Si la science permet d’accroître la connaissance, il existe depuis les années 50 une contre-science, dans le but d’accroître l’ignorance. Plusieurs industries, notamment celle du tabac et de l’agro-alimentaire, construisaient stratégiquement leurs discours scientifiques. Bien au-delà de la communication et du marketing, la production de l’ignorance, par le biais de la science, touche profondément le système de croyances collectives et les vérités. La production de l’ignorance crée de la confusion, accroît le doute et fait émerger toutes sortes d’hypothèses et potentiellement des théories qui afflux sur les réseaux sociaux. L’ignorance stratégique, sciemment construite, intelligente et sournoise se présente avec une apparence d’agir pour le bien de la société alors qu’elle sert les intérêts des commanditaires. L’objectif de cet article est de mettre en lumière les techniques utilisées pour fabriquer de l’ignorance, ses moyens de diffusion auprès de l’opinion publique et d’élucider l’importance de l’identification des liens entre acteurs afin de déterminer l’effet final recherché d’une opération d’agnotologie, ou quand la science fabrique de l’ignorance. L’analyse nous a permis de distinguer des mécanismes de production de l’ignorance en se basant très fortement sur le financement d’études d’une part et d’autres part sur l’exploitation des biais cognitifs pour produire le doute et influencer le débat scientifique et la représentation grand public.