/emiage/Module209EMiage/c5/Ch5_2.htm" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><i><span lang="EN-US" style="color:black">http://www.desmontils.net/emiage/Module209EMiage/c5/Ch5_2.htm</span></i></a></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Elle est un dispositif compos&eacute; de trois &eacute;l&eacute;ments fondamentaux&nbsp;: </span></span></span></p> <ul type="disc"> <li new="" roman="" style="text-align:justify; font-size:12pt; font-family:" times=""><span style="color:black">Une bande m&eacute;moire divis&eacute;e en cases sur lesquelles sont inscrites en entr&eacute;es des donn&eacute;es cod&eacute;es dans un alphabet fini et d&eacute;nombrable. </span></li> <li new="" roman="" style="text-align:justify; font-size:12pt; font-family:" times=""><span style="color:black">Un programme enregistr&eacute; sur cette m&ecirc;me bande m&eacute;moire, mais sur un emplacement distinct de celui des donn&eacute;es. Ce programme est ce qui contient les instructions op&eacute;ratoires que la machine doit effectuer sur le code des donn&eacute;es&nbsp;: il contient donc les r&egrave;gles de lecture.</span></li> <li new="" roman="" style="text-align:justify; font-size:12pt; font-family:" times=""><span style="color:black">Le dispositif est compos&eacute; d&rsquo;une t&ecirc;te de lecture/&eacute;criture &agrave; &eacute;tats internes, en nombre fini et mutuellement exclusifs, appliquant les instructions du programme sur le code des donn&eacute;es. Cette t&ecirc;te de lecture effectue donc les manipulations dict&eacute;es par le programme. Elle est capable soit d&rsquo;&eacute;crire un symbole, soit d&rsquo;effacer un symbole, soit de se d&eacute;placer d&rsquo;une case sur la bande, &agrave; droite ou &agrave; gauche. </span></li> </ul> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Lorsque la t&ecirc;te de lecture rencontre un couple form&eacute; d&rsquo;un &eacute;tat interne associ&eacute; &agrave; une instruction de d&eacute;placement, mais qui n&rsquo;est pas enregistr&eacute; dans sa table de transitions, la machine s&rsquo;arr&ecirc;te et l&rsquo;ordonnancement des symboles stock&eacute;s sur la bande m&eacute;moire correspond au r&eacute;sultat du traitement calculatoire effectu&eacute; par la machine. Ainsi, ce que nous a permis de comprendre la machine de Turing, c&rsquo;est qu&rsquo;ex&eacute;cuter un algorithme au sein d&rsquo;un dispositif informatique est &eacute;quivalent &agrave; effectuer un calcul arithm&eacute;tique avec un dispositif papier/crayon. Ex&eacute;cuter un algorithme, dans le cas le plus simple, c&rsquo;est effectuer un calcul arithm&eacute;tique automatis&eacute; au sein d&rsquo;un ordinateur, qui est une r&eacute;alisation concr&egrave;te du principe de fonctionnement de la machine abstraite de Turing, mod&egrave;le de tout dispositif, c&rsquo;est-&agrave;-dire de tout arraisonnement du temps par l&rsquo;espace (Bachimont, 2004, p. 30-31).</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Si la machine de Turing marque l&rsquo;acte de naissance de l&rsquo;informatique comme science, la r&eacute;alisation du premier ordinateur en marque en revanche la naissance comme ing&eacute;nierie. Dans informatique, il y a deux mots en un&nbsp;: information et automatique. Mais le mot information ne doit pas nous tromper. Il doit &ecirc;tre entendu au sens technique du terme, c&rsquo;est-&agrave;-dire tel que d&eacute;fini par Claude Shannon au sortir de la Seconde Guerre mondiale (Bachimont, 1994, p. 16). L&rsquo;information, en ce sens technique, c&rsquo;est un code. Or un code est d&rsquo;autant plus informant qu&rsquo;il contient de bits. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">L&rsquo;informatique est donc l&rsquo;ing&eacute;nierie du traitement automatique de l&rsquo;information, tel qu&rsquo;il est mis en &oelig;uvre par une machine&nbsp;concr&egrave;te, qui est un centre de calcul&nbsp;: l&rsquo;ordinateur. Puisque le traitement est effectu&eacute; par la m&eacute;diation de calculs (qui correspondent &agrave; des ex&eacute;cutions d&rsquo;algorithmes) effectu&eacute;s sur des codages (qui correspondent &agrave; des suites d&rsquo;informations au sens de Shannon), l&rsquo;informatique est aussi une science. On peut dire qu&rsquo;elle est une science de la nature, car elle permet de comprendre comment des syst&egrave;mes physiques structurellement diff&eacute;rents peuvent &ecirc;tre fonctionnellement homologues, car capables d&rsquo;op&eacute;rer les m&ecirc;mes transferts logiques d&rsquo;information, et donc &ecirc;tre susceptibles d&rsquo;une m&ecirc;me mod&eacute;lisation algorithmique (Chazelle, 2012, &sect;68). C&rsquo;est ce que Simondon appelait le &laquo;&nbsp;principe d&rsquo;&eacute;quivalence des m&eacute;thodes&nbsp;&raquo; (Simondon, 2016, p. 46) et que nous appelons le &laquo;&nbsp;principe d&rsquo;&eacute;quivalence fonctionnelle&nbsp;&raquo; (Ferri, 2021a, p. 547), selon lequel un m&ecirc;me r&eacute;sultat peut &ecirc;tre obtenu &agrave; partir d&rsquo;op&eacute;rations et de structures tr&egrave;s diff&eacute;rentes. La r&eacute;ciproque &eacute;tant vraie aussi&nbsp;: des m&eacute;canismes qui produisent des effets diff&eacute;rents peuvent &ecirc;tre &eacute;quivalents. Par exemple, une sonnette &eacute;lectrique est &eacute;quivalente &agrave; une horloge &eacute;lectrique, car elle fonctionne gr&acirc;ce au principe d&rsquo;&eacute;tablissement et de rupture d&rsquo;un courant dans un circuit &agrave; partir d&rsquo;une action par contact. Le rapport Op&eacute;rateur humain / Sonnette est strictement &eacute;quivalent au rapport Balancier / Horloge. Il y a donc beaucoup plus d&rsquo;analogie r&eacute;elle entre une horloge &eacute;lectrique et une sonnette &eacute;lectrique, qu&rsquo;entre cette horloge &eacute;lectrique et une horloge &agrave; poids, dont l&rsquo;ensemble <i>poids &ndash; roue motrice &ndash; crochet &ndash; remontoir &ndash; tambour</i> est strictement &eacute;quivalent &agrave; un treuil de carri&egrave;re.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">L&rsquo;informatique est le traitement automatique des informations (Berry, 2009), parce qu&rsquo;elle est l&rsquo;ing&eacute;nierie de l&rsquo;information discr&eacute;tis&eacute;e num&eacute;riquement, dont le format technique de manipulation est le codage binaire, et dont le support virtuel op&eacute;ratoire et calculatoire est la machine de Turing. Elle est aussi une science, car les lois qui r&eacute;gissent ses manipulations sont les lois du calcul, formalis&eacute;es &agrave; travers des algorithmes. Qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;un algorithme&nbsp;? </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">C&rsquo;est un calcul effectuable sur des codages, c&rsquo;est-&agrave;-dire sur de l&rsquo;information discr&eacute;tis&eacute;e num&eacute;riquement et techniquement manipul&eacute;e dans un format binaire. Mais les signes manipul&eacute;s ne signifient rien dans la mesure o&ugrave; ils ne le sont qu&rsquo;en fonction de leur forme syntaxique (d&eacute;finie par le langage de programmation utilis&eacute;) et non de la signification qui leur est associ&eacute;e (purement conventionnelle et extrins&egrave;que &agrave; la manipulation calculatoire). Comme la manipulation n&rsquo;est pas fond&eacute;e sur la nature physique des symboles manipul&eacute;s, mais sur les r&egrave;gles syntaxiques du langage de programmation utilis&eacute;, un algorithme et son ex&eacute;cution ne d&eacute;pendent pas de la nature physique de l&rsquo;ordinateur qui les r&eacute;alise. C&rsquo;est la raison pour laquelle l&rsquo;informatique a pu &ecirc;tre d&eacute;finie comme une physique abstraite&nbsp;des signes. &laquo;&nbsp;Physique des signes&nbsp;&raquo; dans la mesure o&ugrave; ces derniers sont manipul&eacute;s de mani&egrave;re purement m&eacute;canique&nbsp;; &laquo;&nbsp;physique abstraite&nbsp;&raquo; dans la mesure o&ugrave; les lois qui la concernent ne sont pas relatives &agrave; la mati&egrave;re, mais au temps (Bachimont, 1994, p. 16).</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Suivant ces principes de codage num&eacute;rique de l&rsquo;information et de codage num&eacute;rique des transformations &agrave; op&eacute;rer sur des informations num&eacute;ris&eacute;es, il est possible d&rsquo;obtenir le code r&eacute;sultat des donn&eacute;es d&rsquo;un probl&egrave;me et de sa m&eacute;thode de r&eacute;solution pour lequel l&rsquo;ex&eacute;cution d&rsquo;un programme enregistr&eacute; sur une machine de Turing&nbsp;permet d&rsquo;obtenir une r&eacute;solution automatique du probl&egrave;me num&eacute;ris&eacute;. D&egrave;s lors on peut se poser la question suivante&nbsp;: comment une physique de signes informatiques peut-elle devenir une physique des signes investis d&rsquo;esprit&nbsp;?</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_Toc88742252"><i>Dispositif computationnel et production de sens&nbsp;: l&rsquo;ing&eacute;nierie des connaissances</i></a></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">En op&eacute;rant non plus un traitement automatique d&rsquo;informations num&eacute;ris&eacute;es mais un traitement automatique des connaissances, comme l&rsquo;a prouv&eacute; l&rsquo;ing&eacute;nierie des connaissances. </span></span></span></p> <p align="center" style="text-align:center"><img src="https://www.numerev.com/img/ck_1019_17_image-20220506180706-31.png" style="width: 700px; height: 289px;" /></p> <p align="center" style="text-align:center"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><i><span style="color:black">Figure 11. Diagrammes de fonctionnement de l&rsquo;IA con&ccedil;ue comme ing&eacute;nierie des connaissances</span></i><br /> <span style="color:black">(Bachimont, 1996, p. 3 et 5)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">En effet, en op&eacute;rant la mod&eacute;lisation de contenus v&eacute;hicul&eacute;s par des repr&eacute;sentations linguistiques gr&acirc;ce &agrave; des repr&eacute;sentations logiques formelles enr&eacute;giment&eacute;es dans des processus calculatoires, l&rsquo;ing&eacute;nierie des connaissances a prouv&eacute; qu&rsquo;il &eacute;tait possible de produire de nouvelles connaissances interpr&eacute;tables dans des domaines d&rsquo;expertise (Bachimont, 1996). D&egrave;s lors on peut se poser la question suivante&nbsp;: comment une physique de signes investis d&rsquo;esprit peut-elle devenir une alg&egrave;bre symbolique&nbsp;pourvue de sens ?&nbsp;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Notre r&eacute;ponse est&nbsp;: en devenant une techno-s&eacute;miotique des op&eacute;rations symboliques o&ugrave; coexistent sur un m&ecirc;me support graphique sens et calcul. Comment est-ce possible&nbsp;? En construisant des diagrammes. Car les diagrammes sont des machines s&eacute;miotiques (Ferri, 2021a) qui produisent des calculs qui ont du sens. Dans cette mesure, ce sont de nouveaux supports de connaissances, qui donnent acc&egrave;s &agrave; des fonctionnements signifiants et rendent possible des manipulations pourvues de sens. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_Toc88742253"><b><span style="color:black">Dispositif graphique et ing&eacute;nierie s&eacute;miotique</span></b></a><b><span style="color:black">&nbsp;: vers une mod&eacute;lisation diagrammatique</span></b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_Toc88742254"><i>Sch&eacute;ma et iconicit&eacute; structurelle</i></a></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Ce que nous cherchons &agrave; pr&eacute;ciser dans ce que nous appelons l&rsquo;ing&eacute;nierie s&eacute;miotique, c&rsquo;est un principe de mod&eacute;lisation qui exploite l&rsquo;oubli du formalisme logique h&eacute;rit&eacute; du Cercle de Vienne et un principe d&rsquo;effectivit&eacute; qui suppl&eacute;mente le principe d&rsquo;effectivit&eacute; calculatoire qui nous est donn&eacute; par la logique math&eacute;matique (Bachimont 1996). Nous proposons un autre principe de mod&eacute;lisation, compl&eacute;mentaire au principe de formalisation logique, que nous nommons principe de mod&eacute;lisation diagrammatique (Ferri, 2021a, p. 422).&nbsp;Il&nbsp;doit permettre d&rsquo;exprimer le contenu non logique d&rsquo;une connaissance ph&eacute;nom&eacute;nologique, c&rsquo;est-&agrave;-dire la structure qualitative sur laquelle s&rsquo;appuie la facult&eacute; intuitive non logique, qui &eacute;tait d&eacute;j&agrave; reconnue par Turing dans le &sect;11 de sa th&egrave;se comme l&rsquo;une des deux sources du raisonnement math&eacute;matique (Turing, 1939, p. 214-215).</span> </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En effet le symbolisme diagrammatique est un principe de mod&eacute;lisation fond&eacute; sur un postulat &eacute;pist&eacute;mologique portant sur la nature de la connaissance, &agrave; savoir son caract&egrave;re de forme symbolique irr&eacute;ductible &agrave; toute formalit&eacute; logique. &Agrave; la diff&eacute;rence d&rsquo;un syst&egrave;me formel, un syst&egrave;me diagrammatique ne d&eacute;signe pas un ensemble de r&egrave;gles de manipulation et de signes ininterpr&eacute;t&eacute;s sur lesquels ces r&egrave;gles permettent d&rsquo;op&eacute;rer. Il d&eacute;signe au contraire un mode d&rsquo;emploi portant sur des signes motiv&eacute;s. Pour cette raison, il fait appel &agrave; l&rsquo;attention et &agrave; l&rsquo;intuition de l&rsquo;interpr&eacute;tant qui s&rsquo;en saisit. Mais pour rendre effective la r&eacute;solution de probl&egrave;me mod&eacute;lis&eacute;e par le syst&egrave;me diagrammatique, il faut munir ce dernier d&rsquo;un principe d&rsquo;effectivit&eacute; permettant de rendre concr&egrave;te et r&eacute;elle son op&eacute;rationnalisation. Nous nommons un tel principe d&rsquo;effectivit&eacute; le principe d&rsquo;op&eacute;rationnalisation, et nous affirmons qu&rsquo;il repose sur une propri&eacute;t&eacute; fondamentale des syst&egrave;mes diagrammatiques, &agrave; savoir leur iconicit&eacute;. Le principe d&rsquo;op&eacute;rationnalisation est celui qui fait passer le diagramme du statut de mod&egrave;le de r&eacute;solution &agrave; celui d&rsquo;outil de r&eacute;solution, gr&acirc;ce &agrave; ses propri&eacute;t&eacute;s iconiques. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;approche de l&rsquo;ing&eacute;nierie s&eacute;miotique des syst&egrave;mes diagrammatiques repose ainsi sur le fait que les connaissances exprim&eacute;es par un symbolisme diagrammatique h&eacute;ritent des situations dans lesquelles elles sont ancr&eacute;es la propri&eacute;t&eacute; de v&eacute;hiculer des contenus op&eacute;ratoires qui peuvent &ecirc;tre exprim&eacute;s de fa&ccedil;on iconique. Le symbolisme diagrammatique et sa s&eacute;mantique op&eacute;ratoire ne sont pas seulement r&eacute;f&eacute;rentiels, ils sont aussi expressifs. Cette expressivit&eacute; mat&eacute;rielle des diagrammes rend possible leur isomorphisme structurel aux situations concr&egrave;tes qu&rsquo;ils mod&eacute;lisent. Dans cette premi&egrave;re perspective, les diagrammes doivent &ecirc;tre compris comme des mod&egrave;les d&rsquo;intelligibilit&eacute;.&nbsp;Deuxi&egrave;mement, l&rsquo;expressivit&eacute; des diagrammes rend possible leur isodynamisme op&eacute;rationnel &agrave; des situations d&rsquo;interactions et &agrave; des encha&icirc;nements d&rsquo;op&eacute;rations qui en font des guides permettant de lire des situations r&eacute;elles &agrave; partir d&rsquo;id&eacute;aux-types et d&rsquo;y r&eacute;pondre pragmatiquement. Suivant cette seconde perspective, les diagrammes doivent &ecirc;tre compris comme des id&eacute;aux-types d&rsquo;actions &agrave; accomplir.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Au lieu d&rsquo;avoir une abstraction du contenu linguistique par la formalisation logique, on obtient une abstraction du contenu intuitif par la repr&eacute;sentation diagrammatique. C&rsquo;est pour cette raison que l&rsquo;ing&eacute;nierie s&eacute;miotique ne s&rsquo;int&eacute;resse pas &agrave; l&rsquo;idiome linguistique comme vecteur de connaissance, mais au symbole graphique. Car ce dernier a pour fonction de compacter spatialement cette structure qualitative ph&eacute;nom&eacute;nologique, pour la rendre saisissable de fa&ccedil;on synoptique et op&eacute;rationnellement interpr&eacute;table par la conscience qui s&rsquo;en empare. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><i>Diagramme et iconicit&eacute; op&eacute;rationnelle</i></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Ensuite, il faut un principe d&rsquo;effectivit&eacute;. Ce principe, nous l&rsquo;appelons&nbsp;le principe d&rsquo;iconicit&eacute; op&eacute;rationnelle. C&rsquo;est un principe d&rsquo;effectivit&eacute; op&eacute;rationnelle non computationnelle. Au lieu d&rsquo;exploiter un principe d&rsquo;effectivit&eacute; calculatoire, il s&rsquo;agit d&rsquo;exploiter la m&eacute;diation gr&acirc;ce &agrave; laquelle on acc&egrave;de &agrave; l&rsquo;effectivit&eacute; non computationnelle. Cette m&eacute;diation est selon nous l&rsquo;iconicit&eacute; op&eacute;rationnelle (Ferri, 2021a, p. 425). Or l&rsquo;iconicit&eacute; op&eacute;rationnelle peut &ecirc;tre captur&eacute;e par un diagramme dans la mesure o&ugrave; un diagramme est une machine s&eacute;miotique, c&rsquo;est-&agrave;-dire une machine qui donne acc&egrave;s &agrave; un contenu op&eacute;rationnel qui n&rsquo;est pas r&eacute;ductible &agrave; un contenu computationnel. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Toute op&eacute;ration non-calculable peut d&egrave;s lors &ecirc;tre sch&eacute;matis&eacute;e &agrave; travers une repr&eacute;sentation iconique op&eacute;rationnellement interpr&eacute;table gr&acirc;ce &agrave; la s&eacute;mantique op&eacute;ratoire du diagramme explicit&eacute;e &agrave; travers son mode d&rsquo;emploi ou gr&acirc;ce &agrave; la ma&icirc;trise de son syst&egrave;me de notation. Car l&rsquo;explicitation linguistique d&rsquo;un mode d&rsquo;emploi ou du fonctionnement d&rsquo;un syst&egrave;me de notation est ce qui permet&nbsp;1&deg; d&rsquo;interpr&eacute;ter le ou les sch&eacute;mas qui repr&eacute;sentent des op&eacute;rations que le diagramme mod&eacute;lise&nbsp;; 2&deg; de manipuler m&eacute;thodiquement le diagramme, puisque cette explicitation que fournit le mode d&rsquo;emploi guide la mise en &oelig;uvre op&eacute;rationnelle et pratique du contenu s&eacute;miotique non-calculable dont les sch&eacute;mas sont porteurs (et vis-&agrave;-vis duquel aucun codage algorithmique ne suffit &agrave; fournir une m&eacute;thode de r&eacute;solution). </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">L&rsquo;exemple de la notation Laban (Challet-Hass, 1999&nbsp;; Challet-Hass, 2011) permet de comprendre en quoi un diagramme constitue un tel support de mod&eacute;lisation d&rsquo;op&eacute;rations non-calculables. Dire d&rsquo;un diagramme qu&rsquo;il est pourvu de la propri&eacute;t&eacute; d&rsquo;iconicit&eacute; structurelle dans le cas d&rsquo;une partition chor&eacute;graphique r&eacute;dig&eacute;e dans un tel syst&egrave;me de notation, c&rsquo;est signifier qu&rsquo;il permet de codifier les gestes du corps en mouvement, en associant &agrave; chacune de ses parties un symbole arbitraire :</span></span></span></p> <p align="center" style="text-align:center"><img src="https://www.numerev.com/img/ck_1019_17_image-20220506180706-32.png" style="width: 500px; height: 322px;" /></p> <p align="center" style="text-align:center"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><i><span style="color:black">Figure 12. Syst&egrave;me de notation des parties du corps en cin&eacute;tographie Laban. URL&nbsp;: </span></i><a href="https://berthetandrea.files.wordpress.com/2014/06/labanotation1-jpg.pdf" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><i><span style="color:black">https://berthetandrea.files.wordpress.com/2014/06/labanotation1-jpg.pdf</span></i></a></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">On peut parler d&rsquo;iconicit&eacute; structurelle parce que les axes de la partition chor&eacute;graphique conservent les sym&eacute;tries du corps humain et parce qu&rsquo;on peut assurer une correspondance biunivoque entre les parties du corps et les symboles de la notation. En projetant les arrangements combinatoires des gestes dans un espace graphique d&rsquo;expression, on dispose d&rsquo;un codage s&eacute;miotique, iconique et non discursif, qu&rsquo;on peut ordonner suivant un sens de lecture qui permet la mise en mouvement du corps de celui qui sait lire la partition chor&eacute;graphique. En s&rsquo;actualisant comme performance artistique, l&rsquo;iconicit&eacute; structurelle de la partition se transforme en iconicit&eacute; op&eacute;rationnelle du corps en mouvement du danseur qui s&rsquo;ex&eacute;cute :</span></span></span></p> <p align="center" style="text-align:center"><img src="https://www.numerev.com/img/ck_1019_17_image-20220506180706-33.png" style="width: 500px; height: 500px;" /></p> <p align="center" class="MsoCaption" style="text-align:center; margin-bottom:13px"><span style="font-size:12pt"><span style="color:#44546a"><span style="font-style:italic"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">Figure 13. Traduction d&rsquo;une port&eacute;e en cin&eacute;tographie Laban (Ferri, 2021a, p. 242)</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">D&egrave;s lors l&rsquo;enjeu de l&rsquo;ing&eacute;nierie s&eacute;miotique consiste &agrave; &eacute;laborer un dictionnaire et une grammaire visuels de la pratique, c&rsquo;est-&agrave;-dire une s&eacute;miotique visuelle des op&eacute;rations pratiques irr&eacute;ductibles &agrave; des op&eacute;rations de calcul. C&rsquo;est donc la s&eacute;miotique qui peut nous donner acc&egrave;s &agrave; la g&eacute;om&eacute;trie du sens pratique que nous appelons la diagrammatique, qui est la g&eacute;om&eacute;trie de l&rsquo;espace des op&eacute;rations non calculatoires de la pens&eacute;e et de l&rsquo;action pratique dans le monde.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_Toc88742256"><b><span style="color:black">Conclusion</span></b></a><b> </b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">L&rsquo;analyse du sch&eacute;ma, dans ses dimensions spatiale et temporelle, conduit &agrave; l&rsquo;id&eacute;e de dispositif graphique, entendu comme disposition des signes graphiques dans l&rsquo;espace s&eacute;miotique d&rsquo;inscription permettant de repr&eacute;senter une configuration d&rsquo;objets dont les relations au cours du temps sont programm&eacute;es, c&rsquo;est-&agrave;-dire d&eacute;termin&eacute;es &agrave; se reproduire suivant des cycles r&eacute;p&eacute;titifs.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">La d&eacute;clinaison du concept de dispositif permet d&rsquo;en donner une caract&eacute;risation m&eacute;canique, thermodynamique et enfin computationnelle, dont la formalisation achev&eacute;e est donn&eacute;e par le mod&egrave;le de Turing. Les limites de ce mod&egrave;le autorisent l&rsquo;introduction de la notion de dispositif diagrammatique, permettant la mod&eacute;lisation d&rsquo;op&eacute;rations non calculables, parce que non saisies par la formalisation algorithmique. Ces op&eacute;rations non calculables sont l&rsquo;objet d&rsquo;une nouvelle discipline, l&rsquo;ing&eacute;nierie s&eacute;miotique, dont la finalit&eacute; est de mod&eacute;liser la g&eacute;om&eacute;trie du sens pratique nomm&eacute;e diagrammatique, qui est la g&eacute;om&eacute;trie de l&rsquo;espace des op&eacute;rations non calculatoires de la pens&eacute;e et de l&rsquo;action pratique dans le monde.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="color:black">Bibliographie </span></b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Agamben, G. (2006). Th&eacute;orie des dispositifs. </span><i><span lang="EN-US" style="color:black">Po&amp;sie</span></i><span lang="EN-US" style="color:black">, vol.&nbsp;115, n<sup>o</sup>&nbsp;1, 25-33. DOI: </span><a href="https://doi.org/10.3917/poesi.115.0025" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><span lang="EN-US" style="color:black"><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none">10.3917/poesi.115.0025 </span></span></span></a></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Agamben, G. (2007). Qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;un dispositif&nbsp;?. Paris&nbsp;: Payot &amp; Rivages.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Alunni, C. (2013). De l&rsquo;&eacute;criture de la mutation &agrave; la mutation de l&rsquo;&eacute;criture&nbsp;: de Galileo Galilei et Leonardo da Vinci au &ldquo;technogramme&rdquo;. In&nbsp;: Nicolas, F. (dir.), <i>Les mutations de l&rsquo;&eacute;criture</i>. Paris, &Eacute;ditions de la Sorbonne, 123-137.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Armatte, M. (2005). La notion de mod&egrave;le dans les sciences sociales : anciennes et nouvelles significations. <i>Math&eacute;matiques et sciences humaines</i>, n<sup>o</sup>&nbsp;172, 91-123. DOI&nbsp;: 10.4000/msh.2962 </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Bachimont, B. (1994).&nbsp;<i>Le contr&ocirc;le dans les syst&egrave;mes &agrave; base de connaissances : contribution &agrave; l&rsquo;&eacute;pist&eacute;mologie de l&rsquo;intelligence artificielle</i>. Paris&nbsp;: Herm&egrave;s.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Bachimont, B. (1996).&nbsp;<i>Herm&eacute;neutique mat&eacute;rielle et Art&eacute;facture : des machines qui pensent aux machines qui donnent &agrave; penser ; Critique du formalisme en intelligence artificielle</i>&nbsp;(Th&egrave;se de doctorat d&rsquo;&eacute;pist&eacute;mologie, &Eacute;cole Polytechnique).</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Bachimont, B. (2004).&nbsp;<i>Arts et sciences du num&eacute;rique&nbsp;: ing&eacute;nierie des connaissances et critique de la raison computationnelle</i> (M&eacute;moire d&rsquo;Habilitation &agrave; diriger des recherches, Universit&eacute; de technologie de Compi&egrave;gne).&nbsp;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Berry, G. (2009). <i>Penser, mod&eacute;liser et ma&icirc;triser le calcul informatique</i>. Paris&nbsp;: Coll&egrave;ge de France/Fayard.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Bourdieu, P. (1980). <i>Le sens pratique</i>. Paris&nbsp;: &Eacute;ditions de Minuit.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Chazelle, B. (2012). <i>L&rsquo;algorithmique et les sciences</i>. Paris&nbsp;: Coll&egrave;ge de France/Fayard.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Dastur, F. (2006). Heidegger, penseur de la modernit&eacute;, de la technique et de l&rsquo;&eacute;thique. <i>Po&amp;sie</i>, vol.&nbsp;115, n<sup>o</sup>&nbsp;1, 34-41. DOI&nbsp;: </span><a href="https://doi.org/10.3917/poesi.115.0034" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><span style="color:black"><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none">10.3917/poesi.115.0034 </span></span></span></a></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ferri, F. (2021a). <i>Science op&eacute;rative et ing&eacute;nierie s&eacute;miotique : des machines graphiques &agrave; la morphogen&egrave;se organique</i> (Th&egrave;se de doctorat d&rsquo;&eacute;pist&eacute;mologie, Universit&eacute; de technologie de Compi&egrave;gne).</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Ferri, F. (2021b). </span><span style="color:black">De la pratique math&eacute;matique &agrave; la philosophie des pratiques. </span><i><span lang="EN-US" style="color:black">Metodo</span></i><span lang="EN-US" style="color:black">, vol.&nbsp;9, n<sup>o</sup>&nbsp;1, 97-118. </span><span lang="EN-US" style="color:black">DOI: </span><a href="https://doi.org/10.19079/metodo.9.1.97" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><span lang="EN-US" style="color:black"><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none">10.19079/metodo.9.1.97</span></span></span></a></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Gallagher, S. &amp; Cole J. (1995). Body Image and Body Schema in a Deafferented Subject. <i>The Journal of Mind and Behavior</i>, vol.&nbsp;16, n<sup>o</sup>&nbsp;4, Institute of Mind and Behavior, Inc., 369-389.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="color:black">Heidegger, M. (2006). S. Jollivet (trad.) </span><span style="color:black">Le dispositif. <i>Po&amp;sie</i>, vol.&nbsp;115, n<sup>o</sup>&nbsp;1, 7-24. DOI: </span><a href="https://doi.org/10.3917/poesi.115.0007" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><span style="color:black"><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none">10.3917/poesi.115.0007 </span></span></span></a></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Leroux, J. (2012). La notion de mod&egrave;le en philosophie des sciences. <i>Nouvelles perspectives en sciences sociales : revue internationale de syst&eacute;mique complexe et d&rsquo;&eacute;tudes relationnelles</i>, vol.&nbsp;7, n<sup>o</sup>&nbsp;2, 49-65. DOI&nbsp;: 10.7202/1013054ar</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Lynch, M. The Externalized Retina: Selection and Mathematization in the Visual Documentation of Objects in the Life Sciences. <i>Human Studies</i>, vol.&nbsp;11, n<sup>o</sup>&nbsp;2/3, Springer, 201-234. DOI: 10.1007/BF00177304</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Morgan, Mary S. &amp; Morrison, M. (dir.). (1999). <i>Models as Mediators: Perspectives on Natural and Social Science</i>. Cambridge: Cambridge University Press, coll. &laquo;&nbsp;Ideas in Context&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Nouvel, P. (dir.). (2002). <i>Enqu&ecirc;te sur le concept de mod&egrave;le</i>. Paris&nbsp;: Presses universitaires de France, coll. &laquo;&nbsp;Science, histoire et soci&eacute;t&eacute;&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Piaget, J. (1936). <i>La naissance de l&rsquo;intelligence chez l&rsquo;enfant</i>. Neuch&acirc;tel ; Paris&nbsp;: Delachaux et Niestl&eacute;, coll. &laquo;&nbsp;Collection d&rsquo;actualit&eacute;s p&eacute;dagogiques&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Raffns&oslash;e, S. (2008). Qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;un dispositif ? L&rsquo;analytique sociale de Michel Foucault. </span><i><span lang="EN-US" style="color:black">Symposium</span></i><span lang="EN-US" style="color:black">, vol.&nbsp;12, n<sup>o</sup>&nbsp;1, 44-66. DOI&nbsp;: </span><a href="https://doi.org/10.5840/symposium20081214" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><span lang="EN-US" style="color:black"><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none">10.5840/symposium20081214</span></span></span></a></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Shimojima, A. (1996). <i>On the Efficacy of Representation</i> (PhD Thesis, Indiana University).</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Simondon, G. (2016). L&rsquo;objet technique comme paradigme d&rsquo;intelligibilit&eacute; universelle. In&nbsp;: Simondon, N., Saurin I. (dir.), <i>Sur la philosophie : 1950-1980. </i>Paris, Presses universitaires de France, 397-420.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Stapleton G., Jamnik, M. &amp; Shimojima, A. What Makes an Effective Representation of Information: A Formal Account of Observational Advantages. <i>Journal of Logic, Language and Information</i>, vol.&nbsp;26, n<sup>o</sup>&nbsp;2, 2017, 143-177. DOI : 10.1007/s10849-017-9250-6</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="color:black">Stjernfelt, F. (2011). On operational and optimal iconicity in Peirce&rsquo;s diagrammatology. </span><i><span style="color:black">Semiotica</span></i><span style="color:black">, n<sup>o</sup>&nbsp;186, De Gruyter,&nbsp;395-419. DOI :</span> <a href="https://doi.org/10.1515/semi.2011.061" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" target="_blank"><span style="color:black"><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none">10.1515/semi.2011.061</span></span></span></a></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Tirloni, V. (dir.). (2010). <i>Du Gestell au dispositif : comment la technicisation encadre notre existence</i>, Cortil-Wodon&nbsp;: E.M.E, coll. &laquo;&nbsp;Transversales philosophiques&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Turing, A. M. (1937). On Computable Numbers, with an Application to the Entscheidungsproblem. <i>Proceedings of the London Mathematical Society</i>, vol.&nbsp;s2-42, no&nbsp;1, 230-265.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Turing, A. M. (1939). Systems of Logic Based on Ordinals&dagger;. <i>Proceedings of the London Mathematical Society</i>, vol.&nbsp;s2-45, no 1, 161-228.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Varenne, F. (2006). <i>Les notions de m&eacute;taphore et d&rsquo;analogie dans les &eacute;pist&eacute;mologies des mod&egrave;les et simulations</i>. Paris&nbsp;: &Eacute;dition P&eacute;tra, coll. &laquo;&nbsp;Acta STOICA&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Varenne, F. (2012). <i>Th&eacute;orie, r&eacute;alit&eacute;, mod&egrave;le : &eacute;pist&eacute;mologie des th&eacute;ories et des mod&egrave;les face au r&eacute;alisme dans les sciences</i>. Paris&nbsp;: &Eacute;ditions mat&eacute;riologiques, coll. &laquo;&nbsp;Sciences &amp; philosophie&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p>