<p style="margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Calibri", "sans-serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">En Belgique, une nouvelle plateforme, la </span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">Social Sciences and Digital Humanities Archive</span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"> (SODHA), a été lancée en novembre 2020 : une « archive de données » pour les sciences sociales et les humanités numériques. Hébergée et gérée par les Archives de l’État belge, cette entité a pour but de recevoir et de permettre la diffusion de jeux ou sets de données (aussi appelés familièrement « datasets ») inscrits dans toutes les disciplines qui forment les deux domaines de recherche susmentionnés, et ce, dans le but notamment d’une part d’encourager le partage et la réutilisation des données de recherche, et d’autre part de préparer déjà l’archivage proprement dit, la conservation à long terme, de ces mêmes données, qui pourront constituer à terme des sources historiques.</span></span></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Calibri", "sans-serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">Cette plateforme, qui s’appuie sur des ressources modestes — un budget de projet en moyenne biannuel et seulement 2,5 équivalents temps plein (ETP) — est souvent présentée, promue et abordée dans sa médiatisation numérique même ; en d’autres termes, c’est la <i>plateforme Web</i>, l’application en ligne qui est souvent désignée comme telle, à l’aide du vocable « plateforme », pour ainsi dire par synecdoque voire métonymie (que serait la plateforme, l’outil, sans les données qu’elle a pour but de recueillir ?).</span></span></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Calibri", "sans-serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">Elle s’inscrit pourtant dans un entrelacs de relations, d’obligations et de jeux de compétition, qui impliquent notamment les chercheurs, mais aussi les centres de recherche auxquels ils sont affiliés ainsi que les universités, et également les agences de financement de la recherche, les ministères et les organisations internationales, sans oublier les revues scientifiques et les fournisseurs de données bibliométriques (Reuters, Google Scholar, Web of Science, etc.). Cette plateforme fonctionne aussi sur base de règles hautement formalisées (formatage des données, création de métadonnées, dispositions particulières pour la réutilisation ou la limitation de cette réutilisation, fonctionnalités informatiques de promotion soumises à conditions) ainsi que de contrats (convention de dépôt standarde ou conventions-cadres inter-organisationnelles).</span></span></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Calibri", "sans-serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">Ces multiples facteurs d’ordres technique, juridique, politique et compétitif, dessinent un paysage complexe, où l’objectif de recueillir des données scientifiques et d’en permettre la réutilisation nécessite <i>l’établissement d’une</i> nouvelle forme de relations entre des acteurs qui, jusqu’ici, n’étaient pas des « partenaires organiques », c’est-à-dire les chercheurs en sciences sociales et en humanités d’une part et les archivistes d’autre part ; et de là s’opère la production <i>via</i> cette relation de pratiques nouvelles, tel que l’« auto-archivage » (les chercheurs documentent leurs données et en effectuent eux-mêmes le versement sur la plateforme consacrée, souvent sur leur propre initiative), mais aussi la production de (formes de) données nouvelles puisque, suivant les termes de la norme </span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">Open Archival Information System</span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"> (OAIS), les données reçues, soit les </span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">submission information packages</span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"> (SIP) peuvent devenir, après validation et publication, des </span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">dissemination information</span></span></i><i> </i><i><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">packages</span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"> (DIP) et, à terme, après plusieurs opérations de traitement, des </span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">archival information packages</span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"> (AIP) en vue de l’archivage proprement dite.</span></span></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Calibri", "sans-serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">En outre, cette nouvelle plateforme poursuit un <i>objectif</i> de neutralité, mais ses promoteurs ont parfaitement conscience des multiples enjeux du milieu où ils s’insèrent, soit l’appropriation de jeux de données qui, à l’heure où le mouvement de la science ouverte a le vent en poupe et où les revues scientifiques exigent de plus en plus la publication des données pour accompagner leurs articles, font l’objet d’obligations, de spéculation et représentent désormais une source de valeur ajoutée à différents titres. Les Archives de l’État belge ont à gagner dans la gestion d’une telle structure, notamment via l’enrichissement de leurs collections, la captation d’un nouveau public ou encore le développement de leurs compétences informatiques. Tout en ayant conscience de ces facteurs d’influence, c’est pourtant, ultimement, un ensemble de valeurs humanistes et sociales — l’archivage des sources pour permettre demain d’écrire l’histoire ; la préservation des résultats de recherches financées par les deniers publics ; la consolidation de la science par la réalisation des conditions de la réplication des expériences — qui sous-tend ce projet.</span></span></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Calibri", "sans-serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">On propose donc de fournir une analyse qui permette de répondre à la question « Qu’est-ce qui est produit par la mise en relation des acteurs en présence ? » en examinant les points suivants :</span></span></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Calibri", "sans-serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">1. L’arbre et la forêt, ou la nécessité de concevoir la présente plateforme comme bien plus que sa simple intermédiation numérique ;</span></span></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Calibri", "sans-serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">2. Un milieu particulier — la recherche scientifique — soit un milieu en pleine évolution et soumis à de fortes tensions, où l’ampleur des enjeux et des obligations engendrent un formalisme idoine ;</span></span></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Calibri", "sans-serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">3. À partir de là, comment des relations inédites permettent l’émergence de pratiques nouvelles et de nouveaux types de données ;</span></span></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Calibri", "sans-serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">4. Enfin, les enjeux qui motivent les différentes parties impliquées, notamment l’institution gérant la plateforme-archive de données, et l’objectif de neutralité (toujours poursuivi, jamais parfaitement atteint) qui doit mitiger la partialité des pratiques et des positionnements.</span></span></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Calibri", "sans-serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">Bibliographie indicative</span></span></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Calibri", "sans-serif""><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">Consultative Committee for Space Data Systems (CCSDS) (2005). </span></span><i><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">Modèle de référence pour un Système ouvert d’archivage d’information (OAIS)</span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">, CCSDS 650.0B-1 (F), Livre bleu.</span></span></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Calibri", "sans-serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">Doorn, P. & Tjalsma, H. (2007). </span></span><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">Introduction: Archiving Research Data. <i>Archival Science</i></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">, vol. 7, no 1, 1-20.</span></span></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Calibri", "sans-serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">Kleiner, B., Renschler, I., Wernli, B., Farago, P. & Joye, D. (éd.) </span></span><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">(2013). <i>Understanding Research Infrastructures in the Social Sciences</i>. Zurich : Seismo Press.</span></span></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Calibri", "sans-serif""><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">Lee, C. & Tibbo H. (2011). Where’s the Archivist in Digital Curation? Exploring the Possibilities Through a Matrix of Knowledge and Skills. <i>Archivaria</i>, vol. 72, 123-168.</span></span></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Calibri", "sans-serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">Robin, A. (2020). Le principe d’ouverture des données de la recherche scientifique : Réflexions autour du croisement de l’informatique et du droit. <i>Intelligibilité du numérique</i>, 1|2020. [En ligne] <a href="https://doi.org/10.34745/numerev_1690" style="color:blue; text-decoration:underline">https://doi.org/10.34745/numerev_1690</a></span></span></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Calibri", "sans-serif""><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">Scheuch, E. (2003). History and Visions in the Development of Data Services for the Social Sciences. <i>International Social Science Journal</i>, vol. 55, no 3, 385-399.</span></span></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Calibri", "sans-serif""><span lang="NL-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">van Hooland S., Gillet F., Hengchen S. & De Wilde M. (2016). </span></span><i><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">Introduction aux humanités numériques : Sciences humaines et sociales</span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">. Louvain-la-Neuve : De Boeck.</span></span></span></span></span></p>