<p>Résumé</p>
<p align="center" style="text-align:center"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Arial", sans-serif"><b><span lang="fr" style="background:white">Ingénieries pédagogiques et sensibilisation aux littératies numériques à l'Université :<br />
Le<i> Projet Up</i>, un dispositif collaboratif, hybride et innovant </span></b></span></span></span><br />
</p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Arial", sans-serif"><b><span lang="fr" style="background:white">I. Littératies numériques : un acquis indispensable pour l’étudiant contemporain </span></b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Arial", sans-serif"><span lang="fr" style="background:white">De nos jours, les étudiants se doivent d’acquérir différentes littératies numériques, qui renvoient notamment à “une capacité à comprendre, à utiliser et à créer des écrits sur des supports numériques” (Bachimont, Bouchardon, 2022). En effet, aujourd’hui, les étudiants ont à constituer une solide culture numérique et à maîtriser un certain nombre de littératies numériques, liées notamment à la production d’écrits et de contenus multi-supports (Crozat et al., 2011 ; Bouchardon et al., 2011). Diverses études soulignent le rôle que peut jouer la culture numérique des étudiants pour leur réussite universitaire (ADBU, 2012 ; Durpaire et Renoult, 2009 ; Kennel, 2014). D’autres pointent combien le degré de littératies numériques maîtrisées (Le Deuff, 2012) peut être déterminant pour cette réussite et, par delà, pour leur employabilité. Dans cette perspective, l’Université et ses différents acteurs (enseignants, ingénieurs pédagogiques, médiateurs) sont enjoints à innover (Choplin et al., 2008 ; Bertrand, 2014, Rohr et al., 2015), à convoquer l’autrement, à générer des ingénieries pédagogiques (voire andragogiques) nouvelles, alternatives, et numérisées, pour l’acquisition et le renforcement de littératies numériques. Dans le présent propos, nous proposons d’explorer - et d’interroger - les ingénieries pédagogiques universitaires qui œuvrent au développement de littératies numériques chez les étudiants. </span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Arial", sans-serif"><b><span lang="fr" style="background:white">II. Étude d’un dispositif pédagogique universitaire fondé sur l’acquisition de littératies numériques</span></b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Arial", sans-serif"><span lang="fr" style="background:white">Afin d’étayer notre propos, nous proposons d’étudier le <i>Projet Up</i> : un dispositif d’aide à la réussite universitaire (la <i>Remédiation</i>), impulsé par la Loi <i>ORE </i>(Orientation et Réussite des Étudiants), que nous conduisons, depuis </span>4 <span style="background:white">ans, en tant que MCF et IPIN (Ingénieure en Pédagogies Innovantes et Numériques), au sein du département information-communication de l'université Paul-Valéry (Montpellier, France). Nous choisissons d’explorer spécifiquement ce dispositif d’aide à la réussite, car ce dernier nous semble constituer un terrain particulièrement fertile pour étudier la façon dont les littératies numériques sont travaillées à l’Université. En effet, ce dernier, de par sa configuration hybride notamment, invite les étudiants à travailler différentes littératies numériques.</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Arial", sans-serif"><span lang="fr" style="background:white">Dans ce dispositif, notre mission principale repose sur l’atteinte des différents objectifs de la <i>Remédiation, </i>tels que définis par la Loi ORE : favoriser l’amélioration des écrits des étudiants, leur attachement au cursus entrepris (ici : information-communication), leur intégration et - <i>in fine </i>- leur réussite. Afin d’atteindre ces objectifs, nous plaçons les étudiants en situation professionnelle : nous les amenons à former une Entreprise d’Entrainement Pédagogique (EEP), prenant la forme d’une agence-junior de communication, fédérée autour d’une conduite de projet collaborative et hybride. Leur mission : travailler ensemble, <i>via</i> différentes plateformes (<i>Google Drive, Facebook, Instagram, WhatsApp</i>), et produire des contenus (articles, interviews, publications enrichies pour les réseaux sociaux...) promouvant les projets (pédagogiques, administratifs, associatifs, estudiantins) émergeant dans leur département (information-communication), dans leur composante, voire dans leur université. Ainsi - et inévitablement -, cette ingénierie pédagogique convoque l’utilisation et stimule l’acquisition de diverses littératies numériques </span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Arial", sans-serif"><span lang="fr" style="background:white">Afin d'explorer les principales littératies numériques travaillées au sein du <i>Projet Up</i>, nous mobilisons une approche qualitative (Gohier, 2004 ; Paillé, Mucchielli, 2005 ; Anadon, 2006) fondée sur une démarche ethnographique (Garfinkel, 1967 ; Trudel, 1994 ; Barthélémy et al., 2015), consistant en l’observation minutieuse des pratiques et usages en situation. Ces observations sont collectées dans un journal de bord, tenu systématiquement d’octobre 2018 à février 2022. Les données consignées dans ce journal de bord sont soumises à une analyse thématique de contenu (Bardin, 2013) et passées au tamis de diverses références théoriques. Cette double démarche ambitionne de tisser un fructueux dialogue entre enseignant-chercheur et praticien-ingénieur pédagogique (Lameul, Loisy, 2014), capable d’esquisser et d’interroger la façon dont les littératies numériques sont travaillées dans le cadre de notre dispositif. </span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Arial", sans-serif"><b><span lang="fr" style="background:white">III. Littératies et translittératie en jeu au sein d’un dispositif d’aide à la réussite universitaire </span></b></span></span></span></p>
<p style="border:medium none; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Arial", sans-serif"><span lang="fr" style="background:white">L<i>e Projet Up</i> mobilise diverses formes de littératies en vue d’en favoriser l’acquisition.<br />
D’une part, des littératies universitaires et professionnelles. En effet, le <i>Projet Up </i>conduit les étudiants à maîtriser différentes littératies indispensables à leur devenir universitaire et professionnel. Sur ce plan, et pour ne citer que quelques exemples, il pousse notamment les étudiants à acquérir des littératies en lien avec : la conduite de projet (Perrenoud, 2002), le travail collaboratif (Bourgatte et al., 2016), le réseautage et l’intégration (Berthaud, 2017), la recherche d’informations (Kennel, 2014), l’écriture (académique, professionnelle), la production de contenus promotionnels (écrits, sonores, audiovisuels)... Des littératies qu’ils se doivent de maîtriser s’ils souhaitent devenir des acteurs sociaux adaptés - à la fois - au milieu universitaire dans lequel ils évoluent, et au monde socio-professionnel qu’ils s’apprêtent à intégrer.<br />
Plus spécifiquement, le <i>Projet Up </i>active - par la médiation de l’hybridation notamment - un certain nombre de littératies numériques. En effet, en articulant notre dispositif à un appareillage multi-plateformes (<i>Google Drive, Facebook, Instagram, WhatsApp), </i>nous acculturons les étudiants à différentes littératies numériques : le travail en <i>présentiel enrichi</i> et en <i>tout distanciel </i>(en contexte de confinement), la collaboration en ligne synchrone et asynchrone, la production de contenus numériques (écriture, édition, montage, bricolage, publication en ligne…), l’écriture pour le Web, le <i>community management, </i>la promotion <i>transmédia</i>… Simultanément, et en filigrane, l’ingénierie du <i>Projet Up </i>conduit les étudiants à se questionner sur les problématiques inhérentes à ces différentes pratiques numériques (propriété intellectuelle des contenus en ligne, sécurité des données…) (Selwyn, Facer, 2013 ; Arpagian, 2018). Ces différentes dynamiques visent à offrir, <i>in fine, </i>aux étudiants, les bases d’une citoyenneté numérique (Greffet, Wojcik, 2014), leur conférant un statut de “lettrés du numérique” (Bouchardon, Cailleau, 2018). </span></span></span></span></p>
<p style="border:medium none; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Arial", sans-serif"><span lang="fr" style="background:white">De manière plus transversale, l’orientation originale donnée à notre ingénierie (conduite de projet collaborative et hybridée) permet de sensibiliser les étudiants à différentes littératies (littératies universitaires, professionnelles, numériques) - aujourd’hui étroitement convergentes et entrelacées (Le Deuff, 2012) - ancrant résolument notre dispositif dans une perspective “<i>translittératique</i>” (Thomas <i>et al </i>2007).</span></span></span></span></p>
<p style="border:medium none; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Arial", sans-serif"><b>Bibliographie indicative</b></span></span></span></p>
<p style="border:medium none; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Arial", sans-serif"><span lang="fr" style="font-size:10.0pt"><span style="background:white"><span style="line-height:115%">Adbu (Association des Directeurs et des personnels de direction des Bibliothèques Universitaires et de la documentation.) (2012). <i>Référentiel de compétences informationnelles pour réussir son parcours de formation dans les établissements d’Enseignement Supérieur</i>.<br />
Anadon, M. (2006). La recherche dite ‘qualitative’ : de la dynamique de son évolution aux acquis indéniables et aux questionnements présents. <i>Recherches Qualitatives</i>, 26(1), 5-31.<br />
Arpagian, N. (2018). <i>La cybersécurité</i>. Paris: PUF.</span></span></span><br />
<span lang="fr" style="font-size:10.0pt"><span style="background:white"><span style="line-height:115%">Bachimont, B., Bouchardon, S. (2022). Appel à articles pour le numéro “Littératie et rhétorique numérique”. <i>Intelligibilité du numérique</i>, 4.<br />
Bardin, L. (2013). <i>L'analyse de contenu</i>. Paris : PUF.<br />
Barthélémy, T., Combessie, P., Fournier, L., Monjaret, A. (2014). <i>Ethnographies plurielles. Déclinaisons selon les disciplines.</i> Paris : Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques.<br />
Berthaud, J. (2017). Les effets de l’intégration sociale étudiante sur la réussite universitaire en 1er cycle sont-ils significatifs ?. <i>Revue française de pédagogie</i>, 200, 99-117.<br />
Bertrand, C. (2014). <i>Soutenir la transformation pédagogique dans l’enseignement supérieur. </i>Paris, Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche.<br />
Bouchardon, S., Cailleau, I., Crozat, S., Bachimont, B. & Thibaud, H. (2011). Explorer les possibles de l'écriture multimédia. <i>Les Enjeux de l'information et de la communication</i>, 12(2), 11-24.<br />
Bouchardon, S. & Cailleau, I. (2018). Milieu numérique et ‘lettrés’ du numérique. <i>Le français aujourd'hui</i>, 200, 117-126.<br />
Bourgatte, M., Ferloni, M, Tessier, L. (2016). <i>Quelles humanités numériques pour l’éducation ? Ouvrage collaboratif édité en temps réel</i>. Paris : MkF éditions.<br />
Choplin, H., Audran, J., Cerisier, J.-F., Lemarchand, S., Paquelin, D., Simonian, S., Jacquinot, G. (2008). Quelle recherche sur et pour l’innovation pédagogique ?. <i>Distances et savoirs</i>, 5(4), 483-505.<br />
Crozat, S., Bachimont, B., Cailleau, I., Bouchardon, S. & Gaillard, L. (2011). Éléments pour une théorie opérationnelle de l'écriture numérique. <i>Document numérique</i>, 14, 9-33.<br />
Durpaire, J-L, Renoult, D. (2009). <i>L’accès et la formation à la documentation du lycée à l’université : un enjeu pour la réussite des études supérieures. </i>Rapport d’inspection générale (Inspection générale de l’Education Nationale et Inspection générale des Bibliothèques).<br />
Garfinkel, H. (1967). <i>Studies in Ethnomethodology</i>. Englewood Cliffs, NJ : Prentice-Hall.<br />
Gohier, C. (2004). De la démarcation entre critères d’ordre scientifique et d’ordre éthique en recherche interprétative. <i>Recherches Qualitatives</i>, 4, 3-17.<br />
Greffet, F., Wojcik, S. (2014). La citoyenneté numérique. <i>Réseaux, </i>184-185, 125-159.</span></span></span><br />
<span lang="fr" style="font-size:10.0pt"><span style="background:white"><span style="line-height:115%">Hoechsmann, M., De Waard, H. (2015). Définir la politique de littératie numérique et la pratique dans le paysage de l’éducation canadienne. <i>HabiloMédias</i>.<br />
Kennel, S. (2014). <i>Pratiques et compétences informationnelles des étudiants dans les </i>espaces de formation en ligne. Thèse de doctorat, Université de Strasbourg.<br />
Lameul, G., Loisy, C. (2014). Comprendre la pédagogie universitaire numérique au sein du dialogue entre chercheurs et praticiens. In Lameul Geneviève, Loisy Catherine (dirs.). <i>La pédagogie universitaire à l’heure du numérique</i>, Louvain-la-Neuve : De Boeck.<br />
Le Deuff, O. (2012). Littératies informationnelles, médiatiques et numériques : de la concurrence à la convergence ?. <i>Études de communication</i>, 38, 131-147.<br />
Paillé, P., Mucchielli, A. (2005). <i>L’analyse qualitative en sciences humaines et sociales. </i>Paris : Colin.<br />
Perrenoud, P. (2002). Apprendre à l’école à travers des projets. <i>Éducateur,</i> 14, 6-11</span></span></span><span lang="fr" style="font-size:10.0pt"><span style="background:white"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">.</span></span></span></span><br />
<span lang="fr" style="font-size:10.0pt"><span style="background:white"><span style="line-height:115%">Rorh, A., Veyrunes, P., Drakos, A. (2015). Pratiques d'enseignement universitaire innovantes : quels effets pour les étudiants ? Étude sur l'évolution des erreurs d'accord en français. In <i>Colloque Apprendre, Transmettre, Innover à/par l'Université</i>, Juin, Montpellier.<br />
Selwyn, N., Facer, K. (2013). <i>The politics of education and technology : conflicts, controversies, connections</i>. NY: Palgrave Macmillan.<br />
Thomas, S., Joseph, C., Laccetti, J., Mason, B., Mills, S., Perril, S., & Pullinger, K. (2007). Transliteracy: crossing divides. <i>First monday</i>.<br />
Trudel, M. (1994). Des approches centrées sur les gens : l'ethnographie et la phénoménologie. In Bouchard, Pierrette, <i>La recherche qualitative : Études comparatives </i>(39-61), Québec : Labraps.</span></span></span></span></span></span></p>