Résumé Dans un contexte d’effondrement écologique caractérisé par une guerre contre le vivant, certains acteurs usent de stratégies de manipulation de la connaissance afin de perturber à leur profit le débat public en évitant le développement dans le champ social d’une pensée critique scientifique pouvant menacer leurs intérêts. Pour tenter de contrecarrer ces stratégies écocidaires, sociocidaires et senscidaires (qui affaiblissent voire détruisent l’écosystème naturel, les structures de solidarité sociale et le sens<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc">1</a>), nous avons conçu une méthode d’intelligence territoriale centrée sur la capacitation de collectifs citoyens &oelig;uvrant en réseau de pair-à-pair afin de développer des stratégies de renseignement offensif et défensif. Cette méthode (nommée « intelligence résoactive ») repose sur la science ouverte citoyenne et fait dialoguer les praxis intelligence stratégique, imaginierie stratégique et éducation populaire. Elle vise à augmenter continuellement la puissance d’agir en réseau ouvert et distribué afin d’imaginer puis de mettre en &oelig;uvre des stratégies créatives (adaptées aux contextes locaux) visant à identifier, à déconstruire (via une analyse systémique alimentée par une culture de l’intelligence stratégique), et à dénoncer publiquement ces tentatives pour mieux les désamorcer. L’intelligence résoactive constitue une praxis pour l’intégrité et la pérennité régénérative des territoires. Ainsi, les communautés engagées dans cette démarche mobilisent une culture de l’intelligence économique territoriale (grâce à un dispositif sociotechnique d’information-communication<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc">2</a> conçu à cet effet), en poursuivant des missions de veille, d’influence, de sécurité économique et de gestion des connaissances / savoirs et des ignorances conscientisées. Les missions de l’intelligence résoactive sont : 1) La maîtrise des savoirs (penser et faire) pour la transformation sociale ; 2) L’identification et l’appréhension des menaces et des opportunités à l’égard des territoires ; 3) L’alliance, la coordination et le partage pour la synergie ; 4) L’influence et l’image de marque pour l’inspiration ; et 5) La vigilance pour préserver l’intégrité du territoire. Nous souhaitons ainsi explorer dans cet article une manière créative d’appréhender un monde de plus en plus complexe, qui nécessite une clarification dans le débat public des forces engagées dans la destruction programmée des conditions d’habitabilité de la Terre. Dans une première partie, nous présenterons le contexte problématique qui nous a amené à développer cette méthode . Puis, nous présenterons cette méthode (que nous avons encodée dans une matrice se présentant sous la forme d’un questionnaire cadrant le processus d’intelligence résoactive). Enfin, nous présenterons la méthodologie « épistémagnoto-praxéologique » que nous avons définie pour construire cette méthode pratique, qui fait dialoguer étude et construction de la connaissance, de l’ignorance et de l’action. La problématique que nous explorerons dans cet article est la suivante : Comment faciliter l’élaboration de stratégies d’influence augmentant la puissance d’agir de communautés locales auto-organisées en réseau de pair-à-pair pour protéger la santé écologique et culturelle des territoires ? <div id="sdfootnote1"> <a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym">1</a> Entendu dans ses dimensions intelligibilité, sensibilité et directionnelle. </div> <div id="sdfootnote2"> <a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">2</a> DISTIC selon Bertacchini (2004). </div>