<p>Depuis quelques années, les fake news que l’on peut définir comme la diffusion d’informations fausses, ou biaisées font l’objet d’une attention particulièrement forte dans les rédactions. Les fake news travestissent volontairement ou par omission la réalité et une vérité. Elles sont aussi un outil d’influence souvent utilisé par les personnalités politiques pour convaincre. Pour autant, les fake news existent depuis de nombreuses années. Déjà Arthur Schonpenhauer les décrivait dans son traité <i>« l’art d’avoir toujours raison »</i>.</p>
<p>En opposition, le fact checking est devenu une mission des journaux de références, des chaines d’infos ou des radios nationales. Plusieurs questions peuvent survenir : quelle est la légitimé de l’auteur ? Pourquoi choisir telle source ? Telle étude ? Comme première réponse, prenons exemple sur une plateforme regroupant de nombreuses rédactions dont celle qui s’intitule « vrai ou faux » de France Info :</p>
<p><i>« "Vrai ou Fake" est la plateforme de fact-checking et de debunking de l'ensemble de l'audiovisuel public. (…)</i></p>
<p><i>Nos journalistes débusquent les erreurs factuelles ou les mensonges des responsables publics et des politiques. Ils décryptent et déconstruisent les rumeurs et les "fake news" (…), qui circulent notamment sur les réseaux sociaux, dans tous les domaines de l'actualité (…).</i></p>
<p><i>Ils travaillent selon une méthodologie conforme au "code de principes" de l’International fact-checking network (IFCN), un réseau international de médias spécialisés dans la vérification de faits. »</i></p>
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<p>La fonction de la propagande est bien connue dans les guerres. Cette présentation en pose le cadre d’une nouvelle typologie. Elle étend même le champ de bataille, connexe aux médias traditionnels : les réseaux sociaux. Le site Internet de la radio publique évoque même une méthodologie dont nous pourrons apprécier la différence avec la méthode ou la grille d’analyse. C’est à dire un dispositif qui présente une solidité mais aussi un risque d’orienter le point de vue.</p>
<p>Un exemple, montre que l’approche du fect cheking reste à consolider. Le 18 avril 2021, suite à une prise de parole du président de la République, la plateforme passait sa méthodologie sur une phrase :</p>
<p><i>« Je ne parle même pas des effets (du canabis) de glissements vers des drogues plus dures. »</i></p>
<p>S’en suit 50 lignes d’un argumentaire sur le site Internet en convoquant deux médecins l’un psychiatre, l’autre chef du service addictologie. Ceux-ci vont aller dans un seul sens… celui de remettre en cause l’argument en exprimant un angle de spécialistes.</p>
<p>Premier constat il n’y a pas d’argument favorable à la posture politique. C’est une démonstration à charge, avec une ouverture sous un sens médical et sociétal.</p>
<p>Cette démonstration qui remet en cause une phrase de l’interview renvoie la notion d’influence dans la guerre par l’information face aux propos de l’homme politique, démocratiquement élu.</p>
<p>Le fact ckecking qui veut vérifier l’information, n’observerait que partiellement une situation ? Pourquoi choisir ces experts ? Observent-ils tout les aspects du problème ? L’intervention d’Alain Bauer, criminologue au CNAM sur Cnews, le 20 avril démontre que l’argument posé par le Président de la République mérite plus que l’intervention de deux médecins.</p>
<p>Pour le général Beaufre, « la stratégie est une dialectique des volontés employant la force pour résoudre leur conflit ». Il y a là, l’affrontement de deux volontés avec l’intention de faire plier une des parties, comme l’a développé Coutau-Béguarie.</p>
<p>Au final se dessine un nouvel affrontement informationnel avec des personnalités publics qui essaient de convaincre mais maîtrisent mal des dossiers toujours plus complexes.</p>
<p>Le fact checking devient un nouvel outil de la guerre par l’information. Les questions de la légitimité et de la méthodologie employées restent posées comme celle de prise de parole publique et de l’engagement euristique.</p>