<p class="IntellNum-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Arial", "sans-serif""><span style="color:black">Cette proposition d’article s’appuie sur les données de récits d’expériences d’une petite dizaine de chercheurs en sciences techniques (Intelligence Artificielle, mécanique, électronique) qui ont été, dans 4 cas différents, amenés à interagir, en tant qu’utilisateurs, avec une plateforme numérique pour y déposer leurs demandes de financement par projets.</span></span></span></p>
<p class="IntellNum-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Arial", "sans-serif""><span style="color:black">L’appel à projet concerné, l’ITN6 (Innovation et Transformation Numérique) est un guichet ouvert le 18 Janvier 2021 par le gouvernement français dans le cadre du plan de relance économique France Relance, programme mis en place sur la période 2020-2022 dans le but de relancer l'économie française à la suite de la crise économique liée à la pandémie de Covid-19. Ce guichet, aussi ouvert aux laboratoires de recherche publics, doit permettre de « financer des études ou des projets de l’Etat reposant sur des technologies non matures ou des concepts non encore aboutis dans le but de créer de nouveaux services aux citoyens, ou de moderniser des méthodes de travail au sein de l’Etat ». Porté par la mission « Label » de la direction interministérielle du numérique (DINUM) en charge de la transformation numérique de l’État au bénéfice du citoyen comme de l’agent [1], l’ITN6 s’appuie sur une plateforme numérique comme dispositif d’intermédiation entre le financeur, l’Etat, et les usagers, les chercheurs dans notre cas. Les chercheurs déposent leur demande de financement pour leur projet de recherche sur une plateforme numérique. La plateforme assure ensuite entre les acteurs l’ensemble de la communication nécessaire au déroulement d’un projet : dépôt des projets, sélection, attribution des financements, suivi administratif et scientifique, évaluation finale et clôture. </span></span></span></p>
<p class="IntellNum-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Arial", "sans-serif""><span style="color:black">En donnant la parole à des chercheurs utilisateurs de la plateforme, cet article retrace d’abord chronologiquement leurs parcours au sein de la plateforme, les difficultés qu’ils ont pu y rencontrer et les stratégies d’adaptation qu’ils ont dû adopter pour mener leurs projets à terme. Pour l’ensemble d’entre eux, il s’agissait de faire une expérience nouvelle de l’insertion d’un dispositif de plateforme numérique dans leur secteur professionnel, celui de la recherche. Si les chercheurs sont routiniers de l’outil numérique pour déposer en ligne des demandes de financement, recevoir des informations sur l’avancée du projet dans le processus de sélection, etc., une fois la demande de financement acceptée, ils communiquent ensuite de façon inter-personnelle avec le financeur qu’elle qu’il soit lors des étapes qui suivent l’attribution du financement. Cette fois au contraire, la plateforme qui, à la base, ne fournit qu’un service de communication entre les acteurs, se trouve en fait prendre une place centrale dans la relation. </span></span></span></p>
<p class="IntellNum-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Arial", "sans-serif""><span style="color:black">Cette expérience vécue (parfois difficilement) nous a amené, en tant que chercheur, à nous interroger sur les conséquences de ce choix de plateforme numérique sur le travail de recherche en lui-même. La problématique que nous soulevons est celle de la nature de la relation entre chercheur et financeur qui se crée lorsqu’elle passe exclusivement par un outil numérique. Notre hypothèse étant qu’une telle plateforme numérique permet de produire de la mise en relation entre financeur et chercheur avec une certaine efficacité sur le plan économique. Pour autant, elle ne participe pas à produire une relation féconde entre chercheur et financeur et encore moins à produire du savoir scientifique par la relation alors établie. Deux points sur lesquels les échanges inter-personnels sur le plan intellectuel jouent un rôle important et sont garantis par l’établissement d’un lien de confiance et de travail d’inter-compréhension mutuelle qui nécessite du temps passé, de la rencontre, etc., des éléments qui ne sont pas présents dans les contenus obligationnels d’une telle plateforme.</span></span></span></p>
<p class="IntellNum-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Arial", "sans-serif""><span style="color:black">Pour discuter de cette hypothèse, l’article poursuit dans une seconde partie un travail d’analyse basé sur les résultats d’entretiens des chercheurs impliqués réalisés à l’aide de l’outil méthodologique du guide d’entretien. </span></span></span></p>
<p class="IntellNum-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Arial", "sans-serif""><span style="color:black">Les résultats de ces entretiens permettent de répondre aux questions suivantes : comment le travail des chercheurs dans leurs champs disciplinaires respectifs est impacté par le choix de la plateforme numérique comme dispositif de production relationnelle entre financeur et chercheur ? qu’est-ce qui est produit par ce type de mise en relation ? ou qu’est-ce qui n’est pas produit par ce type de mise en relation et qui pourtant constitue un élément clé dans le processus de production de connaissances scientifiques ?</span></span></span></p>
<p class="IntellNum-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Arial", "sans-serif""><span style="color:black">Enfin, à travers un exemple, nous montrerons comment cette communication par une plateforme numérique est envisagée par le dispositif comme un transfert d’informations formelles qui peut s’avérer dysfonctionnel dès lors que les informations à transmettre ne correspondent pas à ce qui est attendu par les contenus obligationnels de la plateforme. Ce qui est au centre, c’est l’efficacité de la relation au sens économique, pas celle de la production de connaissances et il ne s’agit en rien de co-construction d’un sens. En l’absence d’une relation clairement établie entre les acteurs, nous verrons comment la responsabilité s’est partagée dans le cas d’un échec, révélant clairement une asymétrie de pouvoir entre utilisateur (chercheur) et opérateur (financeur) et un lien de subordination. Nous montrerons finalement quels leviers ont permis de contourner ce lien de subordination pour parvenir à l’achèvement du projet.</span></span></span></p>
<p class="IntellNum-corpsdetexte" style="text-align:justify"> </p>
<p class="IntellNum-lgende" style="text-align:center"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Arial", "sans-serif""><span style="color:black"><span style="font-style:italic">Légende 1. </span></span></span></span></p>
<p align="left" class="IntellNum-lgende" style="text-align:center"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Arial", "sans-serif""><span style="color:black"><span style="font-style:italic">Imprimé-écrans des visuels de communication utilisés par la plateforme pour informer les chercheurs des démarches à suivre, des contacts à prendre en cas de problème</span></span></span></span></p>
<p align="left" style="text-align:justify"> </p>
<p style="text-align:justify"> </p>
<p style="text-align:justify"><img height="412" src="https://www.numerev.com/img/ck_2765_17_image-20220918180045-1.png" width="800" /><img height="396" src="https://www.numerev.com/img/ck_2765_17_image-20220918180045-2.png" width="719" /></p>
<p style="text-align:justify"> </p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Arial", "sans-serif""><span style="color:black">[1] https://www.numerique.gouv.fr/dinum/</span></span></span></p>