<p>La recomposition des écosystèmes locaux de la Nouvelle-Aquitaine (fusion récente des ex-régions d’Aquitaine, du Limousin et du Poitou-Charentes) a conduit les parties-prenantes à se réinventer. La région s’inscrit dans la nécessité d’obtenir une taille économique critique dans un environnement mondialisé. Paradoxalement, elle prend aussi le risque de perdre en proximité pour transformer durablement ses écosystèmes locaux (au sens de Tansley, 1933 ; Moore, 1993 ; et plus récemment Koenig, 2012). L’une des solutions transformatives a été de digitaliser l’acte de don dans l’optique de pérenniser les encastrements locaux d’acteurs socio-économiques. Les travaux fondateurs de Mauss (1924), confortés par Godbout (2004) et Caillé (2004), nous permettent d’aborder le rôle socio-économique dans l’acte de don. Ainsi, la numérisation des relations entre des donateurs et des organisations pourraient tendre à une perte de proximité socio-économiques : de nombreux travaux ont démontré ce risque (par exemple : Degryse, 2016 et Delahaye, 2019). Pourtant, la constitution d’une plateforme de crowdfunding digitalisée et régionalisée en Nouvelle-Aquitaine a fait émerger des communautés de citoyens (à ce jour, 70% des citoyens-donateurs de cette plateforme habitent à moins de 70 kilomètres des porteurs de projets financés). La digitalisation se fait au service d’un territoire et non l’inverse. Cette relation digitalisée peut-elle paradoxalement transformer durablement la recomposition d’écosystèmes locaux en Nouvelle-Aquitaine?</p>