Article Depuis qu’il écrivit [1790] la Critique de la faculté de juger<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title="">[1]</a>, opposant raison théorique et pratique, raisonnement de l’instant s’opposant aux expériences passées, action de l’individu et inertie de la masse, en établissant la notion de déterminants, Emmanuel Kant n’avait sans doute pas imaginé que son travail établirait le socle théorique sur lequel le travail d’un veilleur allait s’exercer. Face à des cibles définies par ses hiérarchies, l’action de collecte s’avère répétitive et sans réelle plus-value intellectuelle nécessaire pour celui qui la mène. La possibilité, pour le veilleur, de s’émanciper de ce cadre strict et contraignant et de se transcender dans l’analyse semble difficile à réaliser. Avant de devenir actif et autonome dans le défrichage de thématiques informationnelles inconnues jusqu’alors, il doit démontrer au préalable à sa hiérarchie qu’il possède la capacité et le potentiel intellectuel nécessaires à la compréhension des déterminants qui pèsent sur son organisation. Ceux-ci apparaissent dans la littérature académique comme ce qui conditionne l’information et la prise de décision qui s’en suit (Pruvost, 2016<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title="">[2]</a>). Un déterminant est ce qui détermine dans un cadre de façon décisive. Alors que chaque déterminant lie l’activité et la survie des structures qui le subissent, les travaux académiques ne citent pas ceux qui, en entreprise, doivent être pris en compte par un veilleur. Le suivi attentif, par l’auteur, pendant plusieurs années du comportement au travail des veilleurs avec lesquels il collabore, constitue le support de cet article qui relève à ce titre d’une approche qui reste, avec ses limites, empirique<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title="">[3]</a>. Il s’oriente, par une démarche déductive, en direction de l’identification des fondements et des causes de celles-ci. Il la place dans une quête de sens des actions de cette profession. Il montre que dans son travail quotidien, chaque veilleur suit l’actualité sans identifier formellement qu’elle est issue de multiples déterminants : politique, économique, technologique... Pour définir la veille stratégique nous reprenons Lesca H. [1994] qui la présente comme «  une veille de « mode chapeau » couvrant l’ensemble des dispositifs de veille » et pour simplifier notre lecture, nous utilisons dans le texte, le mot générique veilleur pour évoquer ceux qui pratiquent cette activité. Dans une volonté didactique, nous présentons les déterminants ci-après dans l’ordre d’apparition où nous les avons observés. · Le déterminant politique et la défragmentation de l’information Les veilleurs surveillent attentivement les évolutions du monde et de celles des États qui par leurs décisions légales, législatives et réglementaires ont un impact sur les ventes de produits. Ce n’est pas l’aspect éthique de la démocratie qui motive l’intérêt du veilleur mais son aspect organisationnel et pratique à travers l’administration d’État pour proposer des statistiques. Dans ses missions quotidiennes, une population identifiée, dans un territoire délimité et déterminé lui génère des données utilisables. En une décennie l’ensemble des Etats développés ont mis à disposition une quantité croissante d’informations<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" title="">[4]</a>. L’existence d’une forme minimale de gouvernement stable rend accessible les règles de fonctionnement collectif et donc celles qui régissent l’activité du marché national et de son ouverture internationale<a href="#_ftn5" name="_ftnref5" title="">[5]</a>. Enfin, dans les pays développés, l’État par l’allocation des ressources dans l’économie, la recherche devient pilote, décisionnel et gestionnaire stratégique de ses ressources et de son avenir<a href="#_ftn6" name="_ftnref6" title="">[6]</a>. Les centres de recherche qui en dépendent deviennent sources d’information des activités structurantes et innovantes que souhaite développer l’État et donc que cherchent à développer les autres États.. Mais l’État Nation qui reflète une logique de sédentarité d’un peuple unique apparaît bien une construction intellectuelle désuète et incomplète face aux mouvements migratoires mondiaux, à la déconstruction de nombreux États artificiels issus de la période de la décolonisation, à l’émergence de nouvelles forces politiques (religieux, islamisme, sectes, mafia) ou à de nouveaux rapports de forces géopolitiques<a href="#_ftn7" name="_ftnref7" title="">[7]</a>. Chaque État peut alors être suivi dans sa stabilité et sa pérennité par rapport à d’autres indicateurs. Ce n’est plus l’intangibilité qui est suivie mais sa déliquescence comme le montre les indicateurs récents qui apparaissent dans le Failed States Index<a href="#_ftn8" name="_ftnref8" title="">[8]</a>. L’ensemble de ces mouvements stratégiques amènent le veilleur à devoir en connaitre l’existence, à en maîtriser les logiques d’évolution et à en suivre les soubresauts dans l’hypothèse où ceux-ci pourraient déstabiliser économiquement l’activité de son entreprise ou du secteur dans laquelle il exerce ses activités. · Le déterminant économique et sa stabilité dans le temps Dès 1862, un premier économiste<a href="#_ftn9" name="_ftnref9" title="">[9]</a> établit que l’économie est soumise à des phénomènes cycliques de l’économie qui correspondent à des durées et des périodes déterminées en temps. Dans les années 30, différents travaux successifs<a href="#_ftn10" name="_ftnref10" title="">[10]</a> établissent la réalité de cycles de longueur variables tandis que les cycles de 40 à 60 ans deviennent une unité de mesure suivie par plusieurs structures internationales ou de consulting en matière d’anticipation et de réflexion sur l’effondrement ou l’essor de l’économie technologique. Chacun des cycles de temps est lié à des activités humaines et permet de suivre leurs évolutions respectives (leurs indicateurs portent sur la production, le temps d’amortissements immobiliers, les niveaux d’investissement, etc…). La fin de chacun d’entre eux correspond à une nouvelle période qui voit l’émergence de nouvelles industries qui relancent la croissance et le développement. Le veilleur s’intéresse à l’état de déroulement de ces cycles et l’organisation structurante qu’ils génèrent. Il positionne en rapport la performance de l’entreprise et de ses produits. Il s’agit pour lui de vérifier si celle de l’organisation qui l’emploie est alignée avec le niveau de celles qui lui sont extérieures. Dans un souci de simplification, de gain de temps et de facilité de compréhension, il facilite la prise en compte de ses restitutions par un suivi réducteur  de quelques critères dans des ensembles plus grands<a href="#_ftn11" name="_ftnref11" title="">[11]</a>. Le non alignement qu’il détecte alors favorise de sa part la formulation d’un message d’alerte qui porte sur le manque de compétitivité de l’entreprise ou le changement des règles de fonctionnement du marché et illustre de manière factuelle la perte de pérennité qui s’en suivra pour l’acteur économique considéré. · Le déterminant technologique et l’incertitude mathématique Ayant localisé l’entreprise dans ces cycles temporels, l’accès aux contenus des administrations centrales, think thank internationaux, cabinets de consulting lui suggèrent les innovations qui impacteront prochainement les activités du groupe dans lequel il évolue et par conséquent les démarches de veille qu’il doit dorénavant initier. La difficulté dans le domaine technologique reste sans doute que l’innovation<a href="#_ftn12" name="_ftnref12" title="">[12]</a> – bien qu’elle soit le ressort premier du développement économique - menace directement les marchés existants qui reposent sur une technologie plus ancienne. Elle est annonciatrice de nouveaux cycles économiques et de l’entrée de nouveaux acteurs économiques (Christensen, 1997) disruptifs. C’est l’aléatoire qui domine lors de l’arrivée de toute innovation technologique et cela pose un problème au veilleur pour la détecter (Saritas et Smith, 2011) puisqu’elle n’est pas identifiée à priori. La prévision linéaire de chaque modèle comptable s’efface devant des événements discontinus qui supposent pour le veilleur - afin de ne pas manquer ce qui impactera les gammes existantes - une lecture continue des sources à contenu scientifique et technique. L’évaluation rapide de la technologie (Jolly, 2013), de son potentiel et de sa dangerosité déterminera ensuite pour le veilleur la nature et l’urgence de la veille qu’il doit établir une fois la menace identifiée et les moyens à lui sont consacrer pour mener à terme une réflexion prospective (Popiolek, 2015). · Le déterminant d’usage et les caractéristiques non définies Christensen [1997] discerne la nature des innovations en observant qu’elles sont de nature de rupture ou incrémentales. Dans le cas de l’incrémental, l’obtention de l’amélioration repose sur une optimisation d’une loi physique au détriment d’une autre<a href="#_ftn13" name="_ftnref13" title="">[13]</a>. La performance améliorée qui va faire la différence auprès du client relève de caractéristiques qui sont limitées en nombre et qui rendent possible, pour ces raisons, au veilleur de pouvoir les identifier. Il a ensuite la possibilité de les suivre dans les flux informationnels. Le processus par lequel une innovation (qu’elle soit d’usage ou technologique) se diffuse dans la durée, parmi les membres d’un groupe<a href="#_ftn14" name="_ftnref14" title="">[14]</a> répond à des étapes successives d’adoption que suivent avec attention les équipes marketing et commerciales. Sa simplicité, son accessibilité, sa visibilité rendent d’autant plus faciles au veilleur la possibilité d’accéder aux éléments techniques qui la composent avant de les diffuser. La multiplication des données numériques accessibles dans la sphère publique et que peut produire l’entreprise elle-même crée la possibilité d’études infinies (Ollion et Boellaert, 2015) et pour lesquelles, à chaque fois, pour chaque nouvelle thématique de nouvelles caractéristiques pour la mesurer doivent être posées (Destandau et Diop, 2016). · Le déterminant des acteurs du marché et du profil du veilleur Dans les études des forces qui pèsent sur le marché, le veilleur s’intéresse aux acteurs économiques qui occupent l’espace du marché ainsi qu’aux raisons qui les permettent de prendre position (Qian et Wang, 2017), les analyses de leurs forces intègrent alors les étapes de maturité du marché (Rouach et Santi, 2001). Le veilleur subit le préalable d’être dans la situation de comprendre la place de l’information auquel il accède et aux réalités auxquelles elle renvoie (Quere, 2000). Son attention porte sur un acteur économique identifié mais dont la lisibilité perçue n’apparaît qu’en fonction du nombre de messages et de la densité du contenu qu’il émet. Le volume de ce qu’il collecte et la facilité de ce auquel il accède déterminent la faisabilité de sa mission. C’est ensuite sa capacité de traitement, sa connaissance historique et son potentiel d’abstraction qui déterminent la qualité de ce qu’il partage et de ce qu’il diffuse. Chaque veilleur subit ici un déterminant, qui s’avère être la rencontre entre ses actions personnelles, sa propre condition d’exercice de son activité et de ses capacités personnelles pour trouver du sens<a href="#_ftn15" name="_ftnref15" title="">[15]</a> aux actions de multiples acteurs qu’il identifie. Ces acteurs sont en mouvement, dotés de leurs propres capacités de réflexion et défense<a href="#_ftn16" name="_ftnref16" title="">[16]</a> et c’est là que la pertinence de l’analyse du vielleur doit apparaître. · Le déterminant du réel utile et des réalités non diffusables Le rôle du veilleur reste d’identifier l’existant<a href="#_ftn17" name="_ftnref17" title="">[17]</a>. Il se trouve confronté aux débats éthiques traditionnels car il doit fournir ce qui est nécessaire et attendu par l’organisation alors qu’il doit accepter de celle-ci une réalité d’entreprise qui ne correspond pas forcément à celle qu’il observe<a href="#_ftn18" name="_ftnref18" title="">[18]</a>. La pratique professionnelle avec ses contraintes et ses aléas l’éloigne alors d’une démarche qui se veut uniquement scientifique<a href="#_ftn19" name="_ftnref19" title="">[19]</a> dans toutes ses étapes mais qui peut devenir politique. Témoin neutre de ce qu’il relève, la voie apparaît bien étroite pour lui quand il souhaite devenir un acteur engagé et responsable. Il se trouve placé face à une contrainte de convertir l’organisation récalcitrante à intégrer ce qu’il observe<a href="#_ftn20" name="_ftnref20" title="">[20]</a> de décrire le vrai lorsqu’il voit juste dans l’action<a href="#_ftn21" name="_ftnref21" title="">[21]</a>. Au débat historique qui avait opposé les tenants de l’organisation et de ceux qui ne voyaient que l’utilité de s’intéresser à la place prépondérante du client<a href="#_ftn22" name="_ftnref22" title="">[22]</a>, il apparaît depuis plus de dix ans que le client est devenu celui qui décide de l’organisation et de son orientation (Rouquet et al., 2013). Le recueil de cette expression de la clientèle, sans avis critique, dès sa première expression sur les réseaux sociaux (Mercanti-Guérin, 2010), ne permet plus au veilleur de réfuter le manque de cohérence qu’il observe parfois dans leurs différentes formulations. · Le déterminant de la surface et du point d’inflexion. Le volume d’informations altère la capacité de chaque veilleur de traiter l’information car il reste aussi dépendant d’un volume global d’informations accessibles et d’une taille minimum de ce qu’il collecte pour pouvoir exercer son activité (Haase et Franco, 2011). Il doit identifier la granulométrie (Detloff et al., 2006) informationnelle qui lui nécessaire avant de mener l’étape suivante qui va de l’étude de l’information dispersée vers sa consolidation et sa transformation en connaissance (Moinet, 2009). A cette quantification de ce qui est observé et qui peut s’enrichir en sens quand elle placée dans une période de temps, le destinataire de l’information va se révéler plus intéressé par le point et l’instant où cette règle s’inverse (Govindajaran, 2017) que par l’étude de la tendance elle-même. La connaissance de l’existence de la tendance est un pré-requis pour celui qui va émettre de l’information ainsi que pour celui qui va la recevoir. L’anormalité<a href="#_ftn23" name="_ftnref23" title="">[23]</a> devient le centre d’intérêt de l’observation pour le destinataire comme pour celui qui mène la recherche. · Le déterminant des requêtes exploratoires et de celles qui sont régulières. En 1998, l’AFNOR<a href="#_ftn24" name="_ftnref24" title="">[24]</a> définit la veille comme une activité continue et en grande partie itérative qui ne suppose pas pour celui qui l’effectue de qualités analytiques particulières mais l’accès à possibilité technique de réduire le volume accessible, d’automatiser les taches de collecte et d’extraction (Lesca N. et al, 2006) qui restent sans valeur ajoutée. Or, le veilleur partage son temps entre ces missions de suivi régulier de l’information et des réponses ponctuelles (Lesca. H, 1997) à devoir fournir au cas par cas. Afin de répondre à un besoin d’immédiateté (Belmondo, 2008), l’initiation de toute nouvelle recherche commence par une localisation informationnelle de zones aux contenus denses, au positionnement stable, d’étendues variables mais limitées en volume et se poursuit par leur exploitation. Cette démarche empirique peut se prolonger par l’établissement d’une nouvelle veille continue (Goria et al., 2019<a href="#_ftn25" name="_ftnref25" title="">[25]</a>). · Le déterminant des sens du veilleur et de ceux de sa hiérarchie. Afin de toucher au plus près de la réalité de chaque phénomène, il expérimente une approche par tâtonnements de ce qu’il l’entoure dont la restitution visuelle<a href="#_ftn26" name="_ftnref26" title="">[26]</a> et textuelle ne se dévoile que progressivement en lui donnant son identité et sa capacité de puissance. Sa temporaire visualisation risque alors de paraître sans perspective et déconnectée<a href="#_ftn27" name="_ftnref27" title="">[27]</a> face à celle du dirigeant ; bien floue face à celle de l’expert et au final manquant d’acuité pour chacun de ses destinataires. Avant qu’elle ne devienne nette, qu’elle puisse offrir une vue panoramique, périphérique ou focalisée, il lui est nécessaire de disposer d’un temps d’adaptation dont le déroulé n’est pas identique à celui de ses interlocuteurs. Pour ces raisons, et sans position exécutive dans l’entreprise, le veilleur a une parole qui ni ne porte, ni ne résonne de manière forte, claire et engagée<a href="#_ftn28" name="_ftnref28" title="">[28]</a>. Pour ses interlocuteurs, cette prise en compte repose au préalable, avant toute prise de décision rationnelle<a href="#_ftn29" name="_ftnref29" title="">[29]</a>, sur une reconnaissance de son utilité. Pour chaque nouvelle thématique, ce sont pour eux un processus itératif, aux étapes successives d’attention, d’écoute et d’entendement<a href="#_ftn30" name="_ftnref30" title="">[30]</a> qui s’initie, se déroule et recommence. L’attention portée au veilleur, l’écoute de sa voix et de ses avis reposent sur l’expertise bureautique (Decker, 2005) qu’on lui reconnaît, ses réseaux internes personnels qui l’amplifient et au final sur la capacité de discernement (Magnier, 2016) qu’on lui concède. Conclusion Avec internet, l’arrivée récente et massive d’informations a modifié les activités de ceux dont le métier relève de la veille informationnelle en générant des effets (volume, profondeur, vitesse, réactivité…) physiques (Rochas et Mathia, 2009) auparavant peu considérés par la recherche académique qui étudiait surtout les caractéristiques informationnelles (Barry & Schamber, 1998). Les recueils et recoupements d’informations dans des sciences distinctes ouvrent dorénavant la possibilité de champs d’études infinis et transversaux. Après quelques décennies, ces effets combinés créent de nouveaux déterminants qui portent sur tous les aspects de l’information numérique (Vandeput, 2011) et par conséquent sur tous ceux liés à de la recherche d’informations (défragmentation, linéarité, cycles, incertitudes, caractéristiques, profil, surface, diffusable, sens). À cet égard, ils s’établissent en tant que prochains invariants de référence pouvant s’associer de manière souple et temporaire à de nouvelles approches topologiques<a href="#_ftn31" name="_ftnref31" title="">[31]</a>. L’Intelligence Economique et les Sciences de Gestion gagnent en maturité épistémologique ce qu’elles perdent en développements pionniers. Déjà Kant [1784<a href="#_ftn32" name="_ftnref32" title="">[32]</a>] admet la difficulté rencontrée par chaque individu d’accéder à son âge de maturité et admet que son émancipation repose sur l’apparition d’un usage public du raisonnement. Tout ceci repose sur une liberté implicite d’expression qui a comme corollaire la nécessité de toucher en simultané le plus grand nombre. En pensant par lui-même et autrement (Touraine, 2007), en acceptant le passage par un filtre d’interaction éducative avec ses lecteurs et correspondants, le veilleur quitte lui aussi sa naïveté intellectuelle et technique pour gagner en maturité (professionnelle et informationnelle). En agissant au-delà des instructions qu’il a reçues et en allant dans de multiples directions (Caron-Fason & Fesquelle, 2018), en le faisant savoir (Jaworksi et al., 2002), il offre à son entreprise la capacité de penser différemment. En s’appliquant à connaître les déterminants qui conditionnent le fonctionnement quotidien de nos entreprises, à suivre les informations qui en dépendent, le veilleur s’émancipe des vérités préétablies et du conformisme<a href="#_ftn33" name="_ftnref33" title="">[33]</a>. Il pose et partage les bases de nouveaux raisonnements, anticipe les situations futures et crée les conditions favorables à l’émergence de l’innovation. À cet instant-là, il devient réellement stratégique (Lesca,1994) pour l’entreprise.                                             BIBLIOGRAPHIE Barry C. L., Schamber L. (1998) - User's criteria for relevance evaluation: a cross situational comparison, Information Processing & Management, Vol. 34, No. 2/3,  219-236.   Belmondo C. (2008) - Les activités des cellules de veille concurrentielle: une taxonomie des pratiques du diagnostic externe et une analyse de leur construction, 18ème Conférence de l'Association Internationale de Management Stratégique (AIMS), Nice, 25 pages.   Caron-Fasan M-L. & Fasquelle J. (2018) - Trajectoires d’innovations : De l’influence de la veille dans les prises de décision au cours des processus d’innovation, Conférence: 26ème Congrès de l’AIMS, Montpellier – France, 28 pages.   Christensen C. M. 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(2013) - A checklist for identifying determinants of practice: A systematic review and synthesis of frameworks and taxonomies of factors that prevent or enable improvements in healthcare professional practice, Implementation Science, Vol. 8, Issue: 35, 11 pages. </div> <div id="ftn3"> <a href="#_ftnref3" name="_ftn3" title="">[3]</a> Loubet Del Bayle J-L. (2001) - Initiation aux méthodes des sciences sociales, L’Harmattan, 272 pages. </div> <div id="ftn4"> <a href="#_ftnref4" name="_ftn4" title="">[4]</a> Lacombe R., Bertin P-H, Vauglin François, Vieillefosse Alice (2011) - Pour une politique ambitieuse des données publiques : Les données publiques au service de l’innovation et de la transparence, Rapport à la Délégation aux usages de l’Internet, remis au Ministre de l’Industrie, de l’Energie et de l’Economie numérique, École des Ponts ParisTech, 111 pages. </div> <div id="ftn5"> <a href="#_ftnref5" name="_ftn5" title="">[5]</a> Behrens P. (2003) - L'établissement des règles du marché mondial : De l'ouverture des marchés territoriaux aux règles communes des marchés globalisés, Revue internationale de droit économique, 2003/3-4 (t. XVII),  339-356. </div> <div id="ftn6"> <a href="#_ftnref6" name="_ftn6" title="">[6]</a> Sur cette orientation moderne voir notamment, Chevallier J. (2007) - L’État stratège, Le Temps de l’Etat, Mélanges en l’honneur de Pierre Birnbaum, Fayard Ed,  372-285. </div> <div id="ftn7"> <a href="#_ftnref7" name="_ftn7" title="">[7]</a> Pour toutes ces thématiques, il existe une grande variété de sources d’information, il est possible de citer Boniface P. (2015) - La Géopolitique, 3ème Ed, Eyrolles, 208 pages et les travaux de l’IRIS qu’il dirige. Pour le lien du religieux et du politique, il est possible de consulter Moniak-Azzopardi A. (2005)- Pouvoir religieux et pouvoir politique, Pouvoirs 2005/1 No. 112,  93-109. Pour l’intrusion du religieux (islamisme et sectes) et de nouveaux mouvements sociaux notamment migratoire dans le politique, cf.. Étienne B. (2003) - L'islamisme comme idéologie et comme force politique, Cités, 2003/2 (No. 14), 45-55. En ce qui concerne les sectes et leurs influence l’article de Picard C. (2002) - Sectes, démocratie et mondialisation, Raison Présente, No. 143,  41-64 et pour les évolutions de l’État moderne, Bayart J-F. (1996) - L’historicité de l’Etat importé, les Cahiers du CERI, No. 15, 23 pages  et Tarrius A. , Costa-Lascoux J., Hily M-A. (2001) - Au-delà des États-nations : des sociétés de migrants, Revue Européenne des Migrations Internationales, 17-2,  37-61.. En ce qui concerne l’entrisme mafieux cf. Galasso A., Acquaviva P. (1989) - Le pouvoir accru de la mafia, Esprit, No. 157 (12) (Décembre 1989),  25-30. Tarrius A. , Costa-Lascoux J., Hily M-A. (2001) - Au-delà des États-nations : des sociétés de migrants, Revue Européenne des Migrations Internationales, 17-2,  37-61. </div> <div id="ftn8"> <a href="#_ftnref8" name="_ftn8" title="">[8]</a> Développé sur la base de 12 variables qui sont : pression démographique, mouvements de réfugiés, émigration chronique et soutenue, inégalités de développement, déclin économique subi ou prononcé, criminalisation et délégitimation de l'État, détérioration graduelle des services publics, violations généralisées des droits de l'homme, rôle de l’appareil de sécurité, émergence de factions au sein de l'élite, interventions d’autres puissances. FUND FOR PEACE (2021) - Fragile States Index Annual Report 2021, 51 pages. </div> <div id="ftn9"> <a href="#_ftnref9" name="_ftn9" title="">[9]</a> Juglar voir notamment l’article de Dangel-Hagnauer C., Raybaut A. (2009) - Clément Juglar et la théorie des cycles en France au premier XXème siècle: quelques éléments d'analyse, Revue Européenne des Sciences sociales, XLVII-143,  65-85. </div> <div id="ftn10"> <a href="#_ftnref10" name="_ftn10" title="">[10]</a> Kitchin [1923] établit des périodes de trois à quatre année, Kuznets [1930] montre des cycles plus longs sur des périodes de 15 à 25 ans. Kitchin J. (1923) - Cycles and Trends in Economic Factors, Review of Economics and Statistics, Vol. 5, No. 1,  10-16 ; Kuznet S. (1930) - Secular movements in production and prices; their nature and their bearing upon cyclical fluctuations, Boston, Houghton Mifflin, 536 pages. Kondratieff N. D. (1929) - The long waves in the Economy Life, Economic Statistics, Vol. 17, No. 6, [Nov., 1935],  21-42. </div> <div id="ftn11"> <a href="#_ftnref11" name="_ftn11" title="">[11]</a> Le veilleur suit de simples modèles économiques établis (Wirtz, 2020), des tendances (Naisbitt, 1982) de plus ou moins grandes tailles (De Meyer, 2012) Cf. Wirtz B. W. (2020) - Business Model Management, Design - Process – Instruments, 2nd Edition, Springer, 309 pages ; Naisbitt J. (1982) - Megatrends, Warner Books, New York, 290 pages ; De Meyer (2012) - The impact of megatrends on your business/ how to detection long-term trends that will impact your competitive position and strategic direction, ISIS, 139 pages. </div> <div id="ftn12"> <a href="#_ftnref12" name="_ftn12" title="">[12]</a> Dès 1939, Schumpeter identifie son rôle dans l’économie et sur ses cycles de croissance. Schumpeter J. A. (1939) - Business Cycles, A Theoretical, Historical and Statistical Analysis of the Capitalist Process, New York Toronto London: McGraw-Hill Book Company, 461 pages. </div> <div id="ftn13"> <a href="#_ftnref13" name="_ftn13" title="">[13]</a> En milieu industriel l’approche de Altschuller et Seredinski, appelée TRIZ est couramment pratiquée. Altshuller G., Seredinski A. (2004) - 40 principes d'innovation : TRIZ pour toutes applications, Paris, A. Seredinski, 133 pages. </div> <div id="ftn14"> <a href="#_ftnref14" name="_ftn14" title="">[14]</a> L’innovation se diffuse de manière progressive, cf.. Rogers E. M. (2003) - Diffusion of innovations (5th ed.), New York, NY: Free Press, 551 pages. Rouach D., Santi P. (2001) - Competitive Intelligence adds value: Five intelligence attitudes, European Management Journal, Vol. 19, No. 5,  552-559. </div> <div id="ftn15"> <a href="#_ftnref15" name="_ftn15" title="">[15]</a> Cela s’avère assez proche de ce montre Doucet M-C. (2009) - Théories du comportement humain et configurations sociales de l’individu, Sociologie et sociétés, Vol. 41, Issue 1, printemps 2009, 35-53 sur le comportement humain. </div> <div id="ftn16"> <a href="#_ftnref16" name="_ftn16" title="">[16]</a> Les acteur dépendants de leurs nombreuses interactions et se sachant observés, ils n’hésitent pas à modifier en réaction leurs comportements informationnels en les camouflant, les minorant ou en les amplifiant cf. Landsberger H. A. (1958) - Hawthorne revisited, Management and the worker: its critics, and developments in human relations in industry, Cornell University en Ithaca, 119 pages. </div> <div id="ftn17"> <a href="#_ftnref17" name="_ftn17" title="">[17]</a> Il se trouve obligé d’appréhender le réel (D’Espagnat, 1981), de distinguer les diverses réalités (Llevellyn, 2007). Voir notamment D'Espagnat B. (1981) - A la recherche du réel, Journal de Physique Colloques, 42 (C2),  99-113. Llewellyn S. (2007) - Case studies and differentiated realities, Qualitative Research in Accounting & Management, Vol. 4, Issue/ 1, 53-68. </div> <div id="ftn18"> <a href="#_ftnref18" name="_ftn18" title="">[18]</a> Autre difficulté à surmonter dans ce qu’il observe, est que ce qui est collecté, ne relève sans doute pas de la cause (Wald, 1943) initiale informationnelle. Cf. Wald A. (1943) - A Method of Estimating Plane Vulnerability Based on Damage of Survivors, Statistical Research Group, and Columbia University, CRC 432, Center for Naval Analyses, 96 pages. </div> <div id="ftn19"> <a href="#_ftnref19" name="_ftn19" title="">[19]</a> Ce que Canguilhem avait déjà identifié comme difficulté à toute approche scientifique. Cf. Canguilhem G. (1965) - La Connaissance de la vie, 2ème édition revue et augmentée chez J. Vrin, repreneur du titre [1999], 192 pages. </div> <div id="ftn20"> <a href="#_ftnref20" name="_ftn20" title="">[20]</a> Thème déjà identifié dans le monde du travail sur les conflits de responsabilité qu’entraînait certaines décisions. Cf. Chateauraynaud F. (1991) - La Faute professionnelle, Une sociologie des conflits de responsabilité, Métailié Ed, 482 pages. </div> <div id="ftn21"> <a href="#_ftnref21" name="_ftn21" title="">[21]</a> Il n’est pas anodin de constater que le stratège Clausewitz a soulevé spécifiquement ce point dans son introduction. Clausewitz C. (1832) - De la Guerre [Traduction par le lieutenant-colonel De Vatry], édition complétée et révisée par Jean-Pierre Baudet, Ed Gérard Lebovici, [1989], 900 pages. </div> <div id="ftn22"> <a href="#_ftnref22" name="_ftn22" title="">[22]</a> Débat célèbre dans les Écoles de Commerce entre ceux qui étaient formés par de Mintzberg et ceux qui se revendiquaient de Drucker. Drucker P. (1973) - Management : tasks, responsibilities, practices, N.Y, Harper Collins, 839 pages et Mintzberg H. (1982) - Structure et dynamique des organisations, Editions Eyrolles, 440 pages. </div> <div id="ftn23"> <a href="#_ftnref23" name="_ftn23" title="">[23]</a> Cf. notamment les travaux de Canguilhem G. (1943) - Le normal et le pathologique, Paris, PUF, “Quadrige ", 2015, 12ème édition, 290 pages. </div> <div id="ftn24"> <a href="#_ftnref24" name="_ftn24" title="">[24]</a> AFNOR (1998) - XP X 50-053 prestations de veille et prestations de mise en place d'un système de veille, (Avril 1998), 16 pages. Les autres rapports officiels sur la même période sont avec des définitions similaires. </div> <div id="ftn25"> <a href="#_ftnref25" name="_ftn25" title="">[25]</a> Il est possible de montrer que Par l’approche répétée qu’il conduit et l’accès continu à l’information qu’il en obtient, le veilleur étaie et affine son raisonnement avant de fixer définitivement les conditions et le cadre de sa recherche (cf. Dewey J. (1938) - Logique : la théorie de l’enquête (traduit par G. Deledalle), PUF, [2006], (Ouvrage original publié en 1938 sous le titre Logic: The theory of inquiry.), 693 pages.)) </div> <div id="ftn26"> <a href="#_ftnref26" name="_ftn26" title="">[26]</a> Il s’agit d’une question sur laquelle, depuis Diderot jusqu’à Lacan la construction de l’identité par l’identification de son environnement est resté au centre d’une multitude de réflexions philosophiques. Diderot D. (1749) - Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient, Réédition Folio [2015], 116 pages ; Lacan J. (1949) - Le stade du miroir comme formateur de la fonction du Je, telle qu'elle nous a été révélée dans l'expérience psychanalytique, Revue française de psychanalyse, Vol. 13, No. 4,  449-455. </div> <div id="ftn27"> <a href="#_ftnref27" name="_ftn27" title="">[27]</a> Il s’agit d’une autre fracture sociale qui présente en entreprise s’ajoute à celle déjà existante dans la société. Cf. Le Gall J-M. (2010) - La nouvelle fracture sociale, Études 2010/4 (Tome 412),  463-472. </div> <div id="ftn28"> <a href="#_ftnref28" name="_ftn28" title="">[28]</a> Pour le rôle régalien de la parole cf. les travaux de Bourdieu P. (2001) - Langage et pouvoir symbolique Paris : Seuil, Collection Points. Essais ; 461, 423 pages. </div> <div id="ftn29"> <a href="#_ftnref29" name="_ftn29" title="">[29]</a> Cf. les travaux de Simon H. (1955) - A behavioral model of rational choice, The Quarterly Journal of Economics, Vol. 69, No. 1,  99-118. </div> <div id="ftn30"> <a href="#_ftnref30" name="_ftn30" title="">[30]</a> Il n’est pas inintéressant de constater que les hagiographes de Spinoza s’interrogent toujours si la traduction du titre de cette &oelig;uvre pour laquelle il serait possible que cela fut en fait « Traitement de la réforme de l’amendement de l’intellect ». Spinoza B. (1665) - Traité de la réforme de l'entendement, GF (No. 1171), [2003], 224 pages. </div> <div id="ftn31"> <a href="#_ftnref31" name="_ftn31" title="">[31]</a> Pour la prise en compte de cette science, voir notamment Bonnin P. (2010) - Pour une topologie sociale, Communications, No. 87,  43-64. </div> <div id="ftn32"> <a href="#_ftnref32" name="_ftn32" title="">[32]</a> Kant E. (1784) - Qu’est-ce que les lumières ?, Ed Poche [2013], 96 pages. </div> <div id="ftn33"> <a href="#_ftnref33" name="_ftn33" title="">[33]</a> Cf. notamment les travaux de Asch S. E. (1952) - Effects of group pressure upon the modification and distortion of judgments, Social psychology, New York: Prentice-Hall,  222-236. </div> </div>