<h2 class="Pratiquescom-titre2"><span style="font-size:14pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:#287db5"><span style="font-weight:bold">Introduction</span></span></span></span></h2> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">D&eacute;finie comme une pratique professionnelle orient&eacute;e vers le partage des savoirs (Dacheux, 2019), la M&eacute;diation et communication des sciences (MCS) est enseignée depuis plusieurs décennies dans des formations spécialisées (Laügt, 1998). En France, ces derni&egrave;res ont la particularit&eacute; d&rsquo;&ecirc;tre en quasi-totalit&eacute; de niveau master, donc de s&rsquo;adresser &agrave; des &eacute;tudiants d&eacute;j&agrave; titulaires <i>a minima</i> d&rsquo;une licence &ndash; en pratique bien souvent d&rsquo;un master, parfois d&rsquo;un doctorat &ndash; r&eacute;alis&eacute;e sauf &agrave; quelques exceptions pr&egrave;s, hors d&rsquo;un cursus en <span style="background:white"><span arialmt="" style="font-family:">Lettres, arts et sciences humaines et sociales (LASHS)</span></span>. Dans le même temps, le champ professionnel de la MCS poursuit son autonomisation et sa structuration au sein des institutions scientifiques (Babou et Le Marec, 2008), dans un mouvement parall&egrave;le &ndash; bien que d&eacute;cal&eacute; dans le temps &ndash; &agrave; celui de l&rsquo;institutionnalisation de la Culture scientifique, technique et industrielle (CCSTI) (Las Vergnas, 2011). Il s&rsquo;agit l&agrave; des deux principaux d&eacute;bouch&eacute;s professionnels des &eacute;tudiants apr&egrave;s l&rsquo;obtention de leur master en MCS<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">[1]</span></span></span></span></span></a>. Au pr&eacute;alable, l&rsquo;entr&eacute;e dans celui-ci se traduit par la d&eacute;couverte simultan&eacute;e des pratiques de modalit&eacute;s de publicisation des sciences sans cesse en train de se renouveler &ndash; exposer, débattre, publier, vulgariser, communiquer &ndash; et des connaissances scientifiques produites par les sciences sociales pour les analyser (Paillart, 2005). Cet article montre l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t p&eacute;dagogique que rev&ecirc;t l&rsquo;exp&eacute;rience d&rsquo;un &laquo;&nbsp;stage de terrain&nbsp;&raquo; (Bruneau et al. 2019) en montagne et les possibilit&eacute;s qu&rsquo;il offre pour enseigner de mani&egrave;re inductive cette double dimension de la MCS aux &eacute;tudiants. Il revient &eacute;galement de mani&egrave;re r&eacute;flexive sur les pratiques d&rsquo;enseignements mises en &oelig;uvre et sur les effets induits par leur d&eacute;localisation en montagne. Pour cela, cet article s&rsquo;appuie sur l&rsquo;exemple du master de Communication et culture scientifiques et techniques (CCST) de l&rsquo;Universit&eacute; Grenoble Alpes et de son programme <i>Communication, médiations socio-scientifiques et enjeux publics dans les territoires de montagne</i> (CROSCUS). </span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Chaque ann&eacute;e, au d&eacute;but de l&rsquo;automne, deux enseignants et une vingtaine d&rsquo;&eacute;tudiants de master 2 partent cinq jours dans un territoire rural de montagne afin d&rsquo;&eacute;tudier une controverse. Les territoires visit&eacute;s &eacute;tant toujours situ&eacute;s &agrave; plus d&rsquo;une heure trente de route de Grenoble et afin de mettre les &eacute;tudiants en posture d&rsquo;immersion, &eacute;tudiants et enseignants restent sur place pendant toute la dur&eacute;e de l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement. Ainsi les participants partagent un g&icirc;te collectif qui constituent leur espace de travail mais aussi de vie pendant 120 heures non-stop. Chaque stage de terrain se d&eacute;roule dans un territoire diff&eacute;rent et s&rsquo;int&eacute;resse &agrave; une controverse qui le touche sp&eacute;cifiquement. Le dispositif p&eacute;dagogique est adapt&eacute; en fonction du contexte chaque ann&eacute;e. En effet, travailler en fond de vall&eacute;e sur un chantier de creusement de tunnel ou en alpage avec des agriculteurs en proie aux attaques du loup implique des m&eacute;thodes d&rsquo;enqu&ecirc;tes et des contraintes logistiques diff&eacute;rentes. Ensuite,<span style="color:black"> a</span>fin de rendre compte de la diversit&eacute; de ces stages terrains, l&rsquo;ensemble des activit&eacute;s sont document&eacute;es sur un carnet de recherche<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">[2]</span></span></span></span></span></a>. <span style="background:white"><span arialmt="" style="font-family:">Le premier auteur de cet article est maître de conférences, responsable pédagogique du master CCST depuis 2017, cr&eacute;ateur et coordinateur du programme CROSCUS. Le second auteur est doctorant et y participe depuis 2022, après avoir été p</span></span><span arialmt="" style="font-family:">artie prenante en tant qu&rsquo;étudiant puis enseignant d&rsquo;un programme pédagogique de terrain en histoire <span style="background:white">ouvert sur la MCS entre 2016 et 2019. Dans le cadre de leur activit&eacute; d&rsquo;enseignant-chercheur, les deux auteurs sont &eacute;galement engag&eacute;s dans de nombreuses actions de MCS, dont certaines qu&rsquo;ils partagent dans le cadre du</span></span> Laboratoire d&rsquo;excellence Innovation et transition territoriales en montagne (Labex ITTEM).</span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Le programme CROSCUS d&eacute;bute en 2019, date &agrave; laquelle le laboratoire de recherche auquel est adoss&eacute; le master CCST rejoint le Labex ITTEM, qui finance depuis le stage terrain via son appel &agrave; projet p&eacute;dagogique annuel. Ce dernier a pour objectif depuis 2012 de renforcer le lien recherche-formation en Sciences humaines et sociales (SHS) autour de la montagne. Aussi surprenant que cela puisse &ecirc;tre puisque implant&eacute; &agrave; Grenoble, le master CCST ne faisait jusqu&rsquo;alors pas travaill&eacute; ses &eacute;tudiants sur/en montagne. L&rsquo;opportunit&eacute; financi&egrave;re offerte par le Labex ITTEM permet donc d&rsquo;organiser un stage hors les murs associant enseignement et recherche autour des travaux de recherche sur la MCS dans les territoires de montagne (Chambru et al., 2022). Au sein du master CCST, le programme CROSCUS s&rsquo;inscrit d&egrave;s lors dans deux unit&eacute;s d&rsquo;enseignements&nbsp;: &laquo;&nbsp;Transition écologique, médiation et sciences sociales&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;Controverses, sciences et société&nbsp;&raquo;. Il a pour objectif d&rsquo;analyser les enjeux contemporains autour des médiations culturelles des sciences dans la société et la complexité croissante de ces relations. Les enjeux scientifiques ont en effet débordé du cadre des institutions de recherche pour devenir des problèmes publics, travaillés par l&rsquo;expertise, la communication professionnalisée, les associations et l&rsquo;action publique (Chambru, 2019b).</span></span></span></p> <h2 class="Pratiquescom-titre2"><span style="font-size:14pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:#287db5"><span style="font-weight:bold">Arpenter des terrains inhabituels&nbsp;: alt&eacute;rit&eacute; et rupture des sens communs</span></span></span></span></h2> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">La recherche en sciences sociales sur la MCS souligne les vertus du &laquo;&nbsp;d&eacute;placement&nbsp;&raquo; sur le terrain comme dimension et modalit&eacute; d&rsquo;analyse des relations sciences-soci&eacute;t&eacute;, notamment l&rsquo;enjeu de parcourir un territoire pour en comprendre la complexit&eacute; (Babou, 2011). Le terrain ne constitue pas seulement un lieu de recueil de donn&eacute;es ext&eacute;rieures &agrave; la situation d&rsquo;enqu&ecirc;te, mais aussi et avant tout une &laquo;&nbsp;situation de communication&nbsp;&raquo; dans laquelle le chercheur est engag&eacute; (Le Marec, 2002). Cela implique alors des enjeux de r&eacute;flexivit&eacute; et d&rsquo;&eacute;criture du terrain pour le chercheur (Hert, 2005). En quittant les salles de classes de l&rsquo;universit&eacute;, le stage de terrain du master CCST a pr&eacute;cis&eacute;ment comme objectif de faire &eacute;prouver aux &eacute;tudiants l&rsquo;exp&eacute;rience et l&rsquo;&eacute;preuve de ce d&eacute;placement sur le terrain. Il s&rsquo;agit de montrer <i>in situ</i> combien l&rsquo;exp&eacute;rience de terrain peut et doit &ecirc;tre heuristique dans la d&eacute;marche de recherche en sciences sociales (Messu, 2016), mais aussi en quoi les savoir-faire et savoir-&ecirc;tre propres aux chercheurs participent &agrave; la formation individuelle et professionnelle des &eacute;tudiants (Denave, 2019). L&rsquo;enjeu est de leur apporter la preuve par le terrain qu&rsquo;ils pourront r&eacute;investir ces savoirs dans leur vie professionnelle future en MCS / CCSTI. Ce d&eacute;placement hors du cadre universitaire ordinaire, de m&ecirc;me que le choix de recourir &agrave; un enseignement par la pratique et en situation, a des cons&eacute;quences sur les modes d&rsquo;appr&eacute;hension des objets &eacute;tudi&eacute;s. Au cours du stage de terrain, les enseignants-chercheurs n&rsquo;ont par exemple pas d&rsquo;objectifs de recherche &agrave; proprement parler sur ces derniers, malgr&eacute; la proximit&eacute; avec leurs propres travaux de recherche. L&rsquo;objectif p&eacute;dagogique est de privil&eacute;gier une forme d&rsquo;apprentissage par t&acirc;tonnements et erreurs dans un contexte o&ugrave; la CSTI n&rsquo;existe pas, une approche empirique &agrave; laquelle les &eacute;tudiants ont &eacute;t&eacute; familiaris&eacute;s en premi&egrave;re ann&eacute;e de master dans les cours de pratiques professionnelles en MCS. </span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Le programme CROSCUS prend &eacute;galement le parti de suspendre <i>a priori</i> la th&eacute;orie en MCS (Chambru, 2021b) afin de la faire surgir par et pour l&rsquo;enqu&ecirc;te de terrain pour lui donner du sens et qu&rsquo;elle puisse appara&icirc;tre comme saillante aux &eacute;tudiants le moment venu. Ce parti pris p&eacute;dagogique du stage de terrain r&eacute;sulte du constat du peu d&rsquo;enthousiasme et parfois des difficult&eacute;s des &eacute;tudiants &agrave; se plonger dans la litt&eacute;rature scientifique en MCS, notamment celle du champ disciplinaire des sciences de l&rsquo;information et de la communication auquel est rattach&eacute; le master CCST et qu&rsquo;ils d&eacute;couvrent. L&rsquo;illustration saillante de cette situation est la perception et l&rsquo;appr&eacute;hension des cours magistraux en information-communication que suivent les &eacute;tudiants de fa&ccedil;on hebdomadaire depuis leur entr&eacute;e en master. Lors des bilans semestriels, ils les jugent souvent trop &laquo;&nbsp;th&eacute;oriques&nbsp;&raquo;, trop &eacute;loign&eacute;s du terrain et des pratiques de la MCS qu&rsquo;ils apprennent en parall&egrave;le. Cette situation n&rsquo;a rien d&rsquo;extraordinaire puisqu&rsquo;elle s&rsquo;observe dans de nombreuses formations universitaires per&ccedil;ues comme &laquo;&nbsp;professionnelles&nbsp;&raquo; o&ugrave; il s&rsquo;agit d&rsquo;enseigner les sciences sociales (Wooolwen, 2019). Le stage de terrain au sein du master CCST est donc l&rsquo;occasion de d&eacute;fendre les apports des sciences sociales en ce qu&rsquo;elles permettent de d&eacute;velopper chez les &eacute;tudiants une r&eacute;flexivit&eacute; en tant que futurs professionnels. Cela implique d&rsquo;articuler<i> in situ</i> ce savoir-faire qu&rsquo;est la r&eacute;flexivit&eacute;, avec la port&eacute;e critique des r&eacute;sultats de la recherche en sciences sociales &agrave; l&rsquo;&eacute;gard du fonctionnement du champ professionnel de la MCS / CSTI, et des enjeux socio-politiques de la mise en public des sciences. Autrement dit, le stage de terrain a pour objectif de faire adopter aux &eacute;tudiants la posture scientifique et r&eacute;flexive propos&eacute;e par les sciences sociales. </span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Pour cela, l&rsquo;astuce p&eacute;dagogique du stage de terrain est d&#39;amener les &eacute;tudiants hors de leurs espaces familiers pour leur faire parcourir des terrains qui leurs sont inhabituels. Ces terrains sont en effet tr&egrave;s diff&eacute;rents de ceux qu&rsquo;ils habitent et de ceux qu&rsquo;ils investissent depuis le d&eacute;but de leur formation de master en MCS&nbsp;: milieu urbain &agrave; la mobilit&eacute; diversifi&eacute;, d&eacute;carbon&eacute; et confortable, compos&eacute;s d&rsquo;acteurs &agrave; fort capital socio-culturel, attentifs aux probl&eacute;matiques de transmission et de partage des savoirs scientifiques et connect&eacute;s aux champs professionnels de la CSTI<span style="color:#7030a0">. </span>Les territoires de montagne qu&rsquo;ils parcourent pendant le stage de terrain sont des milieux ruraux, &agrave; la mobilit&eacute; rendue complexe par le relief et o&ugrave; la faible densit&eacute; de population entra&icirc;ne l&rsquo;absence de transports en commun. Les alternatives de mobilit&eacute; d&eacute;carbon&eacute;e, qu&rsquo;un nombre croissant d&rsquo;&eacute;tudiants souhaitent privil&eacute;gier, se limitent &agrave; la pratique de la marche et du v&eacute;lo. Pratiques qui, dans des territoires de haute montagne, n&eacute;cessitent des capacit&eacute;s physiques et une tol&eacute;rance &agrave; l&rsquo;inconfort que la grande majorit&eacute; des &eacute;tudiants n&rsquo;a pas. De plus, ces territoires sont compos&eacute;s d&rsquo;acteurs qui ne se sentent absolument pas concern&eacute;s par la transmission et le partage des savoirs scientifiques. Ils n&rsquo;ont d&rsquo;ailleurs jamais de connexions avec le champ professionnel de la CSTI et dispose en moyenne d&rsquo;un capital socio-culturel inf&eacute;rieur &agrave; ceux dudit champ. Dans un contexte acad&eacute;mique marqu&eacute; par une forte sp&eacute;cialisation th&eacute;matique et une forte professionnalisation autour de la MCS, ce d&eacute;paysement sociologique est important en ce qu&rsquo;il permet d&rsquo;int&eacute;grer &agrave; la formation des &eacute;tudiants d&rsquo;autres mani&egrave;res de voir et de faire (Bruneau et al., 2019). Les exposer aux probl&eacute;matiques rurales des territoires de montagne revient donc &agrave; leur permettre de d&eacute;couvrir l&rsquo;existence de mondes sociaux insoup&ccedil;onn&eacute;s, c&rsquo;est-&agrave;-dire d&rsquo;autres champs d&rsquo;exp&eacute;riences individuelles et collectives, d&rsquo;autres univers de discours, d&rsquo;autres espaces, modalit&eacute;s et r&eacute;seaux de socialisation, d&rsquo;autres zones de m&oelig;urs, d&rsquo;usages ou de coutumes partag&eacute;s (Cefa&iuml;, 2015). </span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Syst&eacute;matiquement, la d&eacute;couverte de cette alt&eacute;rit&eacute; provoque une rupture des sens communs et ouvre des horizons diff&eacute;rents&nbsp;: elle r&eacute;organise l&rsquo;exp&eacute;rience des contextes d&rsquo;action des &eacute;tudiants face &agrave; la pluralit&eacute; des publics avec laquelle ils doivent d&eacute;sormais composer. En effet, les acteurs qui interviennent dans le stage terrain, acceptent d&rsquo;intervenir, en partie car ils sont curieux que des &eacute;tudiants s&rsquo;int&eacute;ressent &agrave; leurs probl&eacute;matiques. Ils manifestent cette satisfaction par la transmission de leurs probl&eacute;matiques, souvent avec passion, mais aussi en offrant &agrave; voir et &agrave; go&ucirc;ter les aspects de leur territoire ayant le plus de valeur &agrave; leurs yeux. Ces rencontres constituent alors des moments de partage autour d&rsquo;un paysage ou d&rsquo;un morceau de fromage, entre les &eacute;tudiants et des acteurs tels que des militants, des &eacute;leveurs, des chasseurs ou encore des &eacute;lus. Le fait que les acteurs prennent du temps pour les accueillir avec bienveillance g&eacute;n&egrave;rent souvent chez les &eacute;tudiants de l&rsquo;empathie &agrave; leur &eacute;gard. Cette empathie &eacute;prouv&eacute;e par les &eacute;tudiants pour des personnes portant des discours parfois oppos&eacute;s aux leurs rev&ecirc;t un caract&egrave;re contre-intuitif qui bouleverse leurs pr&eacute;suppos&eacute;s. En 2019 par exemple, le t&eacute;moignage d&rsquo;une berg&egrave;re ayant subi de nombreuses attaques de loup sur son troupeau a profond&eacute;ment marqu&eacute; les &eacute;tudiants, et &eacute;branl&eacute; leur positionnement &eacute;tabli <i>a priori</i> sur ce probl&egrave;me. Cette pluralit&eacute; et la conflictualit&eacute; qui peut d&eacute;sormais se d&eacute;gager aux yeux des &eacute;tudiants leur permet de d&eacute;couvrir par le terrain que la repr&eacute;sentation d&rsquo;un monde social ordonn&eacute;, unifi&eacute; et clos est une fiction (Cefa&iuml;, 2015).</span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Faire face &agrave; cette alt&eacute;rit&eacute; conduit les &eacute;tudiants &agrave; interroger &ndash; voire &agrave; transformer &ndash; leur posture au cours du stage de terrain mais aussi, dans leur pratique future de MCS, &agrave; se poser la question de comment &laquo;&nbsp;je peux et je dois&nbsp;&raquo; trouver ma place dans un territoire que je ne connais pas, alors que je suis amen&eacute; &agrave; devoir y produire une expertise communicationnelle. Autrement dit, le d&eacute;placement sur le terrain montagne a deux cons&eacute;quences&nbsp;: d&rsquo;une part s&rsquo;adapter &agrave; des situations non famili&egrave;res, et d&rsquo;autre part questionner leurs pratiques professionnelles en voie de routinisation apr&egrave;s une ann&eacute;e de formation et un premier stage en entreprise. Le stage de terrain a en effet pour objectif de bousculer leurs habitudes, leurs certitudes et ce qu&rsquo;ils tendent &agrave; consid&eacute;rer comme &eacute;tant &laquo;&nbsp;normal&nbsp;&raquo;. Ce double d&eacute;placement en appelle un autre&nbsp;: la d&eacute;construction des &eacute;vidences, qui accompagne la construction de l&rsquo;objet sur lequel les &eacute;tudiants travaillent en mettant &agrave; distance, par l&rsquo;exp&eacute;rience d&rsquo;arpenter la montagne, l&rsquo;approche binaire &laquo;&nbsp;pour ou contre&nbsp;&raquo; qui structure les mises en forme m&eacute;diatiques des controverses (Chambru, 2021a). Cette exp&eacute;rience permet en effet d&#39;acc&eacute;der &agrave; des discours qui ne sont pas ou peu audibles et visibles dans les m&eacute;dias, de s&rsquo;y confronter et de comprendre que les probl&egrave;mes sont syst&eacute;matiquement plus complexes qu&rsquo;au premier abord. Enfin, ce d&eacute;placement hors de leur zone de confort est aussi mat&eacute;riel et physique pour certains &eacute;tudiants et n&rsquo;est pas sans effet sur leur rapport &agrave; l&rsquo;objet qu&rsquo;ils &eacute;tudient au cours du stage de terrain. Depuis 2019, le nombre de &laquo;&nbsp;premi&egrave;res&nbsp;&raquo; &ndash; pour reprendre une expression utilis&eacute;e dans le monde de la montagne &ndash; augmente chaque ann&eacute;e&nbsp;: premi&egrave;re fois qu&rsquo;ils montent &agrave; 2000&nbsp;m d&rsquo;altitude &agrave; pied, premi&egrave;re fois qu&rsquo;ils discutent avec un chasseur, premi&egrave;re fois qu&rsquo;ils se retrouvent &agrave; 2800&nbsp;m d&rsquo;altitude, etc.</span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-titre2"><span style="font-size:14pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:#287db5"><span style="font-weight:bold">Avoir plusieurs casquettes&nbsp;: cuisine et mise en sc&egrave;ne des enseignants</span></span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Chaque ann&eacute;e, le programme CROSCUS (re)pose la question de savoir comment tenir ensemble, &agrave; travers les r&eacute;alit&eacute;s du travail de terrain, nos positions d&rsquo;enseignants et de chercheurs, d&rsquo;enseignants-chercheurs et d&rsquo;enseignants-chercheurs engag&eacute;s dans la MCS. Bien que fluctuant en fonction des territoires investigu&eacute;s, ces r&eacute;alit&eacute;s de travail ont en commun d&rsquo;&ecirc;tre diff&eacute;rentes de celles de l&rsquo;universit&eacute; et de ses normes institu&eacute;es. Syst&eacute;matiquement donc, une tension s&rsquo;exprime entre la position de l&rsquo;enseignant qui cherche au mieux &agrave; pr&eacute;parer les &eacute;tudiants &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve du terrain et l&rsquo;enseignant-chercheur convaincu que la part d&rsquo;impr&eacute;visible est indispensable &agrave; cette apprentissage de l&rsquo;exp&eacute;rience en pratique&nbsp;: elle implique alors in&eacute;vitablement une mise en sc&egrave;ne (Bourguignon et Maurice, 2019). Cette tension est d&rsquo;autant plus forte que les cas &eacute;tudi&eacute;s sont des controverses publiques<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">[3]</span></span></span></span></span></a>, et que l&rsquo;apprentissage de l&rsquo;enqu&ecirc;te en sciences sociales a ensuite comme objectif p&eacute;dagogique d&rsquo;amener les &eacute;tudiants &agrave; repenser, &agrave; partir de cette enqu&ecirc;te, leurs fa&ccedil;ons de faire de la m&eacute;diation scientifique (Chambru, 2021a). Pour ce faire, les enseignants se retrouvent &agrave; avoir plusieurs casquettes avec lesquels ils jonglent sans cesse comme autant de ficelles <i>in situ</i> adapt&eacute;es aux dimensions les plus pratico-pratiques<b> </b>du terrain. Il s&rsquo;agit donc ici d&rsquo;expliciter ces coulisses du stage de terrain qui restent souvent implicites et pr&eacute;sent&eacute;es comme relevant du bon sens ou de l&rsquo;&eacute;vidence &ndash; ce qui n&rsquo;est pas le cas &ndash;, et d&rsquo;en d&eacute;voiler la cuisine. Celle-ci se rapproche de la &laquo;&nbsp;cuisine de recherche&nbsp;&raquo; &ndash; entre d&eacute;marche it&eacute;rative et succession d&rsquo;adaptations, d&rsquo;ajustements ou de rebondissements la modifiant simultan&eacute;ment &ndash; et est tout autant un enjeu m&eacute;thodologique &agrave; ne pas n&eacute;gliger pour maintenir une posture critique (Chambru et De Oliveira, 2021). </span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">La premi&egrave;re de ces casquettes est celle du chercheur en sciences sociales travaillant sur les controverses publiques autour des sciences et de l&rsquo;environnement (Chambru, 2021b) et plus largement sur les modalit&eacute;s de mise en public des sciences dans les territoires de montagne (Chambru et al. 2022). Il s&rsquo;agit de faire usage de mat&eacute;riaux d&rsquo;enqu&ecirc;te issus de nos terrains de recherche pour faire entrer les &eacute;tudiants dans la danse de la controverse par un programme leur permettant d&rsquo;en d&eacute;couvrir la complexit&eacute;. La controverse est alors abord&eacute;e comme un espace d&rsquo;apprentissage heuristique pour exp&eacute;rimenter l&rsquo;enqu&ecirc;te comme fondement de la d&eacute;marche de connaissance en sciences sociales (M&eacute;adel, 2015). Cela se traduit en pratique par le fait d&rsquo;entendre tous les points de vue, de montrer comment les preuves se construisent, comment les arguments circulent et se reconfigurent, comment les collectifs impliqu&eacute;s se recomposent, etc. Pour ce faire, la d&eacute;marche du stage de terrain propose d&rsquo;arpenter la dimension territorialis&eacute;e de la controverse &agrave; travers les r&eacute;actions locales et les exp&eacute;riences v&eacute;cues des publics, plut&ocirc;t que par l&rsquo;outil de la cartographie des controverses &agrave; partir de l&rsquo;analyse de la documentation disponible &agrave; distance (Urgelli et Godin, 2022). Chaque &eacute;dition est syst&eacute;matiquement articul&eacute;e &agrave; un programme de recherche en cours ou achev&eacute;, &agrave; partir duquel il est construit, mobilis&eacute; comme une corde de rappel dans ce jeu d&rsquo;&eacute;quilibriste permanent. Il s&rsquo;agit de suivre au mieux la ligne de cr&ecirc;te de la controverse en s&eacute;lectionnant un &eacute;chantillon d&rsquo;intervenants suffisamment repr&eacute;sentatif malgr&eacute; leurs contraintes, tout en &eacute;tant attentif &agrave; ses dimensions communicationnelles qui ne sont pas toujours le sujet des recherches men&eacute;es par les organisateurs (Babou et Le Marec, 2015). L&rsquo;enqu&ecirc;te &agrave; laquelle participent les &eacute;tudiants pour d&eacute;couvrir la controverse est en effet reconstruite pour &ecirc;tre r&eacute;alisable en quelques jours au cours du stage de terrain. Il s&rsquo;agit donc de mettre en sc&egrave;ne une enqu&ecirc;te qui permette aux &eacute;tudiants d&rsquo;assimiler, en cinq jours, des processus d&rsquo;investigation qui durent en r&eacute;alit&eacute; plusieurs mois, et des connaissances dont la production s&rsquo;&eacute;tale sur plusieurs ann&eacute;es.</span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">La deuxi&egrave;me de ces casquettes est celle de l&rsquo;enseignant ayant fait le choix de quitter l&rsquo;universit&eacute; et ses salles de classe. La d&eacute;localisation collective du stage de terrain en montagne permet d&rsquo;instaurer une autre relation p&eacute;dagogique entre les &eacute;tudiants et les enseignants. Celle-ci bouscule alors le cadre hi&eacute;rarchique enseignant/&eacute;tudiant auquel les &eacute;tudiants et les enseignants ont &eacute;t&eacute; longuement socialis&eacute;s, avec ses avantages et ses inconv&eacute;nients (Bruneau et al. 2019). Il s&rsquo;agit l&agrave; d&rsquo;ailleurs de l&rsquo;un des objectifs du programme CROSCUS, sans pour autant avoir la na&iuml;vet&eacute; de croire que le terrain permet par magie de briser la distance qui s&eacute;pare les repr&eacute;sentations des &eacute;tudiants de la posture attendue par les enseignants, et inversement. Les &eacute;tudiants et les enseignants sont log&eacute;s pendant cinq jours (du lundi au vendredi) dans un gite dot&eacute; de dortoirs, d&rsquo;une cuisine et d&rsquo;une salle &agrave; manger se transformant au gr&eacute; des besoins en salle de r&eacute;union ou de travail. En fonction des ann&eacute;es, la cuisine est effectu&eacute;e ensemble ou d&eacute;l&eacute;gu&eacute;e &agrave; une personne ext&eacute;rieure. Tous les repas sont pris en commun, le covoiturage est syst&eacute;matique, les soir&eacute;es de travail et les temps plus informels se succ&egrave;dent, etc. Cela implique in&eacute;vitablement de vivre des moments de convivialit&eacute; et de vie quotidienne, qu&rsquo;&eacute;tudiants et enseignants ne partagent pas dans un contexte classique&nbsp;: jouer au billard, boire une tisane en pyjama avant le coucher, se brosser les dents, etc. Ceci a pour cons&eacute;quence d&rsquo;instaurer une certaine proximit&eacute; entre les enseignants et les &eacute;tudiants face &agrave; laquelle les enseignants doivent &ecirc;tre vigilants afin que chacun reste &agrave; sa &laquo;&nbsp;bonne place&nbsp;&raquo;. Pour cela, il faut faire preuve d&rsquo;inventivit&eacute; autour de petits bricolages permettant de donner &agrave; voir le cadre hi&eacute;rarchique enseignant / &eacute;tudiant malgr&eacute; une fronti&egrave;re pouvant &ecirc;tre rendue floue par cette proximit&eacute; nouvelle. Il n&rsquo;existe pas de solution miracle, il s&rsquo;agit encore une fois de suivre au mieux la ligne de cr&ecirc;te. Sur le terrain, l&#39;usage de la veste professionnelle, sigl&eacute;e avec les logos de l&#39;UGA et du CNRS, est par exemple un outil qui permet de rappeler la posture d&#39;enseignant-chercheur. Elle est port&eacute;e pendant toute la dur&eacute;e formelle des temps travail et retir&eacute;e lorsqu&rsquo;ils s&rsquo;ach&egrave;vent, afin de signifier visuellement aux &eacute;tudiants la posture dans laquelle se trouve l&rsquo;enseignant &agrave; l&rsquo;instant T. </span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">La troisi&egrave;me de ces casquettes est celle de l&rsquo;enseignant-chercheur devenu logisticien et animateur le temps de ce stage de terrain. Bien qu&rsquo;&eacute;tant soutenue financi&egrave;rement par le Labex ITTEM, chaque &eacute;dition du programme CROSCUS est r&eacute;alis&eacute;e avec des moyens financiers faibles par rapport aux besoins effectifs. Cette contrainte budg&eacute;taire doit &ecirc;tre syst&eacute;matiquement compens&eacute;e par l&rsquo;engagement des enseignant-chercheurs dans la gestion d&rsquo;une multitude de t&acirc;ches ayant peu &agrave; voir avec la p&eacute;dagogie ou la recherche. Ces t&acirc;ches logistiques ont aussi bien lieu en amont des cinq jours de terrain que pendant celui-ci&nbsp;: trouver et r&eacute;server un g&icirc;te collectif, aider le propri&eacute;taire &agrave; faire face aux proc&eacute;dures administratives de l&rsquo;universit&eacute;, s&rsquo;occuper de la gestion de la nourriture pour vingt personnes, organiser les d&eacute;placements dans des territoires o&ugrave; les mobilit&eacute;s sont difficiles, mettre en place des proc&eacute;dures de remboursement inexistantes &agrave; l&rsquo;universit&eacute; afin que les &eacute;tudiants n&rsquo;aient pas &agrave; d&eacute;penser leur argent personnel, etc. Cumul&eacute;es aux autres casquettes, ces t&acirc;ches logistiques complexifient <i>de facto</i> les pratiques d&rsquo;enseignements par la r&eacute;duction du temps disponible, notamment lorsqu&rsquo;il s&rsquo;agit de faire en sorte que le programme &eacute;tabli puisse se d&eacute;rouler comme pr&eacute;vu. Elles n&eacute;cessitent parfois d&rsquo;inclure aussi les &eacute;tudiants dans certains aspects de l&rsquo;organisation du stage de terrain. &Eacute;tudiant et enseignant deviennent alors &laquo;&nbsp;coll&egrave;gues&nbsp;&raquo;, bousculant ainsi le rapport hi&eacute;rarchique ordinaire &agrave; l&rsquo;universit&eacute;. Outre ces t&acirc;ches logistiques, les enseignant-chercheurs assument, comme en classe, un r&ocirc;le d&rsquo;animateur n&eacute;cessaire au bon d&eacute;roulement d&rsquo;un cours et &agrave; la cr&eacute;ation une dynamique de groupe propice &agrave; la p&eacute;dagogie. N&eacute;anmoins, le contexte mat&eacute;riel du stage terrain, plus proche de celui d&rsquo;une classe de neige que d&rsquo;une salle d&rsquo;universit&eacute;, pousse les enseignants-chercheurs vers des domaines de comp&eacute;tences qui ne sont pas li&eacute;s &agrave; leur profession. Transmettre de mani&egrave;re ludique les techniques de marche dans des degr&eacute;s de pentes importants, renseigner les pratiques d&rsquo;habillement et d&rsquo;alimentation en haute-montagne sont, par exemple, des &eacute;l&eacute;ments d&rsquo;animation indispensable &agrave; la r&eacute;ussite p&eacute;dagogique de l&rsquo;exploration de la controverse. De plus, il s&rsquo;agit de rendre int&eacute;ressant le terrain &agrave; des &eacute;tudiants parfois sceptiques &agrave; propos de la th&eacute;matique abord&eacute;e et de l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de l&rsquo;exercice pour leur formation. Il est donc n&eacute;cessaire de proposer un r&eacute;cit qui invite &agrave; sortir de sa zone de confort pour se laisser emmener par et sur le terrain. Cela demande un ensemble d&rsquo;adaptations permanentes pour composer chaque ann&eacute;e avec les r&eacute;alit&eacute;s de la promotion d&rsquo;&eacute;tudiants, parfois &agrave; la derni&egrave;re minute, afin de faire face aux impr&eacute;vus.</span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">La quatri&egrave;me de ces casquettes est celle de l&rsquo;enseignant-chercheur &eacute;galement engag&eacute; dans la MCS, s&rsquo;adressant &agrave; des &eacute;tudiants en derni&egrave;re ann&eacute;e de master et futurs professionnels de la MCS / CSTI. L&rsquo;exploration d&rsquo;une controverse publique en montagne et la d&eacute;couverte des outils des sciences sociales ont comme objectif <i>in fine</i> de faire r&eacute;fl&eacute;chir les &eacute;tudiants sur la mani&egrave;re de penser et faire la m&eacute;diation scientifique en situation professionnelle. Au sein de leur formation, cette derni&egrave;re perspective est le reste du temps assur&eacute;e par des professionnels de la MCS / CSTI, et non par des enseignants-chercheurs mettant les mains dans le cambouis de la MCS. Lors de ce programme p&eacute;dagogique, les enseignant-chercheurs mobilis&eacute;s sont en effet engag&eacute;s dans l&rsquo;exp&eacute;rimentation de nouveaux dispositifs &laquo;&nbsp;sciences-soci&eacute;t&eacute;&nbsp;&raquo; dans le cadre du Labex ITTEM, afin de partager le regard des sciences sur les transitions en cours et montrer aux publics en quoi elles permettent de répondre aux grands enjeux contemporains (Chambru et al. 2023). Ces exp&eacute;rimentations de pratique de MCS se d&eacute;ploient notamment sur la plateforme Twitch, par le biais de stream de vulgarisation scientifique sur la cha&icirc;ne <i>Chercheur de montagne<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><b><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">[4]</span></span></span></b></span></span></a></i>. Le choix a &eacute;t&eacute; fait de donner &agrave; voir aux &eacute;tudiants ces exp&eacute;rimentations afin de leur montrer que leurs enseignants ont &eacute;galement &eacute;prouv&eacute; &ndash; et qu&rsquo;ils &eacute;prouvent encore &ndash; ce qu&rsquo;ils attendent d&rsquo;eux &agrave; l&rsquo;issue de ce programme. Ce type d&rsquo;action place parfois les enseignants-chercheurs en position d&rsquo;&eacute;chec sous le regard des &eacute;tudiants. Afin que cette situation ne remette pas en cause la cr&eacute;dibilit&eacute; de l&rsquo;&eacute;quipe enseignante, il est n&eacute;cessaire de l&rsquo;utiliser comme un cas d&rsquo;&eacute;tude. C&rsquo;est ainsi l&rsquo;occasion de capitaliser sur cette exp&eacute;rience afin de leur permettre &agrave; leur tour d&rsquo;exp&eacute;rimenter de nouvelles pratiques de MCS, en lien &eacute;troit avec l&rsquo;enqu&ecirc;te de terrain qu&rsquo;ils r&eacute;alisent. Ce choix p&eacute;dagogique n&rsquo;est toutefois pas anodin, car il donne &agrave; voir les enseignants-chercheurs sous la forme de streameurs et de pitres scientifiques avec qui les modalit&eacute;s d&rsquo;interactions institu&eacute;es n&rsquo;ont que peu &agrave; voir avec celles en vigueur &agrave; l&rsquo;universit&eacute;&nbsp;: atmosph&egrave;re plus d&eacute;tendue, ton amical, humour, etc.</span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-titre2"><span style="font-size:14pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:#287db5"><span style="font-weight:bold">Transmettre des savoirs&nbsp;: bricolage et formation &agrave; la r&eacute;flexivit&eacute;</span></span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Ce d&eacute;tour par la montagne et la d&eacute;couverte de l&rsquo;enqu&ecirc;te en sciences sociales &agrave; travers les controverses publiques permet d&rsquo;articuler transmission des savoirs professionnels et acad&eacute;miques, savoir-faire et savoir-&ecirc;tre, autour de et par la MCS. Cette articulation est d&rsquo;autant plus importante que le champ professionnel de la MCS continue de s&rsquo;autonomiser et de se structurer au sein des institutions scientifiques, en m&ecirc;me temps que les normes techniques et communicationnelles s&rsquo;imposent &agrave; celle du champ scientifique (Babou et Le Marec, 2008). Dans ce contexte, l&rsquo;enqu&ecirc;te de terrain en sciences sociales permet de d&eacute;construire ce qui appara&icirc;t <i>a priori</i> comme allant de soi en termes de pratiques professionnelles de MCS, et vice-versa. Ainsi, elle rappelle aux &eacute;tudiants l&rsquo;importance d&rsquo;interroger sa pratique au regard de son inscription sociale, c&rsquo;est-&agrave;-dire de se situer par rapport au probl&egrave;me analys&eacute; dans le cadre de son enqu&ecirc;te, au regard qu&rsquo;il porte sur celui-ci, au choix de l&rsquo;objet, &agrave; soi-m&ecirc;me et aux autres. Ce stage de terrain est donc l&rsquo;occasion d&rsquo;acqu&eacute;rir les pr&eacute;misses d&rsquo;une r&eacute;flexivit&eacute; professionnelle &agrave; partir de la r&eacute;flexivit&eacute; de la recherche et de l&rsquo;apprentissage par l&rsquo;exp&eacute;rimentation <i>in situ. </i>Par exemple, devoir animer une r&eacute;union publique dans un village concern&eacute; par la controverse &eacute;tudi&eacute;e am&egrave;ne &agrave; s&rsquo;interroger sur les postures qu&rsquo;il est possible d&rsquo;adopter en tant que professionnel de la MCS / CSTI quand on s&rsquo;expose ainsi, entre acteur du d&eacute;bat public, acteur qui organise le d&eacute;bat ou acteur qui s&rsquo;en fait le t&eacute;moin (Girault et Molinatti, 2011). Cela am&egrave;ne aussi &agrave; se confronter &agrave; un public &eacute;loign&eacute; de la CSTI et face auquel les &eacute;tudiants ne sont pas habitu&eacute;s &agrave; agir. Ainsi, la posture est <i>de facto</i> diff&eacute;rente quand il s&rsquo;agit, deux mois plus tard, de r&eacute;aliser des animations scientifiques aupr&egrave;s d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves de troisi&egrave;me d&rsquo;un coll&egrave;ge.</span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Ce stage de terrain rappelle que la probl&eacute;matique du public est saillante dans les diff&eacute;rentes mises en pratique concr&egrave;tes de MCS. Il permet &agrave; nouveau de tisser des liens entre savoirs professionnels et savoirs acad&eacute;miques. L&rsquo;enqu&ecirc;te et sa publicisation sont en effet une opportunit&eacute; de se forger &laquo;&nbsp;une passion pour le public&nbsp;&raquo; et de travailler face &agrave; lui le &laquo;&nbsp;savoir de contact&nbsp;&raquo; (Le Marec, 2013). Commune au chercheur et au professionnel de la MCS / CSTI, cette exp&eacute;rience du contact est aussi l&rsquo;occasion de se frotter aux impr&eacute;vus, de devoir composer avec, d&rsquo;improviser des tactiques pour y faire face, etc. Bref, c&rsquo;est la possibilit&eacute; pour les &eacute;tudiants d&rsquo;acqu&eacute;rir une &laquo;&nbsp;r&eacute;flexivit&eacute;-r&eacute;flexe&nbsp;&raquo; comme autant d&rsquo;astuces qui ne peuvent s&rsquo;acqu&eacute;rir que sur et par le terrain (Bruneau et al. 2019). Syst&eacute;matiquement, apr&egrave;s chaque action de MCS r&eacute;alis&eacute;e, les &eacute;tudiants reviennent &agrave; chaud sur ce qui vient de se d&eacute;rouler avec les enseignants. Ces temps de d&eacute;briefing permettent aux &eacute;tudiants d&rsquo;exprimer leurs ressentis, leurs loup&eacute;s, leurs doutes, leurs r&eacute;ussites, etc. &Agrave; partir de leurs observations, les enseignants font ensuite des remarques sur la conduite des actions de MCS et le positionnement adopt&eacute; par les &eacute;tudiants par rapport aux objectifs d&eacute;finis en amont. Puis les &eacute;tudiants expliquent leur choix, et ainsi de suite, saisissant <i>in fine</i>&nbsp;&ndash; ou non&nbsp;&ndash; les potentiels manquements point&eacute;s par les enseignants. Ce dialogue r&eacute;flexif n&eacute;cessite que ces derniers &eacute;vitent les postures surplombantes, en incluant dans la discussion leur propre participation aux situations analys&eacute;es. Cela n&eacute;cessite aussi et surtout de d&eacute;voiler aux &eacute;tudiants leurs ficelles de terrain, leurs gaffes et les bidouillages entrepris lors de leurs propres enqu&ecirc;tes, enseignements et actions de MCS (Bourguigon et Maurice, 2019).</span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Ce stage de terrain permet donc de donner de l&rsquo;&eacute;paisseur au dialogue r&eacute;flexif, en proposant des situations concr&egrave;tes, plus proches de celles auxquelles les &eacute;tudiants seront confront&eacute;s en tant que professionnels que lors d&rsquo;un cours &agrave; l&rsquo;universit&eacute;, y compris sous la forme d&rsquo;un projet tuteur&eacute;. Ce d&eacute;tour permet aussi de montrer aux &eacute;tudiants que ces situations sont elles aussi v&eacute;cues par les enseignants-chercheurs, qu&rsquo;elles sont donc un processus professionnel normal dans lequel il faut apprendre &agrave; bricoler, de la m&ecirc;me mani&egrave;re qu&rsquo;il faut apprendre &agrave; jongler entre ces diff&eacute;rentes casquettes. Cette acquisition d&rsquo;une &laquo;&nbsp;r&eacute;flexivit&eacute;-r&eacute;flexe&nbsp;&raquo; rel&egrave;ve d&rsquo;un &laquo;&nbsp;apprentissage pratique, par la pratique et au cours de la pratique&nbsp;&raquo; caract&eacute;ris&eacute; par un va-et-vient dans une m&ecirc;me unit&eacute; de temps et de lieu qui est celle de l&rsquo;immersion en montagne, entre pratique de terrain, analyse de celle-ci et retour &agrave; la pratique (Bruneau et al. 2019). Il ne s&rsquo;agit pas seulement d&rsquo;am&eacute;liorer les techniques et les outils de MCS des &eacute;tudiants, mais d&rsquo;acqu&eacute;rir un regard sociologique leur permettant d&rsquo;ajuster leur attitude et leur discours au cours de futures situations de MCS / CSTI. C&rsquo;est le moment &eacute;galement o&ugrave; les enseignants font (re)surgir la th&eacute;orie (Chambru, 2021b), jusqu&rsquo;alors suspendue par et pour l&rsquo;enqu&ecirc;te afin d&rsquo;effectuer des mont&eacute;es en g&eacute;n&eacute;ralit&eacute; et de relier ces savoirs exp&eacute;rientiels aux autres savoirs acquis depuis le d&eacute;but de leur formation de master. Les controverses publiques sont en effet autant d&rsquo;espaces de &laquo;&nbsp;rencontres sciences-soci&eacute;t&eacute;&nbsp;&raquo; au sein desquels sont mis en discussion la cr&eacute;dibilit&eacute; de la &laquo;&nbsp;science&nbsp;&raquo;, son expertise, son statut social, ses fronti&egrave;res culturelles et ses paradigmes de communication (Chavot et Masseran, 2010).</span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Ce stage de terrain permet une autre articulation entre probl&eacute;matique de recherche et probl&eacute;matique professionnelle, &agrave; savoir comment la seconde a besoin de la premi&egrave;re pour penser son contenu. Par exemple, l&rsquo;enqu&ecirc;te en sciences sociales permet de montrer l&rsquo;importance des enjeux de confiance et d&rsquo;incommunication dans les controverses socio-environnementales au-del&agrave; des seuls cadrages m&eacute;diatiques et institutionnels (Chambru et Mounet, 2021). Les prendre en consid&eacute;ration lors de la conception de dispositifs de MCS / CSTI implique d&rsquo;&ecirc;tre attentif aux lieux et aux publics qui &eacute;prouvent ces controverses. Cela transforme &eacute;galement les finalit&eacute;s qui ne sont plus seulement d&rsquo;être le garant de la mise en débat de la controverse, mais aussi de donner du pouvoir d&rsquo;agir aux publics &agrave; partir des incertitudes intrins&egrave;ques de la relation vérité-confiance. En plus de valoriser le travail collectif, l&rsquo;exp&eacute;rimentation de cette d&eacute;marche permet de d&eacute;velopper les qualit&eacute;s relationnelles et descriptives des &eacute;tudiants (Denave, 2019). Plusieurs enseignements se d&eacute;gagent de cet itin&eacute;raire r&eacute;flexif et restituent les engagements qu&rsquo;implique la MCS&nbsp;: 1) situer ses propres valeurs et sa position dans la controverse&nbsp;; 2) adopter une posture distanci&eacute;e, r&eacute;flexive et sym&eacute;trique vis-&agrave;-vis des jeux d&rsquo;acteurs et d&rsquo;arguments&nbsp;; 3) ne pas reproduire<i> ipso facto </i>ses propres repr&eacute;sentations de la controverse pas plus que son cadrage institu&eacute;&nbsp;; 4) restituer la complexit&eacute; et le caract&egrave;re hybride de situations autour du probl&egrave;me&nbsp;; 5) souligner que ce probl&egrave;me ne peut se traiter uniquement par des r&eacute;ponses strictement techniques et d&eacute;territorialis&eacute;es&nbsp;; 6) constituer avec les publics des propositions de transformations sociales en prenant en compte leurs connaissances et leurs valeurs (Chambru, 2021a).</span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-titre2"><span style="font-size:14pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:#287db5"><span style="font-weight:bold">Conclusion</span></span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Dans cet article, l&rsquo;accent a &eacute;t&eacute; mis sur l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t et l&rsquo;efficacit&eacute; p&eacute;dagogique du stage de terrain, notamment l&rsquo;apport d&rsquo;un d&eacute;tour par la montagne et par l&rsquo;enqu&ecirc;te en sciences sociales pour former des &eacute;tudiants &agrave; la MCS par rapport au cadre ordinaire des cours &agrave; l&rsquo;universit&eacute;. L&rsquo;exp&eacute;rience du terrain permet en effet de mieux saisir les dimensions socio-scientifiques d&rsquo;une controverse et la complexit&eacute; des jeux d&rsquo;acteurs et d&rsquo;arguments qui la dynamisent. En confrontant les &eacute;tudiants &agrave; l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;, ce double d&eacute;tour permet de d&eacute;velopper leur fibre terrain pour les inviter &agrave; rompre avec les sens-communs, encore trop souvent r&eacute;pandus dans le champ professionnel de la MCS / CSTI. Il permet &eacute;galement de rappeler que la MCS n&rsquo;est pas qu&rsquo;une pratique professionnelle orient&eacute;e vers le partage des savoirs avec ses normes et ses savoir-faire &agrave; ma&icirc;triser&nbsp;: elle est aussi simultan&eacute;ment une pratique politique pr&eacute;sentant un objectif d&rsquo;&eacute;mancipation qui appelle &agrave; assumer une science publique inscrite dans une &eacute;thique de la responsabilit&eacute; (Dacheux, 2019). Le programme CROSCUS n&rsquo;est pour autant pas exempt de limites, au m&ecirc;me titre que tout dispositif p&eacute;dagogique de terrain envisag&eacute; comme autant d&rsquo;&eacute;preuves pour les enseignants et les &eacute;tudiants (Daveau et Leblon, 2022). </span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">La premi&egrave;re de ces limites est la dur&eacute;e trop courte de ce stage de terrain, qui ne permet de donner &agrave; voir qu&rsquo;une partie &laquo;&nbsp;superficielle&nbsp;&raquo; du potentiel de l&rsquo;enqu&ecirc;te de terrain en sciences sociales et am&egrave;ne les enseignants &agrave; faire des choix et &agrave; prioriser ce qu&rsquo;ils donnent &agrave; voir. L&rsquo;accent est port&eacute; sur la mise en situation et la dimension immersive de l&rsquo;enqu&ecirc;te qu&rsquo;il s&rsquo;agit de faire &eacute;prouver aux &eacute;tudiants pour les &laquo;&nbsp;s&eacute;duire&nbsp;&raquo;, plut&ocirc;t que sur la &laquo;&nbsp;rigueur scientifique&nbsp;&raquo; et la complexit&eacute; de la m&eacute;thode, reproduisant ainsi dans une certaine mesure ce qui s&rsquo;observe dans les mus&eacute;es de sciences (Bela&euml;n, 2005). La seconde limite est le risque inverse dans le rapport au terrain, c&rsquo;est-&agrave;-dire que ce dernier soit per&ccedil;u par les &eacute;tudiants comme un mythe de la neutralit&eacute; scientifique et de l&rsquo;objectivit&eacute; au sens o&ugrave; l&rsquo;investigation empirique permettrait de produire une connaissance &laquo;&nbsp;vraie&nbsp;&raquo; de la r&eacute;alit&eacute; telle qu&rsquo;elle est en elle-m&ecirc;me (Olivesi, 2005). La troisi&egrave;me limite de ce stage terrain est la difficult&eacute; de faire acqu&eacute;rir aux &eacute;tudiants, en un temps si court, une r&eacute;flexivit&eacute; accrue sur leurs pratiques de la MCS et les enseignements qu&rsquo;ils en ont gard&eacute; une fois cette immersion en montagne achev&eacute;e. Il ne permet en effet pas toujours d&rsquo;att&eacute;nuer le r&eacute;flexe d&rsquo;isoler la th&eacute;orie de la pratique.</span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-titre2"><span style="font-size:14pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:#287db5"><span style="font-weight:bold">Bibliographie</span></span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Babou, I. (2011). &laquo;&nbsp;Le déplacement&nbsp;: une dimension d&rsquo;analyse et une modalité pour comprendre les relations entre nature, science et société&nbsp;&raquo;, <i>Questions de communication</i>, 19, 215-234.</span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Babou, I. et Le Marec J. (2008). &laquo;&nbsp;Les pratiques de communication professionnelle dans les institutions scientifiques&nbsp;: processus d&#39;autonomisation&nbsp;&raquo;, <i>Revue d&#39;anthropologie des connaissances</i>, 2(1), 115-142.</span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Babou, I. et Le Marec J. (2015). &laquo;&nbsp;La dimension communicationnelle des controverses&nbsp;&raquo;, <i>Herm&egrave;s &ndash; Cognition, communication, politique,</i> 17-3, 111-121.</span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Bela&euml;n F. (2005). &laquo;&nbsp;L&#39;immersion dans les mus&eacute;es de science&nbsp;: m&eacute;diation ou s&eacute;duction ?&nbsp;&raquo;, <i>Culture &amp; Mus&eacute;es</i>, 5, 91-110.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Bourguignon A. et Maurice J. (2019). &laquo;&nbsp;Enseigner la sociologie hors les livres&nbsp;&raquo;, <i>Socio-logos, </i>14. DOI:&nbsp;10.4000/socio-logos.4974</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Bruneau I., Thin D. et Venel N. (2019). &laquo;&nbsp;Une autre p&eacute;dagogie de l&rsquo;enqu&ecirc;te qualitative&nbsp;&raquo;, <i>Socio-logos, </i>14. DOI: 10.4000/socio-logos.4320</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Cefa&iuml;, D. (2015). &laquo;&nbsp;Mondes sociaux. Enqu&ecirc;te sur un h&eacute;ritage de l&rsquo;&eacute;cologie humaine &agrave; Chicago&nbsp;&raquo;, <i>SociologieS, </i>2015. DOI: 10.4000/sociologies.4921</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Chambru, M. (2021a). &laquo;&nbsp;L&rsquo;alpage du Champet&nbsp;: arpenter la montagne pour repenser la médiation scientifique&nbsp;&raquo;, <i>Journal of Alpine Research | Revue de géographie alpine</i>, Lieux-dits. &nbsp;DOI: 10.4000/rga.8708</span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Chambru M. (dir.) (2021b). &laquo;&nbsp;Les controverses publiques autour des sciences : fronti&egrave;res, conflictualit&eacute;s et probl&egrave;mes publics&nbsp;&raquo;, <i>Les enjeux de l&rsquo;information et de la communication</i>, suppl&eacute;ment 2021-B. <a href="https://lesenjeux.univ-grenoble-alpes.fr/2021/supplement-b/introduction-du-supplement-2021b-les-controverses-publiques-autour-des-sciences-frontieres-conflictualites-et-problemes-publics/" style="color:navy; text-decoration:underline">https://lesenjeux.univ-grenoble-alpes.fr/2021/supplement-b/introduction-du-supplement-2021b-les-controverses-publiques-autour-des-sciences-frontieres-conflictualites-et-problemes-publics/</a> </span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Chambru, M, et De Oliveira, J.-P. (2021). &laquo;&nbsp;La recherche-action face au risque climatique en montagne&nbsp;&raquo;, <i>Questions de communication</i>, 40, 283-302.</span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Chambru M. et Mounet C. (2021). &laquo;&nbsp;La confiance dans les controverses socio-environnementales&nbsp;: enjeux et perspectives de l&rsquo;(in)communication autour des loups&nbsp;&raquo;,<i> Herm&egrave;s &ndash; Cognition, communication, politique</i>, 88,134-137.</span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Chambru M., Claeys C. et Lewis N. (dir.) (2022). &laquo;&nbsp;La mise en tourisme de la culture scientifique en montagne : d&eacute;fis et enjeux pour des territoires en transition&nbsp;&raquo;, <i>Journal of Alpine Research | Revue de g&eacute;ographie alpine</i>, 110-1.</span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Chambru, M., Grison, J.-B. et Lachello, R. (2023). &laquo;&nbsp;&lsquo;&rsquo;Sortir des sentiers battus&rsquo;&rsquo;&nbsp;: faire de la m&eacute;diation scientifique en montagne&nbsp;&raquo;, <i>La lettre de l&rsquo;OCIM</i>, 206, 74-83.</span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Chavot, P. et Masseran, A. (2010). &laquo;&nbsp;Engagement et citoyennet&eacute; scientifique : quels enjeux avec quels dispositifs ?&nbsp;&raquo;, <i>Questions de communication</i>, 10, 81-106.</span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Dacheux, E. (2019). &laquo;&nbsp;L&rsquo;émancipation, enjeu commun à la communication scientifique et à la communication politique&nbsp;&raquo;, <i>Hermès &ndash; Cognition, communication, politique</i>, 85(3), 123-131.</span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Davault, C. et Leblon, A. (2022). &laquo;&nbsp;Transmettre l&rsquo;enqu&ecirc;te de terrain par l&rsquo;&eacute;preuve&nbsp;&raquo;, <i>&Eacute;mulations - Revue de sciences sociales</i>, 39-40, 7-30.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Denave S. (2019). &laquo;&nbsp;Former les &eacute;tudiants aux sciences sociales par la mise en &oelig;uvre d&#39;enqu&ecirc;tes empiriques&nbsp;&raquo;, <i>Socio-logos,</i> 14. DOI: 10.4000/socio-logos.4378</span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Girault, Y. et Molinatti G. (2011). &laquo;&nbsp;Comment les mus&eacute;es et centres de sciences s&#39;exposent aux controverses socioscientifiques&nbsp;&raquo;, <i>Herm&egrave;s &ndash; Cognition, communication, politique</i>, vol. 61-3, 159-166.</span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Hert, P. (2005). &laquo;&nbsp;Le terrain irréductible&nbsp;&raquo;, <i>Questions de communication</i>, 8, 121-134. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Laügt, O. (1998). &laquo;&nbsp;Former à la communication de la science&nbsp;: enjeux et pratiques en Europe&nbsp;&raquo;, <i>Communication et organisation</i>, 14. DOI: 10.4000/communicationorganisation.2091</span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Las Vergnas, O. (2011). &laquo;&nbsp;L&#39;institutionnalisation de la &lsquo;culture scientifique et technique&rsquo;&raquo;, un fait social fran&ccedil;ais (1970 &ndash; 2010)&nbsp;&raquo;, Savoirs, 27, 9-60.</span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Le Marec, J. (2002). &laquo;&nbsp;Situations de communications dans la pratique de recherche : du terrain aux composites&nbsp;&raquo;, <i>Études de communication</i>, 25, 15-40.</span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Le Marec, J. (2013). &laquo;&nbsp;Le public, le tact et les savoirs de contact&nbsp;&raquo;, <i>Communication &amp; langages</i>, 175-1, 3-25.</span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">M&eacute;adel, C. (2015). &laquo;&nbsp;Les controverses comme apprentissage&nbsp;&raquo;, Hermès &ndash;<i> Cognition, communication, politique</i>, 73-3, 45-50.</span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Messu, M. (2016). &laquo;&nbsp;Le &lsquo;&rsquo;terrain&rsquo;&rsquo;, mais pour quoi faire&nbsp;?&nbsp;&raquo;, <i>Cahiers de recherche sociologique</i>, 61, 91-108.</span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Olivesi, S. (2005). &laquo;&nbsp;Le terrain&nbsp;: une mythologie scientifique&nbsp;?&nbsp;&raquo;, <i>Questions de communication</i>, 7, 161-184.</span></span></span></p> <p class="Pratiquescom-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Pailliart, I. (dir.) (2005). <i>La publicisation de la science&nbsp;: exposer, communiquer, d&eacute;battre, publier, vulgariser</i>. Presses universitaires de Grenoble.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Urgelli B. and Godin C. (2022). &laquo;&nbsp;D&eacute;velopper la r&eacute;flexivit&eacute; critique en cartographiant une controverse&nbsp;?&nbsp;&raquo;, <i>Questions Vives</i>, 37. DOI: 10.4000/questionsvives.6926</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Woollven M. (2019). &laquo;&nbsp;Enseigner la sociologie dans des formations professionnelles universitaires&nbsp;&raquo;, <i>Socio-logos, </i>14. DOI: 10.4000/socio-logos.4448</span></span></span></p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-17pt; margin-left:23px"><span style="font-size:10pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span class="FootnoteCharacters" style="vertical-align:super"><span class="FootnoteCharacters" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">[1]</span></span></span></span></span></a><span class="FootnoteCharacters" style="vertical-align:super"> Les m&eacute;tiers de la m&eacute;diation scientifique et de la culture scientifique (mus&eacute;es de sciences, mus&eacute;es de techniques, centres de culture scientifique, r&eacute;seaux associatifs) et les m&eacute;tiers de la communication sp&eacute;cialis&eacute;e dans le domaine scientifique (institutions scientifiques, laboratoires de recherches, services de recherche et d&eacute;veloppement, p&ocirc;les de comp&eacute;titivit&eacute; et technop&ocirc;les).</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-17pt; margin-left:23px"><span style="font-size:10pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">[2]</span></span></span></a> <a href="https://croscus.hypotheses.org/" style="color:navy; text-decoration:underline">https://croscus.hypotheses.org</a></span></span></span></p> </div> <div id="ftn3"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-17pt; margin-left:23px"><span style="font-size:10pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">[3]</span></span></span></a> Par exemple, la cohabitation entre la pr&eacute;sence du loup et le pastoralisme en montagne, la cr&eacute;ation d&rsquo;une nouvelle liaison ferroviaire franco-italienne, le projet de cr&eacute;ation d&rsquo;une Zone sp&eacute;ciale de carri&egrave;re afin d&rsquo;extraire du gypse, etc.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn4"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-17pt; margin-left:23px"><span style="font-size:10pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">[4]</span></span></span></a><a href="https://www.twitch.tv/chercheurdemontagne" style="color:navy; text-decoration:underline"> https://www.twitch.tv/chercheurdemontagne</a> </span></span></span></p> </div> </div>