<p class="intellnum---corps-de-texte" lang="en-US"><span style="page-break-before:always">The Covid-19 pandemic has been intensively covered on the platforms linked to the Wikimedia Mouvment, such as the free encyclopedia Wikipedia. This paper explores more particularly the participatory map-making activity in which members of the community have been involved during the first two years of the pandemic. Through the qualitative analysis of the hundreds of maps published in the free media repository Wikimedia Commons, it studies the diversity of their narratives. It also shows that this map-making activity relies on a very complete form of data literacy, whose diffusion in the community remains however quite limited.</span></p> <h2 align="left"><span style="line-height:100%"><font style="font-size:16pt"><font size="4">Introduction</font></font></span></h2> <p class="intellnum---corps-de-texte">La pand&eacute;mie de Covid-19 qui s&rsquo;est d&eacute;clar&eacute;e d&eacute;but 2020 constitue un cas unique en mati&egrave;re de gestion contemporaine des crises. Une importante litt&eacute;rature scientifique se d&eacute;veloppe sur le sujet, dans les disciplines li&eacute;es &agrave; la sant&eacute;, mais aussi les sciences humaines et sociales, pour tenter de comprendre l&rsquo;impact de cette situation sur les activit&eacute;s des individus et le fonctionnement des groupes dans lesquels ils s&rsquo;inscrivent. Au sein de cette entreprise colossale, cet article s&rsquo;inscrit dans la ligne de quelques travaux explorant la mani&egrave;re dont les citoyens se sont appuy&eacute;s sur les dispositifs du Mouvement Wikim&eacute;dia pour documenter la crise en direct.</p> <p class="intellnum---corps-de-texte">Cette &eacute;tude porte plus particuli&egrave;rement sur les cartes de la pand&eacute;mie qui ont &eacute;t&eacute; produites par des membres de la communaut&eacute; Wikim&eacute;dia et d&eacute;pos&eacute;es sur la m&eacute;diath&egrave;que libre Wikim&eacute;dia Commons. &Agrave; travers l&rsquo;analyse qualitative d&rsquo;une large corpus de cartes, de leurs m&eacute;tadonn&eacute;es, des profils de leurs cr&eacute;ateurs et des &eacute;changes qu&rsquo;elles suscitent, il s&rsquo;agit d&rsquo;interroger les mises en r&eacute;cit des donn&eacute;es auxquelles elles participent, mais &eacute;galement la circulation des comp&eacute;tences n&eacute;cessaires &agrave; leur production.</p> <p class="intellnum---corps-de-texte">Nous reviendrons tout d&rsquo;abord sur les grands travaux relatifs aux pratiques informationnelles num&eacute;riques lors des situations de crise, avant de proc&eacute;der &agrave; un inventaire des travaux plus sp&eacute;cifiques au mouvement Wikim&eacute;dia. Nous nous int&eacute;resserons ensuite au cas pr&eacute;cis de la pand&eacute;mie de Covid-19, aux pratiques qui ont d&eacute;j&agrave; pu &ecirc;tre observ&eacute;es et au corpus de cartes qui seront analys&eacute;es pour cette &eacute;tude. Nous d&eacute;crirons ensuite les r&eacute;sultats des observations relatives aux cartes, &agrave; leurs donn&eacute;es, aux usagers, &agrave; leurs interactions, avant de proposer une discussion de ces r&eacute;sultats.</p> <h2 align="left"><span style="line-height:100%"><font style="font-size:16pt"><font size="4">Cadre conceptuel</font></font></span></h2> <p class="intellnum---corps-de-texte">Notre histoire est &eacute;maill&eacute;e de catastrophes vari&eacute;es (d&rsquo;origines humaines, naturelles, souvent les deux) et dont les cons&eacute;quences sont fortement li&eacute;es &agrave; la structuration des soci&eacute;t&eacute;s humaines. Au cours des si&egrave;cles derniers, l&rsquo;apparition des institutions de sant&eacute; publique et d&rsquo;une expertise scientifique li&eacute;es aux risques (Plough &amp; Krimsky, 1987) a abouti &agrave; une progressive &laquo; professionnalisation de l&rsquo;activit&eacute; de gestion des catastrophes&nbsp;&raquo; (Ait Ouarab-Bouaouli, 2008). Tandis que la prise en charge des situations de crise relevait historiquement de la responsabilit&eacute; individuelle, le d&eacute;veloppement de l&rsquo;&Eacute;tat Providence s&rsquo;est accompagn&eacute; d&rsquo;une forme de solidarit&eacute; institutionnalis&eacute;e, notamment &agrave; travers l&rsquo;assurance et l&rsquo;indemnisation (Bouzon, 2001). Nos soci&eacute;t&eacute;s contemporaines sont par cons&eacute;quent marqu&eacute;es par une forte distinction entre les &laquo;&nbsp;victimes&nbsp;&raquo; d&rsquo;une crise et les &laquo;&nbsp;professionnels&nbsp;&raquo; charg&eacute;s de les prot&eacute;ger, ayant entra&icirc;n&eacute; le d&eacute;clin des &laquo;&nbsp;cultures traditionnelles de lutte&nbsp;&raquo; contre les catastrophes (Ait Ouarab-Bouaouli, 2008).</p> <h3 class="intellnum---titre-2-western">Crises et pratiques informationnelles</h3> <p class="intellnum---corps-de-texte">Les situations de catastrophes sont marqu&eacute;es par une intense activit&eacute; de production, de partage et d&rsquo;interpr&eacute;tation d&rsquo;informations en tout genre. En effet, face &agrave; une situation nouvelle, dont l&rsquo;&eacute;volution ne peut &ecirc;tre pr&eacute;vue, l&rsquo;incertitude fait obstacle aux actions de protection&nbsp;: &laquo;&nbsp;qui ne ma&icirc;trise pas l&rsquo;information ne ma&icirc;trise pas la crise&nbsp;&raquo; (Bouzon, 1999). La communication de crise, que l&rsquo;on peut d&eacute;finir comme &laquo;&nbsp;collecter, traiter et diffuser toutes les informations n&eacute;cessaires &agrave; la gestion de la crise&nbsp;&raquo; (Coombs, 2010), occupe par cons&eacute;quent une place consid&eacute;rable dans l&rsquo;activit&eacute; des professionnels de la gestion de crise. Toutefois, m&ecirc;me dans nos soci&eacute;t&eacute;s modernes, ce besoin d&rsquo;information ne se limite pas aux seuls professionnels&nbsp;: &laquo;&nbsp;avoir acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;information dont on a besoin en temps opportun permet aux gestionnaires de prendre les bonnes d&eacute;cisions et de r&eacute;ussir leurs op&eacute;rations et &agrave; la population, de se conduire en toute s&eacute;curit&eacute; et de bien appliquer les consignes en connaissance de cause&nbsp;&raquo; (Ait Ouarab-Bouaouli, 2008). Par cons&eacute;quent, l&rsquo;ensemble des personnes plus ou moins directement affect&eacute;e par une catastrophe sont susceptibles de s&rsquo;engager dans des activit&eacute;s de communication de crise.</p> <p class="intellnum---corps-de-texte">Depuis le d&eacute;but des ann&eacute;es 2000, les outils num&eacute;riques jouent un r&ocirc;le central dans les pratiques informationnelles des citoyens faisant face &agrave; une catastrophe. Lors des attentats du World Trade Center (2001), les Am&eacute;ricains se sont massivement tourn&eacute;s vers les sites web des grands m&eacute;dias, surchargeant leurs serveurs, au point que Google finisse par h&eacute;berger des copies de leurs articles sur ses propres infrastructures (Bucher, 2002). Le d&eacute;veloppement des m&eacute;dias sociaux, caract&eacute;ris&eacute;s par la centralit&eacute; des &laquo;&nbsp;contenus g&eacute;n&eacute;r&eacute;s par les utilisateurs&nbsp;&raquo; (Kaplan &amp; Haenlein, 2010), s&rsquo;est accompagn&eacute; d&rsquo;une &eacute;volution des usages en situation de crise. Les citoyens, disposant d&rsquo;outils de publication simples d&rsquo;usage et peu co&ucirc;teux (rapidement compl&eacute;t&eacute;s par des terminaux mobiles dot&eacute;s d&rsquo;appareils photos), peuvent documenter les situations auxquelles ils font face en temps r&eacute;el. On a ainsi pu observer une forte mobilisation d&rsquo;internautes, se coordonnant pour produire des informations d&rsquo;un grand int&eacute;r&ecirc;t, telles que la liste des victimes au cours de la fusillade de Virginia Tech (Palen et al., 2009), ou encore la localisation des zones dangereuses et des routes d&rsquo;&eacute;vacuation lors d&rsquo;incendies et d&rsquo;inondations (Vieweg et al., 2010).</p> <p class="intellnum---corps-de-texte">La cartographie, encore tributaire d&rsquo;outils co&ucirc;teux et complexes au d&eacute;but des ann&eacute;es 2000, a &eacute;galement b&eacute;n&eacute;fici&eacute; du d&eacute;veloppement de ces plateformes de publication en ligne simples et souvent gratuites. Des dispositifs tels que Google Maps &laquo;&nbsp;offrent au grand public la possibilit&eacute; d&rsquo;interagir avec les cartes et les donn&eacute;es&nbsp;&raquo; (Mericskay &amp; Roche, 2011), et de cr&eacute;er leurs propres &laquo;&nbsp;mashups cartographiques&nbsp;&raquo; &agrave; partir de donn&eacute;es en acc&egrave;s libre (Palsky, 2013). Lors de situation de crise, certains citoyens s&rsquo;impliquent notamment dans la production de donn&eacute;es g&eacute;ographiques originales (informations g&eacute;ographiques volontaires ou volonteered geographic information) dans leur environnement proche (Goodchild, 2007). Par exemple, au lendemain de l&rsquo;accident nucl&eacute;aire de Fukushima Daiichi (2011), une grande vari&eacute;t&eacute; de cartes de la contamination radioactive ont &eacute;t&eacute; produites, &agrave; l&rsquo;aide des donn&eacute;es fournies par les agences gouvernementales mais aussi de mesures r&eacute;alis&eacute;es par les citoyens (Plantin, 2015; Segault, 2020a). Des projets cartographiques collaboratifs de plus grande ampleur, s&rsquo;appuyant sur des outils d&eacute;di&eacute;s (tels que Safecast, Ushahidi, etc.) ou des organisations garante d&rsquo;une certaine expertise (OpenStreetMap par exemple) ont &eacute;galement vu le jour suite &agrave; diff&eacute;rentes catastrophes (Brown et al., 2016; Goolsby, 2010; Liu &amp; Palen, 2010).</p> <h3 class="intellnum---titre-2-western">Litt&eacute;ratie et qualit&eacute; des donn&eacute;es</h3> <p class="intellnum---corps-de-texte">Face &agrave; une catastrophe, la qualit&eacute; des informations re&ccedil;ues, par les professionnels de la gestion de crise comme par les citoyens, est cruciale. Une information erron&eacute;e ou impr&eacute;cise est susceptible d&rsquo;entra&icirc;ner des r&eacute;actions inefficaces voire contre-productives, pouvant avoir des cons&eacute;quences tragiques. &Agrave; ce titre, l&rsquo;information produite et diffus&eacute;e par les citoyens sur les m&eacute;dias sociaux est souvent consid&eacute;r&eacute;e avec m&eacute;fiance, notamment par les secouristes (Tapia et al., 2013), en d&eacute;pit de la valeur des connaissances de terrain que peuvent apporter les autochtones (Hecker, 2014). Certains travaux ont montr&eacute; la capacit&eacute; des usagers &agrave; collectivement identifier et corriger les informations inexactes (Mendoza et al., 2010; Sutton et al., 2008), mobilisant pour cela une forme de &laquo;&nbsp;sagesse des foules&nbsp;&raquo; (Surowiecki, 2004). D&rsquo;autre ont en revanche not&eacute; la diffusion importante que peuvent conna&icirc;tre les rumeurs et informations erron&eacute;es lors de tels &eacute;v&eacute;nements (Bruns &amp; Keller, 2020; Starbird et al., 2014; Vosoughi et al., 2018). La conception des plateformes, en particulier de leurs algorithmes de recommandation et de leurs m&eacute;canismes de mod&eacute;ration, peut induire une amplification des contenus sensationnalistes et, par extension, de certaines rumeurs (AlgoTransparency, s.&nbsp;d.; Marwick, 2018). Ainsi, la qualit&eacute; de l&rsquo;information diffus&eacute;e sur les m&eacute;dias sociaux lors des catastrophes varie fortement selon les plateformes, et souvent aussi au sein m&ecirc;me de ces plateformes.</p> <p class="intellnum---corps-de-texte">De nombreux travaux se sont pench&eacute;s sur les formes de litt&eacute;ratie n&eacute;cessaires pour conforter l&rsquo;implication des citoyens et favoriser la production et la circulation de donn&eacute;es de qualit&eacute; (Carmi et al., 2020). La litt&eacute;ratie des donn&eacute;es, de plus en plus pr&eacute;sente dans les discours institutionnels, souffre cependant d&rsquo;une d&eacute;finition souvent malmen&eacute;e et ramen&eacute;e &agrave; une seule comp&eacute;tence informatique ou statistique. L&rsquo;analyse des besoins aboutit toutefois &agrave; une d&eacute;finition plus complexe&nbsp;: &laquo;&nbsp;la capacit&eacute; de poser et r&eacute;pondre &agrave; des questions du monde r&eacute;el &agrave; partir de petits et de grands jeux de donn&eacute;es&nbsp;&raquo;, mobilisant des comp&eacute;tences de &laquo;&nbsp;s&eacute;lection, analyse, visualisation, critique et interpr&eacute;tation des donn&eacute;es, ainsi que le d&eacute;veloppement de narrations &agrave; partir de donn&eacute;es, et l&rsquo;usage de donn&eacute;es dans un processus de design&nbsp;&raquo; (Wolff et al., 2016). Dans le contexte actuel, marqu&eacute; par une intrication forte entre le fonctionnement des grandes plateformes num&eacute;riques et les modalit&eacute;s de circulation d&rsquo;information erron&eacute;es, les litt&eacute;raties num&eacute;riques doivent &eacute;galement porter sur l&rsquo;&eacute;conomie des plateformes, leurs affordances, la gestion des donn&eacute;es personnels et les droits des usagers (Carmi et al., 2020).</p> <h3 class="intellnum---titre-2-western">Projets Wikim&eacute;dia et catastrophes</h3> <p class="intellnum---corps-de-texte">L&rsquo;encyclop&eacute;die Wikip&eacute;dia et les autres projets du Mouvement Wikim&eacute;dia (la m&eacute;diath&egrave;que Wikim&eacute;dia Commons, dont il sera question dans cet article, mais aussi le dictionnaire multilingue Wiktionnaire, la base de citations Wikiquotes ou encore la banque de donn&eacute;es Wikidata) occupent une place particuli&egrave;re dans le web des ann&eacute;es 2020. Aliment&eacute;s par les contributions des internautes, comme les autres m&eacute;dias sociaux m&eacute;dias sociaux, ils s&rsquo;en distinguent par leur usage des licences libres (autorisant la r&eacute;utilisation des contenus), leur gouvernance d&eacute;mocratique (recherchant le consensus &agrave; travers divers formes de consultation, encadr&eacute;es par un robuste corpus r&eacute;glementaire lui-m&ecirc;me produit par la communaut&eacute;) et leur mod&egrave;le &eacute;conomique fond&eacute; sur les dons (excluant toute forme de publicit&eacute;). Bien que la qualit&eacute; des contenus de l&rsquo;encyclop&eacute;die libre soit r&eacute;guli&egrave;rement d&eacute;cri&eacute;e, les travaux acad&eacute;miques ont montr&eacute; un taux d&rsquo;erreurs du m&ecirc;me ordre que celui des encyclop&eacute;dies traditionnelles (Casebourne et al., 2012; Giles, 2005). Les normes et r&egrave;gles qui encadrent le travail de la communaut&eacute; des contributeurs ont en effet permis le d&eacute;veloppement d&rsquo;une &laquo;&nbsp;vigilance participative&nbsp;&raquo; (Cardon &amp; Levrel, 2009) faisant de Wikipedia l&rsquo;un des espaces num&eacute;riques les mieux &eacute;quip&eacute;s pour lutter contre les fausses informations (McDowell &amp; Vetter, 2020). Dans ce contexte, la contribution &agrave; Wikip&eacute;dia constitue un levier int&eacute;ressant pour l&rsquo;acquisition de litt&eacute;raties informationnels, notamment chez les jeunes (Dawe &amp; Robinson, 2017).</p> <p class="intellnum---corps-de-texte">Les projets du Mouvement Wikim&eacute;dia, en particulier Wikip&eacute;dia, ont fait l&rsquo;objet d&rsquo;usages notables lors de situations de catastrophes. Par exemple, les articles relatifs &agrave; l&rsquo;accident nucl&eacute;aire de Fukushima Daiichi et aux Printemps Arabes ont &eacute;t&eacute; &eacute;crits en direct par les usagers de l&rsquo;encyclop&eacute;die, &agrave; mesure que les &eacute;v&eacute;nements se d&eacute;roulaient et que de nouvelles informations &eacute;taient publi&eacute;es par la presse (Ferron &amp; Massa, 2011; Moats, 2019). Plus r&eacute;cemment, les m&eacute;dias ont not&eacute; l&rsquo;exhaustivit&eacute; et la qualit&eacute; d&rsquo;une carte de la guerre en Ukraine mise &agrave; jour en temps r&eacute;el par la communaut&eacute; Wikim&eacute;dia (Alexandre et al., 2022). Les r&egrave;gles de Wikip&eacute;dia d&eacute;conseillent clairement la cr&eacute;ation d&rsquo;articles portant sur des &eacute;v&eacute;nements en cours, en raison du manque de sources robustes, des risques de controverses et de surcharge d&rsquo;information (Wikipedia, s.&nbsp;d.). Pourtant, ce sont ces sujets qui attirent syst&eacute;matiquement le plus de contributions (Keegan et al., 2013) et, dans une certaine mesure, le plus de lecteurs (Doutreix 20). Si ces articles tendent effectivement &agrave; &ecirc;tre assez instables et d&eacute;sordonn&eacute;s dans un premier temps, ils se rapprochent ensuite des normes de l&rsquo;encyclop&eacute;die (Ferron &amp; Massa, 2011). La communaut&eacute; de Wikip&eacute;dia semble ainsi avoir accept&eacute; l&rsquo;in&eacute;luctabilit&eacute; de ces articles, pr&eacute;f&eacute;rant se doter d&rsquo;outils sp&eacute;cifiques pour en encadrer le d&eacute;veloppement. Le bandeau &laquo;&nbsp;&Eacute;v&eacute;nement en cours&nbsp;&raquo; est notamment ajout&eacute; sur ces articles, invitant les lecteurs &agrave; la prudence et leur sugg&eacute;rant de participer &agrave; leur am&eacute;lioration.</p> <h2 align="left"><span style="line-height:100%"><font style="font-size:16pt"><font size="4">Cas d&rsquo;&eacute;tude</font></font></span></h2> <p class="intellnum---corps-de-texte">La pand&eacute;mie de Covid-19 qui s&rsquo;est d&eacute;clar&eacute;e d&eacute;but 2020 constitue une situation de crise d&rsquo;une ampleur consid&eacute;rable. Son &eacute;chelle plan&eacute;taire, la rapidit&eacute; de sa propagation, sa longue dur&eacute;e, les mesures drastiques prises pour la juguler font d&rsquo;elle un ph&eacute;nom&egrave;ne sans pr&eacute;c&eacute;dent dans l&rsquo;&eacute;tude des usages du num&eacute;rique. Cette crise a en effet suscit&eacute; une intense activit&eacute; de partage et de mise en d&eacute;bat d&rsquo;informations au sein de la population, en France comme &agrave; l&rsquo;&eacute;tranger. M&eacute;dias de masse et m&eacute;dias sociaux ont tous connu une abondance de chiffres, pr&eacute;sent&eacute;s sous des formes vari&eacute;es de graphiques (Kennedy, 2020), accompagn&eacute;s de commentaires d&rsquo;une diversit&eacute; plus grande encore. L&rsquo;organisation mondiale de la sant&eacute; (OMS) a soulign&eacute; le d&eacute;veloppement d&rsquo;une infod&eacute;mie (infodemic en anglais), qu&rsquo;elle d&eacute;finit comme &laquo;&nbsp;trop d&rsquo;information, incluant des informations fausses ou trompeuses, dans les environnements num&eacute;riques et physiques durant une &eacute;pid&eacute;mie&nbsp;&raquo; (WHO, s.&nbsp;d.).</p> <h3 class="intellnum---titre-2-western">Couverture du Covid-19 sur Wikim&eacute;dia</h3> <p class="intellnum---corps-de-texte">La pand&eacute;mie conna&icirc;t une couverture consid&eacute;rable sur l&rsquo;encyclop&eacute;die libre Wikipedia. Fin 2021, plus de 320 articles en fran&ccedil;ais et plus d&rsquo;un millier en anglais contenaient le terme &laquo;&nbsp;covid&nbsp;&raquo; dans leur titre (Segault, 2022), tandis que le portail &laquo;&nbsp;Portal:COVID-19&nbsp;&raquo;, cr&eacute;&eacute; en mars 2020, rassemble des liens vers plus de 2000 articles. Une telle activit&eacute; &eacute;ditorialle a sans doute b&eacute;n&eacute;fici&eacute; des p&eacute;riodes de confinement, mais r&eacute;sulte aussi de la masse de nouvelles informations &agrave; traiter (Ruprechter et al., 2021). Ainsi, beaucoup d&rsquo;articles d&eacute;taillent la pand&eacute;mie, son impact et sa gestion &agrave; diff&eacute;rentes &eacute;chelles (le monde, un continent, un pays, une r&eacute;gion, parfois m&ecirc;me une ville), tandis que d&rsquo;autres se concentrent sur des sujets sp&eacute;cifiques (les vaccins, l&rsquo;impact sur certaines communaut&eacute;s, les mobilisations en r&eacute;ponse aux actions gouvernementales). Les donn&eacute;es &eacute;pid&eacute;miologiques occupent une place importante dans ces articles, faisant l&rsquo;objet de graphiques et de cartes d&rsquo;une grande vari&eacute;t&eacute; (Segault, 2020b). Le projet &laquo;&nbsp;WikiProject:COVID-19&nbsp;&raquo;, visant &agrave; coordonner le travail des contributeurs autour de la pand&eacute;mie, consacrait une part significative de ses efforts &agrave; la gestion de ces donn&eacute;es, de m&ecirc;me que la &ldquo;COVID-19 task force&rdquo; cr&eacute;&eacute;e au sein du &laquo;&nbsp;WikiProject India&nbsp;&raquo; sp&eacute;cifique &agrave; Wikidata.</p> <p class="intellnum---corps-de-texte">La qualit&eacute; des articles produits a tr&egrave;s t&ocirc;t fait l&rsquo;objet d&rsquo;articles de presse laudatifs&nbsp;: &laquo;&nbsp;How Wikipedia Prevents the Spread of Coronavirus Misinformation&nbsp;&raquo; (Wired, 15/03/2020), &laquo;&nbsp;Why Wikipedia is winning against the coronavirus &lsquo;infodemic&rsquo;&nbsp;&raquo; (The Telegraph, 03/04/2020), &laquo;&nbsp;Why Wikipedia Is Immune to Coronavirus&nbsp;&raquo; (Haaretz, 08/04/2020). Les travaux r&eacute;alis&eacute;s sur plusieurs plateformes de m&eacute;dias sociaux montrent que la diffusion des fausses informations sur la pand&eacute;mie varie selon les caract&eacute;ristiques de ces plateformes et des groupes qui les utilisent (Cinelli et al., 2020). C&rsquo;est sans doute dans l&agrave; qu&rsquo;il faut chercher les clefs du succ&egrave;s de cette couverture collaborative de la pand&eacute;mie. Suivant des r&egrave;gles &eacute;tablies de longue date dans le projet &laquo;&nbsp;WikiProject:Medicine&nbsp;&raquo;, les articles s&rsquo;appuient majoritairement sur des publications scientifiques issues de revues r&eacute;put&eacute;es tout en &eacute;vitant les pr&eacute;publications (Colavizza, 2020), tandis que les autres r&eacute;f&eacute;rences font la part belle aux m&eacute;dias bien &eacute;tablis et aux sources institutionnelles telles que l&rsquo;OMS (Benjakob et al., 2021). Les outils de r&eacute;gulation, tels que l&rsquo;affichage de bandeaux d&rsquo;avertissement (&laquo;&nbsp;Wikip&eacute;dia ne donne pas de conseils m&eacute;dicaux&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;Cet article concerne un &eacute;v&eacute;nement en cours&nbsp;&raquo;) ou la protection de page (qui limite la modification aux seuls utilisateurs enregistr&eacute;s depuis plusieurs jours, voire aux seuls administrateurs) sont fr&eacute;quemment utilis&eacute;s, t&eacute;moignant d&rsquo;une &ldquo;volont&eacute; de ralentir le rythme des modifications dans le but de renforcer la fiabilit&eacute; des articles&rdquo; (Rizza &amp; Bubendorff, 2021). En outre, cette activit&eacute; de la communaut&eacute; s&rsquo;accompagne d&rsquo;actions de communication aupr&egrave;s du grand public, &agrave; l&rsquo;initiative de la Fondation Wikim&eacute;dia mais aussi de contributeurs, pour d&eacute;crire le processus de v&eacute;rification des informations (Segault, 2022).</p> <p class="intellnum---corps-de-texte">Cet article vise &agrave; affiner la description et l&rsquo;analyse de cette couverture participative de la pand&eacute;mie de Covid-19 dans le contexte de l&rsquo;infod&eacute;mie d&eacute;crite par l&rsquo;OMS. L&rsquo;&eacute;tude porte plus sp&eacute;cifiquement sur les documents cartographiques produits au sein de la communaut&eacute; Wikim&eacute;dia pour illustrer l&rsquo;&eacute;tendue et l&rsquo;&eacute;volution de la pand&eacute;mie de Covid-19. Il s&rsquo;agit de mettre en &eacute;vidence les diff&eacute;rents r&eacute;cits de l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement qu&rsquo;elles appuient, tout en examinant les litt&eacute;raties mobilis&eacute;es par leurs auteurs. En particulier, on s&rsquo;interrogera sur la mani&egrave;re dont ces litt&eacute;raties sont distribu&eacute;es et circulent dans la communaut&eacute; Wikim&eacute;dia.</p> <h3 class="intellnum---titre-2-western">Corpus &eacute;tudi&eacute;</h3> <p class="intellnum---corps-de-texte">D&eacute;but mai 2022, au moment de la finalisation de cette &eacute;tude, la cat&eacute;gorie &laquo;&nbsp;Maps about the COVID-19 pandemic&nbsp;&raquo; de Wikim&eacute;dia Commons contenait 2322 fichiers (comptage r&eacute;alis&eacute; &agrave; l&rsquo;aide de l&rsquo;outil PetScan). Certains de ces fichiers ne sont pas des cartes (on compte quelques ic&ocirc;nes et quelques graphiques), d&rsquo;autres ne sont pas des cr&eacute;ations de membres de la communaut&eacute; (on retrouve quelques visuels cr&eacute;&eacute;s par des organisations ti&egrave;rces et diffus&eacute;s sous licence libre sur Wikim&eacute;dia Commons, parfois directement par ces m&ecirc;mes organisations), des doublons existent (une m&ecirc;me carte republi&eacute;e avec des ajustements mineurs des couleurs, du titre ou encore une traduction de la l&eacute;gende). Toutefois, on peut raisonnablement estimer que 1500 &agrave; 2000 cartes originales li&eacute;es &agrave; la pand&eacute;mie de Covid-19 avaient &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute;es et publi&eacute;es au sein de la communaut&eacute; Wikim&eacute;dia &agrave; cette date.</p> <p class="intellnum---corps-de-texte">La quantit&eacute; et la nature des informations disponibles pour chacune de ces cartes est tr&egrave;s variable. Les fichiers d&eacute;pos&eacute;s sur Wikim&eacute;dia Commons disposent d&rsquo;une &laquo;&nbsp;description&nbsp;&raquo; compos&eacute;e de plusieurs champs, certains aux valeurs tr&egrave;s normalis&eacute;es (date, licence), d&rsquo;autres beaucoup plus libres (description, source). Les informations manquantes peuvent parfois &ecirc;tre retrouv&eacute;es sur la page de discussion associ&eacute;e au fichier, mais aussi sur les articles de Wikip&eacute;dia qui utilisent le fichier, ou encore sur les pages de discussions de ces articles. Le d&eacute;p&ocirc;t sur Wikim&eacute;dia Commons ne pouvant &ecirc;tre anonyme (contrairement &agrave; la contribution sur l&rsquo;encyclop&eacute;die Wikip&eacute;dia), on dispose toujours du pseudonyme et de quelques donn&eacute;es syst&eacute;matiquement associ&eacute;es aux comptes utilisateurs (date de cr&eacute;ation, autres contributions). Certains utilisateurs fournissent par ailleurs davantage d&rsquo;informations sur leur page utilisateur, ou sur la page de discussion qui lui est associ&eacute;e (sur laquelle d&rsquo;autres utilisateurs peuvent &eacute;changer avec eux).</p> <p class="intellnum---corps-de-texte">Pour les besoins de cet article, une s&eacute;lection de neuf cartes sont reproduites dans la Figure 1 et document&eacute;es dans la Figure 2. Cette s&eacute;lection, sans pr&eacute;tention de repr&eacute;sentativit&eacute;, constitue toutefois un bon aper&ccedil;u de la diversit&eacute; des cartes &eacute;tudi&eacute;es. Ces neuf cartes seront tr&egrave;s r&eacute;guli&egrave;rement cit&eacute;es dans la suite de l&rsquo;article, pas tant comme exemples anecdotiques que comme sp&eacute;cimens typiques. Ainsi, les caract&eacute;ristiques qui leur sont attribu&eacute;es et les analyses qui en sont faites ne s&rsquo;appliquent pas qu&rsquo;&agrave; elles mais &agrave; des dizaines d&rsquo;autres, pr&eacute;sentant des traits similaires.</p> <p style="text-align: center;"><img src="https://www.numerev.com/img/ck_2557_17_image-20220716232149-1.png" style="width: 600px; height: 772px;" /></p> <p style="text-align: center;"><span style="line-height:100%"><i>Figure 1. Les neuf cartes de la pand&eacute;mie s&eacute;lectionn&eacute;es pour illustrer cet article</i></span></p> <p class="intellnum---corps-de-texte">&nbsp;</p> <p class="intellnum---corps-de-texte" style="text-align: center;"><img src="https://www.numerev.com/img/ck_2557_17_image-20220716232239-2.png" style="width: 600px; height: 821px;" /></p> <p style="text-align: center;"><span style="line-height:100%"><i>Figure 2. Quelques caract&eacute;ristiques des cartes s&eacute;lectionn&eacute;es (* l&rsquo;usager ayant cr&eacute;&eacute; cette carte a &eacute;galement cr&eacute;&eacute;s des cartes similaires pour d&rsquo;autres zones ou d&rsquo;autres indicateurs)</i></span></p> <h2 align="left"><span style="line-height:100%"><font style="font-size:16pt"><font size="4">Observations</font></font></span></h2> <p class="intellnum---corps-de-texte">Les cartes &eacute;tudi&eacute;es sont pour la plupart bas&eacute;es sur quelques indicateurs &eacute;pid&eacute;miologiques assez simples&nbsp;: pr&eacute;sence/absence de cas de Covid-19, nombre de cas, nombre d&rsquo;hospitalisations, nombre de d&eacute;c&egrave;s. Ces indicateurs sont parfois rapport&eacute;s &agrave; la population consid&eacute;r&eacute;e (aboutissant &agrave; des taux d&rsquo;infection, souvent pour 100&nbsp;000 habitant, comme dans la carte 6) et/ou observ&eacute;s sur des fen&ecirc;tres temporelles glissantes (pour obtenir une mesure des nouveaux cas survenus, g&eacute;n&eacute;ralement au cours des 14 derniers jours, comme dans la carte 7). Certains auteurs produisent simultan&eacute;ment plusieurs cartes d&rsquo;une m&ecirc;me zone, pr&eacute;sentant des s&eacute;ries de donn&eacute;es diff&eacute;rentes. Par exemple, l&rsquo;auteur de la carte 4, qui pr&eacute;sente les nombres totaux de cas par &eacute;tat des USA, a &eacute;galement produit une carte pr&eacute;sentant les nombres de cas depuis 14 jours pour 100&nbsp;000 habitants. Les cartes reprennent le plus souvent les donn&eacute;es fournies par une source gouvernementale (minist&egrave;re de la sant&eacute;, agence de sant&eacute;, centre de recherche), bien que certains contributeurs produisent un travail original d&rsquo;agr&eacute;gation de plusieurs sources (presse, gouvernements locaux, etc., comme dans le cas de la carte 2).</p> <h3 class="intellnum---titre-2-western">P&eacute;rim&egrave;tre des cartes</h3> <p class="intellnum---corps-de-texte">Des cartes ont &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute;es pour un grand nombre de zones g&eacute;ographiques, &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle du monde entier, d&rsquo;un continent, d&rsquo;un pays (130 pays ont fait l&rsquo;objet d&rsquo;au moins une carte &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle nationale), d&rsquo;une r&eacute;gion, voire d&rsquo;une ville. Les territoires europ&eacute;ens et am&eacute;ricains sont les plus cartographi&eacute;s, suivis par l&rsquo;Asie (Figure 3). Selon les pays, diff&eacute;rentes granularit&eacute;s spatiales ont pu &ecirc;tre utilis&eacute;es, en fonction des choix &eacute;ditoriaux des auteurs, souvent influenc&eacute; par des consid&eacute;rations pratiques li&eacute;es aux donn&eacute;es disponibles. Ainsi, en France, l&rsquo;auteur de la carte 1 a commenc&eacute; par produire des cartes &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle r&eacute;gionale, &agrave; partir des donn&eacute;es fournies par les Agences R&eacute;gionales de la Sant&eacute; &agrave; l&rsquo;Agence Sant&eacute; Publique France. Cependant, le 27 mars 2020, dans la page de discussion de l&rsquo;article Pand&eacute;mie de Covid-19 France, il explique que cette remont&eacute;e s&rsquo;est interrompue. Apr&egrave;s des &eacute;changes avec d&rsquo;auteurs contributeurs, il se tourne vers les donn&eacute;es d&eacute;partementales de la base de donn&eacute;es SI-VIC, aliment&eacute;e par les &eacute;tablissements hospitaliers. Pour les &eacute;tats f&eacute;d&eacute;raux tels que les &Eacute;tats-Unis d&rsquo;Am&eacute;riques ou l&rsquo;Allemande, des cartes &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle des &eacute;tats et des comt&eacute;s / arrondissements coexistent souvent.</p> <p class="western" style="text-align: center;"><img src="https://www.numerev.com/img/ck_2557_17_image-20220716232324-3.png" style="width: 301px; height: 219px;" /></p> <p style="text-align: center;"><span style="line-height:100%"><i>Figure 3. Nombre de cartes cr&eacute;&eacute;es par continent (sur la base de leur classement dans les cat&eacute;gories filles de &laquo;&nbsp;Maps about the COVID-19 pandemic by continent&nbsp;&raquo;, comptage avec PetScan)</i></span></p> <p class="intellnum---corps-de-texte">Si certaines cartes, particuli&egrave;rement au d&eacute;but de l&rsquo;&eacute;pid&eacute;mie, pr&eacute;sentent l&rsquo;&eacute;tat d&rsquo;une s&eacute;rie de donn&eacute;es &agrave; un moment sp&eacute;cifique (comme la carte 3, qui montre les nombres de cas en France au 7 mars 2020), bon nombre des cartes cr&eacute;&eacute;es plus tard connaissent des mises &agrave; jour successives (plusieurs centaines sur une p&eacute;riode de pr&egrave;s de deux ans pour les cartes les plus d&eacute;velopp&eacute;es, telles que la carte 7). Plut&ocirc;t que de d&eacute;poser un nouveau fichier sur Wikim&eacute;dia Commons, les utilisateurs choisissent plut&ocirc;t de mettre une ligne une nouvelle version du fichier existant (l&rsquo;ancienne reste disponible dans l&rsquo;&laquo;&nbsp;historique du fichier&nbsp;&raquo;). Ainsi, la nouvelle carte conserve la m&ecirc;me adresse URL que l&rsquo;ancienne et la nouvelle version appara&icirc;t automatiquement &agrave; la place de l&rsquo;ancienne partout o&ugrave; celle-ci avait &eacute;t&eacute; int&eacute;gr&eacute;e (notamment dans les articles de l&rsquo;encyclop&eacute;die). La mise &agrave; jour est tr&egrave;s variable selon les cartes&nbsp;: si quelques syst&egrave;mes automatis&eacute;s ou semi-automatis&eacute;s (d&eacute;crits plus loin) permettent un rafra&icirc;chissement r&eacute;gulier pendant une longue p&eacute;riode, la plupart des cartes ne comptent qu&rsquo;un nombre limit&eacute; de versions, avec une fr&eacute;quence irr&eacute;guli&egrave;re, sur une p&eacute;riode courte (17 versions sur un mois pour la carte 1, 23 versions sur trois mois pour la carte 5). Lorsque qu&rsquo;un grand nombre de versions successives existent, des animations sont parfois cr&eacute;&eacute;es, soit par l&rsquo;auteur de la carte initiale (carte 7), soit par un autre (carte 2), pour illustrer la progression de l&rsquo;&eacute;pid&eacute;mie.</p> <p class="intellnum---corps-de-texte">On constate une &eacute;volution de la production des cartes tout au long de l&rsquo;&eacute;pid&eacute;mie. Certains indicateurs tombent en d&eacute;su&eacute;tude (tels que la pr&eacute;sence/absence de cas, utilis&eacute;e dans la carte 2, et qui dispara&icirc;t courant mars 2020 lorsque l&rsquo;&eacute;pid&eacute;mie prend son ampleur mondiale) tandis que d&rsquo;autres font leur apparition (notamment les donn&eacute;es relatives aux diff&eacute;rents variants du virus, comme dans la carte 9). De la m&ecirc;me mani&egrave;re, l&rsquo;agr&eacute;gation de donn&eacute;es issues de la presse ou de sources multiples se rar&eacute;fie au profit des flux de donn&eacute;es issus d&rsquo;institutions gouvernementales ou universitaires (parmi lesquels le Coronavirus Research Center de l&rsquo;Universit&eacute; Johns Hopkins prend progressivement une place pr&eacute;pond&eacute;rante). Quelques cartes connaissent un changement de leur source de donn&eacute;es ou de l&rsquo;indicateur qu&rsquo;elles repr&eacute;sentent au fil des mises &agrave; jour (la carte 8 montre m&ecirc;me une &eacute;volution de ces deux &eacute;l&eacute;ments). La cr&eacute;ation de nouvelle cartes, effr&eacute;n&eacute;e dans la premi&egrave;re moiti&eacute; de l&rsquo;ann&eacute;e 2020, ralentit ensuite rapidement pour ne conna&icirc;tre qu&rsquo;une l&eacute;g&egrave;re relance en avril 2021 (Figure 4). Parmi les cartes r&eacute;guli&egrave;rement mises &agrave; jour, la fr&eacute;quence de rafra&icirc;chissement tend &agrave; d&eacute;cro&icirc;tre avec le temps, et beaucoup cessent d&rsquo;&ecirc;tre maintenues courant 2020 ou d&eacute;but 2021 (avec des pics d&rsquo;interruption en mars et mai 2021). En mai 2022, tr&egrave;s peu de cartes sont encore actualis&eacute;es fr&eacute;quemment.</p> <p class="intellnum---corps-de-texte" style="text-align: center;"><img src="https://www.numerev.com/img/ck_2557_17_image-20220716232401-4.png" style="width: 600px; height: 200px;" /></p> <p style="text-align: center;"><span style="line-height:100%"><i>Figure 4. Nombres de cartes cr&eacute;&eacute;es et connaissant leur derni&egrave;re mise chaque mois (parmi les cartes de la cat&eacute;gorie &laquo;&nbsp;Maps about the COVID-19 pandemic&nbsp;&raquo;)</i></span></p> <h3 class="intellnum---titre-2-western">Profils de contributeurs</h3> <p class="intellnum---corps-de-texte">Les 2322 cartes de la cat&eacute;gorie &laquo;&nbsp;Maps about the COVID-19 pandemic&nbsp;&raquo; ont &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute;es par un total de 525 utilisateurs, soit une moyenne de 4,4 cartes par utilisateurs. Cette moyenne cache une distribution en &laquo;&nbsp;longue tra&icirc;ne&nbsp;&raquo;, assez typique des dynamiques de participation en ligne. Ainsi, plus de la moiti&eacute; des utilisateurs (272) n&rsquo;ont cr&eacute;&eacute; qu&rsquo;une seule carte, tandis que seulement 44 d&rsquo;entre eux en ont cr&eacute;&eacute; plus de 10 et 6 plus de 50, le maximum (149 cartes) &eacute;tant atteint par le cr&eacute;ateur de la carte 4. Plusieurs des utilisateurs les plus prolifiques pr&eacute;sentent sur leur page utilisateur une liste ou une galerie des cartes qu&rsquo;ils ont produites (la cr&eacute;ateur de la carte 5 proposait m&ecirc;me un tableau r&eacute;capitulatif, rassemblant les liens vers les cartes des diff&eacute;rents indicateurs qu&rsquo;il a cartographi&eacute; pour chaque &eacute;tat/territoire indien). On constate souvent une focalisation des contributions sur un pays et ses r&eacute;gions, &eacute;ventuellement ses pays voisins, tandis que les utilisateurs produisant des cartes de pays tr&egrave;s distants les uns des autres sont beaucoup plus rares. Lorsqu&rsquo;un contributeur publie plusieurs cartes pr&eacute;sentant des m&eacute;triques diff&eacute;rentes pour un m&ecirc;me territoire, des liens sont parfois ajout&eacute;s dans le champ &laquo;&nbsp;Other versions&nbsp;&raquo; de la description des cartes (Figure 5).</p> <p class="intellnum---corps-de-texte" style="text-align: center;"><img src="https://www.numerev.com/img/ck_2557_17_image-20220716232432-5.png" style="width: 601px; height: 278px;" /></p> <p style="text-align: center;"><span style="line-height:100%"><i>Figure 5. Une partie des m&eacute;tadonn&eacute;es affich&eacute;es dans la description de la carte 7</i></span></p> <p class="intellnum---corps-de-texte">Les utilisateurs impliqu&eacute;s dans la cr&eacute;ation de cartes ont des trajectoires de contribution ant&eacute;rieure vari&eacute;es&nbsp;: certains sont membres de Wikim&eacute;dia Commons depuis ses d&eacute;buts, endossant des r&ocirc;les fonctionnels dans la communaut&eacute; ou participant &agrave; des concours photographiques r&eacute;currents, tandis d&rsquo;autres ont rejoint la plateforme bien plus r&eacute;cemment. On constate un pic d&rsquo;usagers inscrit en 2020, ce qui pourrait indiquer que des utilisateurs ont rejoint la plateforme sp&eacute;cifiquement dans le but de contribuer &agrave; la couverture de la pand&eacute;mie de Covid. Parmi ces nouveaux comptes, quelque-uns ont toutefois &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute;s par des utilisateurs inscrits de longue date, afin de s&eacute;parer leurs activit&eacute;s li&eacute;es aux cartes de la pand&eacute;mie (c&rsquo;est le cas du cr&eacute;ateur de la carte 4 et de plusieurs autres concepteurs des scripts et bots d&eacute;crits plus loin). Les donn&eacute;es ne montrent pas de corr&eacute;lation particuli&egrave;re entre l&rsquo;anciennet&eacute; des utilisateurs et le nombre de cartes de la crise Covid-19 qu&rsquo;ils publient. Parmi les dix contributeurs les plus prolifiques du corpus &eacute;tudi&eacute;, la moiti&eacute; avaient d&eacute;j&agrave; contribu&eacute; avant le d&eacute;but de la pand&eacute;mie, tandis que l&rsquo;autre a commenc&eacute; son activit&eacute; de publication dans la cadre de la pand&eacute;mie.</p> <p class="intellnum---corps-de-texte" style="text-align: center;"><img src="https://www.numerev.com/img/ck_2557_17_image-20220716232503-6.png" style="width: 599px; height: 200px;" /></p> <p style="text-align: center;"><span style="line-height:100%"><i>Figure 6. Nombre d&rsquo;utilisateurs (parmi les auteurs des cartes &eacute;tudi&eacute;es) par ann&eacute;e d&rsquo;inscription, et nombre moyens de cartes cr&eacute;&eacute;s par ces utilisateurs</i></span></p> <p class="intellnum---corps-de-texte">Au-del&agrave; de la seule cr&eacute;ation de cartes, il est int&eacute;ressant d&rsquo;observer les contributions ult&eacute;rieures, notamment sous la forme de mise &agrave; jour de cartes existantes (bien que beaucoup de contributions concernent &eacute;galement des ajouts ou des corrections dans les m&eacute;tadonn&eacute;es, en particulier les descriptions). Si de nombreuses cartes ne sont mises &agrave; jour que par un seul utilisateur tout au long de leur p&eacute;riode d&rsquo;activit&eacute;, m&ecirc;me lorsque celle-ci est longue (comme la carte 7 pendant ses 21 mois d&rsquo;existence), d&rsquo;autres sont le produit d&rsquo;un travail plus collectif. Plusieurs cartes montrent un &laquo;&nbsp;passage de relai&nbsp;&raquo; entre deux utilisateurs qui en assurent successivement la mise &agrave; jour (par exemple, la carte 6 est reprise par un autre utilisateur apr&egrave;s avoir &eacute;t&eacute; abandonn&eacute;e par son cr&eacute;ateur). De mani&egrave;re plus subtile, certains auteurs mentionnent, dans la description de leurs cartes, des liens vers d&rsquo;autres cartes ou d&rsquo;autres utilisateurs les ayant inspir&eacute;s. Les cartes r&eacute;ellement coll&eacute;giales, r&eacute;guli&egrave;rement mises &agrave; jour par plusieurs utilisateurs (r&eacute;current ou ponctuels) sans pr&eacute;&eacute;minence d&rsquo;un utilisateur en particulier, sont en revanche assez rare. Dans le cas de la carte 8, il semble que la couverture mondiale ait contribu&eacute; &agrave; rassembler un grand nombre d&rsquo;utilisateurs (832 versions de la carte produites par 55 utilisateurs diff&eacute;rents, trois d&rsquo;entre eux ayant d&eacute;pass&eacute; les 100 contributions), parmi lesquels on retrouve des cr&eacute;ateurs d&rsquo;autres cartes du corpus.</p> <h3 class="intellnum---titre-2-western">Outils et comp&eacute;tences</h3> <p class="intellnum---corps-de-texte">Bien que la pr&eacute;cision des informations fournies par les contributeurs quant aux modalit&eacute;s de production des cartes soit limit&eacute;e, une grande vari&eacute;t&eacute; d&rsquo;outils peuvent &ecirc;tre identifi&eacute;s. Beaucoup de cartes sont cr&eacute;&eacute;es &agrave; l&rsquo;aide d&rsquo;un &eacute;diteur d&rsquo;image vectoriel (souvent le logiciel libre Inkscape, parfois Adobe Illustrator), utilis&eacute; pour modifier la couleur d&rsquo;un fond de carte pr&eacute;existant. Ces fonds de cartes, le plus souvent issus de Wikim&eacute;dia Commons, sont g&eacute;n&eacute;ralement indiqu&eacute;s dans le champ &ldquo;Source&rdquo; de la description (Figure 5). Plus rarement, des outils de cartographie sont employ&eacute;s, tels que le logiciel libre QGIS ou les plateformes en ligne carto.com (carte 1) et mapshaper.org. Plusieurs contributeurs indiquent utiliser l&rsquo;outil en ligne ColorBrewer pour d&eacute;finir l&rsquo;&eacute;chelle de couleurs de leurs cartes.</p> <p class="intellnum---corps-de-texte">Parmi les contributeurs les plus actifs, plusieurs ont d&eacute;velopp&eacute; des programmes (dans les langages Python, R, ou encore Javascript) permettant de plus ou moins automatiser la mise &agrave; jour des cartes. Leur fonctionnement est globalement le m&ecirc;me&nbsp;: &agrave; partir d&rsquo;un fichier de donn&eacute;es &eacute;pid&eacute;miologiques (un tableau associant une valeur &agrave; une r&eacute;gion), l&rsquo;outil calcule les couleurs &agrave; appliquer et modifie les zones correspondantes sur le fond de carte (une image vectorielle, g&eacute;n&eacute;ralement au format SVG), qu&rsquo;il ne reste plus qu&rsquo;&agrave; mettre en ligne manuellement. Parfois, le programme int&egrave;gre &eacute;galement la collecte et la mise en forme des donn&eacute;es depuis les sites ou les APIs gouvernementale. L&rsquo;auteur de la carte 6 indique dans la description de ses cartes un d&eacute;p&ocirc;t GitHub sur lequel trouver son script (g&eacute;rant plus de 30 cartes au moment de sa publication). Ainsi, d&rsquo;autres contributeurs ont pu le r&eacute;utiliser pour cr&eacute;er d&rsquo;autres cartes (et l&rsquo;on peut supposer que cela a aussi facilit&eacute; la t&acirc;che aux utilisateurs ayant repris la mise &agrave; jour de la carte 6 apr&egrave;s son &laquo;&nbsp;passage de relai&nbsp;&raquo;). Le programme assurant la mise &agrave; jour de la carte 7 est plus complexe&nbsp;: &agrave; heure fixe, le syst&egrave;me collecte les donn&eacute;es actualis&eacute;es (vraisemblablement &agrave; travers des APIs fournies par les institutions gouvernementales), g&eacute;n&egrave;re la nouvelle carte et la met automatiquement en ligne sur Commons (ce qui en fait un &laquo;&nbsp;bot&nbsp;&raquo;, un robot, dont la connexion &agrave; la plateforme a &eacute;t&eacute; soumise &agrave; autorisation). Le code de ce programme (comme beaucoup d&rsquo;autres) n&rsquo;a en revanche pas &eacute;t&eacute; diffus&eacute; par son auteur.</p> <p class="intellnum---corps-de-texte">Dans les discussions ou sur leurs pages personnelles, plusieurs auteurs des cartes de la pand&eacute;mie revendiquent ou font preuve d&rsquo;une app&eacute;tence notable pour ce domaine. Les pages personnelles des auteurs initiaux des cartes 6 et 8 affichent clairement leur int&eacute;r&ecirc;t pour la cr&eacute;ation de cartes&nbsp;: &laquo;&nbsp;I focus on making maps&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;I mainly contribute via Wikimedia Commons, where I create political and demographic maps&nbsp;&raquo;. Leurs historiques de contribution respectifs confirment la part pr&eacute;pond&eacute;rante des cartes dans leur usage de la plateforme. Dans les discussions de la page &laquo;&nbsp;Pand&eacute;mie de Covid-19 en France&nbsp;&raquo;, l&rsquo;auteur de la carte 1 s&rsquo;engage dans des explications pr&eacute;cises sur le bon usage des &laquo;&nbsp;cartes choropl&egrave;thes&nbsp;&raquo;. Toutefois, aucun des contributeurs les plus prolifiques n&rsquo;indique explicitement avoir une formation ou une activit&eacute; professionnelle en lien avec la cartographie ou l&rsquo;&eacute;pid&eacute;miologie.</p> <h3 class="intellnum---titre-2-western">&Eacute;changes autour des cartes</h3> <p class="intellnum---corps-de-texte">Beaucoup des pages de discussion des cartes et de leurs auteurs comportent des sollicitations d&rsquo;autres utilisateurs, demandant des mises &agrave; jour de cartes existantes ou la cr&eacute;ation de nouvelles cartes (pour d&rsquo;autres zones g&eacute;ographiques ou d&rsquo;autres indicateurs), en fournissant souvent une source appuyant leur propos. L&rsquo;attitude des auteurs vis-&agrave;-vis de ces requ&ecirc;tes est variable&nbsp;: certains y r&eacute;pondent rapidement et s&rsquo;efforcent d&rsquo;en tenir compte (tels que le cr&eacute;ateur de la carte 5, qui cr&eacute;e plusieurs nouvelles cartes &agrave; la suite de telles demandes), tandis que d&rsquo;autres sont moins diligents (ne r&eacute;pondant pas, ou de mani&egrave;re &eacute;vasive, ou en invoquant leur manque de temps). Certains utilisateurs demandent des explications sur les sources des donn&eacute;es (souvent parce qu&rsquo;ils ont trouv&eacute; une autre source divergente) ou les outils utilis&eacute;s (pour cr&eacute;er eux-m&ecirc;mes des cartes). Ces questions obtiennent g&eacute;n&eacute;ralement des r&eacute;ponses pr&eacute;cises (l&rsquo;adresse des sources, le nom des programmes) mais peu d&eacute;taill&eacute;es (la raison de ces choix, la d&eacute;marche d&eacute;taill&eacute;e).</p> <p class="intellnum---corps-de-texte">Dans le cas des cartes collectives (comme la carte 8), la page de discussion est &eacute;galement un lieu de coordination, dans lequel les contributeurs &eacute;changent des informations sur l&rsquo;&eacute;volution de la carte, de sa l&eacute;gende, etc. En mai 2020, des &eacute;changes ont &eacute;t&eacute; entrepris au sein des pages de discussions du WikiProject:COVID-19 pour standardiser les l&eacute;gendes (nombre de niveaux, teintes selon le type d&rsquo;indicateurs pr&eacute;sent&eacute;s, organisation de la l&eacute;gende) des cartes relatives &agrave; la pand&eacute;mie. Une douzaine d&rsquo;auteurs de cartes (dont plusieurs personnalit&eacute;s pr&eacute;&eacute;minentes du corpus) ont &eacute;t&eacute; sollicit&eacute;s pour participer &agrave; ces discussions. Le consensus atteint est limit&eacute; (seulement sur le nombre de niveaux et leurs valeurs, mais pas sur les couleurs ni sur le format de la l&eacute;gende) et, si certains auteurs expliquent avoir chang&eacute; leurs cartes suite &agrave; ces discussions, beaucoup regrettent le manque d&rsquo;impact de ces discussions.</p> <p class="intellnum---corps-de-texte">Certaines discussions tournent parfois au d&eacute;bat, voire &agrave; la dispute. Par exemple, sur la page de discussion de la carte 8, deux utilisateurs se querellent pour savoir s&rsquo;il faut poursuivre la mise &agrave; jour manuelle de cette carte ou s&rsquo;appuyer sur la plateforme en ligne Our World in Data. Au-del&agrave; de ces consid&eacute;rations pratiques, plusieurs d&eacute;bats portent sur des sujets bien plus politiques. Ainsi, l&rsquo;auteur de la carte 7 refuse de r&eacute;aliser une carte de la Hongrie par crainte des graves sanctions (jusqu&rsquo;&agrave; cinq ans de prison) pr&eacute;vues par cet &Eacute;tat pour la diffusion de fausses informations sur la pand&eacute;mie. Les fronti&egrave;res sont &eacute;galement des sujets sensibles&nbsp;: plusieurs auteurs sont attaqu&eacute;s pour avoir inclus Ta&iuml;wan dans les cartes de la Chine, l&rsquo;int&eacute;gration de la Crim&eacute;e dans les cartes de la Russie et de l&rsquo;Ukraine fait d&eacute;bat, des discussions abordent &eacute;galement des territoires disput&eacute;s aux fronti&egrave;res de l&rsquo;Inde. Dans les cartes mondiales, l&rsquo;utilisation d&rsquo;une m&ecirc;me couleur pour tous les territoires d&rsquo;un &Eacute;tat, y compris les outre-mer, est souvent critiqu&eacute;e&nbsp;: &laquo;&nbsp;La Guyane Fran&ccedil;aise n&rsquo;a pas plus de 100&nbsp;000 cas de coronavirus. Veuillez modifier la carte&nbsp;&raquo;.</p> <h2 align="left"><span style="line-height:100%"><font style="font-size:16pt"><font size="4">Discussions</font></font></span></h2> <p class="intellnum---corps-de-texte">La description des documents de la cat&eacute;gorie &laquo;&nbsp;Maps about the COVID-19 pandemic&nbsp;&raquo; montre la grande vari&eacute;t&eacute; des cartes cr&eacute;&eacute;es et, &agrave; travers elles, la diversit&eacute; des r&eacute;cits qui ont pu &ecirc;tre tiss&eacute;s autour d&rsquo;une m&ecirc;me situation de crise. Certains auteurs se concentrent sur l&rsquo;&eacute;pid&eacute;miologie d&rsquo;un pays voire d&rsquo;un d&eacute;partement, tandis que d&rsquo;autres pr&eacute;f&egrave;rent montrer la dimension mondiale de la pand&eacute;mie. Certains pr&eacute;sentent la situation &agrave; un instant donn&eacute;, alors que d&rsquo;autres cherchent &agrave; d&eacute;peindre l&rsquo;&eacute;volution de la pand&eacute;mie au fil des mois. Certains cartographient les d&eacute;c&egrave;s et d&rsquo;autres les r&eacute;tablissements, certains montrent la dynamique des derniers jours et d&rsquo;autres les effets cumul&eacute;s, certains traquent les nouveaux variants, certains exposent leur vision de la g&eacute;opolitique d&rsquo;une r&eacute;gion &hellip; &Agrave; chaque carte son r&eacute;cit, situ&eacute;, souvent unique sur l&rsquo;ensemble du corpus, au point que certains usagers multiplient les cartes, en changeant les param&egrave;tres, pour tenter d&rsquo;exprimer au mieux la complexit&eacute; de la situation. M&ecirc;me lorsque des dizaines de contributeurs se rassemblent autour d&rsquo;une seule carte, les choix n&eacute;cessaires &agrave; sa r&eacute;alisation n&rsquo;aboutissent qu&rsquo;&agrave; une repr&eacute;sentation aussi singuli&egrave;re que les autres. L&rsquo;ensemble de ces cartes, loin d&rsquo;offrir une vision claire et compl&egrave;te de la crise, ne compose qu&rsquo;&laquo;&nbsp;une mosa&iuml;que de points de vue locaux&nbsp;&raquo; (Segault, 2020a) difficilement r&eacute;conciliables.</p> <p class="intellnum---corps-de-texte">Cette multitude des repr&eacute;sentations pouvant &ecirc;tre d&eacute;velopp&eacute;e se traduit &eacute;galement dans les nombreuses sollicitations d&rsquo;usagers pas ou peu engag&eacute;s dans la cr&eacute;ation de cartes. Certains souhaiteraient acqu&eacute;rir les outils et les comp&eacute;tences n&eacute;cessaires pour cr&eacute;er leurs propres cartes, tandis que d&rsquo;autres demandent que l&rsquo;on cr&eacute;e de nouvelles cartes (ou que l&rsquo;on modifie les cartes existantes) correspondant au r&eacute;cit qu&rsquo;ils souhaitent explorer. Cette demande ne semble qu&rsquo;imparfaitement satisfaite par les m&eacute;canismes de partage des savoirs qui se d&eacute;ploient dans la communaut&eacute;. Si certains cr&eacute;ateurs partagent des conseils, des m&eacute;thodes, voire des scripts d&rsquo;un grand raffinement, leur mise en &oelig;uvre reste complexe, n&eacute;cessitant du temps et des comp&eacute;tences non n&eacute;gligeables. Il en r&eacute;sulte une certaine concentration de l&rsquo;activit&eacute; de cartographie&nbsp;: on ne compte que 525 cr&eacute;ateurs de cartes, et les 25 plus actifs d&rsquo;entre eux ont cr&eacute;&eacute; pr&egrave;s de la moiti&eacute; des cartes. La comparaison avec l&rsquo;activit&eacute; sur l&rsquo;encyclop&eacute;die Wikip&eacute;dia (3419 auteurs distincts pour l&rsquo;article anglophone &laquo;&nbsp;COVID-19 pandemic&nbsp;&raquo;, 1589 pour le francophone &laquo;&nbsp;Pand&eacute;mie de Covid-19&nbsp;&raquo;) montre bien les limites de la participation &agrave; cette cartographie de la crise.</p> <p class="intellnum---corps-de-texte">Le recours &agrave; des outils tiers, qui ne sont ni fournis par les projets Wikim&eacute;dia, ni int&eacute;gr&eacute;s dans leur &eacute;cosyst&egrave;me constitue &eacute;videmment un premier frein, car il faut acqu&eacute;rir ces outils (pas tous gratuits), en d&eacute;couvrir le maniement et d&eacute;poser le r&eacute;sultat sur la m&eacute;diath&egrave;que. Mais ce travail hors Wiki s&rsquo;accompagne d&rsquo;une seconde difficult&eacute;, li&eacute;e &agrave; la disparition des traces de l&rsquo;activit&eacute; de cr&eacute;ation. Tandis le code Wiki qui correspond &agrave; un article de l&rsquo;encyclop&eacute;die Wikip&eacute;dia est visible par tous, permettant des formes d&rsquo;apprentissage et d&rsquo;essaimage par imitation, la m&eacute;diath&egrave;que Wikim&eacute;dia ne contient (sauf dans les cas o&ugrave; les scripts sont partag&eacute;s) que le r&eacute;sultat d&rsquo;un processus r&eacute;alis&eacute; ailleurs, dont les d&eacute;tails ne peuvent &ecirc;tre connus qu&rsquo;en interrogeant le cr&eacute;ateur. &Agrave; l&rsquo;inverse, le syst&egrave;me d&rsquo;histogrammes int&eacute;gr&eacute; &agrave; l&rsquo;encyclop&eacute;die, g&eacute;n&eacute;r&eacute; par un code sp&eacute;cifique int&eacute;gr&eacute; dans l&rsquo;article, avait fait l&rsquo;objet d&rsquo;un usage assez large dans les articles consacr&eacute;s &agrave; la pand&eacute;mie (Segault, 2020b). &Agrave; d&eacute;faut d&rsquo;une int&eacute;gration d&rsquo;outils de cartographie dans l&rsquo;&eacute;cosyst&egrave;me Wikim&eacute;dia (sans doute difficilement faisable), le partage syst&eacute;matique des fichiers sources et des r&eacute;glages ayant abouti &agrave; la cr&eacute;ation des cartes semble le meilleur moyen de favoriser le d&eacute;veloppement et la diffusion des litt&eacute;raties mobilis&eacute;es.</p> <h2 align="left"><span style="line-height:100%"><font style="font-size:16pt"><font size="4">Conclusions</font></font></span></h2> <p class="intellnum---corps-de-texte">Cet article explorait la cartographie participative qui s&rsquo;est d&eacute;velopp&eacute;e sur la m&eacute;diath&egrave;que libre Wikim&eacute;dia Commons dans le cadre de la pand&eacute;mie de Covid-19. L&rsquo;analyse des cartes produites a montr&eacute; la grande diversit&eacute; des mises en r&eacute;cit r&eacute;sultantes mais aussi de leurs modalit&eacute;s de production. Leurs auteurs mobilisent une large gamme de comp&eacute;tences, allant de la compr&eacute;hension des indicateurs &eacute;pid&eacute;miologique &agrave; l&rsquo;usage d&rsquo;outils de cartographie avanc&eacute;s, auxquelles s&rsquo;ajoutent parfois des efforts d&rsquo;automatisation ou des prises de position politique. Leur implication dans cette activit&eacute; requiert ainsi le d&eacute;veloppement d&rsquo;une litt&eacute;ratie des donn&eacute;es dans son sens large, d&eacute;passant les seules litt&eacute;raties statistiques ou informatiques. Toutefois, en d&eacute;pit du fort int&eacute;r&ecirc;t suscit&eacute; par ces cartes dans la communaut&eacute;, il semble que la circulation des comp&eacute;tences n&eacute;cessaires &agrave; leur cr&eacute;ation reste limit&eacute;e. Au del&agrave; de la seule technicit&eacute; de ces comp&eacute;tences, la faible int&eacute;gration des traces de l&rsquo;activit&eacute; de production des cartes dans l&rsquo;&eacute;cosyst&egrave;me Wiki pourrait affecter leur reproductibilit&eacute; et donc&nbsp;l&rsquo;essaimage des comp&eacute;tences.</p> <p class="intellnum---corps-de-texte">On constate n&eacute;anmoins que la pand&eacute;mie a suscit&eacute; des vocations, attirant de nombreux nouveaux contributeurs &agrave; Wikim&eacute;dia Commons qui se sont investis avec succ&egrave;s dans la cr&eacute;ation de cartes. Si le profil de ces usagers reste difficile &agrave; cerner sur la seule base des donn&eacute;es exploit&eacute;es pour cette &eacute;tude, il est &eacute;vident qu&rsquo;ils ont su d&eacute;velopper les litt&eacute;raties n&eacute;cessaires. Afin de mieux comprendre comment, un travail d&rsquo;enqu&ecirc;te centr&eacute; sur les trajectoires de ces nouveaux contributeurs constituerait une perspective int&eacute;ressante. Cela permettrait de d&eacute;terminer si les &eacute;changes qui se d&eacute;roulent au sein du Mouvement Wikip&eacute;dia assurent une circulation des comp&eacute;tences suffisante pour accueillir de nouveaux contributeurs, ou si ceux-ci restent tributaires d&rsquo;un bagage intellectuel acquis ailleurs.</p> <h2 align="left"><span style="line-height:100%"><font style="font-size:16pt"><font size="4">R&eacute;f&eacute;rences</font></font></span></h2> <p class="intellnum---corps-de-texte">Ait Ouarab-Bouaouli, S. (2008). Pour une &eacute;quit&eacute; dans l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;information en cas de catastrophes. Communication, 26(2), 174‑193.</p> <p class="intellnum---corps-de-texte">Alexandre, V., Casaleggio, F., &amp; de&nbsp;Livonni&egrave;re, S. (2022, mars 11). 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