<p class="LCNRsum" style="text-align:justify; margin-left:38px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Comment une litt&eacute;ratie num&eacute;rique des discours publicitaires s&rsquo;est-elle constitu&eacute;e depuis plus de 25 ans&nbsp;? Nous postulons qu&rsquo;elle a pu se d&eacute;velopper gr&acirc;ce au substrat d&rsquo;une litt&eacute;ratie publicitaire pr&eacute;existante b&acirc;ties sur les formes, formats et logiques en &eacute;volution et p&eacute;rennisation depuis bient&ocirc;t deux si&egrave;cles en France.</span></span></p> <p class="LCNRsum" style="text-align:justify; margin-left:38px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Nous proposerons d&rsquo;abord une d&eacute;finition de la litt&eacute;ratie publicitaire, con&ccedil;ue comme &laquo;&nbsp;autodidacte&nbsp;&raquo; et populaire, d&eacute;velopp&eacute;e par une fr&eacute;quentation quotidienne de la publicit&eacute; et nourrie par les discours m&eacute;diatiques qui permettent une forme de contr&ocirc;le et/ou de distanciation des codes publicitaires quel que soit le support m&eacute;diatique. Nous explorerons le d&eacute;veloppement de discours critiques communs qui ont forg&eacute; la capacit&eacute; du public &agrave; rep&eacute;rer les publicit&eacute;s, &agrave; les prendre comme telles et &agrave; s&rsquo;en distancier sans forc&eacute;ment la rejeter. Apr&egrave;s une courte histoire des formes et formats num&eacute;riques de la publicit&eacute;, nous analyserons plus particuli&egrave;rement les questions que posent, en termes de litt&eacute;ratie, les interventions des marques sur les r&eacute;seaux sociaux, l&rsquo;intervention des algorithmes dans les choix publicitaires, le retour de formes probl&eacute;matiques comme la r&eacute;clame et le matraquage publicitaire. Enfin, nous poserons la question du r&ocirc;le des <i>dark patterns</i> dans l&rsquo;&eacute;volution contemporaine de la litt&eacute;ratie num&eacute;rique de la publicit&eacute;</span></span></p> <p class="LCNInter1" style="margin-top:24px; margin-bottom:16px"><span style="font-size:11pt"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-weight:bold">1. Exploration de la publicit&eacute; sur le web&nbsp;: une litt&eacute;ratie&nbsp;?</span></span></span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Les plateformes marchandes, les m&eacute;dias en ligne, les moteurs de recherche, les r&eacute;seaux socio-num&eacute;riques, pour ne citer que quelques exemples, sont fortement fr&eacute;quent&eacute;s, usit&eacute;s, comment&eacute;s, lou&eacute;s mais aussi critiqu&eacute;s car ils donnent une place cons&eacute;quente &agrave; la publicit&eacute; sous toutes ses formes. Cette omnipr&eacute;sence des discours publicitaires est si forte que l&rsquo;on peut se demander s&rsquo;il est possible de concevoir une litt&eacute;ratie des discours num&eacute;riques qui ne les prenne pas en compte. Tout comme il est peu envisageable de penser la litt&eacute;ratie de certains m&eacute;dias sans celle des diff&eacute;rentes formes publicitaires qui en font partie int&eacute;grante (Patrin-Lecl&egrave;re, 2000). Cette interconnexion est &agrave; l&rsquo;origine de commentaires qui vilipendent la colonisation du web par &laquo;&nbsp;la publicit&eacute;&nbsp;&raquo;.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Les r&eacute;ponses aux requ&ecirc;tes associant, sur Google, les termes &laquo;&nbsp;publicit&eacute;&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;pub&nbsp;&raquo; &agrave; &laquo;&nbsp;internet&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;web&nbsp;&raquo; donnent un premier panorama. Sans pr&eacute;tendre &agrave; une quelconque repr&eacute;sentativit&eacute;, ce type d&rsquo;exploration liminaire permet cependant d&rsquo;esquisser une id&eacute;e suffisamment nourrie des discours circulant et des acteurs qui y participent<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Garamond&quot;,serif">[1]</span></span></span></span></a>. On obtient ainsi une sorte d&rsquo;instantan&eacute; du discours commun autour de &laquo;&nbsp;publicit&eacute; et num&eacute;rique&nbsp;&raquo; au d&eacute;but de l&rsquo;&eacute;t&eacute; 2022.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">La pr&eacute;sentation des r&eacute;ponses Google reprend globalement la structure g&eacute;n&eacute;rale actuelle d&rsquo;une premi&egrave;re page de r&eacute;ponse. Elle comporte ainsi, dans sa partie droite, des &eacute;l&eacute;ments renvoyant, sous le terme de &laquo;&nbsp;publicit&eacute; en ligne&nbsp;&raquo;, &agrave; Wikip&eacute;dia. Cependant, les r&eacute;ponses, classiquement pr&eacute;sent&eacute;es sous forme de liste &agrave; gauche de l&rsquo;&eacute;cran, ne commencent pas par la fr&eacute;quente proposition d&rsquo;une s&eacute;lection d&rsquo;images, de vid&eacute;os ou d&rsquo;extraits m&eacute;diatiques mis &laquo;&nbsp;&agrave; la une&nbsp;&raquo;. Les r&eacute;sultats sont un m&eacute;lange qui r&eacute;unit&nbsp;: </span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">1/des propositions de d&eacute;finition, &eacute;manant, la plupart du temps, de sites produits par des professionnels de la publicit&eacute; et du marketing et destin&eacute;s &agrave; d&rsquo;autres professionnels ou des &eacute;tudiants dans le domaine. La vis&eacute;e est publicitaire car il s&rsquo;agit de faire conna&icirc;tre une offre de prestation ou didactique dans des contributions qui donnent des conseils pour r&eacute;ussir une publicit&eacute; sur internet,</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">2/ des liens vers des sites d&rsquo;associations de consommateurs ou antipublicitaires qui d&eacute;noncent l&rsquo;hyperpr&eacute;sence num&eacute;rique de la publicit&eacute; et indiquent comment et/ou pourquoi les bloquer,</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">3/ des sites m&eacute;diatiques (France Info, TF1), qui, d&rsquo;une part, affirment le fait que les enfants sont les cibles privil&eacute;gi&eacute;es de la publicit&eacute; en ligne et que, d&rsquo;autre part, il y a un &laquo;&nbsp;ras-le-bol&nbsp;&raquo; des Fran&ccedil;ais face &agrave; &laquo;&nbsp;l&rsquo;invasion de la pub sur Internet&nbsp;&raquo;.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Du c&ocirc;t&eacute; des recherches, alors que la critique de la marchandisation des activit&eacute;s des internautes se d&eacute;ploie depuis plus de 20 ans, notamment dans le champ des sciences de l&rsquo;information et de la communication, le d&eacute;veloppement de r&eacute;flexions autour d&rsquo;une litt&eacute;ratie des formes num&eacute;riques de la publicit&eacute; est beaucoup moins prolixe. Nous participons cependant &agrave; leur d&eacute;veloppement par l&rsquo;animation, depuis 2018, avec Eneus Trindade, d&rsquo;un groupe de chercheurs internationaux en sciences dont les travaux ont une quadruple vis&eacute;e&nbsp;:</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">- au niveau micro, il s&rsquo;agit de r&eacute;pertorier et analyser les formes contemporaines de la litt&eacute;ratie num&eacute;rique li&eacute;e &agrave; la publicit&eacute; et aux marques,</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">- au niveau m&eacute;so, l&rsquo;interrogation portent sur les logiques marchandes et communicationnelles produites, institu&eacute;es et instituantes pour la production d&rsquo;autres formes,</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">- au niveau macro, l&rsquo;enjeu est de comprendre comment ces formes et logiques participent des ph&eacute;nom&egrave;nes &eacute;conomiques, sociologiques et communicationnels contemporains,</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">- enfin, d&rsquo;un point de vue m&eacute;ta, nous interrogeons ce que ces formes nous disent de la litt&eacute;ratie num&eacute;rique, de la litt&eacute;ratie publicitaire, num&eacute;rique ou non, et du d&eacute;veloppement d&rsquo;une culture li&eacute;e &agrave; la publicit&eacute;.</span></span></p> <p class="LCNInter1" style="margin-top:24px; margin-bottom:16px"><span style="font-size:11pt"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-weight:bold"><a name="_Toc473629908">2. &nbsp;Quelle litt&eacute;ratie pour la publicit&eacute;&nbsp;?</a></span></span></span></span></p> <p class="LCNInter2" style="text-align:justify; margin-top:24px; margin-bottom:16px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-weight:bold"><span style="font-style:italic">2.1. Litt&eacute;ratie d&eacute;fensive contre une publicit&eacute; manipulatrice</span></span></span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Notre approche de la litt&eacute;ratie publicitaire ne se place pas sous l&rsquo;&eacute;gide de l&rsquo;&eacute;ducation aux m&eacute;dias. Nous allons donc &agrave; l&rsquo;encontre du point de vue dominant initi&eacute; par des institutions telles que l&rsquo;UNESCO ou, en France, le CLEMI (Centre pour l&#39;&eacute;ducation aux m&eacute;dias et &agrave; l&#39;information). L&#39;&eacute;ducation &agrave; l&#39;information et aux m&eacute;dias, impact&eacute;e par les innovations technologiques et les &eacute;volutions de format constantes, est en expansion continue&nbsp;; elle inclut d&eacute;sormais, comme le conseille l&rsquo;UNESCO &quot;l&#39;&eacute;ducation aux r&eacute;seaux sociaux&quot;. Elle englobe des &quot;litt&eacute;raties sociales&quot; connexes, &agrave; savoir les litt&eacute;raties scientifique, politique, familiale et culturelle parmi lesquelles s&rsquo;inscrit l&rsquo;&eacute;ducation &agrave; la publicit&eacute;. </span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Il en r&eacute;sulte une forme de litt&eacute;ratie publicitaire que nous qualifierons de &laquo;&nbsp;d&eacute;fensive&nbsp;&raquo; dont la mission essentielle est de donner &agrave; un public, essentiellement d&#39;enfants et d&#39;adolescents, les moyens de se d&eacute;fendre contre l&#39;influence, suppos&eacute;e n&eacute;faste, de la publicit&eacute;. Cette litt&eacute;ratie d&eacute;fensive, li&eacute;e &agrave; la &quot;lutte contre la d&eacute;sinformation et la m&eacute;sinformation&quot;, s&#39;appuie, sur une tradition de recherche qui consid&egrave;re que la publicit&eacute; est un puissant moyen de manipulation psychologique et comportementale au service du capitalisme. Pour prot&eacute;ger les publics de la manipulation publicitaire, il faut &agrave; la fois combler un <span style="color:black">d&eacute;ficit pr&eacute;suppos&eacute; de reconnaissance et d&eacute;velopper des comp&eacute;tences d&rsquo;auto-d&eacute;fense.</span></span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Ce point de vue sur la publicit&eacute; et sa litt&eacute;ratie r&eacute;sultent d&rsquo;une tradition th&eacute;orique d&#39;analyse critique qui pr&ecirc;te &agrave; la communication marchande de puissantes capacit&eacute;s d&rsquo;action sur des foules d&eacute;finies comme un rassemblement de r&eacute;cepteurs passifs, inactifs et m&eacute;caniquement r&eacute;actifs &agrave; des messages destin&eacute;s &agrave; produire de faux besoins. (Adorno, T., Horkheimer, M. 1997, Habermas, J. 1989, Marcuse, H. 1964, 2006, Galbraith, J.K. 1962). La conception d&rsquo;une publicit&eacute; manipulatrice et cr&eacute;atrice de faux besoins se d&eacute;veloppent particuli&egrave;rement &agrave; partir des ann&eacute;es 1940. Ainsi, Tchakhotine affirme que les techniques de persuasion publicitaire produiraient un conditionnement psychologique provoqu&eacute; par la r&eacute;p&eacute;tition et la scansion des slogans. Les travaux de l&#39;&eacute;cole de Francfort attribuent &eacute;galement &agrave; la publicit&eacute; une influence m&eacute;canique et psychologique, cr&eacute;atrice de faux besoins, permettant aux entreprises d&#39;absorber leurs exc&eacute;dents de production. Elle emp&ecirc;cherait, en m&ecirc;me temps, sur le plan &eacute;conomique, l&rsquo;exercice de la concurrence car son co&ucirc;t financier fermerait le march&eacute; aux petits acteurs.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Dans cette perspective, la publicit&eacute; est absolument n&eacute;cessaire au d&eacute;veloppement de la culture et de la consommation de masse. En synergie avec les m&eacute;dias, elle manipulerait les consommateurs pour qu&#39;ils adoptent les normes de la culture de masse. Cette approche th&eacute;orique est proche du point de vue de l&rsquo;UNESCO et justifie la n&eacute;cessit&eacute; d&#39;&eacute;duquer d&egrave;s le plus jeune &acirc;ge &agrave; la reconnaissance et &agrave; la compr&eacute;hension des enjeux des messages publicitaires pour assurer une r&eacute;sistance &agrave; la manipulation.</span></span></p> <p class="LCNInter2" style="text-align:justify; margin-top:24px; margin-bottom:16px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-weight:bold"><span style="font-style:italic">2.2 Vers une autre litt&eacute;ratie des m&eacute;dias de masse et de la publicit&eacute;</span></span></span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Ce type d&rsquo;approche ne prend pas en consid&eacute;ration l&rsquo;activit&eacute; critique commune que d&eacute;veloppent les r&eacute;cepteurs comme le montrent les analyses de r&eacute;ception<span style="background:white"><span style="color:#4d5156">.</span></span> Sans nier les aspects manipulateurs de la publicit&eacute;, ces recherches permettent de postuler que les r&eacute;cepteurs la traitent vraisemblablement comme les autres productions m&eacute;diatiques de masse qu&rsquo;ils rencontrent et que leur activit&eacute; critique sera d&#39;autant plus forte que les messages sont ouvertement manipulateurs. </span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Les recherches sur &quot; les usages et la gratification &quot; postulent, &agrave; la fin des ann&eacute;es 1980, une activit&eacute; de d&eacute;codage des r&eacute;cepteurs des communications de masse (Katz et Liebes, 1990)&nbsp;; elles soulignent m&eacute;connaissance de ce processus et l&#39;absence &quot;d&#39;une th&eacute;orie ad&eacute;quate de la nature de la participation des t&eacute;l&eacute;spectateurs&quot;. Une variation du sens nait de la r&eacute;ception qui n&#39;est pas &quot;une exp&eacute;rience individuelle, mais quelque chose qui se fait -avant, pendant ou apr&egrave;s- avec les autres&quot;. Les r&eacute;cepteurs produisent ainsi un m&eacute;tadiscours, une r&eacute;ception critique du programme au-del&agrave; du r&eacute;cit qu&rsquo;il propose. Ils sont capables de faire la distinction entre les &eacute;nonc&eacute;s critiques syntaxiques qui &quot;se r&eacute;f&egrave;rent aux &quot;th&egrave;mes&quot; et aux &quot;messages&quot; qui figurent dans l&#39;histoire&quot; et les &eacute;nonc&eacute;s critiques pragmatiques qui expriment &quot;la conscience du spectateur de son exp&eacute;rience ou de sa &quot;position&quot; par rapport au programme, et/ou une conscience des fonctions et des effets du programme sur les autres.&quot; Le d&eacute;codage d&#39;un message manipulateur est, de plus, &quot;hautement impliquant&quot; et les r&eacute;cepteurs se r&eacute;v&egrave;lent particuli&egrave;rement dou&eacute;s pour cela. Katz et Liebes soulignent, &agrave; cet &eacute;gard, que &quot;les capacit&eacute;s des t&eacute;l&eacute;spectateurs sont s&eacute;rieusement sous-estim&eacute;es par les producteurs, les critiques et les universitaires&quot;. Nous postulons ici qu&rsquo;il en est de m&ecirc;me pour la publicit&eacute; ce qui permet de penser une autre litt&eacute;ratie publicitaire.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">En effet, si les r&eacute;cepteurs sont capables d&rsquo;exercer une activit&eacute; critique spontan&eacute;e sur les communications de masse, ils doivent l&rsquo;&ecirc;tre d&rsquo;autant plus pour des messages aussi manipulateurs que ceux de la publicit&eacute;. Il en d&eacute;coule donc que le sens des messages publicitaires n&rsquo;est ni pr&eacute;d&eacute;termin&eacute; ni fixe, car il r&eacute;sulte de l&rsquo;interpr&eacute;tation qui varie d&#39;une sph&egrave;re culturelle &agrave; l&rsquo;autre. On retrouve l&agrave; un postulat est proche de celui des r&eacute;flexions s&eacute;miotiques qui &eacute;tablissent la polys&eacute;mie de tout message et donc celle du message m&eacute;diatique et publicitaire. Les contextes dans lesquels les messages sont &eacute;mis et re&ccedil;us construisent ainsi des probabilit&eacute;s de signification. Il en r&eacute;sulte que si le message publicitaire n&#39;est pas &quot;inject&eacute;&quot; au r&eacute;cepteur il n&rsquo;est pas, non plus, enti&egrave;rement soumis aux interpr&eacute;tations individuelles&nbsp;; sa signification r&eacute;sulte d&#39;une n&eacute;gociation permanente des signes, de la culture et de la litt&eacute;ratie m&eacute;diatique &eacute;tendue &agrave; la publicit&eacute;. Ce processus de coproduction du sens n&eacute; de la rencontre entre le message et le contexte culturel, social et personnel de chaque r&eacute;cepteur est particuli&egrave;rement d&eacute;velopp&eacute; par Eco (1972). La r&eacute;ception du message publicitaire, comme celle de tout message, est le produit d&#39;une s&eacute;miose, dont une partie peut &ecirc;tre anticip&eacute;e, notamment par l&#39;utilisation de formes largement partag&eacute;es, comme les st&eacute;r&eacute;otypes.</span></span></p> <p class="LCNInter2" style="text-align:justify; margin-top:24px; margin-bottom:16px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-weight:bold"><span style="font-style:italic">2.3. Litt&eacute;ratie publicitaire : connaissance et ma&icirc;trise des codes</span></span></span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Nous pouvons d&eacute;sormais partir du principe que la publicit&eacute;, consubstantielle aux m&eacute;dias de masse dans sa conception et ses circulations, est trait&eacute;e de fa&ccedil;on critique par les r&eacute;cepteurs, d&rsquo;autant que sa vis&eacute;e manipulatrice est g&eacute;n&eacute;ralement franche (Barthes, 1964). Les travaux de Hoggart (1957) vont maintenant nous permettre de poser les bases d&#39;une autre d&eacute;finition de la litt&eacute;ratie publicitaire.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Dans les approches des <i>cultural studies</i> (Jensen, K.B., Rosengren, K.E. 1990), les communications de masse sont li&eacute;es &agrave; des pratiques sociales et culturelles qui combinent l&rsquo;action individuelle de production de sens au r&ocirc;le qu&rsquo;elle joue dans la vie sociale. La culture se trouve ainsi d&eacute;finie comme un processus de production de sens et non comme un ensemble d&#39;&oelig;uvres de r&eacute;f&eacute;rence. Ainsi entendue, la litt&eacute;ratie selon Hoggart se diff&eacute;rencie de la litt&eacute;ratie comme &quot; lettrure &quot;, li&eacute;e &agrave; la litt&eacute;rature, la lecture et l&#39;&eacute;criture (Goody, 1968). La culture populaire, dont les productions m&eacute;diatiques de masse font partie, se d&eacute;veloppe<i> via</i> des sch&eacute;mas d&#39;interpr&eacute;tation alternatifs d&eacute;velopp&eacute;s par certains publics, comme le montre Hoggart dans <i>The Uses of Literacy</i>. Il s&rsquo;agit maintenant de savoir si cette litt&eacute;ratie peut s&rsquo;appliquer aux productions publicitaires qui sont, avec leurs sp&eacute;cificit&eacute;s, des productions m&eacute;diatiques de masse, pour penser une litt&eacute;ratie publicitaire. </span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">La litt&eacute;ratie se d&eacute;finit ainsi comme la ma&icirc;trise socialement valorisante de codes et de comp&eacute;tences acquises par l&#39;exp&eacute;rience plus que par l&#39;&eacute;ducation. Pour Hoggart, comme le souligne Jeanneret (2008, 2014), la litt&eacute;ratie d&eacute;signe la capacit&eacute; &agrave; reconna&icirc;tre et identifier des documents et leurs statuts avec une attention oblique. Ce dernier point est d&rsquo;autant plus important que la publicit&eacute; ne b&eacute;n&eacute;ficie, en g&eacute;n&eacute;ral, d&rsquo;une attention r&eacute;tive. La litt&eacute;ratie est la mise en &oelig;uvre d&#39;un ajustement &agrave; la fois pratique et critique&nbsp;; elle donne la capacit&eacute; d&#39;avoir une vision &eacute;valuative et de d&eacute;velopper un point de vue. </span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Dans son analyse de la litt&eacute;ratie &agrave; partir des travaux d&rsquo;Hoggart, Jeanneret rappelle qu&rsquo;en partant des questions culturelles propres &agrave; la classe ouvri&egrave;re, cette approche propose une analyse des pouvoirs culturels qui ne postule pas le primat des contenus ou des croyances et met en avant l&rsquo;importance des postures d&#39;adh&eacute;sion des publics. Les acteurs des industries culturelles fondent leurs productions sur ces derni&egrave;res et cherchent &agrave; capter cette forme d&#39;exp&eacute;rience vers leurs objets et leurs logiques. Bien que Hoggart s&#39;inqui&egrave;te de la mont&eacute;e d&#39;une &quot;culture sans visage&quot;, le ph&eacute;nom&egrave;ne n&rsquo;engendre pas pour autant la disparition de la culture populaire. Il reconna&icirc;t, en effet, la libert&eacute; des r&eacute;cepteurs et formule ce que Jeanneret appelle une &laquo;&nbsp;s&eacute;miotique de la d&eacute;fiance&nbsp;&raquo;, permise par cette attention oblique qui instaure, sans pour autant mettre fin &agrave; l&rsquo;adh&eacute;sion, une distance dans laquelle r&eacute;side la qualit&eacute; du savoir-faire populaire.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Reprenant et continuant la perspective de Hoggart, Jeanneret (2014) introduit alors la publicit&eacute; et le d&eacute;veloppement, en France &agrave; partir des ann&eacute;es 80, d&rsquo;une s&eacute;miotique publicitaire reposant &eacute;galement sur la pr&eacute;supposition d&rsquo;un public actif. La r&eacute;ception est repens&eacute;e comme un regard &eacute;valuatif sur la qualit&eacute; de la production <span style="color:black">m&eacute;diatique. </span>Le public de la publicit&eacute; est, dans cette perspective, porteur d&#39;attentes et donc accessible &agrave; une sollicitation, une provocation, une complicit&eacute; collective. Les messages publicitaires peuvent &ecirc;tre d&eacute;cal&eacute;s ou aberrants, ou encore mettre en sc&egrave;ne des adh&eacute;sions et des rejets du public. La r&eacute;action et l&#39;activit&eacute; interpr&eacute;tative des publics sont ainsi recherch&eacute;es, voire provoqu&eacute;es. L&#39;ajustement pratique et critique vis-&agrave;-vis de la publicit&eacute; est exploit&eacute; et il nourrit ainsi en retour la culture m&eacute;diatique. </span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="color:black">Partant de cette conception ouverte de la &quot; r&eacute;ception &quot;, la litt&eacute;ratie m&eacute;diatique et publicitaire peut &ecirc;tre con&ccedil;ue comme une acquisition progressive de connaissances et de ma&icirc;trise des codes, reposant sur une vision critique et distanci&eacute;e plut&ocirc;t que comme une m&eacute;thode d&#39;autod&eacute;fense. Nous d&eacute;finissons donc la litt&eacute;ratie publicitaire comme la capacit&eacute; des publics &agrave; produire et mettre en &oelig;uvre, sur la publicit&eacute; en g&eacute;n&eacute;ral, des connaissances, des comp&eacute;tences de lecture, d&#39;interpr&eacute;tation, de critique et de commentaire. </span></span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="color:black">Il s&#39;agit maintenant d&#39;explorer comment les publics de la publicit&eacute;, depuis plusieurs si&egrave;cles en France, d&eacute;veloppent et mettent en &oelig;uvre une culture du domaine. </span></span></span></p> <p class="LCNInter1" style="margin-top:24px; margin-bottom:16px"><span style="font-size:11pt"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-weight:bold">3. Formation de la litt&eacute;ratie publicitaire</span></span></span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Afin d&#39;aborder les formes contemporaines et plus particuli&egrave;rement num&eacute;riques de litt&eacute;ratie publicitaire, il est n&eacute;cessaire de retracer ses d&eacute;veloppements au fil des transformations des formes publicitaires et de leurs discours d&rsquo;accompagnement, positifs autant que n&eacute;gatifs. Nous proposons une enqu&ecirc;te r&eacute;trospective, une sorte arch&eacute;ologie, de la litt&eacute;ratie publicitaire permettant de comprendre les formats, num&eacute;riques ou non, de la publicit&eacute; contemporaine, et la fa&ccedil;on dont les publics ont acquis et forg&eacute; des capacit&eacute;s d&#39;analyses et de distanciation. En effet, au-del&agrave; du d&eacute;veloppement et de la stabilisation de grands types publicitaires reconnus par les publics, un examen des formes de r&eacute;actions et de critiques du discours publicitaire est essentiel pour bien comprendre la litt&eacute;ratie publicitaire contemporaine en France, ses r&eacute;ceptions obliques et d&eacute;fiantes. </span></span></p> <p class="LCNInter2" style="text-align:justify; margin-top:24px; margin-bottom:16px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-weight:bold"><span style="font-style:italic">3.1. Litt&eacute;ratie par fr&eacute;quentation des formes traditionnelles de la publicit&eacute; </span></span></span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Nous explorerons, dans un premier temps, les formes d&rsquo;une litt&eacute;ratie publicitaire pr&eacute;-num&eacute;rique car la litt&eacute;ratie publicitaire contemporaine est profond&eacute;ment li&eacute;e aux transformations historiques des formes et formats publicitaires et aux d&eacute;veloppements de discours critiques qui ont forg&eacute; la capacit&eacute; du public &agrave; rep&eacute;rer les publicit&eacute;s, &agrave; les prendre comme telles et &agrave; s&rsquo;en distancier.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Les m&eacute;dias traditionnels de la publicit&eacute; ont, au cours d&rsquo;un temps d&eacute;j&agrave; long, cr&eacute;&eacute; et stabilis&eacute; des formats qui contraignent les discours publicitaires tout en les rendant, souvent instantan&eacute;ment, reconnaissables. Certains &eacute;l&eacute;ments sont attendus, d&#39;autres sont obligatoires, ce qui transforme certains formats en st&eacute;r&eacute;otypes, au sens de formes fixes qui programment leur lecture et fa&ccedil;onnent les messages &quot; selon les imp&eacute;ratifs d&#39;un mod&egrave;le pr&eacute;fabriqu&eacute; &quot; (Amossy, 1991).</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">L&#39;affiche est l&#39;un des plus anciens supports publicitaires et elle est encore d&#39;importance aujourd&#39;hui en France, pour diverses raisons historiques. L&rsquo;affiche publicitaire commence vraiment &agrave; se d&eacute;velopper au cours de la premi&egrave;re moiti&eacute; du XIXe si&egrave;cle, p&eacute;riode o&ugrave; r&egrave;gne de l&#39;affiche du libraire mettant en valeur les romans susceptibles de plaire &agrave; un large public (Martin, 2012). Elle est alors principalement, sinon uniquement, compos&eacute;e de texte, avec quelques variantes typographiques. A partir de 1840, les affiches connaissent une transformation et un d&eacute;veloppement importants gr&acirc;ce &agrave; la technique de reproduction par lithographie qui permet la reproduction &agrave; plus grande &eacute;chelle et l&#39;utilisation d&#39;images, en couleur &agrave; partir des ann&eacute;es 1850. L&#39;affiche publicitaire illustr&eacute;e commence son &acirc;ge d&#39;or, elle est tr&egrave;s omnipr&eacute;sente dans le paysage urbain et jusque dans les petits villages. A Paris, l&#39;affiche gagne une place qui est toujours exceptionnelle &agrave; la faveur des travaux de transformation urbaine d&#39;Haussmann qui transforment assez longuement la ville en une palissade g&eacute;ante tr&egrave;s propice &agrave; l&#39;affichage publicitaire. De plus, un mobilier urbain est cr&eacute;&eacute; pour l&#39;affichage de spectacles, et les quais du m&eacute;tro sont con&ccedil;us avec des espaces d&eacute;di&eacute;s &agrave; la publicit&eacute;.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">L&rsquo;affiche fait donc partie tr&egrave;s t&ocirc;t du paysage quotidien et elle offre des spectacles de qualit&eacute; gr&acirc;ce aux artistes qu&rsquo;elle attire ( Lautrec, Mucha, Bonnard) et aux grands illustrateurs publicitaires qu&rsquo;elle g&eacute;n&egrave;re (Loupot, Cassandre, Carlu, Colin, etc.). Leurs styles sont reconnaissables, connus et appr&eacute;ci&eacute;s du public.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Apr&egrave;s la Seconde Guerre mondiale, l&#39;affichage publicitaire doit s&#39;adapter &agrave; l&#39;av&egrave;nement des banlieues et des voitures particuli&egrave;res. Les emplacements sont plac&eacute;s le long des routes principales, et les affiches deviennent g&eacute;antes pour &ecirc;tre visibles depuis un v&eacute;hicule. Dans le m&ecirc;me temps et pour la m&ecirc;me raison, les dessins deviennent plus simples et la photographie entame son ascension avec une intense recherche de sophistication, surtout dans les ann&eacute;es 1980, comme en t&eacute;moignent les productions publicitaires de l&#39;artiste fran&ccedil;ais Jean-Paul Goude.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Au-del&agrave; de la stabilisation des diff&eacute;rentes formes d&#39;affiches publicitaires, en termes de tailles, de formats et d&#39;organisations de l&rsquo;espace, une culture publicitaire &eacute;merge et des connaisseurs d&eacute;veloppent une appr&eacute;ciation esth&eacute;tique des affiches cr&eacute;&eacute;es par des artistes reconnus. Le mouvement de collectionneurs dit &quot;affichomanie&quot;, dans les ann&eacute;es 1880, enti&egrave;rement consacr&eacute; aux affiches publicitaires, en est une manifestation qui t&eacute;moigne d&#39;une reconnaissance artistique de l&#39;affiche publicitaire ainsi introduite dans le patrimoine fran&ccedil;ais.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">1836 est la date officielle de l&rsquo;introduction de la publicit&eacute; dans les colonnes et le mod&egrave;le &eacute;conomique de la presse par l&rsquo;action d&rsquo;Emile de Girardin. Rapidement, des formats canoniques se mettent en place et certains donnent lieu &agrave; des d&eacute;rives qui d&eacute;clenchent des r&eacute;flexions &eacute;thiques et des r&eacute;gulations tant par la profession que par la l&eacute;gislation. Ainsi, en l&rsquo;espace d&rsquo;un si&egrave;cle, les formats de la publicit&eacute; de presse ont &eacute;merg&eacute;, se sont transform&eacute;s puis stabilis&eacute;s.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Par la suite, au cin&eacute;ma, &agrave; la radio comme &agrave; la t&eacute;l&eacute;vision, d&rsquo;autres formats filmiques, chant&eacute;s, avec des dictions sp&eacute;cifiques &agrave; la publicit&eacute; se mettront en place, tout au long du 20<sup>&egrave;me</sup> si&egrave;cle. Leur reconnaissance sera petit &agrave; petit facilit&eacute;e par leur encadrement impos&eacute;s par de petits g&eacute;n&eacute;riques d&eacute;di&eacute;s annon&ccedil;ant le d&eacute;but et la fin des messages publicitaires, les fameux &laquo;&nbsp;jingle pub&nbsp;&raquo; (Berthelot-Guiet, 2015).</span></span></p> <p class="LCNInter2" style="text-align:justify; margin-top:24px; margin-bottom:16px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-weight:bold"><span style="font-style:italic">3.2. Litt&eacute;ratie, antipublicit&eacute; et m&eacute;dias </span></span></span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">En France, la publicit&eacute; est, de fait, une activit&eacute; tr&egrave;s r&eacute;glement&eacute;e qui fait &eacute;galement l&rsquo;objet d&rsquo;un jugement social ancien, g&eacute;n&eacute;ralement d&eacute;favorable et largement r&eacute;pandu dans les diff&eacute;rentes cat&eacute;gories sociales. En r&eacute;sum&eacute;, le sentiment antipublicitaire n&rsquo;est pas l&rsquo;apanage d&rsquo;une &eacute;lite intellectuelle et parisienne. D&egrave;s 1920, les publicitaires eux-m&ecirc;mes soulignaient le discr&eacute;dit populaire dont souffraient d&eacute;j&agrave; leur profession et leurs productions. Ils reliaient cette &quot; r&eacute;sistance &quot; de la population dans son ensemble &agrave; un suppos&eacute; &quot; esprit fran&ccedil;ais &quot; fait &quot; d&#39;ind&eacute;pendance de caract&egrave;re et de refus de se laisser imposer des jugements tout faits&quot; (Martin, 2012).</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Cet esprit trouve, d&egrave;s 1836, son origine dans les cercles intellectuels, politiques et industriels&nbsp;: les uns tiennent des propos m&eacute;fiants et parfois violents &agrave; l&rsquo;encontre de la publicit&eacute;, soup&ccedil;onn&eacute;e de manipulation, quand les autres sont convaincus qu&rsquo;un bon produit se suffit &agrave; lui-m&ecirc;me et doutent de l&rsquo;utilit&eacute; de la d&eacute;pense (Sacriste, 2009). Ces critiques furent port&eacute;es hors de leur cercle initial, de 1850 jusqu&rsquo;aux ann&eacute;es 1950, par trois groupes professionnels particuli&egrave;rement hostiles &agrave; la publicit&eacute;&nbsp;, pr&eacute;sents sur tout le territoire et tr&egrave;s proches des populations&nbsp;: les &eacute;piciers et petits commer&ccedil;ants, les colporteurs et autres repr&eacute;sentants de commerce, les m&eacute;decins de famille et les pharmaciens (Martin, 2012). Les premiers voyaient dans la publicit&eacute; le bras arm&eacute; des producteurs et industriels cherchant &agrave; les transformer en simples d&eacute;positaires de produits de marque, r&eacute;duisant &agrave; la fois leurs profits et leur r&ocirc;le social&nbsp;; les deuxi&egrave;mes ne souhaitaient pas devenir de simples relais publicitaires, tandis que les troisi&egrave;mes, prescripteurs et fabricants de sp&eacute;cialit&eacute;s pharmaceutiques, redoutaient la mise en danger de leurs patients par de nombreuses publicit&eacute;s pour des produits aux b&eacute;n&eacute;fices douteux, voire dangereux.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Alors que les ann&eacute;es 1950 voient la fin de la r&eacute;sistance &agrave; la publicit&eacute; de ces professions, la rel&egrave;ve de l&rsquo;antipublicit&eacute; est assur&eacute;e par la mont&eacute;e en puissance des associations de d&eacute;fense, terme r&eacute;v&eacute;lateur, des consommateurs. La publicit&eacute;, attaqu&eacute;e en justice, est per&ccedil;ue et pr&eacute;sent&eacute;e comme mensong&egrave;re, manipulatrice et de cr&eacute;atrice de faux besoins, elle entrave la libre concurrence et pr&eacute;empte l&#39;information du consommateur. (Parasie, 2010). Ces associations d&eacute;veloppent &laquo;&nbsp;un syst&egrave;me de jugement permettant aux militants de faire le tri entre les messages publicitaires dans l&#39;int&eacute;r&ecirc;t du consommateur&nbsp;&raquo; et le font conna&icirc;tre notamment <i>via</i> le magazine <i>50 millions de consommateurs</i>, qui, de 1973 &agrave; 1983, publiait chaque mois, sur sa quatri&egrave;me de couverture, le d&eacute;cryptage &agrave; charge d&#39;une publicit&eacute;.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Apr&egrave;s une courte pause, durant laquelle la publicit&eacute; semble devenir un spectacle de masse relativement appr&eacute;ci&eacute; (1985-1995), la France renoue avec cette tradition antipublicitaire dans la foul&eacute;e d&rsquo;un mouvement international critiquant &agrave; la fois la publicit&eacute; et les marques. La publicit&eacute; est accus&eacute;e d&#39;envahir les espaces public et priv&eacute;, de s&#39;&eacute;tendre &agrave; des domaines qui devraient en &ecirc;tre prot&eacute;g&eacute;s (politique, humanitaire), de manipuler les esprits, cr&eacute;er de faux besoins et limiter le libre arbitre. Elle est commun&eacute;ment compar&eacute;e &agrave; une drogue, une source de pollution, un d&eacute;chet. Ces id&eacute;es sont souvent reprises par le syst&egrave;me m&eacute;diatique, qui y trouve un moyen d&#39;informer tout en critiquant la consommation et surtout les marques qui contribuent grandement &agrave; son financement par leurs achats d&rsquo;espace publicitaire. La d&eacute;nonciation m&eacute;diatique de la publicit&eacute; s&rsquo;&eacute;tend d&egrave;s lors bien au-del&agrave; du discours des associations de d&eacute;fense des consommateurs (Herpin, 2001) (Berthelot-Guiet, 2015).</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Ainsi, depuis le d&eacute;but du 21<sup>&egrave;me</sup> si&egrave;cle, la critique de la publicit&eacute; et des marques dans les m&eacute;dias d&rsquo;information fran&ccedil;ais est en progression constante depuis la parution et le succ&egrave;s d&rsquo;ouvrages tels que le roman fran&ccedil;ais <i>99 francs</i> de l&rsquo;ex-publicitaire Fr&eacute;d&eacute;ric Beigbeder et l&#39;essai <i>No logo&nbsp;: La tyrannie des marques</i> de la journaliste canadienne Naomi Klein. Toutes ces parutions connaissent en g&eacute;n&eacute;ral un large relais m&eacute;diatique tout comme, en 2009, le film d&rsquo;animation fran&ccedil;ais <i>Logorama</i> qui re&ccedil;oit, de plus, de nombreuses distinctions (Cannes, Oscar, C&eacute;sar). Au-del&agrave; de la reconnaissance du succ&egrave;s, cela permet aux m&eacute;dias de d&eacute;velopper un discours critique envers les marques sur lesquelles repose leur mod&egrave;le &eacute;conomique. La pr&eacute;sence des discours critiques &agrave; l&rsquo;encontre de la consommation et de la publicit&eacute; fait d&eacute;sormais partie du quotidien m&eacute;diatique, en ligne comme hors-ligne. L&#39;industrie de la publicit&eacute;, partie prenante du syst&egrave;me, en prend acte et s&rsquo;ing&eacute;nie alors &agrave; proposer une red&eacute;finition, parfois h&acirc;tive, des contours de la publicit&eacute; classique d&eacute;sormais pr&eacute;sent&eacute;e comme un mode de communication probl&eacute;matique.</span></span></p> <p class="LCNInter1" style="margin-top:24px; margin-bottom:16px"><span style="font-size:11pt"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-weight:bold">4. Vers une litt&eacute;ratie num&eacute;rique de la publicit&eacute;</span></span></span></span></p> <p class="LCNInter2" style="text-align:justify; margin-top:24px; margin-bottom:16px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-weight:bold"><span style="font-style:italic">4.1. Litt&eacute;ratie num&eacute;rique&nbsp;: 25 ans de fr&eacute;quentation des formats publicitaires sur le web </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px">&nbsp;</p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">La publicit&eacute; sur le web est apparue depuis 25 ans, il est donc possible, et m&ecirc;me n&eacute;cessaire pour penser une litt&eacute;ratie num&eacute;rique publicitaire, de revenir sur les formes et formats qui sont apparues et ont &eacute;volu&eacute; durant ce quart de si&egrave;cle (Berthelot-Guiet, 2015, 2020).</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Les d&eacute;buts &laquo;&nbsp;officiels&nbsp;&raquo; de la publicit&eacute; sur Internet remontent &agrave; 1994, date de la diffusion de la premi&egrave;re banni&egrave;re sur un site am&eacute;ricain&nbsp;; c&rsquo;est une publicit&eacute; int&eacute;gr&eacute;e dans une page web et destin&eacute;e &agrave; produire du trafic vers le site de l&#39;annonceur. Ce type de publicit&eacute;, relais de croissance d&rsquo;importance pour les agences de communication, s&rsquo;est tr&egrave;s vite d&eacute;velopp&eacute;. D&egrave;s 1995, le site Yahoo ! comportait des publicit&eacute;s. En 1996, la premi&egrave;re banni&egrave;re publicitaire est lanc&eacute;e en France. En 1998, alors que Hewlett Packard propose la premi&egrave;re publicit&eacute; interactive, des syst&egrave;mes de suivi de &quot;l&#39;efficacit&eacute; publicitaire&quot;, commence &agrave; &ecirc;tre propos&eacute;s. En 2000, arrivent les formats &quot;pop up&quot;, &quot;flash&quot; et &quot;rich media&quot; ainsi que la premi&egrave;re publicit&eacute; sur t&eacute;l&eacute;phone portable.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">D&egrave;s 1996, l&#39;Interactive Advertising Bureau, cr&eacute;&eacute; aux &Eacute;tats-Unis, propose au fur et &agrave; mesure de leur apparition, une d&eacute;finition et une normalisation des formats (Banni&egrave;res, Boutons, <i>Leaderboards, Billboards, Square, Skyscraper, Pop Up</i>, etc.). Le travail est d&rsquo;envergure autant qu&rsquo;incessant tant les formats &eacute;voluent rapidement au fil opportunit&eacute;s ouvertes par les nouveaux syst&egrave;mes informatiques. D&egrave;s 2000, gr&acirc;ce &agrave; un accord avec Yahoo !, Google devient le leader du march&eacute; de la publicit&eacute; en ligne. En 2008, les banni&egrave;res et les liens sponsoris&eacute;s sont les formats les plus courants, alors que de nouvelles possibilit&eacute;s apparaissent&nbsp;: blogs, jeux en ligne, sites comme Second Life, sites communautaires et t&eacute;l&eacute;phones portables.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Durant cette premi&egrave;re p&eacute;riode de 15 ans, une litt&eacute;ratie de la publicit&eacute; num&eacute;rique s&rsquo;est mise en place malgr&eacute; ou &agrave; cause des lancements continus de diff&eacute;rents formats. Elle est reconnue et trait&eacute;e par les professionnels sous le nom de &laquo;&nbsp;c&eacute;cit&eacute; aux banni&egrave;res&nbsp;&raquo; (Benway, Lane, 1998). Dans le m&ecirc;me temps, &eacute;merge la possibilit&eacute; de bloquer, gr&acirc;ce &agrave; des logiciels souvent gratuits, la publicit&eacute; num&eacute;rique. Non seulement la &laquo;&nbsp;pub en ligne&nbsp;&raquo; est connue et reconnue, une litt&eacute;ratie s&rsquo;est donc instaur&eacute;e et elle est accompagn&eacute; d&rsquo;un jugement de valeur n&eacute;gatif qui qualifie lesdites publicit&eacute;s de trop nombreuses, g&ecirc;nantes ou intrusives. </span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Tout en continuant de faire &eacute;voluer les formats en ligne, notamment pour d&eacute;jouer les logiciels de blocage, les professionnels du domaine cherchent les moyens de contourner cette litt&eacute;ratie critique dont ils ont conscience, sans la nommer ainsi. C&#39;est en partie pourquoi, &agrave; partir de 2006 en France, ils s&rsquo;engagent dans un mouvement, d&eacute;j&agrave; en cours aux USA, de recherche d&#39;autres moyens de faire de la publicit&eacute; et de promouvoir les marques en ligne. Arguant de l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;un nouveau paradigme de communication li&eacute; &agrave; ce qui est qualifi&eacute; largement de &laquo;&nbsp;web 2.0&nbsp;&raquo;, ils mettent en avant et promeuvent les notions de conversation avec les marques et de &laquo;&nbsp;brand content&nbsp;&raquo; comme alternatives suppos&eacute;ment non publicitaires (Berthelot-Guiet, 2015). Sous l&#39;impulsion de quelques consultants am&eacute;ricains auteurs d&rsquo;un texte intitul&eacute; <i>Clue Train Manifesto </i>aujourd&#39;hui donn&eacute; comme point de d&eacute;part de cette &eacute;volution, le monde de la communication marketing et commerciale conna&icirc;t alors une conversion massive aux suppos&eacute;s vertus de la conversation (Marti, Berthelot-Guiet, 2019), pens&eacute;e comme une sorte de panac&eacute;e communicationnelle. Ce texte promeut une vision id&eacute;alis&eacute;e et consensuelle, pr&eacute;industrielle, d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; o&ugrave; la vente &eacute;tait la simple conclusion d&#39;une conversation entre personnes dans un lieu physique appel&eacute; march&eacute;. Les auteurs concluent que cet &eacute;tat enviable pourrait &ecirc;tre retrouv&eacute; gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;&eacute;mergence du web dit &laquo;&nbsp;2.0&nbsp;&raquo; pr&eacute;sent&eacute; comme le moyen d&rsquo;une communication &quot;horizontale d&eacute;hi&eacute;rarchis&eacute;e&quot;. La conversation ainsi red&eacute;finie se pare de toutes les qualit&eacute;s que la publicit&eacute; n&#39;a pas&nbsp;: ce serait une communication pacifi&eacute;e, &eacute;galitaire, qui mettrait marques et consommateurs sur le m&ecirc;me plan. Sous l&#39;action conjugu&eacute;e des agences, les marques se mettent alors &agrave; produire des &laquo;&nbsp;espaces communicationnels&nbsp;&raquo;, elles ouvrent des comptes Facebook, Twitter, et autres, sans toujours avoir quelque chose &agrave; dire. Dans les discours professionnels, le terme publicit&eacute; est d&eacute;laiss&eacute; au profit de &laquo;&nbsp;contenu&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;participation&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;co-production&nbsp;&raquo;.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">L&rsquo;analyse, <i>a posteriori</i>, des discours professionnels et des formes de communication de marque produits depuis le milieu des ann&eacute;es 2000 en France met en &eacute;vidence &agrave; quel point est revendiqu&eacute;e la n&eacute;cessit&eacute; de trouver de nouvelles voies et formes pour les discours des marques en raison de la litt&eacute;ratie publicitaire (Berthelot-Guiet, K., Marti de Montety, C., Patrin-Lecl&egrave;re, V., 2014). Les affinit&eacute;s de publics d&rsquo;une amplitude g&eacute;n&eacute;rationnelle de plus en plus larges avec les technologies de l&#39;information et de la communication et l&rsquo;utilisation des r&eacute;seaux &quot;sociaux&quot; conduit les professionnels de la publicit&eacute; &agrave; conclure, assez radicalement, que la publicit&eacute; classique, bien que difficile &agrave; abandonner, doit parfois &ecirc;tre &eacute;vit&eacute; ou <i>a minima</i>, cohabiter avec d&rsquo;autres formes d&rsquo;expression en ligne.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">C&rsquo;est ce ph&eacute;nom&egrave;ne que nous avons, avec Val&eacute;rie Patrin-Lecl&egrave;re et Caroline Marti, propos&eacute; d&rsquo;envisag&eacute; sous les cat&eacute;gories non fig&eacute;es de <i>d&eacute;publicitarisation </i>et <i>d&rsquo;hyperpublicitarisation. </i>La<i> d&eacute;publicitarisation</i> fait r&eacute;f&eacute;rence &agrave; un ensemble de tactiques de communication visant &agrave; se d&eacute;marquer des formes de publicit&eacute; les plus reconnaissables et classiques en passant &agrave; des formes cens&eacute;es, du point de vue des professionnels, &ecirc;tre plus discr&egrave;tes et donc susceptibles, en th&eacute;orie, de d&eacute;jouer la litt&eacute;ratie publicitaire, classique comme num&eacute;rique, d&eacute;j&agrave; en place. La d&eacute;publicitarisation utilise principalement trois tactiques&nbsp;:</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">- Entrer dans une production m&eacute;diatique d&eacute;j&agrave; existante, comme le placement de produits dans les &eacute;missions et s&eacute;ries t&eacute;l&eacute;vis&eacute;es, les films et les jeux ou le sponsoring de programmes.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">- Imiter des produits m&eacute;diatiques ou culturels existants (magazines de consommateurs, s&eacute;ries web, films de marque, livres).</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">- Essayer de profiter de formes de communication en ligne qui sont cens&eacute;es redistribuer les r&ocirc;les communicationnels (blogs, contenu coproduit, m&eacute;dias sociaux). La conversation entre dans cette cat&eacute;gorie.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">De plus, ces propositions de communication sont accompagn&eacute;es de discours d&rsquo;escorte dans lesquels les professionnels se bercent de proposer autre chose que de la publicit&eacute;. A l&rsquo;inverse, l&rsquo;analyse s&eacute;mio-communicationnelle de ces productions montrent &agrave; quel point elles restent &eacute;minemment publicitaires, voire hyperpublicitaires. L&rsquo;hyperpublicitarit&eacute; comme le pendant de la d&eacute;publicitarisation, &nbsp;elle se caract&eacute;rise par une hypertrophie des aspects publicitaires reposant sur une recherche de maximisation de la pr&eacute;sence publicitaire qualitativement, par une densification s&eacute;miotique des messages et un travail cr&eacute;atif et/ou esth&eacute;tique. D&egrave;s qu&rsquo;une production est d&eacute;publicitaris&eacute;e, il s&rsquo;av&egrave;re, la plupart du temps, que ce qui est plus discret provoque une pr&eacute;sence accrue des certains des attributs de marque et aboutit &agrave; un effet hyperpublicitaire.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Au cours de notre recherche, nous avons questionn&eacute; le pr&eacute;suppos&eacute; de l&#39;existence d&#39;une litt&eacute;ratie num&eacute;rique publicitaire qui, en quelque sorte, pr&eacute;side au d&eacute;veloppement des &laquo;&nbsp;nouvelles&nbsp;&raquo; propositions publicitaires des marques sous l&rsquo;impulsion des agences de communication. Les productions communicationnelles analys&eacute;es en termes de d&eacute;publicitarisation et d&#39;hyperpublicitarisation reposent sur des figures pr&eacute;supposant la connaissance/reconnaissance des formats de la publicit&eacute; afin de la contourner ou de l&#39;utiliser. </span></span></p> <p class="LCNInter2" style="text-align:justify; margin-top:24px; margin-bottom:16px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-weight:bold"><span style="font-style:italic">4.2. Flou dans la litt&eacute;ratie num&eacute;rique publicitaire&nbsp;?</span></span></span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Ainsi, les messages publicitaires et les formes d&eacute;publicitaris&eacute;s tendent &agrave; d&eacute;multiplier la pr&eacute;sence des messages des marques dans la vie quotidienne, en ligne et hors ligne. C&#39;est pourquoi il est n&eacute;cessaire de mener une r&eacute;flexion sur la litt&eacute;ratie num&eacute;rique publicitaire afin de comprendre comment, dans un contexte de production acc&eacute;l&eacute;r&eacute;e des formats, elle peut se constituer et fonctionner. Ces nouvelles variations autour de la publicit&eacute; et ces brouillages rencontrent les comp&eacute;tences d&eacute;velopp&eacute;es par les publics pour rep&eacute;rer, voire &eacute;carter, les messages publicitaires. Ceci est d&rsquo;autant plus flagrant qu&rsquo;il existe une divergence forte, en ce qui concerne la publicit&eacute;, entre les d&eacute;finitions professionnelles et &laquo;&nbsp;profanes&nbsp;&raquo;. En effet, ce qui est d&eacute;fini, par les professionnels, de fa&ccedil;on circonscrite comme une communication de masse r&eacute;alis&eacute;e pour le compte d&#39;un &eacute;metteur clairement identifi&eacute; qui paie des m&eacute;dias (presse, TV, radio, affichage, Internet, cin&eacute;ma) pour ins&eacute;rer ses messages promotionnels dans des espaces distincts du contenu &eacute;ditorial et les diffuser aupr&egrave;s d&#39;audiences m&eacute;diatiques s&eacute;lectionn&eacute;es<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Garamond&quot;,serif">[2]</span></span></span></span></a>, s&rsquo;av&egrave;re beaucoup plus large pour le reste de la population qui, dans la vie quotidienne, rencontre de nombreuses occurrences et discours li&eacute;s aux marques et a tendance &agrave; les qualifier globalement de &quot; publicit&eacute; &quot;. Ce faisant, ils font preuve d&#39;une remarquable litt&eacute;ratie qui &eacute;largit consid&eacute;rablement la d&eacute;finition de la publicit&eacute;. Dans ce cas, tout peut &ecirc;tre publicit&eacute;, ce qui permet de mieux comprendre l&#39;opinion commun&eacute;ment admise selon laquelle la publicit&eacute; est trompeuse et influence les gens &agrave; leur insu. A cet &eacute;gard, si les d&eacute;buts de la publicit&eacute; en ligne proposaient des formes basiques, reconnaissables, &eacute;vitables, et ne convoquait qu&rsquo;une transposition aux formes num&eacute;riques de la litt&eacute;ratie publicitaire li&eacute;es aux m&eacute;dias traditionnels, le Web 2.0 a g&eacute;n&eacute;r&eacute; de nouvelles opportunit&eacute;s pour les professionnels de la publicit&eacute; pour cherche &agrave; flouter les marqueurs classiques d&#39;identification.</span></span></p> <p class="LCNInter1" style="margin-top:24px; margin-bottom:16px"><span style="font-size:11pt"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-weight:bold">5. Fragments d&#39;une litt&eacute;ratie num&eacute;rique de la publicit&eacute;</span></span></span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Les nouveaux formats, malgr&eacute; leur inventivit&eacute;, leur renouvellement rapide et leurs lancements en cascade ne parviennent &agrave; troubler longtemps la perception des r&eacute;cepteurs, que ce soit par le jeu d&rsquo;une litt&eacute;ratie rod&eacute;e et/ou outill&eacute;e par diff&eacute;rents acteurs m&eacute;diatiques. Des traces et des preuves de l&#39;&eacute;volution de la litt&eacute;ratie apparaissent, &agrave; propos de formes aussi diff&eacute;rentes que le r&eacute;gime de discours des comptes des marques sur les r&eacute;seaux socio-num&eacute;riques, la r&eacute;surgence de la &laquo;&nbsp;r&eacute;clame&nbsp;&raquo; sous le nom de <i>&laquo;&nbsp;native advertising&nbsp;&raquo;, </i>le matraquage induit par les algorithmes publicitaires qui r&eacute;activent le spectre de la manipulation que viennent encore renforcer les <i>dark patterns</i>. Nous en proposons une premi&egrave;re exploration de ces &eacute;l&eacute;ments, qui ne pr&eacute;tend pas &agrave; l&rsquo;exhaustivit&eacute; car d&rsquo;autres formes &eacute;mergentes de publicit&eacute; accroissent le champ d&rsquo;action de la litt&eacute;ratie num&eacute;rique publicitaire.</span></span></p> <p class="LCNInter2" style="text-align:justify; margin-top:24px; margin-bottom:16px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-weight:bold"><span style="font-style:italic">5.1. Manifestations d&rsquo;une litt&eacute;ratie num&eacute;rique de la publicit&eacute;&nbsp;: d&eacute;jouer le flou sur les r&eacute;seaux sociaux</span></span></span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">En ce qui concerne les r&eacute;seaux dits sociaux, une &eacute;tude men&eacute;e sur les comptes Facebook d&#39;une marque fran&ccedil;aise et d&#39;une marque am&eacute;ricaine (Oasis et M&amp;M&rsquo;s), nous a permis de montrer que les participants et abonn&eacute;s sont, pour nombre d&rsquo;entre eux, pleinement conscients du caract&egrave;re publicitaire des messages mis en ligne par les marques et du statut de professionnels de la communication de ceux qui participent, au nom de la marque, &agrave; ces &eacute;changes et les produisent.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Les pages Facebook de M&amp;M&#39;s et OasisBeFruit (Berthelot-Guiet, 2015, Marti, Berthelot-Guiet 2019) sont bien per&ccedil;ues comme les productions publicitaires qu&rsquo;elles sont. Les marques y sont omnipr&eacute;sentes et les contenus discursifs tr&egrave;s fortement li&eacute;s &agrave; leurs discours publicitaires dans les m&eacute;dias traditionnels. D&rsquo;une certaine fa&ccedil;on, les messages mis en ligne sont autant de d&eacute;clinaisons de leur &laquo;&nbsp;offre&nbsp;&raquo; publicitaire. Le spectacle publicitaire est flagrant, et ceux, parmi les inscrits, qui r&eacute;agissent ou commentent, rendent par &eacute;crit leur appr&eacute;ciation souvent par de simples interjections, de la mise en &eacute;crit de la joie du spectacle et du rire, des &eacute;mojis repr&eacute;sentant des mains en train d&rsquo;applaudir ou des personnages hilares. Quand le propos est un peu plus d&eacute;velopp&eacute;, les participants &eacute;crivent aux &quot;auteurs&quot; de ces messages, et non &agrave; la marque, en les d&eacute;signant par leur m&eacute;tiers (les publicitaires, le marketing, etc.).</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">La nature publicitaire de ces communications est pleinement reconnue, &agrave; l&rsquo;oppos&eacute; de la suppos&eacute;e conversation exempte de publicit&eacute; promue par les services de communication des marques. La litt&eacute;ratie pleinement &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre montre que des participants peuvent suffisamment appr&eacute;cier une marque et sa publicit&eacute; pour choisir de faire l&rsquo;acte volontaire de s&rsquo;inscrire sur une plateforme de r&eacute;seau socionum&eacute;rique et recevoir de leur plein gr&eacute;, plusieurs fois par semaine, les contenus publicitaires de la part des marques qu&#39;ils ont choisies. Nous ne pouvons pas savoir si tous sont consommateurs et/ou acheteurs, mais il est certain qu&#39;ils sont des consommateurs volontaires de leur discours publicitaire et de leurs signes. </span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">La consommation des signes de la marque s&#39;accompagnes souvent d&#39;une &eacute;valuation, par ce m&ecirc;me public, de la qualit&eacute; publicitaire des messages produits d&eacute;montrant des capacit&eacute;s de jugement esth&eacute;tique, narratif, voire strat&eacute;gique quant &agrave; ce qui peut &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute; comme une bonne publicit&eacute; pour une marque sp&eacute;cifique (Berthelot-Guiet, 2020). Le spectacle publicitaire s&#39;accompagne du d&eacute;veloppement d&#39;une critique amateure qui s&#39;enracine dans une culture publicitaire. Ainsi, les audiences interagissent avec les marques sur les r&eacute;seaux sociaux de mani&egrave;re inform&eacute;e et consentie. Cette litt&eacute;ratie extr&ecirc;mement d&eacute;velopp&eacute;e est &agrave; double tranchant. De mani&egrave;re plus agonistique, le grand public a &eacute;galement vite compris que la pr&eacute;sence des marques sur les r&eacute;seaux sociaux permet d&#39;exprimer facilement &agrave; leur encontre, aupr&egrave;s d&#39;une large audience, des critiques, ou des plaintes. C&rsquo;est pourquoi, pour certaines marques, les r&eacute;seaux sociaux sont devenus le lieu d&#39;un nouveau type de communication de crise que l&#39;on peut qualifier de &quot; permanente &quot;.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Un autre ph&eacute;nom&egrave;ne de litt&eacute;ratie d&eacute;montrant &eacute;galement la capacit&eacute; des publics &agrave; tenir &agrave; distance le &laquo;&nbsp;flou&nbsp;&raquo; concerne les productions suppos&eacute;es &laquo;&nbsp;d&eacute;publicitaris&eacute;es&nbsp;&raquo; que sont les films de marque et autres contenus de prestige En effet, les productions publicitaires, assum&eacute;es ou non, se font sur le calcul d&rsquo;un retour sur investissement <i>a minima </i>symbolique&nbsp;: comment alors assurer une audience &eacute;largie aux productions &quot; non publicitaires &quot; des marques. Il est, en effet, tr&egrave;s probable que seules les personnes d&eacute;j&agrave; int&eacute;ress&eacute;es par une marque trouvent facilement les courts-m&eacute;trages et autres messages sur les r&eacute;seaux sociaux. Elles y sont d&eacute;j&agrave; abonn&eacute;es. La probabilit&eacute; que les autres internautes tombent sur ces productions &quot; par hasard &quot; ou m&ecirc;me &quot; par algorithmes &quot; est beaucoup plus faible. Paradoxalement, c&#39;est alors r&eacute;guli&egrave;rement la bonne vieille publicit&eacute; (presse, affichage, t&eacute;l&eacute;vision) dans les m&eacute;dias traditionnels qui est choisie pour sa capacit&eacute; &agrave; faire conna&icirc;tre, &agrave; rendre public, &agrave; promouvoir. Nous qualifions cet usage de la publicit&eacute; pour promouvoir les formes d&eacute;publicitaris&eacute;es de &quot; retour du refoul&eacute; &quot; (Berthelot-Guiet, 2021). Les productions publicitaires classiques sont alors d&eacute;di&eacute;es &agrave; l&rsquo;orientation du public vers l&rsquo;offre d&eacute;publicitaris&eacute;e en ligne et non vers les produits ou services des marques. Le message est une publicit&eacute; utilisant la m&eacute;thode classique de &quot;teasing&quot;, qui consiste &agrave; donner acc&egrave;s &agrave; une partie du message, suffisamment longtemps pour attirer et inciter le spectateur &agrave; regarder le reste qui se trouve sur le web&nbsp;; le message prend souvent la forme publicitaire d&#39;une affiche de film, consacrant ainsi la forme spectaculaire. </span></span></p> <p class="LCNInter2" style="text-align:justify; margin-top:24px; margin-bottom:16px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-weight:bold"><span style="font-style:italic">5.2. Manifestations d&rsquo;une litt&eacute;ratie num&eacute;rique publicitaire&nbsp;: le &laquo;&nbsp;native advertising&nbsp;&raquo; ou la retour de la r&eacute;clame</span></span></span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Une autre forme de publicit&eacute;, baptis&eacute;e par les publicitaires &quot;Native advertising&quot; (Berthelot-Guiet, 2021) (Bullich, 2021) et particuli&egrave;rement r&eacute;pandue sur le web, pose des questions &eacute;thiques car elle cherche &agrave; tromper l&#39;internaute sur la nature du message. Cette insertion publicitaire discr&egrave;te ou plut&ocirc;t d&eacute;guis&eacute;e est g&eacute;n&eacute;ralement fondue dans l&rsquo;&eacute;ditorial, dont elle imite les formes discursives. Elle est sp&eacute;cialement con&ccedil;ue pour tromper, en ressemblant au reste du site web et en s&#39;adaptant au ton autant qu&rsquo;aux formes. Certaines ressemblent &agrave; des &eacute;crits journalistiques, et l&#39;id&eacute;e repose sur le fait que, pris dans sa lecture, l&#39;internaute ne s&#39;interrogera pas sur l&#39;origine de ce qu&#39;il lit.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">La volont&eacute; de produire un message publicitaire qui se fond dans l&#39;environnement journalistique au point de tromper sur sa nature n&#39;est pas nouvelle. Avec le <i>native advertising</i>, l&#39;ancienne &quot;r&eacute;clame&quot;, la forme la plus ancienne et la plus controvers&eacute;e de publicit&eacute; cach&eacute;e r&eacute;appara&icirc;t sous de nouveaux habits, peut-&ecirc;tre plus sophistiqu&eacute;s. Cependant, le principe de fonctionnement reste le m&ecirc;me : le contexte profite &agrave; l&rsquo;introduction subreptice de contenu publicitaire.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">En France, la &quot;r&eacute;clame&quot; &eacute;tait tr&egrave;s courante dans les journaux &agrave; la fin du 19&egrave;me si&egrave;cle et au d&eacute;but du 20&egrave;me si&egrave;cle. Ces textes apparaissaient surtout les rubriques mondaines et financi&egrave;res. Ils &eacute;taient plus chers &agrave; l&rsquo;achat qu&rsquo;un emplacement publicitaire d&eacute;clar&eacute; en fin de publication, dans la mesure o&ugrave; ils &eacute;taient cens&eacute;s b&eacute;n&eacute;ficier de la confiance que les lecteurs donnaient &agrave; la publication. Ce qui &eacute;tait sans grande cons&eacute;quence, autre que morale, pour un couturier, un restaurant ou des objets de d&eacute;coration, pouvaient avoir de graves cons&eacute;quences dans les domaines de la sant&eacute; et de l&rsquo;&eacute;pargne. Ainsi, un certain nombre de malversations financi&egrave;res suivies de la ruine de petits et grands &eacute;pargnants<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Garamond&quot;,serif">[3]</span></span></span></span></a> ainsi que de graves probl&egrave;mes sanitaires caus&eacute;s par des produits pseudo-pharmaceutiques ont d&eacute;voil&eacute; et mis au ban ces pratiques, per&ccedil;ues comme malhonn&ecirc;tes. </span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Conscients du probl&egrave;me, les dirigeants des entreprises de presse et les membres de la profession &eacute;mergente des publicitaires ont alors souhait&eacute; une moralisation de l&#39;activit&eacute; publicitaire (Martin 2012, Berthelot-Guiet 2015). L&#39;association fran&ccedil;aise d&#39;autor&eacute;gulation de la publicit&eacute; a men&eacute;, &agrave; partir des ann&eacute;es 1920, une campagne appel&eacute;e &quot;v&eacute;rit&eacute; dans la publicit&eacute;&quot; destin&eacute;e &agrave; d&eacute;barrasser la publicit&eacute; fran&ccedil;aise des r&eacute;clames qui lui donnaient une tr&egrave;s mauvaise image tant aupr&egrave;s des annonceurs que du public. L&rsquo;action conjugu&eacute;e des professionnels et de la l&eacute;gislation instaura, pour ce qui est d&eacute;sormais nomm&eacute; &laquo;&nbsp;publir&eacute;dactionnel&nbsp;&raquo; une mention explicite (publicit&eacute;, publireportage, publireportage, &eacute;ditorial) et parfois une forme visuelle et typographique d&eacute;di&eacute;s. </span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Bien que ce type de proc&eacute;d&eacute; soit interdit en France et dans l&rsquo;Union Europ&eacute;enne, la ligne est cependant rest&eacute;e mince d&egrave;s lors qu&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;organes de presse concernant la mode, les sorties culturelles et touristiques, dans la mesure o&ugrave; le simple fait de pr&eacute;senter une marque, un film ou une destination plut&ocirc;t qu&rsquo;une autre constitue une action publicitaire en soi. M&ecirc;me si la mention explicite de la nature du discours s&rsquo;impose &eacute;galement aux les r&eacute;seaux sociaux, l&#39;&eacute;mergence constante de nouvelles formes de communication num&eacute;rique rend la publicit&eacute; difficile, pour quelques temps &agrave; identifier et le flou peut s&rsquo;installer. Comme le souligne, en 2012, l&#39;Autorit&eacute; de r&eacute;gulation professionnelle de la publicit&eacute; (ARPP), des difficult&eacute;s accrues apparaissent concernant l&#39;identification pr&eacute;coce du discours publicitaire. En effet, un texte intitul&eacute; &quot; Information et publicit&eacute; : clarifier la nature de l&#39;&eacute;metteur &quot;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Garamond&quot;,serif">[4]</span></span></span></span></a> montre &agrave; quel point les formes contemporaines de communication num&eacute;rique des marques soul&egrave;vent trois types de questions en termes d&#39;&eacute;thique publicitaire : &quot; La question de l&#39;identification de l&#39;&eacute;metteur, la nature de l&#39;information &eacute;mise, son statut (information, publicit&eacute;, communication, expression spontan&eacute;e) &quot;. La profession est donc parfaitement consciente que de nombreuses productions publicitaires num&eacute;riques peuvent &ecirc;tre &quot; susceptibles de semer le doute dans l&#39;esprit des consommateurs &quot;.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Cependant, ce type de publicit&eacute;, malgr&eacute; ses &eacute;volutions constantes, est rapidement d&eacute;tect&eacute;e par les internautes et ajout&eacute; &agrave; la litt&eacute;ratie publicitaire par le moyen m&ecirc;me de son d&eacute;veloppement car les r&eacute;seaux sociaux et les plateformes relaient &eacute;galement les discours de d&eacute;nonciation. Les publics ne sont donc cr&eacute;dules que peu de temps mais ces productions r&eacute;activent fortement l&rsquo;id&eacute;e selon laquelle la publicit&eacute; est mensong&egrave;re et fonctionne sur le principe de la tromperie. </span></span></p> <p class="LCNInter2" style="text-align:justify; margin-top:24px; margin-bottom:16px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-weight:bold"><span style="font-style:italic">5.3. Manifestations d&rsquo;une litt&eacute;ratie num&eacute;rique de la publicit&eacute;&nbsp;: algorithmes et matraquage publicitaire</span></span></span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Parall&egrave;lement, les premi&egrave;res formes de publicit&eacute; sur le Web ont &eacute;galement &eacute;volu&eacute;, non pas tant dans les formes que par les moyens utilis&eacute;s pour mettre les bonnes annonces devant les bonnes personnes. Ainsi, la publicit&eacute; en ligne, pour laquelle les annonceurs paient un &quot;espace m&eacute;dia&quot;, a connu une forte &eacute;volution avec les algorithmes (Berthelot-Guiet, 2021)]. En effet, &agrave; la simple publicit&eacute; sur les sites web ou les &eacute;crans et &agrave; la chasse aux mots-cl&eacute;s s&#39;est ajout&eacute; l&#39;achat d&#39;espaces publicitaires automatis&eacute;s, ou programmatiques, g&eacute;r&eacute;s par des algorithmes qui calculent &quot;en temps r&eacute;el&quot; quelle publicit&eacute; conviendra le mieux &agrave; l&#39;internaute en fonction de son parcours sur le web. Cette intrusion des machines et des calculs dans l&#39;&eacute;quation publicitaire a permis aux entreprises et &agrave; leurs agences de communication d&#39;entrevoir le Graal&nbsp;: comprendre ce qui se passe dans la t&ecirc;te du consommateur et ne lui proposer que ce qui est susceptible de lui plaire et de le faire acheter. L&#39;id&eacute;e secr&egrave;te de la manipulation du cerveau r&eacute;appara&icirc;t &agrave; l&#39;horizon.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Les algorithmes s&#39;ajoutent donc au syst&egrave;me publicitaire en tant que nouveaux venus num&eacute;riques, aur&eacute;ol&eacute;s, du c&ocirc;t&eacute; des professionnels, d&rsquo;une aura m&ecirc;lant possibilit&eacute;s r&eacute;elles et imaginaires allant de l&rsquo;adaptation totale &agrave; la surveillance en passant par l&#39;objectivit&eacute;. De fait, de nombreux syst&egrave;mes informatiques et algorithmes ont &eacute;t&eacute; d&eacute;velopp&eacute;s, affin&eacute;s et express&eacute;ment con&ccedil;us pour faciliter l&#39;identification des &quot;consommateurs&quot; lors de leur navigation et permettre, hypoth&eacute;tiquement, la production et la diffusion de messages publicitaires sur mesure. Notre exploration de la cohabitation, sur le web, de diff&eacute;rentes formes publicitaires li&eacute;es aux algorithmiques, met en &eacute;vidence des formes de communication plus proches du matraquage et de la course &agrave; la promotion que d&#39;un raffinement du message publicitaire. Elles sont, de ce fait, l&rsquo;objet de la litt&eacute;ratie publicitaire num&eacute;rique active et plut&ocirc;t n&eacute;gative.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">L&#39;utilisation intensive d&#39;algorithmes dans presque tous les domaines du web aboutit &agrave; une pr&eacute;sence massive de la publicit&eacute;, forme contemporaine de matraquage publicitaire, r&eacute;sultat des calculs effectu&eacute;s. Les algorithmes ont tendance &agrave; mettre encore et encore les publics face aux m&ecirc;mes publicit&eacute;s ou aux m&ecirc;mes types de produits. Ils r&eacute;introduisent ainsi une r&eacute;p&eacute;tition et une monotonie potentiellement contre-productives dont les spectateurs s&rsquo;&eacute;taient affranchis gr&acirc;ce aux activit&eacute;s domestiques pendant les encarts publicitaires et aux t&eacute;l&eacute;commandes des t&eacute;l&eacute;viseurs. De fait, actuellement, plus on passe du temps en ligne, plus la sensation de matraquage publicitaire appara&icirc;t et s&#39;impose, que l&#39;on soit sur Google, Safari, les sites d&#39;influenceurs, les sites de vente, les forums de sant&eacute;, les sites m&eacute;dias, les applis, Facebook, Instagram, TikTok, Pinterest, etc. La publicit&eacute;, ramen&eacute;e &agrave; la promotion et &agrave; un pur adjuvant de la vente, est r&eacute;duite, d&rsquo;un point de vue strat&eacute;gique et cr&eacute;atif, &agrave; sa plus simple expression&nbsp;; elle sert essentiellement &agrave; rediriger vers des plateformes commerciales. On revient &agrave; l&#39;id&eacute;e que la r&eacute;p&eacute;tition est la cl&eacute; de l&#39;influence. Il en d&eacute;coule, la plupart du temps, un inconfort important de la navigation, auquel s&#39;ajoute l&#39;id&eacute;e d&#39;&ecirc;tre priv&eacute; de toute forme de libre arbitre au profit de messages qui sont de l&#39;ordre de la promotion pure. </span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Le matraquage publicitaire est, par essence, &eacute;vident. Toute navigation sur le web sans logiciel adblocker nous plonge dans un monde &agrave; la fois familier, car les publicit&eacute;s que nous voyons sont li&eacute;es &agrave; nos centres d&#39;int&eacute;r&ecirc;t, et extr&ecirc;mement monotone car la plupart des algorithmes construisent un univers bas&eacute; sur l&#39;id&eacute;e de &quot; similitude &quot;, privil&eacute;giant le &laquo;&nbsp;m&ecirc;me&nbsp;&raquo; et ne permettent que rarement la surprise et la d&eacute;couverte m&ecirc;me quand la s&eacute;rendipit&eacute; est propos&eacute;e. D&egrave;s lors, la sensation du matraquage publicitaire devient rapidement &eacute;crasante car les offres de vente, ou publicit&eacute;s, sont toutes les m&ecirc;mes. Le sentiment de surveillance et de harc&egrave;lement n&#39;est pas loin car ces publicit&eacute;s sont d&eacute;rangeantes et/ou intrusives tout en offrant un contenu pauvre : le nom de la marque, un visuel minimaliste, une incitation forte &agrave; saisir la promotion, &agrave; &quot; en savoir plus &quot; ou, tout simplement &agrave; &quot;Acheter&quot;. Ces publicit&eacute;s souvent d&eacute;pourvues de cr&eacute;ativit&eacute; et nous ram&egrave;nent au sentiment d&#39;&ecirc;tre une machine &agrave; cliquer. Le stimulus-r&eacute;ponse n&rsquo;est jamais loin.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">La sensation de matraquage peut &eacute;galement &ecirc;tre due au visionnage impos&eacute; et r&eacute;p&eacute;titif d&#39;une m&ecirc;me publicit&eacute; en un temps limit&eacute;. Les plateformes et syst&egrave;mes de replay tels que Youtube g&eacute;n&egrave;rent ce type d&rsquo;effet. Les internautes qui consomment (binge watch) des vid&eacute;os les unes apr&egrave;s les autres, doivent visionner les m&ecirc;mes publicit&eacute;s, &eacute;pisode apr&egrave;s &eacute;pisode. Aucune publicit&eacute;, m&ecirc;me r&eacute;ussie et cr&eacute;ative, ne peut survivre &agrave; ce type de traitement sans d&eacute;clencher un agacement intense lors de tout visionnage ult&eacute;rieur.</span></span></p> <p class="LCNInter2" style="text-align:justify; margin-top:24px; margin-bottom:16px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-weight:bold"><span style="font-style:italic">5.4. Manifestations d&rsquo;une litt&eacute;ratie num&eacute;rique publicitaire&nbsp;: d&eacute;jouer la manipulation des dark patterns&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Nous avons vu comment la presse et les m&eacute;dias en g&eacute;n&eacute;ral participent &agrave; la construction de la litt&eacute;ratie publicitaire des formes hors lignes. Nous allons maintenant analyser, dans cette perspective, le traitement m&eacute;diatique par la presse fran&ccedil;aise de la question des <i>dark patterns </i>(Berthelot-Guiet, 2022). Le r&ocirc;le de la presse est d&rsquo;autant plus important qu&#39;il s&rsquo;agit de techniques encore peu connus du public non professionnel. Les <i>dark patterns</i> sont apparus dans les m&eacute;dias entre 2016 et 2018 quand d&#39;anciens employ&eacute;s des GAFAM ont commenc&eacute; &agrave; d&eacute;noncer ces pratiques estimant qu&rsquo;elles allaient trop loin, notamment dans la cr&eacute;ation d&#39;une &quot; &eacute;conomie de l&#39;attention &quot;. La grande majorit&eacute; des articles rappelle que la notion, sa premi&egrave;re description, sa d&eacute;finition et sa typologie ont &eacute;t&eacute; propos&eacute;es en 2010 par Harry Brignull<a href="#_ftn5" name="_ftnref5" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Garamond&quot;,serif">[5]</span></span></span></span></a>, sp&eacute;cialiste du design d&#39;interface num&eacute;rique et soulignent la valence n&eacute;gative qui leur est attach&eacute;e.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Depuis 2015 &agrave; 2022, 27 articles sur les &quot;black patterns &quot; ont &eacute;t&eacute; publi&eacute;s dans la presse nationale fran&ccedil;aise, 9 dans des publications professionnelles, et 18 dans des publications grand public. Des journaux de r&eacute;f&eacute;rence comme Le Monde, Le Figaro et La Croix ont abord&eacute; la question &agrave; plusieurs reprises. L&#39;analyse de leurs titres et sous-titres indique imm&eacute;diatement le jugement critique n&eacute;gatif et une volont&eacute; de d&eacute;noncer. Le vocabulaire est explicite : tromper, manipuler, abuser, pi&eacute;ger, enfer, c&ocirc;t&eacute; obscur, ruser, g&acirc;cher, etc. sont les termes courants pour les d&eacute;crire et inciter le public &agrave; la m&eacute;fiance. Les dark patterns sont pr&eacute;sent&eacute;s comme &quot;des &eacute;l&eacute;ments trompeurs qui sont intentionnellement con&ccedil;us pour inciter les utilisateurs &agrave; faire des actions qu&#39;ils ne feraient pas autrement. Ces mod&egrave;les sont con&ccedil;us pour b&eacute;n&eacute;ficier &agrave; certaines parties prenantes, et non &agrave; l&#39;utilisateur&quot; (Ducato, 2018). </span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Con&ccedil;us pour tromper, r&eacute;pandus dans tous les espaces du web et prenant des formes multiples, parfois difficiles &agrave; d&eacute;tecter m&ecirc;me pour des sp&eacute;cialistes, les <i>dark</i> <i>patterns</i> sont une sorte de d&eacute;fi pour la protection des consommateurs et leur capacit&eacute; &agrave; d&eacute;velopper une litt&eacute;ratie. Si les articles d&eacute;noncent abus et tromperie, ils se terminent souvent par des listes pr&eacute;sentant les diff&eacute;rentes formes possibles tant il leur est difficile de donner les moyens de les reconna&icirc;tre. La volont&eacute; de donner au grand public les moyens de se pr&eacute;munir contre les <i>dark patterns</i> ou de les utiliser consciemment est donc difficile &agrave; mettre en &oelig;uvre. Une &eacute;tude internationale sur le traitement m&eacute;diatique en ligne des <i>dark patterns</i> donne des r&eacute;sultats similaires (Cara, 2019) et conclue que les &quot; dark patterns peuvent &ecirc;tre d&eacute;crits selon trois crit&egrave;res&nbsp;: le but strat&eacute;gique, la popularit&eacute; aupr&egrave;s des m&eacute;dias et le degr&eacute; de nocivit&eacute;&quot;. </span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Les questions &eacute;thiques li&eacute;es aux <i>dark patterns</i> sont d&rsquo;autant plus importantes, d&rsquo;autant qu&#39;ils sont pr&eacute;sents presque partout sur le web. Une r&egrave;glementation est apparue en Europe&nbsp;: le r&egrave;glement g&eacute;n&eacute;ral sur la protection des donn&eacute;es dans. Sur son site, l&#39;Union europ&eacute;enne pr&eacute;sente le RGPD, entr&eacute; en vigueur en 2018 et plus pr&eacute;cis&eacute;ment obligatoire pour les applications mobiles et les sites web depuis le 31 mars 2021, comme la &quot; loi la plus dure au monde en mati&egrave;re de vie priv&eacute;e et de s&eacute;curit&eacute; &quot;. En France, le RGPD s&#39;inscrit dans la continuit&eacute; de la loi informatique et libert&eacute;s (1978) et renforce les droits des personnes, responsabilise les acteurs traitant les donn&eacute;es, et cr&eacute;dibilise la r&eacute;glementation gr&acirc;ce &agrave; une coop&eacute;ration renforc&eacute;e entre les autorit&eacute;s de protection des donn&eacute;es d&eacute;finies comme &quot; toute information se rapportant &agrave; une personne physique identifi&eacute;e ou identifiable &quot;, qu&#39;il s&#39;agisse d&#39;une identification directe (nom, pr&eacute;nom, etc.) ou indirecte (identifiant, num&eacute;ro, etc.). En vertu du RGPD, les cookies/traceurs qui ne sont pas strictement n&eacute;cessaires au fonctionnement de base d&#39;un site web ne doivent &ecirc;tre autoris&eacute;s que si les utilisateurs donnent pr&eacute;alablement leur consentement explicite par une action positive claire, comme le fait de cliquer sur &quot;J&#39;accepte&quot;. Dans ce cas, aucun traceur non indispensable au fonctionnement du service ne doit &ecirc;tre d&eacute;pos&eacute; sur l&#39;appareil de l&#39;utilisateur et une information doit &ecirc;tre faite pour permettre une forme de consentement &eacute;clair&eacute;.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Cependant, entre la r&egrave;gle et sa mise en &oelig;uvre, des <i>dark patterns</i> d&eacute;di&eacute;s entrent encore en jeu car beaucoup est fait pour contraindre les internautes &agrave; autoriser les cookies. De ce fait, une question qui peut sembler r&eacute;duite &agrave; la question de l&rsquo;acc&egrave;s aux donn&eacute;es personnelles doit &ecirc;tre envisag&eacute;e sous l&rsquo;angle de la litt&eacute;ratie publicitaire car une grande partie des traceurs est &agrave; finalit&eacute; marketing et publicitaire, et fournit des donn&eacute;es aux algorithmes d&eacute;j&agrave; &eacute;voqu&eacute;s.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Quand les <i>dark patterns </i>entrent en jeu, la premi&egrave;re distorsion appara&icirc;t d&egrave;s l&#39;arriv&eacute;e sur un site&nbsp;: l&#39;accord et le refus ne sont pas toujours mis sur le m&ecirc;me plan. La possibilit&eacute; de refus est rel&eacute;gu&eacute;e au profit de la demande de renseignements compl&eacute;mentaires&nbsp;; il faut la chercher, donc savoir qu&#39;elle existe et avoir de la pers&eacute;v&eacute;rance. Le visiteur peut, par d&eacute;faut, se rabattre vers la demande de renseignements compl&eacute;mentaires et il entre alors dans un syst&egrave;me dont la pr&eacute;sentation est souvent des plus confuses, on y retrouve les immenses listes et leur lecture fastidieuse. Sans coercition apparente, la liste fait le travail de sape et ram&egrave;ne le visiteur du site &agrave; un comportement propice, c&#39;est-&agrave;-dire celui qui consiste &agrave; choisir le bouton &quot;tout accepter&quot;.</span></span></p> <p class="LCNInter1" style="margin-top:24px; margin-bottom:16px"><span style="font-size:11pt"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-weight:bold">6. Conclusion&nbsp;: litt&eacute;ratie num&eacute;rique publicitaire et fin des illusions de gratuit&eacute; du Web</span></span></span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">En conclusion, nous aimerions revenir sur les voies par lesquelles les applications et les plateformes parviennent &agrave; obliger certains internautes r&eacute;calcitrants &agrave; choisir sur le signe passeur &quot;accepter tout&quot;. Lorsqu&#39;il s&#39;agit d&#39;une plateforme m&eacute;dia, l&#39;utilisateur est brutalement ramen&eacute; &agrave; une r&eacute;alit&eacute; qu&#39;il souhaite parfois ne pas voir : le web n&#39;est pas gratuit. Si l&#39;acc&egrave;s &agrave; de nombreux sites peut sembler gratuit, c&#39;est parce qu&#39;ils accueillent la publicit&eacute; sous ses formes, des plus classiques aux <i>dark patterns</i>. Lorsque l&#39;utilisateur d&#39;un site, d&#39;une plateforme ou d&#39;une application m&eacute;dia commence sa navigation, conform&eacute;ment &agrave; la r&egrave;gle du RGPD, il lui est d&#39;abord propos&eacute; de tout accepter, de demander plus d&#39;informations et, souvent &agrave; un autre endroit de l&#39;&eacute;cran, de tout refuser. Un clic sur ce dernier point le conduit alors &agrave; un autre &eacute;cran qui, cette fois, lui propose de s&#39;abonner ou de revenir sur la question de l&#39;acceptation des cookies et autres trackers.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Cette interface bouscule la mythologie de la gratuit&eacute; du web, bien ancr&eacute;e puisqu&#39;elle remonte aux d&eacute;buts du r&eacute;seau. Elle rappelle &agrave; l&#39;internaute une v&eacute;rit&eacute; qui existe pour les m&eacute;dias depuis deux si&egrave;cles en France et qui fut, en 2004, rappel&eacute;e cr&ucirc;ment, par l&#39;ancien pr&eacute;sident-directeur g&eacute;n&eacute;ral du groupe de t&eacute;l&eacute;vision fran&ccedil;ais TF1, Patrick Le Lay, lors d&#39;une interview dans laquelle il d&eacute;clarait : &quot;Ce que nous vendons &agrave; Coca-Cola, c&#39;est du temps de cerveau humain disponible&quot;. Dans le cadre du RGPD, refuser de donner du &quot; temps de cerveau &quot; disponible n&eacute;cessite d&#39;accepter de payer le contenu m&eacute;diatique que l&#39;on souhaite consulter. Dans certains cas, la logique de financement des m&eacute;dias par la publicit&eacute; est alors bri&egrave;vement expliqu&eacute;e.</span></span></p> <p class="LCNTextecourant" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Face &agrave; cet imaginaire du web, ancr&eacute; dans des d&eacute;buts utopiques, et curieusement maintenu malgr&eacute; la forte pr&eacute;sence de la publicit&eacute;, la r&eacute;glementation dite RGPD conduit les m&eacute;dias en ligne &agrave; rappeler tr&egrave;s directement, en proposant &agrave; l&#39;internaute r&eacute;calcitrant de prendre un abonnement, que le refus des traceurs les prive des subsides du financement publicitaire. Le choix de refuser l&rsquo;abonnement conduit ensuite vers un autre &eacute;cran permettant alors d&rsquo;accepter les cookies, ce qui <i>a minima </i>retarde la consultation. Dans certains cas, l&rsquo;&eacute;cran propos&eacute; n&rsquo;est pas un simple retour en arri&egrave;re et les <i>dark patterns</i> sont au bout du chemin pour &quot; punir &quot; l&#39;internaute r&eacute;calcitrant en ne lui laissant plus que deux choix&nbsp;: &quot; payer &quot; ou &quot; tout accepter &quot;&nbsp;; l&#39;acc&egrave;s &agrave; &quot; en savoir plus &quot;, qui permet de choisir les cookies n&rsquo;est plus disponible. Paradoxalement, comme c&#39;est souvent le cas dans le domaine de la publicit&eacute;, la profession contourne la contrainte et parvient &agrave; r&eacute;introduire les <i>dark patterns</i> dans le syst&egrave;me m&ecirc;me qui devrait en prot&eacute;ger les internautes.</span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p class="LCNInter1" style="margin-top:24px; margin-bottom:16px"><span style="font-size:11pt"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-weight:bold">Bibliographie </span></span></span></span></p> <p class="LCNBiblio" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-bottom:8px; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Adorno, T., Horkheimer, M. (1997), <i>Dialectic of Enlightenment</i>, Verso, Milano.</span></span></p> <p class="LCNBiblio" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-bottom:8px; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Amossy, R.(1991<i>), Les id&eacute;es re&ccedil;ues : s&eacute;miologie du st&eacute;r&eacute;otype</i>, , Nathan, Paris.</span></span></p> <p class="LCNBiblio" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-bottom:8px; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Baillargeon, D., Coutant, A., Carignan, M.-E., Tourigny, M., Dionne, E. &nbsp;(2018), Informer ou promouvoir : la vari&eacute;t&eacute; des formats de publicit&eacute; native sur Internet et les enjeux qu&rsquo;ils charrient, ZLITNI S. et LI&Eacute;NARD F.,&nbsp;<i>M&eacute;dias et communication &eacute;lectronique&nbsp;: enjeux de soci&eacute;t&eacute;</i>, &Eacute;ditions Lambert-Lucas, Limoges, pp. 211-222.</span></span></p> <p class="LCNBiblio" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-bottom:8px; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Barthes, R. (1964), Rh&eacute;torique de l&rsquo;image, <i>Communications</i>, 4, pp.40-51.</span></span></p> <p class="LCNBiblio" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-bottom:8px; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Benway, J. P. (1998), Banner blindness: The irony of attention grabbing on the World Wide Web. <i>Proceedings of the Human Factors and Ergonomics Society 42nd Annual Meeting, </i><b>1</b>, 463-467. </span></span></p> <p class="LCNBiblio" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-bottom:8px; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Berthelot-Guiet, K. (2013), Paroles du pub, &Eacute;ditions Non Standard, Le Havre.</span></span></p> <p class="LCNBiblio" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-bottom:8px; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Berthelot-Guiet, K. (2015), 80 ans d&rsquo;autor&eacute;gulation publicitaire, <i>Avis &agrave; la publicit&eacute;</i>, Wolton, D., Cherche-Midi, Paris.</span></span></p> <p class="LCNBiblio" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-bottom:8px; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Berthelot-Guiet, K. (2020), The Digital Advertising Call: An Archeology of Advertising Literacy. Meiselwitz G. (eds) <i>Participation, User Experience, Consumer Experience, and Applications of Social Computing</i>, pp.278-294, Springer (2020). </span></span></p> <p class="LCNBiblio" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-bottom:8px; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif">&nbsp;Berthelot-Guiet, K. (2021), Advertising on the Web; Soft Narration or Hard Promotion. &nbsp;Meiselwitz G. (eds) <i>Social Computing and Social Media. Applications in Marketing, Learning, and Health</i>. HCII 2021. Lecture Notes in Computer Science, vol 11579, pp.417-433, Springer.</span></span></p> <p class="LCNBiblio" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-bottom:8px; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Berthelot-Guiet, K. (2022), <span style="background:white">Hints of Advertising Digital Literacy: Fragments of Media Discourses</span>. Meiselwitz G. (eds) <i>Social Computing and Social Media. Applications in Marketing</i>. HCII 2022, Springer.</span></span></p> <p class="LCNBiblio" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-bottom:8px; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Berthelot-Guiet, K., Marti de Montety, C., Patrin-Lecl&egrave;re, V. (2014), &nbsp;<i>La Fin de la Publicit&eacute;&nbsp;? Tours et Contours de la D&eacute;publicitarisation</i>, Bord de l&#39;eau, Lormont.</span></span></p> <p class="LCNBiblio" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-bottom:8px; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="color:#323232">Bullich</span><span style="background:white">, V. (2021). Les trois&nbsp;&eacute;tats&nbsp;du &laquo;&nbsp;</span><i>native advertising</i><span style="background:white">&nbsp;&raquo;. Usages sociaux et r&eacute;gimes de circulation d&rsquo;une innovation terminologique.&nbsp;</span><i>Communication &amp; management</i><span lang="EN-US" style="background:white">, 18, 115-133.</span> </span></span></p> <p class="LCNBiblio" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-bottom:8px; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Cara, C. (2019), Dark Patterns in the Medias; a Systematic Review, <i>Network Intelligence Studies Volume VII</i>, Issue 14.</span></span></p> <p class="LCNBiblio" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-bottom:8px; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Ducato, R., Marique, E. (2018), Come to the Dark Side: We Have Patterns. Choice Architecture and Design for (Un) Informed Consent, Gikii Conference 2018, Vienna, Austria.</span></span></p> <p class="LCNBiblio" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-bottom:8px; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Eco, U. (1972), <i>La Structure Absente, Introduction &agrave; la recherche s&eacute;miotique</i>, Mercure de France, Paris.</span></span></p> <p class="LCNBiblio" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-bottom:8px; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Flichy, P. (2008), <i>The Internet Imaginaire</i>, The MIT Press, Cambridge. </span></span></p> <p class="LCNBiblio" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-bottom:8px; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Galbraith, J.K. (1962), <i>Economic Development in Perspective</i>, Harvard University Press, Cambridge.</span></span></p> <p class="LCNBiblio" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-bottom:8px; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Goody, J. (1968), <i>Literacy in Traditional Societies</i>, Cambridge University Press, Cambridge. </span></span></p> <p class="LCNBiblio" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-bottom:8px; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Habermas, J. (1989), <a href="http://93.174.95.29/_ads/A115CE4946D12A3B0D62ABD379ECCBCC" style="color:blue; text-decoration:underline"><i><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none">The structural transformation of the public sphere: an inquiry into a category of bourgeois society</span></span></i></a><span style="color:black">, MIT Press, Cambridge.</span></span></span></p> <p class="LCNBiblio" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-bottom:8px; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Herpin, N. (2001) <i>Sociologie de la consommation</i>, La D&eacute;couverte, Paris.</span></span></p> <p class="LCNBiblio" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-bottom:8px; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Hoggart, R. (1957-1990), <i>The Uses of Literacy. Aspects of Working-Class Life</i>, Penguin Books, London.</span></span></p> <p class="LCNBiblio" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-bottom:8px; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Jeanneret, Y. (2014), <i>Critique de la Trivialit&eacute;. Les M&eacute;diations de la Communication, Enjeu de Pouvoir</i>, &Eacute;ditions Non Standard, Le Havre.</span></span></p> <p class="LCNBiblio" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-bottom:8px; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Jeanneret, Y.(2008), <i>Penser la Trivialit&eacute;. La Vie Triviale des &Ecirc;tres Culturels</i>, Herm&egrave;s-Lavoisier, Paris.</span></span></p> <p class="LCNBiblio" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-bottom:8px; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Jensen, K.B., Rosengren, K.E. (1990), Five Traditions in Search of the Audience, <i>European Journal of Communication</i> 5(2), pp.207-238.</span></span></p> <p class="LCNBiblio" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-bottom:8px; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Katz, E., Liebes, T. (1990), Interacting with &ldquo;Dallas&quot;: Cross-Cultural Readings of American TV, <i>Canadian Journal of Communication</i>, 1, pp.41-66.</span></span></p> <p class="LCNBiblio" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-bottom:8px; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Marcuse, H. (1964, 2006), <i>One-Dimensional Man</i>, Routledge, London.</span></span></p> <p class="LCNBiblio" style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt; margin-bottom:8px; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif">Tchakhotine, S. (1940, 2007), <i>The Rape of the Masses; the Psychology of Totalitarian Political Propaganda</i>, George Routledge, London.</span></span></p> <p class="LCNRsum" style="text-align:justify; margin-left:38px">&nbsp;</p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p class="LCNNotesbasdepage" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Garamond&quot;,serif">[1]</span></span></span></span></a> Ce corpus exploratoire est compos&eacute; des premi&egrave;res pages de r&eacute;sultats qui sont, g&eacute;n&eacute;ralement, les seules parcourues par les internautes.</span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p class="LCNNotesbasdepage" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Garamond&quot;,serif">[2]</span></span></span></span></a> https://www.cep-pub.org/avis/avis-du-cep-communication-et-information/</span></span></p> </div> <div id="ftn3"> <p class="LCNNotesbasdepage" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Garamond&quot;,serif">[3]</span></span></span></span></a> Voir sur ce point le roman d&rsquo;Emile Zola <i>L&rsquo;argent</i> paru en 1891</span></span></p> </div> <div id="ftn4"> <p class="LCNNotesbasdepage" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Garamond&quot;,serif">[4]</span></span></span></span></a> &nbsp;<span style="background:white">La lettre d&#39;information de l&#39;autodiscipline publicitaire, n&deg; 4, janvier 2012</span></span></span></p> </div> <div id="ftn5"> <p class="LCNNotesbasdepage" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Garamond&quot;,serif">[5]</span></span></span></span></a> http://darkpatterns.org</span></span></p> </div> </div>