<p>This article discusses the effectiveness of economic diplomacy in Cameroon since the 1960s. It focuses on the country's actions that could constitute its economic diplomacy strategy and their impact on its economic development. We come to the conclusion that if Cameroon has put in place an institutional framework for its economic diplomacy, the results in terms of impact on the economic development of the country remain mixed, the State not having always taken the best advantage partnerships forged, nor infrastructures developed.</p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">1. Introduction</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">L’intelligence économique est de plus en plus mise en avant comme instrument indispensable à l’atteinte des objectifs de développement des pays. S’il n’existe pas de définition unique de l’intelligence économique, l’on peut s’accorder sur le fait qu’elle repose sur un certain nombre de piliers, comme par exemple la veille, la protection de l’information et l’influence. Franck Bulinge et Nicolas Moinet (2013) ont mis en évidence quatre courants sur lesquels reposent les différentes approches conceptuelles de l’intelligence économique, à savoir la guerre économique, la compétitivité économique, la sécurité économique et la diplomatie économique, qui permettraient la définition des stratégies mises en œuvre par les entreprises et les états.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Nous utilisons ici la diplomatie économique comme approche conceptuelle de l’intelligence économique.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Le dictionnaire de diplomatie de Berridge et James (</span></span><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Berridge and James, <i>Dictionnary of diplomacy</i>, 2001)</span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif""> nous en propose deux définitions. En premier lieu, elle peut être comprise comme la « diplomatie qui concerne les questions de politique économique, incluant le <acronym>travail</acronym> des délégations à des conférences telles que celles organisées par des organismes comme l’Organisation Mondiale du Commerce. Bien que distincte de la diplomatie commerciale ayant cours lors de missions diplomatiques, elle englobe également l’activité de suivi et le rapportage sur les politiques économiques dans les pays tiers ainsi que les conseils sur les meilleurs moyens de les influencer ». Deuxièmement, la diplomatie économique peut être appréhendée comme la « diplomatie qui utilise les ressources économiques - tant les récompenses que les sanctions - dans l’optique de la poursuite d’objectifs particuliers de politique extérieure ».</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Selon Bergeijk et Moons (s’inspirant eux-mêmes de Baine et Woolcock (2003)), « la diplomatie économique consiste en un ensemble d’activités visant les méthodes et procédés de la prise internationale de décision et relatives aux activités économiques transfrontières (exportations, importations, investissements, prêts, aides, migrations) menées par les acteurs étatiques et non étatiques dans le monde réel. Elle a comme champs d’action le commerce, l’investissement, les marchés internationaux, les migrations, l’aide, la sécurité économique et les institutions qui façonnent l’environnement international, et comme instruments les relations, la négociation, l’influence. »</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">L’on est donc fondé à penser que la diplomatie économique est un outil au service des Etats, qui s’en servent par exemple pour améliorer leur position sur certains marchés internationaux, ou pour nouer et/ou renforcer des relations économiques avec des partenaires privilégiés. Dans ce sens, les actions menées pourraient influencer, de façon particulière, certaines variables économiques, et plus généralement la croissance ou le développement économique d’un pays.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">La fin des années 1950 et le début des années 1960 ont marqué un tournent décisif sur le continent africain, les pays accédant à l’indépendance. Ceci s’est traduit entre autres par la multiplication et la diversification des relations avec d’autres états, tant en matière diplomatique que commerciale ou encore sécuritaire, …etc. Ce constat est avéré pour de nombreux pays, au rang desquels le Cameroun.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">En effet, depuis son accession à l’indépendance en 1960, le Cameroun a connu une évolution importante tant sur le plan institutionnel que sur celui du nombre et de l’objet de ses relations avec d’autres états. Le pays a également adhéré à plusieurs organisations internationales et compte à ce jour de nombreux accords de coopération tant bilatéraux que multilatéraux.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Nous interrogeons alors l’intelligence économique au Cameroun (selon le courant de la diplomatie économique) depuis l’accession du pays à l’indépendance. Notre interrogation est double : i- peut-on percevoir derrière les actions une stratégie camerounaise en matière de diplomatie économique ? ii- la diplomatie économique a-t-elle eu un réel impact sur le développement du pays ?</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Cette double interrogation nous permettra, dans un premier temps, de mettre en lumière, s’il existe, le modèle camerounais de diplomatie économique, pour ensuite déterminer son efficacité en termes d’atteinte des objectifs de développement et enfin, de mettre en lumière les actions à mettre en œuvre par les institutions gouvernementales afin de garantir de meilleurs résultats. </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">2. La diplomatie économique camerounaise : outils et méthode</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Dès son accession à l’indépendance en 1960, l’Etat camerounais a mis en place un cadre institutionnel de sa diplomatie économique. Ce cadre institutionnel constitue un environnement favorable, composé de différentes institutions qui sont des acteurs de la diplomatie économique du pays. Il s’agit entre autres du ministère en charge des relations extérieures, des ambassades, des missions permanentes, des missions consulaires, …etc.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Le Ministère des Relations Extérieures (MINREX) a été créé en 1960 sous l’appellation Ministère des Affaires Etrangères. Il a pour mission d’assurer la mise en œuvre de la politique des relations extérieures arrêtée par le Président de la République du Cameroun. A ce titre, il est chargé entre autres des relations avec les Etats étrangers, les organisations internationales et les autres sujets de la communauté internationale ; de la protection des ressortissants et des intérêts camerounais à l’étranger. En outre, il rassemble et diffuse auprès des départements ministériels des informations relatives aux Etats étrangers et aux organisations internationales qui pourraient faciliter l’action des services publics ; concourt à l’information des gouvernements étrangers, de leur opinion publique, ainsi que des organisations internationales en ce qui concerne le développement politique, économique, social et culturel du Cameroun.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Les missions du MINREX sont donc globalement d’ordre diplomatique, même si la diplomatie économique n’est pas toujours au premier plan de ses actions. Cependant, cette institution concourt avec d’autres, à la mise en œuvre des actions de diplomatie économique, notamment à travers le volet informationnel.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Un autre élément du cadre institutionnel de la diplomatie économique du Cameroun est l’ambassade.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">En effet, l’ambassade d’un pays est également un instrument de premier ordre dans la mise en œuvre des actions de diplomatie économique, sa mission ayant trait aux négociations entre les gouvernements. Elle représente son gouvernement auprès des autorités du pays où elle se trouve et sert donc ainsi d’intermédiaire entre deux gouvernements. Elle joue aussi souvent un rôle d’informateur pour son pays et d’agence de relations publiques, puisqu’elle promeut et défend l’image et la culture de son pays, ainsi que son économie dans le pays de résidence.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Depuis son accession à l’indépendance en 1960, le Cameroun a multiplié la création de représentations diplomatiques dans toutes les régions du monde. En 2019, le pays comptait 14 ambassades sur le continent Africain, 2 en Amérique, 9 en Europe et 5 en Asie. En outre, depuis le début des années 1980, le Cameroun a élargi le cercle de ses partenaires à travers le monde par l’établissement de nouvelles relations diplomatiques et le renforcement de sa présence grâce à la création ou à la réouverture de plusieurs missions consulaires. Le pays compte à ce jour 37 consulats (25 consulats honoraires, 6 consulats d’Etat et 6 consulats généraux), répertoriés à travers les 5 continents.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Le Cameroun a donc étendu, au fil des années, son réseau de représentation diplomatique à travers le monde. A travers les missions dévolues à chaque ambassade (représentation, information et négociation notamment), on peut entrevoir dans ce déploiement une volonté du pays d’étendre et diversifier ses partenariats. </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Le troisième outil au service de la diplomatie économique camerounaise auquel nous nous intéressons est constitué par les délégations et missions permanentes. Le Cameroun en compte quatre, à savoir la Délégation auprès de l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (Montréal, Canada), la Mission Permanente auprès de l’Organisation des Nations Unies (New York, Etats-Unis), la Représentation Permanente du Cameroun auprès de l’Union Africaine (Addis-Abeba, Ethiopie) et la Mission Permanente auprès de l’Office Européen des Nations Unies (Genève, Suisse).</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Selon l’article 6 de la Convention de Vienne de 1975, l’on compte sept fonctions principales, reconnues aux missions permanentes d’Etats membres : représentation, liaison, négociation, information, participation aux activités de l’organisation, protection des intérêts nationaux et promotion des buts et principes de l’organisation.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Pratiquement toutes les missions dévolues aux missions permanentes constituent des actions de diplomatie économique et on serait fondé à penser que le Cameroun en a usé au fil du temps.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Le Cameroun a également créé en son sein des structures spécialisées dans la promotion de son image à l’international, notamment pour faciliter les investissements sur son territoire. Nous citerons comme exemples l’Agence de Promotion des Investissements (API) et le <i>Cameroon Business Forum</i> (CBF).</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">L’API a pour mission, en liaison avec les autres administrations et organismes publics et privés concernés, de contribuer à l’élaboration et à la mise en œuvre de la politique du Gouvernement dans le domaine de la promotion des investissements au Cameroun. A, ce titre, l’API est chargé notamment de promouvoir l’image de marque du Cameroun à l’étranger ; de participer à l’amélioration d’un environnement incitatif et favorable aux investissements au Cameroun ; de proposer des mesures susceptibles d’attirer les investisseurs au Cameroun ainsi que celles susceptibles d’améliorer la mise en œuvre des codes sectoriels ; de mettre en place une banque de données de projets qui soit à la disposition des investisseurs.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">En 2020, l’API compte 226 conventions signées, pour un volume global d’investissements prévisionnels de 400 milliards de francs CFA, 74 000 emplois directs projetés et 80 entreprises étrangères implantées sous son accompagnement (Source : API).</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Le CBF est un mécanisme de dialogue public-privé mis en place pour œuvrer à l’amélioration du climat des affaires. Opérationnel depuis 2009, il a été initié conjointement par le gouvernement camerounais et IFC (Société Financière Internationale) du groupe de la Banque Mondiale. Le CBF a pour objectifs de promouvoir un dialogue public-privé efficient ; de lever les obstacles liés au monde des affaires, en appliquant les réformes adoptées en vue d’encourager le secteur productif ; d’accélérer l’élaboration des réformes qui amélioreront le climat des investissements et le rang du Cameroun dans le classement du rapport <i>Doing Business</i> ou autre agence de notation ; de favoriser le développement des investissements tant locaux qu’étrangers au Cameroun.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Des partenaires au développement y sont associés à savoir la Banque Africaine de Développement (BAD), la Banque Mondiale (BM), IFC, l’Union Européenne (UE), la Coopération Technique Allemande (GIZ). </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ces deux institutions participent effectivement à la stratégie de politique économique du Cameroun, une de leurs fonctions principales étant l’attrait des investissements étrangers sur le territoire et l’amélioration du climat des affaires</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">En somme, on peut dire que le Cameroun a mis en place, depuis son accession à l’indépendance, un cadre institutionnel qui lui permet de mener des actions de diplomatie économique. Toutefois, le pays est passé par différentes phases de récession et peine à rester sur le sentier de la croissance. L’on peut donc se demander si les actions de diplomatie économique ont eu un impact sur le développement économique du pays.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">3. Diplomatie économique et développement du Cameroun</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Comme nous l’avons déjà fait remarquer, après son accession à l’indépendance, le Cameroun a commencé à multiplier et à diversifier ses partenariats avec d’autres Etats. </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Le Cameroun est une ancienne colonie française. </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">L’accord conclu dans le domaine de la coopération économique et financière au début des années 1960 réaffirme la volonté de la France d’apporter l’aide matérielle et technique nécessaire pour atteindre les objectifs de progrès économique et social que le Cameroun s’est fixés. Il en a résulté que le pays a continué à bénéficier d’une aide financière privilégiée, sous forme de crédits globaux et annuels octroyés par les organismes tels que le Fonds d’aide et de coopération (FAC) et la Caisse centrale de coopération économique (C.C.C.E.).</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Au début des années 1970, la France reste donc le premier partenaire international du Cameroun et vient largement en tête des pays et organismes internationaux qui lui fournissent une aide. Pour la seule année 1973, la contribution de la France était ainsi évaluée à environ 45</span></span> <span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">% de l’aide globale, bilatérale et multilatérale, octroyée au Cameroun (Source : <a href="http://www.diplomatie.gouv.fr" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">www.diplomatie.gouv.fr</a>). De 1960 à 1988, l’apport financier de la France au Cameroun s’élève en moyenne à 13,4 milliards de francs CFA par an. En 1990, la France a allégé la dette publique du Cameroun de 6,5 milliards de francs CFA.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Toutefois, même si la France continue d’être l’un des principaux investisseurs étrangers au Cameroun, son poids relatif par rapport au total des IDE dans le pays décline. </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">La Chine représente depuis 2013 le premier fournisseur du Cameroun, alors que la France a longtemps été le partenaire privilégié en ce qui concerne les échanges commerciaux.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif"">La présence chinoise au Cameroun est également visible à travers ses nombreuses sociétés qui mènent de grands projets d’infrastructures ou sont positionnées sur des secteurs stratégiques. C’est le cas du pétrolier Addax Petroleum (filiale du géant Sinopec), deuxième producteur de brut du Cameroun avec 30 % des parts de marché, ou du constructeur China Harbour Engineering Corporation (CHEC), bâtisseur du port de Kribi et également adjudicataire du terminal à conteneur dans le consortium composé avec Bolloré Africa Logistics et de CMA-CGM en 2015. Selon le recensement de l’Institut national de la statistique publié en 2018, 172 entreprises chinoises sont installées au Cameroun, ce qui fait de la Chine le pays non continental le plus représenté en nombre d’implantations.</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif"">La chine est aussi devenue le premier bailleur de fonds du Cameroun. En effet, le Cameroun a bénéficié d’une annulation de dette dans le cadre de l’initiative PPTE en 2006. Et entre 2007 et 2017, le montant des financements chinois a atteint 3 282 milliards de FCFA (dont 459 milliards de FCFA de prêts concessionnels, 1 092 milliards de FCFA de prêts commerciaux et 1 732 milliards de FCFA de prêts préférentiels), faisant de la Chine le premier bailleur de fonds du pays (Source : Ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (MINEPAT)). </span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif"">En août 2018, après une rencontre entre le président camerounais Paul Biya et son homologue chinois Xi Jinping à Pékin, en marge des travaux du troisième sommet de la coopération sino-africaine, la Chine annonce l'annulation d'une dette du Cameroun de 41,5 milliards de francs CFA (BBC News Afrique, Janvier 2019). Cette annulation intervient dans le cadre d'une série de mesures visant à atténuer les difficultés économiques du pays. On peut relever le fait que la dette du Cameroun envers la Chine est le résultat d'emprunts dédiés à la construction de barrages, des routes, des hôpitaux et autres infrastructures. </span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif"">L’accroissement de la présence chinoise au Cameroun s’est donc fait aussi à travers la conclusion de nombreux contrats d’envergure visant la construction de grandes infrastructures dans les secteurs de l’hydroélectricité, des transports et des télécommunications. Le schéma de financement privilégié par la Chine est l’intervention d’une de ses banques d’export (Eximbank, ICBC, Bank of China) pour l’apport de la quasi-totalité des fonds nécessaires à la réalisation des projets.</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif"">Dans le domaine de l’hydroélectricité, les sociétés chinoises ont assuré la construction de plusieurs édifices : le barrage réservoir de Lom Pangar, qui a été bâti par l’entreprise China Water and Electricity (CWE) et mis en service en 2015 ; le barrage de Mekin, attribué en 2010 à l’entreprise China National Electric Engineering Group et financé à hauteur de 85 % par la banque chinoise Eximbank ; Le barrage de Memvé’élé, dont la mise en service prévue en 2018 a été quelque peu retardée en raison des retards pris dans l’installation des lignes de transport d’électricité et dont l’infrastructure a été réalisée par le chinois Sinohydro sur un financement de l’Eximbank (50 % du montant total).</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif"">Dans le domaine des transports, l’on doit aux entreprises chinoises des infrastructures, notamment des autoroutes comme celle reliant Yaoundé et l’aéroport de Nsimalen (dont la construction a débuté en 2013) ou encore celle entre Kribi et Lolabé (emplacement du port). Le port en eau profonde de Kribi a également été financé à hauteur de 85 % par Eximbank.</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif"">Dans le secteur des télécommunications, le groupement China Unicom, Huawei Marine et Camtel a achevé la pose du premier câble sous-marin de fibre optique reliant le Brésil au Cameroun en septembre 2018.</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif"">Un autre partenaire tend à être plus présent sur la scène. En effet, la présence russe est de plus en plus remarquée en Afrique en général, et au Cameroun en particulier. </span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif"">La coopération économique entre le Cameroun et la Russie a surtout été observée dans le domaine militaire. Pour remédier à la faiblesse des échanges commerciaux entre les deux pays, le <i>Russian Business Center</i> (RBC) de Yaoundé a lancé ses activités en 2014. Son objectif est de faciliter les contacts entre opérateurs économiques russes et camerounais, notamment à travers une assistance technique visant à faciliter l’arrivée d’investisseurs russes au Cameroun et vice versa, l’éradication des obstacles linguistiques et l’organisation de rencontres d’affaires.</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif"">Selon l’Institut National de la Statistique du Cameroun (INS), la Russie a été en 2021 le quatrième fournisseur du Cameroun, après la Chine, la France et l’Inde. </span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif"">Ces trois exemples montrent que le Cameroun a su diversifier, selon ses besoins, ses partenariats. Le pays a ainsi pu bénéficier de prêts, d’annulation de dettes, de construction d’infrastructures, …etc.</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif"">Toutefois, la balance du Cameroun face à ces différents partenaires reste toujours largement déficitaire. En 2020 par exemple, le Cameroun a accusé, face à la Russie, un déficit de 96 milliards de francs CFA. Malgré la construction et la mise en service des infrastructures, les taux de croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) restent faibles et une grande partie de la population reste en dessous du seuil de pauvreté</span></span></p>
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<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><u>Figure</u> : Croissance du PIB (% annuel) du Cameroun entre 1961 et 2021</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""> : </span></span><img height="439" src="https://www.numerev.com/img/ck_2905_18_image-20230422002344-1.png" width="781" /></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><u>Source</u> : Banque Mondiale</span></span></p>
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<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif"">4. Conclusion</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif"">En somme, le Cameroun a entrepris, depuis son accession à l’indépendance jusqu’à ce jour, des actions qui, mises ensemble, pourraient constituer une stratégie de diplomatie économique. Le pays a ainsi diversifié ses partenariats tant sur le plan du nombre que sur celui de l’objet de coopération. Toutefois, les bénéfices de cette diplomatie économique en termes de développement économique restent mitigés. Un accent devrait peut-être être mis sur la gouvernance, afin de tirer le meilleur parti de tous les investissements réalisés dans le cadre des divers partenariats.</span></span></p>
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<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif"">5. Références bibliographiques</span></span></p>
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<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Berridge and James (2001), Dictionnary of diplomacy, Palgrave.</span></span></span></span></span></p>
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<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Franck Bulinge et Nicolas Moinet, L’intelligence économique : un concept, quatre courants, sécurité & stratégie / revue des directeurs sécurité d’entreprise, N°12, avril 2013</span></span></span></span></span></p>
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<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", "serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Institut National de la Statistique (2022), <i>Commerce extérieur du Cameroun en 2021</i>, INS.</span></span></span></span></span></p>
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