<p><!-- x-tinymce/html --></p> <p><strong>Abstract</strong>&nbsp;:&nbsp;The term &quot;digital literacy&quot; can be understood as the ability to understand, use and create writings in digital media. But does it mean knowing how to code, mastering multimedia or multimodal writing, or being able to argue and deliberate online? This article identifies three levels of interrogation of the digital as a new modality of writing: writing as computer code, writing as media expression, and finally writing as argumentation or rhetorical discourse.</p> <p><strong>Keywords :</strong>&nbsp;digital literacy, rhetoric, writing, code, text, argumentation, literate, scholar.</p> <p>&nbsp;</p> <h2>Litt&eacute;ratie num&eacute;rique</h2> <p>Selon la d&eacute;finition fr&eacute;quemment cit&eacute;e de l&rsquo;Organisation de coop&eacute;ration et de d&eacute;veloppement &eacute;conomiques (OCDE, 2000), &laquo;<em>&nbsp;la litt&eacute;ratie est l&rsquo;aptitude &agrave; comprendre et &agrave; utiliser l&rsquo;information &eacute;crite dans la vie courante, &agrave; la maison, au travail et dans la collectivit&eacute; en vue d&rsquo;atteindre des buts personnels et d&#39;&eacute;tendre ses connaissances et ses capacit&eacute;s</em>&nbsp;&raquo;. L&rsquo;expression&nbsp;<i>litt&eacute;ratie num&eacute;rique</i>&nbsp;pourrait d&egrave;s lors &ecirc;tre entendue comme la capacit&eacute; &agrave; comprendre, &agrave; utiliser et &agrave; cr&eacute;er des &eacute;crits sur des supports num&eacute;riques. Dans la lign&eacute;e de la th&egrave;se de la &laquo;&nbsp;raison graphique&nbsp;&raquo;&nbsp;de Goody, il semble pertinent d&rsquo;envisager la&nbsp;<i>litt&eacute;ratie num&eacute;rique</i>&nbsp;comme relevant d&rsquo;une compr&eacute;hension et d&rsquo;une connaissance des sp&eacute;cificit&eacute;s des&nbsp;technologies num&eacute;riques, comprises dans leur continuit&eacute; avec l&rsquo;&eacute;criture. Par la suite, Bachimont a pour sa part propos&eacute; le concept de &laquo;&nbsp;raison computationnelle&nbsp;&raquo;.</p> <p>Mais dans quelle mesure l&rsquo;&eacute;criture elle-m&ecirc;me est-elle reconfigur&eacute;e avec le num&eacute;rique&nbsp;? On parle ainsi d&rsquo;&eacute;criture multim&eacute;dia ou multimodale, interactive, collaborative&hellip; Quelles sont les connaissances et comp&eacute;tences requises pour &ecirc;tre non pas seulement un alphab&eacute;tis&eacute;, mais un&nbsp;<i>lettr&eacute;</i>&nbsp;du num&eacute;rique&nbsp;?</p> <p>On pourrait d&eacute;gager trois niveaux d&rsquo;interrogation du num&eacute;rique comme nouvelle modalit&eacute; de l&rsquo;&eacute;criture : l&rsquo;&eacute;criture comme code informatique, l&rsquo;&eacute;criture comme expression m&eacute;diatique, et enfin l&rsquo;&eacute;criture comme argumentation ou discours rh&eacute;torique. Dans le premier cas, on s&rsquo;adresse &agrave; la machine, dans le second &agrave; soi-m&ecirc;me pour donner une forme expressive &agrave; son vouloir dire, et dans le troisi&egrave;me &agrave; autrui, dans un dialogue scand&eacute; par l&rsquo;argumentation et la d&eacute;lib&eacute;ration, et plus g&eacute;n&eacute;ralement toutes les formes de discours permettant un &eacute;change entre agents s&eacute;miotiques.&nbsp;</p> <p>Il est difficile d&rsquo;&eacute;tablir une hi&eacute;rarchie, une priorit&eacute; entre ces trois niveaux pour parler d&rsquo;une litt&eacute;ratie num&eacute;rique. Sa ma&icirc;trise consiste-t-elle avant tout &agrave; conna&icirc;tre et &agrave; pratiquer l&rsquo;algorithmique et la programmation (selon la formule &laquo;&nbsp;programmer pour ne pas &ecirc;tre programm&eacute;&nbsp;&raquo;)&nbsp;? Ou bien de comprendre la s&eacute;miotique des relations entre textes, images, sons et vid&eacute;os, pour ma&icirc;triser et pratiquer une &eacute;criture multim&eacute;dia, multimodale, polysensorielle&nbsp;? Ou encore de comprendre la logique interactive et participative des productions &eacute;crites en ligne, notamment sur les r&eacute;seaux sociaux, et d&#39;&ecirc;tre conscient de ce que ces usages impliquent, notamment des risques et des pr&eacute;cautions &agrave; prendre&nbsp;?&nbsp;</p> <p>Ces questions permettent d&rsquo;interroger et de reconsid&eacute;rer les figures consacr&eacute;es de la culture &eacute;crite de l&rsquo;alphab&eacute;tis&eacute;, du lettr&eacute;, de l&rsquo;&eacute;rudit. Qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;&ecirc;tre alphab&eacute;tis&eacute; dans le contexte num&eacute;rique&nbsp;: savoir coder, utiliser un traitement de texte, mobiliser un tableur&nbsp;? La culture lettr&eacute;e est-elle une connaissance des productions num&eacute;riques, fictionnelles, artistiques, m&eacute;diatiques&nbsp;? &nbsp;Dans ce cas, quel r&ocirc;le peuvent jouer les pratiques d&rsquo;&eacute;criture dites cr&eacute;atives (litt&eacute;rature num&eacute;rique, art num&eacute;rique) dans cette culture lettr&eacute;e num&eacute;rique&nbsp;? Et jusqu&rsquo;&agrave; quel point faut-il pratiquer pour que le num&eacute;rique soit intelligible, jusqu&rsquo;&agrave; quel point faut-il&nbsp;<i>faire pour comprendre&nbsp;</i>? Une des principales divergences entre les chercheurs semble &ecirc;tre en effet de savoir &agrave; quel point l&rsquo;&eacute;criture informatique, &agrave; savoir la programmation, est n&eacute;cessaire &agrave; la litt&eacute;ratie num&eacute;rique. La figure de l&rsquo;&eacute;rudition, quant &agrave; elle, est &eacute;galement peu &eacute;vidente : l&rsquo;&eacute;rudit du num&eacute;rique est-il celui qui conna&icirc;t tout d&rsquo;une pratique donn&eacute;e&nbsp;? D&rsquo;un type de contenu&nbsp;? D&rsquo;un type de m&eacute;diation communicationnelle&nbsp;?</p> <p>Ces questions sont d&rsquo;autant plus difficiles &agrave; aborder et &agrave; analyser que le num&eacute;rique n&rsquo;est pas seulement un nouvel outil, parmi d&rsquo;autres, pour cr&eacute;er, &eacute;changer et consulter des inscriptions culturelles. Le num&eacute;rique est plut&ocirc;t notre nouveau milieu d&rsquo;&eacute;criture et de lecture, voire notre nouveau milieu pour penser et pour agir : la plupart des outils que nous utilisons pour interagir avec les entit&eacute;s constituant notre environnement sont d&eacute;sormais num&eacute;riques. Les usages sont divers, qu&#39;il s&#39;agisse de notre t&eacute;l&eacute;phone pour discuter et &eacute;changer aussi bien que des applications permettant de nous relier &agrave; ce qui nous entoure, &agrave; ceux qui nous entourent, voire &agrave; qui nous sommes (si l&#39;on consid&egrave;re les applications nous mesurant et calculant, que ce soit nos param&egrave;tres physiologiques, psychologiques ou sociaux). Mais tel le poisson qui, &eacute;voluant dans l&rsquo;eau, voit &agrave; travers l&rsquo;eau mais ne voit pas l&rsquo;eau elle-m&ecirc;me, ce milieu num&eacute;rique nous est souvent invisible. L&rsquo;enjeu d&rsquo;une litt&eacute;ratie num&eacute;rique pourrait &ecirc;tre de contribuer &agrave;&nbsp;<i>rendre visible</i>&nbsp;ce milieu num&eacute;rique que nous constituons et qui nous constitue, afin de le comprendre et d&rsquo;agir dans celui-ci. Il ne s&rsquo;agirait donc pas seulement d&rsquo;une ma&icirc;trise instrumentale du num&eacute;rique (certains avancent le terme d&rsquo;<i>illectronisme</i>, contraction d&#39;illettrisme et d&rsquo;&eacute;lectronique), mais d&rsquo;une r&eacute;elle compr&eacute;hension du num&eacute;rique et de ses transformations, n&eacute;cessitant une posture r&eacute;flexive et un usage &eacute;clair&eacute;. La litt&eacute;ratie num&eacute;rique irait d&egrave;s lors au-del&agrave; d&rsquo;une alphab&eacute;tisation au num&eacute;rique (qui se limiterait &agrave; des moyens techniques &agrave; utiliser) et mobiliserait une acculturation et une &eacute;rudition.&nbsp;</p> <h2>Rh&eacute;torique num&eacute;rique</h2> <p>Il y a donc &agrave; penser l&rsquo;articulation des trois niveaux &eacute;voqu&eacute;s ci-dessus, code - texte - argumentation. Si, &eacute;nonc&eacute;s dans cet ordre, chacun semble &ecirc;tre la condition du suivant, ils sont tous une clef de lecture pour &eacute;tudier et &eacute;clairer ce qu&rsquo;est et ce que fait le pr&eacute;c&eacute;dent. Comprendre le code passe souvent par la compr&eacute;hension de ce que permet de faire le code, de m&ecirc;me qu&rsquo;apprendre &agrave; &eacute;crire passe &eacute;galement par la compr&eacute;hension du r&ocirc;le des &eacute;crits et des textes dans les rapports &agrave; autrui (&eacute;changer, supplier, aimer, r&eacute;clamer, argumenter, etc.).&nbsp;</p> <p>Ainsi le niveau rh&eacute;torique aurait-il un r&ocirc;le singulier et premier&nbsp;: c&rsquo;est gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;intelligibilit&eacute; que l&rsquo;on a des outils et contenus num&eacute;riques que l&#39;on peut construire ou &eacute;laborer un sens &agrave; partager et discuter. Mais plus encore, il s&rsquo;agirait de b&acirc;tir par cette approche une compr&eacute;hension partag&eacute;e de la nature et du r&ocirc;le que remplissent les objets et outils num&eacute;riques dans notre monde. Car, plut&ocirc;t que d&rsquo;une&nbsp;<i>litt&eacute;ratie num&eacute;rique</i>&nbsp;(adjectif &eacute;pith&egrave;te subjectif), il conviendrait de parler d&rsquo;une&nbsp;<i>litt&eacute;ratie du num&eacute;rique&nbsp;</i>(g&eacute;nitif objectif).&nbsp; Il s&rsquo;agirait d&rsquo;aborder du point de vue de la litt&eacute;ratie (et de l&rsquo;&eacute;criture) les probl&egrave;mes pos&eacute;s par le num&eacute;rique. En effet, l&#39;enjeu n&rsquo;est pas seulement de comprendre ce que fait le num&eacute;rique aux notions de litt&eacute;ratie &ndash; et d&#39;&eacute;criture &ndash;, mais &eacute;galement ce que la litt&eacute;ratie &ndash; et l&#39;&eacute;criture comme pratique &ndash; permettent de comprendre des potentialit&eacute;s et des limites du num&eacute;rique. L&rsquo;&eacute;ducation au num&eacute;rique ne peut pas &ecirc;tre une fin en soi&nbsp;; elle ne se justifie que par l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; une culture par le num&eacute;rique. En quelque sorte, il s&rsquo;agirait de s&rsquo;&eacute;duquer au num&eacute;rique pour s&rsquo;&eacute;duquer par le num&eacute;rique.&nbsp;</p> <p>La rh&eacute;torique du num&eacute;rique, par le num&eacute;rique, a ainsi un r&ocirc;le pivot pour le sens que l&rsquo;on partage r&eacute;pondant au code comme pivot pour la ma&icirc;trise de l&rsquo;outil. Si le code est la compr&eacute;hension de l&rsquo;outil, la rh&eacute;torique serait alors l&#39;intelligibilit&eacute; des contenus num&eacute;riques et usages dont ils font l&rsquo;objet. Quelles figures, quels discours, quelles formes culturelles du num&eacute;rique r&eacute;pondraient au pathos, logos et ethos de notre culture classique et de ses figures de mots et de pens&eacute;e&nbsp;? Si le r&eacute;cit est la forme signifiante la plus fondamentale pour qu&rsquo;un &ecirc;tre humain rende raison de ce qui lui arrive, quels r&eacute;cits construire sur notre aventure num&eacute;rique&nbsp;? Comment fonder et articuler ces r&eacute;cits sur les pratiques concr&egrave;tes et les techniques effectives dont le num&eacute;rique est l&rsquo;objet&nbsp;? On retrouve encore l&rsquo;intrication des trois niveaux &eacute;voqu&eacute;s : quelles structures et/ou langage de programmation (niveau du code)&nbsp;? Quelles formes discursives (niveau du texte)&nbsp;? Quelles figures narratives&nbsp;(niveau rh&eacute;torique)&nbsp;? Les autrices et auteurs de ce dossier explorent diff&eacute;rentes pistes.</p> <h2>Illustrations</h2> <p>Dans leur article intitul&eacute; &laquo;&nbsp;<em>Processus visuo-spatial et motricit&eacute; fine en jeu dans l&rsquo;utilisation de la souris sur l&rsquo;ordinateur pour un public&nbsp;non scolaris&eacute;</em>&nbsp;&raquo;, Elise Gandon et B&eacute;n&eacute;dicte Kachee posent la question de l&rsquo;alphab&eacute;tisation au num&eacute;rique pour des personnes elles-m&ecirc;mes en situation d&rsquo;alphab&eacute;tisation, c&rsquo;est-&agrave;-dire pas ou peu scolaris&eacute;es. Les autrices mettent en avant la difficult&eacute; pour ces personnes &agrave; s&rsquo;approprier l&rsquo;outil num&eacute;rique, en l&rsquo;occurrence &agrave; faire le lien entre la manipulation de la souris et les actions de pointage et de clic &agrave; l&rsquo;&eacute;cran. L&rsquo;article propose une m&eacute;thodologie de recherche empirique bas&eacute;e sur l&rsquo;observation d&rsquo;adultes migrants. Les r&eacute;sultats sont ensuite discut&eacute;s de mani&egrave;re qualitative. Cette analyse permet aux auteurs de proposer diff&eacute;rentes pistes pour am&eacute;liorer les pratiques des formateurs en FLE.</p> <p>La litt&eacute;ratie num&eacute;rique passe &eacute;galement par une litt&eacute;ratie des donn&eacute;es et de l&rsquo;information. C&rsquo;est ce qu&rsquo;argumente l&rsquo;article intitul&eacute; &laquo;&nbsp;<em>Circulation des donn&eacute;es et des comp&eacute;tences autour des cartes de la pand&eacute;mie de Covid-19 publi&eacute;es sur Wikimedia Commons</em>&nbsp;&raquo; d&rsquo;Antoine Segault. En effet, les outils num&eacute;riques en g&eacute;n&eacute;ral et les r&eacute;seaux dits sociaux en particulier permettent &agrave; tout un chacun d&rsquo;alimenter les discussions et de contribuer via le partage de ses donn&eacute;es et informations. Cette ouverture implique une acculturation n&eacute;cessaire sur la mani&egrave;re d&rsquo;&eacute;crire pour &ecirc;tre lu, et de lire pour qualifier et s&rsquo;approprier l&rsquo;information sans en &ecirc;tre le jouet ou le dupe. Certains environnements, notamment les outils s&rsquo;articulant autour du mouvement Wikimedia, proposent des r&egrave;gles &eacute;ditoriales organisant la production des informations, leur int&eacute;gration et finalement le mode de lecture. Ces environnements produisent de l&rsquo;information de qualit&eacute; et se trouvent &eacute;galement mobilis&eacute;s pour proposer du contenu sur les &eacute;v&eacute;nements r&eacute;cents. C&rsquo;est notamment l&rsquo;&eacute;tude de cas choisie par l&rsquo;auteur, la crise pand&eacute;mique du Covid 19. En s&rsquo;int&eacute;ressant aux cartes produites, l&rsquo;auteur montre les comp&eacute;tences n&eacute;cessaires (cartographie, &eacute;pid&eacute;miologie, programmation), les outils utilis&eacute;s (codes, API, sources de donn&eacute;es) et aborde les discussions suscit&eacute;es par les cartes (prises de position politique, notamment sur les d&eacute;coupages g&eacute;ographiques). On comprend que la litt&eacute;ratie num&eacute;rique est plurielle et qu&rsquo;elle demande la compr&eacute;hension d&rsquo;&eacute;cosyst&egrave;mes vari&eacute;s dans leurs diff&eacute;rentes dimensions&nbsp;: techniques, scientifiques, m&eacute;diatiques, politiques.</p> <p>L&rsquo;article intitul&eacute; &laquo;&nbsp;<em>Formes discursives et design g&eacute;n&eacute;riques dans les plateformes participatives de critique culturelle</em>&nbsp;&raquo; d&rsquo;Ir&egrave;ne de Togni et de C&eacute;cile Payeur aborde les questions de litt&eacute;ratie dans le contexte des plateformes culturelles participatives, o&ugrave; les institutions et les individus cohabitent et collaborent &agrave; la constitution d&rsquo;une connaissance partag&eacute;e et commune. L&rsquo;approche adopt&eacute;e est de recourir &agrave; la notion de genre (au sens de genre textuel ou documentaire) pour comprendre comment se constitue et s&rsquo;utilise dans un contexte num&eacute;rique participatif un corps de r&egrave;gles, prescriptions et structures. Le concept de genre est notamment consid&eacute;r&eacute; comme forme g&eacute;n&eacute;rique et g&eacute;n&eacute;ratrice&nbsp;: ce qui engendre et conforme un r&eacute;sultat. Les autrices inspectent une forme particuli&egrave;re, celle de liste, pour mieux cerner le pouvoir d&rsquo;agencement du dispositif, mais &eacute;galement les d&eacute;placements op&eacute;r&eacute;s par les utilisateurs. Une telle &eacute;tude permet de mettre en &eacute;vidence que l&rsquo;utilisateur non seulement utilise des formes pr&eacute;existantes, mais &eacute;galement devient lui-m&ecirc;me un g&eacute;n&eacute;rateur de son milieu par l&rsquo;expertise et les connaissances acquises des formes g&eacute;n&eacute;riques de participation et de production.</p> <p>Dans leur article intitul&eacute; &laquo;&nbsp;<em>Ing&eacute;nieries p&eacute;dagogiques et sensibilisation aux litt&eacute;raties num&eacute;riques &agrave; l&#39;Universit&eacute;. Le&nbsp;</em>Projet Up<em>, un dispositif collaboratif, hybride et innovant</em>&nbsp;&raquo;, St&eacute;phanie Marty et Katia Vasquez s&rsquo;appuient sur la distinction entre alphab&eacute;tis&eacute;s, lettr&eacute;s et &eacute;rudits du num&eacute;rique. A partir de l&rsquo;&eacute;tude d&rsquo;un dispositif d&rsquo;aide &agrave; la r&eacute;ussite universitaire centr&eacute; sur l&rsquo;acquisition de litt&eacute;raties num&eacute;riques (le&nbsp;<i>Projet Up</i>), les autrices interrogent les ing&eacute;nieries p&eacute;dagogiques qui concourent au d&eacute;veloppement de ces litt&eacute;raties num&eacute;riques, depuis leur acquisition, leur mise en &oelig;uvre compr&eacute;hensive jusqu&rsquo;&agrave; leur appropriation critique. Si le&nbsp;<i>Projet Up</i>&nbsp;incite les &eacute;tudiants &agrave; devenir des alphab&eacute;tis&eacute;s, lettr&eacute;s, voire de potentiels &eacute;rudits du num&eacute;rique, il les sensibilise &eacute;galement &agrave; une translitt&eacute;ratie qui s&rsquo;exerce sur une grande diversit&eacute; de supports et de m&eacute;dias, les formant ainsi &agrave; une &laquo;&nbsp;culture globale (num&eacute;rique, professionnelle, acad&eacute;mique, culturelle, sociale&hellip;)&nbsp;&raquo; favorisant leur r&eacute;ussite professionnelle et leur &eacute;panouissement personnel.</p> <p>Si la rh&eacute;torique vise &agrave; convaincre, elle trouve en la publicit&eacute; un terrain d&rsquo;&eacute;lection. L&rsquo;article intitul&eacute; &laquo;&nbsp;<em>&Eacute;l&eacute;ments d&rsquo;une litt&eacute;ratie num&eacute;rique publicitaire</em>&nbsp;&raquo; de Karine Berthelot-Guiet permet d&rsquo;aborder la publicit&eacute; comme discours persuasif et de consid&eacute;rer les comp&eacute;tences critiques d&eacute;velopp&eacute;es par les internautes pour recevoir et interpr&eacute;ter ces contenus qui font d&eacute;sormais partie de la plupart des consultations sur le Web. Ces comp&eacute;tences naissent en d&eacute;calage avec les strat&eacute;gies d&eacute;ploy&eacute;es par les annonceurs, ces derniers cherchant &agrave; anticiper les attitudes des internautes et les persuader en s&rsquo;appuyant sur elles. Mais le paradoxe est que plus les annonceurs ciblent une population, plus cette derni&egrave;re les conna&icirc;t bien et sait interpr&eacute;ter, d&eacute;jouer ou mettre &agrave; distance, les strat&eacute;gies de l&rsquo;annonceur. En outre la r&eacute;p&eacute;tition des messages engendre plus la lassitude que la conviction. La comp&eacute;tence critique des internautes r&eacute;sulte ainsi de leur fr&eacute;quentation et immersion dans le milieu num&eacute;rique. Mais cette derni&egrave;re peut se trouver en difficult&eacute; en face des&nbsp;<i>dark patterns</i>, qui visent &agrave; faire prendre des d&eacute;cisions aux internautes qu&rsquo;ils ne prendraient pas n&eacute;cessairement en connaissance de cause, notamment &agrave; l&rsquo;occasion des questions concernant le traitement des donn&eacute;es personnelles. On retrouve ainsi les&nbsp;<i>fallacies</i>&nbsp;rh&eacute;toriques ou sophismes num&eacute;riques qui alt&egrave;rent la d&eacute;cision ou compr&eacute;hension de l&rsquo;internaute.</p> <p>Si la litt&eacute;ratie peut renvoyer aux comp&eacute;tences de lecture et d&rsquo;&eacute;criture, la rh&eacute;torique, dans son sens classique, vise &agrave; donner une force persuasive aux discours. Dans son article intitul&eacute; &laquo;&nbsp;<em>Rh&eacute;torique num&eacute;rique et mod&egrave;les persuasifs fallacieux</em>&nbsp;&raquo;, Emmanuelle Caccamo propose d&rsquo;investiguer, dans le cadre de la rh&eacute;torique de l&rsquo;interactivit&eacute; propre au num&eacute;rique, les sophismes compris comme des formes visant &agrave; tromper l&rsquo;internaute ou lui faire faire ou lui sugg&eacute;rer ce qui ne peut &ecirc;tre ni du ressort de la rationalit&eacute; ni de sa volont&eacute;. En particulier, l&rsquo;autrice s&rsquo;int&eacute;resse aux&nbsp;<i>fallacies</i>&nbsp;rh&eacute;toriques, d&eacute;finies comme les techniques argumentatives destin&eacute;es &agrave; tromper et manipuler l&rsquo;interlocuteur. On retrouve en particulier les strat&eacute;gies s&eacute;mio-rh&eacute;toriques de captation et de conservation de l&rsquo;attention, les strat&eacute;gies s&eacute;mio-rh&eacute;toriques portant atteinte &agrave; la vie priv&eacute;e, au consentement et au choix libre et &eacute;clair&eacute;. L&rsquo;existence de telles strat&eacute;gies renvoie &agrave; un apprentissage, une &eacute;ducation, permettant de reconna&icirc;tre et comprendre de telles strat&eacute;gies. Si les sophismes num&eacute;riques explorent d&rsquo;une certaine mani&egrave;re, pour le meilleur et pour le pire, les possibles argumentatifs propos&eacute;s par le num&eacute;rique, la puissance d&rsquo;analyse et d&rsquo;interpr&eacute;tation doit pouvoir s&rsquo;enrichir de conserve.</p> <p>Enfin, dans son article intitul&eacute; &laquo;&nbsp;<em>Peut-on &eacute;crire avec la voix ? La litt&eacute;ratie dans l&#39;&eacute;criture vocescrite&nbsp;</em>&raquo;, Clotilde Chevet s&rsquo;int&eacute;resse &agrave; une pratique (la dict&eacute;e vocale sur smartphone) encore assez peu explor&eacute;e par la recherche. L&rsquo;autrice fait l&rsquo;hypoth&egrave;se d&rsquo;une &eacute;criture &laquo;&nbsp;vocescrite&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire d&rsquo;une &eacute;criture par la voix. Un tel objet permet d&rsquo;analyser l&rsquo;articulation de la raison orale, de la raison graphique (Goody) et de la raison computationnelle (Bachimont), notamment concernant le &laquo;&nbsp;partage de la litt&eacute;ratie entre la machine et l&rsquo;usager&nbsp;&raquo;. L&rsquo;&eacute;criture par la voix mobilise ainsi une litt&eacute;ratie (corporelle et linguistique) particuli&egrave;re, et ne peut donc &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;e comme une simple d&eacute;l&eacute;gation du geste &agrave; la machine. L&rsquo;article propose une certaine profondeur historique et comparative, rappelant notamment que jadis, les lettr&eacute;s n&#39;&eacute;crivaient pas mais pratiquaient l&#39;<i>ars dictaminis</i>, l&#39;art de la dict&eacute;e. Aujourd&rsquo;hui, la dict&eacute;e vocale est devenue aussi bien un sujet de d&eacute;bat sur la pratique de l&#39;&eacute;criture qu&#39;un usage pr&eacute;sent tant sur le plan domestique que professionnel. La question de la litt&eacute;ratie est bien au c&oelig;ur de cette recherche, dont l&rsquo;objectif est de montrer en quoi l&rsquo;impens&eacute; de l&rsquo;&eacute;criture dans la dict&eacute;e vocale est un impens&eacute; de la litt&eacute;ratie. Si &laquo;&nbsp;l&rsquo;&eacute;criture&nbsp;<i>vocescrite</i>&nbsp;&raquo;<i>&nbsp;</i>implique &laquo;&nbsp;une red&eacute;finition du geste d&rsquo;&eacute;criture&nbsp;&raquo;, dans quelle mesure nous invite-t-elle &agrave; une red&eacute;finition de l&rsquo;&eacute;criture elle-m&ecirc;me&nbsp;?</p> <h2>R&eacute;f&eacute;rences bibliographiques</h2> <p>Bachimont, B. (2010).<i> Le sens de la technique&nbsp;: Le num&eacute;rique et le calcul</i>, Paris&nbsp;: Encre Marine.&nbsp;</p> <p>Bachimont, B. (2017). <i>Patrimoine et num&eacute;rique : Technique et politique de la m&eacute;moire.</i> Bry sur marne, Ina-Editions.</p> <p>Bachimont, B.(2019). Indexation et grammatisation. <i>O&ugrave; en est-on de l&#39;indexation mati&egrave;re ?</i> E. Cavali&eacute;. Paris, Cercle de la librairie<b>: </b>9-23.</p> <p>Bouchardon, S. (2014). <i>La valeur heuristique de la litt&eacute;rature num&eacute;rique</i>, Paris&nbsp;: Hermann. [En ligne]&nbsp;<a href="https://www.costech.utc.fr/CahiersCOSTECH/spip.php?article27">https://www.costech.utc.fr/CahiersCOSTECH/spip.php?article27</a><br /> <br /> Bouchardon, S. &amp; Cailleau, I. (2018).&nbsp;&laquo; Milieu num&eacute;rique et <i>lettr&eacute;s</i> du num&eacute;rique&nbsp;&raquo;, <i>Le fran&ccedil;ais aujourd&rsquo;hui</i>, dossier &laquo;&nbsp;&Eacute;criture num&eacute;rique&nbsp;: la conversion du litt&eacute;raire&nbsp;? &raquo;, coordination Brunel Magali et Petitjean Anne-Marie, n&deg; 200, Paris&nbsp;: Armand Colin, mars 2018, 117-125.&nbsp;[En ligne]&nbsp;<a href="https://www.utc.fr/~bouchard/articles/Bouchardon-Cailleau-Milieu_numerique.pdf">https://www.utc.fr/~bouchard/articles/Bouchardon-Cailleau-Milieu_numerique.pdf</a><br /> <br /> Goody, J. (1979). <i>La Raison graphique</i>. Paris&nbsp;: &Eacute;ditions de Minuit.</p> <p>Petit, V. &amp; Bouchardon, S. (2017). &laquo;&nbsp;L&rsquo;<i>&eacute;criture num&eacute;rique</i> ou l&rsquo;&eacute;criture selon les machines. Enjeux philosophiques et p&eacute;dagogiques&nbsp;&raquo;, <i>Communication &amp; Langages</i>, n&deg;191, mars 2017, 129-148.&nbsp;[En ligne]&nbsp;<a href="https://hal.utc.fr/hal-01960029">https://hal.utc.fr/hal-01960029</a></p>