Les entreprises opèrent actuellement dans un environnement dynamique et complexe, où les attentes des clients ne cessent de croître et les niveaux de satisfactions ne font que diminuer. La poursuite des objectifs stratégiques et commerciaux, l’amélioration de la rentabilité et la création d’avantages compétitifs sont devenues difficiles à concilier. Pour faire face aux situations d’incertitudes, où le chaos est courant et où l’on s’attend à des surprises, les entreprises reconnaissent l’importance de l’apprentissage organisationnel (AO) en tant que composante primordiale dans la gestion stratégique des organisations. En effet, la stratégie n’est pas un simple processus de planification mais plutôt un processus d’apprentissage, dont le rôle est de conduire une réflexion et une transformation organisationnelle. Afin de pouvoir formuler une bonne stratégie qui répond aux exigences de l’environnement, les managers doivent disposer d’informations pertinentes et d’un niveau d’apprentissage solide. Comme l’explique Leavy (1998): « ...le développement de la capacité d’AO nécessite une ‘perspective systémique’ et l'encouragement d'une plus grande interaction en temps réel entre les personnes de diverses fonctions et opérations, conditions qui sont susceptibles d'être grandement améliorées par les développements rapides et passionnants des technologies modernes d'information et de communication » (p. 460).  C’est pour cette raison, au cours des deux dernières décennies, les technologies Business Intelligence (BI) sont devenues un sujet qui intéresse de plus en plus de chercheurs en science de gestion. Ces technologies, qui viennent se greffer aux bases de données transactionnelles de l’entreprise, ont la capacité d’analyser les données organisationnelles et de les transformer en intelligence prête à être utilisé dans le processus de prise de décision. Les indicateurs de performances remontés par les systèmes BI sont communiqués en temps réel, ce qui permets aux managers d’être réactifs face aux changements qui peuvent survenir, anticiper les tendances du marché, faire face à la concurrence et s’adapter rapidement et efficacement aux nouvelles conditions du marché. Le sujet d’adoption des systèmes BI a été largement étudié dans les pays développés, notamment aux Etats-Unis et en Australie, où des preuves empiriques démontrent l’existence d’un lien étroit entre les systèmes BI et la performance organisationnel. Notre recherche vise à combler le besoin d’information en matière d’utilisation des systèmes BI par les entreprises des pays en voies de développement et notamment le Maroc ou l’on connait peu sur comment les systèmes BI y sont déployés. Aussi, nous jugeons primordiale de nous y intéresser puisque les systèmes BI constituent un investissement important et une priorité pour les entreprises marocaines. Plus particulièrement, cet article traitera la question d’utilisation des systèmes Business Intelligence (BI) et leur impact sur l’AO et la prise de décision. Une étude exploratoire a été menée auprès des managers supérieurs et intermédiaires de différentes entreprises marocaines. Nous avons choisi d’utiliser la méthode d’étude qualitative car elle est axée sur l’opinion des interviewés qui ont la liberté de s’exprimer, permettant ainsi une meilleure compréhension du phénomène étudié. A l’issu de cette étude, nous avons relevé que les capacités d’analyse et de suivi des performances intégrés dans les systèmes BI sont une source d’apprentissage qui permettent à l’entreprise d’être réactive face à tout changement de son environnement. Ces réactions sont soit des modifications mineures qui permettent de maintenir les processus dans les limites souhaités et garantir la mise en &oelig;uvre de la stratégie prévue, ou des changements majeurs qui permettent d’émerger de nouvelles stratégies. Egalement, cette recherche identifie les raisons d’adoption des systèmes BI et décortique le lien qui existe entre les systèmes BI et la performance organisationnel.