<p style="margin-bottom:11px"><strong><span style="margin-bottom:11px;"><span style="font-size:11pt;"><span style="line-height:107%;"><span style="font-family:"Calibri",sans-serif;"><span style="color:black;">Introduction</span></span></span></span></span></strong></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><span style="color:black">Depuis la crise du Covid-19, la désinformation scientifique semble éclater au grand jour. Pas une semaine ne passe sans que des études en contredisent d’autres, sans que certains scientifiques alarment contre la manipulation de la connaissance. </span></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Dans l’Hexagone, de nombreuses sociétés, des grands groupes aux PME, ont déjà été victimes de désinformation. Le résultat est implacable : chute du chiffre d’affaires ou du cours de bourse, licenciements, pertes de marché, faillite. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Le monde scientifique n’est pas à l’abri. Ainsi, depuis des dizaines d’années, des entreprises du secteur pharmaceutique font, elles aussi, les frais de désinformation, manipulations de l’information et de la connaissance. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Cet article a pour but d’analyser la désinformation et la manipulation de l’information qu’ont subies les Laboratoires Théa au début des années 2000. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Nous inscrivons cet article dans le cadre d’une démarche abductive. Nos hypothèses ont été vérifiées par le biais de recherches, d’entretiens afin de reconstituer cette affaire et d’en faire une étude de cas. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Nous formulons les hypothèses suivantes. Nous pensons que la connaissance de l’intelligence économique a permis au groupe pharmaceutique Laboratoires Théa de détecter l’attaque informationnelle dont il a fait l’objet, de réagir de manière appropriée, de protéger sa réputation et de contrer la polémique. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">La seconde hypothèse concerne la stratégie-réseau, concept-clé de l’intelligence économique. Les Laboratoires Théa ont su mobiliser des réseaux stratégiques afin d’identifier l’origine de l’attaque informationnelle, préparer la défense et mettre en place des actions contre-offensives. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Enfin, la troisième hypothèse formulée est qu’il est possible de renverser le rapport de force, de préserver son image et sa réputation, et de tirer bénéfice d’une polémique, grâce à l’intelligence stratégique.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><b>Revue de littérature </b></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">La désinformation et la manipulation de la connaissance sont bien connues du domaine militaire et du fait guerrier. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Pour Sun Tzu (6<sup>ème</sup> siècle avant J.C), le premier facteur de réussite d’une guerre est <i>« l’influence morale »</i>. Selon lui, <i>« tout l’art de la guerre est basé sur la duperie »</i>. Le général chinois évoque l’utilisation de la désinformation pour tromper l’ennemi <i>(« nous donnons délibérément des informations forgées de toutes pièces »</i>). </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Selon Florence Parly, Ministre des Armées, <i>« la manipulation de l’information est aussi vieille que le monde. Elle fait d’ailleurs partie de l’univers dans lequel les armées opèrent, depuis toujours. Les fausses rumeurs sur la mort du chef ; les manœuvres d’intimidation ; tout cela existe depuis longtemps ».<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><b><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri",sans-serif">[1]</span></span></span></b></span></span></a></i></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Les opérations de désinformation, l’orchestration de rumeurs, la propagande ont été déployés par les armées au fil des siècles. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">A partir du 19<sup>ème</sup> siècle, en raison de l’augmentation des besoins en recherches scientifiques, les chercheurs sont de plus en plus placés sous la dépendance des états. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Dans les années 1930, les Etats-Unis sollicitent des scientifiques du monde entier pour travailler sur l’arme atomique. Pendant sept ans, militaires et scientifiques collaborent au « Projet Manhattan ». Le projet est maintenu secret jusqu’à l’explosion des bombes atomiques en 1945. Certains scientifiques découvrent alors le projet sur lequel ils ont travaillé pendant des mois, alors que d’autres ont secrètement livré des informations à l’Union soviétique<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri",sans-serif">[2]</span></span></span></span></span></a> <a href="#_ftn3" name="_ftnref3" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri",sans-serif">[3]</span></span></span></span></span></a> (Moinet, 2003). </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Les scientifiques prennent une part de plus en plus importante dans les sociétés et les entreprises. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Dans les années 1970, Bruno Latour, anthropologue de retour d’Afrique, décide de mener une enquête sur un terrain inhabituel : un laboratoire scientifique de neuroendocrinologie en Californie. Il découvre que le monde scientifique est loin d’être aussi calme et apaisé qu’on pourrait le croire.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Bruno Latour montre que<i> « pour mettre toutes les chances de son côté, le directeur modifie la date de certains colloques, oublie de citer ses concurrents et observe ce qui se fait dans d’autres domaines »</i> (Moinet, 2003). </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><i>« Il montre également que l’activité (et donc la réussite) du laboratoire est le fruit de l’implication d’acteurs fort différents (techniciens, scientifiques, financiers) et que la production scientifique n’est pas le seul fait des chercheurs mais de tous ces protagonistes, aux objectifs différents et qui ne se comprennent qu’à moitié ! »</i> (Moinet, 2003).</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Du côté des états, plusieurs pays comme les Etats-Unis et la Russie deviennent experts dans le maniement de l’arme informationnelle, comprenant la manipulation de la connaissance et la désinformation, y compris dans le domaine scientifique. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Ainsi, pendant la guerre froide, les services soviétiques du KGB, recourent régulièrement à la désinformation « <i>en faisant publier par le biais de certains organes de presse occidentaux de fausses informations glissées au milieu d’un article » </i>(Harbulot, 2016). </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">En juillet 1983, le KGB fait publier une lettre anonyme dans un journal dont l’auteur est présenté comme un <em><span style="font-family:"Calibri",sans-serif">scientifique américain connu</span></em>. La lettre prétend que le SIDA est issu d’un laboratoire secret d’armes biologiques à Fort Detrick, dans le Maryland. C’est l’opération « Infektion ». </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><i>« Le régime soviétique, comme les dictatures fascistes, était passé maître dans l'art de la propagande et de la manipulation des opinions publiques. (…) Le KGB avait créé un département spécialisé dans la « désinformatsia » qui fut, par exemple, un des artisans de la manipulation des milieux intellectuels occidentaux. Le succès des « campagnes pour la paix » et des offensives antinucléaires, alors même que l'URSS se lançait dans d'énormes programmes de surarmement conventionnel et nucléaire, témoigne du savoir-faire des professionnels de ce département »</i> (Lacoste, 1997).</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Les scientifiques sont alors confrontés aux intérêts de puissance des états et à des stratégies de censure. Aux USA, l’administration Reagan souhaite par exemple limiter la libre circulation de l’information scientifique (Moinet, 2003). </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Les enjeux économiques jouent également un rôle clé, notamment dans la désinformation scientifique, comme l’évoque le rapport annuel du Conseil supérieur de la recherche et de la technologie de 1995.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><i>« Selon ce rapport, la production de désinformation peut avoir quatre origines :</i></span></span></span></p>
<p style="text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">- <i>Une information fausse ou non validée scientifiquement. Cette désinformation peut résulter d’une erreur d’expérimentation ou de jugement. Dans ce cas, le système de validation par les pairs est théoriquement là pour rétablir l’erreur. Parfois, le système peut cependant être complice de la désinformation. </i></span></span></span></p>
<p style="text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">- <i>Une information exacte mais partielle. Dans ce cas, les médias font leur apparition pour amplifier un début de découverte qui peut s’avérer rapidement une fausse piste. </i></span></span></span></p>
<p style="text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">- <i>Un manque de certitudes scientifiques. (…) L’accord des scientifiques peut mettre fin à la désinformation mais il n’est pas systématique.</i></span></span></span></p>
<p style="text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">- <i>Une contrevérité scientifique pourtant désavouée par la communauté scientifique</i> » (Moinet, 2003).</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Rappelons que <i>« par désinformation, il faut entendre une fausse information produite délibérément pour porter préjudice à une personne, un groupe social, une organisation ou un pays (Wardle, Derakhsha, 2017) »</i> (Figeac, 2019).</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Au fil des années, de plus en plus de firmes scientifiques font les frais de campagnes de désinformation, alors que d’autres apprennent à les manier (Foucart, Horel, 2020).</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><i>« L’industrie pharmaceutique est un bon terrain de dissémination de rumeurs. Les enjeux financiers sont colossaux, l’appétit des concurrents aiguisé et le domaine délicat, car il touche à la santé, joue sur la peur de la maladie. Affirmer, ou même insinuer, qu’un fabricant de médicaments est un escroc, que son dernier produit miracle ne marche pas, qu’il peut blesser, tuer ou provoquer des dommages irréversibles, c’est déjà remporter une première manche »</i> (Aron & Cognard, 2014).</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Selon Florence Parly, ce qui change,<i> « c’est l’avènement des nouvelles technologies. Il donne à la manipulation de l’information une ampleur nouvelle, et si grande que ce sont des sociétés entières et des systèmes politiques qui peuvent être bousculés. (…) Lorsque les Soviétiques tentaient de faire croire que la CIA était à l’origine du virus du Sida, il leur fallait des années de manipulations pour un résultat hasardeux. Car presque personne à l’ouest ne lisait Pravda, et parce qu’aucun journal européen ou américain sérieux n’était prêt à diffuser ce genre de choses. Avec Facebook, Twitter, Telegram, une puissance malfaisante peut désormais sussurer à l’oreille des citoyens de nos pays démocratiques. La menace est désormais, passez-moi l’expression, virale.</i> »<strong> </strong></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><b>Justification de la méthode </b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Pour expliquer la désinformation et la manipulation de l’information scientifique, nous avons choisi de procéder à une étude de cas. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Cette méthode de recherche est appropriée pour la description, l’explication de processus et phénomènes individuels, collectifs ou organisationnels (Woodside et Wilson, 2003). La description répond aux questions qui, quoi, quand et comment (Eisenhardt, 1989, Kidder, 1982). </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">L’étude de cas est une enquête qui<i> </i>montre un phénomène dans son contexte<i> </i>(Yin, 1990). Elle consiste donc à intégrer le contexte dans l’analyse du phénomène étudié, <i>« c’est-à-dire de positionner ce phénomène dans ses circonstances temporelles et sociales. »</i> (Gombault, 2005).</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Elle montre les dynamiques présentes au sein d’environnements (Eisenhardt, 1989), la complexité et les intrications (Gombault, 2005). </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><i>« Ses grandes forces sont de fournir une analyse en profondeur des phénomènes dans leur contexte, d’offrir la possibilité de développer des paramètres historiques, d’assurer une forte validité interne, c’est-à-dire que les phénomènes relevés sont des représentations authentiques de la réalité étudiée »</i> (Gagnon, 2008).</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Gagnon souligne toutefois les faiblesses de l’étude de cas, puisqu’elle ne permet pas toujours une généralisation des résultats (Gagnon, 2008).</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Il s’agit aussi d’une traduction du processus en un récit, en étudiant un ensemble de documents, de récits, de discours (Fayolle, Lamine & al., 2014). </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Les techniques de production appartiennent aux méthodologies qualitatives (Denzin et Lincoln, 1994 ; Bryman et Burgess, 1994 ; Gombault, 2005). Il s’agit notamment d’entretiens (Gombault, 2005), observations, documentations sous toutes leurs formes (Blanchet et Gotman, 1992 ; Arborio et Fournier, 1999 ; Miles et Huberman, 1991). </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">La méthode des cas est ainsi souvent classée comme constructiviste ou interprétative, qualitative, inductive (Gombault, 2005). <i>« Son ambition doit toujours rester compréhensive. »</i> (Gombault, 2005).</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Le chercheur produit des explications qui ne sont pas la réalité, mais un construit sur le construit de la réalité des acteurs, susceptible de l’expliquer (Wacheux, 1996). Rappelons que l’étude de cas s’oppose à la possibilité d’accès au réel (Gombault, 2005).</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Comme décrit plus haut, notre méthodologie de recherche est de type qualitatif. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">La recherche a d’abord consisté en la collecte de données de type primaire comme des ouvrages évoquant l’attaque informationnelle, de livres et d’articles académiques sur la désinformation scientifique. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Puis, nous avons lancé et réalisé des entretiens semi-directifs compréhensifs auprès des acteurs ayant vécu cette affaire. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Nous sommes conscients des différents biais, ambiguïtés et équivocités. Selon Levine (1985), l’ambiguïté signifie que les phrases admettent plus qu’une seule interprétation. L’équivocité se réfère à la présence de plusieurs interprétations, et à la confusion créée par deux ou plusieurs significations (Weick, 1995).</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Les faits s’étant produits il y a presque de vingt ans, il est important de prendre en compte des biais comme la falsification involontaire des faits, l’oubli… </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Nous avons également collecté des données secondaires issues de la littérature non académique, de sites Internet, etc. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Pour réaliser cette étude de cas, nous avons choisi de mobiliser la théorie de l’acteur réseau (aussi appelée théorie de la traduction), développée dans les années 1980 par Michel Callon et Bruno Latour.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">La théorie de la traduction étudie la création et l’évolution des relations d’influence dans un contexte incertain (Krupicka, 2012). Cette théorie explique comment les acteurs humains passent des alliances pour réaliser leur projet, en mobilisant les actants non-humains (par ex : un réseau) et en les faisant évoluer (Callon, 1986). </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Cette association d’acteurs multiples ainsi que leur coopération et leur capacité de mobilisation tisse un réseau sociotechnique et une dynamique qui garantit la réussite et l’efficacité du processus. (Fayolle, Lamine & al., 2014)<a name="_Hlk68550882"> (Plane, 2019)</a></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Ce réseau évolutif nécessite une extension des relations et des associations, qui ont des rationalités différentes (Plane, 2019).</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Afin de pouvoir mobiliser tous les acteurs, les chercheurs réalisent une série de traductions. Il s’agit de traduire des concepts en d’autres intelligibles par des cibles (Plane, 2019).</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Cette démarche s’appuie sur une séquence d’étapes appelée chaîne de la traduction. Traduire, c'est <i>« exprimer dans son propre langage ce que les autres disent et veulent, c'est s'ériger en porte-parole (Callon, 1986) » </i>(Fayolle, Lamine & al., 2014).</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Quatre étapes sont nécessaires pour construire un réseau sociotechnique : la problématisation, l’intéressement, l’enrôlement et la mobilisation (Krupicka, 2012).</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">La stratégie-réseau est une des théories phares de l’intelligence économique et l’un des leviers déterminants de la réussite des dispositifs d’intelligence économique (Moinet, 2010, Marcon, 2014). </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><i>« Le réseau est un espace de stratégie ouvert (Marcon & Moinet, 2000) qui permet aussi bien l’action offensive que l’action stabilisatrice »</i> (Marcon, 2016). Par ailleurs, dans cette stratégie de jeux coopératifs se forment des coalitions. Chaque acteur ou groupe d’acteurs favorise la perspective de maximisation de son gain personnel (Marcon & Moinet, 2020).</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Outre, les alliances et jeux coopératifs, on peut aussi parler de l’ensemble des réseaux propres à l’entreprise et à la mobilisation d’acteurs (en ligne, par exemple) ou de « contre-attaquants ». Nous pouvons également évoquer le réseau social de l’entreprise, de l’entrepreneur, à l’intérieur de l’entreprise ou à l’extérieur de celle-ci. Il existe également des réseaux formels, informels, visibles ou virtuels. A cela s’ajoute les réseaux sociaux. Enfin, tous ces réseaux peuvent évoluer à travers le temps et les intérêts de chacun. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Ainsi, <i>« la capacité à conduire des stratégies-réseaux est désormais reconnue comme un moyen déterminant d’acquérir un avantage stratégique sur ses concurrents. »</i> (Marcon & Moinet, 2008)</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><b><span style="font-size:11.5pt"><span style="line-height:107%"><span style="color:black">Etude de cas : </span></span></span></b></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><b>L’histoire des Laboratoires Théa</b></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Les Laboratoires Théa sont liés à l’histoire de la famille Chibret. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">En 1870, Paul Chibret, médecin militaire en Algérie, se passionne pour le trachome, une maladie cécitante endémique en Afrique. En 1883, Paul Chibret fonde la Société Française d'Ophtalmologie et développe, avec son neveu Henry, des traitements innovants en ophtalmologie.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">En 1902, Henry Chibret établit les Laboratoires Chibret à Clermont-Ferrand. En 1964, sous la responsabilité de Jean Chibret, les Laboratoires Chibret deviennent le laboratoire d'ophtalmologie leader en Europe, Afrique et Moyen-Orient.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">En 1969, afin de poursuivre l'internationalisation de son groupe, Jean Chibret cède les Laboratoires Chibret au groupe américain MSD. Les Laboratoires MSD-Chibret se hissent au premier rang mondial en ophtalmologie. Même si Henri Chibret obtient le poste de directeur général associé chez MSD, il lance d’autres entreprises. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">En 1994, Henri Chibret crée les Laboratoires Théa. Rapidement, l’entreprise commercialise le 1<sup>er</sup> flacon d’Abak, qui deviendra quelques années plus tard, le produit phare des Laboratoires Théa, et qui sera, dix ans après son lancement, au cœur d’une polémique sans précédent. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">L’entreprise se développe, ouvre de nouvelles filiales. Puis, en 2003, les Laboratoires Théa font l'acquisition d'une gamme de produits ophtalmiques appartenant au laboratoire MSD.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">En 2004, les Laboratoires Théa atteignent la barre symbolique des 100 millions d'euros de chiffre d’affaires.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">En 2005, alors que l’entreprise poursuit son développement, elle est victime d’une tentative de déstabilisation informationnelle par un concurrent. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Les Laboratoires Théa sont alors le premier groupe ophtalmologique d’Europe et le 8<sup>ème</sup> laboratoire d’ophtalmologie mondial. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"> </p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><b>L’attaque informationnelle</b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Théa conçoit et commercialise des produits d’ophtalmologie. Mis au point en 1996, l’Abak est le 1<sup>er</sup> flacon collyre multidose qui délivre des gouttes sans conservateur. Rapidement, cette innovation devient l’un des produits ophtalmiques les plus utilisés au monde. Ses ventes représentent dans les années 2000<i> « 20 % du chiffre d’affaires total (110 millions d’euros) de Théa »</i> (Aron & Cognard, 2014). </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Cette innovation rentable attise les convoitises, dont celle d’un concurrent, Europhta, basé à Monaco. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Fin 2005, les dirigeants d’Europhta décident de lancer une campagne déstabilisation informationnelle contre l’Abak. L’objectif : arrêter la commercialisation de l’Abak en jouant sur le principe de précaution, et favoriser leur produit équivalent.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Europhta commande une étude scientifique d’infectiologie portant sur l’analyse bactériologique d’une quarantaine de flacons d’Abak à un professeur de microbiologie et de virologie de la faculté de pharmacie de Montpellier (Besson, 2018). </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Michèle Siméon de Buochberg rédige donc un rapport sur l’Abak de Théa, à la demande du laboratoire Europhta de Monaco. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Dans un second temps, le contenu du rapport est falsifié : « <i>des tableaux de données chiffrées furent retirés du rapport et les conclusions furent réécrites dans un sens beaucoup plus défavorable »</i> (Harbulot, 2018). <i>« Les conclusions de cette étude se montrent bien évidemment sévères pour l’Abak »</i> (Maison Rouge, 2020). <i>« Le collyre serait contaminé par un microbe. Il faut donc l’interdire »</i> (Aron & Cognard, 2014). </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Le nom du professeur à l’origine du rapport est également modifié, et devient le rapport Blondeau selon certaines sources. Il porte l’en-tête de l’hôpital des Quinze-Vingts, connu pour son expertise en ophtalmologie.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Pour diffuser ce rapport et créer la polémique, Europhta mandate une société parisienne, Institutions et Entreprises<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri",sans-serif">[4]</span></span></span></span></span></a>. Institutions et Entreprises est <i>« chargée de le diffuser auprès des autorités et des relais d’opinion par le biais d’Internet »</i> (Harbulot, 2018). </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Le faux rapport est notamment envoyé à Afssaps, l’Agence française de produits de santé (devenue Asnm), accompagné d’une lettre (Besson, 2018). Selon un article d’Usine Nouvelle, l’Afssaps reçoit également des courriers, mettant en cause la sécurité d’utilisation de l’Abak.<s> </s></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Le rapport est aussi diffusé auprès des acteurs du marché (cliniques, hôpitaux, personnels scientifiques…). </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><i>« Au même moment, les centres régionaux de pharmacologie reçoivent des courriers alarmants du syndicat des ophtalmologistes du centre hospitalier des Quinze-Vingts concluant à un fort taux de contamination de l’Abak »</i> (Besson, 2018).</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Quant à la rumeur, elle est abondamment relayée sur Internet.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><i>« Sur les sites d’ophtalmologie en Espagne puis bientôt en Belgique et au Royaume-Uni, des messages émanant de malades, d’employés de pharmacie et d’ophtalmologistes mettent en cause l’Abak de </i><i>Théa »</i> (Besson, 2018).</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><b>La prise de conscience </b></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">En décembre 2005, Théa découvre que son produit fait l’objet d’une campagne de dénigrement (Maison Rouge, 2020).</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Le 15 décembre 2005, Henri Chibret « <i>arpente les couleurs de l’hôpital parisien des Quinze-Vingts. (…) Chibret en est un visiteur régulier et apprécié. Pourtant, cette fois, l’accueil est inhabituel, froid, un brin gêné »</i> (Aron & Cognard, 2014). En raison de sa stature de patron du laboratoire à la huitième place mondiale, <i>« sans lui réserver un accueil de chef d’Etat, le personnel des Quinze-Vingts est généralement courtois avec Henri Chibret »</i> (Aron & Cognard, 2014).</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Henri Chibret croise le chef de service du laboratoire de biologie médicale de l’hôpital des Quinze-Vingts. <i>« L’ambiance vire à l’aigre assez vite quand le PDG est interpellé par ce chef de service. Ce dernier a entre les mains un rapport intitulé « Essai microbiologique pour l’évaluation de la fiabilité d’un flacon de collyre ». Il est signé par Edouard-Guillaume Blondeau, chercheur aux Quinze-Vingts. Henri Chibret comprend tout de suite en le feuilletant que le rapport torpille le produit phare de son entreprise »</i> (Aron & Cognard, 2014). Le rapport met <i>« en cause la fiabilité du système de sécurité des flacons » </i>(Harbulot, 2018). </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><i>« Entre le 13 et le 20 décembre 2005, des courriers électroniques se répandent sur la Toile. Ils alimentent des blogs et des forums de médecins et de patients.<a href="#_ftn5" name="_ftnref5" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><b><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri",sans-serif">[5]</span></span></span></b></span></span></a> » </i>comme le précise Usine Nouvelle.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><i>« Le 16 décembre, le PDG de la firme auvergnate apprend que la Direction générale de la santé (DGS) vient de recevoir un second rapport. Il est signé cette fois par la professeure Michèle Siméon de Buochberg, de la faculté de pharmacie de Montpellier. Et il est tout aussi accablant. »</i> (Aron & Cognard, 2014) </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Enfin, le ministère de la Santé reçoit un mail de Jean-Michel Muratet, webmaster du site Internet du Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF) et ophtalmologue. Ce mail torpille lui aussi l’Abak.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><b>Mise en place d’une cellule d’intelligence économique</b></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Henri Chibret est contacté et alerté par le ministère de la Santé. Le Pdg appelle alors Jean-Michel Muratet pour tenter de comprendre la raison de ses propos négatifs au sujet de l’Abak. Jean-Michel Muratet tombe des nues et dément toute implication. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><i>« Dans l’état-major du groupe pharmaceutique, un homme comprend que Théa fait sans doute l’objet d’une attaque orchestrée, d’une rumeur malveillante scénarisée. C’est le directeur général de l’entreprise, un ancien préfet qui a rejoint le privé. Il s’appelle Jacques Fournet, il a alors 60 ans, et il a surtout dirigé les Renseignements généraux puis la DST. C’est autour de lui que, chez Théa, se prépare la contre-attaque. »</i> (Aron & Cognard, 2014) </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><i>« Fort de ses cinq années d’expérience à la tête du contre-espionnage français, et grâce à ses relations, Fournet engrange les indices. Il collecte un à un les petits cailloux que les assaillants ont laissé derrière eux »</i> (Aron & Cognard, 2014). </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Une cellule de crise est organisée autour du directeur général du laboratoire auvergnat, Jacques Fournet.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">A partir de ce moment-là, le groupe pharmaceutique active ses réseaux pour remonter à l’origine de la polémique, débuter une action en justice et contre-attaquer sur divers fronts. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Jacques Fournet mobilise ses propres réseaux, tout comme Henri Chibret. De là, d’autres réseaux de professionnels sont activés et s’organisent. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Une analyse d’intelligence économique met au jour divers éléments et permet de remonter jusqu’aux commanditaires. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Siméon de Buochberg <i>« avait effectivement rédigé un rapport à la demande du laboratoire Europhta de Monaco sur l’Abak de </i><i>Théa</i><i>. Mais ce rapport était favorable au produit vendu par l’entreprise clermontoise »</i> (Besson, 2018). <i>« La professeure de Montpellier a bien établi un compte-rendu d’analyse bactériologique sur l’Abak, mais ses conclusions étaient favorables. Le document a donc été trafiqué après avoir été remis à son commanditaire »</i> (Aron & Cognard, 2014). Ce rapport, payé 2300 euros, aurait été commandé en mai 2005 par Europhta. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><i>« Quant au mail du SNOF, le syndicat dément l’avoir envoyé, et même écrit »</i> (Aron & Cognard, 2014), ce que confirme Jean-Michel Muratet lors de l’entretien réalisé. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">L’enquête démontre aussi <i>« que les courriers électroniques attribués à plusieurs médecins en France et en Espagne sont des faux »</i> (Besson, 2018).</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">De son côté, l’Afssaps réalise aussi une enquête. <i>« Nous avons consulté notre base de pharmaco-vigilance (le système d’alerte de l’agence) et nous n’avons rien relevé concernant l’Abak »,</i> indique l’agence à Usine Nouvelle.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><i>« Le rapport Blondeau ainsi que le faux message du SNOF ont été envoyés depuis le même ordinateur » </i>(Aron & Cognard, 2014). L’adresse IP<i> </i>mène à un cabinet d’intelligence économique basée à Paris, Institutions & Entreprises, dirigé par Charles-Philippe d’Orléans, et à Europhta, un concurrent des Laboratoires Théa, basé à Monaco.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><b>Plainte déposée </b></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Sur la base des informations recueillies, Théa porte plainte contre X le 7 février 2006 avec constitution de partie civile. Henri Chibret, PDG de Théa, explique : <i>« Nous sommes victimes d’une tentative de déstabilisation caractérisée »</i><a href="#_ftn6" name="_ftnref6" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri",sans-serif">[6]</span></span></span></span></span></a>. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><i>« La procédure judiciaire mise en œuvre dans le cadre de la plainte déposée en février 2006 par l’industriel démontre effectivement une tentative de déstabilisation tendant à anéantir de manière scientifique l’avancée technologique du laboratoire »</i> (Maison Rouge, 2020).</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><i>« S’en remettre à la justice n’est pas chose courante. Dire publiquement qu’on est victime d’une campagne de dénigrement massif peut alimenter la calomnie et contribuer à la propager. Mais l’enquête va aller plus vite que la rumeur »</i> (Aron & Cognard, 2014). </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Le 10 mars 2006, le parquet de Clermont-Ferrand ouvre une information judiciaire. L’enquête est confiée au SRPJ et à l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCCTIC). </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Le doyen des juges d’instruction du tribunal de grande instance de Clermont-Fd, Jean-Christophe Riboulet, est mandaté. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Le 9 novembre 2006, le PDG d’Europhta et deux de ses collaborateurs sont mis en examen pour faux et usages de faux, usurpation d’identité et dénonciation calomnieuse. Le cabinet Institutions et Entreprises est aussi condamné. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Dans un communiqué du 16 novembre 2006, <i>« Europhta et ses dirigeants nient toute implication dans les faits qui leur sont reprochés ».</i></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Finalement, <i>« l’ensemble des protagonistes ont été poursuivis et jugés pour faux et usage de faux (en application des articles 441-1, 441-9, 441-10, 441-11 du Code pénal), usurpation d’identité (articles 434-23, 434-44 du Code pénal) et dénonciation calomnieuse (articles 226-10, 226-11 et 226-31 du Code pénal) »</i> (Maison Rouge, 2020).</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><i>« Le procureur a souligné cette influence comme étant « une arme de guerre économique » et a requis contre les intéressés de deux à quatre mois de prison avec sursis et de 1000 € à 10 000 € d’amende, selon les faits imputés à chacun »</i> (Maison Rouge, 2020).</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><i>« Dans son délibéré du 8 septembre 2010, le tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand a reconnu coupables Charles-Philippe d’Orléans et son principal collaborateur pour faux et usage de faux à respectivement deux mois de prison assortis du sursis et quatre mois de prison également assortis du sursis et à 1 000 euros d’amende pour l’un et 5 000 euros d’amende pour l’autre, outre une condamnation à 10 000 euros de dommages et intérêts pour réparer le préjudice de la victime. En revanche, ils ont été relaxés pour les faits de dénonciation calomnieuse et d’usurpation d’identité. » </i>(Maison Rouge, 2020).</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><i>« Seul à contester le jugement, Charles-Philippe d’Orléans finira par être relaxé, la cour d’appel estimant que l’artistocrate n’était qu’un gérant de paille, un prête-nom, un alibi commercial. »</i> (Aron & Cognard, 2014) </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><b>Conséquences pour Théa </b></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">En attendant le jugement, les Laboratoires Théa effectuent une opération de contre-influence, qui aboutit en octobre 2007, à l’acquisition de son concurrent à l’origine de l’attaque. Europhta appartient dorénavant à Théa. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><i>« Les laboratoires Théa ont dû lutter âprement contre les séquelles de ces fausses informations répandues dans la profession et auprès de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé. »</i> (Maison Rouge, 2020).</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><i>« L’opération complète de déstabilisation a été chiffrée : 35 000 euros (…). Mais elle a coûté beaucoup plus à Europhta qui, deux ans après cette piteuse opération contre l’Abak, a été rachetée par Théa »</i> (Aron & Cognard, 2014). En effet, à l’issue de cette affaire, les Laboratoires Théa ont racheté Europhta « à très bas coûts » comme le souligne M. Muratet. <i>« Henri Chibret est aujourd’hui la 143<sup>ème</sup> fortune française »</i> (Aron & Cognard, 2014). </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><i>« Théa est loin d’être le seul laboratoire à avoir subi ce type d’attaques. La firme Sanofi, elle aussi, a été confrontée à une campagne de dénigrement savamment orchestrée »</i> (Aron & Cognard, 2014). </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><i>« Les points communs entre les attaques contre Théa et Sanofi sont nombreux. La campagne de déstabilisation a emprunté le même chemin : un rapport scientifique faussé que propagent les mass média traditionnels, réinjecté dans une chaîne quasi sans fin de blogs et de forums. Pour être efficace, il faut frapper les esprits de manière insidieuse, en propageant des informations tendancieuses ou mensongères. C’est cela, l’intox. Et les scénarios peuvent être diaboliques »</i> (Aron & Cognard, 2014). </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><b>Observations diverses </b></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Dès le début des lectures des sources primaires et secondaires, il apparaît une multitude d’erreurs et de contradictions. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">De nombreux noms ont été (volontairement ou non) modifiés. Ainsi, le professeur ayant rédigé le rapport sur l’Abak est souvent dénommé « Pr Siméon », « Bucher » ou « Siméon de Bucher ». Après recherches et vérifications, il s’agit en réalité de Mme Michèle Siméon de Buochberg, du laboratoire de bactériologie et virologie à l’UFR de pharmacie de l’Université de Montpellier. Le nom du laboratoire et de l’UFR font également l’objet d’erreurs dans plusieurs sources. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">L’information concernant le rapport Blondeau reste très floue. Certaines sources mentionnent le nom de « Blondeau » et « Edouard-Guillaume Blondeau, chercheur de l’hôpital des Quinze-Vingts », quand d’autres évoquent un nom d’emprunt utilisé par un intérimaire de passage dans l’établissement. D’autres sources expliquent que l’auteur présumé du rapport a été identifié et retrouvé, sans pour autant le citer. L’auteur, un jeune chercheur, aurait été recruté pour quelques mois. Enfin, d’autres sources parlent d’un rapport écrit par plusieurs chercheurs. Enfin, nous pouvons également lire qu’il n’aurait jamais été écrit par un chercheur. <i>« Le premier rapport signé Blondeau ? Aucun chercheur ne l’a jamais rédigé » </i>(Aron & Cognard, 2014). </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">En ce qui concerne la falsification du rapport, là encore, les sources divergent. Certaines citent Europhta alors que d’autres précisent que l’entreprise monégasque aurait ordonné les falsifications à Institutions et Entreprises, qui les aurait réalisées. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Concernant le second rapport, cette information n’est mentionnée que par une source, que nous avons citée plus haut. Il convient donc de la considérer avec prudence puisque nous n’avons pas pu vérifier cette information en la croisant avec d’autres sources.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Certaines sources évoquent l’implication du SNOF. Le 20 décembre 2005, <i>« le SNOF (Syndicat national des ophtalmologistes de France) diffuse par mail des témoignages de patients victimes d’effets indésirables : des kératites infectieuses »</i> (Aron & Cognard, 2014) <i>« Un faux courrier signé du webmaster du Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof), Jean-Michel Muratet, fut même envoyé aux 5000 ophtalmologistes de France » </i>(Harbulot, 2018) pour les mettre en garde contre l’Abak. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Cependant, cette information est démentie par Jean-Michel Muratet. Lors de l’entretien réalisé, il explique que seul un mail a été envoyé, usurpant son identité, et non 5000. Par ailleurs, l’unique mail du SNOF aurait été adressé au ministère de la Santé, ce qui n’apparaît dans aucun livre, ni article. Henri Chibret aurait donc été alerté par le ministère de la Santé, ce qui n’est mentionné nulle part. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Quant aux noms et prénoms des dirigeants d’Europhta, nous avons également des doutes quant à leur exactitude. Nous avons donc fait le choix de ne pas les citer dans cet article.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">L’autre difficulté dans la réalisation de cette étude de cas concerne le nettoyage du web. Il existe très peu de sources primaires et secondaires, et toutes comportent des erreurs. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Certains articles et ouvrages nous semblent être du storytelling, avec une sélection d’informations à communiquer. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Nous nous questionnons donc quant à la nature des sources, et à la qualité, l’objectivité et le but des informations diffusées. Nous nous interrogeons sur l’objectif les informations, seules disponibles, sur cette affaire. Il est légitime de s’interroger si la production de connaissances produite par certaines sources ne poursuit pas un autre objectif de manipulation de la connaissance « post-affaire », visant à réécrire l’histoire, à relater une autre vérité. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Précisons que cette polémique a porté atteinte à l’image des Laboratoires Théa. Ceux-ci ont donc réalisé une opération de communication visant à rétablir leur image. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">En ce qui concerne les entretiens, nous avons lancé une dizaine d’interviews. Seuls deux personnes ont accepté ou pu répondre à nos questions. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Tout d’abord, les faits se sont produits il y a presque 20 ans. De nombreux acteurs ne sont plus en fonction, d’autres sont décédés. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">De plus, cette affaire a engendré une communication de crise chez Théa, mais aussi des interrogatoires, des gardes à vue et un procès. L’affaire a laissé des traces chez les protagonistes, même 20 ans après. Il faut donc prendre en compte une emprunte émotionnelle forte, qui ne favorise pas la tenue d’entretiens. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Nous avons cherché à récupérer du matériau de recherche complémentaire. Malheureusement, les archives ont été détruites. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Enfin, notre article portant sur la désinformation scientifique et la manipulation de la connaissance, nous avons circonscrit nos recherches à l’attaque informationnelle visant à la déstabilisation du groupe pharmaceutique par son concurrent. Il serait intéressant de poursuivre des recherches sur l’opération de communication réalisée par les Laboratoires Théa visant à rétablir son image de marque. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"> </p>
<div>
<p><strong><span style="margin-bottom:11px;"><span style="font-size:11pt;"><span style="line-height:107%;"><span style="font-family:"Calibri",sans-serif;">Conclusion </span></span></span></span></strong></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Nous confirmons et validons les trois hypothèses de départ. La connaissance de l’intelligence économique a permis au groupe pharmaceutique Laboratoires Théa, de détecter l’attaque informationnelle dont il a fait l’objet, de réagir de manière optimale, de mettre en place des actions curatives et de contrer la polémique. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Il est possible de renverser le rapport de force, de préserver son image et sa réputation, et de tirer bénéfice d’une polémique, grâce à l’intelligence stratégique.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">En mobilisant et activant des réseaux stratégiques, les Laboratoires Théa ont pu remonter jusqu’aux commanditaires, préparer leur défense et leurs actions contre-offensives. La stratégie-réseau a donc pleinement fonctionné. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Les Laboratoires Théa ont ainsi su mobiliser un ensemble d’acteurs variés et experts. Nous pouvons citer le réseau interne et externe de l’entreprise, mais aussi les réseaux personnels de Jacques Fournet et d’Henri Chibret. Au sein de chaque réseau se trouvaient des acteurs-clés qui ont œuvré au retournement de l’affaire. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">La mobilisation d’acteurs variés autour de la défense du groupe pharmaceutique, a permis de reconstituer le modus operandi de l’attaque, d’identifier les auteurs à l’origine de la polémique, et de mener une contre-offensive à la fois économique et juridique. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">L’intelligence stratégique est donc bel et bien un enjeu de réseau puisqu’il faut coordonner, piloter et animer ce réseau dans un objectif final commun : la préservation de l’entreprise dans un contexte hostile. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Cette coordination des acteurs va de pair avec la théorie de la traduction. Il a en effet fallu traduire les différents éléments aux acteurs concernés, ce qui a permis la création et la reconstitution de réseaux en fonction de l’évolution de l’affaire et des besoins naissants. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Le cas Théa met en avant la nécessité de mettre en place des dispositifs d’intelligence économique au sein d’une organisation, afin de détecter les menaces qui pèsent sur elle, les contrer et assurer sa sécurité économique. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Il prouve également que toutes les structures peuvent être victimes de manipulation de la connaissance et de désinformation scientifique, y compris dans des territoires ruraux comme le Puy-de-Dôme. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><strong><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">Bibliographie </span></span></span></strong></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">ALLARD-POESI F, PERRET V, Méthodes de recherche en management,<i> </i>Dunod, Paris<i>, </i>2014</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">ARON M, COGNARD F, Folles rumeurs : les nouvelles frontières de l’intox,<i> </i>Stock, Paris, 2014</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">AVENIER M, GAVART-PERRET M.L, Méthodologie de la recherche en sciences de gestion, Pearson, Paris, 2018</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">BASSET L, « Compte rendu de <span style="font-family:NotoSerif-Italic">Cyberattaque et cyberdéfense</span>, Daniel V<span style="font-family:SpectralSC-Regular">entre</span>, 2011, Paris, Lavoisier, 312 p ». <span style="font-family:NotoSerif-Italic">Études internationales</span>, vol. <span style="font-family:NotoSerif-Italic">43 </span>n°3, 2012</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">BAUMARD P, La guerre cognitive, Lavauzelle, Paris, 2001, </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">CLAUSEWITZ C. von, De la guerre. Editions Rivages poche, Paris, 2014</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">DELBECQUE E, L’Histoire de la guerre pour les Nuls, First, Paris 2019</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">FAYOLLE A, LAMINE W et al, « Quel apport de la théorie de l’acteur-réseau pour appréhender la dynamique de construction du réseau entrepreneurial ? », Management international, Volume 19, Numéro 1, Automne 2014</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">FRANCOIS L, « Pratique, outils… Qui maîtrise les armes ? », Diplomatie, Hors-série n°5, avril-mai 2008</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">GAGNON Y-C, L'étude de cas comme méthode de recherche, Presses universitaires du Québec, Québec, 2008</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">GIORDANO Y, Construire un projet de recherche : une perspective qualitative, Management et Société, Paris, 2003</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">GIREL M, « Ignorance stratégique et post-vérité », Raison présente, vol. 204, n°4, 2017</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">GOMBAULT A, La méthode des cas, De Boeck Supérieur, Paris, 2005</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">HARBULOT C, « Le Monde du renseignement face à la guerre de l’information », Hermès La Revue.<i> </i>CNRS Editions, n° 76, mars 2016</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><a name="_Hlk61794847">HARBULOT C, « La culture française de l’intelligence », Géoéconomie Choiseul France, n°71, 2014</a></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">HARBULOT C, Manuel d’intelligence économique, PUF, Paris, 2015</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">HARBULOT C, L’art de la guerre économique, VA Editions, Paris, 2018</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">KEMPF O, Manuel d’intelligence économique, PUF, Paris, 2015</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">KRUPICKA A, « En quoi la Théorie de l’Acteur Réseau peut intéresser les chercheurs en marketing », Revue Recherche et Applications en Marketing, 2012</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">LACOSTE P, « Une nouvelle stratégie pour le renseignement ? », Politique étrangère, n°1, 1997</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">LAIDI A, « L’intelligence économique russe sous Poutine », Études internationales, Vol. 40, N°4, 2009</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">LAMARQUE P, « Technologies de communication : vers la guerre immédiate », Quaderni, n°39, Automne 1999</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">LUCAS D, La guerre cognitive, Lavauzelle, Paris, 2001</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">MAISON ROUGE O de, Survivre à la guerre économique : manuel de résilience, VA Editions, Paris 2020</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">MARCON C, MOINET N, « L’effet de levier réticulaire : un concept opératoire pour les stratégies d’intelligence économique », Revue internationale d'intelligence économique, Vol. 10, n°1, 2018</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">MARCON C, MOINET N, Benchmark européen de pratiques en intelligence économique, Editions L’Harmattant, Paris, 2008</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">MOINET N, La guerre cognitive, Lavauzelle, Paris, 2001</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">MOINET N, Les batailles secrètes de la science et de la technologie, Lauvauzelle, Paris, 2003 </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">NOCETTI J, « Comment l’information recompose les relations internationales »,<i> </i>Ramses, Institut français des relations internationales, 2017</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">PLANE JM, Management des organisations, Dunod, Paris, 2019</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">THIETART RA, Méthodes de recherche en management, Dunod, Paris, 2014</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">TZU S, L’art de la guerre, Flammarion, Paris, 2018</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif">WARUSFEL B, Le renseignement contemporain – Aspects politiques et juridiques, Éditions L'Harmattan, Paris 2003</span></span></span></p>
<hr align="left" size="1" width="33%" />
<div id="ftn1">
<p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri",sans-serif">[1]</span></span></span></span></span></a> Discours de Florence Parly, septembre 2018</span></span></p>
</div>
<div id="ftn2">
<p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri",sans-serif">[2]</span></span></span></span></span></a> <a href="https://www.lemonde.fr/archives/article/1995/05/28/les-espions-de-la-bombe_3867175_1819218.html" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://www.lemonde.fr/archives/article/1995/05/28/les-espions-de-la-bombe_3867175_1819218.html</a> </span></span></p>
</div>
<div id="ftn3">
<p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri",sans-serif">[3]</span></span></span></span></span></a> <a href="https://www.franceculture.fr/emissions/le-tour-du-monde-des-idees/klaus-fuchs-lespion-qui-a-fait-le-plus-de-degats-dans-lhistoire" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://www.franceculture.fr/emissions/le-tour-du-monde-des-idees/klaus-fuchs-lespion-qui-a-fait-le-plus-de-degats-dans-lhistoire</a> </span></span></p>
</div>
<div id="ftn4">
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri",sans-serif">[4]</span></span></span></span></span></a> <a href="https://www.lefigaro.fr/conjoncture/2010/12/08/04016-20101208ARTFIG00702-la-france-defend-les-secrets-de-ses-entreprises.php" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%">https://www.lefigaro.fr/conjoncture/2010/12/08/04016-20101208ARTFIG00702-la-france-defend-les-secrets-de-ses-entreprises.php</span></span></a> </span></span></span></p>
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<p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri",sans-serif">[5]</span></span></span></span></span></a> <a href="https://www.usinenouvelle.com/article/thea-grande-manipulation-autour-d-un-petit-labo.N54223" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://www.usinenouvelle.com/article/thea-grande-manipulation-autour-d-un-petit-labo.N54223</a> </span></span></p>
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<p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:"Calibri", sans-serif"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri",sans-serif">[6]</span></span></span></span></span></a> <a href="https://www.usinenouvelle.com/article/thea-grande-manipulation-autour-d-un-petit-labo.N54223" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://www.usinenouvelle.com/article/thea-grande-manipulation-autour-d-un-petit-labo.N54223</a> </span></span></p>
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