La communication asymétrique : proposition de cadre méthodologique de décryptage des mouvements activistes et des déstabilisations informationnelles   Les réseaux sociaux ont bouleversé les structures du pouvoir médiatique en réduisant considérablement les barrières d’accès à la médiatisation avec comme conséquence l’affaiblissement du rôle de gatekeeper des médias « traditionnels » et l’apparition d’une concurrence accrue générée à la fois par la multiplication des médias et leur instantanéité croissante. Les liens entre les acteurs sont désormais revus à l’aune d’un contexte où l’autorité est en crise, l’expertise diluée, la légitimité controversée (François et Huyghe, 2010) et où, mécaniquement, « la conquête de la cognition et de l’esprit de chacun » (Castells, 2013) devient un enjeu majeur. En effet, aujourd’hui, internet et les médias sociaux offrent désormais la possibilité à tout individu de créer « l’agenda médiatique » ou, au moins de l’influer. Cela demande un réel savoir-faire mais peu de moyens : une pétition réunissant plusieurs milliers de signatures, un blog ou une vidéo rendus populaires via Twitter ou Facebook, s’imposent désormais comme des sources utilisables par les médias. C’est ce schéma de la quête de l’attention, que cherchent à générer les acteurs de la controverse médiatique en se fondant largement sur l’utilisation des algorithmes des moteurs de recherche et les phénomènes de curation développent des interactions qui aboutissent à la formation d’opinions (Castells, 2013). Le phénomène de répétition combiné à la structure en petit monde des réseaux sociaux génère en outre des phénomènes d’homophilie (ARAL & al, 2009). On assiste dès lors à la création de « bulles filtrées » (PARISER, 2011): l’internaute ne reçoit plus que des informations correspondants à ses gouts/opinions, le confortant alors dans sa conviction et produisant à l’extrême une logique d’ « enfermement algorithmique ». Face à l’amplitude de ce phénomène de manipulation informationnelle qui touche entreprises, institutions et Etats, de nombreuses recherches ont été menées aboutissant même dans certains pays à l’adoption de lois visant à tenter d’endiguer par la contrainte légale la diffusion d’éventuelles fausses informations ou « fake news »<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title="">[1]</a>. Mais cette réponse législative peut paraitre assez dérisoire face à des acteurs qui pour la plupart se positionnent justement dans un schéma de relation « asymétriques », profitant justement des failles des organisations. En effet, ces évolutions bouleversent les institutions « traditionnelles ». Les partis, syndicats et quelques associations semblent avoir du mal à intégrer cette nouvelle typologie de la contestation qui s’affranchit d’une vision du monde « politique » (gauche/droite, marxiste/capitaliste, etc.) pour une approche bien plus pragmatique et immédiate. Il ne s’agit plus de changer « le monde » mais de changer ce qui « ne va pas », là, maintenant. Un mode d’action « par projet » avec un impératif d’efficacité qui répond bien plus à des critères d’entreprises capitalistiques (la gestion par projet) que d’organisations politiques. Avec deux conséquences : le résultat prime sur la méthode et il ne s’agit plus de prendre le pouvoir, mais bien de contraindre le pouvoir. Baki Youssoufou, créateur du site de pétition yousign.it parle ainsi de « faire la révolution sans se confronter »<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title="">[2]</a> : « Aujourd’hui il ne s’agit plus de faire la révolution en coupant des têtes, mais en faisant un pas de côté. Cette notion de « <a name="pasdecote">pas de côté </a>» est hyper importante. Il s’agit de combattre sans jamais affronter. Ca veut dire qu’il faut trouver des façons de contournera le pouvoir mais à la même vitesse que si l’on passait tout droit. C’est ce que les outils numériques nous permettent. A la fin de la révolution, il se passera toujours la même chose, c’est-à-dire qu’il y a des gens qui vont demander les clés du pouvoir à d’autres et les autres vont les donner. Avant on coupait les têtes, aujourd’hui cela se fait sans confrontation sanguinaire ; cependant ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de violence physique, que la violence est absente. L’essentiel n’est pas la prise du pouvoir mais la contrainte du pouvoir ». Cette vision de l’activisme fondée sur une confrontation des volontés aboutissant à une relation de coercition entre deux acteurs correspond aux approches conflictuelles définies par les chercheurs et stratèges militaires. En particulier, les « ruptures » sociologiques et technologiques évoquées plus haut, semblent fortement résonner avec les approches de « conflits irréguliers » largement théorisées depuis quelques années.   Naissance et construction de la notion de conflits « irréguliers » ou « asymétriques »  L’origine du concept remonte aux travaux du sociologue norvégien Johan Galtung dans les années 60 autour de la notion de conflit. La notion d’asymétrie se focalise alors principalement sur l’accès aux ressources<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title="">[3]</a>. Un conflit s’avère dès lors asymétrique lorsque que l’un des protagonistes dispose de ressources très supérieures à l’autre. L’asymétrie se trouve donc opposée à la symétrie, qui elle, au contraire fait référence à une situation où chaque parti dispose de ressources équivalentes. Cette notion sera par la suite assez peu considérée, jusqu’à ce qu’Andrew Mack la reprenne à son compte (MACK, 1975). Ce travail, qui vise à préciser la notion d’asymétrie de façon plus concrète à travers l’étude de conflits récents, notamment la guerre d’Algérie et la guerre du Vietnam, en posera véritablement les fondements théoriques. Il s’agit pour Mack moins de comprendre pourquoi les insurgés ne furent pas vaincus, que pour quelles raisons la puissance « extérieure » fut forcée à se retirer du conflit<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" title="">[4]</a>. Dans un conflit asymétrique, explique-t-il, la victoire ne s’obtient pas sur le champ de bataille en détruisant les forces de l’adversaire, mais en détruisant sa volonté politique. Il y a une claire décorrélation alors entre la puissance militaire et le résultat du conflit qui s’avère très difficile à appréhender par les forces militaires. Mack ainsi montre bien que l’aspect asymétrique se trouve avant tout dans le glissement du « centre de gravité » clausewitzien du pouvoir qui ne se trouve plus dans la force des armées mais dans l’opinion publique. Cet analyse sera reprise d’ailleurs, 30 ans plus tard par le Général Petraeus, alors commandant en chef des théâtres d’opération Irakien et Afghan, et initiateur de la nouvelle version du Manuel de l’armée américaine dédié à la lutte contre-insurrectionnelle, intitulé FM 3-24 (Field Manual 3-24) qui vise également à resituer l’asymétrie dans une stratégie globale, à dépasser la perception, encore présente à cette époque-là, du combattant asymétrique qui avant tout serait un lâche qui ne saurait pas se battre loyalement : « Insurgents are by nature an asymmetric threat. They do not use terrorist and guerrilla tactics because they are cowards afraid of a “fair fight”; insurgents use these tactics because they are the best means available to achieve the insurgency’s goals. Terrorist and guerrilla attacks are usually planned to achieve the greatest political and informational impact with the lowest amount of risk to insurgents <a href="#_ftn5" name="_ftnref5" title="">[5]</a>». L’année suivante, en janvier 2007, l’Armée de terre française remet à jour également sa doctrine sous la forme d’un nouveau document intitulé « Gagner la bataille, conduire à la paix »<a href="#_ftn6" name="_ftnref6" title="">[6]</a>. Dans le prolongement de la démarche étatsunienne, l’approche asymétrique est bien plus détaillée qu’elle ne l’avait été dans les documents doctrinaux précédents : « Dans un conflit asymétrique, l’un des belligérants se place délibérément dans un domaine différent de celui où son adversaire possède une supériorité manifeste et met l’accent sur la disparité totale de nature des moyens et des modes d’action<a href="#_ftn7" name="_ftnref7" title="">[7]</a>  »   Application des caractéristiques des conflits asymétriques aux déstabilisations informationnelles Dans le cadre de sa thèse<a href="#_ftn8" name="_ftnref8" title="">[8]</a>, l’auteur, à travers ses recherches documentaires et plusieurs entretiens menés avec des experts militaires français, a proposé quelques critères qui définissent ainsi particulièrement les conflits asymétriques et peuvent s’appliquer aux déstabilisations informationnelles<a href="#_ftn9" name="_ftnref9" title="">[9]</a> : - La difficulté d’identification de l’opposant. La caractéristique la plus structurante d’une situation d’asymétrie repose la difficulté d’identification de l’un des protagonistes soit en tant qu’entité (il n’y a pas de revendication de l’action) soit en tant que personne ; même si la structure ou la cause est « identifiée », en revanche il est complexe d’en identifier les membres. Actuellement, entre les possibilités d’anonymat offertes par internet et la multiplicité des typologies d’acteurs à l’origine de mouvements de contestation – associations, clients, riverains, citoyens, etc. – la compréhension exacte de l’identité et des motivations peut s’avérer complexe pour l’entreprise mise en cause. En 2016, l’émission par des acteurs toujours inconnus à ce jour d’un faux communiqué de presse financier au nom de Vinci avait fait plonger l’action de cette entreprise de près de 19%<a href="#_ftn10" name="_ftnref10" title="">[10]</a>. Plus récemment, « l’affaire Mila », du nom de l’adolescente menacée via des messages Instagram ou Twitter pour avoir critiqué la religion musulmane a démontré que, si l’anonymat pouvait être désormais levé, en revanche, les typologies et les ressorts des acteurs restaient très complexes à appréhender<a href="#_ftn11" name="_ftnref11" title="">[11]</a>.   - Un objectif du conflit différent Selon le stratège militaire Jacques Baud le but de la guerre est fondamentalement différent selon que l’on considère les conflits symétriques ou asymétriques. Dans le premier cas, la destruction ou la possession d’une entité est recherchée, alors que dans le second, l’objectif est l’effondrement d’un système (BAUD, 2003). Le colonel Hervé de Courrèges place même l’opinion au c&oelig;ur de cet objectif puisque selon lui, les adversaires des démocraties occidentales ont très vite identifié quel était le centre de gravité de leurs ennemis, leur opinion publique et l’influence que celle-ci pouvait avoir sur leur gouvernement et donc sur le cours de la guerre (COURREGES, 2010). De même, face à la contestation, l’entreprise développe un discours à la fois technique et juridique qui vise à asseoir la légitimité de la démarche. L’approche activiste sur internet et les réseaux sociaux obtient quant à elle sa légitimité de la masse, le nombre démontre la validité de la démarche. Cette mobilisation des internautes se fait alors beaucoup plus rapidement et efficacement via le développement d’un discours émotionnel. Tandis que l’un des acteurs va essayer de démontrer qu’il a raison, l’autre va insister sur l’iniquité de la situation. Les travaux menés par le CSA sur Twitter révèlent ainsi que « Les comptes de cellules journalistiques spécialisées dans la vérification de l’information sont en moyenne davantage suivis que les comptes catégorisés comme non fiables, mais génèrent moins d’interactions sur leurs publications que ces derniers<a href="#_ftn12" name="_ftnref12" title="">[12]</a> », or c’est cet engagement qui est source principale d’évaluation de l’influence d’un compte (MEEYOUNG, 2010).   - Le rôle prédominant des médias Conséquence directe de ce déplacement du « centre de gravité » de la conflictualité, les médias – ou devrait-on dire la capacité de médiatisation – devient essentielle. Ainsi, pour Christian Malis<a href="#_ftn13" name="_ftnref13" title="">[13]</a>,  pour qui « Un conflit traditionnel c’est "Une guerre militaire appuyée par de la communication"; un conflit asymétrique c’est "Une guerre de communication appuyée par des opérations militaires<a href="#_ftn14" name="_ftnref14" title="">[14]</a>" ». Ce rôle prédominant des médias a été théorisé par Ryan Holiday qui le compare au fameux principe de Ponzi issu de la finance : une information est transmise à un blog (HOLIDAY, 2013)<a href="#_ftn15" name="_ftnref15" title="">[15]</a>, puis reprise par un autre, puis par un journal, et enfin devient nationale. Au fur et à mesure qu’elle remonte la chaine de l’information du blog au media national, elle s’auto-valide, chaque strate tendant à devenir caution de la strate suivante. Il définit pour cela les trois étapes clés :  « The entry point » (la source qui va insérér l’information dans le champ médiatique), « The Legacy Media » (les espaces liés à des médias traditionnels mais qui n’offrent pas pour autant la même rigueur journalistique comme les espaces « Opinions ») et  l’étape « National » (les colonnes d’un média reconnu).   - La recherche de la provocation afin de délégitimer l’adversaire  Dans cette guerre où l’image joue un rôle essentiel pour l’un des bélligérants, il s’agit de pousser l’autre « à la faute », de l’amener à réaliser des actions contraires à son discours et à ses valeurs affichées afin de le délégitimer tant auprès de la population de la zone du conflit que de sa propre opinion publique. La recherche de la provocation du « faible » (l’activiste) vis-à-vis du « Fort » (l’institution) vise avant tout à saper les fondements de la légitimité de ce dernier. L’illégitimité « morale » ou « éthique » venant alors contrer une éventuelle légitimité technologique ou légale. Si cette recherche de la provocation n’est pas nouvelle, c’est bien l’un des ressorts au c&oelig;ur de la médiatisation de la démarche activiste, néanmoins internet et les réseaux sociaux offrent désormais de multiples moyens de générer cette provocation et d’en diffuser les éventuels résultats. Ce peincipe est à la base du « trolling » qui vise à favoriser la provocation au nom de la « Liberté d’expression<a href="#_ftn16" name="_ftnref16" title="">[16]</a>» (MONNIER & al., 2021).   - L’un des belligérants ne respecte la loi alors que l’autre se doit de le faire. Les conflits asymétriques se caractérisent également par le fait que d’un côté l’un des protagonistes s’engage à respecter le droit de la guerre – Jus in Bello –  codifié à travers les nombreux accords et traités internationaux, tandis que l’autre protagoniste ne respecte pas, lui, ces règles, créant ainsi une situation de déséquilibre et d’asymétrie dans les responsabilités juridiques, voire morales, ces droits de la guerre étant très liés à une vision occidentale issue de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Cette situation est très fréquente dans les situations de communication conflictuelles développées par des mouvements activistes. Alors que ces derniers peuvent, pour mieux valoriser leur combat, être amenés à développer des actions illégales (détournement d’image<a href="#_ftn17" name="_ftnref17" title="">[17]</a>, blocage de site, défaçage, piratage de données<a href="#_ftn18" name="_ftnref18" title="">[18]</a>, etc.), les institutions, au contraire, se doivent absolument de respecter la loi sous peine d’être rapidement disqualifiées et de perdre ainsi toute leur légitimité<a href="#_ftn19" name="_ftnref19" title="">[19]</a>.     - Une gestion du temps différente  L’’un des avantages stratégiques du « faible » peut être de revaloriser le facteur temps dans l’équation stratégique en cherchant à faire durer au maximum la confrontation, ou plutôt la mobilisation du « fort » grâce à une éviction de la confrontation directe. Le colonel Metz, stratège de l’armée américaine, invoque à ce sujet « l’asymétrie de la patience ». Il oppose à la patience du « faible », l’impatience du « fort », accrue par la pression de son opinion qui réclame des résultats rapides (METZ, 2001). La mobilisation de l’opinion, essentielle dans la démarche activiste, se réalise fréquemment autour d’un sentiment d’urgence qui vient également renforcer la légitimité de la démarche. Cependant, cette « urgence d’agir », n’empêche pas le déploiement d’actions dans la durée, au contraire. Des combats activistes tels que la lutte contre les mines anti personnel, la lutte contre la déforestation, ou la promotion de l’abolition du nucléaire sont menés par certaines associations depuis des années, voire des dizaines d’années. A l’inverse, les entreprises, souvent organisés autour de temporalités assez courtes (la communication financière se fait au trimestre) ont plus de mal à conserver une attention durable sur le sujet. - Un différentiel de cout important Avec la problématique du temps, se pose également celle des ressources et, en particulier, des ressources financières. La notion du coût de la guerre a toujours été au c&oelig;ur des préoccupations des belligérants. Déjà il y a plus de 100 ans, le Général Foch plaçait-il l’économie des moyens au c&oelig;ur des principes stratégiques qui guident un conflit. Cette notion de coût est encore plus criante dans un conflit asymétrique : « L’insurrection est bon marché, la contre-insurrection coûte cher » (GALULA, 2008). Ce rapport au coût se retrouve dans la lutte informationnelle. L’utilisation d’internet et des médias sociaux a considérablement abaissé les barrières financières pour la mise en place d’actions activistes. Non seulement la plupart des outils de promotion sont gratuits mais de plus, les réseaux sociaux permettent de mobiliser gratuitement des expertises et des compétences qui, autrement, auraient complexes à mettre en &oelig;uvre, que ce soit pour des raisons organisationnelles ou financières. A l’inverse, les institutions, elles, ne peuvent compter que sur leurs ressources internes ou alors doivent faire appel à des prestataires extérieurs. Dans les deux cas, la démarche génère des coûts non négligeables. Le lancement du hashtag #saccageParis initié en novembre 2020 a ainsi pu regrouper en quelques mois des milliers de collaborations d’internautes, générant alors un effet de masse qui est rapidement repris par les médias<a href="#_ftn20" name="_ftnref20" title="">[20]</a>. Après avoir tenté de minimiser l’impact de ce mouvement sur les réseaux sociaux, la Mairie, finalement, répondra aux principaux points soulevés par les internautes lors d’une conférence de presse organisée le 5 juillet 2021<a href="#_ftn21" name="_ftnref21" title="">[21]</a>.   - La force morale L’implication du soldat dans le conflit serait d’autant plus forte qu’il pressent que sa vision de la société risque de disparaitre avec la défaite. Il ne s’agit plus d’enjeux économiques ou géopolitiques mais purement politiques, au sens de deux systèmes politiques différents – et donc deux visions du monde antagonistes – qui s’affrontent. Dès novembre 2001, Ben Laden diffuse un message qui ne dit pas autre chose en affirmant que les musulmans doivent se battre pour « résister à la plus forte, la plus redoutable, la plus dangereuse et la plus violente croisade contre l’Islam depuis la venue du prophète Mahomet<a href="#_ftn22" name="_ftnref22" title="">[22]</a> ». Au niveau du monde économique, les récentes discussions législatives sur le statut de lanceur d’alerte<a href="#_ftn23" name="_ftnref23" title="">[23]</a> tant au niveau français qu’européen témoignent de l’importance donnée aujourd’hui aux problématiques éthiques qui peuvent apparaitre au sein des institutions<a href="#_ftn24" name="_ftnref24" title="">[24]</a>. Les salariés d’ailleurs, selon un sondage BVA<a href="#_ftn25" name="_ftnref25" title="">[25]</a>, restent encore très sceptiques, 64% estimant que leur propre entreprise ne le fait que pour se donner une bonne image, contre 25% qui croient en une démarche sincère. Ces éléments mettent bien en avant une certaine relativisation des salariés vis-à-vis de leur employeur et de ses valeurs affichées qui peut parfois se traduire par une mise en retrait. En revanche, du côté activiste, l’attachement aux valeurs défendues et à la cause est généralement total, tout doute ou remise en cause se traduisant immédiatement par un retrait ou un abandon de l’action.   - La rapidité des chaines de commandement  Si ce sujet est bien au c&oelig;ur des préoccupations des armées modernes depuis de nombreuses années – la rapidité de la transmission des ordres facilite la rapidité de la man&oelig;uvre – néanmoins le fonctionnement en réseau et en cellule des structures révolutionnaires permet un fonctionnement beaucoup plus adaptatif, selon une approche « rhizomique ». Chacune de ces cellules bien que « franchise » d’une organisation mère, reste cependant indépendante dans ses moyens d’actions (SMITH, 2007). Les mobilisations contre l’utilisation des mines anti-personnel, puis des bombes à sous-munitions et enfin des armes nucléaires, chacune couronnée de succès<a href="#_ftn26" name="_ftnref26" title="">[26]</a> se sont largement fondées sur ce schéma de décentralisation de l’action (DELACROIX, 2014) avec la mise à disposition de véritables sites « boite à outils » à disposition de chaque internaute qui souhaite s’impliquer<a href="#_ftn27" name="_ftnref27" title="">[27]</a>. Ce différentiel reste néanmoins très complexe à combler, comme l’explique Yann Gourvennec<a href="#_ftn28" name="_ftnref28" title="">[28]</a> : « D’un côté il y a un activiste ou un petit groupe d’activiste qui n’engagent qu’eux lorsqu’ils s’expriment. De l’autre une grande entreprise dont chaque prise de parole officielle engage l’ensemble des salariés et peut avoir des conséquences immédiates sur sa valeur. Il est évident que les enjeux ne sont pas les mêmes.   - La notion de « caporal stratégique »  Ce concept a été théorisé pour la première fois par le général américain Charles Krulak. Selon lui, les conflits asymétriques aboutissent à une diffusion de la responsabilité tout au long de la chaine de commandement, jusqu’aux échelons les plus bas. Le succès ou l’échec d’une mission dépend alors tout autant de la stratégie mise en place par le commandant en chef des opérations, que de la pertinence des actions menées par un simple soldat sur le terrain (KRULAK, 1999). Ce notion reste d’actualité en matière de confrontation informationnelle sur les réseaux sociaux puisque, les analyses des crises sur les réseaux sociaux réalisées par le cabinet Saper Vedere sur les principales crises de 2019, montrent que 41% des crises seraient dues au service communication de la marque, principalement à cause de Tweet ou de prise parole sur les réseaux sociaux perçues comme maladroites, illégitimes ou potentiellement blessantes<a href="#_ftn29" name="_ftnref29" title="">[29]</a>   Comme pour les conflits asymétriques, la légitimité semble être l’élément central de l’activisme sur internet. Le changement apporté par internet et les réseaux sociaux c’est ce passage de la contestation à la « dé-légitimation » systématique de l’adversaire, désormais rendue possible grâce à l’accès à de nouveaux moyens de diffusion de l’information. Dans son ouvrage « Parcours d’une altermondialiste », Miriam Simos place cette légitimité comme l’un des éléments essentiels de la réussite du combat activiste : « les systèmes tombent quand leur légitimité entre en crise, quand ils ne peuvent plus inspirer confiance, forcer l’adhésion (FRANCOIS, 2009) ». Thierry Libaert évoque également cette importance de la « victimisation » dans la démarche activiste : « Occuper la position de la victime attire davantage la sympathie qu’occuper celle du présumé coupable ! Dans la communication développée par les représentants des victimes, les arguments scientifiques permettent d’objectiver les dommages pressentis tandis que les témoignages chargent les messages d’une coloration émotionnelle très mobilisatrice » (LIBAERT, 2015). Le faible a plus facilement raison que le fort, d’autant plus s’il en appelle à des valeurs perçues comme universelles. Le fait de replacer cette « guerre de l’information » dans un contexte de conflictualité asymétrique fournit un cadre de décryptage plus général et inscrit alors l’action dans une temporalité nouvelle qui éclaire plus distinctement l’intention. L’action n’est alors plus isolée mais prend alors sens dans une narration – volontaire ou non de la part de son auteur – à la finalité désormais plus aisément perceptible pour celui qui en est la cible. Il s’agit donc bien d’offrir une méthodologie qui facilite la compréhension des buts ultimes de l’activisme, en dehors de sa manifestation immédiate. L’enjeu apparait de taille : à l’heure où ces réseaux deviennent des lieux d’information prioritaires, celui qui en maitrise les codes accroit considérablement sa capacité d’influence. Ainsi, la compréhension fine de la façon dont l’information se diffuse sur ces réseaux apporterait-elle énormément dans la prévention et l’anticipation des mouvements d’opinion ainsi que dans l’analyse de la crédibilité des informations reçues. Néanmoins, si la compréhension de « ce qui se passe » s’en trouve accrue, la question de la réaction reste encore complexe. Passer du constat à la solution n’est pas chose aisée. Les différents cas traités dans le cadre du corpus, montrent que l’application de techniques de communication de crise « traditionnelles » s’avère finalement peu efficace. Ignorer l’activiste au prétexte qu’il n’est pas représentatif, c’est oublier qu’il est bien souvent connecté à une communauté potentiellement gigantesque et rapidement mobilisable, même si elle n’est pas identifiable immédiatement. Le traiter comme un média ou une organisation, c’est oublier que sa force réside précisément dans sa capacité à agir en dehors des normes et consensus qui régissent ces espaces structurés. Il nous semble en effet que la mise en place d’une politique d’intelligence économique permettant d’appréhender les enjeux sociétaux dans l’environnement immédiat de l’entreprise, d’évaluer les phénomènes activistes potentiels ainsi que de mieux comprendre les risques informationnels favoriserait la résolution de nombreuses situations conflictuelles, ne serait-ce qu’en ayant la capacité de les traiter en amont. Or, si aujourd’hui la communication peut être perçue comme un élément essentiel de l’intelligence économique – particulièrement dans sa partie « influence<a href="#_ftn30" name="_ftnref30" title="">[30]</a> » - en revanche, l’intelligence économique n’est que peu souvent perçue comme pouvant apporter à la communication. Ces sujets nécessiteraient probablement le développement de recherches spécifiques, au-delà d’une constatation fondée sur une expérience professionnelle certes conséquente mais forcément limitée. Nous voici désormais entrés dans la société en réseau, « une société dont la structure sociale est centrée sur des réseaux activés par les technologies de l’information et de la communication numérique » (CASTELLS, 2013) Mais, contrairement aux affirmations de l’amoralité de l’entreprise (COMTE-SPONVILLE, 2006) vantée également par Alex Karp le pdg de Palantir dans le Washington Post<a href="#_ftn31" name="_ftnref31" title="">[31]</a>, il semblerait que, sous la pression sociale, religieuse ou politique, les entreprises deviennent de plus en plus « morales ». Lorsque le fonds souverain norvégien décide d’exclure les entreprises produisant du tabac, lorsque Facebook refuse de publier des photographies de nus<a href="#_ftn32" name="_ftnref32" title="">[32]</a> (y compris des &oelig;uvres d’art), lorsque le Crédit Agricole lance une SICAV compatible avec la Sharia, etc. il ne s’agit plus de mettre en avant une politique éthique, mais bien de valoriser des préceptes moraux. Peut-être ces entreprises d’un nouveau genre, affichant clairement une morale – entreprise laïque ou au contraire religieuse ; libertaire ou au contraire très stricte, etc. – pourront alors développer de véritables stratégies activistes visant à promouvoir, au-delà de leurs produits ou services, leur propre « vision du monde »… Ou alors apparaitront comme bien plus fragiles face à ces controverses informationnelles.   36 589 caractères <div style="page-break-after: always"> </div>   Bibliographie <a name="_Hlk76924602">ARAL, S., MUCHNIK, L., & SUNDARARAJAN, A. (2009). Distinguishing influence-based contagion from </a>homophily-driven diffusion in dynamic networks.Proceedings of the National Academy of Sciences, 106(51), 21544-21549 BAUD Jacques F. La guerre asymétrique, ou, la défaite du vainqueur. L’Art de la guerre. Monaco: Editions du Rocher, 2003 p 93 CASTELLS, M. (2013), Communication et pouvoir, Paris, Maison des Sciences de l'Homme DELACROIX Philippe, « La convention d'Ottawa sur les mines antipersonnel : traité exemplaire ou cas d'espèce ? », Revue internationale et stratégique, 2014/4 (n° 96), p. 133-141. COMTE-SPONVILLE, André. Le capitalisme est-il moral?: Sur quelques ridicules et tyrannies de notre temps. Paris: Librairie générale française, 2006. COURREGES, Hervé de. Principes de Contre-Insurrection. Collection Stratégies & Doctrines, 1767-1612. Paris: Economica, 2010 p 23 FRANÇOIS, L., & HUYGHE, F. B. (2009). Contre-pouvoirs-De la société d'autorité à la démocratie d'influence. Paris. Ellipses GALULA, David, and Philippe de Montenon. Contre-insurrection: théorie et pratique. Paris: Economica, 2008. HOLIDAY, Ryan. Trust Me, I’m Lying: Confessions of a Media Manipulator. London: Portfolio/Penguin, 2013. KRULAK (General), Charles C. “The Strategic Corporal: Leadership in the Three Block War.” Marines Magazine, January 1999 LIBAERT, Thierry et Jean-Marie Pierlot. Les Nouvelles Luttes Sociales et Environnementales: Notre-Dame-Des-Landes, Droit Au Logement, Gaz de Schiste, Expérimentation Animale. Paris: Vuibert, 2015, p 26 MACK Andrew. “Why big nations lose small wars: the politics of asymmetric conflict.” World Politics, Princeton University, 27, no. 02 (January 1975): 175–200. MEEYOUNG Cha, , Hamed Haddadi, Fabricio Benevenuto, et Krishna Gummadi. « Measuring User Influence in Twitter: The Million Follower Fallacy ». Washington DC, 2010. METZ, Steven, and Douglas V. Johnson. Asymmetry and U.S. Military Strategy: Definition, Background, and Strategic Concepts. Special Report. Carlisle Barracks, PA: Strategic Studies Institute, U.S. Army War College, 2001   MONNIER Angeliki, Seoane Annabelle, Nicolas Hubé et Pierre Leroux, « Discours de haine dans les réseaux socionumériques », Mots. Les langages du politique, 125 | 2021 SIMOS Miriam (alias Starhawk), Parcours d’une altermondialiste, de Seattle aux Twin Towers, Editions Les empêcheurs de tourner en rond, 2004 ; cité par SMITHh, Rupert, Bruno Cuche, et Philippe Ricalens. L’utilité de la force: l’art de la guerre aujourd’hui. Paris: Économica, 2007.         Gagner la bataille, conduire à la paix. Les forces terrestres dans les conflits aujourd’hui et demain. Centre de Doctrine et d’emploi des Forces, Paris, Janvier 2007 La propagation des fausses informations sur les réseaux sociaux : étude du service Twitter, Focus, CSA, Novembe 2020. <div>  <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title="">[1]</a> En France, par exemple la loi dite « Avia », ou loi du 24 juin 2020 visant à lutter contre les contenus haineux sur internet. </div> <div id="ftn2"> <a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title="">[2]</a> Entretien avec l’auteur 19 février 2015, in « Communication de conflictualité et mouvements activistes sur Internet », Thèse de doctorat en Sciences de l’Information et de la Communication soutenue par l’auteur en décembre 2016 à l’Université de Paris 2. </div> <div id="ftn3"> <a href="#_ftnref3" name="_ftn3" title="">[3]</a> Johan Galtung est un sociologue norvégien né en 1930 qui est à l’origine du concept de « Peace Studies », c’est-à-dire l’analyse des conflits dans le but de leur résolution rapide. Il a été professeur dans de nombreuses universités dont Columbia University et Princeton aux Etats-Unis. J. Galtung définit l’asymétrie de la façon suivante : « […] we could clearly speak about symmetric versus asymmetric conflicts, depending on the distribution of the resources the actors have at their disposal for the conflict”. Source: Galtung, Theories of Conflicts, ouvrage de synthèse de ses conférences disponible en téléchargement sur le site de Transcend Peace University </div> <div id="ftn4"> <a href="#_ftnref4" name="_ftn4" title="">[4]</a> Il est à noter que l’approche de A. Mack de facto fonde la notion de conflit asymétrique sur l’opposition entre un acteur « extérieur » et un acteur « local ». C’est une vision bien évidemment très liée aux guerres de décolonisation, qui sera par la suite élargie aux conflits postcoloniaux.  </div> <div id="ftn5"> <a href="#_ftnref5" name="_ftn5" title="">[5]</a> Field Manual 3-24, Counterinsurgency, Dec. 2006, Headquarter Department of the Army, Etats-Unis. P 3-18. “Les insurgés sont par nature des menaces asymétriques. Ce n’est pas parce que ce sont des couards effrayés par le combat “à la loyale” qu’ils utilisent des tactiques de guérilla ou de terrorisme. Les insurgés utilisent de telles tactiques parce que ce sont les meilleurs moyens disponibles pour atteindre leurs objectifs. Les attaques terroristes ou les opérations de guerilla sont réalisées avant tout pour obtenir le plus grand impact politique et informationnel possible avec le moins de risque possible pour les insurgés ». </div> <div id="ftn6"> <a href="#_ftnref6" name="_ftn6" title="">[6]</a> Gagner la bataille, conduire à la paix. Les forces terrestres dans les conflits aujourd’hui et demain. Centre de Doctrine et d’emploi des Forces, Paris, Janvier 2007 http://www.cdef.terre.defense.gouv.fr/publications/doctrine-des-forces-terrestres-francaises/les-documents-fondateurs/ft-01 </div> <div id="ftn7"> <a href="#_ftnref7" name="_ftn7" title="">[7]</a> id.. p 15-16 </div> <div id="ftn8"> <a href="#_ftnref8" name="_ftn8" title="">[8]</a> « Communication de conflictualité et mouvements activistes sur Internet », Thèse de doctorat en Sciences de l’Information et de la Communication soutenue par l’auteur en décembre 2016 à l’Université de Paris 2. </div> <div id="ftn9"> <a href="#_ftnref9" name="_ftn9" title="">[9]</a> Ces critères proviennent à la fois </div> <div id="ftn10"> <a href="#_ftnref10" name="_ftn10" title="">[10]</a> https://www.lesechos.fr/2016/11/des-pirates-font-plonger-vinci-en-bourse-par-un-faux-communique-231603 </div> <div id="ftn11"> <a href="#_ftnref11" name="_ftn11" title="">[11]</a> « Affaire Mila : onze personnes condamnées à des peines de quatre à six mois de prison avec sursis », Le Monde, 7 juillet 2021. </div> <div id="ftn12"> <a href="#_ftnref12" name="_ftn12" title="">[12]</a> <a name="_Hlk76925390">« La propagation des fausses informations sur les réseaux sociaux : étude du service Twitter », Focus, CSA, Novembe 2020.</a> </div> <div id="ftn13"> <a href="#_ftnref13" name="_ftn13" title="">[13]</a> Christian Malis (1967-2017), Professeur à l’Ecole Militaire d’Application de Saint-Cyr et docteur en histoire contemporaine (HDR qualifié au professorat par le CNU en 2011) et auteur de nombreux ouvrages de stratégie militaire. Entretien avec l’auteur en 2014. </div> <div id="ftn14"> <a href="#_ftnref14" name="_ftn14" title="">[14]</a> Entretien avec l‘auteur 17 septembre 2014 in « Communication de conflictualité et mouvements activistes sur Internet », Thèse de doctorat en Sciences de l’Information et de la Communication soutenue par l’auteur en décembre 2016 à l’Université de Paris 2. </div> <div id="ftn15"> <a href="#_ftnref15" name="_ftn15" title="">[15]</a> Sous le terme « blog », R. Holyday inclut indifféremment les véritables « blogs » mais également d’une façon générale « tout ce qui est publié sur le Net. Cela comprend tout depuis le compte Twitter jusqu’aux sites des principaux médias, en passant par les chaines vidéos ou les blogs comprenant des centaines d’auteurs. […] La réalité est qu’ils fonctionnent tous avec les mêmes objectifs et se battent pour l’attention des internautes avec les mêmes tactiques » </div> <div id="ftn16"> <a href="#_ftnref16" name="_ftn16" title="">[16]</a> <a name="_Hlk76925771">Angeliki Monnier, Annabelle Seoane, Nicolas Hubé et Pierre Leroux, « Discours de haine dans les</a> réseaux socionumériques », Mots. Les langages du politique [En ligne], 125 | 2021, </div> <div id="ftn17"> <a href="#_ftnref17" name="_ftn17" title="">[17]</a> Un des exemples les plus emblématiques de ce type d’action a été le détournement de la publicité « KitKat » par Greenpeace en dénonciation de l’utilisation d’huile de palme par le groupe Nestlé en 2010. </div> <div id="ftn18"> <a href="#_ftnref18" name="_ftn18" title="">[18]</a> Le 5 mai 2017, entre les deux tours de l’élection présidentielle française, le parti En Marche ! a annoncé avoir été victime d’un piratage massif de ses e-mails, ceux-ci ayant été ensuite remis à Wikileaks. </div> <div id="ftn19"> <a href="#_ftnref19" name="_ftn19" title="">[19]</a> Le 10 novembre 2011, la Direction d’EDF a été condamnée à 1,5 millions d’euros d’amende par le Tribunal correctionnel pour des faits d’espionnage aux dépends de Greenpeace. </div> <div id="ftn20"> <a href="#_ftnref20" name="_ftn20" title="">[20]</a> #Saccageparis, un hashtag qui relance le problème récurrent de la propreté de la capitale, Le Monde, 5 avril 2021. </div> <div id="ftn21"> <a href="#_ftnref21" name="_ftn21" title="">[21]</a> L’analyse de ce hashtag par l’entreprise de conseil ReputatioLab conclut que le lancement de ce mouvement serait d’origine politique et ,non véritablement « citoyen » comme les auteurs le défendent. Voir « #SacageParis : astroturfing ou opération militante ? », ReputatioLab, 9 avril 3031. </div> <div id="ftn22"> <a href="#_ftnref22" name="_ftn22" title="">[22]</a> Lettre envoyée à Al-Jazzera, 3 novembre 2001 </div> <div id="ftn23"> <a href="#_ftnref23" name="_ftn23" title="">[23]</a> La définition de « lanceur d’alerte » est sujette à discussion ; en France la définition légalement retenue par le législateur est la suivante : « Un lanceur d’alerte est une personne qui révèle, dans l’intérêt général et de bonne foi, un crime ou un délit, un manquement grave à la loi ou au règlement, ou des faits présentant des risques ou des préjudices graves pour l’environnement, la santé ou la sécurité publiques, ou témoigne de tels agissements. Il exerce son droit d’alerte sans espoir d’avantage propre ni volonté de nuire à autrui » </div> <div id="ftn24"> <a href="#_ftnref24" name="_ftn24" title="">[24]</a> En France, les réflexions autour du statut de lanceur d’alerte et son inscription dans la loi sont notamment menées par l’association Transparency International. </div> <div id="ftn25"> <a href="#_ftnref25" name="_ftn25" title="">[25]</a> Les salariés jugent l'éthique des entreprises, sondage BVA du 6 novembre 2012. Source : http://www.bva.fr/fr/sondages/les_salaries_jugent_l_ethique_des_entreprises.html   </div> <div id="ftn26"> <a href="#_ftnref26" name="_ftn26" title="">[26]</a> Adoption du Traité d’Ottawa en 1997 signé par 131 pays  pour les mines anti-personnel, Traité d’Oslo signé en 2008 par 108 pays pour les bombes à sous-munitions et Traité de New-York d’interdiction des armes nucléaires signé en 2017 par 86 Etats. </div> <div id="ftn27"> <a href="#_ftnref27" name="_ftn27" title="">[27]</a> Voir le site www.icbl.org de la coalition d’ONG « International Campaign to Ban Landmines ». </div> <div id="ftn28"> <a href="#_ftnref28" name="_ftn28" title="">[28]</a> Entretien avec l’auteur, 24 aout 2011 in « Communication de conflictualité et mouvements activistes sur Internet », Thèse de doctorat en Sciences de l’Information et de la Communication soutenue par l’auteur en décembre 2016 à l’Université de Paris 2.   </div> <div id="ftn29"> <a href="#_ftnref29" name="_ftn29" title="">[29]</a> « BadBuzz, Retrospective 2019 », Saper Vedere, 2019. https://www.saper-vedere.eu/about/grande-etude-sur-les-crises-numeriques-de-2019/ </div> <div id="ftn30"> <a href="#_ftnref30" name="_ftn30" title="">[30]</a> Voir à ce sujet le numéro 42 de la revue « Communication & organisation » 2012/2 intitulé « La communication, dimension oubliée de l’intelligence économique » et entièrement dédiée à ce sujet. </div> <div id="ftn31"> <a href="#_ftnref31" name="_ftn31" title="">[31]</a> “Opinion: I’m a tech CEO, and I don’t think tech CEOs should be making policy”, Washington Post, 5 Septembre 2019. </div> <div id="ftn32"> <a href="#_ftnref32" name="_ftn32" title="">[32]</a> Le réseau social a été plusieurs fois critiqué pour avoir censuré des photos de nu (la dernière fois le 9 septembre 2016 à propos de la photo de Nick Ut représentant une fillette brulée au napalm fuyant la guerre au Vietnam) sans pour autant censurer des propos perçus comme racistes ou antisémites. </div> </div>