<p><strong>Abstract&nbsp;:</strong>&nbsp;Communication on the impact of fair trade is of prime interest for its development. In line with researches on fair trade&rsquo;s capacities to transform socio-economic relationships in the long term, this article aims to compare its impact at the level of producer organizations with the level of the territory where they operate.The research carried out on the argan tree territory in Morocco stresses an evolution of the studied cooperatives. They become aware of becoming stakeholders in regional planning in a logic of sustainable development, beyond the short-term economic interest, which was initially their trigger. This awareness contrasts with the conception of the limited role played by fair trade in the sustainable transformation of socio-economic relations on the territory scale put up by the key players of the network of public institutions and representatives of producers created by the Moroccan government for the argan sector&rsquo;s development. Beyond the initial project of evaluating the local effects of fair trade and its capacity to transform socio-economic relationships in the long term in the perspective of communicating with consumers, this research highlights a plurality of communication issues upstream of the sector, on a territorial scale.</p> <p><strong>Keywords</strong>&nbsp;: transformation, cooperatives, territory, fair trade, certification</p> <p>&nbsp;</p> <h2><a id="t1"></a>INTRODUCTION</h2> <p>Les &eacute;tudes d&rsquo;impact du commerce &eacute;quitable sur la transformation des territoires dans lesquels il s&rsquo;inscrit constituent un enjeu majeur tant pour son existence que pour son d&eacute;veloppement d&rsquo;un point de vue local, national et international. D&rsquo;une part la performance &eacute;conomique, sociale et &eacute;cologique des producteurs locaux s&rsquo;inscrit dans un territoire sp&eacute;cifique, d&rsquo;autre part elle contribue &agrave; la performance globale du commerce &eacute;quitable &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle internationale, voire &agrave; son existence m&ecirc;me, car il d&eacute;pend in fine de sa cr&eacute;dibilit&eacute; aupr&egrave;s des consommateurs (Wang, Chen,&nbsp;2019), ceux-ci acceptant de payer un surplus afin que les engagements &eacute;thiques, voire durables, soient tenus (Konuk, 2019). L&rsquo;&eacute;valuation des effets locaux du commerce &eacute;quitable et la communication qui en est faite jouent par cons&eacute;quent un r&ocirc;le essentiel dans son d&eacute;veloppement.</p> <p>S&rsquo;inscrivant dans le d&eacute;bat sur l&rsquo;impact du commerce &eacute;quitable et ses capacit&eacute;s &agrave; transformer durablement les relations socio-&eacute;conomiques, cet article propose une approche du commerce &eacute;quitable centr&eacute;e sur un territoire afin de proposer une r&eacute;flexion sur l&rsquo;articulation entre les effets directs du commerce &eacute;quitable aupr&egrave;s des b&eacute;n&eacute;ficiaires et les capacit&eacute;s de transformation engendr&eacute;es par le commerce &eacute;quitable &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle du territoire.</p> <p>Apr&egrave;s une analyse des principaux courants de recherches sur les &eacute;tudes d&rsquo;impact du commerce &eacute;quitable, le territoire &eacute;tudi&eacute; est pr&eacute;sent&eacute;, ainsi que la d&eacute;marche de la recherche. On comparera dans un troisi&egrave;me temps l&rsquo;&eacute;valuation des effets directs du processus de certification commerce &eacute;quitable &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle du groupement avec la perception qu&rsquo;ont, &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle territoriale, les principaux organismes li&eacute;s &agrave; l&rsquo;am&eacute;nagement du territoire. Ce d&eacute;calage de regards et d&rsquo;&eacute;chelles ouvre de nouvelles pistes de recherche et d&rsquo;interpr&eacute;tation des capacit&eacute;s de transformation du commerce &eacute;quitable sur un territoire sp&eacute;cifique, ainsi que des perspectives de recherches en termes de communication organisationnelle.</p> <h2><a id="t2"></a>L&rsquo;&Eacute;VALUATION DU COMMERCE &Eacute;QUITABLE EN QUESTION</h2> <p>Le commerce &eacute;quitable &eacute;tant apparu pour venir en aide aux petits producteurs du Sud, de nombreuses &eacute;tudes ont &eacute;t&eacute; men&eacute;es pour &eacute;valuer ses effets. Elles se sont largement concentr&eacute;es sur les effets directs du commerce &eacute;quitable aupr&egrave;s des b&eacute;n&eacute;ficiaires (Vagneron et Roquigny, 2010, Dragusanu, Giovannucci, Nunn, 2014, Dammert et Mohan, 2015, Parvarthi, Waibel, 2016). D&rsquo;autres approches se sont plus focalis&eacute;es sur sa potentielle capacit&eacute; &agrave; transformer les mod&egrave;les &eacute;conomiques conventionnels selon deux principaux axes de recherche, l&rsquo;un s&rsquo;int&eacute;ressant au &laquo;&nbsp;r&eacute;-ench&acirc;ssement&nbsp;&raquo; de l&rsquo;&eacute;conomie dans les relations sociales (Raynolds, 2000), l&rsquo;autre consid&eacute;rant que si le commerce &eacute;quitable promeut une attitude diff&eacute;rente, il &laquo;&nbsp;n&eacute;glige le fait que ce ne n&rsquo;est pas une attitude, mais un ensemble sp&eacute;cifique de rapports sociaux de production qui aboutissent aux imp&eacute;ratifs du march&eacute; capitaliste&nbsp;&raquo; (Fridell, 2007). Pour &eacute;viter le caract&egrave;re globalisant de ces positionnements, certains chercheurs proposent des &eacute;valuations sur des domaines plus restreints, notamment des secteurs &eacute;conomiques particuliers (Staricco, 2016).</p> <p>Les &eacute;tudes d&rsquo;impact en termes d&rsquo;am&eacute;lioration directe de la performance &eacute;conomique des producteurs b&eacute;n&eacute;ficiaires sont tr&egrave;s nombreuses. Quelle que soit la m&eacute;thodologie adopt&eacute;e, la grande majorit&eacute; des &eacute;tudes conclut que le commerce &eacute;quitable a un impact positif sur le prix d&rsquo;achat, les revenus &ndash; ou l&rsquo;accumulation d&rsquo;actifs (Parvarthi et Waibel, 2016) &ndash; ainsi que sur les conditions de vie - notamment en termes de conditions de travail et de sant&eacute; - des producteurs b&eacute;n&eacute;ficiaires dont il r&eacute;duit la vuln&eacute;rabilit&eacute; (Bacon, 2005). Certains auteurs notent toutefois que les b&eacute;n&eacute;fices du commerce &eacute;quitable ne se r&eacute;partissent pas n&eacute;cessairement de mani&egrave;re &eacute;quitable, dans certains cas ils ne profitent pas autant aux plus pauvres (Valkila, 2009, Ruben et Fort, 2012), ou varient selon l&rsquo;anciennet&eacute; de l&rsquo;engagement des b&eacute;n&eacute;ficiaires (Ruben et Fort, 2012). En ce qui concerne l&rsquo;am&eacute;lioration du bien-&ecirc;tre des m&eacute;nages, il est difficile d&rsquo;attribuer les am&eacute;liorations effectivement constat&eacute;es au seul commerce &eacute;quitable.</p> <p>Les &eacute;tudes d&rsquo;impact de la fili&egrave;re certifi&eacute;e sont nombreuses dans le second courant. Certains travaux &eacute;valuent les effets positifs de la certification commerce &eacute;quitable sur la durabilit&eacute; environnementale, au-del&agrave; des b&eacute;n&eacute;fices qu&rsquo;ils procurent aux petits producteurs (Makita, 2016). D&rsquo;autres travaux portent sur la r&eacute;alit&eacute; de la participation des producteurs &agrave; la gouvernance elle-m&ecirc;me (Bennett, 2016, 2017). Les impacts sociaux et environnementaux du commerce &eacute;quitable sont finalement peu connus. Plut&ocirc;t que de chercher &agrave; restructurer les relations socio&eacute;conomiques responsables de la marginalisation des petits producteurs et travailleurs, le commerce &eacute;quitable s&rsquo;orienterait vers de petites transformations en se contentant d&rsquo;&laquo; aider certains groupes &agrave; entrer sur le march&eacute; capitaliste mondial &agrave; de meilleures conditions&nbsp;&raquo; (Fridell, 2006), les restructurations qu&rsquo;il engendre pouvant m&ecirc;me accro&icirc;tre la marginalisation des producteurs les plus vuln&eacute;rables (Staricco et Ponte, 2015). Malgr&eacute; ses effets largement positifs fond&eacute;s sur un changement incr&eacute;mental, le commerce &eacute;quitable pourrait &ecirc;tre concurrenc&eacute; par d&rsquo;autres initiatives alternatives, plus en rupture avec les fili&egrave;res conventionnelles (Bassett, 2010).</p> <p>La cartographie d&rsquo;&eacute;tudes d&rsquo;impact du commerce &eacute;quitable commandit&eacute;e par la Plateforme Fran&ccedil;aise du Commerce Equitable, r&eacute;alis&eacute;e par I. Vagneron et S. Rocquigny en 2010 et effectu&eacute;e sur la base d&rsquo;un &eacute;chantillon de 77 &eacute;tudes (Vagneron, Roquigny, 2010), met en exergue la raret&eacute; des &eacute;tudes d&rsquo;impact sur le d&eacute;veloppement local, leur h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute;, leur concentration sur les pays latino-am&eacute;ricains &ndash; des &eacute;tudes ont &eacute;t&eacute; men&eacute;es depuis sur les zones les moins &eacute;tudi&eacute;es, notamment en Asie - et la difficult&eacute; de comparer les effets du commerce &eacute;quitable entre les diff&eacute;rentes &eacute;tudes. Parmi les manques, elle souligne l&rsquo;absence d&rsquo;&eacute;valuation des effets de long terme du commerce &eacute;quitable, ce qui reste un probl&egrave;me majeur, sous-tendu par des difficult&eacute;s m&eacute;thodologiques (Dammert et Mohan, 2015). Cette difficult&eacute; &agrave; &eacute;valuer les effets du commerce &eacute;quitable dans la dur&eacute;e peut conduire &agrave; se demander si, en se limitant &agrave; la simple v&eacute;rification de la conformit&eacute; aux crit&egrave;res, la fili&egrave;re certifi&eacute;e du commerce &eacute;quitable - d&eacute;sormais la plus d&eacute;velopp&eacute;e - ne risque pas de r&eacute;duire ses ambitions &agrave; la seule am&eacute;lioration &agrave; court terme des conditions de vie des producteurs engag&eacute;s dans le processus, en laissant au hasard d&rsquo;un futur incertain le soin de concr&eacute;tiser, dans le long terme, le projet initial de transformation alternative et durable.</p> <h2><a id="t3"></a>LA M&Eacute;THODE ET LE TERRAIN</h2> <p>Aborder la question des capacit&eacute;s de transformation directes et indirectes &agrave; court et &agrave; long terme par le commerce &eacute;quitable non seulement des conditions de vie des b&eacute;n&eacute;ficiaires, mais aussi des relations socio-&eacute;conomiques locales et globales, constitue un projet particuli&egrave;rement ambitieux, qui d&eacute;passe largement le cadre d&rsquo;un article. Aussi s&rsquo;agit-il ici de croiser les r&eacute;sultats d&rsquo;une recherche en profondeur sur l&rsquo;impact &eacute;conomique et social &agrave; court et plus long terme du commerce &eacute;quitable sur les conditions de vie de petits producteurs avec les r&eacute;sultats d&rsquo;une enqu&ecirc;te sur les impacts &agrave; plus grande &eacute;chelle du commerce &eacute;quitable men&eacute;e aupr&egrave;s des principaux organismes d&rsquo;am&eacute;nagement du territoire dans lequel vivent ces producteurs.</p> <p>L&rsquo;apparition du commerce &eacute;quitable dans la fili&egrave;re de l&rsquo;argan est r&eacute;cente (la premi&egrave;re certification du groupement de coop&eacute;ratives &eacute;tudi&eacute; date de 2007), et la plupart des certifications &eacute;quitables au Maroc concernent les coop&eacute;ratives f&eacute;minines d&rsquo;huile d&rsquo;argan. La majorit&eacute; des produits certifi&eacute;s est constitu&eacute;e de produits alimentaires ou cosm&eacute;tiques &agrave; base d&rsquo;argan, commercialis&eacute;s principalement par des coop&eacute;ratives ou des groupements de coop&eacute;ratives. La zone de production des noix d&rsquo;argan est d&eacute;limit&eacute;e &agrave; la r&eacute;gion du Souss-Massa et &agrave; la province d&rsquo;Essaouira, l&rsquo;arganier ne poussant nulle part ailleurs dans le monde. Ce territoire fait donc sens &agrave; la fois d&rsquo;un point de vue environnemental, &eacute;conomique, social et administratif.</p> <p>L&rsquo;&eacute;tude de terrain a d&eacute;but&eacute; en 2017 et est toujours en cours. Au cours du temps des relations de confiance se sont &eacute;tablies avec un groupement d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t &eacute;conomique (GIE) compos&eacute; de six coop&eacute;ratives f&eacute;minines d&rsquo;huile d&rsquo;argan. Le GIE et ses coop&eacute;ratives membres, qui ont conclu une convention d&rsquo;accompagnement &agrave; la certification commerce &eacute;quitable avec le premier auteur - avec le soutien de l&rsquo;association de recherche Fairness Africa et l&rsquo;encadrement scientifique des co-directeurs de th&egrave;se -, ont accept&eacute; que le rapport d&rsquo;audit et de contr&ocirc;le ainsi que les observations de terrain recueillies par ce chercheur au cours de la r&eacute;alisation de sa mission d&rsquo;expertise soient utilis&eacute;s dans des travaux de recherche. En contrepartie le chercheur aide le GIE &agrave; satisfaire aux exigences demand&eacute;es par le certificateur, notamment en ce qui concerne l&rsquo;&eacute;tude d&rsquo;impact, l&rsquo;identification des parties prenantes et l&rsquo;&eacute;valuation d&rsquo;un revenu d&eacute;cent. Les donn&eacute;es fournies par le GIE ont ainsi pu &ecirc;tre compl&eacute;t&eacute;es par des entretiens aupr&egrave;s des gestionnaires et des adh&eacute;rentes de deux coop&eacute;ratives du groupement. Elles rassemblent une centaine d&rsquo;adh&eacute;rentes chacune et font partie des plus grosses et des plus anciennes coop&eacute;ratives du territoire.</p> <p>Au printemps 2018, au total 30 heures d&rsquo;entretiens ont &eacute;t&eacute; r&eacute;alis&eacute;es aupr&egrave;s du GIE (1/5 du temps) et de deux coop&eacute;ratives membres (2/5 du temps chacune). Ces entretiens &eacute;taient semi-directifs. Ceux aupr&egrave;s des gestionnaires du GIE et des coop&eacute;ratives ont pu &ecirc;tre &eacute;t&eacute; men&eacute;s individuellement. Par contre les entretiens aupr&egrave;s des adh&eacute;rentes ont &eacute;t&eacute; men&eacute;s collectivement (sur une dur&eacute;e totale de 3h30 pour une coop&eacute;rative, 2h30 pour l&rsquo;autre), des entretiens individuels n&rsquo;&eacute;tant pas envisageables pour des raisons culturelles. Les coop&eacute;ratives f&eacute;minines d&rsquo;huile d&rsquo;argan constituent un terrain particuli&egrave;rement difficile d&rsquo;acc&egrave;s, qu&rsquo;il s&rsquo;agisse par exemple du probl&egrave;me de la langue (les adh&eacute;rentes s&rsquo;expriment en dialecte local) ou de l&rsquo;acc&egrave;s aux donn&eacute;es de gestion qui, lorsqu&rsquo;elles sont rendues publiques, ne sont ni fiables ni actualis&eacute;es.</p> <p>Des contacts ont parall&egrave;lement &eacute;t&eacute; progressivement pris avec les autorit&eacute;s locales, ce qui a permis d&rsquo;effectuer en 2019 une s&eacute;rie d&rsquo;entretiens semi-directifs avec des responsables administratifs de l&rsquo;Office de D&eacute;veloppement de la Coop&eacute;ration (ODCO) et de l&rsquo;Agence Nationale pour le D&eacute;veloppement des Zones Oasienne et de l&rsquo;Arganier (ANDZOA) sur la perception qu&rsquo;ont ces organismes des capacit&eacute;s de transformation engendr&eacute;es par le commerce &eacute;quitable &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle du territoire de l&rsquo;arganier (encadr&eacute; 1).</p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align: left;"><strong><i>Phase 1&nbsp;: Une s&eacute;rie d&rsquo;entretiens aupr&egrave;s des coop&eacute;ratives (2017-2018)</i></strong></p> <p>GIE&nbsp;: management, 6 heures</p> <p>Coop&eacute;rative A&nbsp;: 12 heures dont 8h30 avec l&rsquo;&eacute;quipe de management et 3h30 avec les adh&eacute;rentes (entretien collectif)</p> <p>Coop&eacute;rative B&nbsp;: 12 heures dont 9h30 avec l&rsquo;&eacute;quipe de management et 2h30 avec les adh&eacute;rentes (entretien collectif)</p> <p><b><i>Phase 2&nbsp;: Une s&eacute;rie de trois entretiens compl&eacute;mentaires r&eacute;alis&eacute;s entre le 11 et le 18 septembre 2019</i></b></p> <p>ODCO&nbsp;:</p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; - le responsable administratif&nbsp;de la d&eacute;l&eacute;gation r&eacute;gionale de l&rsquo;ODCO &agrave; Agadir : entretien de 3 heures avec deux chercheurs, &agrave; partir d&rsquo;un questionnaire pr&eacute;alablement envoy&eacute; par mail&nbsp;;</p> <p>ANDZOA&nbsp;:</p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; - ing&eacute;nieure agronome&nbsp;: entretien de 3 heures avec deux chercheurs, &agrave; partir d&rsquo;un questionnaire pr&eacute;alablement envoy&eacute; par mail&nbsp;;</p> <p>FIFARGANE&nbsp;:</p> <p>- entretien collectif de 2h entre deux chercheurs, le pr&eacute;sident de la FIFARGANE, le directeur, et une responsable administrative</p> <p style="text-align: center;"><em>Encadr&eacute; 1&nbsp;: Une recherche en deux phases</em></p> <p>&nbsp;</p> <p>L&rsquo;ODCO accompagne les coop&eacute;ratives et leurs unions dans les domaines de la formation, de l&rsquo;information et de l&rsquo;assistance juridique afin de s&rsquo;assurer qu&rsquo;elles sont g&eacute;r&eacute;es conform&eacute;ment &agrave; la l&eacute;gislation en vigueur. Il finance des campagnes de vulgarisation et de formation au profit des coop&eacute;rateurs, collecte et diffuse l&rsquo;information relative &agrave; la coop&eacute;ration. Il &eacute;tudie et propose des r&eacute;formes l&eacute;gislatives ou r&eacute;glementaires concernant la cr&eacute;ation et le d&eacute;veloppement des coop&eacute;ratives. Cet organisme n&rsquo;est donc pas seulement un relai d&rsquo;application de la loi, il participe &agrave; la l&eacute;gislation sur les coop&eacute;ratives.</p> <p>L&rsquo;ANDZOA a pour mission de structurer les fili&egrave;res de production et de commercialisation des produits de l&rsquo;arganier. Dans le cadre de cette mission elle &eacute;labore, en coordination avec les autres acteurs du territoire, un programme global de d&eacute;veloppement de l&rsquo;arganier et des zones oasiennes dont elle assure l&rsquo;ex&eacute;cution, le suivi et l&rsquo;&eacute;valuation. Elle veille &agrave; la pr&eacute;servation, &agrave; la protection et au d&eacute;veloppement des zones de l&rsquo;arganier, en particulier par la mise en place de projets socio-&eacute;conomiques. Elle applique les dispositions l&eacute;gislatives et r&eacute;glementaires relatives au domaine forestier, en r&eacute;alisant notamment des op&eacute;rations d&rsquo;extension des peuplements d&rsquo;arganiers.</p> <p>Sous l&rsquo;impulsion du gouvernement marocain, une nouvelle partie prenante, la F&eacute;d&eacute;ration Interprofessionnelle de la Fili&egrave;re d&rsquo;Argane (FIFARGANE), vient d&rsquo;&ecirc;tre cr&eacute;&eacute;e tr&egrave;s r&eacute;cemment, en novembre 2017. Cette tr&egrave;s jeune f&eacute;d&eacute;ration doit contribuer &agrave; l&rsquo;organisation, au d&eacute;veloppement et &agrave; l&rsquo;int&eacute;gration de la fili&egrave;re de l&rsquo;argan en renfor&ccedil;ant la politique de concertation entre les diff&eacute;rents acteurs de la fili&egrave;re qu&rsquo;elle doit structurer au niveau &eacute;cologique, agricole et socio&eacute;conomique. La f&eacute;d&eacute;ration repr&eacute;sente ses adh&eacute;rents, assure leur coordination et d&eacute;fend les int&eacute;r&ecirc;ts de la fili&egrave;re, notamment en promouvant les produits &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle nationale et internationale.</p> <p>La cr&eacute;ation par le gouvernement de la FIFARGANE procure &agrave; l&rsquo;ANDZOA un interlocuteur n&eacute;cessaire &agrave; la poursuite de sa mission de d&eacute;veloppement territorial, sous l&rsquo;&eacute;gide de l&rsquo;ODCO en ce qui concerne les coop&eacute;ratives &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle du pays. Elle compl&egrave;te la mise en place d&rsquo;une politique de d&eacute;veloppement de la fili&egrave;re, dont ces trois acteurs constituent le pivot.&nbsp;</p> <h2><a id="t4"></a>LES IMPACTS &Agrave; COURT ET LONG TERME DU COMMERCE &Eacute;QUITABLE SUR LE TERRITOIRE DE L&rsquo;ARGANIER</h2> <p>Les effets directement induits par le commerce &eacute;quitable sur la performance globale du GIE et de ses coop&eacute;ratives membres peuvent s&rsquo;&eacute;valuer en termes d&rsquo;impacts &eacute;conomique, social, organisationnel et environnemental.</p> <p>La certification CE a permis aux coop&eacute;ratives d&rsquo;acc&eacute;der aux march&eacute;s internationaux, d&rsquo;am&eacute;liorer leur viabilit&eacute; &eacute;conomique (en 2017, le GIE a sign&eacute; deux conventions commerciales pour une dur&eacute;e de trois ans renouvelable, il per&ccedil;oit 50% du montant de la vente au moment de la commande, le reste &eacute;tant r&eacute;gl&eacute; au moment de la livraison, ou au plus tard 30 jours apr&egrave;s la date de facturation) et d&rsquo;accro&icirc;tre leur r&eacute;sultat gr&acirc;ce &agrave; la croissance de leur chiffre d&rsquo;affaires tir&eacute;e par le d&eacute;veloppement de leurs activit&eacute;s issues du commerce &eacute;quitable&nbsp;: 85 % du CA du GIE sont actuellement g&eacute;n&eacute;r&eacute;s par le commerce &eacute;quitable.</p> <p>L&rsquo;augmentation de revenu des adh&eacute;rentes des coop&eacute;ratives leur permet de scolariser leurs enfants, d&rsquo;am&eacute;liorer leur r&eacute;gime alimentaire et d&rsquo;acc&eacute;der aux soins m&eacute;dicaux. Leur r&eacute;mun&eacute;ration (calcul&eacute;e sur le poids d&rsquo;amendons concass&eacute;s) est sup&eacute;rieure &agrave; la moyenne dans le territoire de l&rsquo;arganier, et &agrave; cette r&eacute;mun&eacute;ration s&rsquo;ajoutent leur part du b&eacute;n&eacute;fice r&eacute;alis&eacute; &agrave; la fin de l&rsquo;ann&eacute;e ainsi que des primes octroy&eacute;es &agrave; l&rsquo;occasion des f&ecirc;tes religieuses. Elles b&eacute;n&eacute;ficient d&rsquo;un fond social financ&eacute; par l&rsquo;activit&eacute; du commerce &eacute;quitable (figure 1).</p> <p><img alt="" height="414" src="https://www.numerev.com/img/ck_259_1_image-20191216150744-5.png" width="906" /></p> <p>1 : frais de scolarit&eacute; des enfants des adh&eacute;rentes</p> <p>2 : subvention &agrave; une association sportive</p> <p>3 : subvention &agrave; une &eacute;cole pour une citerne d&#39;eau potable</p> <p>4 : dons li&eacute;s &agrave; une f&ecirc;te religieuse (Ramadan)</p> <p>5 : subvention &agrave; une association pour le d&eacute;veloppement</p> <p>6 : frais de recherche d&#39;eau (puits)</p> <p>7 : frais m&eacute;dicaux</p> <p><img alt="" height="452" src="https://www.numerev.com/img/ck_259_1_image-20191216150744-6.png" width="752" /></p> <p>1 : don pour un marathon</p> <p>2 : don &agrave; une association</p> <p>3 : dons pour 3 mariages (famille des adh&eacute;rentes)</p> <p>4 : dons pour 3 enterrements (famille des adh&eacute;rentes)</p> <p>5 : salaire employ&eacute;e de la cr&egrave;che (ann&eacute;e 2017-2018)</p> <p>6 : salaire formatrice (cours d&rsquo;alphab&eacute;tisation des adh&eacute;rentes 2017/2018)</p> <p>7 : frais m&eacute;dicaux</p> <p>8 : dons li&eacute;s &agrave; une f&ecirc;te religieuse (Aid Aldha)</p> <p><img alt="" height="452" src="https://www.numerev.com/img/ck_259_1_image-20191216150744-7.png" width="752" /></p> <p>1 : frais m&eacute;dicaux</p> <p>2 : dons li&eacute;s &agrave; une f&ecirc;te religieuse (Ramadan)</p> <p>3 : dons li&eacute;s &agrave; une f&ecirc;te religieuse (Aid Aldha)</p> <p><img alt="" height="452" src="https://www.numerev.com/img/ck_259_1_image-20191216150744-8.png" width="752" /></p> <p>1 : achat d&#39;aliments</p> <p>2 : frais m&eacute;dicaux</p> <p style="text-align: center;">&nbsp;<em>Figure 1&nbsp;: Quatre exemples d&rsquo;utilisation du fonds social en 2018 (en dirhams, 1 dirham = 0,094 euro)</em></p> <p>Ces quatre exemples montrent la diversit&eacute; d&rsquo;utilisation des fonds sociaux par les coop&eacute;ratives, qu&rsquo;il s&rsquo;agisse de financer des &eacute;v&eacute;nements familiaux (mariages, enterrements), des investissements pour la collectivit&eacute; (recherche d&rsquo;eau pour un puits), voire des salaires (employ&eacute;e de la cr&egrave;che de la coop&eacute;rative). Dans ces quatre exemples cependant les frais m&eacute;dicaux pour les adh&eacute;rentes et leurs familles repr&eacute;sentent une part importante de l&rsquo;utilisation du fond social.</p> <p>A ces impacts &eacute;conomiques et sociaux s&rsquo;ajoute une incitation &agrave; adopter des modes de production durables, notamment en termes de conciliation entre les besoins d&rsquo;approvisionnement en fruits d&rsquo;arganier avec la pr&eacute;servation de l&rsquo;environnement. Dans ce contexte, le GIE participe &agrave; des projets de reboisement en partenariat avec l&rsquo;administration des eaux et for&ecirc;ts.</p> <p>Au cours des deux ann&eacute;es d&rsquo;observation du GIE, il est apparu que le commerce &eacute;quitable exerce &agrave; court terme et &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle locale des effets organisationnels, &eacute;conomiques, sociaux et environnementaux positifs. Dans la dur&eacute;e cependant ces effets contribuent aussi &agrave; engendrer des probl&egrave;mes &eacute;thiques et &eacute;conomiques, par exemple en ce qui concerne les difficult&eacute;s accrues d&rsquo;acc&egrave;s des femmes les plus marginalis&eacute;es &agrave; des coop&eacute;ratives dont les droits d&rsquo;adh&eacute;sion augmentent avec leur r&eacute;ussite, car celle-ci augmente la valeur de la part de la coop&eacute;rative que les femmes doivent acqu&eacute;rir pour devenir adh&eacute;rentes (Marchais-Roubelat, Benbihi, 2019).</p> <p>En ce qui concerne le plus long terme, les responsables du GIE d&eacute;clarent &ecirc;tre tr&egrave;s conscients de la n&eacute;cessit&eacute; de participer au d&eacute;veloppement socio&eacute;conomique du territoire et au d&eacute;veloppement durable &agrave; tr&egrave;s long terme, point de vue qui m&eacute;rite d&rsquo;&ecirc;tre crois&eacute; avec celui des responsables des organismes publics concern&eacute;s.</p> <p>Les entretiens effectu&eacute;s aupr&egrave;s des principales institutions d&rsquo;am&eacute;nagement du territoire en relation avec les coop&eacute;ratives certifi&eacute;es commerce &eacute;quitable donnent des points de vue &agrave; la fois diff&eacute;rents et compl&eacute;mentaires.</p> <p>La mission principale de l&rsquo;ODCO, de l&rsquo;ANDZOA et de la FIFARGANE consiste &agrave; atteindre les objectifs fix&eacute;s par les politiques sectorielles &agrave; court, moyen et long terme. Si l&rsquo;ODCO contr&ocirc;le la conformit&eacute; de la gestion des coop&eacute;ratives &agrave; la l&eacute;gislation, la FIFARGANE intervient au niveau de leur certification selon les normes publiques, notamment en ce qui concerne la norme de l&rsquo;Office National de de S&eacute;curit&eacute; Sanitaire des produits Alimentaires (ONSSA) et l&rsquo;indication g&eacute;ographique ARGANE. Il y a donc un fort contraste entre la vision &agrave; court et long terme de ces organismes agissant &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle du territoire et li&eacute;s &agrave; l&rsquo;Etat, et celle, entrepreneuriale, des coop&eacute;ratives du groupement, dont la certification commerce &eacute;quitable n&rsquo;est pas due &agrave; une contrainte l&eacute;gale mais &agrave; un choix initialement fond&eacute; sur un calcul de rentabilit&eacute;.</p> <p>Selon les chiffres de l&rsquo;ODCO, le nombre de coop&eacute;ratives dont les activit&eacute;s sont li&eacute;es &agrave; l&rsquo;huile d&rsquo;argan s&rsquo;&eacute;levait en 2019 &agrave; plus de 400 - soit environ 2% du tissu coop&eacute;ratif national -, 93 % d&rsquo;entre elles ayant &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute;es par des femmes. Toutefois, ni l&#39;ODCO ni l&#39;ANDZOA, ni la FIFARGANE n&#39;ont de donn&eacute;es sur les coop&eacute;ratives certifi&eacute;es &eacute;quitable&nbsp;: &laquo;&nbsp;d&rsquo;apr&egrave;s les &eacute;chos et les &eacute;changes verbaux on peut dire que les coop&eacute;ratives certifi&eacute;es selon les normes du commerce &eacute;quitable ont montr&eacute; une bonne gouvernance et une performance tr&egrave;s importante par rapport aux autres coop&eacute;ratives qui ne sont pas certifi&eacute;es commerce &eacute;quitable&nbsp;&raquo;, dit une repr&eacute;sentante de l&rsquo;ANDZOA, tandis que le repr&eacute;sentant de l&rsquo;ODCO ne se prononce pas, faute d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments concrets.</p> <p>En ce qui concerne l&rsquo;impact socio-&eacute;conomique local des coop&eacute;ratives certifi&eacute;es, l&rsquo;administrateur de l&rsquo;ODCO remarque que &laquo;&nbsp;la coop&eacute;rative est par d&eacute;finition une entit&eacute; locale de proximit&eacute; g&eacute;r&eacute;e par la population en place et &agrave; chaque fois que la coop&eacute;rative est performante on ressent un effet imm&eacute;diat sur la situation &eacute;conomique et sociale de ses membres directement, sur la communaut&eacute; et sur l&rsquo;espace de son implantation&nbsp;&raquo;. Plut&ocirc;t qu&rsquo;une alternative, le commerce &eacute;quitable lui appara&icirc;t comme &laquo;&nbsp;une niche de mise &agrave; niveau des coop&eacute;ratives et de leur positionnement &agrave; l&rsquo;international&nbsp;&raquo; et si ses principes sont valables, ses modalit&eacute;s ne sont pas adapt&eacute;es au contexte&nbsp;: &laquo;&nbsp;on se doit de penser &agrave; une formule plus sp&eacute;cifique pour appliquer les concepts du commerce &eacute;quitable &agrave; l&rsquo;arganier, du fait que ce produit reste unique au monde et que la population cibl&eacute;e est actuellement l&eacute;s&eacute;e par la multiplicit&eacute; des interm&eacute;diaires&nbsp;&raquo;.</p> <p>Les repr&eacute;sentants de la FIFARGANE discutent le caract&egrave;re &eacute;quitable du commerce &eacute;quitable qui ne privil&eacute;gie pas les petits producteurs marginalis&eacute;s car il permet aussi aux grandes entreprises priv&eacute;es travaillant avec des multinationales de se certifier. Dans tous les cas, ce sont des grosses coop&eacute;ratives d&eacute;j&agrave; exportatrices qui sont certifi&eacute;es pour r&eacute;pondre aux demandes des firmes multinationales. Ainsi, l&#39;acc&egrave;s aux avantages du commerce &eacute;quitable est limit&eacute; aux producteurs (transformateurs et commer&ccedil;ants) qui produisent d&eacute;j&agrave; de l&rsquo;argan de qualit&eacute; pour l&#39;exportation et qui sont d&eacute;j&agrave; ins&eacute;r&eacute;s dans le march&eacute; international. Les petites coop&eacute;ratives, qui sont les plus nombreuses, n&rsquo;y ont pas acc&egrave;s et sont de plus en plus marginalis&eacute;es car elles ne sont pas suffisamment bien organis&eacute;es pour &ecirc;tre capables de r&eacute;pondre &agrave; des commandes importantes et pour remplir les exigences des certifications du commerce &eacute;quitable. Cette critique vaut toutefois pour toutes les formes de certifications, y compris les certifications publiques.</p> <h2><a id="t5"></a>ANALYSE DES R&Eacute;SULTATS</h2> <p>L&rsquo;&eacute;tude d&rsquo;impact du commerce &eacute;quitable sur les coop&eacute;ratives du GIE et leurs adh&eacute;rentes confirme ses effets b&eacute;n&eacute;fiques &agrave; court terme sur les b&eacute;n&eacute;ficiaires en termes &eacute;conomiques. Les coop&eacute;ratives augmentent leur chiffre d&rsquo;affaire, leur rentabilit&eacute; et leurs actifs malgr&eacute; la hausse importante du co&ucirc;t de la certification&nbsp;: le co&ucirc;t de la certification Bio &eacute;quitable s&rsquo;&eacute;levait &agrave; 3 500 dhs par an et avait &eacute;t&eacute; pris en charge par un partenaire europ&eacute;en jusqu&rsquo;en 2017, o&ugrave; elle a &eacute;t&eacute; remplac&eacute;e par le label Fair For life pour un co&ucirc;t de certification de 58&nbsp;000 dhs en 2017 et 70 000 dhs en 2018 (ce co&ucirc;t int&eacute;grant les frais de d&eacute;placement et de s&eacute;jour des auditeurs). Les revenus ainsi que les conditions de travail et de vie des adh&eacute;rentes s&rsquo;am&eacute;liorent, la vuln&eacute;rabilit&eacute; des coop&eacute;ratives et de leurs adh&eacute;rentes se r&eacute;duit. Toutes les parties prenantes de l&rsquo;&eacute;change n&rsquo;en b&eacute;n&eacute;ficient pas de mani&egrave;re &eacute;quitable, qu&rsquo;il s&rsquo;agisse des femmes trop marginalis&eacute;es pour pouvoir faire partie des coop&eacute;ratives auxquelles elles fournissent les noix d&rsquo;argan ou des coop&eacute;ratives les plus r&eacute;centes, qui sont aussi les plus petites, les plus pauvres et les moins bien organis&eacute;es. Faute de mesures, cette discrimination tend &agrave; s&rsquo;accro&icirc;tre au cours du temps. Non seulement la critique de la FIFARGANE va dans ce sens, mais elle va aussi dans le sens des recherches qui mettent en question la potentielle capacit&eacute; du commerce &eacute;quitable &agrave; transformer les mod&egrave;les &eacute;conomiques conventionnels.</p> <p>En ce qui concerne l&rsquo;impact du commerce &eacute;quitable sur le d&eacute;veloppement durable, la vision des coop&eacute;ratives &ndash; et leur action &ndash; s&rsquo;inscrit tr&egrave;s largement dans la politique du gouvernement marocain, quoique &agrave; une &eacute;chelle tr&egrave;s r&eacute;duite par rapport &agrave; celle &agrave; laquelle se placent les trois organismes interrog&eacute;s et pour lesquels deux probl&egrave;mes majeurs se combinent &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle du territoire : celui de la d&eacute;sertification qu&rsquo;il s&rsquo;agit de contrer par des politiques de reboisement, et le probl&egrave;me compl&eacute;mentaire de l&rsquo;organisation de l&rsquo;exploitation des arganiers, dont le statut est complexe. A cet &eacute;gard se pose la question de la strat&eacute;gie que pourraient adopter les coop&eacute;ratives dont le d&eacute;veloppement, tant qu&rsquo;il est fond&eacute; essentiellement sur l&rsquo;argan, risque de devenir un facteur suppl&eacute;mentaire de d&eacute;sertification. Cette strat&eacute;gie pourra &ndash; ou non &ndash; favoriser l&rsquo;acc&egrave;s aux coop&eacute;ratives des femmes les plus marginalis&eacute;es et qui n&rsquo;ont que l&rsquo;argan comme ressource. Elle d&eacute;pend &agrave; la fois des int&eacute;r&ecirc;ts &eacute;conomiques des coop&eacute;ratives les plus anciennes dans le commerce &eacute;quitable, et des relations qu&rsquo;entretiennent leurs adh&eacute;rentes avec les femmes les plus d&eacute;favoris&eacute;es, leurs voisines.</p> <p>La critique de l&rsquo;ODCO et de la FIFARGANE envers l&rsquo;incapacit&eacute; du commerce &eacute;quitable &agrave; transformer les mod&egrave;les &eacute;conomiques conventionnels ne s&rsquo;appuie pas sur des donn&eacute;es, alors qu&rsquo;on s&rsquo;attendrait &agrave; ce que ces organismes puissent en fournir. Une id&eacute;e sous-jacente est que l&rsquo;am&eacute;lioration &eacute;conomique et sociale procur&eacute;e par le commerce &eacute;quitable reste tr&egrave;s locale autour des coop&eacute;ratives concern&eacute;es, et restera tr&egrave;s insuffisante, m&ecirc;me en ce qui concerne l&rsquo;&eacute;chelle du territoire. Si la question se pose de la capacit&eacute; &agrave; long terme du commerce &eacute;quitable &agrave; transformer le mod&egrave;le &eacute;conomique &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle de la cha&icirc;ne de valeur globale de l&rsquo;argan, notamment en ce qui concerne le comportement des industriels en aval de la cha&icirc;ne, on pourrait par contre se demander si le maillage du territoire par des coop&eacute;ratives certifi&eacute;es commerce &eacute;quitable et engag&eacute;es dans les programmes de d&eacute;veloppement durable ne jouerait pas un r&ocirc;le non n&eacute;gligeable dans le d&eacute;veloppement du territoire &agrave; cause de son ench&acirc;ssement dans les relations sociales de proximit&eacute;. Par ailleurs, un projet de loi marocaine avait &eacute;t&eacute; d&eacute;pos&eacute; en 2012 sur le commerce &eacute;quitable lui-m&ecirc;me, dont le gouvernement g&egrave;rerait la certification &agrave; la place &ndash; ou &agrave; c&ocirc;t&eacute;&nbsp;? &ndash; des organismes priv&eacute;s actuels. L&rsquo;existence de ce projet &ndash; dont l&rsquo;avenir est incertain &ndash; pose n&eacute;anmoins la question de la capacit&eacute; de cette possible future loi, qui semble viser l&rsquo;organisation de l&rsquo;amont de la fili&egrave;re de l&rsquo;argan, &agrave; pouvoir aussi r&eacute;agir sur l&rsquo;aval. Elle pose aussi la question de l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;une irr&eacute;versibilit&eacute; dans le devenir du commerce &eacute;quitable au Maroc, puisqu&rsquo;historiquement il est apparu comme une alternative &agrave; la fois aux march&eacute;s fond&eacute;s sur les lois de l&rsquo;&eacute;conomie et contr&ocirc;l&eacute;s par l&rsquo;Etat (Audebrand et Pauchant, 2009).</p> <p>Il appara&icirc;t alors que la communication des coop&eacute;ratives certifi&eacute;es aupr&egrave;s des parties prenantes de leur territoire sur leur capacit&eacute; &agrave; participer &agrave; la transformation durable des relations socio-&eacute;conomiques appara&icirc;t comme un enjeu important pour l&rsquo;avenir du commerce &eacute;quitable au Maroc, alors qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;origine de cette recherche seule apparaissait strat&eacute;gique la communication aupr&egrave;s des consommateurs finaux, en aval de la fili&egrave;re. Si &laquo;&nbsp;la communication organisationnelle englobe les dispositifs, les pratiques et les processus communicationnels constitutifs des dynamiques de construction sociale des organisations au sens large&nbsp;&raquo; (d&rsquo;Almeida, Andonova, 2014), dans le cas &eacute;tudi&eacute; sa gestion implique de distinguer la probl&eacute;matique g&eacute;n&eacute;rale de la communication du commerce &eacute;quitable comme organisation internationale aupr&egrave;s des consommateurs finaux, et la probl&eacute;matique territoriale de la communication des coop&eacute;ratives certifi&eacute;es. A l&rsquo;&eacute;chelle territoriale, il faut encore distinguer la communication des coop&eacute;ratives aupr&egrave;s des parties prenantes au commerce &eacute;quitable - notamment aupr&egrave;s des organismes publics -, mais aussi la communication au sein du tissu social auquel appartiennent leurs adh&eacute;rentes. La relation des coop&eacute;ratives avec leurs parties prenantes peut &ecirc;tre classiquement &laquo;&nbsp;trait&eacute;e selon les int&eacute;r&ecirc;ts imm&eacute;diats des entreprises, dans le but d&rsquo;obtenir, dans les localit&eacute;s o&ugrave; elles s&rsquo;implantent, un consensus favorable &agrave; leur strat&eacute;gie&nbsp;&raquo; (Khroling Peruzzo, 2017). Par contre leur communaut&eacute; comprend notamment des voisines trop pauvres et mal organis&eacute;es pour &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;es comme de v&eacute;ritables parties prenantes et qui pourtant jouent un r&ocirc;le important non seulement dans la vie des coop&eacute;ratives auxquelles elles fournissent de la mati&egrave;re premi&egrave;re, mais aussi dans celle des adh&eacute;rentes qui font partie des m&ecirc;mes villages, voire des m&ecirc;mes familles. Ce r&eacute;sultat contribue au d&eacute;bat g&eacute;n&eacute;ral sur la d&eacute;finition de la &laquo;&nbsp;communaut&eacute;&nbsp;&raquo; avec laquelle dialogue l&rsquo;entreprise, la premi&egrave;re difficult&eacute; consistant &agrave; en d&eacute;limiter les contours (Simeone Henriquez, 2017). Dans le cas qui a &eacute;t&eacute; &eacute;tudi&eacute;, l&rsquo;&eacute;tablissement des fronti&egrave;res de la communaut&eacute; &agrave; partir des parties prenantes au commerce &eacute;quitable est n&eacute;cessaire mais insuffisant pour comprendre l&rsquo;ensemble des enjeux communicationnels locaux. Le croisement avec une approche territoriale a permis d&rsquo;identifier l&rsquo;importance d&rsquo;interlocuteurs qui ne sont pas parties prenantes et qui pourtant constituent des enjeux de la communication des coop&eacute;ratives certifi&eacute;es aupr&egrave;s de leurs parties prenantes, ainsi que de possibles moteurs de transformation des coop&eacute;ratives.&nbsp;</p> <h2><a id="t6"></a>CONCLUSION</h2> <p>Si l&rsquo;&eacute;tude d&rsquo;impact du commerce &eacute;quitable montre que la certification commerce &eacute;quitable a des effets positifs sur la performance organisationnelle, &eacute;conomique et sociale des coop&eacute;ratives et de leur groupement, elle montre aussi que la certification les conduit &agrave; associer &agrave; la recherche du profit &agrave; court terme - qui constituait initialement leur unique pr&eacute;occupation - la prise de conscience qu&rsquo;ils deviennent partie prenante de l&rsquo;am&eacute;nagement du territoire dans une logique de d&eacute;veloppement durable. Cette prise de conscience des producteurs &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle territoriale contraste avec la d&eacute;personnalisation de l&rsquo;&eacute;thique (Ballet, Carimentrand, 2010) qu&rsquo;engendre d&rsquo;autre part la certification &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle mondiale.</p> <p>Quel que soit le volume des &eacute;changes qu&rsquo;il repr&eacute;sente dans les activit&eacute;s &eacute;conomiques du territoire, le commerce &eacute;quitable apporte, via les coop&eacute;ratives et leurs adh&eacute;rentes, une contribution aux changements incr&eacute;mentaux qui s&rsquo;y produisent. La cr&eacute;ation r&eacute;cente par le gouvernement marocain d&rsquo;un r&eacute;seau d&rsquo;institutions et d&rsquo;acteurs sp&eacute;cifiques au d&eacute;veloppement de la fili&egrave;re de l&rsquo;argan sur le territoire est en train d&rsquo;influer sur la conception du commerce &eacute;quitable qu&rsquo;ont ces nouveaux acteurs, quitte &agrave; ce qu&rsquo;ils le critiquent pour l&rsquo;insuffisance de ses capacit&eacute;s de transformation des mod&egrave;les classiques. Au-del&agrave; de l&rsquo;&eacute;tude d&rsquo;impact sur les petits producteurs, il appara&icirc;t ainsi que le commerce &eacute;quitable joue un r&ocirc;le dans les enjeux territoriaux, ce qui pourra conduire les pouvoirs publics &agrave; l&rsquo;institutionnaliser ou &agrave; l&rsquo;int&eacute;grer dans d&rsquo;autres modes alternatifs d&rsquo;action, voire au contraire &agrave; le rejeter. Outre l&rsquo;&eacute;valuation des effets du commerce &eacute;quitable et de sa capacit&eacute; de transformation de l&rsquo;&eacute;change, n&eacute;cessaire pour pouvoir communiquer aupr&egrave;s des consommateurs finaux en aval de la fili&egrave;re, cette recherche a mis en &eacute;vidence l&rsquo;importance de la communication sur le commerce &eacute;quitable par les coop&eacute;ratives certifi&eacute;es en amont de la fili&egrave;re. Elle a montr&eacute; aussi la complexit&eacute; des enjeux et des modalit&eacute;s de cette communication aupr&egrave;s d&rsquo;une communaut&eacute; dont on ne peut d&eacute;finir a priori les fronti&egrave;res &agrave; partir des parties prenantes au commerce &eacute;quitable, sous peine d&rsquo;omettre la communication entre les coop&eacute;ratives certifi&eacute;es et des femmes, voisines de leurs adh&eacute;rentes, qui ne sont pas parties prenantes et qui constituent pourtant un enjeu essentiel dans la communication avec les parties prenantes.</p> <p>Cette recherche montre l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t d&rsquo;aborder les capacit&eacute;s transformationnelles du commerce &eacute;quitable sous l&rsquo;angle de sa participation aux transformations d&rsquo;un territoire. Dans le cas de la r&eacute;gion de l&rsquo;arganier, des &eacute;volutions r&eacute;centes apparaissent aussi bien &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle du comportement des adh&eacute;rentes et des coop&eacute;ratives, que de l&rsquo;intervention du gouvernement marocain, ce qui incite &agrave; poursuivre ce travail dans le temps pour les &eacute;tudier. Si ce territoire est tr&egrave;s sp&eacute;cifique, son &eacute;volution r&eacute;cente ne l&rsquo;est peut-&ecirc;tre pas et il serait aussi int&eacute;ressant de comparer sa trajectoire d&rsquo;&eacute;volution &agrave; celle d&rsquo;autres territoires, non seulement en ce qui concerne l&rsquo;impact direct du commerce &eacute;quitable, mais aussi en ce qui concerne les enjeux territoriaux qu&rsquo;il repr&eacute;sente, l&rsquo;&eacute;volution des acteurs qui y prennent part, voire l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;une prise en charge aux &eacute;chelles territoriales et nationales par ces acteurs des enjeux durables auxquels contribue localement le commerce &eacute;quitable et de la communication organisationnelle des coop&eacute;ratives certifi&eacute;es avec ces communaut&eacute;s &agrave; l&rsquo;&eacute;volution desquelles elles participent.</p> <h2><a id="t7"></a>R&Eacute;F&Eacute;RENCES</h2> <p>Audebrand, L. K. &amp; Pauchant, T. C. (2009). Can the Fair Trade Movement Enrich Traditional Business Ethics? An Historical Study of Its Founders in Mexico.&nbsp;<em>Journal of Business Ethics</em>, vol.87, n&deg;3, 343‑353.</p> <p>Bacon, C. (2005). Confronting the Coffee Crisis : Can Fair Trade, Organic, and Specialty Coffees Reduce Small-Scale Farmer Vulnerability in Northern Nicaragua?&nbsp;<em>World Development,</em>&nbsp;vol. 33, n&deg;3, 497‑511.</p> <p>Ballet, J. &amp; Carimentrand, A. (2010). Fair Trade and the Depersonalization of Ethics.&nbsp;<em>Journal of Business Ethics</em>, vol. 92, n&deg;2, 317‑330.</p> <p>Bassett, T. J. (2010). Slim pickings : Fairtrade cotton in West Africa.&nbsp;<em>Geoforum</em>, vol.41, n&deg;1, 44‑55.</p> <p>Bennett, E. A. (2016). Governance, legitimacy, and stakeholder balance : Lessons from Fairtrade International.&nbsp;<em>Social Enterprise Journal</em>, vol.12, n&deg;3, 322‑346.</p> <p>Bennett, E. A. (2017). Who Governs Socially-Oriented Voluntary Sustainability Standards? 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Fair-Trade Coffee and Commodity Fetishism: The Limits of Market-Driven Social Justice.&nbsp;<em>Historical Materialism</em>, 15, 79-104.</p> <p>Konuk,&nbsp;F. A. (2019). Consumers&rsquo; willingness to buy and willingness to pay for trade food: The influence of consciousness for fair consumption, environmental concern, trust and innovativeness,&nbsp;<em>Food Research International</em>, 120, 141-147.</p> <p>Khroling Peruzzo, C. (2017), Bonnes pratiques de relations publiques avec les communaut&eacute;s. Approches &eacute;thiques, participation et d&eacute;veloppement local,&nbsp;<em>Communication &amp; Organisation</em>, vol.2, n&deg;52, 71-84.</p> <p>Makita, R. (2016). A Role of Fair Trade certification for Environmental Sustainability.&nbsp;<em>Journal of Agricultural and Environmental Ethics</em>, vol.29, n&deg;2, 185-201.</p> <p>Marchais-Roubelat, A., Benbihi, L. (2019). D&eacute;mocratie et gouvernance dans la certification commerce &eacute;quitable : le cas des coop&eacute;ratives f&eacute;minines de production d&rsquo;huile d&rsquo;argan au Maroc,&nbsp;<em>Ethique Publique</em>, vol.21, n&deg;1. Rep&eacute;r&eacute; &agrave;&nbsp;<a href="https://journals.openedition.org/ethiquepublique/4521">https</a><a href="https://journals.openedition.org/ethiquepublique/4521">://journals.openedition.org/ethiquepublique/4521#</a><a href="https://journals.openedition.org/ethiquepublique/4521">text</a>.</p> <p>Parvarthi, P., Waibel, H. (2016). Organic Agriculture and Fair Trade: A Happy Marriage? A Case Study of Certified Smallholder Black Pepper Farmers in India,&nbsp;<em>World Development</em>, 77, 206-220.</p> <p>Raynolds, L. T. (2000). Re-embedding global agriculture: The international organic and fair trade movements.&nbsp;<em>Agriculture and Human Values</em>, 17, 297-309.</p> <p>Ruben, R., Fort, R. (2012). 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