<p align="right">&quot; On a trop transmis la litt&eacute;rature sans vraiment l&rsquo;effectuer &quot;</p> <p align="right">(Florent Coste, <em>Explore</em>)</p> <h1>La place de la litt&eacute;rature en IUT : plut&ocirc;t que l&rsquo;herm&eacute;neutique, les usages</h1> <p>Savoir r&eacute;diger un CV, une lettre de motivation, un rapport, une notice d&rsquo;utilisation, un cahier des charges. &Ecirc;tre capable d&rsquo;adapter sa communication aux situations, d&rsquo;animer une r&eacute;union, d&rsquo;en produire un compte-rendu, d&rsquo;envisager la communication de groupe. Les comp&eacute;tences d&eacute;crites par le Programme National du BUT, en particulier dans les secteurs secondaires comme le GEII (G&eacute;nie &Eacute;lectrique et Informatique Industrielle), sont massivement orient&eacute;es vers les &eacute;crits pr&eacute;professionnels, professionnels et techniques, et les pratiques orales attenantes. L&rsquo;enseignement comporte &eacute;galement un volet d&rsquo;&eacute;ducation aux m&eacute;dias, de formation &agrave; la recherche documentaire, et de d&eacute;veloppement de l&rsquo;esprit critique et de la culture num&eacute;rique qui confirment son adossement global aux Sciences de l&rsquo;Information et de la Communication (Alv&egrave;s et Simon, 2020). &Agrave; premi&egrave;re vue, peu de rapports y sont imm&eacute;diatement rep&eacute;rables avec une recherche en Litt&eacute;rature et Arts.</p> <p>Non que la litt&eacute;rature soit totalement absente de ces cursus : les &quot; comp&eacute;tences culturelles &quot; sont inscrites au programme, l&rsquo;enseignement &quot; Expression-Communication &quot; a d&rsquo;ailleurs &eacute;t&eacute; rebaptis&eacute; dans certains d&eacute;partements &quot; Culture-Communication &quot;, pour le souligner. Or la litt&eacute;rature comme les arts, plastiques par exemple, font bien partie de ce que l&rsquo;on a coutume de d&eacute;signer sous le vocable &quot; culture g&eacute;n&eacute;rale &quot; et artistique. Cependant, tr&egrave;s souvent, la litt&eacute;rature et les arts sont convoqu&eacute;s de biais,moins comme objets d&rsquo;&eacute;tude et d&rsquo;attention en eux-m&ecirc;mes, ou d&rsquo;analyse, que comme moyens pour &quot; d&eacute;velopper les comp&eacute;tences communicationnelles &quot; (Hougue et Plouchard, 2019, p. 11) des &eacute;tudiant&middot;e&middot;s. Un exemple type en serait l&rsquo;encouragement &agrave; la pratique, par les ateliers d&rsquo;&eacute;criture, d&eacute;velopp&eacute;s &eacute;galement dans les fili&egrave;res les plus techniques : l&rsquo;atelier d&rsquo;&eacute;criture cr&eacute;ative, en ce qu&rsquo;il inclut un temps de r&eacute;&eacute;criture, favorise ainsi &quot; la mise au jour et le d&eacute;veloppement de savoir-faire linguistiques et pragmatiques &quot; (Lafont-Terranova, 2018, p. 13). Dans des fili&egrave;res non litt&eacute;raires, l&rsquo;atelier, en ouvrant un espace alternatif &quot; de parole, de lecture et d&rsquo;&eacute;criture bienveillant &quot;, facilite &quot;[l&rsquo;] engagement [des &eacute;tudiant&middot;e&middot;s] dans la production de textes r&eacute;ussis et aboutis &quot;, tout en visant l&rsquo;acquisition de comp&eacute;tences scripturales et linguistiques transf&eacute;rables : &quot; La vis&eacute;e &agrave; terme est celle d&rsquo;un transfert dans les pratiques d&rsquo;&eacute;criture caract&eacute;ristiques de la fili&egrave;re, en termes de r&eacute;assurance, d&rsquo;investissement et de prise en main, par les &eacute;tudiants, de leur exp&eacute;rience scripturale universitaire et (pr&eacute;)professionnelle &quot; (Lafont-Terranova, 2018, p. 13). L&rsquo;atelier d&rsquo;&eacute;criture convoque des corpus litt&eacute;raires tr&egrave;s divers, et appr&eacute;hende les textes sous l&rsquo;angle du faire, comme autant, sinon de mod&egrave;les, de vecteurs de propositions d&rsquo;&eacute;criture ou de contraintes. Un deuxi&egrave;me exemple type d&rsquo;utilisation de corpus litt&eacute;raires et artistiques est celui de l&rsquo;exemplier pour le travail sur les th&eacute;ories de la communication. La litt&eacute;rature, le th&eacute;&acirc;tre et le cin&eacute;ma regorgent de situations analysables au prisme d&rsquo;une probl&eacute;matique communicationnelle : convoquer les sayn&egrave;tes de Jean Tardieu (1987) (&quot; Finissez vos phrases ! &quot;, &quot; Un mot pour un autre &quot;, etc.) pour expliciter l&rsquo;importance du contexte ou du non-verbal dans la communication interpersonnelle, analyser <em>Douze hommes en col&egrave;re</em> (1957) de Sidney Lumet pour aborder les processus de prise de d&eacute;cision dans le groupe lors d&rsquo;une r&eacute;union de type d&eacute;cisionnel, travailler sur la r&eacute;daction d&rsquo;un &eacute;crit technique comme le mode d&rsquo;emploi &agrave; partir des <em>Objets introuvables</em> de Jacques Carelman (1969), sont des pratiques du cours de Communication en IUT.</p> <p>La litt&eacute;rature et les arts sont donc bien pr&eacute;sents dans les cursus techniques. La litt&eacute;rature y figure comme support pour le travail de l&rsquo;&eacute;criture et de la rh&eacute;torique, ou s&rsquo;envisage selon des angles communicationnels. Mais que nous enseignent ces utilisations des objets culturels convoqu&eacute;s ? &Agrave; quel travail interpr&eacute;tatif se livre-t-on lorsque l&rsquo;on convoque telle &oelig;uvre dans le cadre d&rsquo;un apprentissage pratique ? Il ne s&rsquo;agit pas, dans ce contexte, de proposer une analyse (filmique, litt&eacute;raire, po&eacute;tique, plastique) de l&rsquo;&oelig;uvre selon les standards acad&eacute;miques (dont le commentaire de texte litt&eacute;raire en classe de premi&egrave;re serait pour la plupart des &eacute;tudiant&middot;e&middot;s le dernier avatar), mais bien de les envisager selon des prismes autres. Or, ce cadre de r&eacute;ception ouvre des m&eacute;thodes d&rsquo;approches qu&rsquo;il convient de prendre en consid&eacute;ration : au-del&agrave; d&rsquo;une approche esth&eacute;tique, de tels objets demandent &agrave; &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;s dans leur agentivit&eacute;. Si &quot; la litt&eacute;rature n&#39;est pas un monde &agrave; part, s&eacute;par&eacute; ontologiquement de ce qui n&#39;en serait pas &quot; (Reymond 2019, &sect;1), et qu&rsquo;il n&rsquo;y a plus de sens &quot; &agrave; vouloir appr&eacute;hender les &oelig;uvres comme de simples objets, au moyen de cat&eacute;gories faussement descriptives qui en d&eacute;gageraient les propri&eacute;t&eacute;s essentielles, puisque ces propri&eacute;t&eacute;s ou aspects [&hellip;.] varient selon le contexte avec lequel ces &oelig;uvres entrent en interaction &quot; (Murzilli, 2018, p. 19), peut-on envisager une situation d&rsquo;enseignement de Culture-Communication comme un lieu d&rsquo;activation d&rsquo;&oelig;uvres &agrave; l&rsquo; &quot; agentivit&eacute; &quot; processuelle (Murzilli, 2018) ? N&rsquo;est-ce pas, pr&eacute;cis&eacute;ment, dans ces contextes m&ecirc;mes, davantage que dans ceux que l&rsquo;on identifie comme &quot; litt&eacute;raires &quot; ou &quot; artistiques &quot;, que cette agentivit&eacute; trouve &agrave; se manifester ?</p> <p>Chercheuse en litt&eacute;rature et arts, j&rsquo;entends ici m&rsquo;interroger sur les liens entretenus par ces usages p&eacute;dagogiques courants avec une pratique de recherche en litt&eacute;rature selon une perspective peut-&ecirc;tre peu cavali&egrave;re, qui n&rsquo;est pas n&eacute;cessairement celle la <em>transposition</em> didactique, mais celle de l&rsquo;aller-retour. Il me semble en effet que ces usages, comme d&rsquo;autres, dont nous allons pr&eacute;ciser les modalit&eacute;s, peuvent &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;s comme les cons&eacute;quences de, mais aussi engager une posture de recherche vis-&agrave;-vis des &oelig;uvres et de la th&eacute;orie litt&eacute;raire.</p> <h1>La litt&eacute;rature dans sa dimension extensive</h1> <p>Les &eacute;volutions r&eacute;centes de la recherche en litt&eacute;rature, en particulier sur son versant le plus contemporain, sont marqu&eacute;es par une double extension.</p> <p>La premi&egrave;re est celle du &quot; domaine de la litt&eacute;rature<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title="">[1]</a> &quot;, et a trait aux corpus. Elle se traduit par une attention accrue pour les litt&eacute;ratures hors du livre, qui se d&eacute;ploient en particulier depuis les ann&eacute;es 1950 dans des formes comme la po&eacute;sie sonore, les performances litt&eacute;raires, la &quot; litt&eacute;rature contextuelle &quot; (Ruffel, 2010, p. 61), la vid&eacute;opo&eacute;sie, les litt&eacute;ratures num&eacute;riques<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title="">[2]</a>. &Agrave; l&rsquo;issue d&rsquo;un doctorat portant sur les &quot; Po&eacute;sies readymade aux XX <sup>e</sup> et XXI <sup>e</sup> si&egrave;cles &quot;, &oelig;uvres fond&eacute;es sur le pr&eacute;l&egrave;vement et le d&eacute;placement d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments identifi&eacute;s comme non litt&eacute;raires, documents, discours ordinaires, publicitaires, etc., mes recherches se sont orient&eacute;es vers les po&eacute;sies exp&eacute;rimentales, dans et hors du livre, ainsi que sur la performance<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title="">[3]</a>. Convoquant l&rsquo;esth&eacute;tique analytique, la pragmatique, les th&eacute;ories de la lecture et de la r&eacute;ception, les th&eacute;ories des m&eacute;dias, j&rsquo;ai tent&eacute; d&rsquo;esquisser des pistes pour approcher des objets provoquant une certaine &quot; stupeur critique &quot; (Hanna, 2010, p. 10), en ce qu&rsquo;ils op&eacute;raient des d&eacute;placements et mises en question de paradigmes d&eacute;finitionnels de l&rsquo;art et de la litt&eacute;rature (Th&eacute;val, 2018). Po&eacute;sies &quot; exp&eacute;rimentales &quot;, ces pratiques s&rsquo;exemplifient &quot; dans les notions d&rsquo;agencement, de dispositif, ou encore d&rsquo;hybridation avec d&rsquo;autres formes d&rsquo;expression, artistiques ou non &quot;. Parfois d&eacute;sign&eacute;es comme &quot; postpo&eacute;sies &quot; (Gleize, 2009, p. 59), ces objets, utilisant souvent le montage, le readymade, excluent la dimension expressive et n&rsquo;ob&eacute;issent pas n&eacute;cessairement &agrave; une intention esth&eacute;tique. Fortement r&eacute;flexives, m&eacute;tadiscursives, elle &quot; explicitent [&hellip;] donnent &agrave; voir la fa&ccedil;on dont nos repr&eacute;sentations conditionnent notre perception et nos discours &quot; (Gleize, 2015, p. 42).</p> <p>Quelle peut &ecirc;tre la premi&egrave;re cons&eacute;quence applicative de cet &eacute;largissement ? Envisag&eacute;s comme matrices dans le cadre d&rsquo;ateliers, de tels objets n&rsquo;ont pas seulement pour but de renforcer les comp&eacute;tences linguistiques et scripturales. Travaillant les &eacute;nonc&eacute;s m&ecirc;mes produits dans des situations de communication m&eacute;diatiques et professionnelles, ils remettent en branle, par le d&eacute;placement du readymade, ou encore par les t&eacute;lescopages du montage, l&rsquo;ensemble des processus discursifs qui font l&rsquo;objet m&ecirc;me de l&rsquo;apprentissage pr&eacute;conis&eacute; en Culture-Communication. Ainsi, un atelier d&rsquo;&eacute;criture autour de la pr&eacute;sentation de soi en ayant &agrave; l&rsquo;horizon le &quot; pitch en deux minutes &quot; de l&rsquo;entretien d&rsquo;embauche, peut commencer par interroger le sens de cette pratique elle-m&ecirc;me : que veut dire &quot; se pr&eacute;senter &quot; ? L&rsquo;&eacute;coute du po&egrave;me sonore &quot; Qui je suis&hellip; En une minute<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" title="">[4]</a>&quot; (1967), de Bernard Heidsieck, simple lecture des informations contenues sur nos documents d&rsquo;identification administrative, permis de conduite, carte d&rsquo;identit&eacute;, carte de s&eacute;curit&eacute; sociale, compl&eacute;t&eacute;e par la lecture de quelques-uns des <em>Autoportraits</em> (2003) d&rsquo;Anne-James Chaton, compos&eacute;s exclusivement de la transcription exhaustive des &eacute;crits que le po&egrave;te porte sur lui ou croise dans sa journ&eacute;e, am&egrave;ne &agrave; consid&eacute;rer sous plusieurs angles ce que l&rsquo;on entend par &quot; se pr&eacute;senter &quot;, &agrave; aborder la question des identit&eacute;s et des attendus &eacute;minemment cod&eacute;s de l&rsquo;autoportrait professionnel. L&rsquo;exercice, simple, demand&eacute; aux &eacute;tudiant&middot;e&middot;s, de proc&eacute;der &agrave; leur tour au d&eacute;ballage des imprim&eacute;s qu&rsquo;ils portent sur eux, puis de les transcrire, r&eacute;it&egrave;re la surprise, et la prise de conscience, de ce que ces documents, qui pourtant ne sont pas &eacute;crits par le sujet de l&rsquo;autoportrait, disent de lui. Si les capacit&eacute;s proprement rh&eacute;toriques et expressives ne sont pas mobilis&eacute;es, il s&rsquo;agit, dans ces exercices d&rsquo;&quot; <em>uncreative writing</em> &quot; th&eacute;oris&eacute;s et mis en &oelig;uvre par Kenneth Goldsmith (2018), de pratiquer, et de pointer &quot; les op&eacute;rations d&rsquo;&eacute;criture qui ne disent pas leur nom &quot; (leibovici, 2020). Par le readymade, la pratique po&eacute;tique fonctionne ici comme un &quot;focalisateur d&rsquo;attention &quot;, capturant des &eacute;critures qu&rsquo;on ne lit pas, les r&eacute;-exposant, les soumettant &agrave; une lecture attentive, intense, &agrave; la recherche de significations, par le d&eacute;placement op&eacute;r&eacute;. Comme activit&eacute; modeste, d&eacute;sacralis&eacute;e, elle autorise une &quot; m&eacute;ta-&eacute;criture critique des fa&ccedil;ons dont existent nos &eacute;critures ordinaires &quot; (Hanna, 2020, p. XII).</p> <p>Cette premi&egrave;re extension en appelle ainsi n&eacute;cessairement une seconde, li&eacute;e &agrave; la mani&egrave;re d&rsquo;appr&eacute;hender ces objets. Mich&egrave;le Monte (2012) a montr&eacute; comment l&rsquo;apparition des ateliers d&rsquo;&eacute;criture, dans les ann&eacute;es 1970, s&rsquo;est ent&eacute;e sur le renouvellement des th&eacute;ories litt&eacute;raires et linguistiques dans les ann&eacute;es 1955-1970, en particulier autour du structuralisme et des th&eacute;ories de l&rsquo;intertextualit&eacute;, ainsi que sur la diffusion de pratiques oulipiennes. Primat du signifiant, contraintes formelles et travail collectif &quot; contre le g&eacute;nie singulier &quot;, imitation et &quot; pillage intertextuel &quot;, ont ainsi rendu possible le d&eacute;veloppement d&rsquo;ateliers o&ugrave; l&rsquo;&eacute;criture se vit comme pratique :</p> <blockquote> <p>Le remplacement de &quot; l&rsquo;inspiration &quot; par le travail, l&rsquo;attention &agrave; la mat&eacute;rialit&eacute; du texte et aux potentialit&eacute;s du signifiant, la mise en place de proc&eacute;dures permettant d&rsquo;engendrer l&rsquo;&eacute;criture &agrave; partir de contraintes mat&eacute;rielles, le rejet de la conception repr&eacute;sentative du sens et l&rsquo;appui sur le collectif sont, &agrave; des degr&eacute;s divers, largement partag&eacute;s et restent, me semble-t-il, d&eacute;terminants dans les pratiques actuelles, m&ecirc;me si l&rsquo;&eacute;volution id&eacute;ologique a parfois &eacute;mouss&eacute; leur potentiel r&eacute;volutionnaire. (Monte, 2012, p. 211)</p> </blockquote> <p>De la m&ecirc;me mani&egrave;re, il me semble que les renouvellements th&eacute;oriques actuels du champ litt&eacute;raire peuvent amener &agrave; faire &eacute;voluer les approches et les pratiques, &eacute;galement au-del&agrave; des ateliers stricto sensu. La critique litt&eacute;raire contemporaine tente en effet, rappelle Alexandre Gefen, &quot; de r&eacute;soudre l&rsquo;&eacute;cart entre les conceptions st&eacute;r&eacute;otypiques de la litt&eacute;rature enseign&eacute;es traditionnellement et les formes &eacute;tendues propos&eacute;es par le champ contemporain &quot; (2021, p. 179). Plusieurs approches s&rsquo;appliquent en particulier &agrave; &quot; rattacher la litt&eacute;rature aux autres formes m&eacute;diatiques &quot; (Gefen, 2021, p. 180), cessant par-l&agrave; de consid&eacute;rer la litt&eacute;rature comme un domaine esth&eacute;tique s&eacute;par&eacute;. Il s&rsquo;agit d&egrave;s lors de tirer les cons&eacute;quences &quot; sur notre th&eacute;orie de l&rsquo;&oelig;uvre et de l&rsquo;auteur de la dimension interactive et communicationnelle de ces formes interactionnelles &quot;. Cela implique de &quot; renoncer &agrave; opposer m&eacute;dia, normes techniques et contenus, intention et expression, identit&eacute; singuli&egrave;re et m&eacute;diation collective &quot;. Plus encore, ce sont les paradigmes d&eacute;finitionnels de la litt&eacute;rature qui se voient repens&eacute;s :</p> <blockquote> <p>C&rsquo;est alors renverser certains traits d&eacute;finitoires traditionnels de la litt&eacute;rature (comme acte de cr&eacute;ation individuel d&eacute;tach&eacute; et indiff&eacute;rent &agrave; son support et intentionnellement destin&eacute; &agrave; &ecirc;tre lu et publi&eacute; de mani&egrave;re universelle) [&hellip;] au profit d&rsquo;une vision qui fait de l&rsquo;&oelig;uvre un dispositif s&eacute;miotique original, un artefact dirait Roger Pouivet, profond&eacute;ment inscrite dans un contexte historique, d&eacute;pendante d&rsquo;un croisement d&rsquo;intentions parfois impr&eacute;visibles et en n&eacute;gociation constante avec les supports. (Gefen, 2021, p. 180)</p> </blockquote> <p>Cette &eacute;volution de notre &quot; id&eacute;e de la litt&eacute;rature &quot; pointe d&egrave;s lors les limites des outils traditionnels de la th&eacute;orie litt&eacute;raire. Surtout, la prise en compte de ces pratiques fait vaciller l&rsquo;id&eacute;e de cl&ocirc;ture esth&eacute;tique et l&rsquo;assimilation propre au &quot; r&eacute;gime esth&eacute;tique des arts &quot; (Ranci&egrave;re, 2011) de la po&eacute;sie &agrave; un langage non-utilitaire et non communicationnel. Consid&eacute;rer la litt&eacute;rature comme pratique ordinaire, d&eacute;dramatiser sa sp&eacute;cificit&eacute;, c&rsquo;est alors, aussi, s&rsquo;autoriser &agrave; la consid&eacute;rer dans ses usages.</p> <h1>Quatre propositions</h1> <p>En IUT, le d&eacute;partement du GEII (G&eacute;nie &Eacute;lectrique et Informatique Industrielle) consacre certaines parties de son enseignement &agrave; la programmation et au d&eacute;veloppement de capteurs, notamment, destin&eacute;s &agrave; prendre place sur diverses machines, dont les v&eacute;hicules autonomes. Aussi, il est courant d&rsquo;y voir organis&eacute;s des &quot; Challenges robot &quot;, sous la forme de SA&Eacute; (Situations d&rsquo;Apprentissage et d&rsquo;&Eacute;valuation). C&rsquo;est en lien avec ces champs technologiques que se mettent en place plusieurs propositions. La premi&egrave;re, &quot; Imaginaire des IA et de l&rsquo;autonomie robotique &quot;, propose aux &eacute;tudiant&middot;e&middot;s de lire et de visionner un ensemble d&rsquo;&oelig;uvres fictionnelles, litt&eacute;raires, artistiques, cin&eacute;matographiques, audiovisuelles (s&eacute;rie) et graphiques (bandes dessin&eacute;es et romans graphiques), mettant en sc&egrave;ne l&rsquo;autonomie robotique et/ou les IA. Si l&rsquo;&eacute;criture demand&eacute;e se limite au compte rendu de lecture ou de visionnage, il s&rsquo;agit l&agrave; d&eacute;j&agrave; de convoquer la fiction comme moyen, de r&eacute;flexion sur une &eacute;volution technique et soci&eacute;tale majeure. C&rsquo;est, pr&eacute;cis&eacute;ment, &agrave; l&rsquo;&eacute;laboration d&rsquo;une Histoire culturelle de l&rsquo;Intelligence Artificielle que s&rsquo;attelle d&rsquo;ailleurs le programme ANR interdisciplinaire &quot; CulturIA <a href="#_ftn5" name="_ftnref5" title="">[5]</a> &quot;, s&rsquo;appuyant sur la n&eacute;cessit&eacute; de comprendre l&rsquo;IA &quot; non seulement comme un ensemble d&rsquo;algorithmes, mais aussi comme une &quot;technoculture&quot; &quot;, qui fait se rejoindre pratiques scientifiques et repr&eacute;sentations sensibles et fictionnelles.</p> <p>La seconde proposition prend la forme d&rsquo;un atelier d&rsquo;&eacute;criture intitul&eacute; &quot; &Eacute;crire avec, dans, contre les IA &quot;, et propose deux activit&eacute;s, &agrave; partir du site &quot; Moral machine &quot; d&rsquo;une part, de la production d&rsquo;un &quot; bot d&rsquo;&eacute;criture &quot; sur Twitter d&rsquo;autre part. Le site &quot; Moral machine <a href="#_ftn6" name="_ftnref6" title="">[6]</a> &quot; a &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute; par le MIT dans le but de compiler par sondage un maximum de d&eacute;cisions humaines. Extension du &quot; dilemme du tramway &quot;, il entend mettre l&rsquo;utilisateur dans la situation d&rsquo;une voiture enti&egrave;rement autonome d&eacute;faillante, qui n&rsquo;aurait pour choix que de foncer sur un groupe plus ou moins important d&rsquo;&ecirc;tres vivants (personnes et animaux), ou de sacrifier ses passagers (personnes ou animaux). L&rsquo;objectif affich&eacute; est de tester la mani&egrave;re dont une intelligence humaine op&eacute;rerait un choix, de fa&ccedil;on &agrave; &quot; construire une image de l&rsquo;opinion humaine sur la fa&ccedil;on dont les machines doivent prendre ces d&eacute;cisions lorsqu&rsquo;elles sont confront&eacute;es &agrave; des dilemmes moraux <a href="#_ftn7" name="_ftnref7" title="">[7]</a> &quot;. Chaque situation est illustr&eacute;e par deux sch&eacute;mas pr&eacute;sentant les cons&eacute;quences de l&rsquo;un ou de l&rsquo;autre choix, accompagn&eacute;s d&rsquo;une courte description objective qui pr&eacute;cise certaines caract&eacute;ristiques (&acirc;ge, genre, situation sociale, etc.) des acteurs de la situation. Le travail d&rsquo;&eacute;criture men&eacute; se fonde sur ces descriptions objectives : il est demand&eacute; aux &eacute;tudiant&middot;e&middot;s de choisir une situation, puis de reprendre l&rsquo;une de ces descriptions en y ajoutant ce qu&rsquo;il convient pour faire des phrases compl&egrave;tes et logiquement articul&eacute;es. Le texte sera ensuite r&eacute;&eacute;crit cinq fois : &agrave; partir d&rsquo;une bascule &eacute;nonciative &agrave; la premi&egrave;re personne (&quot; Je suis la voiture autonome &quot;), des variations sur le mod&egrave;le des <em>Exercices de style</em> de Queneau (grand &quot; classique &quot; des ateliers d&rsquo;&eacute;criture) sont effectu&eacute;es, portant essentiellement sur le choix des registres (familier, soutenu, technique&hellip;). Les r&eacute;sultats sont publi&eacute;s sur un blog consacr&eacute;.</p> <p>Une deuxi&egrave;me activit&eacute; d&rsquo;&eacute;criture repose &eacute;galement sur un texte pr&eacute;existant. Il s&rsquo;agit de cr&eacute;er et de programmer un &quot; bot &quot; d&rsquo;&eacute;criture qui r&eacute;&eacute;crit automatiquement, sous forme de &quot; tweets &quot; post&eacute;s &agrave; intervalles r&eacute;guliers sur Twitter, la premi&egrave;re des trois lois de la robotique imagin&eacute;es par Isaac Asimov, &agrave; partir de mots recherch&eacute;s dans la nouvelle qui en contient la premi&egrave;re formulation historique (&quot; Cercle vicieux &quot;, 1942). L&rsquo;&eacute;criture repose ici sur plusieurs op&eacute;rations, de relev&eacute;, de combinaison (&eacute;tablir des listes de mots, nom, adjectif, adverbe, grammaticalement compatibles), de saisie (&eacute;tablissement d&rsquo;une liste collective des mots rep&eacute;r&eacute;s), de programmation (g&eacute;n&eacute;ration d&rsquo;un programme Javascript), et enfin de publication (automatique, sur Twitter). La r&eacute;alisation du &quot; bot &quot; d&rsquo;&eacute;criture, ne rel&egrave;ve <em>a priori</em> pas de ce que l&rsquo;on entend par &quot; &eacute;criture litt&eacute;raire &quot;. Elle se fonde pourtant sur une tradition d&eacute;j&agrave; ancienne de montage et de g&eacute;n&eacute;ration combinatoire de textes (pratiqu&eacute;e en litt&eacute;rature num&eacute;rique depuis la toute premi&egrave;re <em>Machine &agrave; &eacute;crire : mise en marche et programm&eacute;e par Jean A. Baudot</em> en 1964, et dans les ann&eacute;es 1980 par Jean-Pierre Balpe<a href="#_ftn8" name="_ftnref8" title="">[8]</a> par exemple, ou encore la branche informatique de l&rsquo;OULIPO, l&rsquo;ALAMO<a href="#_ftn9" name="_ftnref9" title="">[9]</a>), et entreprend l&rsquo;&eacute;criture comme ensemble d&rsquo;op&eacute;rations, de manipulations. Recopier, d&eacute;couper-coller, compiler, transcrire : ces pratiques d&rsquo; &quot; <em>uncreative writing</em> &quot; (Goldsmith, 2018) se d&eacute;font d&rsquo;une conception de l&rsquo;&eacute;criture envisag&eacute;e comme &quot; la production d&rsquo;&eacute;nonc&eacute;s originaux par un sujet singulier &quot; pour la consid&eacute;rer comme &quot; un ensemble d&rsquo;activit&eacute;s incluant la production de documents, leur mise en circulation et leur efficace performative lorsqu&rsquo;ils agissent en situation &quot; (Hanna, 2010, p. 10). Les r&eacute;sultats obtenus par le hasard de la combinatoire apparentent les nouvelles &quot; lois &quot; ainsi cr&eacute;&eacute;es &agrave; des aphorismes parfois drolatiques, parfois d&eacute;pourvus de sens, d&rsquo;autres fois porteurs de fulgurances surr&eacute;alistes. Cet exercice de cr&eacute;ation d&rsquo;un &quot; bot litt&eacute;raire &quot; est propos&eacute; par certains enseignants de fran&ccedil;ais, au coll&egrave;ge par exemple, et ses vertus p&eacute;dagogiques soulign&eacute;es, tant au niveau de l&rsquo;apprentissage de la langue (il faut rep&eacute;rer les mots en fonction de leur nature, choisir les bons accords) que de celui de l&rsquo;&eacute;tude de telle ou telle &oelig;uvre (rep&eacute;rer une structure r&eacute;currente dans les <em>Fables</em> de la Fontaine, comprendre la versification). Dans le cadre qui est le n&ocirc;tre, il s&rsquo;agit &eacute;galement de pointer des op&eacute;rations d&rsquo;&eacute;criture appareill&eacute;es, de signaler l&rsquo;importance du <em>medium</em> dans tout acte d&rsquo;&eacute;criture, et d&rsquo;interroger des technologies par la pratique artistique.</p> <p>C&rsquo;est dans un domaine <em>a priori</em>moins ouvert &agrave; l&rsquo;atelier d&rsquo;&eacute;criture que se situe la troisi&egrave;me proposition : celui des &eacute;crits pr&eacute;-professionnels et professionnels, en particulier la lettre de motivation. Ce type d&rsquo;&eacute;crit rel&egrave;ve par excellence d&rsquo;une recherche d&rsquo;efficacit&eacute;, puisqu&rsquo;il a pour vis&eacute;e de provoquer une action pr&eacute;cise chez son destinataire : la proposition d&rsquo;un entretien d&rsquo;embauche. L&rsquo;enseignement consiste alors &agrave; observer et &agrave; appliquer les codes qui r&eacute;gissent son &eacute;criture, des r&egrave;gles de pr&eacute;sentation formelle de la lettre aux formules attendues, et, surtout, &agrave; produire une argumentation qui r&eacute;ponde &agrave; des attentes et standards pr&eacute;cis, dict&eacute;s par le march&eacute; du travail et les crit&egrave;res de recrutement qui y sont en vigueur. Il faut ainsi apprendre &agrave; pr&eacute;senter une partie de son existence en termes d&rsquo; &quot; exp&eacute;rience &quot;, isoler et d&eacute;crire dans sa pratique quotidienne et son comportement des &quot; comp&eacute;tences &quot;, et argumenter pour prouver l&rsquo;&eacute;tendue de ses &quot; motivations &quot;, de fa&ccedil;on ad&eacute;quate aux exigences formul&eacute;es par les recruteurs. Un travail d&rsquo;analyse de ses exp&eacute;riences, comp&eacute;tences et motivations est effectu&eacute; dans le cadre du module PPP (Projet personnel et professionnel). Le cours de Culture-Communication se concentre sur les modalit&eacute;s d&rsquo;&eacute;criture. Une fois les codes transmis et analys&eacute;s, une s&eacute;quence intitul&eacute;e &quot; Motivation / non-motivation &quot; a lieu, qui prend appui sur un ensemble de lettres publi&eacute;es en 2007 par l&rsquo;artiste Julien Pr&eacute;vieux, intitul&eacute; <em>Lettres de non-motivation</em>. Apr&egrave;s de nombreuses tentatives infructueuses pour obtenir un emploi, Julien Pr&eacute;vieux s&rsquo;est mis &agrave; &eacute;crire des lettres pour r&eacute;pondre &agrave; des offres d&rsquo;emploi, par la n&eacute;gative. Les lettres correspondent partiellement aux codes demand&eacute;s, mais se fondent sur des lectures non-ad&eacute;quates des annonces, coupl&eacute;es &agrave; diff&eacute;rents exercices de style (parodie de langage manag&eacute;rial, usage d&rsquo;un registre inadapt&eacute; &agrave; la situation, etc.) et se terminent, donc, par un refus. Le recueil pr&eacute;sente une s&eacute;lection de ces lettres, r&eacute;ellement envoy&eacute;es, accompagn&eacute;es, lorsqu&rsquo;elles sont arriv&eacute;es, de leurs r&eacute;ponses. Il s&rsquo;agit &agrave; la fois d&rsquo;une entreprise parodique et critique, pointant par la d&eacute;rision l&rsquo;absurdit&eacute; du processus social de recrutement, le formatage auquel il tend &agrave; r&eacute;duire l&rsquo;humain, et d&rsquo;une forme de r&eacute;sistance par le refus.</p> <p>Dans un premier temps, Pr&eacute;vieux d&eacute;crypte les annonces auxquelles il r&eacute;pond, pr&ecirc;tant attention &agrave; des &eacute;l&eacute;ments qui y figurent, mais que l&rsquo;usage commun et la situation de communication pr&eacute;vue mettent de c&ocirc;t&eacute; : l&rsquo;illustration d&rsquo;accompagnement, l&rsquo;orthographe, les tournures de phrases, la syntaxe utilis&eacute;e, la polys&eacute;mie de certains termes. Ce m&ecirc;me exercice est demand&eacute; aux &eacute;tudiant&middot;e&middot;s, en amont de l&rsquo;&eacute;criture de la lettre : pour leur faciliter la t&acirc;che, je choisis des annonces &eacute;loign&eacute;es de leur futur domaine professionnel. Une fois l&rsquo;annonce choisie, il leur est demand&eacute; d&rsquo;en proc&eacute;der &agrave; une analyse fond&eacute;e sur une lecture biais&eacute;e, et, en fonction des informations d&eacute;gag&eacute;es, de mettre &agrave; plat les comp&eacute;tences et incomp&eacute;tences, ad&eacute;quations et inad&eacute;quations au poste d&rsquo;un personnage choisi. L&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t est ici d&rsquo;activer une lecture productrice de sens inattendus par l&rsquo;&eacute;metteur de l&rsquo;annonce : quels types de savoirs peut-on tirer de la lecture d&rsquo;une annonce selon des grilles non pr&eacute;vues ? La r&eacute;daction de la lettre prend appui sur cette analyse, et se doit de respecter les codes enseign&eacute;s dans la premi&egrave;re partie de la s&eacute;quence, la structure canonique, les tournures et la rh&eacute;torique pr&eacute;vues par le genre. La demande expresse de respecter les codes pr&eacute;c&eacute;demment acquis pour les faire sciemment d&eacute;railler rel&egrave;ve certes d&rsquo;un exercice d&rsquo;&eacute;criture amusant, mais am&egrave;ne &eacute;galement &agrave; envisager les codes et dispositifs manag&eacute;riaux et communicationnels en cours dans les organisations, d&rsquo;une mani&egrave;re distanci&eacute;e et critique. L&rsquo;explicitation par l&rsquo;enseignant de cet aspect critique n&rsquo;a en revanche pas lieu. Il ne s&rsquo;agit pas d&rsquo;obtenir un r&eacute;sultat, de &quot; faire prendre conscience &quot;, mais de faire pratiquer, et laisser advenir ou non les cons&eacute;quences. Parfois, il a &eacute;t&eacute; d&eacute;cid&eacute; de partir de l&rsquo;adaptation th&eacute;&acirc;trale des <em>Lettres</em> par Vincent Thomasset pour pousser le travail un peu plus loin, en allant jusqu&rsquo;&agrave; la vid&eacute;operformance, ce qui supposait un nouvel exercice de transformation, de la lettre &agrave; la partition, et au script.</p> <h1>La litt&eacute;rature en situation</h1> <p>Une approche pragmatique de la litt&eacute;rature entend replacer celle-ci non seulement en contexte, mais la consid&eacute;rer comme &quot; forme de vie &quot;. Ainsi, &agrave; rebours des &quot; mythologies cam&eacute;rales et claustrophiles &quot; (Coste, 2017, p. 148) qui postulent l&rsquo;autonomie de la litt&eacute;rature, Florent Coste, s&rsquo;appuyant sur une philosophie pragmatiste et une approche ethnologique du fait litt&eacute;raire, souligne que le langage n&rsquo;existe &quot; qu&rsquo;&agrave; travers les usages publics et les interactions dont il est solidaire et dont il serait vain de pr&eacute;tendre se d&eacute;tacher pour en extraire la signification &quot; (Coste, 2017, p. 153). Le travail de la litt&eacute;rature participe de la formation de notre vie commune :</p> <blockquote> <p>[...] tant&ocirc;t elle reconduit et consolide ce que nous partageons, tant&ocirc;t elle le questionne et le conteste, tant&ocirc;t elle parvient &agrave; le reconfigurer, etc. L&rsquo;&eacute;tude de la litt&eacute;rature doit d&egrave;s lors se frotter &agrave; l&rsquo;observation et &agrave; la compr&eacute;hension de la forme de vie qui produit et que produit l&rsquo;&oelig;uvre litt&eacute;raire en question. (Coste, 2017, p. 153)</p> </blockquote> <p>Or c&rsquo;est, pr&eacute;cis&eacute;ment, &agrave; l&rsquo;ouverture du champ de la recherche litt&eacute;raire &quot; &agrave; la part non-linguistique d&rsquo;activit&eacute;s dans laquelle la litt&eacute;rature est imbriqu&eacute;e &quot;, que peuvent nous conduire les usages pr&eacute;c&eacute;demment d&eacute;crits. Confiner les litt&eacute;ratures &quot; dans un jeu plaisant avec les mots &quot;, c&rsquo;est les rendre inoffensives. Or, les enseignements canoniques de la litt&eacute;rature, d&eacute;connect&eacute;s de la banalit&eacute; des pratiques quotidiennes, courent pr&eacute;cis&eacute;ment ce risque. La litt&eacute;rature n&rsquo;est pas enseign&eacute;e &agrave; l&rsquo;IUT en tant que discipline. &Eacute;pousant ce cadre sp&eacute;cifique (commun &agrave; de nombreuses autres formations), n&rsquo;est-elle pas alors, pr&eacute;cis&eacute;ment, par les pratiques et usages d&eacute;crits plus haut, rendue &agrave; sa dimension pragmatique, &quot; assum&eacute;e plut&ocirc;t comme un apprentissage que comme un enseignement &quot; (Coste, 2017, p. 221) ? L&rsquo;usage d&rsquo;une &oelig;uvre, rappelle Coste, &quot; n&rsquo;implique pas n&eacute;cessairement qu&rsquo;elle soit lue : elle peut &ecirc;tre cit&eacute;e, perform&eacute;e, d&eacute;tourn&eacute;e, tritur&eacute;e, simplement poss&eacute;d&eacute;e, &eacute;chang&eacute;e, r&eacute;duite &agrave; son pur statut d&rsquo;objet. &quot; D&rsquo;autre part, le commentaire de texte, la micro-lecture, sont des &quot; proc&eacute;dures de production du texte [&hellip;] qui contribuent aussi, en d&eacute;pit de nos savants efforts de contextualisation, &agrave; le d&eacute;brancher des conditions sociales de son usage &ndash; des fabriques de d&eacute;sinterlocution &quot; (Coste, 2017, p. 102). Pratiquer l&rsquo;&eacute;criture litt&eacute;raire avec le langage ordinaire, dans des contextes ordinaires comme celui de l&rsquo;apprentissage en IUT, peut alors contribuer &agrave; l&rsquo;&quot; int&eacute;gration de l&rsquo;exp&eacute;rience litt&eacute;raire au sein de nos pratiques &quot;. La litt&eacute;rature s&rsquo;appr&eacute;hende alors non comme expression de soi, mais comme ayant &quot; la capacit&eacute; de diagnostiquer, clarifier ou parasiter les usages &quot;, et le texte comme</p> <blockquote> <p>une arme contextuellement d&eacute;terminante et g&eacute;n&eacute;ratrice de prises in&eacute;dites sur le r&eacute;el, de mani&egrave;res de configurer le social concurrentes &agrave; la doxa, de pr&eacute;senter les probl&egrave;mes publics sous un jour nouveau ou sous un aspect insolite, ou de rendre visibles des minorit&eacute;s invisibles, bref, de travailler de l&rsquo;int&eacute;rieur nos accords fondamentaux dans le langage et dans nos formes de vie &quot; (Coste, 2017, p. 172).</p> </blockquote> <p>Elle ne s&rsquo;&eacute;tudie pas, mais se pratique en situation, et non dans le seul &eacute;cart aux usages ordinaires.</p> <p>Pour Florent Coste, les &eacute;tudiants ne sont pas les gens avec qui &quot; on fait la litt&eacute;rature, mais &agrave; qui on la fait de plus en plus subir &quot; (Coste, 2017, p. 385). Le constat s&rsquo;impose vite, dans les fili&egrave;res techniques, d&rsquo;une indiff&eacute;rence, si ce n&rsquo;est d&rsquo;un rejet vis-&agrave;-vis de &quot; la litt&eacute;rature &quot;, en lien avec l&rsquo;exc&egrave;s de r&eacute;v&eacute;rence envers un objet sacralis&eacute;, et/ou une mani&egrave;re de l&rsquo;enseigner par application qui repose &quot; sur l&rsquo;inculcation de recettes et outils plaqu&eacute;s sur le texte &quot; (Coste, 2017, p. 385). Inclure la litt&eacute;rature dans un enseignement pratique revient alors &agrave; en activer les possibilit&eacute;s, &agrave; mettre en &oelig;uvre son agentivit&eacute;, &agrave; la faveur de la non-sp&eacute;cialisation, &agrave; faire fonctionner plut&ocirc;t qu&#39;&agrave; &eacute;tudier des &oelig;uvres. Christophe Hanna d&eacute;finit l&rsquo;agentivit&eacute; comme &quot; la capacit&eacute; des &eacute;critures &agrave; organiser et de r&eacute;guler l&rsquo;activit&eacute; d&rsquo;un public [&hellip;] un ensemble de personnes regroup&eacute;es dans le but de mener une action collective. &quot; (2020, p. XII). Organigrammes, agendas, contrats, plans de table, sont par exemple des &eacute;critures &agrave; forte agentivit&eacute;, o&ugrave; l&rsquo;&eacute;criture est &quot; l&rsquo;instrument humain d&rsquo;organisation de l&rsquo;action par excellence &quot; (Hanna, 2020, p. XII), comme l&rsquo;ont montr&eacute; les travaux de Jack Goody sur la &quot; raison graphique &quot; (1979). Mais l&rsquo;agentivit&eacute; est aussi &quot; ce qui fait de l&rsquo;&eacute;criture un moyen s&eacute;rieux de contraindre les gens &agrave; suivre une ligne de conduite ou &agrave; se conformer aux normes comportementales d&rsquo;une communaut&eacute; &quot;. &Agrave; l&rsquo;instar de ce qu&rsquo;Austin a nomm&eacute; &quot; effets perlocutoires &quot;, elle signale que toute parole, &quot; m&ecirc;me la plus insignifiante &quot; a le pouvoir de provoquer des r&eacute;actions concr&egrave;tes dans le monde social (Hanna, 2020, p. XII). Consid&eacute;rer la litt&eacute;rature dans son agentivit&eacute; revient alors &agrave; l&rsquo;inclure dans cet ensemble, comme activit&eacute; modeste, d&eacute;sacralis&eacute;e, en dialogue constant avec ces autres &eacute;critures ordinaires &ndash; et, dans le cas sp&eacute;cifique des secteurs concern&eacute;s par la formation en IUT &ndash; techniques. Comme &quot; m&eacute;ta-&eacute;criture critique des fa&ccedil;ons dont existent nos &eacute;critures ordinaires &quot;, elle s&rsquo;implique alors dans des cadres d&rsquo;interactions institutionnelles consid&eacute;r&eacute;es comme extralitt&eacute;raires.</p> <p>Les &eacute;critures litt&eacute;raires ont ceci pour elles qu&rsquo;elles ont les moyens de proposer des usages intensifs et r&eacute;flexifs du langage ordinaire (mais sans jamais en sortir : pr&eacute;cis&eacute;ment, c&rsquo;est la mati&egrave;re m&ecirc;me de leur travail), de provoquer ces dissonances pragmatiques, de d&eacute;traquer les logiques de captation de l&rsquo;&eacute;tat du r&eacute;el par des formes symboliques, de recontextualiser les s&eacute;mantiques des institutions au point parfois de les d&eacute;naturaliser, de les d&eacute;saxer, de les disloquer, de les miner. (Coste, 2017, p. 254)</p> <p>Florent Coste invite &agrave; consid&eacute;rer, dans une perspective pragmatiste, la litt&eacute;rature comme un jeu de langage, tactique, l&rsquo;&oelig;uvre litt&eacute;raire comme une ressource &quot; &agrave; port&eacute;e de main &quot;, consid&eacute;r&eacute;e elle-m&ecirc;me comme &quot; un organe de connaissance, un instrument d&rsquo;exploration, d&rsquo;enqu&ecirc;te, d&rsquo;&eacute;lucidation et d&rsquo;investigation du r&eacute;el. &quot; (Coste, 2017, p. 124)</p> <p>Une telle invite implique alors, semble-t-il, de consid&eacute;rer sous un angle autre les relations entre recherche et enseignement. Si la recherche en litt&eacute;rature vient innerver, irriguer les pratiques d&rsquo;enseignement, l&rsquo;inverse est aussi envisageable. Une perspective pragmatiste suppose ainsi qu&rsquo;au-del&agrave; des artefacts eux-m&ecirc;mes il faille &eacute;tudier tout particuli&egrave;rement les <em>usages</em> qui en sont faits. Cette question des usages est ainsi envisag&eacute;e dans plusieurs travaux r&eacute;cents, dans des domaines aussi divers que la publicit&eacute; (programme ANR Litt&eacute;Pub<a href="#_ftn10" name="_ftnref10" title="">[10]</a>), la communication politique (on pense &agrave; la fortune critique et aux d&eacute;bats autour du &quot; storytelling<a href="#_ftn11" name="_ftnref11" title="">[11]</a> &quot;, mais aussi plus r&eacute;cemment &agrave; ce qu&rsquo;Olivier Gallet propose de nommer &quot; poetrytelling <a href="#_ftn12" name="_ftnref12" title="">[12]</a> &quot; ; Auclerc et al., 2019), ou la vie de tous les jours, au sein de laquelle Nancy Murzilli (2023) a r&eacute;cemment montr&eacute; la mani&egrave;re dont les &quot; fictions ordinaires &quot; op&eacute;raient. Envisager les &oelig;uvres depuis leurs usages, qui en contexte d&rsquo;enseignement rel&egrave;vent autant de l&rsquo;&quot; utilisation &quot; d&rsquo;&oelig;uvres d&eacute;j&agrave; faites que de la &quot; pratique &quot; (Gallet, 2019), en ateliers peut ainsi venir enrichir la th&eacute;orie et l&rsquo;exp&eacute;rience litt&eacute;raires. L&rsquo;approche litt&eacute;raire gagne ainsi &agrave; saisir l&rsquo;&oelig;uvre non plus selon un point de vue externe, mais &agrave; en faire l&rsquo;exp&eacute;rience, c&rsquo;est-&agrave;-dire &quot; ne pas se contenter de la recevoir passivement et individuellement &quot;, mais &quot; continuer &agrave; la faire collectivement &quot; et &quot; en prolonger l&rsquo;existence sociale en l&rsquo;articulant &agrave; d&rsquo;autres pans de nos exp&eacute;riences &quot; (Coste, 2017, p. 381). Articuler l&rsquo;exp&eacute;rience litt&eacute;raire &agrave; l&rsquo;exp&eacute;rience de la recherche d&rsquo;emploi, par exemple, c&rsquo;est alors, pour le chercheur ou la chercheuse, saisir l&rsquo;&oelig;uvre dans &quot; ses multiples &eacute;cologies &quot;, connect&eacute;e aux exp&eacute;riences de la vie ordinaire.</p> <h1>Conclusion. Vers une indiscipline ?</h1> <p>C&rsquo;est peut-&ecirc;tre en ce sens que les allers-retours entre recherche et enseignement via un cours aux contours disciplinaires mouvants comme l&rsquo;est celui de &quot; Culture-communication &quot; peut &ecirc;tre envisag&eacute; le terreau de ce qu&rsquo;Yves Citton nomme une &quot; indiscipline &quot;. Les enseignements d&rsquo;IUT sont cadr&eacute;s par un Programme National (PN), r&eacute;cemment r&eacute;&eacute;crit selon les termes de l&rsquo;Approche par Comp&eacute;tences (APC), dans le cadre de la r&eacute;forme du nouveau Bachelor Universitaire de Technologie (BUT). Un tel cadrage, comme le rappelle l&rsquo;appel &agrave; contributions du pr&eacute;sent num&eacute;ro, peut &ecirc;tre per&ccedil;u comme un ensemble d&rsquo;injonctions paralysant d&rsquo;autant l&rsquo;enseignant cherchant &agrave; r&eacute;investir ses recherches en cours, d&rsquo;autant plus que la place des &eacute;crits professionnels et pr&eacute;-professionnels y est majeure, qui vise &agrave; rendre les &eacute;tudiants imm&eacute;diatement &quot; op&eacute;rationnels &quot; sur le march&eacute; du travail. Sans d&eacute;roger &agrave; cet objectif, la vis&eacute;e affich&eacute;e du cours de Culture-Communication est aussi d&rsquo;op&eacute;rer une &quot; distanciation critique vis-&agrave;-vis des pratiques socio-&eacute;conomiques, manag&eacute;riales et des dispositifs communicationnels en cours dans les organisations &quot; (AECIUT, s. d.). S&rsquo;il s&rsquo;adosse, comme rappel&eacute; plus haut, aux Sciences de l&rsquo;Information et la Communication, domaine lui-m&ecirc;me fortement interdisciplinaire, il s&rsquo;est historiquement construit, en pratique, sur des emprunts &agrave; de nombreuses disciplines :</p> <blockquote> <p>qu&rsquo;il s&rsquo;agisse de donner aux &eacute;tudiants des &eacute;l&eacute;ments pour les amener &agrave; mieux communiquer &agrave; l&rsquo;&eacute;crit ou &agrave; l&rsquo;oral (&eacute;l&eacute;ments issus de la sociologie, des arts et lettres, des sciences du langage, des sciences de l&rsquo;information et de la communication), ou de puiser dans diff&eacute;rents domaines pour mettre en &oelig;uvre des p&eacute;dagogies innovantes (gr&acirc;ce aux sciences de l&rsquo;&eacute;ducation, aux sciences cognitives, &agrave; la psychologie), &ecirc;tre enseignant de communication implique une vaste ouverture sur les sciences humaines et sociales. (Hougue, s. d.)</p> </blockquote> <p>&Agrave; ce carrefour interdisciplinaire, la litt&eacute;rature envisag&eacute;e en usages et pratiques, dans sa mise en &oelig;uvre performative, pourrait bien amener au passage de l&rsquo;inter- &agrave; l&rsquo;in-disciplinarit&eacute;. Yves Citton d&eacute;finit la discipline comme suit :</p> <blockquote> <p>Sens 1 : mode de r&eacute;gulation des comportements humains par l&rsquo;entremise d&rsquo;institutions (l&rsquo;&Eacute;cole, L&rsquo;arm&eacute;e, la prison, l&rsquo;usine, l&rsquo;Universit&eacute;) qui moulent les gestes et les r&eacute;actions des individus selon un formatage qui les rend homog&egrave;nes, mesurables, comparables et individualis&eacute;s (notion avanc&eacute;e par Michel Foucault) ; sens 2 : forme de savoir &quot; disciplinaris&eacute; &quot; qui b&eacute;n&eacute;ficie de validation institutionnelle (universitaire) en se soumettant &agrave; des proc&eacute;dures prescrites par cette institution et en isolant un domaine de comp&eacute;tence explicitement circonscrit au sein des probl&egrave;mes rencontr&eacute;s par la vie humaine. &quot; (Citton, 2017, p. 532)</p> </blockquote> <p>&Agrave; lire ces d&eacute;finitions, la g&eacute;n&eacute;ralisation de l&rsquo;approche par comp&eacute;tences dans le BUT semble devoir renforcer la disciplinarisation, par le rep&eacute;rage, l&rsquo;objectivation et la mesure (&eacute;valuation) d&rsquo;un ensemble de comp&eacute;tences n&eacute;cessaires &agrave; l&rsquo;insertion dans le monde du travail. Le croisement des disciplines dans le cours de Communication rel&egrave;ve alors bien de l&rsquo;interdisciplinarit&eacute;. Mais l&rsquo;introduction, par les pratiques et usages litt&eacute;raires, du &quot; dissensus &quot; entendu comme &quot; heurt de deux r&eacute;gimes de sensorialit&eacute; &quot; (Ranci&egrave;re, 2008, p. 68), produit du bruit dans l&rsquo;&eacute;conomie des comp&eacute;tences, autorise l&rsquo;appropriation et l&rsquo;interrogation critique par la pratique, rejoignant alors l&rsquo;in-disciplinarit&eacute; comme &quot; attitude de recherche et de r&eacute;flexion &quot; cherchant, outre le croisement des disciplines, &agrave; &quot; int&eacute;grer verticalement les sensibilit&eacute;s et les savoirs d&eacute;velopp&eacute;s par chaque individu au sein des diff&eacute;rentes sph&egrave;res de son existence (professionnelle, artistique, citoyenne, religieuse, sportive, etc.) &quot; (Citton, 2017, p. 538).</p> <h1>Bibliographie</h1> <p>Alv&egrave;s, A. et Simon, J. (2020). <em>Les Sciences de l&rsquo;information et de la communication (SIC) en IUT &ndash; 35 fiches.</em>Ellipses.</p> <p>Auclerc, B., Belin, O., Gallet, O., Michel, L., Th&eacute;val, G. (2019). Pour une po&eacute;sie extensive. <em>Elfe XX-XXI</em> [En ligne], 8. DOI : https://doi.org/10.4000/elfe.1418</p> <p>Chaton, A.-J. (2003). <em>Autoportraits</em>. Al Dante.</p> <p>Carelman, J. (1969). <em>Catalogue d&rsquo;objets introuvables</em>. Andr&eacute; Balland.</p> <p>Citton, Y. (2017).<em>Lire, interpr&eacute;ter, actualiser. Pourquoi les &eacute;tudes litt&eacute;raires ?</em>Editions Amsterdam.</p> <p>Coste, F. (2017). <em>Explore</em>. Questions th&eacute;oriques.</p> <p>Gefen, A. (2021). <em>L&rsquo;Id&eacute;e de litt&eacute;rature. De l&rsquo;art pour l&rsquo;art aux &eacute;critures d&rsquo;intervention</em>, Corti.</p> <p>Gleize, J.-M. (2009). <em>Sorties</em>. Questions th&eacute;oriques.</p> <p>Gleize, J.-M. (2015). <em>Litt&eacute;ralit&eacute;</em>. Questions th&eacute;oriques.</p> <p>Goldsmith, K. (2018). <em>L&rsquo;&eacute;criture sans &eacute;criture. Du langage &agrave; l&rsquo;&acirc;ge num&eacute;rique</em>. Jean Bo&icirc;te Editions.</p> <p>Goody, J. (1979). <em>La raison graphique. La domestication de la pens&eacute;e sauvage</em>. Minuit.</p> <p>Hanna, C. (2010). <em>Nos dispositifs po&eacute;tiques</em>. Questions th&eacute;oriques.</p> <p>Hanna, C. (2020). &Eacute;crire avec les institutions. Dans leibovici, f. (2020). <em>des op&eacute;rations d&rsquo;&eacute;criture qui ne disent pas leur nom</em>. Questionsth&eacute;oriques. I-XX.</p> <p>Hougue, C. (s.d.). &Eacute;ditorial. <em>Pratiques de la communication</em>. [En ligne]. <a href="https://pratiquescom.numerev.com/edito">https://pratiquescom.numerev.com/edito</a></p> <p>Hougue, C. et Plouchard, P. (2019). <em>Didactique de la communication 3</em>. L&rsquo;Harmattan.</p> <p>Lafont-Terranova, J. (2018). Deux ateliers d&rsquo;&eacute;criture cr&eacute;ative &agrave; l&rsquo;universit&eacute; pour &quot; r&eacute;fl&eacute;chir &quot; l&rsquo;&eacute;criture de mani&egrave;re singuli&egrave;re. <em>Recherches en didactiques</em>, 26, 9-24. <a href="https://doi.org/10.3917/rdid.026.0009">https://doi.org/10.3917/rdid.026.0009</a></p> <p>leibovici, f. (2020). <em>des op&eacute;rations d&rsquo;&eacute;criture qui ne disent pas leur nom.</em> Questions th&eacute;oriques.</p> <p>Monte, M. (2012). Th&eacute;ories linguistiques et litt&eacute;raires et ateliers d&#39;&eacute;criture<em>. Pratiques</em>[En ligne], 155-156. <a href="https://doi.org/10.4000/pratiques.3515">https://doi.org/10.4000/pratiques.3515</a></p> <p>Murzilli, N. (2018). Formes litt&eacute;raires &agrave; l&rsquo;essai. Sur l&rsquo;agentivit&eacute; collective des &eacute;critures hors du livre. <em>Litt&eacute;rature</em>, 192, 19-30. <a href="https://doi.org/10.3917/litt.192.0019">https://doi.org/10.3917/litt.192.0019</a></p> <p>Murzilli, N. (2023). <em>Changer la vie par nos fictions ordinaires. Du tarot aux r&ecirc;ves &eacute;veill&eacute;s, comment nous mettons nos avenirs en jeu</em>. Premier parall&egrave;le.</p> <p>Perrot-Corpet D. et Sarfati Lanter J.(2019), &quot; Pratiques contre-narratives &agrave; l&rsquo;&egrave;re du storytelling. Litt&eacute;rature, audiovisuel, performances &quot;, <em>Fabula / Les colloques</em>, [En ligne]. <a href="https://www.fabula.org/colloques/sommaire6029.php">https://www.fabula.org/colloques/sommaire6029.php</a></p> <p><strong>Pr&eacute;vieux, J. (2007). <em>Lettres de non-motivation</em>.</strong>Zones<strong>.</strong></p> <p><strong>Ranci&egrave;re, J.</strong> (2008). <em>Le Spectateur &eacute;mancip&eacute;</em>. La fabrique &eacute;ditions.</p> <p>Ranci&egrave;re, J. (2011). <em>Aisthesis. Sc&egrave;nes du r&eacute;gime esth&eacute;tique de l&rsquo;art</em>. Galil&eacute;e.</p> <p>Reymond, E. (2019). Narrations et enjeux pragmatiques : repr&eacute;sentations et r&eacute;agencements post-po&eacute;tique. Dans <strong>Perrot-Corpet D. et Sarfati Lanter, J. (dir.).</strong> <em>Fabula / Les colloques</em>, &quot; Pratiques contre-narratives &agrave; l&rsquo;&egrave;re du storytelling. Litt&eacute;rature, audiovisuel, performances &quot; [En ligne]. URL : <a href="https://www.fabula.org/colloques/document6153.php">https://www.fabula.org/colloques/document6153.php</a></p> <p>Ruffel, D. (2010). Une litt&eacute;rature contextuelle.<em>Litt&eacute;rature</em>, 160, 61-73. <a href="https://doi.org/10.3917/litt.160.0061">https://doi.org/10.3917/litt.160.0061</a></p> <p>Tardieu, J. (1987). <em>La Com&eacute;die du langage</em>. Gallimard /Folio.</p> <p>Th&eacute;val, G. (2015). <em>Po&eacute;sies ready-mades, XX<sup>e</sup>-XXI <sup>e</sup> si&egrave;cles</em>. L&rsquo;Harmattan.</p> <p>Th&eacute;val, G. (2018). &quot; Non-litt&eacute;rature &quot;&nbsp;? <em>Itin&eacute;raires</em> [En ligne], 2017-3. DOI : https://doi.org/10.4000/itineraires.3900.</p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title="">[1]</a> Le premier Congr&egrave;s de la Self XX-XXI (Soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;Etudes de la Litt&eacute;rature de langue Fran&ccedil;aise) en 2017 avait ainsi pour titre et th&egrave;me : &quot; Extension du domaine de la litt&eacute;rature &quot;. URL : <a href="https://self.hypotheses.org/congres-de-la-self-xx-xxi/extension-du-domaine-de-la-litterature-2017">https://self.hypotheses.org/congres-de-la-self-xx-xxi/extension-du-domaine-de-la-litterature-2017 </a></p> </div> <div id="ftn2"> <p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title="">[2]</a> Voir par exemple : Rosenthal, O. &amp; Ruffel, L. (dir.) (2010). La litt&eacute;rature expos&eacute;e. Les &eacute;critures contemporaines hors du livre.<em>Litt&eacute;rature</em>, 160, 3-13. <a href="https://doi.org/10.3917/litt.160.0003">https://doi.org/10.3917/litt.160.0003</a>; Penot-Lacassagne, O. et Th&eacute;val, G. (2018). <em>Po&eacute;sie &amp; performance</em>. &Eacute;ditions nouvelles C&eacute;cile Defaut ; Hirshi, S. et al. (dir.) (2017). <em>La po&eacute;sie d&eacute;livr&eacute;e</em>. Presses Universitaires de Nanterre ; Bonnet, G., F&uuml;l&ouml;p, E., Th&eacute;val, G. (2023) <em>Qu&rsquo;est-ce que la litt&eacute;raTube ?</em> Les ateliers /Sens public. [En ligne] <a href="https://ateliers.sens-public.org/qu-est-ce-que-la-litteratube/index.html">https://ateliers.sens-public.org/qu-est-ce-que-la-litteratube/index.html</a></p> </div> <div id="ftn3"> <p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" title="">[3]</a> Recherche actuellement dans le double cadre du laboratoire MARGE de l&rsquo;Universit&eacute; Lyon 3, et du THALIM, CNRS/Universit&eacute; Sorbonne Nouvelle.</p> </div> <div id="ftn4"> <p><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" title="">[4]</a> Disponible sur : <a href="https://soundcloud.com/performance-art/bernard-heidsieck-biopsie-n8-qui-je-suis-en-une-minute-1967">https://soundcloud.com/performance-art/bernard-heidsieck-biopsie-n8-qui-je-suis-en-une-minute-1967</a></p> </div> <div id="ftn5"> <p><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" title="">[5]</a> <a href="https://cultureia.hypotheses.org/1"> https://cultureia.hypotheses.org/1</a></p> </div> <div id="ftn6"> <p><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" title="">[6]</a> <a href="https://www.moralmachine.net/hl/fr"> https://www.moralmachine.net/hl/fr</a></p> </div> <div id="ftn7"> <p><a href="#_ftnref7" name="_ftn7" title="">[7]</a> &quot; A propos des machines morales &quot;, https://www.moralmachine.net/hl/fr</p> </div> <div id="ftn8"> <p><a href="#_ftnref8" name="_ftn8" title="">[8]</a> Voir le site de l&rsquo;auteur : https://www.balpe.name</p> </div> <div id="ftn9"> <p><a href="#_ftnref9" name="_ftn9" title="">[9]</a> Voir le site du groupe : <a href="http://www.alamo.free.fr/pmwiki.php?n=Alamo.Historique">http://www.alamo.free.fr/pmwiki.php?n=Alamo.Historique</a></p> </div> <div id="ftn10"> <p><a href="#_ftnref10" name="_ftn10" title="">[10]</a> http://littepub.net/index.html</p> </div> <div id="ftn11"> <p><a href="#_ftnref11" name="_ftn11" title="">[11]</a> Voir, outre les travaux de Christian Salmon et Yves Citton : <strong> Perrot-Corpet D. et Sarfati Lanter J., 2019.</strong></p> </div> <div id="ftn12"> <p><a href="#_ftnref12" name="_ftn12" title="">[12]</a> Auclerc et al., 2019</p> </div> </div>