<h2 class="Corps" style="border: none; text-align: justify; margin-bottom: 11px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><b>Contexte </b></span></span></span></span></h2>
<p class="Corps" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black">Le développement de l<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>industrie musicale a toujours été dépendant des évolutions techniques de son époque. À l<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>instar d<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>autres prestations culturelles, la musique est un bien de consommation, ou plutôt d<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>expérience. Sa valeur naît de la capacité de chacun à pouvoir apprécier ou déprécier son contenu pour se faire une idée de sa nature. Longtemps expérimentée par la mémoire (cafés concert, concerts de rue), puis par le physique avec le standard mondial qu’est le disque (Tournès, 2008), la musique est entrée depuis peu dans une nouvelle ère : celle de la plateforme. Sa reproductibilité, mise en œuvre par la massification des supports d’information culturels associé aux développements technique, technologique et numérique, en font un bien de production, au même titre que l<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>automobile ou le cinéma. </span></span></span></span></p>
<p class="Corps" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black">L<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>industrie musicale est dominée par les majors, de puissantes entreprises qui font et défont les tendances musicales, créent les carrières de leurs artistes sous contrats et occupent les étalages des magasins. Une domination commerciale dont l<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>origine n<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>est autre qu’économique : produire un disque nécessite des investissements pour lesquels des retours sont attendus. Une période d<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>effervescence culturelle et technique d’après-guerre marque toutefois l<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>arrivée d’indépendants, qui contrairement aux géants du secteur, se positionnent dans la production de genres musicaux de niche. </span></span></span></span></p>
<p class="Corps" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black">C<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>est précisément à ces acteurs que s<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>intéressera l<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>article proposé, en interrogeant les mutations engendrées par les nouvelles logiques de plateformisation qui dominent désormais l<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>industrie musicale. Dans ce contexte de dématérialisation, quelle place peut être faite à des labels de musique indépendants ? A quelles conditions peuvent-ils exister au regard du poids de la communication numérique lorsqu<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>il s<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>agit avant tout d’être visible sur la toile ? La plateformisation, entendue comme un <q><i>« dispositif assurant la mise en relations (…) entre offreurs et demandeurs »</i></q> (AAC) renforce l<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>image d<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>un artiste entrepreneur, se faisant connaitre sur la toile par la seule force de son talent, alors qu<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>en dépit d<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>un accès aux canaux <i><q>« plus démocratique dans le monde numérique que dans le monde physique (...) la présence en ligne des artistes semble refléter la hiérarchie construite hors ligne »</q>,</i> (Bastard et al., 2012). Effectivement,<q> <i>« la plateforme se rapporte à une « logique organisatrice », c</i><i><span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>est-à-dire un mode opératoire, un agencement spécifique et intentionnel d’éléments hétérog</i><i>ènes en vue de la production d</i><i><span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>activités, de biens ou services, et en vue de leur valorisation </i></q>, (Bullich, 2010). L’émergence des artistes resterait alors fortement liée à la capacité de capter et de retenir l<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>attention afin de conduire le public à un comportement d<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>achat tel qu<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>il est défini par le marché des plateformes. Ces principes de découvrabilité (Maisonneuve, 2019), de visibilité, de captation et de rétention de l<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>attention (Poirson, 2014) invitent finalement les labels de musique à interroger leurs stratégies de communication. Au cœur d<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>une industrie en perpétuelle évolution, ces derniers doivent produire de la relation entre un artiste et son public afin d<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>exister. Ce lien peut être favorisé ou non par une communication numérique qu<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>il convient dès lors d<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>interroger.</span></span></span></span></p>
<p class="Corps" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><b>Problématique, terrain et méthodologie </b></span></span></span></span></p>
<p class="Corps" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black">Dans un contexte de plateformisation de l<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>industrie musicale, dans quelle mesure les labels de musique indépendants adaptent-ils leurs stratégies de communication pour capter et retenir l<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>attention des internautes ?</span></span></span></span><br />
</p>
<p class="Corps" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black">Six labels de musique indépendants de la région Nouvelle-Aquitaine/Occitanie ont été contactés. Cette zone a été retenue pour répondre à notre volonté d<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>interroger prioritairement des petites structures locales décentralisées et présentes sur un même territoire. </span></span></span></span></p>
<p class="Corps" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black">Des entretiens exploratoires ont d<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>abord été menés auprès des gérants des six labels de musique indépendants afin d<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>inventorier les stratégies de communication, numériques ou non, retenues par ces professionnels du secteur. Dans un second temps, nous avons procédé à une analyse de supports emblématiques de communication de ces labels, selon une approche sémiotique.</span></span></span></span></p>
<h2 class="Corps" style="border: none; text-align: justify; margin-bottom: 11px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><b>Résultats </b></span></span></span></span></h2>
<p class="Corps" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black">Après avoir mené les entretiens et analysé différentes stratégies de communication, nous pouvons conclure que les modes de communication traditionnels ainsi que l’injonction à la relation au public composent avec l<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>innovation numérique.</span></span></span></span></p>
<p class="Corps" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black">Les labels de musique indépendants ont adapté une partie de leurs stratégies communicationnelles à ce nouvel univers numérique. Les responsables interrogés mettent en valeur le système traditionnel, déjà connu et éprouvé. Ainsi des supports traditionnels comme les revues ou communiqués de presse, se sont vues développés sur le web, sans pour autant adopter un nouveau format ou une nouvelle manière de circuler.</span></span></span></span></p>
<p class="Corps" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black">Les labels ont également cherché à saisir les outils que le web a mis à leur disposition : site web, newsletters, ou réseaux sociaux. Ces dispositifs ont été l<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>occasion pour les labels d<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>exercer une communication, selon leurs exigences et en leur nom propre, partageant ainsi plus que des informations ou du contenu : une identité. User de ces plateformes numériques constitue pour eux un accès direct aux appréciations, retours et expériences du public (commentaires, likes,…). </span></span></span></span></p>
<p class="Corps" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black">Enfin, certaines stratégies se sont vues, de manière probablement inconsciente, être adaptées par leurs auteurs. Par exemple, un encart mettant en avant la sortie d<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>un album dans un magazine se voit être adapté en bannière Facebook. </span></span></span></span></p>
<p class="Corps" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black">Ces différentes manœuvres mettent en avant le caractère hybride des stratégies développées par les labels alternant entre tradition et numérique de manière parfois antonymique. Comme l<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>a expliqué l<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>un de nos interlocuteurs, les labels indépendants se situent vraisemblablement à une <span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">“</span>croisée des chemins“ où le numérique représente une part de marché de plus en plus importante, devient nécessaire, mais où les anciennes manières de faire restent profondément ancrées dans les pratiques courantes.</span></span></span></span></p>
<p class="Corps" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black">Face au bond de l<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>utilisation du streaming et à la baisse des ventes physiques, les labels de musique indépendants ont vu juste dans la nécessité de faire évoluer leur communication en ligne pour répondre aux logiques des plateformes. Si une partie de leur auditorat s<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>est développé vers la musique en ligne, il leur faut faire de même et joindre les actes aux tendances. En adaptant une partie de leurs stratégies traditionnelles sur le web, ils se confrontent à la réalité d<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>un terrain nouveau, qu<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>ils ne maîtrisent pas forcément et dont les normes musicales diffèrent légèrement de leurs habitudes. Il y a donc un décalage entre l’évolution des tendances musicales actuelles et les injonctions pourvues par les normes de l<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>industrie de la musique pour les niches dans lesquelles évoluent nos protagonistes. Les labels se trouvent pris en étaux entre plusieurs systèmes et manières de faire, contraignant finalement leurs capacités d<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>adaptabilité.</span></span></span></span></p>
<h2 class="Corps" style="border: none; text-align: justify; margin-bottom: 11px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><b>Bibliographie : </b></span></span></span></span></h2>
<p class="Corps" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black">Bastard, I., Bourreau, M., Maillard, S., & Moreau, F. (2012). De la visibilité à l<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>attention : Les musiciens sur internet. Reseaux, 175(5), 19<span style="font-family:"Cambria Math",serif">‑</span>42.</span></span></span></span></p>
<p class="Corps" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black">Bullich, V. (2021). La « plateformisation » comme déploiement d<span dir="RTL" lang="AR-SA" style="font-family:"Arial Unicode MS",serif">’</span>une logique organisatrice : propositions théoriques et éléments de méthode. Effeuillage, 10, 30-34. <a href="https://doi.org/10.3917/eff.010.0030"><span style="color:black"><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none">https://doi.org/10.3917/eff.010.0030</span></span></span></a></span></span></span></span></p>
<p class="Corps" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black">Maisonneuve, S. (2019). L’économie de la découverte musicale à l’ère numérique. Reseaux, 213(1), 49<span style="font-family:"Cambria Math",serif">‑</span>81.</span></span></span></span></p>
<p class="Corps" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black">Poirson, M. (2014). Chapitre 17. Capitalisme artiste et optimisation du capital attentionnel. La Découverte. <a href="https://www-cairn-info.ressources.univ-poitiers.fr/l-economie-de-l-attention--9782707178701-page-267.htm"><span style="color:black"><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none">https://www-cairn-info.ressources.univ-poitiers.fr/l-economie-de-l-attention--9782707178701-page-267.htm</span></span></span></a></span></span></span></span></p>
<p class="Corps" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black">Tournès, L. (2008). Du phonographe au MP3: Une histoire de la musique enregistrée XIXe-XXIe siècle. Autrement. https://doi.org/10.3917/autre.tourn.2008.01</span></span></span></span></p>
<p class="Corps" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:11px"> </p>
<p class="Corps" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:11px"> </p>
<p class="Corps" style="border:none; text-align:justify; margin-bottom:11px"> </p>